Femmdoubout#4

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LE MAGAZINE DIGITAL DES FEMMES D’AFFAIRES FRANCOPHONES

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FEMMDOUBOUT

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FÉVRIER / MARS 2014

# NUMÉRO 4

LES ENTREPRENEURES ULTRA-MARINES LA RELÈVE EST-ELLE EN MARCHE ?





sommaire

MAGAZINE#4 ÉDITO

FÉVRIER – MARS 2014

P.6

LE MONDE ULTRAMARIN : LE BUMIDOM FAIT-IL OFFICE DE PASSÉ AUPRES DES JEUNES? P.8

L’éditorial de Virginie LEBEAU LA PARITÉ : UN VASTE DÉBAT UNE RELÈVE QUI ASSURE : LES FEMMES ULTRAMARINES FONT VALOIR LEURS SAVOIRS Leslie JOSEPHINE-TALLY Sarah CHILLIAN-HEUSEL Malika JEAN-FRANCOIS

J’EXERCE UN MÉTIER ATYPIQUE

P, 27

LE MARCHÉ DE L’ART Olivia BRELEUR

DÉCOUVERTE D’UN MÉTIER

P. 33

GARDIENNE DE LA PAIX Sandrine GRAND

L ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL : UNE DURE RÉALITÉ P. 40

J’AI FAIT MON BURN-OUT, À QUI LE TOUR?

IL REND HOMMAGE À LA FEMME NOIRE

P. 47

RENCONTRE AVEC Serge DIANTANTU

UNE INITIATIVE SALUTAIRE

P. 51

LE FESTIVAL CRI DE FEMMES Stéphanie MELYON-REINETTE

ELLE DÉCORTIQUE NOS ASSIETTES

P. 61

DIS MOI CE QUE TU MANGES, JE TE DIRAIS QUI TU ES… Marie-Antoinette SÉJEAN

NOUVELLE TENDANCE

P.69

BLOGEUSE LIFE Manzelle Sapote

JE FAIS TOMBER MON MASQUE DE LEADERSHIP P. 72

J’AI TESTÉ LA PSYCHANALYSE

ÉTUDE SOPHROLOGIQUE : STRESS ET SEXUALITÉ P. 77

QUELS EN SONT LES IMPACTS? Isabelle GACE

LE LEADERDHOM DU MOIS

P. 87

IL MÈNE UNE ENQUETE SUR L’ENTREPRENEURIAT CHEZ LES ULTRAMARINS Rony GERMON

LE PORTRAIT DU MOIS

P. 94

JANINE SALOMON

VAINCRE SA TIMIDITÉ

P. 96

LA LECON DU COACH : PRENDRE LA PAROLE EN PUBLIC


FRENCH BUSINESS WOMAN # 4 – FÉVRIER - MARS 2014

FÉVRIER – MARS 2014 / Femmdoubout®

EDITORIAL

Edité par l’association loi 1901 Femmdoubout® Entrée Séailles n°4461 97212 Saint-Joseph MARTINIQUE Site internet : www.femmdoubout.org Adresse mail : contact@femmdoubout.org Rédaction : Virginie LEBEAU ( Présidente et Fondatrice) Nicolas PIEN (Vice-Président) Rejoignez notre rédaction en envoyant vos chroniques vilebeau@femmdoubout.org

CREDITS PHOTOS : ISTOCKPHOTO.COM Retrouvez -nous sur :

Nous étions ici à l’occasion de la journée de la femme, le jeudi 6 mars 2014, réunies ensemble par le magazine Créola, pour évoquer un certain nombre de questions au sujet de la parité dans l’entreprise, et dans notre société antillaise plus généralement. A la lecture du thème proposé pour ce débat, et des questions qu’il soulève, j’en suis d’abord venue certainement au même constat que vous, à savoir que la parité, qui a longtemps été une idée négligée, a progressé. Je ne dis pas ici qu’elle est désormais réelle et effective, je ne dis pas qu’elle est entrée dans les mœurs au point d’être acquis certain. Des progrès, je l’ai dit, ont été enregistrés : dans l’administration, notamment, et puisque la parité a été imposée par le gouvernement, elle est de plus en plus visible. Si l’on mesure sur une cinquantaine d’années les progrès qui ont été effectués, ils sont énormes. Dans la formation, dans la possibilité des choix offerts à une femme, dans sa vie intime également. Dans le monde de l’entreprise, notre monde à toutes ou presque nous savons qu’il y a encore des disparités, qu’il est plus difficile pour nous de nous imposer, que nous devons en faire plus, encore que les hommes, que nous subissons des pressions, parfois, des humiliations, aussiparfois. Mais je pense que nous serons d’accord, toutes, aussi, pour admettre que nous rencontrons de plus en plus d’hommes, appartenant aux jeunes générations, pour qui la parité et le respect sont désormais des évidences….


LA PARITEÉ : UN VASTE DEÉBAT il y a malgré tout, un constat qui m’est apparu et que je tiens à exposer ici : la parité est un luxe, la parité est un privilège. La parité est presque effective lorsque l’on a les moyens d’y réfléchir et de mettre en place un cadre pour qu’elle soit réelle. A Femmdoubout, nous écoutons aussi les femmes en demande d’emploi ou en phase de reconversion, les femmes qui courent de CDD en CDD, les femmes qui n’ont pas eu la chance de faire les études qu’elles auraient aimé faire et qui pourtant sont porteuses de projets viables, mais qui n’ose pas franchir le pas. C’est dans cette catégorie sociale, je pense, que la parité doit progresser, et laquelle j’aimerai qu’on jette aussi un éclairage. Nous les écoutons. Et nous écoutons, parmi ses femmes, les chantages qu’elles subissent d’hommes de pouvoir qui font preuve de toute puissance, par des pressions accrues, le regard que portent ces hommes sur elles, les humiliations qu’elles subissent. De la souffrance à l’état pur, qui mène de plus en plus vers l’inévitable, le burn out. C’est à ce niveau encore que l’on constate que les femmes doivent se battre, parce qu’on leur donne moins de reconnaissance, moins de responsabilités, qu’aux hommes. Ces femmes qui n’ont pas le choix, pour des raisons matérielles, que de subir le fait d’être une femme dans notre société antillaise où trop, encore, l’homme a des droits et la femme des devoirs. La parité est certainement avant tout un problème d’éducation. C’est à ce niveau que l’effort doit être porté si l’on veut qu’un jour ce ne soit plus une loi imposée. C’est aux enfants, de respecter l’autre sexe afin qu’en tant

qu’hommes et femmes, ils puissent construire un monde futur où la question de la parité ne se posera plus et où ce débat que nous menons n’aura plus lieu d’être : c’est grâce à cette exigence de culture, d’éducation et de réflexion que, petit à petit, nous comblerons, sans doute, l’écart qui nous sépare du monde des hommes. Mais, une autre question peut-être soulevé, doit-on réellement démembrer une société ayant des hommes à la tête de son corps dirigeant, et le remplacer par un nouveau modèle entièrement féminisé ? Et après, qu’en adviendra t-il, lorsque nous aurons une parité complète, les problèmes de la vie courante s’évanouiront-ils ? Nous les femmes, est-ce que nous serons plus heureuses d’avoir brisé le plafond de verre, d’avoir plus de visibilités ? Parce qu’il faut reconnaitre, qu’être femme de pouvoir, est aussi une question de charisme d’ambition, d’envie. Et que cela ne peut s’appliquer à tout le monde. Il faut aussi avouer qu’en acceptant d’être dans la notion d’égalité, il y aura des sacrifices à faire, plus de travail, plus d’objectifs, être dans cette notion du toujours plus. A savoir encore, si nous serons toutes partantes, pour accepter des sacrifices, pour accepter que notre conjoint soit plus présent au sein de notre famille, au détriment de notre propre absence… Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

RÉDACTRICE EN CHEF Virginie Lebeau


LE MONDE ULTRAMARIN FÉVRIER 2014/

Femmdoubout®

le bumidom FAIT-IL RÉELEMENT OFFICE DE PASSÉ AUPR∞S DES JEUNES?


UNE releve QUI assure LES FEMMES ULTRAMARINES FONT VALOIR LEURS SAVOIRS ... En organisant, l’instant féminin « un échange pluriel autour de l’entreprise » à Paris au mois de janvier, nous avons été à la rencontre des entrepreneures ultramarines, afin de connaitre leurs attentes, leurs motivations et surtout leurs réalisations au sein de l’entreprise. Est-ce qu’un demi siècle après la création du Bubidom, les séquelles de cette migration non désirée, pouvaient être encore dans les esprits de cette génération d’ultramarine qui travaille pour l’avenir, leurs avenirs? L’histoire de l’installation forcée de leurs parents sur le sol métropolitain, influencerait-elle leurs dynamiques? Certaines l’ayant vécu, y puisent leurs forces au quotidien, d’autre plus jeunes, ne la renient pas, mais ne souhaitent pas se focaliser dessus, afin d’avancer librement et sans se mettre aucun frein. Oui, il est incontestable que la relève est en marche, autant auprès des femmes que des hommes. Il se donnent les moyens de vivre leurs rêves et de démontrer leurs ambitions. « Très beaux échanges, très belles rencontres, l'espoir d'une jeunesse dévoreuse d'avenir… » Andrée, « Une belle initiative ! Et je suis parfaitement d'accord pour cette parité hommes/femmes, je pense que mutuellement nous avons de multiples choses à partager et restons complémentaires » Richard, « L'instant féminin : échanges autour de l'entreprise"

était un moment d'une fertilité incroyable! Les univers des uns et des autres mêlés, mis en exergue, partagés, en vases communiquants ! » Stéphanie. Des commentaires qui ne laissent pas indifférents face aux nombreux témoignages recueillis auprès de cette jeunesse en action. Elles voient loin, elles visent haut, sans se mettre de limite pour atteindre cette réussite pour laquelle elles travaillent au quotidien. Autodidacte, surdiplômée ou même en reconversion, elles font front face aux divers obstacles, car elles ont un objectif commun, celui qui est d’entreprendre…

Article de Virginie Lebeau Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout® Rappel : Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer, ou Bumidom, fut un organisme public français chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine. Fondé en 1963, il disparaît en 1981 pour céder la place à l'Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’outre-mer (ANT), renommé Agence de l'outre-mer pour la mobilité ou LADOM depuis 1992. (Source Wikipédia)



LESLIE JOSÉPHINE-TALLY «

Mes conseils se résumeraient en trois mots : héritage, audace et ouverture. » Femmdoubout® /

11 FÉVRIER 2014


FDINTERVIEW LESLIE JOSÉPHINE-TALLY PRÉSIDENTE DE MARTINIQUE AMBITION JEUNES

Je suis une Martiniquaise de l’hexagone, de 21 ans. Après un bac ES, j’ai intégré l’Institut d’Etudes Politiques de Paris pour un cursus de 5 ans ce qui m’a donné la possibilité de poursuivre mon intérêt pour les sciences sociales et de partir étudier à l’étranger lors de ma troisième année. J’ai ensuite opté pour un Master en Affaires Publiques spécialité Collectivités Locales dans l’objectif d’intégrer l’administration au service du développement de la Martinique. Côté personnalité, je me retrouve dans le nom donné au réseau par sa fondatrice Virginie Lebeau : FemmDoubout, à l’image de femmes fortes, braves, fières de leur passé et déterminées à conquérir l’avenir.

« Tu as assisté à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? Si oui, sur quels axes en particulier? » L’instant féminin a été une vraie source d’inspiration, réunissant des femmes (et des hommes) de différents âges, parcours et professions autour d’un thème innovant : l’entrepreneuriat au féminin. J’ai été très fière de découvrir les profils des intervenantes mais également des femmes présentes dans le public qui prouvent, chacune à leur manière, que l’ambition et les rêves sont la clé de la réussite et qu’il nous faut nous donner les moyens, individuels et collectifs, de persévérer pour concrétiser nos aspirations. J’ai apprécié le format dynamique et le déroulement de cette rencontre, alliant présentation du parcours des intervenants et moments d’échanges et de débats avec le public, sur la situation actuelle des femmes d’Outremer, leurs ambitions personnelles et

professionnelles, ainsi que les problématiques de mobilité pour nous femmes souvent partagées entre les Antilles et l’Europe, et de surcroit, attirées par les opportunités à l’international.

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines peinent à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? Intégrer un réseau est donc capital ? » Il est vrai qu’on ne voit pas assez de femmes antillaises à des postes de dirigeantes et de chefs d’entreprise. Il est impératif que nous développions nos compétences mais également notre confiance, car tout part de là. Créativité, leadership et organisation, les jeunes femmes ont besoin de modèles d’inspiration qui puissent leur faire partager leurs parcours et leurs réussites. Intégrer un réseau est le moyen le plus efficace et pertinent à la fois pour les femmes entrepreneures accomplies de fédérer leurs atouts et de créer des synergies, mais également pour transmettre aux générations futures le goût du risque et de la réussite.

« Tu es actuellement étudiante à Science Po Paris. Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque de formations pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ? Est-ce une réalité? » Ayant eu l’occasion de vivre à l’étranger, dans d’autres modèles sociaux et économiques, la France, en tant que pays développé, se complait beaucoup trop à reproduire plus qu’elle n’incite à innover.


JE SUIS UNE FEMME D’AVENIR PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION MARTINIQUE AMBITION JEUNES C’est un véritable problème, qui ne se retrouve pas seulement au niveau des formations mais des mentalités. Nous avons pourtant des atouts immenses qu’il nous faut mobiliser, notamment au niveau des Outremer, il nous faut saisir le virage des TIC, mettre en valeur notre bio-diversité, nous insérer dans nos bassins régionaux et donc le bassin caribéen pour la Martinique afin de renouveler notre modèle touristique et offrir notre expertise unique à nos îles et pays voisins. La France a réussi à se hisser au rang des pays les plus développés et attractifs au monde, prenons donc garde à ne pas nous reposer sur nos lauriers, et pour cela, une seule solution : innover.

« Tu es Présidente de « Martinique Ambition Jeunes », un titre évocateur. Qu’est-ce qui t’a poussé à créer cette association ? »

Martinique Ambition Jeunes, c'est d'abord l'ambition de treize jeunes qui se sont réunis il y a trois mois afin de fédérer la jeunesse Martiniquaise vivant à l'extérieur de son île et particulièrement en hexagone. La création de la MAJ part d'un constat et de plusieurs questions : chaque année des milliers de jeunes Martiniquais quittent leur île afin d'étudier ou travailler en hexagone. Comment faire en sorte que cette mobilité se passe dans les meilleures conditions possibles ? Quels sont les problèmes et les priorités auxquels se confrontent les jeunes Martiniquais ? Comment porter la voix des jeunes et laisser s'épanouir les ambitions et les talents de chacun ? Martinique Ambition Jeunes constitue une réponse à travers nos différentes missions : créer un système de parrainage entre jeunes afin que chacun puisse s'épanouir et réussir sa mobilité, mettre en place des dispositifs et partenariats


FDINTERVIEW LESLIE JOSÉPHINE-TALLY PRÉSIDENTE DE MARTINIQUE AMBITION JEUNES

en faveur de l'intégration, du logement et du développement socio-professionnel des jeunes mais aussi bâtir un réseau intergénérationnel avec nos aînés et modèles d'inspiration dans les domaines économique, politique, culturel pour encourager la transmission de valeurs et le partage d'expériences, au service de la Martinique. Car oui, nous ne sommes pas un nouveau BUMIDOM. Nous sommes conscients du caractère indispensable de ces mobilités, notamment pour poursuivre des formations inexistantes sur l'île mais nous n'ignorons pas leurs désavantages : sur 10 jeunes Martiniquais partant à l'étranger, seulement 3 reviennent et ce sont autant de forces vives dont la Martinique est privée.

« Notre ambition est justement de faire rayonner la Martinique et la jeunesse Martiniquaise partout où elle est. Les expériences de mobilité, contraintes ou volontaires, sont ancrées dans l'histoire Martiniquaise, et le resteront. Il nous faut encourager les liens avec le péyi et ne pas se sentir arraché et délaissé. Nous sommes la génération qui bâtira la Martinique de demain. » A nous de nous prendre en main et de faire entendre la voix des jeunes, à nous d'inventer de nouveaux schèmes de développement social et économique, à nous de prouver que nous sommes loin d'être une génération perdue, enfermée entre violence et chômage; à nous donc de rêver cette Martinique de demain et de la concrétiser.

« Tu as été Responsable Pole Culture et Conférences au sein de l'association Sciences Ô. En quoi cela consiste-t-il ? Peut-on considérer que tu es une femme d’engagement et une femme d’avenir qui portera toujours une voix pour les outre mers ? » Sciences Ô est la première association dans laquelle je me suis engagée lors de ma deuxième année à SciencesPo. Elle a pour but de mettre en lumière les Outremer par l'organisation de conférences, d'ateliers et d'évènements culturels mais également d'accueillir les jeunes d'Outremer qui intègrent SciencesPo. Étant dans une école formant les futures élites politiques et économiques françaises, il est important de sensibiliser les étudiants à la complexité des problématiques de ces territoires, pour combattre les amalgames et habituels clichés que la seule distance ne saurait justifier. Pour la première année de l'association, en tant que responsable du pôle Culture & Conférences, j'ai organisé une conférence-débat sur les enjeux des élections présidentielles pour les Outremer, en présence de M. le ministre des Outremer Victorin Lurel et de l'eurodéputé Jean-Jacob Bicep. Ayant à cœur d'encourager le dialogue interculturel, nous avons organisé la Semaine Afrique-Outremers inaugurée par Mme la Ministre Christiane Taubira, qui fut une belle réussite. Bien que je ne sois plus investie à Sciences Ô, mon engagement pour les Outremer reste intact et même renforcé.

« La mobilité professionnelle est devenue chose courante. Que retienstu de ton voyage à Johannesburg ? »


JE SUIS UNE FEMME D’AVENIR PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION MARTINIQUE AMBITION JEUNES Mon séjour d’une année en Afrique du Sud a été une formidable expérience. Je suis partie étudier à l’université de Wits, située au cœur de Johannesburg, ville la plus riche et dynamique du continent. Je souhaitais absolument découvrir un pays émergent et aussi singulier que l’Afrique du Sud, je n’ai pas été déçue. J’ai pu découvrir les paradoxes et les défis d’une jeune démocratie confrontée aux démons et à l’héritage douloureux de l’apartheid ; d’une nation arcen-ciel, mosaïque de peuples, dont les couleurs cohabitent ensemble mais sans se mélanger. Ce pays est fascinant, les SudAfricains sont très curieux et toujours ravis de faire partager l’histoire de leur nation. J’ai donc autant appris dans les rues de Johannesburg que sur les bancs de l’université. Mon premier cours était d’ailleurs sur... Frantz Fanon ! Quelle fierté d’étudier l’œuvre d’un Martiniquais, trop peu reconnu

en France, et qui a su inspirer les militants des luttes de libération post-coloniale. La jeunesse sud-africaine étant très politisée, j’ai aussi pu acquérir un autre mode de pensée, plus critique, s’éloignant du politiquement correct à l’occidental. Les professeurs insistaient sur le fait que l’éducation était un réel privilège en Afrique et que les jeunes se devaient de transformer le pays, que de l’éducation naissait un devoir et une responsabilité nationale. Au final, l’Afrique du Sud m’a plus rapproché de la Martinique qu’elle ne m’en a éloigné, elle m’a fait prendre conscience que j’avais moi-même une responsabilité à l’égard de notre petite île des Caraibes.

« Tu as participé à l’organisation et la mise en place du premier « Forum pro jeunesse » au côté de Loïc ISCAYES. Comment a-t-il été accueilli ?»


FDINTERVIEW LESLIE JOSÉPHINE-TALLY PRÉSIDENTE DE MARTINIQUE AMBITION JEUNES

Le Forum Pro Jeunesse a été un beau succès, tant grâce à la présence active d’institutions, d’associations et d’entreprises mais également par la richesse des interventions et ateliers organisés. Avec plus de 1400 visiteurs, la première édition du Forum a permis à de nombreux jeunes de recueillir des informations sur leur orientation professionnelle et de se rapprocher d’entreprises. Cela a abouti à la création d’une plateforme internet jeunesseoutremer.org afin de créer des synergies en faveur des jeunes ultramarins et de lancer des initiatives communes. La MAJ est l'association référente sur le Pôle Martinique. Cette plateforme permettra également de participer au lancement de la deuxième édition du Forum Pro Jeunesse 2014 qui aura lieu en fin d'année à Paris. Intégration, insertion professionnelle, culture, mobilité, la jeunesse des Outremer entend bien agir sur tous les tableaux et prouver son audace !

« Quels sont tes ambitions? Au sein de quel groupe ou de quel poste te vois-tu dans cinq ans ? Si demain, toi aussi tu devais te lancer dans une aventure entrepreneuriale, qu’aimerais-tu réaliser ? » Mon ambition première serait de poursuivre une carrière en tant qu’administratrice territoriale en Martinique afin de lier engagement personnel et activité professionnelle. Je n’abandonne pas pour autant la perspective d’une carrière dans le privé, notamment dans le secteur du luxe ou le conseil aux entreprises, ce qui me permettrait d’acquérir une certaine expertise et développer des compétences qui me serviront un jour si je souhaite me lancer

Dans l’aventure entrepreneuriale, toujours pour œuvrer au développement économique de la Caraibe. Voilà pourquoi le témoignage et le partage d’expériences des femmes entrepreneures prôné par FemmDoubout est essentiel afin d’inspirer la jeunesse. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®



SARAH CHILLAN HEUSEL « J’ai envie de vous dire à toutes de ne surtout pas abandonner. De croire en vous et en vos rêves, peu importe ce que les autres pensent. Ne vous mettez surtout pas de barrières imaginaires… » Femmdoubout® / FÉVRIER 2014

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FDINTERVIEW SARAH CHILLAN HEUSEL

CO-FONDATRICE DE BOUTIQUE « DOSA DIAMONDS »

J’ai 24 ans et je suis Martiniquaise/Allemande. J’ai suivis des études supérieures en management Hôtelier et touristique. J’ai commencé mes études en 2008 à Paris, où j’ai intégré l’école Hôtelière Grégoire Ferrandi puis j’ai continué mon cursus à l’université de Guadeloupe. J’ai ouvert il y a quelques mois une boutique en ligne d’accessoires de mode, une activité qui me prend une grande partie de mon temps. Je travaille aussi avec d’autres collaborateurs dans divers milieux dont l’événementiel et le tourisme toujours dans l’optique du développement de la visibilité des Caraïbes sur le plan international. Je suis une personne particulièrement à l’écoute des autres. Créative, ambitieuse et passionnée. La diversité culturelle me passionne, ainsi que la découverte, les nouvelles technologies et les voyages.

« Tu as assisté à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? » Cette rencontre a été particulièrement bénéfique dans la mesure où j’ai pu recueillir les différentes expériences de femmes ultra marines et chefs d’entreprises. Les parcours, étapes et épreuves ont tous été différents ce qui a enrichis les débats. C’était très intéressant d’écouter les autres parlers de leurs expériences. Bien que je sois convaincue que les difficultés des futurs jeunes chefs d’entreprises ne seront pas les mêmes que les générations d’avant ont connus, cet échange a été très enrichissant. Si il y a une chose que j’ai retenue c’est que chacune d’entre nous, nous avons participé ou participons à l’évolution de l’entreprenariat chez les femmes ultra marines et que le

mouvement est en train grandir petit à petit. Chacune des personnalités présentes étaient différentes. Elles étaient toutes exceptionnelles. Les femmes présentes ont souvent mis en avant la difficulté de se construire en tant que femme et mère quand on est entrepreneure. Je prends un petit peu de chacune des expériences mises en avant, afin de moi-même réussir à construire et concilier une vie de famille, et une vie professionnelle dans l’entreprenariat.

« Tu es la co-fondatrice de la société DoSa Diamonds. Peux-ton en savoir plus ? » DoSa Diamonds est une marque et boutique en ligne qui a vu le jour en Mai 2013.Le concept est né à New York et a été créé par Dominique Patrice et moi-même. Nous sommes spécialisées dans les accessoires de mode. Nous avons commencés par des bijoux et nous nous développons au fur et à mesure. Nous livrons dans les DOM et en France métropolitaine. Dominique s’occupe des Antilles Guyane et moi de la France. Tous nos produits sont accessibles via notre boutique en ligne.

« Devenir entrepreneure, c’est un nouveau mode de vie et un autre état d’esprit. Ce n’est pas facile tous les jours, mais le résultat final, le fait de créer, de réussir dans ce qu’on aime, est une sensation hors pair qui vaut le coup d’être expérimenter. »


JE SUIS UNE WORKING GIRL CO-FONDATRICE DE BOUTIQUE « DOSA DIAMONDS »

« Il y a un an tu as été la grande lauréate du concours étincelles, organisée par Orange caraïbes, en remportant 10 000 euros pour concrétiser ton projet d’entreprise. Après une année en tant que femme entrepreneure, quel bilan peux-tu dresser à ce stade de l’aventure ? » La vie de femme entrepreneure est particulièrement excitante et intéressante. D’un côté il y a les challenges constants, la rage de réussir, la recherche de solutions, les premières commandes, les premières clientes. Tout cela est gratifiant. Et de l’autre côté, il y a les embuches, les doutes, les pleurs, l’envie d’abandonner, la difficulté. Ce sont des passages par lesquels j’ai été obligé de passer et qui m’ont renforcé. Lorsque, j’ai

commencé j’avais 22 ans, aujourd’hui j’en ai 24, j’ai énormément appris et grandis en quelques mois. J’ai rencontré aussi des personnes formidables, des entrepreneurs, tout comme moi, avec qui j’ai pu partager nos différentes visions sur certains points. On s’est beaucoup entraidé aussi.

« Que t’ont apportés les séances de coachings dispensés en autre par Femmdoubout et ses paires durant la période de ce concours ? As-tu pu les mettre en application dans des situations réelles de pratique professionnelle ? Cela t’a-t-il préparé suffisamment dans le lancement de ton projet ? »


FDINTERVIEW SARAH CHILLAN HEUSEL

CO-FONDATRICE DE BOUTIQUE « DOSA DIAMONDS »

Ces séances de coaching ont été une révélation pour moi. Le fait d’avoir pu en bénéficier était une chance. Avant même de rentrer dans le monde de l’entrepreneuriat , j’ai découvert et eu droit aux conseils de divers professionnels ce qui a facilité pour moi ma création d’entreprise. J’ai pu mettre en application durant ces derniers mois chacun des conseils des coachs tant en Web Marketing, qu’en Business. Les conseils de Virginie Lebeau et Muriel Boisseval Balme en entreprenariat en tant que femme ont été très utiles pour débuter dans le milieu. J’ai appris à me mettre en avant, me présenter, et travailler mon image en tant que business woman.

« Une boutique en ligne, un choix stratégique ? Dis-nous en plus… » Selon moi Internet c’est l’avenir du commerce. Le choix est complètement stratégique. Les principaux avantages de ce choix sont : La liberté dans mon emploi du temps, les économies au niveau des charges. Ensuite, je suis une passionnée des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, des aspects qui ont aussi motivées mes choix du E-commerce.

« Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque de formations pour les hommes et femmes qui souhaitent entreprendre ? Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peinent à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? » J’ai envie de dire que ces personnes n’ont pas tort mais n’ont pas raison non plus.

Je n’ai pas encore eu l’opportunité de suivre une formation mise en place par le gouvernement sur l’entreprenariat. Il y a de plus en plus d’associations, de réseaux et de groupe qui se forment en Métropole. De plus en plus de chef d’entreprises lèvent le voile aussi sur leurs réussites ou leurs échecs, ce qui permet aux autres de s’enrichir de leurs expériences et conseils. Les mentalités évoluent petit à petit et les femmes commencent à se faire une place dans le monde de l’entreprise.

« Quels sont tes projets à venir ? » Pour le moment je me focalise sur le développement de Dosa Diamonds avec mon associée Dominique Patrice. Je me suis associée avec Malika Jean François, Audrey Cabald et Amelle Rahou sur un évènement mode le FASHION MUSIC SHOWROOM qui aura lieu le 5 Mars à Paris. Je prévois aussi de me rapprocher du continent Américain avant la fin de l’année afin de continuer à m’investir dans le développement touristique caribéen. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

VOUS POUVEZ LA JOINDRE

SARAH CHILLAN HEUSEL CO-FONDATRICE DE BOUTIQUE « DOSA DIAMONDS » www.dosadiamonds.com Mail : info@dosadiamonds.com Mobile : 06 68 44 34 45



MALIKA JEAN-FRANÇOIS «

Le conseil que je pourrais donner est de ne pas se prendre la tête. Do your thing ! » Femmdoubout® /

23 FÉVRIER 2014


FDINTERVIEW MALIKA JEAN-FRANÇOIS CRÉATRICE DE L’AGENCE « MJF MÉDIA GROUP »

Mon bac L en poche en 1999, j’entame un DEUG de droit en Guadeloupe que je rate, car je n’étais pas très motivée par ce cursus. Je m’envole donc en 2002, pour Paris, où là j’entame un master à l’Iscom de Paris. J’ai eu l’opportunité de faire des stages forts passionnants à RFO Paris, mais aussi dans une agence de communication orientée vers les secteurs du luxe. Puis, ensuite, je me suis spécialisée dans le domaine de la musique. J’ai fait mon stage de fin d’études au sein du label « Columbia » de Paris, où, j’ai eu la chance de m’occuper de la promotion d’artistes de renoms, tel que, Christophe Willem. Je prône d’ailleurs, fièrement, dans mon salon, mon double disque de platines certifié à mon nom.

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peine à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? Doivent-elles gagner en visibilité? » Je ne connais pas bien la situation des femmes chef d’entreprises aux Antilles. Je sais juste que mon diplôme en poche, je me refusais d’être au chômage. J’ai monté ma structure Souffle K, en 2007, afin de m’occuper des RP des artistes. J’ai commencé ma carrière avec l’artiste « Erik », qui aujourd’hui n’est plus un artiste à présenter. Révélation des TAAC (Trophées des Arts Afro-Caribéens) en 2009 avec son album « Chayé Kow », il enregistra les meilleures ventes de l’année aux Antilles. Après avoir joué à guichet fermé à la Cigale, Erik partit en tournée mondiale avec Kassav. Suite à cette expérience, j’ai été repérée par « Aztec Musique », 1er label indépendant dans la musique antillaise. J’ai ainsi eu cette aubaine de travailler avec les plus grandes stars de cette musique. Celles

qui m’ont fait tant rêver, lorsque, j’étais enfant. Pendant 5 ans, j’ai enchainé les concerts, les albums, les clips, les festivals, les voyages entre Paris et les Antilles. C’est donc en ce début d’année 2014, que j’ai décidé de lancer ma propre agence de RP : MJF Média Group. J’ai donc pris mon destin, et suis restée focus tout ce temps sur mes objectifs. Je ne me suis jamais mise de barrières. Les hommes comme les femmes sont mes partenaires de travail, nous avançons et construisons et c’est le plus important. Cependant, il est important de montrer toutes ces femmes ultramarines qui ont cru en leurs projets, et qui ont réussit. Nous avons besoin d’exemples dans tous les secteurs pour influencer la génération de femmes qui arrive.

« Il est vital pour la génération Y et nos îles d’être concurrentes. Nous devons avoir des formations performantes chez nous, mais il est aussi important que cette jeunesse voyage et se forme aussi à l’étranger. D’autres questions ensuite se poseront. Avons-nous les emplois et les structures pour accueillir ces jeunes à la fin de leurs études ? Nos administrations favorisent-elles l’entrepreneuriat ? Nos marchés sont-ils intéressants pour ces entrepreneurs ?» « Quel bilan entrepreneurial peux-tu dresser à ce stade de ta vie ? »


JE SUIS PUBLICIST

CRÉATRICE DE L’AGENCE « MJF MÉDIA GROUP » J’ai monté ma première structure en n’ayant pas choisi le bon statut. J’ai tenu avec quelques années. Mais le bilan que je peux dresser est d’avoir un bon comptable qui suive bien vos affaires, voir même un avocat.

« A-t-il été difficile d’imposer ton professionnalisme tant sur Paris que dans la Caraïbe?» Je fais et qui m’aime me suit. Pour l’instant, mes expériences me confortent dans mes choix. Ceux qui sont dans la même dynamique que moi généralement m’accompagnent. Je tiens aussi à remercier mon Papa, qui a toujours concrétisé ses idées et qui a su me donner l’exemple d’entreprendre. Maintenant c’est important d’avoir quelques bases pour gérer son business. Au début c’est marrant mais plus on grossit, plus il faut savoir ce qu’on fait.

« Tu te lances dans une nouvelle aventure avec de nouveaux défis. Est-ce là un choix stratégique, avec des enjeux plus grands ? » Oui les enjeux sont plus ambitieux et plus internationaux. Je suis ravie de ma nouvelle prise de risques. Je m’épanouie encore plus dans mon métier de publicist . Il est important de noter que dans tout ce que j’ai entrepris jusqu’à aujourd’hui, mon objectif premier est de démocratiser. J’aime mélanger les gens et les réseaux afin d’enrichir et mener encore plus loin le projet pour lequel je travaille. Avec des projets tels que la promotion de l’artiste Saik, le cinéma( VillaKarayib, Vivre), la mode (Fashion Music Showroom), l’évenementiel (We Love Toubana, One Festival, L’audace productions)… Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®



J’EXERCE UN MÉTIER ATYPIQUE FÉVRIER 2014 /

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LE MARCHÉ DE L’ART


OLIVIA BRELEUR « Croyez et cultivez votre différence » Femmdoubout® /

FÉVRIER 2014

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FDINTERVIEW Diplômés des Beaux-arts et de l’EAC Paris en Management du marché de l’art, j’ai 27 ans. Je suis depuis le 19 octobre 2012 la fondatrice et directrice de la Maëlle Galerie, galerie d’art contemporain à Paris qui s’installera le 6 mars 2014 au 1-3 rue Ramponneau dans le 20e arrondissement.

« Tu as assisté à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? Si oui, sur quels axes en particulier? Le coté interactif et improvisé t’a-t-il séduit ? » J’ai beaucoup apprécié cet instant féminin organisé par femmdoubout. Ce fut l’occasion d’écouter et de partager avec d’autres femmes qui vivent au quotidien les difficultés mais aussi les instants de bonheur que procurent l’entreprenariat au féminin. J’y ai rencontré des personnes aux parcours éclectiques et remarquables. De véritables liens avec certaines femmes chefs d’entreprises et plus particulièrement avec Virginie Lebeau à l’initiative de l’association avec laquelle je collabore actuellement. L’isolement peut être une chose terrible pour le chef d’entreprise quel qu’il soit. Le réseau comme celui qu’apporte FemmDoubout est une force, il est cet espace d’échange qui transforme la vision que nous avons de notre propre parcours. Je salue tout particulièrement ces femmes qui ont évoqué leurs parcours et qui ne sont parties de rien, celles qui n’ont pas hésité à se réorienter et changer de vie par passion et conviction.

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peine à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? »

OLIVIA BRELEUR

FONDATRICE DE LA MAËLLE GALERIE

Je ne saurai parler au nom de toutes les femmes, et je crois qu’il serait assez dangereux de faire des généralités sur un sujet comme celui-là. J’avance chaque jour, et j’ose espérer que mon origine n’a jamais été une entrave à ma réussite. Il serait terrible que je garde en tête cette idée, qui avec le temps finirait par se transformer en une véritable barrière mentale. Accorder plus de visibilité aux femmes ultramarines pourrait surement encourager et susciter des vocations chez les plus jeunes. Les mettre en lumière serait également l’occasion de saluer la singularité de chacun de leur parcours. Une démarche non négligeable, quand on connait les difficultés de cumulés l’étiquette de chef d’entreprise accomplis, de femme et de mère.

« Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque cruellement de formations pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ? Est-ce une réalité à prendre en compte et d’autant plus dans nos départements d’outre-mer touchés par un taux de chômage extrêmement élevé?» Je ne pense pas qu’il y ait véritablement une formation qui puisse nous préparer à la réalité de l’entreprenariat avec justesse en outre-mer ou ailleurs. Toutes les armes et les connaissances que nous apportent les formations ne sauraient remplacer notre capacité à nous réinventer au quotidien. Notre plus grande force c’est notre mentale. Notre plus grande force c’est nous-même.


JE SUIS UNE GALERISTE FONDATRICE DE LA MAËLLE GALERIE

«Tu es la fondatrice et la directrice de « Maëlle Galerie », après plus d’une année en tant que femme entrepreneure, quel bilan peux-tu dresser à ce stade de l’aventure ? » Cette galerie, je la porte à bras le corps. Elle est la cause que je défends au quotidien, elle est le résultat de la passion que j’ai pour les artistes que je représente. L’entreprenariat est une merveilleuse aventure qui nous pousse sans cesse dans nos retranchements… alors je suis comblée.

«Tu es une professionnelle dans le marché de l’art, n’est-ce pas un métier un peu atypique, voire même très fermé ?»

Le milieu de l’art est bien souvent considéré comme élitiste, même si certains de ces acteurs dont je fais partie tente de le démocratiser au possible. Le choix de ce métier fut pour moi une évidence. Lorsqu’en 2009, j’ai eu l’occasion d’assister à la fondation Clément, à un colloque sur le marché de l’art et les artistes Caribéens. C’est à ce moment, là, que j’ai compris l’urgence et l’importance de mettre en place des structures comme des galeries d’art qui puissent soutenir les artistes de la Caraïbe. À partir de là, j’ai opéré un virage à 180° du statut d’artiste je suis devenue galeriste.

« Penses-tu que la relève soit en marche chez les jeunes ultramarines et qu’il ne soit plus question de bumidom ? Mais de dynamique entrepreneuriale ? »


FDINTERVIEW Le Bumidom est une émigration organisée qui avait pour objectif dans les années 60 de faire venir en France des originaires d’outremer en très grande partie pour des emplois non qualifiés. Aujourd’hui, la migration est toute autre. Les jeunes ultramarins viennent en France en grande partie pour débuter ou poursuivre leurs études et finissent par s’y installer définitivement. Même si d’autres font encore le voyage en espérant trouver du travail fatigué de leur situation en outre-mer. Pour revenir à l’entreprenariat, je rencontre beaucoup de jeunes qui comme moi ont osé. Je vous confesse que ce phénomène d’émigration me parait extrêmement inquiétant. J’ai bien souvent l’impression que nos îles s’appauvrissent de leurs moelles épinières que sont tous ces jeunes intellectuels, entrepreneurs, décideurs et constructeurs d’avenir. Le danger est lattent. Je suis la première a regretté de ne pas avoir l’opportunité de vivre et de me réaliser en Martinique, mon île Natale. Mais je me ressasse chaque jour que le défi est ailleurs.

« Etre entrepreneur ça ne s’apprend surement pas ! Certains se lâchent à corps perdu dans le vide et sans filet, et d’autres même avec toutes les assurances du monde ne se lanceront jamais. A mon humble avis, l’entreprenariat est une chose inée, qui se doit d’être cultivée. L’entrepreneur est un grand rêveur qui sait se donner les moyens de concrétiser et cristalliser ses rêves.... » « Quels sont tes challenges à venir? Le développement de ton concept de galerie d’art en ligne ? »

OLIVIA BRELEUR FONDATRICE DE LA MAËLLE GALERIE

Le challenge se vit au quotidien à la Maëlle Galerie. Il est dans chaque décision, dans chaque rencontre. Il est de tous les instants.

« Tu es dans une phase importante, puisque tu as déplacé ta galerie du 15ème arrondissement vers le quartier de Belleville, avec une inauguration de prévue au mois de mars ? Est-ce là un choix stratégique ? Quelles seront les enjeux en t’implantant là-bas ? » Installer la Maëlle Galerie à Belleville, c’est lui offrir l’opportunité de rentrer dans une toute nouvelle dynamique. Il y a dans ce quartier une quinzaine de galeries et d’espaces dédiés à l’art, une multitudes d’ateliers d’artistes, une Biennale d’art contemporain, et certaines rues comme la rue Denoyez sont de véritables musées à ciel ouvert, comme nulle part ailleurs. Belleville est un quartier vivant qui sait réfléchir la Maëlle Galerie. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

Olivia Breleur Directrice de la Maëlle Galerie Galerie d'art contemporain & en ligne 1-3 rue Ramponeau 75020 Paris > Belleville www.maellegalerie.com olivia@maellegalerie.com GSM :+ 33 (0) 6 14 80 42 00



DÉCOUVERTE D’UN MÉTIER FÉVRIER 2014 /

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GARDIENNE DE LA PAIX


FDINTERVIEW SANDRINE GRAND

GARDIENNE DE LA PAIX

J’ai 37 ans, je suis née à Fort de France en Martinique. Je viens d’une famille formidable, recomposée et de classe sociale moyenne. J’ai grandi en Martinique, j’ai eu un CAP en Communication Administratif et Secrétariat au Lycée de Dillon, puis j’ai suivi mes études au lycée privé de l AMEP en Terminale Informatique et Gestion, d’où je n’ai pas eu mon BAC informatique. A cette issue, à l’âge de 21 ans, je suis partie en Métropole en vacances, au mois de Juillet 1998, lors de la coupe du monde. J’avais toujours soufflé à l’oreille de mes parents que je serai partie, dans un pays quelconque pour faire ma propre expérience. Prendre mon envol. J’ai alors décidé de rester pour m’installer en métropole. Je me suis inscrite au lycée d’Argenteuil dans le département du Val d' Oise (95) , pour repasser cette option .

« Mais, il m’a fallu un temps d’adaptation. Nous avons toujours besoin, d’un moment, pour nous relever. Je laissais mon pays, pour vivre une nouvelle vie... » Je ne connaissais pas grand monde. Mon frère Manuel a été ma force, il a été présent, il était parti avant moi et déjà installé à ce moment-là dans un studio, où il m’a hébergé. Il a joué non seulement le rôle de frère, mais aussi de père, de mère, d’ami… J’ai cherché et j’ai trouvé un travail, pour commencer en tant qu’hôtesse d’accueil et de sécurité dans un centre de formation. J’ai entre temps passé des examens, pour être Adjoint de Sécurité dans la Police Nationale en attendant de passer mon concours de Gardien de la paix. J’ai réussi, grâce à Dieu au moment où mon contrat d’Hôtesse se terminait. En attendant de rentrer en école de Police à Vannes en Bretagne, j’ai dû travailler très dur en tant que femme de chambre, assistante gouvernante et ils ont

voulu me garder en tant que Gouvernante, tout cela dans un laps de temps de trois mois. J’aime beaucoup venir en aide aux autres. Je suis charitable, très généreuse, et très têtue. Quand je veux obtenir quelque chose, je me donne les moyens de le faire et grâce à Dieu, j’y arrive. J’ai beaucoup porté l’uniforme, depuis mon plus jeune âge, où je devais être à l’école privé des sœurs à Fort de France, au collège, lorsque j’étais chez les scouts. Je me suis renseignée pour l’armée, les pompiers, tout corps de métier en uniforme. C’est ainsi que je suis devenue Gardien de la paix et que j’en exerce la profession depuis 13 ans.

« Tu as assistée à l instant féminin , qui s est tenu le 22/01/2014 à Paris . Avec un peu de recul , cette rencontre t-a telle été bénéfique ? , Si oui , sur quels axes en particulier ? » L’instant féminin, a été un très grand moment. Je me suis trouvée face à des femmes et des hommes, qui se battent pour une cause, pour l’avenir des femmes et des hommes dans le monde de l’entreprenariat. Qui se battent pour nos racines , un monde social meilleur , sans différence, par-delà les frontières , sans limite, sans violences , charitable , rempli de paix , d’Amour et pour l’éducation de nos enfants , qui sont le monde de l’avenir de demain . Je me suis retrouvée à travers ce débat, qui correspondait à mon profil. Cela m’a fait un bien fou, en tant que futur entrepreneuse, et en tant que mère. De mieux comprendre, la base, la fondation, et la solidité d’une entreprise. Spirituel par de là ma foi, professionnel par de là mon métier, et familial par de la ma vie de famille. J’ai fait un feed back. Je suis remontée dans le temps, ma vie d’enfance, ma famille, mon


SANDRINE GRAND

Femmdoubout, Tienbé doubout , kinbé rèd pa moli … Peu importe les embûches, courage, relève-toi et marche vers ton objectif , ai confiance en toi , ai foi en ton projet , écoute ton cœur. » 35 «

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FDINTERVIEW SANDRINE GRAND

GARDIENNE DE LA PAIX

parcours, mes expériences, ce que je vis aujourd’hui. L’entreprise commence par l’embryon, la naissance, l’éducation, le soutien moral, la confiance en soi, que nos parents nous font, et nous apprennent à transformer. Ce qui nous donne la foi plus tard en tout ce que nous entreprenons dans la vie. Faire face à une grande responsabilité, face à toutes les épreuves dans la vie. Aucun mur, aucune embûche, ne sont solides face à cette force que nous avons acquis. Nous devrions l’identifier à l’embryon humanitaire et auto entrepreneuriat. J’en ai retenu, que nous devrions entretenir l’héritage de nos racines maternelles et paternelles, la richesse des valeurs sociales et humaines, et avoir confiance et foi en nous, pour l’avenir entrepreneurial.

« Y a t il eu des moments forts qui t ont marqué ? » J’ai écouté attentivement les témoignages des hommes et des femmes présents ce jour .Ce qui les différencie, c’est le parcours et l’expérience de chacun. L’entrepreneuriat en tant que femme m’a beaucoup touché. De voir ces femmes entrepreneuses, qui se décident d’entreprendre parce qu’elles ont décidés de gérer leurs propres activités suite à une mauvaise expérience face au monde travail, ou tout simplement dans le désir d’une reconversion. Elles ont se courage de lever la tête et d’affronter d’éventuelles barrières pour mieux avancer. Ou d’autres femmes qui n’ont pas eu d’embûches et qui ont toujours eu ce charisme de la femme dirigeante. Et ses hommes qui entreprennent en aidant les autres et les femmes à travers des messages de l’image de la femme, de leur histoire, par le biais de bandes dessinées, pour montrer que les femmes sont capables comme eux de faire le pas. Ils soutiennent les femmes et j’ai trouvé

cela formidable, parce que ce lien est important pour avancer. Nous ne devons pas vivre dans un monde de machisme. Le monde doit évoluer avec les technologies, avec les valeurs de partage et non de division. Nous ne devons pas régresser, mais avancer. Beaucoup d’hommes et de femmes ont joués un rôle important dans notre histoire pour abolir l’esclavage, l’apartheid, ont ramené la paix en cassant ses murs, comme le mur de Jéricho dans la bible, pour être libre. L’égalité des hommes et des femmes est très importante. Toutes les femmes et les hommes présents m’ont tous touché à travers leurs histoires. Je puiserai à travers tous ses profils, un peu de tous. Une forme de force, un dynamisme, des idées, pour mieux avancer dans le monde de l’entrepreneuriat.

« Tu es actuellement dans une phase de réflexion pour te lancer dans une aventure entrepreneuriale… » Effectivement, j’ai cette forte envie de me créer. Je suis une personne qui prend beaucoup de recul. La réflexion feed back est un point fort. Ce qui me permet de mieux comprendre et d’avancer. J’ai le relationnel, l’écoute, la communication. J’ai fait de nombreuses démarches, effectué de nombreuses recherches sur internet. Je suis allée dans des forums. J’ai participé à des ateliers avec la BGE (Boutique de gestion), une association, subventionnée par la Mairie, qui propose des ateliers gratuits, aux personnes, désirant créer une entreprise, reprendre une entreprise ou une association. Le plan de financement, la publicité, etc... De plus, ils vous aident jusqu’au bout et vous suivent après le projet. Ils me mettent en relation avec d’autres organismes. De fil en aiguille, j’ai


DÉCOURVERTE D’UN MÉTIER pu enrichir mon carnet d’adresse, créer des relations, même avec les personnes présentent lors de l’instant féminin de Femmdoubout. De bouche à oreille, en échangeant on découvre qu’il existe des moyens. En exposant mon projet, à mes conseillers, j’ai ressenti des gens intéressés par mon idée, avec l’envie de m’aider à le concrétiser. Il est souvent vrai que le système n’est pas très encourageant pour ceux qui entreprennent, et peuvent dans certains cas nous empêcher d’avancer, nous enlever ce qui nous reste de motivations. J’ai eu des témoignages venant de la Martinique. Des amis qui se sont formés en Métropole et qui sont venu s’installer en Martinique, pour lancer leur propre affaire. Ils sont déçus, ils regrettent malheureusement d’avoir quitté la Métropole et veulent repartir. Arrivés en Martinique, ils ont certes retrouvés la terre maternelle, mais ils n’ont pas été suivis dans leur projet. Tant pour les hommes que les femmes, tout ou presque tout relève du filon, par la couleur du teint, les chaînes ont été enlevées, mais cette sensation de liberté ne se fait pas ressentir. Même en ayant de bonnes idées, en étant manuel, en ayant un atelier, ou un espace, monter sa boîte reste chose difficile. Les démarches administratives

sont jonchées d’obstacles... Il faut vraiment se démarquer pour pouvoir attirer l’attention. Heureusement, le système n’est pas partout obsolète, car ils ne manquent pas de formations. La confiance en soi est primordiale, il faut avoir une foi infaillible en son projet. N’hésitez pas allez vers les autres, ne vous renfermer pas face aux obstacles, une autre porte qui se ferme, ne signifie pas qu’une autre ne s’ouvrira pas. Il faut aussi se donner les moyens de faire les choses, commencer à prendre les responsabilités, un poste d’entrepreneuriat n’est pas de tout repos.

JE SUIS UNE PUBLICISTE « Tu officies depuis plusieurs années dans un corps de métier assez viriliser, est ce qu' à un moment donné, tu as eu envie d’aller vers un choix plus féminin ? Être maman et gardien de la paix à la fois, n’est-ce pas un double métier ? Arrives-tu à concilier les deux ? » J’exerce dans la police nationale, en tant qu’Adjointe de sécurité et de Gardien de la paix, je cumule les deux, depuis maintenant


FDINTERVIEW SANDRINE GRAND

GARDIENNE DE LA PAIX

13 ans. Je ne suis pas entourée que d’hommes, de nos jours, tout comme moi, on de nombreuses femmes ce sont orientés vers ce corps de métier. Le côté des femmes qui sont maternelles, apaisent parfois les hommes qui sont machistes. Je n’ai pas d aprioris. Il faut se faire sa place en tant que femme dans le monde des hommes. Les hommes sont différents les uns et les autres, ils y en a qui veulent se montrer virils, et qui vont vous le faire ressentir, mais plus dans un côté protecteur, paternel. Comme s’ils se mettaient un bouclier de protection. Il y en a d’autres plus doux avec ce côté féminin qui écoute, qui conseille, qui prenne le temps de discuter. Je suis actuellement dans un service interne au commissariat, le Groupement d’Appui Judiciaire, Nous prenons les plaintes, traitons les enquêtes, et les dossiers de flagrant délit. L’équipe est super, composées d’hommes et de femmes. Les hommes sont marrants, à l’écoute, discutent, le côté mâle ressorts de temps à autres, mais cela reste sous un fond de gentillesse. Ceci dit, nous exerçons une profession qui n’est pas facile, il faut avoir un moral fort. Que nous soyons dans les bureaux ou sur le terrain. Le danger est omniprésent. Nous faisons face à la population dont la classe

« J’ai le souvenir d’un homme qui a essayé de m’abaisser, me donnant à effectuer le nettoyage des toilettes, comme pour bien me rappeler que j’exerçais une profession d’hommes. Mais j’ai réussi à lui montrer que j’y avais ma place, et que rien ne m’empêcherais de faire le métier que j’exerce, c’est à dire d’aider la population... » sociale est différente. Ce métier n’a rien de monotone. Je ne brave plus le danger du terrain, depuis deux ans, anciennement en

brigade de police secours de nuit. Les risques étant présent à tout moment et partout, nous nous devons de former une équipe sans préjugés, nous sommes responsables tant dans l’encadrement qu’avec les victimes. J’exerce mon métier dans la Police Nationale par vocation. J’aime mon travail, apporter mon soutien aux victimes. J’en ressors avec une entière satisfaction, un soulagement, quand je vois un sourire sur leurs visages. J’ai aussi mon métier de maman, c’est aussi une autre responsabilité. Qui reste tout de même une entreprise, un roulement, un épanouissement. L’organisation pour la garderie, aller les chercher à l’école, chez la nounou, préparer le repas avant et après le boulot. Les gamelles pour le lendemain, les activités de loisirs sportifs, l’enseignement qui continue à la maison, l’éveil, l’éducation, les encourager dans ce qu’ils entreprennent. Que ce soit un dessin ou une histoire racontée. Ils sont encore petits, mais dès leur plus jeune âge, nous leurs inculquons les valeurs humaines, mon conjoint et moi. Les bases pour apprendre à vivre en collectivité qui leurs permettront de faire fassent au monde de l’entreprise, et à l’avenir. Parce qu’ils sont avec tous les jeunes de leurs âges l’avenir de demain. Le plus grand va à l’école, nous lui disons nous t emmenons à ton travail. Il mange à la cantine, nous lui disons tu manges à la cantine avec tes collègues. Il est content. Et comprends quand nous allons à notre travail. Bien-sûr nous ne jouons pas, c’est là, la grande différence, que nous lui expliquons. Les deux se font bien et j’en suis fière. Mon futur mari, m aide pour les enfants et nous préparons notre mariage pour le mois d’août de cette année 2014. De plus, j’ai le projet en cours. Tous ce que nous entreprenons est une organisation et une gestion. Il faut se donner le temps afin de tout concrétiser.


JE SUIS GARDIENNE DE LA PAIX DÉCOURVERTE D’UN MÉTIER

« Quels sont tes projets à venir ? »

haute pour s’en sortir et mieux avancer à l’aide de moyens, qui leurs permettrons de le J’aime mon métier, mais je pense en avoir fait faire. le tour. Ceci dit, je n’arrête pas pour autant d’en apprendre tous les jours avec les victimes et « Quels conseils donnerais tu aux l’équipe dans laquelle je suis. Mais, en tant que femmdoubouts en devenir ? » femme et maman, j’ai aussi besoin de changement pour ma famille et pour moi. Je Il faut te dire, « je veux, je peux et je vais suis sur un projet de reconversion. Dans le réussir », mais aussi l’appliquer ! Ouvrezcadre d’organisation, d’animations spirituelles, vous au monde, allez vers les autres, ne vous musicales, et culturelles (chorales de gospel, mettez pas de barrière sinon cela se écrivains etc..), à destination de personnes en ressentira ! Nous sommes le reflet de notre difficulté sociales, que ce soient des sdf, ou miroir, tu transmets ce que tu es, ce que tu des femmes victimes de violences conjugales, penses. Et l’autre face à toi agira en fonction etc...Notre société étant confrontée à de de ce que tu reflètes. Nous les femmes nombreux phénomènes de crise économique, ultramarines, nous scions doucement les violences sous toutes ses formes, je ne peux ouvertures qui se présentent à nous, pour pas en être indifférente et je ressens le besoin nous forger un passage d’accompagner autrement que par mon métier actuel. Le stress, les maux du corps, une Propos recueillis par Virginie LEBEAU dégradation de l’image, et des tentatives de Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout® suicides ont pris le monopole. Un projet visent à aider toutes ces personnes à retrouver le goût à la vie et à se relever, à avoir la tête


L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL OCTOBRE 2013 /

Femmdoubout®

FÉVRIER 2014/

Femmdoubout®

UNE DURE RÉALITÉ ?

Véritable fléau qui touche tout le monde du simple employé au cadre dirigeant, du monde commercial au monde médical, personnes ne se trouvent épargnés par ce mal du siècle,

où l’exigence et le surpassement de soi sont des maîtres maux de nos vies de tous les jours. Comment faire pour l'éviter? Quelles sont les signes avant-coureurs?


J’AI FAIT MON BURN OUT J’avais déjà entendu parler du « Coming out », mais jamais du « Burn Out », une expression de plus, un peu barbare dont j’ignorais jusqu’alors la simple définition. Et pourtant. Je viens tout juste de faire le mien. Si je vous dis que cela m’était inattendu, ce serait vous mentir. Juste, que je couvais cette situation inconsciemment depuis si longtemps, qu’il fallait que cela explose un jour. Ce jour précis, c’était jeudi dernier, je suis arrivée un peu crispée à mon bureau, voire même tendue, j’avais encore très mal dormi. Depuis plusieurs mois, fatiguée et moralement épuisée, je n’arrêtais pas entre des nuits d’insomnies et celles parcourues de rêves saugrenues. J’en étais devenu addict à certains somnifères et à quelques séances régulières sur le canapé de ma Psy ! Réveillée en sursaut vers 1h30 du matin, je venais de faire un nouveau cauchemar, troublant et très drôle à la fois. J’y voyais mon directeur en costard cravate « à quatre pattes et tenu en laisse » … par moi. Mon « Moi » était-il en pleine confusion du genre ? Ou tout simplement, en émoi pour que je reprenne ma vie professionnelle en main? J’avoue que sur le coup en me levant de mon lit, cette scène quasi sadomasochiste, m’horripila rien qu’à penser, que je puisse faire partie du casting des acteurs. Mais, en y repensant longuement sur le trajet pour aller vers ma boite, je me suis dit que c’était certainement là un signe fort « le dominant pour une fois s’était fait dominer par sa directrice béni non-non» et je me laissai aller à un fou rire assez sarcastique. Depuis, qu’il avait pris fonction comme directeur suite à la mort de son père, il y a un peu plus de deux

ans, il ne pouvait s’empêcher de faire du harcèlement moral et sexiste auprès de ses employées, majoritairement féminine. Faut dire qu’il était le seul homme pour une vingtaine de femmes, il se sentait et agissait donc un peu comme un coq rutilant de triomphalisme et de toute puissance. Une sorte de jeunot qui se disait être hyper diplômé, mais en réalité tout droit sortie de l’école très branchouille de « fils à papa », la seule institution qu’il n'ait véritablement connu. Mais, qu’importe cela ne lui en donnait aucunement le droit, de nous infliger cette tendance constante et journalière de lots d’humiliations envers nous, les femmes. Chaque matin, mon réveil sonnait à 5h10 précisément, 30mn pour préparer mes enfants, 20 mn pour moi : avant 6h30 nous étions tous en voiture pour nos destinations respectives. Entre les embouteillages et déposer les enfants à l’école, je devenais facilement irritable, car il me fallait bien compter une heure à chaque fois pour arriver au bureau. Voilà, plus de 15 ans que j’occupais, le même poste de directrice adjointe, j’avais commencé à faire mes armes auprès de son défunt père, qui était un homme humble et un entrepreneur visionnaire. J’étais une jeune stagiaire lorsqu’il développait son activité, mais voyant mon fort potentiel, il m’avait donné ma chance en me conseillant, puis en me formant rapidement au métier. Au fil du temps, j’ai réussi petit à petit à gravir les échelons et être ainsi son bras droit. Malgré, le statut d’entreprise dite familiale, notre savoir-faire main et sur mesure avait dépassé les frontières dans le monde du



…À QUI LE TOUR ? textile. La société était en pleine essor lorsque son fondateur, « le père », mourut. Il n’eut donc pas de transitions, de passations de pouvoir, puisque le « légitime », « le fiston », ne s’était jamais intéressé à rien d’autre qu’à l’argent de son père. Le deuil émotionnel, pour nous les employées fut d’autant plus dur que nous avions affaire à une nouvelle personne inexpérimenté. Néanmoins, qui avait décidé d’emblée de changer coûte que coûte nos différentes techniques de travail, nos approches commerciales. Il envisageait de la délocalisation. Du rendement, il en voulait toujours plus, délaissant au fur et à mesure ce qui nous distinguait de nos autres concurrents: la qualité et le raffinement. Travailler plus vite, pour plus de productivité. Acheter au prix les plus bas, nos matières premières pour générer moins de coûts et j’en passe. En quelques mois, le résultat de notre production fut l’inverse de ce qu’il escomptait. Avec des produits bas de gammes, ce qui nous fit perdre peu à peu une clientèle exigeante et fidèle que son père et moi avions mis avec tout le reste de notre équipe, des années à conquérir. Chaque jour, il se disait avoir une idée lumineuse et ne souhaitait en aucun cas être à l’écoute de notre expertise. Il avait toujours raison, au point d’abuser d’autoritarisme auprès de tout le monde. Mes collègues étaient à bout, les arrêts de maladie qui étaient quasi-inexistant à la base dans cette société, fut choses courantes avec un taux d'absentéisme records. Brimades, quolibets de toutes sortes devant les fournisseurs, devant la clientèle, devant tout l’équipe : il ne se gênait

point pour m’humilier dès qu’il en avait l’occasion. Il me demandait de plus en plus fréquemment de préparer des dossiers de reporting avec la notion « urgent », quitte à ce que je passe un nombre d’heures supplémentaires impressionnant à plancher dessus, pour au final que je retrouve ces dossiers en poubelles. « Vous êtes mère de famille ? Et alors, que puis-je y faire ? Vous n’aviez qu’à y réfléchir avant de les faire… ». A l’inverse de son père, le mot reconnaissance, ne faisait pas partie de son vocabulaire. Mais, le mot incompétente, si ! Voilà comment d’un coup je passai d’une brillante directrice adjointe à une femme incapable. Mon taux de confiance était à son plus bas niveau, j’avais une perte d’appétit, plus aucune joie de vivre, et surtout la boule au ventre chaque matin. Voilà, comment précisément ce jeudi là, je lui ai dit stop ! Je lui ai dit clairement qu’il pouvait aller se faire voir avec sa société de merde, que je n’en avais plus rien à foutre. Qu’il avait salit la mémoire de son père en ruinant à moitié sa société et surtout en y perdant les valeurs profondes qui en avait fait sa réussite. Et là, face au silence régnant dans ce grand hangar, où mes autres collègues avaient pu assistés à la scène, je vis dans le regard de cet homme médusé en un bref instant que mon rêve avait bel et bien une signification. Reprendre ma liberté professionnelle, mais aussi le cours de ma vie avant qu’il ne me soit trop tard…

Article de Virginie Lebeau Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®


À LIRE SUR CE SUJET ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL, APPROCHES INNOVANTES ET PLURIDISCIPLINAIRES Philippe Zawieja , Franck Guarnieri L’épuisement professionnel, ou burn out, est généralement défini comme un syndrome associant un état d’épuisement physique et psychique intense, un ensemble d’attitudes relevant du cynisme et de la déshumanisation, et un effondrement du sentiment d’efficacité personnelle. Il concernerait de 5 à 10 % des travailleurs et, dans certaines professions, jusqu’à 40 % des effectifs. Dans les cas les plus graves, il peut conduire à la dépression, voire à la tentative de suicide... BRÛLÉ : L’ÉPUISEMENT RECONQUÊTE DE LA VIE

PROFESSIONNEL

ET

LA

Joan Borysenko L'épuisement professionnel ressemble beaucoup à la dépression, mais ce n'est pas un mal biologique qui se soigne par des médicaments ou une simple gestion du stress. C'est un trouble de l'espoir et de la volonté qui draine la vie de personnes compétentes, idéalistes et travailleuses comme vous ; un trouble qu'il vous faudra combattre avec effort si vous souhaitez reconquérir votre pouvoir ! Dans cette fascinante étude au goût du jour, Joan Borysenko chercheuse en sciences médicales diplômée de Harvard, psychologue et pionnière réputée... BURN OUT, LE SYNDRÔME D’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL Christina Maslach, Michael Leiter Christina Maslach est professeur de psychologie à l'Université Berkeley. Elle a créé un outil de mesure - le "Maslach Burnout Inventory " - utilisé dans le monde entier pour diagnostiquer le burnout. Michael P. Leiter est doyen de la faculté des sciences et professeur de psychologie à l'Université d'Acadie, au Canada. Préface du Dr Patrick Légeron, psychiatre, directeur du cabinet Stimulus et auteur d'un rapport sur les risques psychosociaux pour le ministre du Travail….



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ß LA FEMME NOIRE


FDINTERVIEW

SERGE DIANTANTU AUTEUR – RÉALISATEUR DE BANDES DESSINÉES

Je suis né à Thysville (actuellement MbanzaNgungu), dans la province du Bas-Congo de l’actuelle République Démocratique du Congo ex Zaïre. J’ai été scolarisé à l'école primaire Saint-Pierre de Kinshasa, avant de suivre une formation technique et professionnelle à l'internat de Kibemtele et d’obtenir un brevet d’aptitude en menuiserie et ébénisterie à l’école technique de Gombe Matadi. J’ai obtenu mon Diplôme d’Etat en arts plastiques à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa. Ensuite, je me suis inscrit en 1981 au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris pour y poursuivre des études supérieures. Néanmoins, les réalités économiques obligeant, j’ai dû entrer dans le monde du spectacle en intégrant la Société Française de Production (SFP), anciennement ORTF, en qualité de concepteur et constructeur de décors de télévision et de cinéma, de 1982 à 2001. Aujourd’hui, je réalise non seulement des visuels en dessins animés, mais je suis également auteur de plusieurs ouvrages des bandes dessinées et livres illustrés.

« Tu es l’auteur des livres Femme noire d’Afrique, d’Amérique et des Antilles. Qu’est-ce qui t’a motivé à publier ces BD en mettant à l’honneur ces héroïnes qui font parties de l’histoire, de notre histoire ? » La série est un tapis rouge pour mettre en honneur la femme noire. Un panthéon de sauvegarde historique pour chacune d’elle. À savoir que la dignité accordée à la mémoire et à la personnalité de chacune de ces femmes pour leur combat, reste souvent occulté. Les femmes présentées dans cet ouvrage restent immortelles. En lisant ce livre qui est un musée, nous

sollicitons votre respect, car toutes ces femmes méritent notre considération.

« Elles sont "Militantes révolutionnaires, pour l'égalité des sexes, l'égalité des races, la lutte des classes et la liberté ..." "Citoyennes du monde, combattantes pour la survie et la paix pour lesquelles elles se sont farouchement battues ..." voilà un miroir pour nos filles, demain elles seront des femmes. » « Tu as été un de nos intervenants pour « l’instant féminin ». .. » Je remercie toute l’équipe organisatrice d’avoir souhaité ma présence pendant cette journée. C’était très important de voir l’initiative prise par des femmes pour dialoguer entre elles, et cela aux côtés des hommes. J’ai pu assister et voir comment la femme peut s’épanouir dans plusieurs domaines, sur les prises en charge guidant à l’évolution, la construction de la place des femmes au sein d’une entreprise. Le débat était bien cadré dans une sincérité constructive. Avec le temps et un peu de recul, les retomber de cette journée de rencontre à Paris le 22 janvier 2014 serviront je l’espère à encourager et à apporter des actions nouvelles sur le terrain avec motivation. Dans l’ensemble, les participants et participantes étaient remarquables. Presque tous ont contribués pendant les échanges. La preuve même, il a failli écourter faute de temps face à la richesse et les expériences de chacune d’elles, car elles avaient beaucoup de choses à partager..


SERGE DIANTANTU

Il faut croire à ses projets. Être sincère à son entourage et de mettre en tête que « Impossible, n’est pas français ». Quand on veut, on peut, tout devient possible à ce moment quelque soit vos origines, votre race et classe sociale. » «

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IL REND HOMMAGE A LA FEMME NOIRE AUTEUR – RÉALISATEUR DE BANDES DESSINÉES

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines et les femmes issues de la diversité, peinent-elles à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? Doivent-elles gagner en visibilité?» Pensons y pourquoi sur la série « Femme noire » je valorise les points communs entre elles, n'est-ce pas qu'elles sont à mes yeux des « Militantes révolutionnaires, pour l'égalité des sexes, l'égalité des races, la lutte des classes et la liberté. » Il faut que la femme issue de la diversité ou la femme ultramarine sache que le monde leur appartient. Que toutes montrent leurs compétences et prennent place sur le tremplin de l'évolution du Monde. Le monde a beaucoup évolué par la connaissance del'électronique et l'informatique. Les jeunes ont un univers nouveau, branchés par une technologie moderne. Mais, il est important

que les parents transmettent le passé de Bumidom à leurs descendances ou à leurs progénitures.

« Quels sont tes projets à venir? » Toujours chez Caraïbéditions pour le 4ème tome de la « Mémoire de l’Esclavage »… Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

SERGE DIANTANTU AUTEUR – RÉALISATEUR D’OUVRAGES ET DE BANDES DESSINÉES

Mail : diantantus@yahoo.fr Mobile : 0661300808 www.serge-diantantu.com



UNE INITIATIVE SALUTAIRE FÉVRIER 2014 /

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LE FESTIVAL

CRI DE FEMMES


STÉPHANIE MELYON-REINETTE « Ne jamais oublier que votre premier mari c’est votre travail... Mon grand-père a dit cela à ses filles. Et ma mère me l’a dit, ainsi qu’à mes sœurs. Alors, je crois que c’est un bon conseil. Assurer son propre moyen de subsistance. » 52 Femmdoubout® /

FÉVRIER 2014


FDINTERVIEW STÉPHANIE MELYON-REINETTE

SOCIOLOGUE – ÉCRIVAINE - POÈTE

Je suis guadeloupéenne. Je suis née à Pointe-à-Pitre dans une grappe de trois enfants, nous sommes triplés, ma sœur Prisca et mon frère jumeau Jourdain et moi... Je suis d'une grande fratrie... Mon père, Pierre Reinette, a eu 8 enfants - nous compris - et nous sommes une famille ultra recomposée mais belle, magnifique. Il y a beaucoup d'amour... Mon père était hautfonctionnaire (ex-directeur DDASS Guadeloupe, ex-DGS Conseil Général, voguant vers d'autres projets maintenant) et ma mère est médecin-pompier (lieutenantcolonel) et entrepreneurs. Je le précise car ils sont sans doute le terreau qui m'a poussée vers les chemins de traverse que n'emprunte et arpente encore... Tous deux dans le social, un peu comme certaines des autres mamans de notre fratrie, ils ont fait de nous des hommes et des femmes engagés, empathiques, artistes, créatifs, mélomanes... Et je partirai de là pour me définir. Je me définis comme quelqu'un de libre. Je trouve que notre société ne nous donne pas la liberté d'être. D'Être réellement et je cherche à être pleinement moi-même... Je suis indépendante, créative, aventureuse, téméraire, pugnace... J'aime la liberté. Dans mon parcours, j'ai emprunté tour à tour ou simultanément, deux voies: la création par le corps et les mots, la recherche et la découverte de l'autre, le voyage. Deux voies inextricablement liées au final... Car l'une se nourrit de l'autre. J'ai fait des études d'anglais avec un aspect commercial puis civilisationnel, pour aboutir à un troisième cycle en Langues et Littératures Anglosaxonnes. En somme, du LEA en DEUG, je suis allée en LLCE pour faire une thèse en civilisation américaine (Noire Américaine / Cultural Studies devrais-je dire) que j'ai obtenue en 2008. J'ai étudié et écrit sur le jazz, la diaspora, la caraïbe, l'immigration et

les discriminations et les questions d'intégration qui en découlent. J'ai voulu, ensuite, partager le savoir largement: séminaires, rencontres, publications... J'ai encore envie de travailler dans ce sens-là... Parallèlement, je me suis illustrée dans diverses pièces chorégraphiques, j'ai exploré la transversalité de la création, et puis j'ai dansé pour des artistes, et écrivant depuis mon jeune âge, j'ai publié mes premiers recueils: "Les Bleus de l'Existence" en 2009, puis "Ombres" en 2011... "Mousmée " (auto-édition) en 2013. Je fais des performances et récitals poésie acoustique avec Gerald Toto, mon partenaire. Notre duo s'appelle "Melt In Motherland"... Depuis trois ans, je suis ambassadrice du Festival Cri de Femmes Franc: je représente le Mouvement International des Femmes Poètes fondé par Jael Uribe en 2010, auquel j´ai adhéré avec engouement et force. Et puis, j'ai gagné un 1er prix de poésie (en vidéo) en 2013... Premio mondiale di Poesia Nosside (Reggio Calabria, Italie - Unesco) que je me ferai fort de faire connaître chez nous afin que plus de poètes français et ultramarins rayonnent dans l'Europe, dans le monde. Nous avons tant à offrir...

« Tu as assisté en tant qu’intervenante à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? » J'ai assisté à "l'instant féminin" le 22/01/2014 et j'ai été heureuse de découvrir de mes compatriotes qui entreprennent, avec passion et conviction. Et qui avaient une expérience très riche malgré leur jeune âge.


AMBASSADRICE DU FESTIVAL CRI DE FEMMES SOCIOLOGUE – ÉCRIVAINE - POÈTE Cela a affermi mes convictions: il y a des démarches en lesquelles je crois et qu'ils défendent aussi. Le voyage a cela de miraculeux qu'il transcende l'individu, qu'il l'aide à croître, à renforcer son noyau culturel tout en s'ouvrant... Et puis la plus-value de la formation n'est pas négligeable. Enfin, j'ai été heureuse de voir des sœurs et petites sœurs réussir, se lancer dans la grande aventure de l'entreprise.

« Y a-t-il eu des moments forts qui t’ont marqué ? Des profils de femmes ou d’hommes que tu pourrais prendre en exemple ? » Je n’aime pas les cultes de personnalité… J’aime les émulations, les défis, le challenge. Donc, des personnes peuvent motiver en ce sens… Toutefois, il n’y a aucun profil d’homme ou de femme spécifique que je

prends en modèle, (peut-être inconsciemment mes parents…). Par contre, il y a des hommes et des femmes qui m’ont inspiré et m’inspire de l’estime, du respect, de la fraternité, du patriotisme. Á l'instant féminin : Cette espèce de ronde des cheffes d'entreprise. L'échange intergénérationnel et interculturel. Cela fait partie des plus belles rencontres. Dans ma vie : Ma vie tout simplement auprès de femmes debout! Mes grands-mères, ma mères, mes tantes, maternelles comme paternelles, mes cousines, mes sœurs, sont des femmes qui ont su trouver leur place dans notre société guadeloupéenne. Elles se sont imposées, elles ont réussies, elles ont refusé la dépendance. Elles sont professionnelles, belles, libres. Je disais lors de notre rencontre à "l'instant féminin" que je ne me revendiquais pas comme féministe. Et je persiste et signe. Je ne trouve pas cela honteux. Simplement,


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comme j'avais fait un séminaire sur les "féminins, féministes", j'ai toujours des femmes-individus dans ma famille, des femmes indépendantes, affirmées, patronnes, professionnelles, industrieuses, libres, politiquement extraverties, et cela sans avoir rejoint aucun drapeau aucune bannière, aucun mouvement, si ce n'est leur mouvement naturel de femmes ... Être en féminisme peut être juste un état d'être... Fout fanm fó! Fout fanm bèl! Fout fanm ka póté Kilti é péyi a yo monté!

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peinent à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? Doivent-elles gagner en visibilité? S’approprient-elles et sont-elles fières de leurs identités culturelles? » Je crois qu’il y a plusieurs niveaux d’entreprenariat au féminin. Je crois qu’il y a des formes d’entreprenariats qui ne relèvent pas de l’entreprise au sens moderne, ou tel qu’il est entendu aujourd’hui. Il y a toujours eu des femmes qui ont entrepris chez nous. Le système « D », ce petit commerce mis en place pour la subsistance, les cultures vivrières. Il y a toujours cette force créatrice chez les femmes aux Antilles. Beaucoup ont été propriétaires terriennes très tôt, par le biais d’alliances avec les maitres… ou le concubinage ou comme en Haïti ces espèces de mariage coutumier (auquel ces alliances illégitimes ressembleraient) : plasaj (plaçage). Les femmes accédaient à la terre et à l’entreprise… Lorsque l’on parle d’entreprenariat, il faut bien définir de quel domaine on parle. En effet, en consultant les iconographies anciennes de la période esclavagiste et post-esclavagiste, on constate qu’il y avait beaucoup de marchandes

vendant ferrailles, herbes médicinales, produits maraichers, récoltes, cacahuètes grillées… c’était une entreprise en soi. Récolte, préparation, emballage, vente, chiffre d’affaire, etc. Je pense aussi aux Madan Sara en Haïti qui parcourent les régions intérieures et extérieures au pays, en quête de marchandises. Elles sont au cœur de l’économie haïtienne. Si en Guadeloupe, ou en Martinique, ces métiers se sont raréfiés, jusqu’à disparaître (on voit encore quelques dames vendant le sinobol ou le sorbet coco aux abords des plages !), c’est au profit de métiers vus comme plus valorisants et moins contraignants. Cyril Serva, philosophe guadeloupéen, écrivait que l’éducation était valorisée car elle permettait de sortir des champs de canne, et de tous les métiers affiliés. Les métiers de la terre, de la récolte, du labeur physique. Intellectualisation, modernisation. C’est une nécessité aussi. Mais, nous avons tendance à être oublieux de ce qui avait préexisté à la réalité actuelle. À quelques exceptions près. Je pense à une jeune femme martiniquaise, Waël Toto (Waëly Kalinago sur facebook,) qui est revenue à l’agriculture. Elles cultivent la

« Je crois que les femmes aux Antilles et cela de manière ancestrale ont été partie prenante dans l’économie de la colonie, de l’île, du pays. » terre, récolte ses produits et propose un packaging proche de la tradition : le petit panier. Elle n’en est pas moins moderne, féminine et indépendante. Avec la modernisation et notre occidentalisation, les femmes aujourd’hui sont cheffes d’entreprise. Il y en a beaucoup : cabinets privés, restauration, esthétique, beauté et mode… Et encore, certaines sont engagées en politique (plus en Guadeloupe qu’en Martinique cela dit).


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Leur manque de visibilité tient à tant de choses : nos entrepreneurs ne sont de toute façon pas assez valorisés, médiatisés. On commence à parler des jeunes créatifs aux Antilles. Je pense aux jeunes chocolatiers qui se sont démarqués en France (Salon du Chocolat 2013). Mais, en général on parle de ce qui va mal plutôt que des entreprises qui fructifient. Maintenant, si nous parlons d’un autre niveau d’entreprise – l’entreprise internationale – je pense que là, nos entrepreneurs ne sont tout simplement pas sr le sol antillais. Elles sont à l’étranger. FEMMDOUBOUT a même dans le numéro précédent montrer de jeunes Antillaises entreprenant aux Etats-Unis ou en France Hexagonale. Il y en a plein qui partent se former, lancent leur affaire là où ils ont étudié, voudraient revenir mais ne voient ni les possibilités de développement, d’installation, un marché réduit (et trop attaché aux produits extérieurs)… Nous avons beau parlé de « consommation locale » ce qui est local « pa’a

vo chè ». Ce qui est extérieur correspond à des standards de richesse plus « globaux » et permettent une identification avec l’extérieur. Je digresse. Je pense, donc, que ces cheffes d’entreprise ne sont pas sur le territoire et pas connues, par voie de conséquence. Je me suis laissée die aussi que l’esprit d’entreprise est encore faible… je croisqu’en termes de proportions fonctionnariat / entreprenariat, il y a encore du travail et des closions à abattre.

« En tant que sociologue, que pensestu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque de formations pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ? » Je répondrais ici en tant que sociologue, ayant enseigné à l’Université Antilles Guyane, ou ayant enseigné tout court.


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En effet, j’ai pu me rendre compte de ce qu’il nous manquait, tant au niveau de la mentalité générale que des débouchés et de la façon de les penser. Et puis aussi quant à l’envie de s’expatrier. En premier lieu, il faut mettre en exergue le fait qu’aucun pôle de formation n’offre un panel de formation exhaustif. Ils sont tous des spécificités ou des spécialisations, quelle que soit leur envergure. Les universités étatsuniennes peuvent offrir des Unités d’Enseignement plus variées car elles en ont les moyens financiers d’abord. Ce sont des entreprises à part entière dont les droits d’inscription sont payants et exorbitants. Bien que certaines soient plus célèbres ou que certaines de leur formation soient plus valorisées (Harvard / Droit ; MIT / Haute Technologies ; Yale / Medicine), elles offrent un panel de formation important. Ce qui n’empêche pas les étudiants d’être très mobiles en fonction de leurs besoins de spécialisation. On en voit qui ont fait Harvard, Columbia et Yale… dans leur cursus. Nous voudrions tout avoir dans notre université et les formations privées, quand l’université est subventionnée, qu’elle est tripolaire (avec des soucis internes) et surtout qu’elle réponde à tous nos désirs. Car il est primordial pour beaucoup de rester au pays : peur de s’expatrier quelques années, ou peur de l’extérieur. On prétend vouloir développer le pays, rester chez soi, valoriser les enseignements locaux, mais encore faudrait-il qu’ils répondent aux besoins de tous. Il est essentiel de développer un pragmatisme personnel comme collectif. Si l’intention est de développer le pays alors l’idée est d’apporter une plus-value et non de rester dans le pays à tout prix en attendant que l’Etat apporte des réponses conjoncturelles là où il ne pourrait que pallier à des manquements. Il ne fera pas de dépenses excessives sans garantie de pérennisation et de succès. Notre système n’est pas obsolète mais incomplet. C’est

normal au regard de notre dimension. Nous ne pourrons grandir qu’en apportant des formations de l’extérieur. Les jeunes qui s’expatrient sont des émissaires pour le futur. Cependant, condition sine qua non, tous les protagonistes de l’économie antillaise doivent marcher main dans la main : les entrepreneurs ouvrir leur entreprises à la jeunesse, la défiance contre ce qui est différent et nouveau doit aussi disparaître, une place aux jeunes entreprises (plus de monopoles) doit être faite, et la peur de l’étranger doit aussi s’estomper pour laisser place à l’innovation… il faut arrêter de tuer les startups dans l’œuf. Et peut-être valoriser ce qui est « de chez nous, fait chez nous par des gens de chez nous ». Mais vraiment. Je pense qu’en travaillant ensemble, le chômage pourra être niveler, réduit, supprimé. Ensemble. Sur le long-terme. Un travail de longue haleine et d’ouverture.

« Tu es ambassadrice du Festival Cri de Femmes pour la France hexagonale et les départements d’outre-mer qui a lieu chaque année au mois de mars. Qu’est-ce qui t’a poussé à accepter de le promouvoir et surtout à préserver en quelque sorte le patrimoine artistique et culturel Antillo-Guyanais ? » Le festival cri de Femmes est né à l’initiative d’une poétesse, Jael Uribe, de la République dominicaine. J’aime que ce mouvement soit une initiative caribéenne. À l’origine, c’est un blog qu’elle met en ligne afin de partager ses écrits exorcisant, exutoires, suite à un cancer de l’utérus. Elle partage sa souffrance, ce besoin de le dire et de trouver un écho dans le monde.


LE FESTIVAL CRI DE FEMMES Elle trouve des échos bien plus larges en termes de spectres thématiques. Car la souffrance de la femme ne se borne pas aux affres de la santé et de la médecine, au fléau du cancer, mais aussi aux maux qui gangrènent nos sociétés. La violence faite aux femmes est sans doute une des choses les mieux partagées dans le monde. Ainsi, elle lance le festival en 2010. Jeune festival, mais festival international. Comment ? Elle contacte des poètes (merci à la toile internet et aux réseaux sociaux) et les invite à créer un ou plusieurs événements tout au long du mois de mars pour célébrer les femmes et sensibiliser contre les violences qui leur sont faites. Alors, je suis contactée en 2011 et commence mon premier festival en 2012. Je commence tout de suite fort, mais en comptant avec la solidarité de chacun : des artistes, des bénévoles, des directeurs des lieux. C’est un festival caritatif. Il s’agit que chacun se mobilise. Chacun donne pour els femmes pendant ce mois, pour une date, un concert, une expo. Il y a la visibilité et le networking en contrepartie. Il est bon d’être dans un réseau conscient. Il s’agit de penser aux femmes, à l’homme, à l’humanité, d’être acteurs du changement. C’est notre vocation en tant qu’artistes. Festival de poésie à l’origine, il est étendu au lyrisme dans toutes les formes d’art : récitals, concerts, expositions, soirées chorégraphiques, cinéma… mais aussi débattre. Parler de ce qui fait mal ou fâche. Parler de cette mobilisation au quotidien. Ne

plus participer du silence. Lever le voile du silence pour dévoiler la vérité et endiguer le problème. Donc, il y a des séminaires, des projections, des ateliers, des débats. Cette année le programme sera large et sur trois pôles : Paris, Guadeloupe (Basse-Terre, Petit-Bourg, Pointe-à-Pitre), Martinique (Fortde-France, Schoelcher). Évidemment en tant que Guadeloupéenne, il m’est difficile de faire autrement que d’amener les publics à se rencontrer, à mêler leurs cultures. Alors oui, il y a des artistes antillais, caribéennes, africains, français… Nous sommes là pour apprendre et transmettre la tolérance, la compréhension. Et l’art abolit les frontières. Il était essentiel d’amener ce mouvement dans nos îles et départements et surtout, de le faire en mettant en valeur notre culture, nos traditions. Alors, nous nous ferons fort – puisque ma mère Viviane Melyon de France, Ma sœur jumelle Prisca Melyon-Reinette (éducatrice spécialisée-sophrologue et Nathalie Montlouis-Despois sont les coordinatrices relais sur place – d’intégrer la tradition, nos artistes locaux dans les manifestations. Militer dans le vivant, le vécu, l’authentique. D’ailleurs, je devrais souligner le fait que travailler avec les artistes locaux est aussi un des crédos de cette entreprise. Car on ne fait pas venir des gens d’ailleurs pour transmettre le message. Les meilleurs émissaires doivent être ceux qui connaissent les interlocuteurs, partagent


FDINTERVIEW STÉPHANIE MELYON-REINETTE

SOCIOLOGUE – ÉCRIVAINE - POÈTE

leur vie, leur culture, leurs codes, leurs visions du monde. Préserver le patrimoine est aussi une manière d’ancrer le message que l’on veut faire passer dans une sorte de vécu collectif. Ancrer ces valeurs dans notre patrimoine.

« Pour cette nouvelle édition, tu as utilisé "le crowdfunding", un appel au financement participatif très en vogue depuis des années… » J’utilise le « crowdfunding » – une collecte via le public, un financement participatif. C’est effectivement un moyen de financement très en vogue, qui est un peu victime de son succès. Car le public est de plus en plus sollicité. N même temps, c’est une nouvelle façon d’acheter, de consommer tout en se sentant acteur de la création que l’on va acquérir. Ici, on pense que ce n’est pas une acquisition. On acquiert des petites contreparties durables (pin’s, badges Cri de Femmes, et invitations) et les tickets d’entrée. C’est une façon d’être partie prenante du festival. On verra si ce procédé fonctionnera. Mais, comme d’habitude, je donnerai de ma personne pour que le festival ait lieu. Car il est difficile de demander aux gens de s’investir corps, âme et finances… Mais j’aimerais créer un rendez-vous solidaires. Je suis une femme d’engagement, je crois oui. Je me définis comme cela. J’ai beaucoup de mal à entreprendre autrement qu’en m’engageant. Qu’en donnant de ma personne. Le pendant est que je ne fais rien de concret lorsque l’objet ne mérite selon moi aucun engagement. Il n’y a aucune cause à défendre. Aucune passion qui s’empare de moi. Je me fais fort de revendiquer mon identité, ma culture, de les présenter au monde. Le voyage n’éloigne pas, il rapproche de soi. Souvent chez nous, on considère que celui qui part trahit, délaisse, dénigre presque. Mais point du tout. Au contraire, ce n’est qu’avec plus de

clairvoyance que l’on vit. Sur soi. Le voyage trahit par le temps car n revient et constate les changements, mais le sentiment d’appartenance est immuable… Alors oui. Quand je me présente dans mes projets, je suis guadeloupéenne.

« Penses-tu que la relève soit en marche chez les jeunes ultramarines et qu’il ne soit plus question de Bumidom ? » Le Bumidom est un phénomène social et économique très particulier. Il s’est produit à une période de grands troubles aux Antilles. « Génocide par substitution » disait Césaire. En effet, la Guadeloupe, la Martinique vidées de leurs forces vives, de leurs capitaux humains, sociaux… Et à vrai dire, je pense qu’une sorte d’habitude, de servitude s’est installée vis-à-vis de la métropole. Il n’y a que vers la métropole que les cieux nous seraient cléments. Or, les nouvelles générations – aussi parce qu’elles sont fortement américanisées – voire afro-américanisées – voient l’herbe plus verte aux Amériques du nord (Canada, Etats-Unis…). En ce sens, il n’y aurait plus de Bumidom… lorsqu’il s’agit d’évoquer le fait qu’il y ait expatriation, je crois qu’il faudra en passer par là, comme je disais précédemment, pour glaner les connaissances que nous ne possédons pas. Mais Bumidom il y aura si personne ne revient au pays. Parce que le grand drame du Bumidom est l’exil sans retour ou quand il y a retour, c’est un retour avec inadéquation et incompréhension avec un pays rêvé, fantasmé. Ce que j’aime avec certaines ultramarines qui entreprennent dans l’Hexagone, et/ou aux Etats-Unis et qui le font sur fond de culture caribéenne et qui de ce fait, entretiennent des rapports (commerciaux, culturels, identitaires) étroits


« Fanm dou, fanm bout’ Fanm kon ti zabèy ka bèzonyé piké nan mitan lavi Fanm dou, Fanm bout’ Fann kon ti zabèy ka miyélé rich a yo pou fwi lavi Fanm dou, fanm bout Evè dépandans. Fanm flèch ka vwè ou dèmen Fanm dou, fanm bout » Pou Femmdoubout (Nèfta Poetry).

AMBASSADRICE DU FESTIVAL CRI DE FEMMES SOCIOLOGUE – ÉCRIVAINE - POÈTE avec leurs pays, leurs îles-nations comme j’aime à dire.

« Quels sont tes projets à venir? Si demain, toi aussi tu devais te lancer dans une aventure entrepreneuriale, qu’aimerais-tu réaliser ? » Je n’aime pas trop vendre la mèche… J’ai des projets d’entreprise. Mais, je suis une aventurière culturelle. Je cite mon papa. C’est la culture qui me parle et c’est dans cette veine que je pense entreprendre à l’avenir. Je cherche encore la formule parfaite qui permettrait de vivre tout en m’engageant, et en créant… Ce n’est pas une mince affaire.

« Quels conseils donnerais-tu aux femmdoubouts en devenir ? » De ne jamais oublier que « leur premier mari c’est leur travail ». Mon grand-père a dit cela à ses filles. Et ma mère me l’a dit, ainsi qu’à mes sœurs. Alors, je crois que c’est un bon conseil. Assurer son propre moyen de subsistance. Ensuite, si entrepreneures, elles veulent être : toujours croire d’abord en soi et en son projet, car personne ne peut y croire pour vous, avant vous. On est seule au début. On gravit les échelons seule et c’est ensuite que l’aide survient, attirer par la lumière. Le plus dur est pour vous. Mais finalement, la récolte aussi. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®


ELLE DÉCORTIQUE NOS ASSIETTES FÉVRIER 2014 /

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DIS MOI CE QUE TU MANGES JE TE DIRAIS QUI TU ES….


FDINTERVIEW MARIE-ANTOINETTE SÉJEAN MÉDECIN NUTRITIONNISTE – AUTEUR D’OUVRAGES

Médecin nutritionniste, je suis aussi psychosomaticienne et diplômée de journalisme et communication médicale. Je suis mère de famille. Originaire de la Martinique, j'ai essentiellement vécu en métropole tout en restant fortement liée à mon île, par la consultation permanente de mes compatriotes et par mes deux ouvrages « Mince ! Un régime créole » et « La Diététique Créole ». Je retourne régulièrement aux Antilles en dédicaces, en tant que consultante ou pour donner des conférences. Ce fut le cas au mois de février dernier lors Madin'Expo, « Le salon des savoir-faire et entreprises martiniquaises », organisé par la Chambre de Commerce et d'Industrie. Actuellement je suis en cabinet libéral dans le 16e arrondissement de Paris (jusqu'à fin juin 2014) et j'exerce à mi-temps dans un centre de santé mutualiste parisien. Mon objectif est de m'installer à la Martinique fin 2014 et d'y créer parallèlement à mon cabinet de diététique médicale une agence de communication sur la santé en zone tropicale.

« Tu as assisté en tant qu’intervenante à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? » Aller à la rencontre des femmes, échanger avec elles et celles et ceux qui s'y intéressent est pour moi un pas vers la découverte de l'autre. Une bonne osmose a eu lieu entre les intervenants et avec le public. J'ai apprécié la présentation des parcours de chacune des femmes disposées à les raconter et aussi celles des difficultés rencontrées et surmontées sans résignation.

« Le côté interactif et improvisé t’a-t-il séduit ? » Oui car pour moi il permet d'aller vers l'autre sans a priori, sans se poser la question de plaire ou de ne pas plaire. Cet échange interactif permet de conserver au débat une certaine spontanéité, une certaine fraîcheur, ce qui est bien agréable en ces temps où tout est déjà préétabli.

« Qu’as-tu retenu de ce moment d’échanges au pluriel ? » L'implication des femmes des Outre-mer vers une plus grande visibilité ; leur caractère puissant et leur foi en un autre monde, plus égalitaire m’a une nouvellement fois convaincue. J'ai rencontré des femmes engagées dans le monde du travail, dans le monde associatif ou dans la vie politique et des femmes venues simplement s’informer. La présence d'hommes proches des aspirations féminines m’a aussi interpelée, comme celle d'un pasteur ou celle du dessinateur Serge Diantantu, auteur du superbe livre « Femmes noires d’Afrique, d’Amérique et des Antilles, que j'avais déjà croisé en décembre 2013 lors du 1er Salon international du livre créole de la Martinique où nous étions tous deux invités.

« Il y a-t-il eu des moments forts qui t’ont marqué ? Des profils de femmes ou d’hommes que tu pourrais citer en exemple ? » Celui de ces deux hommes respectueusement tournés vers les femmes. Et aussi celui de mon amie Jenny Hippocrate, engagée depuis de nombreuses années en tant que présidente


MARIE-ANTOINETTE SÉJEAN «

Rester soi-même. Ne pas être dans le paraître mais dans l'être, tout en se protégeant… » Femmdoubout® /

63 FÉVRIER 2014


FDINTERVIEW MARIE-ANTOINETTE SÉJEAN MÉDECIN NUTRITIONNISTE – AUTEUR D’OUVRAGES

de l'APIPD dans l'accompagnement des personnes drépanocytaires. La présence de Sophie Elizéon, déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français des Outremer, accompagnée de Danielle Apocale, déléguée générale à l'Outre-mer à la mairie de Paris, deux Femm « vraiment » Doubout, est un bel appui. La sociologue Stéphanie Melyon-Reinette qui est aussi Nefta Poetry, danseuse et poétesse m'a conquise par son parcours original. D'autres talents étaient réunis que je ne peux bien sûr tous citer.

« J'admire ce courage d'assumer sa personnalité plurielle. Il est en moi un aspect poétique, plus grivois que je rêve de mettre en scène. Je n’ai pas encore la force de vaincre une certaine pudeur liée au devoir de réserve de mon métier de médecin sans doute. Mais qui sait.» « Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peine à se faire une place dans l’entrepreneuriat ? » Comme toutes les femmes, nous rencontrons des barrières dans un monde des affaires encore très masculin. Référente du pôle santé de BPW Paris (Business Professional Women), pour l'égalité salariale hommes-femmes, je reste tout de même optimiste pour les générations futures. Être femme et de surcroît, ultramarine, est un défi à relever. Je garde foi en notre force d'implication, en notre persévérance. Le témoignage de Josette Brière-Saint-Val, chef d’une entreprise de bâtiment a été en cela particulièrement réconfortant !

« Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque de formations pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ? Est-ce une réalité à prendre en compte et d’autant plus dans nos départements d’outre-mer touchés par un taux de chômage extrêmement élevé? » Nous n'avons pas souvent le pouvoir en tant que femmes, nous devons nous l'octroyer. Les conditions socio-économiques ne nous avantagent certes pas mais les femmes ne manquent ni de ressources, ni d'ingéniosité. J'ai été touchée par le témoignage d'une jeune entrepreneuse qui n'a pu aboutir dans ses démarches de création d'entreprise dans le tourisme mais qui a rebondi en montant une autre boîte dans un tout autre domaine !

« Tu es la présidente et la fondatrice de l’association Nutricréole. Tu as écrit de nombreux livres sur le sujet qui ont rencontré un fort succès auprès du public. Peux-tu nous en dire plus ? » L’association Nutricréole dont je suis la fondatrice a été créée à Paris il y a plus de 10 ans à la suite de l’engouement suscité par mon premier livre « Mince ! Un régime créole ». Elle défend les problématiques d’alimentation et plus largement de santé dans les Outre-mer. En effet les maladies de la nutrition : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires nous affectent particulièrement. Notre évènement-clé, le colloque Nutricréole « Santé et Alimentation des Outre-mer », communication à


PRÉSIDENTE DE NUTRICRÉOLE MÉDECIN NUTRICIONNISTE – AUTEUR D’OUVRAGES

destination du grand public se déroulera à Paris fin septembre 2014. Cette année le thème principal sera le diabète. Nous avons accueillis près de 1000 personnes autour des deux colloques précédents. Nutricréole est aujourd’hui forte de plus de 500 membres sympathisants

« La recherche effrénée de la performance et du dépassement de soi, des journées de travail surchargés, (…) forment le quotidien de celles qui entreprennent. Certaines finissent par en perdre l’appétit ou les bonnes habitudes alimentaires. Quelles recommandations pourrais-tu leur apporter ? » Notre 1ere nourriture est selon moi d'abord

spirituelle. Elle passe par remercier chaque jour l'humanité de nous accompagner dans notre quête de l'équilibre. « Nous sommes aussi ce que nous mangeons ». En prenant soin de nous, de notre assiette, nous augmentons nos capacités y compris dans le monde de l’entreprise. Personnellement depuis que je travaille je n'ai guère sauté de repas et si je mange un sandwich je l'accompagne toujours d'un fruit et d'eau minérale. Le plus judicieux selon moi est de rattraper les excès aux deux repas suivants et de s'octroyer surtout quelques extra. Mon péché mignon est le chocolat… parfois jusqu'à cinquante grammes par jour !

« Selon toi toujours, l’entreprendre pour toi est-ce inné ou cela doit-il s’apprendre qu’en école de commerce ? »


FDINTERVIEW MARIE-ANTOINETTE SÉJEAN MÉDECIN NUTRITIONNISTE – AUTEUR D’OUVRAGES

Certaines et certains d’entre nous ont des capacités relationnelles extraordinaires et seraient capables de vendre une machine à laver en panne ! Les écoles de commerce dispensent un enseignement de haut niveau cependant elles n’ont pas l’exclusivité de la formation à l’entreprenariat. Certaines se construisent toutes seules, d’autres dans le giron familial. Dans le mot entreprendre j’entends une volonté de bâtir et de promouvoir, une volonté de développement et de transmission.

« Tu es mère de trois enfants, tu pourras certainement oser une réponse à cette question, « penses-tu que la relève soit en marche chez les jeunes ultramarines et qu’il ne soit plus question de Bumidom ? » La métropole reste souvent pour les cursus supérieurs un passage obligé mais n’est forcément ressenti comme une déchirure. La relève est bien sûr en marche. Ainsi mes deux filles, malgré mon emploi du temps surchargé n'ont pas hésité un instant à étudier, puis à travailler. Je suis certainement un modèle pour elle, mais elles le sont aussi pour moi. Je privilégie chaque jour davantage mes relations avec les plus jeunes. Je crois en cette dynamique intergénérationnelle qui parfois fait défaut entre parents et enfants, entre seniors et juniors.

« D’ailleurs le corps médical a-t-il été ton premier choix ou une suggestion de tes parents ? Si c’était à refaire, aurais tu un rêve entrepreneuriat que tu souhaiterais réaliser ? »

J’ai voulu être médecin dès la classe de seconde. En terminale j’ai eu un moment de doute et longuement hésité à m’inscrire dans une école supérieure de commerce. Mes parents ont respecté mes aspirations lorsque j’ai opté pour la médecine et ont été par constants dans leur accompagnement et leur disponibilité tant morale que financière. C’est une chance inouïe. Le métier de médecin en exercice libéral est pour moi une forme d’entreprenariat.

« Quels sont tes projets à venir? » Ils sont pluriels et très étalés dans le temps : la rédaction de plusieurs livres, le colloque Nutricréole du 27 septembre, mon installation à la Martinique, voyager davantage… Du pain sur la planche en perspective !

« Quels conseils donnerais-tu aux Femmdoubouts en devenir ? » Nous vivons une période de crise, plus propice à l'exacerbation du racisme, au machisme, à l'intolérance, au harcèlement. Aussi garder une éthique est un défi permanent que je crois toutefois nécessaire. Chaque jour je m'applique à nourrir cette part de clarté qui en chacun d'entre nous peut neutraliser l'autre versant moins lumineux.

Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

DR MARIE-ANTOINETTE SÉJEAN MÉDECIN NUTRITIONNISTE www.ladietetiquecreole.com www.nutricreole.org Mail : drsejean@gmail.com Mobile : 06 70 76 04 58



NOUVELLE TENDANCE FÉVRIER 2014 /

Femmdoubout®

BLOGEUSE


FDINTERVIEW MANZELLE SAPOTE

BLOGGEUSE LIFE

Je suis une jeune trentenaire originaire des Antilles. Passionnée des réseaux sociaux, je suis aussi très curieuse en général. J'ai la chance d'habiter Paris, la ville qui bouge, ce qui me permet de partager mes trouvailles, mes sorties et ma vision positive de la vie, tout cela sous le pseudo de « Manzelle Sapote » si vous voulez en savoir encore plus, demandez à Google, Lol.

« Tu as assisté à « l’instant féminin » qui s’est tenu le 22/01/2014 à Paris. Avec un peu de recul, cette rencontre t’a-t-elle été bénéfique ? » Ce fut un moment très agréable et enrichissant pour ma part. Notre jeunesse est en manque de repère, de référant, voir des femmes aussi talentueuses permet de motiver, de générer l'envie, de se rendre compte que il y a des femmes qui réussissent et que cela n'a rien exceptionnel.

« Qu’as-tu retenue de ce moment d’échanges au pluriel ? » Le rôle et la place de la femme entrepreneure. Un subtil équilibre entre féminité et fermeté, l'avenir économique ultramarin et du monde est entre les mains des femmes. Tous les témoignages ont été très forts, j'ai eu un vrai coup de cœur pour vous Virginie, l'enthousiasme et votre parcours m'ont impressionnée. Il y a eu aussi Madame Josette BRIERE SAINT VAL, la directrice générale du GROUPE SOCLESSE, cette femme dégage un charisme extraordinaire et les jeunes créatrices Sarah CHILLAN HEUSEL de DosaDiamond et Olivia BRELEUR galeriste d'art en LIGNE Maelle Gallérie.

«Tu tiens un blog « Les Papoties de Manzelle Sapote », qu’est ce qui t’a donné envie de rejoindre le club des blogeuses ? » Je suis arrivée dans le blogging un peu par hasard. Tout a commencé avec une chaine youtube, où, je partage mon aventure capillaire en tant que femme noire naturelle. Ne pouvant pas développer certains sujets car les vidéos étant limitées à 15 minutes, c’est de là qu'est né l’idée de créer un blog, il y a 4 ans.

« Les papoties d’une crépu ordinaire… est-ce là pour toi une façon de te démarquer et d’affirmer non seulement la diversité, par le partage de tes coups de cœur, mais aussi par celui de tes origines? » Je ne cherche pas à me démarquer principalement. Blogger, c'est avant tout du partage pour moi. Mon blog est vraiment à mon image, j'aime parler de ce qui m'entoure, de ce qui me plaît, de ce que je découvre, créer la réflexion et le débat. Je remercie au passage, mes parents de m'avoir toujours mit un livre entre les mains. Je suis très fière de mes origines et de ma culture, Je partage beaucoup sur ces deux aspects dans un premier temps parce qu'il y a beaucoup de choses que je n’apprends que maintenant (les congos des Antilles, les origines du créole, les similitudes culinaires, etc...) et surtout parce que je ne supporte plus tous les clichés que l'on nous attribut au quotidien. Les papoties d'une crépu ordinaire : crépu pour mes origines afro et ordinaire pour une jeune femme qui vit avec son temps.


«

MANZELLE SAPOTE

Gardez foi en vous et restez femme. La vie est auto-suggestive, si on y croit tout est possible » Femmdoubout® /

70 FÉVRIER 2014


JE SUIS UNE BLOGEUSE LIFE LES PAPOTIES DE MANZELLE SAPOTE

« Généralement les blogeuses s’intéressent en premier lieu à la mode, puis à la culture. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’assister à une conférence sur l’entrepreneuriat ? » Il est vrai que les bloggeuses mode sont les plus visibles, mais, moi je me définis comme « une bloggeuse life ». J'aime prendre soin de moi, goûter à des saveurs culinaires nouvelles, et surtout, j'estime essentiel de cultiver mon esprit, c'est ce que l'on retrouve à travers mon blog. Assister à cette conférence, entrait dans une démarche de connaître mes Antilles autrement... Le 1er novembre 2011, j'ai lancé "le défi nouvelle vie", un défi de développement personnel pour reprendre sa vie en main. Cette aventure m'apporte énormément : le partage des progressions, les échanges que j'ai avec mes

followers, les évolutions sont impressionnantes. Je pense qu'à un moment de ma vie, j'arriverai vers l'entreprenariat économique, car certaines choses deviennent des évidences aujourd'hui mais pour le savoir il faudra continuer à me suivre sur le blog. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®

VOUS POUVEZ LA JOINDRE

MANZELLE SAPOTE BLOGEUSE LIFE www.lespapotiesdemanzellesapote .blogspot.fr/


J’AI FAIT TOMBER MON MASQUE FÉVRIER 2014/

Femmdoubout®

DE LEADERSHIP PENDANT UNE HEURE : EST-CE UNE FAIBLESSE ?

La toute première fois, qu’elle m’avait donné rdv, c’était un lundi soir à 18h30. Je venais d’arriver avec un peu d’avance, malgré une journée « overbooké », j’avais su agencer et jongler avec mon planning de folie, pour être à l’heure. La petite maisonnette verte pâle qui lui servait de cabinet, était situé dans une impasse assez sombre. Ce coté austère du

lieu, ne faisait qu’accentuer mon appréhension pour cette rencontre initiale avec une femme que je ne connaissais pas encore. Déjà au téléphone, elle avait du décelé aux nombres de questions que je lui avais posé, ma crainte face à son métier que je ne connaissais que très peu : « Qu’avezvous comme diplôme ?


J’AI TESTÉ LA Vous êtes psychologue et non psychothérapeute : quelle est la différence ? Vous exercez depuis combien d’années ?... ». Et ainsi, de suite, jusqu’à ce que les réponses qu’elle me fournit me satisfasse assez, pour que je puisse prendre un rendezvous avec elle. Mais, là sur l’instant, je n’étais plus du tout rassuré et n’avait pour souhait que de rebrousser chemin. Malheureusement pour moi, elle raccompagnait au même moment, une de ces patientes, elle me vit donc, et me pria de patienter un peu en m’asseyant au salon qui lui servait d’accueil. Sur une petite table en verre, trônaient les quelques journaux féminin habituels trouvés dans les salles d’attentes médicales. Je n’étais pas vraiment d’humeur pour la lecture de ce type, mais plus hâtive que cette entrevue ne se termine au plus vite. La revue people que je tenais entre mes mains ne m’intéressait pas du tout, et pourtant j’essayais en vain de me concentrer sur les dernières frasques de la chanteuse Rihanna. Je pestais intérieurement, « être dans un cabinet d’un psychologue, et n’avoir même pas un bouquin traitant de la psychologie pour une lecture constructive, au lieu de ces vulgaires torchons…» Je pensais à toute vitesse, la nervosité s’emparait de moi. « Pourquoi, diable avais-je accepté de venir ici ?». C’était pourtant si évident, j’avais eu ce besoin effréné de faire tomber mon masque de leadership, de femme qui maîtrise tout et trouve solution à tous problèmes. « Mais les miens, qui se chargeaient de les régler ? Personne. » J’avais pensé, alors, à faire une

psychanalyste pour trouver des pistes ou des outils, qui me permettraient de faire face à ma surdouance et les maux engendrés par celle-ci. D’où ma présence, ici. Les minutes me paraissaient interminables, surtout qu’il était plus de 19h15, mon avance se transforma rapidement en retard à cause d’elle. Une fois de plus, alors que je me levais pour disparaitre en catimini, la porte s’ouvrit et elle me dit simplement « c’est à votre tour »… Elle me serra la main d’une poigne ferme et énergique, puis m’invita à entrer. Franchir cette porte massive au bois sculpté de motifs artisanaux de la région, me donnait le sentiment que je tentais une nouvelle expérience qui allait changer mon regard sur ma propre vie. Moi, qui m’étais imaginé qu’elle m’aurait fait directement m’allonger sur le célèbre divan Freudien en cuir : « Je ne supporte pas qu’on me regarde huit heures par jour ou davantage. De plus, comme je me laisse aller, au cours de mes séances, à mes pensées inconscientes, je ne veux pas que l’expression de mon visage puisse fournir au patient certaines indications qu’il pourrait interpréter ou qui influencerait ses dires. » (Dixit Freud) Et bien, j’avais tout faux. « Ca se passait certainement que dans les séries américaines. » La pièce peinte d’une couleur chatoyante, et, décoré simplement, mais avec une certaine richesse par des objets qui témoignaient des nombreux voyages que cette personne avait du faire, n’était pas du tout étouffante mais plutôt atypique. Elle me donna le choix entre sa méridienne ou l’un de ses deux fauteuils pour lequel j’optai. Je m’installai face à elle,



…PSYCHANALYSE les jambes croisées, dans une position de cœur à cœur. Sur mon coté droit, se situait une horloge murale digitale qui affichait 19h22. La séance pouvait commencer. Elle me dit : « je vous écoute »… Au téléphone, elle m’avait précisé que cela durait généralement une heure, sauf exception. Du coup, j’étais un peu muette, je ne savais que dire, par quoi et par où commencer. D’un regard inquiet, je fixais intensément l’horloge, comme pour m’y trouver un point de repère. Consciente de ma gêne, elle rompit le silence et me posa à son tour quelques questions « Qui j’étais ? Quelle profession que j’exerçais ? Le pourquoi et la raison de ma venue ? ». Et s’en m’en rendre compte, je m’exécutai mécaniquement à commencer à lui parler de moi, de ma vie et ce sans aucun tabou. Intérieurement, j’avais ce sentiment de ne pouvoir plus m’arrêter, comme un désir irrépressible de raconter tout sans exception. Elle m’écoutait attentivement, jetant de temps à autre un regard neutre sur moi, et prenait régulièrement des notes. Je me demandais ce qu’elle pouvait bien écrire sur moi… J’étais pourtant habitué à prendre la parole, à faire des pitchs régulièrement face à de nombreuses personnes, de plus de part mon métier j’avais sous mes ordres une vingtaine de personnes donc la timidité… très peu pour moi. Mais là, c’était assez étrange, voire bizarre de livrer une certaine intimité de soi à cette parfaite inconnue, qu’elle était une heure auparavant. Tout en parlant, je l’observais aussi. Elle avait une cinquantaine d’année, habillée dans un genre classique

s’alliant d’une pointe de modernité, elle dégageait néanmoins une certaine empathie. Alors, que je pensais n’avoir parlé qu’une dizaine de minutes, soudain, elle m’interrompît me précisant que notre séance était terminée et qu’elle pouvait me fixer un rdv dans quinze jours. Je lorgnai sur l’horloge et vit effectivement qu’il était 20h25, une heure s’était donc écoulé à une vitesse impressionnante. J’en venais presque à le regretter et à vouloir rempiler pour une heure de plus. « Car j’avais encore tellement de choses à lui dévoiler ! » Mais, elle refusa net. Il fallait que j’apprenne à suivre le procces. Elle n’attendait personne d’autres, curieuse, je profitai donc pour lui poser une dernière question « Au regard, de tout ce que j’ai pu vous dire penser vous que je sois folle ? » Elle me rassura de mon bon état de santé morale, et pris le temps de m’expliquer que venir consulter en 2014, une psychologue n’avait rien d’une tare ! Mais, permettait tout au contraire et simplement à des personnes, qui comme moi exerçaient de hautes responsabilités, de verbaliser et externaliser leurs angoisses managériales. Que beaucoup, d’entres elles recherchaient à rompre avec la solitude de leurs postes de cadres dirigeantes et trouvaient ainsi dans la consultation un juste équilibre. J’y pris goût et au fil des séances, je compris réellement l’importance et la nécessité pour moi, d’évacuer mes ressentiments professionnels afin de ne pas les ramener chaque soir au sein de mon foyer pour mieux le préserver. Article de Virginie Lebeau Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®


À LIRE SUR CE SUJET LA PSYCHANALYSE POUR LES NULS Christian Godin, Gilles-Olivier Silvagni Souvent caricaturée, la discipline fondée par Freud il y a plus d'un siècle demeure mystérieuse. Mais la psychanalyse n'a jamais prétendu tout comprendre ni tout guérir. Psychologie des profondeurs, elle nous permet de dévoiler le sens caché de nos rêves, de nos fantasmes, de nos actes, y compris les plus absurdes. Ainsi, elle aide à mieux vivre ceux et celles que les aléas de l'existence ont écrasés de tout leur poids. Percer le mur des apparences, partir à la découverte de soi : c'est à cette formidable aventure que vous êtes convié. Enfin, il décrit le déroulement d'une analyse et la manière de choisir son psy. COMMENT LA PSYCHANALYSE PEUT CHANGER LA VIE Sophie Carquain, Maryse Vaillant

Pourquoi s’allonger sur le divan peut-il faire peur ? Qu’est-ce que le cadre analytique ? Est-il juste de payer sa séance quand on est en vacances ? Comment interpréter le silence de son psy ? Onze récits, suivis d’explications sensibles et très éclairantes, évoquent ce que peut être la réalité d’une analyse. Quête du père, emprise maternelle, impasses du corps, deuils, poids de la famille… : tous les analysants racontent comment la psychanalyse leur a permis de puiser en eux suffisamment de confiance pour supporter les aléas de l’existence et devenir ce que nous devrions tous être : créateurs de notre propre vie ! En contrepoint, quelques célébrités et deux psychanalystes confient leur parcours sur le divan. DES ANALYSES HEUREUX : 21 HISTOIRES DE DIVAN

Michèle Costa Magna A quoi sert la psychanalyse ? Pour s'y risquer, faut-il être malade mental, " avoir un grain ", ou simplement ne pas aller bien ? Pourquoi s'allonger sur un divan ? Quel psychanalyste choisir ? Que lui dire ? Pour répondre à ces questions, voici les témoignages de 21 personnes qui, ayant fait une analyse (terminée au moment où elles parlent), en sont satisfaites et ont accepté de la raconter. Treize femmes et huit hommes qui évoquent leur histoire telle qu'ils l'ont partagée avec leur psychanalyste.


ÉTUDE SOPHROLOGIQUE STRESS PROFESSIONNEL ET SEXUALITÉ : FÉVRIER 2014 / Femmdoubout®

QUELS EN SONT LES IMPACTS?


FDINTERVIEW

ISABELLE GACE

CRÉATRICE D’ « ATOUT SOPHRO & CONSULTING »

Je suis née à Paris où j’y ai grandi. Mes parents sont de Baillif et de Bouillante en Guadeloupe. J’ai aujourd’hui 38 ans et un garçon de 10 ans. Après un baccalauréat en lettres et philosophie, je me suis dirigée vers des études d’assistante sociale à l’ENS – Paris. Mon DEASS en poche et après une première expérience à l’Education nationale au service social des personnels enseignants, j’ai été recrutée par un organisme de droit privé comme assistante sociale du travail. J’y exerce encore, à temps partiel, comme formateur PRAP en intervenant principalement sur la prévention des risques psychosociaux. Oser, anticiper, la curiosité intellectuelle sont les termes qui me définissent le mieux. D’un tempérament pragmatique, j’aime avant tout trouver des solutions aux problèmes humains de l’entreprise. Ces dix dernières années, le stress professionnel et le burn-out sont devenus le fléau du monde de l’entreprise et l’assistante sociale du travail y est confrontée. Le métier d’assistante sociale, essentiellement tourné vers l’écoute des autres, nécessite une capacité à prendre du recul et à conserver son équilibre psychosomatique. En somme, à ne pas s’oublier ! En recherchant une méthode efficace pour gérer le stress lié à mon travail, qui ne soit ni invasive et ni chimique, je me suis tournée vers la sophrologie. Des lectures sur cette discipline sont venues ensuite conforter mon choix : je retrouvais mes valeurs et une vision holistique de l’être humain. En 2008, à la suite de ma rencontre avec le Dr Luc Audouin, Directeur à l’époque du CEAS- Paris, je n’ai eu aucune difficulté à me projeter comme future sophrologue en libérale spécialisée en gestion du stress professionnel et des émotions. Je me suis construit aujourd’hui un solide parcours en sophrologie, complété par une formation

en sexogestalt®. Diplômée du CEAS – Paris, j’y interviens depuis cette année comme sophrologue formatrice sur la question des addictions et des applications de la sophrologie à la sexologie.

« Tu as décidé de mener une enquête en ligne concernant les effets du stress professionnel sur la sexualité des femmes travailleurs indépendants. Peux-tu nous en dire plus ? » Ma pratique de sophrologue m’amène à accompagner des femmes autoentrepreneur, en profession libérale, chefs d’entreprise qui constituent une part importante de ma clientèle. Elles viennent vers la sophrologie, en première intention, pour apprendre à gérer leur stress, retrouver confiance en elles et concilier vie professionnelle/vie personnelle. Lors de l’anamnèse, il est fréquent que les effets du stress sur la vie affective et sexuelle soient abordés. Pour être en mesure de les écouter et les accompagner sur la thématique de la sexualité, j’ai entrepris une formation universitaire en sexologie à l’Université Paris V (DU) qui m’amène à faire une recherche en vue d’un mémoire sur l’interaction entre stress professionnel et sexualité. L’enquête en ligne totalement anonyme, m’a parue l’outil le plus pertinent pour permettre aux femmes de s’exprimer sur un sujet entouré de pudeur.

« Ils m’ont donnée en héritage la combativité de la Femme créole et le goût pour la relation d’aide. Ca pour sûr c’est dans mon ADN ! »


ISABELLE GACE

« Prendre conscience que Femmdoubout nous le sommes dans nos gênes. Alors osons l’entreprenariat au féminin, le champ des possibles est devant nous. » Femmdoubout® /

79 FÉVRIER 2014


FDINTERVIEW

ISABELLE GACE

CRÉATRICE D’ « ATOUT SOPHRO & CONSULTING »

« Pourquoi as-tu choisi de mener cette étude sur un sujet aussi délicat ? » Dans une société dite moderne, il est légitime que tout sujet puisse être abordé pour peu que les notions de respect de soi et de l’autre priment. Si la sexualité humaine suscite toujours bon nombre de débats, de controverses et d’interrogations comme nous avons pu le voir ces derniers mois avec la question du « mariage pour tous », il n’en reste pas moins que la sexualité ou plutôt les sexualités (pour reprendre une expression chère à Brigitte Martel ) soient au cœur de notre existence en participant à notre équilibre, à notre bien-être. Je veux faire ici référence au concept de santé sexuelle, qui tout comme celui de stress professionnel sont deux de mes centres d’intérêt. La santé sexuelle se définit comme « la naissance, l’interaction et l’harmonisation des différentescomposantes de la sexualité humaine ». Mon étude a pour objectif de mieux comprendre cette composante existentielle à travers le vécu de femmes travailleurs indépendants ainsi que des éventuels effets du stress professionnel sur la santé sexuelle dans un but de prévention. Selon l’OMS « la sexualité est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. » C’est donc le sujet que j’ai choisi dans le cadre de mon mémoire de fin d’études (DU).

« En 2010, tu as fondé ton cabinet au cœur de Paris. En optant pour le statut de profession libérale as-tu rencontré des difficultés de gestion d’entreprise ? »

Durant ma formation de sophrologue, j’ai participé à la caravane des entrepreneurs à La Défense. En un seul lieu étaient réunis des experts qui m’ont conseillée sur la protection sociale, les aspects juridiques, économiques de mon projet pour le rendre viable. Puis je me suis inscrite sur le site internet www.tvdesentrepreneurs.com pour suivre les formations en ligne. En 2010, j’ai sollicité un temps partiel pour création d’entreprise et ouvert mon cabinet Atout Sophro & Consulting® à La Défense. Les débuts et le quotidien d’une créatrice d’entreprise s’apparentent souvent au « parcours d’une combattante » et créer un cabinet de sophrologie en 2010, soit deux ans après la « crise » bancaire et financière était un vrai défi, très difficile sur le plan financier avec beaucoup de concurrence. Ayant des charges (loyers, frais de fonctionnement, supports de communication, etc.), le statut juridique d’entreprise individuelle était le plus pertinent pour moi. Encore aujourd’hui.

« En tant que sophrologue, que pensestu des cas de burn-out qui ne cessent de se déployer dangereusement et en nombre croissant dans le monde de l’entreprise ? Consultez un spécialiste pour parler du harcèlement, du manque de reconnaissance ou du stress accru au sein de son entourage professionnel, reste-t-il tabou ? » Le terme de burn-out a été employé pour la première fois en 1974 par le psychiatre américain Herbert Freudenberger dans un article, Staff burnout. Il l’a défini alors comme une « brûlure interne ». Contrairement à ce que l’on pense, la


JE SUIS SOPHROLOGUE STRESS PROFESSIONNEL ET SEXUALITÉ QUELLES EN SONT LES IMPACTS ? première cause de burn-out ou syndrome d’épuisement lié au travail n’est pas psychologique mais physiologique. Il est dû à un stress important et répété. Il constitue donc une réponse au stress émotionnel et physique chronique. Le stress est une réaction du corps, qui lui permet de se mettre en alerte pour faire face à un danger. Le problème, c’est qu’aujourd’hui l’urgence est devenue un mode de vie régnant en maître mot dans le monde du travail. En tant que sophrologue spécialisée en gestion du stress, j’ai forcément un parti pris. Toutefois, le nombre grandissant de personnes, qui me sont orientées par leur médecin généraliste, encore traumatisées et qui ont subi un burnout, est bien réel. Les échelles de mesure validées existent et les chiffres sont là : plus de 3 millions de personnes seraient en situation de risque élevé de burn-out en

France . Nous sommes plusieurs spécialistes de la question de la prévention des risques psychosociaux à considérer le burn-out comme le mal professionnel de notre siècle. Des démarches pour une reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle sont en discussion. Même s’il reste du chemin à parcourir pour un véritable consensus, ce n’est plus un tabou. Des psychiatres, psychologues du travail, des juristes formés à la psychodynamique du travail proposent des consultations « souffrance au travail » qui permettent de sortir de l’isolement. D’autres pistes existent pour tenter de prévenir le burnout. Parmi lesquelles on peut citer la sophrologie qui est toute indiquée.

« Littéralement faire un burn-out c’est brûler de l’intérieur, se consumer. »


FDINTERVIEW

ISABELLE GACE

CRÉATRICE D’ « ATOUT SOPHRO & CONSULTING »

« La recherche effrénée de la performance et du dépassement de soi, des journées de travail surchargé, (…) forment le quotidien de celles qui entreprennent. Certaines finissent par en perdre leurs équilibres de vies. Quelles recommandations pourrais-tu leur apporter ? » Celles qui entreprennent sont avant tout des femmes d’action ! Alors pour répondre à ta question, spontanément, le premier verbe d’action qui me vient : RALENTIR. Le second verbe d’action : « prendre du temps pour soi ». Et oui reléguer son bien-être au second plan c’est tout sauf être efficace. L’idée à retenir c’est de RITUALISER un temps pour soi dans son emploi du temps. Bref se réserver un créneau horaire quotidien pour se consacrer exclusivement à SOI et pratiquer un exercice simple de sophrologie. La répétition est gage de réussite. On y va, je te montre : on prend soin de couper nos portables pendant 10 min. Debout, devant ta chaise, tu commences par quelques mouvements ou étirements, tout en te repérant dans la pièce où nous sommes. A tout moment, n’hésites pas à bouger, à changer de position. Tu prends conscience de tes points d’appuis sur le sol. En expirant, tu fermes les yeux. Centrée sur toi-même, dans l’accueil des sensations, des messages du corps dans son ensemble… Portes maintenant ton attention de manière plus fine sur ta peau, sur les sensations de tes vêtements sur ta peau… Et de toutes les autres sensations, sans jugement aucun, au rythme de plusieurs respirations, portes ton attention au niveau de la tête et du visage, du cou, des épaules, des membres supérieurs ; du thorax, de la poitrine, du dos, de la région des lombaires, la ceinture abdominale. Et là dans l’ici et maintenant, tu observes les

mouvements liés à la respiration… Et tu peux imaginer que l’air que tu expulses, emporte loin de toi, toutes les tensions accumulées, qu’elles soient physiques ou mentales…Les bras le long du corps. Du bas du corps, du haut du corps, de l’ensemble de ton corps en même temps… Inspiration, rétention d’air, tension douce du corps… Expiration, relâchement…. Accueil des nouveaux messages du corps quelques instants… Tu prends conscience des endroits du corps stimulés…, relâchés…, détendus… Repère ta chaise, assieds-toi, attentive à tous les changements…, prends le temps de t’installer confortablement. Dans ce moment de présence à toi-même, pour fixer ton attention et développer ta capacité de concentration, tu laisses, maintenant, venir un mot sur ton écran mental. Un mot que tu choisis librement et qui symbolise, pour toi, la paix, l’harmonie ou la joie de vivre. Ce mot, tu prends le temps de l’observer… Tu l’observes dans sa globalité et dans le détail de chacune de ses lettres… Tu prends le temps d’en apprécier les formes, les couleurs… Tu peux le toucher mentalement pour mieux t’en imprégner. Sentir ses angles…, ses courbes…, sa texture… Tu peux le prononcer mentalement pour le laisser raisonner dans tout ton corps… Tu laisses ton mot t’exprimer tout ce qu’il a à t’exprimer… Tu laisses s’installer un lien de complicité entre lui et toi… (silence d’une minute) Maintenant, tu vas aller ranger ce mot en toi, dans un endroit connu de toi seule, un endroit où tu pourras toujours le retrouver, un endroit d’où il pourra rayonner tout au long de ta journée… Tu te sens calme et en pleine forme, prête à faire face au reste de ta journée… Tu prends conscience de la pièce dans laquelle nous sommes, de ce qui nous entoure…


JE SUIS SOPHROLOGUE STRESS PROFESSIONNEL ET SEXUALITÉ QUELLES EN SONT LES IMPACTS ?

Tu entends les bruits qui te sont familiers. Ta respiration est maintenant plus tonique. Tu peux commencer à bouger les pieds, serrer les poings, bâiller et t’étirer comme après une bonne nuit de sommeil. Quand tu ouvriras les yeux, tu te sentiras l’esprit clair, reposée, détendue, prête à faire face à tout ce que tu as accomplir aujourd’hui.

« Selon toi, crois-tu que les femmes ultramarines, peine à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? Doivent-elles gagner en visibilité? » De mon point de vue, les femmes ultramarines gagnent de plus en plus en visibilité, grâce notamment aux associations telles que Femmdoubout. Surtout celles qui appartiennent à la génération Y car elles maîtrisent parfaitement les nouveaux outils de communication que sont internet et les réseaux

sociaux professionnels. Et pour celles qui veulent embrasser la carrière de chef d’entreprise, de dirigeante, il existe maintenant en Métropole une formation dédiée aux femmes à l’ESSEC « Entreprendre au féminin », qui forme à tous les aspects de la création et du développement de l’entreprise versus féminin. A l’exception de la Guyane, tous les territoires d’outre-mer sont des îles et des archipels, certaines très éloignées. Je ne peux m’empêcher d’y voir non pas une difficulté, pour que les femmes ultramarines développent leur réseau dans l’entrepreneuriat féminin, mais plutôt une opportunité pour aller à la rencontre de cette autre femme d’outre mer qui a entrepris ou entreprend comme moi. C’est par l’exemple, qu’on incitera les femmes à dépasser leurs blocages, à oser entreprendre à créer de l’emploi et de la richesse. On qualifie encore souvent la


FDINTERVIEW

ISABELLE GACE

CRÉATRICE D’ « ATOUT SOPHRO & CONSULTING »

femme antillaise de femme potomitan. Expression qui se rapporte à sa double capacité à être le pilier sur lequel on s’appuie et autour duquel tout s’organise. Deux qualités nécessaires à la démarche d’entreprenariat au féminin.

« Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque de formations pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ?» Le taux de chômage dans nos départements d’outre-mer rappelle l’ampleur de la crise sociale qui continue de secouer nos îles. Pour la Guadeloupe il atteint chez les moins de 30 ans le chiffre de 46%. Le fait de considérer que notre système est obsolète ne peut être une fin en soi si elle n’est pas corroborée par une volonté politique de développement économique des régions d’outre-mer qui prennent en compte les attentes et besoins de la génération Y. Il y en effet, beaucoup à faire pour développer des formations continues dans le domaine de l’entreprenariat. Des partenariats restent à construire entre la Métropole et les régions d’outre-mer pour créer des filaires telles que celle qui existe à l’ESSEC « Entreprendre au féminin » qui tiendraient compte des spécificités du marché et de l’économie ultramarine. Pour autant et notamment en Guadeloupe, il existe d’excellents établissements scolaires tels que le lycée public des métiers de l’hôtellerie et du tourisme qui a obtenu le palmarès du bac 2012 avec un global de 95% de réussite. A J + 10 ans, combien ont créée ou dirige un établissement hôtelier, une agence de voyage, ont développé une offre touristique labellisée « tourisme vert », j’aimerai le savoir…

« Penses-tu que la relève soit en marche chez les jeunes ultramarines ? » Assurément oui, la relève est en marche chez les jeunes femmes ultramarines. Elles sont brillantes, ambitieuses, pleines d’envies et de désir de réussir dans l’entreprenariat au féminin. Et elles se posent les bonnes questions. Pourquoi devenir entrepreneur ? D’abord pour changer de vie, devenir son propre patron, créer de la richesse, et pourquoi pas des emplois, récolter les fruits de son travail et, ce qui n’est pas accessoire gagner sa vie enfin. Beaucoup veulent sortir du RSA. Elles osent aujourd’hui emprunter d’autres chemins que celui du fonctionnariat et n’hésitent plus à s’expatrier à Londres, au Canada, aux Etats-Unis. Le bumidom avait été crée en 1962, dans un contexte et une volonté politique qui n’est plus. Aujourd’hui remplacé par LADOM qui reste sans doute un tremplin sur le plan de la formation pour certaines. Il serait intéressant de connaître leur politique d’accompagnement de l’entreprenariat en général et au féminin en particulier. Domaine sur lequel, je n’ai pas d’élément chiffré.

« Quels conseils donnerais-tu aux femmdoubouts en devenir ? » Osez entreprendre ! Un conseil simple et pourtant… Croyez en votre projet, ayez envie et ne craignez par les échecs. Ce sont des essais, sources d’apprentissages. Faites du principe de réalité votre blason … Pour faire court, mesurez les risques, faites un business plan et une vraie étude de marché. Mais pendant ce temps de prospection l’essentiel est le contact direct, allez au devant de ses futurs clients, être à leur écoute pour savoir répondre à l’unique question : « Pourquoi les


JE SUIS SOPHROLOGUE STRESS PROFESSIONNEL ET SEXUALITÉ QUELLES EN SONT LES IMPACTS ? gens achètent ? » Arrêtez de culpabiliser et obtenez le soutien familial avant de vous lancer. Même si beaucoup de femmes se tournent vers l’entreprenariat dans le cadre d’une reconversion, un licenciement ou pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, il n’en reste pas moins qu’entreprendre est souvent synonyme d’augmentation du temps de travail et de stress. Développer son réseau personnel et s’appuyer sur son entourage familial ou amical permet de ne pas tout prendre en charge pour tenir le cap et la distance. Bref pour équilibrer ses Vies. Soyez bien accompagnée pour réussir. Après le soutien familial, le soutien technique d’experts est une nécessité. S’entourer de femmes qui ont déjà montée leur entreprise, de gens d’expérience qui les côtoient : avocats, experts comptables, assureurs, sociétés de portage salarial. Bref des personnes capables de vous épauler au quotidien. Ensuite faire appel à des couveuses d’entreprises pour tester son projet en grandeur nature, apprendre à entreprendre

et sécuriser son développement. Enfin sur le plan de la sécurité fiscale et la formation adaptée aux besoins de l’entrepreneur, adhérer à un centre de gestion agréé des entreprises sont le gage d’une réussite durable. Réseautez mais réseautez physiquement. Quand je dis réseautez, je parle de réseauter physiquement parce que les réseaux sociaux virtuels ne débouchent pas souvent sur du concret. J’y consacre personnellement du temps en allant à des salons, des séminaires, des colloques, des journées d’études en lien avec mes domaines d’expertise et cela porte ses fruits. Et pour finir adhérer à un syndicat professionnel en lien avec votre activité, ce sont des acteurs et des interlocuteurs connus et écoutés par les pouvoirs publics, souvent à l’initiative de nombreuses réflexions et actions. Personnellement je suis membre du Syndicat des Sophrologues Professionnels. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®


À LIRE SUR CE SUJET SOPHROLOGIE – GESTION DU STRESS Dr. Patrick-André Chéné , Dr. Marie-Andrée Auquier Nous évoluons dans un monde qui occasionne de plus en plus de situations stressantes. On peut distinguer deux sortes de stress, le bon est le mauvais. Ce dernier peut provoquer des affections graves pouvant nuire – parfois gravement – à la santé physique comme mentale. Il est donc très important, voire primordial, d’apprendre à gérer son stress pour se prémunir contre ses agressions. La sophrologie est un outil particulièrement efficace pour le faire. Elle est employée depuis de nombreuses années et a montré ses capacités à y répondre avec une efficacité remarquable. LA SOPHROLOGIE AU TRAVAIL ET AUTRES TECHNIQUES POUR RESTER ZEN Laurence Roux-Fouillet Ce livre s’appuie sur huit années d’accompagnement de personnes stressées, parmi lesquelles 80% consultent pour une problématique professionnelle. Constatant que tout travail comporte une part de stress, Laurence Roux-Fouillet propose de mettre en place une stratégie personnelle et de la soutenir par des techniques de sophrologie largement éprouvées. L’auteur apprend ainsi au lecteur à développer ses capacités à s’adapter, au lieu de perdre son temps à ruminer. Partant de situations réelles, elle présente des techniques facilement applicables, y compris sur le lieu de travail. L’ÉNIGME DE LA FEMME ACTIVE : ÉGOISME, SEXE ET COMPASSION

Pascale Molinier Au bureau comme à la maison, on attend des femmes qu'elles soient à l'écoute, disponibles, vigilantes et sensibles aux besoins matériels et psychologiques de leur entourage. Comme si cela allait de soi. Comme si les femmes étaient naturellement compatissantes. Or, à force de considérer comme naturel ce qui ne l'est pas, on en arrive à des situations dramatiques où les femmes se surmènent. Un jour, elles craquent, deviennent violentes, maltraitantes, ou simplement indifférentes...


LE LEADERDHOM DU MOIS ®

FÉVRIER 2014 /

Femmdoubout®

IL MÈNE UNE ÉTUDE SUR

L’ENTREPRENEURIAT ULTRAMARIN

Chaque mois, nous accordons un carré vip, pour le leaderdhom du mois, mis à l'affiche sur femmdoubout. Parce que nous sommes pour la mixité et l’égalité « homme et femme » dans le monde du travail. Nous souhaitons donc connaitre aussi, ce qui se passe du coté


LEADERDHOM

®

RONY GERMON

PROFESSEUR – ESG MANAGEMENT SCHOOL

J'ai quitté ma Martinique natale à 18 ans juste après mon Bac. J'ai rejoint l'Université Lyon 2 ou j'y ai réalisé un DEUG de Science Politique et une licence de Science Politique. Puis j'ai rejoint l'Université de Technologie de Troyes ou j'ai réalisé un master en ingénierie et management et mon doctorat en Science des Systèmes Technique et Organisationnels. Actuellement je suis Professeur Associé au sein de l'ESG Management School. Dans le cadre de mes travaux de recherche au sein de la "Chair Entrepreneurship and Sustainable Business" de cette même école nous avons initié un axe de recherche consacré à l'entrepreneuriat des ultramarins.

« Tu as décidé de mener une enquête en ligne concernant l'entrepreneuriat des ultramarins en Outre-Mer, en Métropole et à l'International. Peux-tu nous en dire plus ? » Cette enquête qui a reçu le soutien de la Délégation Interministérielle à l'égalité des chances des Français d'Outre-Mer, de LERECA et d'Outre-Mer Network vise à réaliser une étude comparée entre les territoires d'outre-mer, la métropole et l'international sur l'audace entrepreneuriale des ultramarins. Afin de comprendre la relation des ultramarins avec l’entrepreneuriat, elle met l’accent sur trois éléments centraux: l’intention entrepreneuriale, afin de comprendre les éléments de l’histoire et du contexte qui ont un impact sur le processus entrepreneurial, la motivation entrepreneuriale, afin de comprendre les déterminants entre nécessité et opportunité qui conduisent à la création d’entreprise, le capital social, afin de comprendre quels aspects de la vie collective rendent la création d’entreprise plus efficace.

« Pourquoi as-tu choisi de mener cette étude sur ce sujet en particulier ? Quels en sont les enjeux ? » Cette étude est partie à la fois d'un constat et d'une insatisfaction. Le constat tout d'abord est qu'aucune étude de ce genre n'a été réalisée. Pourtant, nos territoires insulaires aux ressources contraintes, véritable bouillon de cultures est riche d'une jeunesse dynamique qui est insuffisamment formée aux enjeux de l'entrepreneuriat pour le développement local. Puis, il y a une insatisfaction, à chaque fois que je parlais de la Martinique à des amis de métropoles ou à mes étudiants, leur premières images étaient uniquement liées au folklore: la plage, les accras de morue et le rhum. Or, tout autour de moi, je voyais des amis entrepreneurs dans le domaine agricole, du BTP ou du numérique se battre pour faire rayonner leur entreprise. Je me suis donc dit qu'à la hauteur des moyens qui étaient les miens, il fallait que je fasse bouge les lignes et apporte ma modeste contribution pour faire changer les choses.

« Selon les derniers sondages que tu as recueilli, crois-tu que les femmes ultramarines, peine à se faire une place dans l’entrepreneuriat féminin ? » Actuellement, je n'ai pas assez de données pour dresser un bilan sur la place de la femme ultramarine en matière d'entrepreneuriat. En effet, sur les 200 réponses que nous avons actuellement nous avons moins de 20 réponses de femmes entrepreneurs. Donc j'enjoins les femmes d'outre-mer à remplir le questionnaire.


RONY GERMON

« Il y a un proverbe créole que j'aime bien: "Tro préssé paka fè jou rouvè. ". Je pense qu'il faut savoir être patient, prendre du recul pour savoir saisir les meilleures opportunités, et plus que tout, savoir penser hors de la boite. » 89 Femmdoubout® / FÉVRIER 2014


LEADERDHOM

®

RONY GERMON

PROFESSEUR – ESG MANAGEMENT SCHOOL

« Que penses-tu de ceux qui disent que notre système est obsolète et qu’il manque cruellement de véritables pôles formateurs pour la génération Y qui souhaitent entreprendre ? Est-ce une réalité à prendre en compte et d’autant plus dans nos départements d’outre-mer touchés par un taux de chômage extrêmement élevé?» Notre système de formation a besoin d'être renouvelé. L'émergence des MOOC en est une illustration. Je pense qu'en Outre-Mer, les lignes sont entrain de bouger en matière de formation. J'observe avec un grand intérêt le travail assez novateur que la CCI Martinique réalise pour former nos entrepreneurs et développer la filière numérique.

« Tu pourras certainement oser une réponse à cette question, «Penses-tu que la relève soit en marche chez les jeunes ultramarins et qu’il ne soit plus question de bumidom, mais de dynamique entrepreneuriale ? » Je le dis sans langue de bois ! La jeunesse ultramarine est en action ! Elle agit en déployant une énergie formidable pour faire changer les choses ! Je le vois au travers des actions d'associations comme LERECA ou Outre-Mer Network. Je pense que ce qu'il nous manque c'est cette culture du "networking". Le réseau est un formidable accélérateur de croissance lorsqu'il est bien maîtrisé. Il faut continuer à faire évoluer les choses et accélérer le travail de sensibilisation des jeunes à l'entrepreneuriat en outre-mer.

« Au bout de cette enquête, te vois-tu être force de propositions multiples et d’agir aux profits des Ultramarins ? Quels sont tes projets à venir ? » Cette enquête viendra alimenter le travail de la Délégation à l'Outre-Mer, de LERECA et d'outre-Mer Network. Mais j'invite également tous les acteurs institutionnels qui le souhaitent à venir nous soutenir. Ma position de chercheur un peu en retrait fait que je souhaite m'appuyer sur la rigueur scientifique pour me poser comme agitateur d'idées. Je n'aime pas trop parler du futur un peu par superstition. Je vais plutôt vous parler de mes objectifs à court terme. Nous souhaitons développer les relations institutionnelles avec l'outre-mer autour de cette thématique de l'entrepreneuriat, mais également accroître le nombre d'ultramarins qui candidatent au concours de notre école. Propos recueillis par Virginie LEBEAU Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout® " Les ultramarins ont de l'audace et le prouvent chaque jour ! Vous vivez dans les DOM-TOM et vous êtes entrepreneur, aujourd'hui ou en devenir? La Chair Entrepreneurship et Sustainable Business de L'ESG Management School lancent un programme de recherche sur l’Entrepreneuriat Ultramarin. Votre expérience nous intéresse !

RONY GERMON Professeur Associé ESG MANAGEMENT SCHOOL Tel.: 01 53 36 44 39 rgermon@esg.fr


À LIRE SUR CE SUJET ENTREPRENDRE AU FÉMININ : MODE D’EMPLOI, CRÉATION ET CROISSANCE, LES RÉSEAUX À CONNAITRE Marie-Claire Capobianco , Martine Liautaud Cet ouvrage est dédié à l'accompagnement de la femme dans toutes les étapes de la gestion d'une entreprise, que ce soit la création, le développement ou la gestion au quotidien. Quinze femmes entrepreneurs, aux parcours et secteurs d'activité variés, ancrées dans leur territoire témoignent de leur succès.

LE GRAND LIVRE DE L’ENTREPRENEURIAT Catherine Léger- Jarniou

L'entrepreneuriat prend de l'ampleur, tant sur le plan politique que sociétal. C'est un vaste domaine qui regroupe des secteurs et des réalités différents. Ce livre collectif vise à faire un état des lieux de toutes les problématiques liées à l'entrepreneuriat, se posant comme la référence sur le sujet. Chaque chapitre se construit de la manière suivante: les enjeux de la thématique, les faits marquants depuis dix ans, les points importants actuels, les challenges et l'essentiel à retenir. Les développements théoriques sont ponctués de cas pratiques et de témoignages, faisant de cet ouvrage un "tout-en-un" opérationnel. GUIDE DES MÉTIERS POUR LES PETITES FILLES QUI NE VEULENT PAS FINIR PRINCESSES

Catherine Dufour Ce « Guide des métiers » vous fera découvrir plus de cinquante professions, depuis Aventurière jusqu’à Physicienne en passant par Agent secret, Chef d’orchestre, Femme d’affaires, Informaticienne ou Surfeuse. Chaque fiche-métier offre deux portraits : celui d’une pionnière et celui d’une femme d'aujourd'hui. Des indications pratiques comme « études conseillées », « salaire en début de carrière » ou « espérance de vie » accompagnent le texte.



JANINE SALOMON Femmdoubout® /

FÉVRIER 2014

93


FFD PORTRAIT JANINE SALOMON

CREATRICE ET GÉRANTE DU « PANIER DES ÏLES »

Les Antilles, et particulièrement la Martinique, dans le cas qui nous occupe, représentent un patrimoine culturel immense auquel seuls les touristes qui visitent nos îles ont accès. Certes, mais les autres ? Tous les autres ? A l’heure où Internet permet à des milliers de personnes d’intervenir sur nos lieux, par le biais d’images, de textes, promotionnels ou non, comment rendre à ces personnes ce qui n’est pas palpable, à travers les écrans, les odeurs, les goûts, le vivant de notre culture ? Comment faire parvenir un peu de notre culture en mouvement, si créole, à l’autre ? C’est Janine Salomon qui détient la réponse, qui a su, tout au long de son parcours professionnel, démontrer qu’à l’impossible nous sommes tenus, qu’avec de la créativité, il est possible d’envoyer la plus belle part de notre culture dans un simple paquet. Janine, en 1995, crée Colipays, une entreprise qui permet aux Martiniquais d’expédier, via Chronopost, des fleurs tropicales et des produits issus de nos terres vers la France principalement. Le succès est immédiat. Nous connaissons tous les liens particuliers qui unissent nos familles avec l’Hexagone : plus de 100.000 paquets sont expédiés en six ans, plus de 100.000 petits morceaux de notre patrimoine sont distribués. La reconnaissance est alors justice. Elle reçoit en 1998, le Prix de

Madame Commerce de France, et, plus tard, le prix Chef Femme d’entreprise. L’entreprise a déjà pris son envol. Et Jeanine compte désormais la mener très haut, là où ses idées l’emmènent : envoyer des salades de fruits, des jus, des crudités. C’est désormais Melipays qui s’en occupe, la filiale créée ensuite et qui gère des difficultés qui paraissent insurmontables. A ce stade de l’article, les lecteurs peuvent se demander comment la Sarl, qui a pour appellation depuis « Panier des îles », peut réaliser ces miracles au quotidien. Nous ne nous étendrons pas sur la réponse. C’est un hommage que nous voulons rendre ici, pas un descriptif technique. Nous vous invitons à vous rendre sur le site internet de la société, où vous trouverez deux vidéos qui vous expliqueront comment cela est possible, où vous verrez Jeanine vous l’expliquer. Elle le fait tellement mieux que nous. Mais nous, maintenant, nous aimerions vous dire à quel point nous envisageons Janine comme une artiste. C’est sur ce point que nous voulons clore notre bref hommage : il ne s’agit pas que de commerce ici. Il s’agit de créativité. Regardez Janine ou ses employées confectionner un colis, regardez-les les faire, les penser, les créer. La créativité de Jeanine est immense dans le domaine de l’entreprise. A cheminer de tels colis intacts dans l’Hexagone n’est pas rien. Chaque étape de l’envoi est un défi qui est relevé à chaque envoi. Mais plus que ça encore, c’est le soin particulier donné à l’image de ces colis, dans leur composition, dans leur architecture qui nous laisse penser que derrière Le Panier des îles, il y a bien plus qu’une entreprise, il y a des milliers de petits chef d’œuvres qui partent, tous les jours, de notre île, et qui parlent à celui qui les reçoit de l’histoire de notre lieu, de l’histoire de notre monde Créole. Article de NICOLAS PIEN Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout®



VAINCRE SA TIMIDITÉ FÉVRIER 2014 /

Femmdoubout®

LA LECON DU COACH #4

VOTRE OBJECTIF :

PRENDRE LA PAROLE EN PUBLIC


FDCOACHING

PRENDRE LA PAROLE FÉVRIER 2014 /

4

conseils pratiques …

Femmdoubout®

que je m’efforce d’appliquer !

1. Préparez en amont votre • J’écris mon discours, en l’étayant par des références intervention de façon structurer.. actualisés. Pour cela, je n’hésite pas à faire des

recherches approfondies pour être sur de ne pas passer à coté de mon sujet.

2. Avant le jour J, entrainez-vous • J’utilise cette technique, pour me permettre régulièrement à parler face à d’appréhender ma peur face à un public réel. Ainsi, je votre miroir, ou encore filmez- prends le temps nécessaire d’apprendre à maîtriser mon sujet, mon jeu scénique et ma gestuelle, à rectifier vous … mon intonation si besoin est…

3. Avant d’entrer en scène, faites • Je choisis un endroit calme, afin de me détendre et quelques exercices de éviter toutes sortes de stress, qui me ferait perdre mes moyens et gérer ma respiration. Je n’oublie pas de m’relaxations et respiratoires...

hydrater un maximum, afin de ne pas avoir la gorge sèche…

4. Regardez autour de vous et assurez-vous de parler d’un ton posé et juste afin de captiver pleinement l’attention de votre public... Tous droits rÉservÉs A Femmdoubout® Femmdoubout®

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• Je me concentre et je reste naturel, même en cas de «blanc ». Mon discours doit être audible pour être compris et suivis par l’ensemble du public. J’applique la méthode du storytelling. J’ose le contact direct avec l’assemblée pour une meilleure interactivité… 97 ® Virginie Lebeau


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