Rwanda 1994-2014
L'oeuvre des veuves
Textes et photographies de Pierre-Yves Ginet Rwanda, Mai-juin 2005 / Janvier-fĂŠvrier 2014
Pierre-Yves Ginet Tel : (33) 06 63 94 74 29 / Courriel : pierre.yves.ginet@gmail.com
Rwanda 1994-2014
L’oeuvre des veuves Il y a dix ans, le photojournaliste Pierre-Yves Ginet mettait en lumière le rôle déterminant des veuves du génocide, pour la reconstruction du Rwanda. Il est retourné cette année à la rencontre de ces femmes, toujours aussi indispensables, dans un pays métamorphosé. Avril 1994. Le génocide perpétré par les soldats et milices du gouvernement hutu emporte plus de 800 000 personnes en moins de cent jours. Les tueries massives, préalablement planifiées, puis systématiquement encouragées et exécutées, ont entraîné des conséquences démographiques et psychologiques irréversibles à moyen terme. Le pays est ravagé. Les mutilés, blessés et les démunis se comptent par millions, les orphelins par centaines de milliers. Moins prioritaires que les hommes dans le processus d’extermination, les femmes, représentent alors 70 % de la population rwandaise et les veuves sont omniprésentes. C'est dans le but de venir au secours de ces veuves et orphelins du génocide, pour alléger leurs souffrances et les aider à s'adapter à leur nouvel environnement qu'est née, dès janvier 1995, l'Association des veuves du génocide Agahozo (Avega), à l'initiative de cinquante veuves rescapées. L’association regroupait il y a dix ans près de 25 000 membres, répartis dans tout le pays. Leader dans la coordination des victimes, Avega a toujours joué un rôle majeur dans le processus d’exhumation et dans la construction des lieux de mémoire. Les veuves ont grandement contribué à l'instauration des structures judiciaires nationales et ont apporté leur pierre aux institutions internationales mises en place pour juger les coupables du génocide. Leurs dispensaires permettent depuis l'origine aux femmes et aux orphelins de profiter d’un suivi médical et psychologique approprié. Mais au-delà de cette reconstruction collective, dans un cadre associatif, nombre de veuves ont fait preuve d’une humanité hors normes. En 1995, toutes victimes de la barbarie absolue, elles portaient leurs cicatrices, visibles et invisibles, souffraient des traumatismes de ces cent jours, ayant souvent vu leurs proches exterminés sous leurs yeux. Nombre d'entre elles étaient infectées par le VIH, des suites des viols perpétrés
par leurs bourreaux. La plupart se retrouvaient seules et démunies, dans la plus grande des précarités. Malgré ces fardeaux, dès que les armes se sont tues, en juillet 1994, elles ont quitté leurs cachettes, les forêts ou les marais pour certaines, elles ont parcouru le pays à la recherche de leurs enfants, de leurs proches. Souvent en vain. Mais elles ont recueilli et adopté des neveux, des enfants de cousins éloignés, d’amis, de voisins, parfois des Hutus. En l’absence des hommes, elles ont reconstruit des familles, pris en charge et élevé quatre, cinq, dix, parfois quinze enfants. À Kigali, dans le quartier populaire de Biryogo, Catherine Mukakabera a compté jusqu’à vingt-sept enfants sous son toit. Cachée avec ses trois cadets pendant les tueries dans une congrégation religieuse tenue par des soeurs hutu, elle a retrouvé ses deux autres enfants, qu'elle n'avait pu emmener, au mois de juillet 1994. “Une chance exceptionnelle, une grâce divine” qui l'ont poussé à recueillir plus de vingt filles et garçons de moins de quinze ans.
“Tutsis, Hutus ou autres, ça n’existe pas chez nous !” Vivant souvent de petits travaux domestiques, employées corvéables à merci dans des plantations de café ou cultivant elles-mêmes leur lopin de terre, ces femmes ne savent pas expliquer comment elles sont parvenues à faire vivre ces familles nombreuses. Dans ce petit pays de la région des Grands Lacs, des centaines de milliers d’orphelins du génocide ont ainsi pu jouir d’une véritable structure familiale, grâce aux veuves d’Avega. Cette somme de petites histoires oubliées, de combats du quotidien a été essentielle pour la grande Histoire nationale, permettant au “pays des mille collines” de repartir de l’avant, avec une jeunesse élevée sur des valeurs très éloignées de celles qui avaient cours en 1994. “Tutsis, Hutus ou autres, ça n’existe pas chez nous !” répétait en 2005 à qui voulait l’entendre Athanasie
A une heure au sud de Kigali, sur la communede Bugesera, l’église de Ntarama a été le théâtre de l’une des tueries les plus brutales du génocide de 1994. Cinq mille personnes s’étaient réfugiées dans l’enceinte religieuse. Ils ont été massacrés en quelques heures. Grenades, armes à feux et machette ont été utilisées. Leurs ossements mêlés à leurs vêtements déchiquetés recouvrent encore le sol de l’église et témoignent de l’horreur.
Province de Gisenyi (nord-ouest) district de Cyanzadrwe, les adhérentes locales et dirigeantes nationales qui ont fait le déplacement depuis Kigali, auquels se sont joints quelques habitants du village, se recueillent autour d’un nouveau mémorial, dont la construction a été encouragée par l’association. Avega est leader dans la coordination des victimes et joue un rôle majeur dans le processus d’exhumation et pour l’édification de lieux de mémoire.
A l’issue d’une réunion d’une section d’Avega de la province de Gisenyi (nord-ouest) dans le district de Cyanzadrwe, les adhérentes locales et dirigeantes nationales qui ont fait le déplacement depuis Kigali, consacrent quelques minutes à observer les 45 corps de victimes du génocide exhumés récemment sur la commune.
Kampinka, une veuve de Kigali qui avait recueilli sept orphelins, dont une fillette hutu, alors âgée de dix ans. 2014. Le pays est métamorphosé. L'économie florissante et dynamique de la “Suisse de l'Afrique” fait désormais l'admiration. Partant d'une ruine agricole, administrative et commerciale, le Rwanda a connu dix-neuf années de croissance consécutive et le président Kagame table désormais sur un taux de croissance supérieur à 10 %. De l'étranger, des voix dissonantes attaquent les méthodes de l'homme fort de Kigali, mais dans son pays, son action est plébiscitée. La situation est loin d'être parfaite, la liste des sujets de controverse reste longue, mais dans les pays voisins, dans de nombreux cercles d'intellectuels, le leader du Front patriotique rwandais fait office de modèle à suivre, pour ses réformes économiques et sociales, son plan de développement agricole, son engagement contre la corruption, son volontarisme écologique, sanitaire et éducatif. Les femmes, incontournables ici depuis vingt ans, participent activement à cette renaissance spectaculaire, qui ne doit pas tout au leader rwandais. Les cheffes d'entreprises y sont plus nombreuses qu'ailleurs et sur le plan politique, le pays détient le record mondial en termes de parité : cas unique, les élues occupent 64 % des sièges de la chambre des députés depuis les élections de septembre 2013.
“Jamais je n’aurai pu penser que nous allions parcourir tout ce chemin” Vingt ans après le génocide, Avega demeure à la pointe de ce développement rwandais. Des milliers de veuves sont mortes, minées par la maladie, l'épuisement ou simplement par les années. L'association ne compte plus désormais que 19 000 femmes, de nombreuses veuves souffrent toujours des séquelles physiques ou psychologiques de 1994, mais leur situation matérielle, leur santé et leur moral n'ont plus rien de comparable à ce qu'ils étaient il y a dix ans. Thérèse Nyiramasuka, 71 ans, l'une des cinquante fondatrices de l'association, reste presque sans voix quand on lui demande de se retourner sur l'histoire de ce mouvement : “Notre but était seulement au départ de créer une plateforme d'entraide, de faire sortir les veuves de leur chagrin et de leur isolement. Jamais je n'aurai pu penser que nous allions parcourir tout ce chemin...” Les enfants, adoptifs ou non, ont aujourd'hui entre vingt et trente-cinq ans. La plupart grossissent désormais les rangs de cette armée de Rwandais résolument au travail. Ils sont agriculteurs, médecins, infirmières, juges ou commerçants. Les plus pauvres vivent de petits boulots glanés ça et là. Certains parmi les plus jeunes sont toujours étudiants, terminant leur cycle scolaire ou l'université. La plupart ne comprennent même plus cette distinction Hutus-Tutsis, n'en
font aucun cas dans leurs relations amicales ou amoureuses, attachés avant tout à leur nationalité rwandaise. Et ceux qui le peuvent assistent désormais leur mère sur le plan matériel, lui rendant un peu de ce qu'elle leur a donné. Soulagées par une charge de famille très allégée, même si certaines demeurent dans la précarité, les veuves ont le visage moins marqué, creusé et profitent des visites dominicales de leurs enfants et petits-enfants, des coups de téléphone réguliers de ceux qui vivent loin, ailleurs dans le pays ou à l'étranger. Mais les adhérentes d'Avega ne se contentent pas d'être des mères et des grand-mères centrées sur les leurs. Plusieurs dirigeantes de l'association sont devenues députées, toujours remarquées pour leur engagement en faveur des droits des femmes et dans les processus de réconciliation nationale. La dernière en date n'est autre que Chantal Kabasinga, présidente d'Avega Agahozo, élue en septembre 2013 à la Chambre des députés, déjà remarquée pour son activisme dans de nombreux domaines. Sur le plan économique, l'organisation a depuis longtemps mis en place des ateliers, des petites coopératives agricoles ou artisanales - couture, sculptures traditionnelles, joaillerie permettant l'autonomisation financière de ses membres. Et certaines veuves sont devenues de véritables capitaines d'industrie, des self-made-women qui avaient tout perdu en 1994 et qui sur un premier emprunt bancaire de 1500 euros, ont bâti des entreprises florissantes dans des domaines d'activités très variées. Depuis son fief de Nyanza, Immaculée Kayitesi a créé et dirige Zirakamwa Meza, spécialisée dans la production et la distribution de yoghourts et de lait. Cette ancienne institutrice compte bientôt s'attaquer aux marchés burundais et de l'est de la République démocratique du Congo. Épiphanie Mukashyaka, reine du café dans le sud du pays, exporte depuis bien longtemps. La totalité des 240 tonnes de café avant torréfaction que son entreprise produit chaque année est expédiée vers les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni ou la Norvège. Toutes deux parties de rien, aujourd'hui dans la cinquantaine, déclarent d'emblée faire tout cela pour leurs enfants, adoptifs ou non. Tous sont d'ailleurs associés, à parts égales, dans leur entreprise. Les centres de santé de l'organisation sont depuis longtemps ouverts à tous, offrant des services à près de 50 000 femmes. Mais désormais, Avega joue aussi un rôle clé dans la lutte contre les violences faites aux femmes, sujet qui a vraiment pris son essor en 2009, avec les premières lois nationales visant à éradiquer ce fléau. L'association est un des moteurs de la plateforme Pro-femmes, regroupant toutes les ONG rwandaises engagées sur la question. Outre le lobby intense exercé sur ce sujet à Kigali, nombre de veuves ont souhaité élargir le champ de leurs actions, pour mettre au service de toutes les femmes dans le besoin leur expérience personnelle de la gestion des traumas, de la reconstruction psychologique,
Retrouvailles des présidentes de district de la région de Kigali au siège national de l’association pour l’élection de la présidente de la région. En 2005, Avega regroupait environ 25 000 veuves à travers tout le pays, disséminés sur 106 districts. Pour faire face à ce nombre colossal d’adhérentes, le fonctionnement de l’association est très hiérarchisé. En 2014, elles sont environ 19 000, nombreuses étant celles décédées au cours des dernières années.
physique et matérielle, de la résilience. Dans deux districts pilotes - Gatsibo à l'est et Luhango au sud, cette envie a pu se concrétiser, dans le cadre d'un projet national initié par la coordination Pro-femmes. Avega a pris en charge le suivi psychosocial des femmes victimes de violences, s'appuyant sur leurs dizaines de bénévoles, mobilisées, toutes veuves rescapées du génocide, reconnues dans leur village, leur communauté. Les femmes en danger ont très rapidement pris le réflexe de se tourner vers ces animatrices psychosociales au cursus si particulier, pour chercher de l'aide. Et leur action est unanimement saluée par les bénéficiaires, qu'il s'agisse d'épouses molestées, abandonnées, ou d'adolescentes violées. Fortes d'un vécu sans égal, ces volontaires excellent dans la recherche de solutions concrètes, le soutien moral et parfois matériel, et pour convaincre les victimes de la nécessité de faire appel aux forces de police.
“L’entraide et la lutte sont nécessaires pour sortir du trauma et endiguer les violences faites aux femmes.” Mercienne Kankuyu est l'une de ces animatrices. Une large cicatrice enserre sa nuque, séquelle d'un coup de machette que des miliciens Interhamwe ont cru fatal. Pour elle, ce nouvel engagement coulait de source : “Quand je croise quelqu'un qui vit une situation difficile, avec ce que j'ai reçu d'autres femmes, je ne peux faire autrement que l'aider. Et aujourd'hui, peu m'importe que cette personne dans la détresse soit une veuve du génocide ou non.” Selon Clémentine Mukakigeri, une autre bénévole d'Avega, “quelle que soit la gravité du trauma, la résilience est nécessaire pour repartir, et nous avons tant appris dans ce domaine qu'il faut que ce soit utile à d'autres.”
Réunion de la section Avega du secteur de Gatenga dans la capitale rwandaise, au domicile de Béata Ilibagiza, présidente de la section. Les huit veuves présentes ont toutes perdu au moins un enfant pendant le drame. Et toutes ont adopté un ou plusieurs orphelins du génocide, malgré des situations matérielles particulièrement précaires. Tous les miliciens qui résidaient dans le secteur, ceux-là même qui ont assassiné une partie de leurs proches, ont été entraînés pendant des mois dans le camp de Gabiro, province d’Umutare, par l’armée française.
Concessa Uwibambe elle, a perdu deux de ses enfants, avec son mari, en 1994. Apparemment plus effacée, elle explique son engagement par une autre dimension : “Nous le savons pour l'avoir vécu : l'entraide et la lutte sont nécessaires pour sortir du trauma et endiguer les violences faites aux femmes.” Interrogée sur cette nouvelle démarche, Odette Kayirere, secrétaire exécutive d'Avega, ne fait guère durer le suspens : les résultats sont si spectaculaires sur les deux districts tests, qu'il ne fait aucun doute aujourd'hui que l'expérience se développera sur d'autres territoires. Si tel est le cas, le Rwanda deviendra rapidement la figure de proue, dans la région, de la lutte contre les violences faites aux femmes. Et un pays envié par ses voisins, dans ce domaine comme dans bien d'autres. Un pays dont la résurrection n'aurait pu être si éclatante, sans l'apport essentiel de ces dizaines de milliers de femmes, veuves du génocide, piliers de la reconstruction d'une nation. À l'heure des commémorations, c'est sans conteste au premier rang qu'elles devraient se trouver. Pour ce qu'elles ont subi, mais plus encore pour ce qu'elles ont fait.
Pierre-Yves GINET
Alfonsine Uzamushaka, présidente de la section d’Avega dans le district de Ruyumba, rend visite à SÉRAPHINE KAMBU, comme régulièrement, et s'inquiète de sa santé. Âgée aujourd'hui de 77 ans, cette dernière souffre de plus en plus des coups de machette reçus au cou en 1994, malgré les calmants. Sa fille, Marie, anémiée et séropositive, parvient difficilement à cultiver ses champs et à nourrir ses enfants et sa mère. Les autres enfants, adoptifs ou non, ont tous quitté la maison. Tous demandent à Séraphine de ne plus leur rendre visite, compte tenu de sa santé et insistent pour se déplacer. Les weekends, la maison est souvent pleine.
SÉRAPHINE KAMBU, 67 ans, rescapée de l’église de Mugina, dans le périmètre de laquelle trente mille personnes ont été tuées. Veuve du génocide, Séraphine pose ici en compagnie de son petit-fils de sept ans et de quatre de ses enfants. Six adolescents de la famille étaient absents ce jour-là. À droite, Marie, vingt-cinq ans, la seule de ces dix enfants qui n’a pas été adoptée, a comme sa mère été battue et violée ; elles sont toutes deux séropositives. Les revenus familiaux sont souvent insuffisants pour nourrir tout le monde et plus encore pour acheter les médicaments nécessaires au traitement de Séraphine et Marie. Malgré tout, l’idée de renvoyer ses “nouveaux enfants” ne l’a jamais effleurée.
CÉSARINE MUKESHIMANA, dans sa maison de Kigali. Malgré une vue qui faiblit très vite, elle continue de vendre des beignets sur des marchés, fait de la vannerie pour Avega et reste soutenue par le fonds d'aide aux rescapés. Elle a encore ses dix enfants sous son toit. Un seul a suivi un cursus universitaire, les autres des formations professionnelles. Ils ont arrêté après l'école secondaire, du fait de résultats insuffisants et de manque de moyens financiers. Sa fille handicapée, Angélique, marche désormais sans béquilles la plupart du temps et poursuit un cursus chaotique en droit. Aucun de ses enfants n’a un emploi fixe.
CÉSARINE MUKESHIMANA, en compagnie de trois de ses enfants adoptifs, à leur domicile, dans la capitale rwandaise. Césarine est aujourd’hui à la tête d’une famille de 10 enfants. Cinq d’entre eux sont les siens, les autres sont des orphelins du génocide. Le plus jeune a onze ans, le plus âgé, 22 ans. Veuve adhérente d’Avega, elle a perdu six enfants en 1994. Parmi les enfants adoptés, Aziza, 19 ans et Saïda, 12 ans, ici à ses côtés. Leur père était musulman et les deux filles ont souhaité garder sa religion. Césarine, chrétienne, se surprend parfois à leur rappeler les heures de prières. De dos, Angélique, 14 ans, mutilée à coups de machette aux deux tendons d’Achille, par les miliciens interhamwe. Elle avait alors quatre ans. Césarine Mukeshimana vit de petits travaux domestiques, ou du ramassage du café. Comme elle le souligne lorsqu’on la questionne sur le sujet : “Je suis incapable de vous expliquer comment nous arrivons à vivre.”
Claudine Murbwayire
Claudine Murbwayire
CLAUDINE MURBWAYIRE, vingt-huit ans, veuve du génocide, dans sa maison de Gitarama, en compagnie de ses trois plus jeunes enfants. Attaquée à proximité de l’église de Mugina, où son fils unique a été tué, elle est restée deux semaines, incapable de bouger, au milieu des cadavres. Pendant les trois années suivantes, elle ne pourra se déplacer qu’à quatre pattes. Malgré ses blessures, Claudine Murbwayire adoptera quatre enfants de son entourage. Remariée, elle récupèrera ensuite la charge des sept orphelins que son époux avait recueillis en 1994, avant de mettre au monde quatre nouveaux enfants, nés de leur union. Elle assume désormais seule la charge de la famille, son second mari étant décédé en 2005.
CLAUDINE MURBWAYIRE, 37 ans. Elle n'a plus “que” sept enfants sous son toit. Ses trois filles adoptives sont mariées, deux travaillent comme institutrice et administratrice d'une association religieuse. Un de ses garçons est pharmacien et les autres enfants, issus du premier mariage de son mari, vivent désormais chez leur grand-mère paternelle. Claudine éprouve beaucoup moins de difficultés à travailler, les démangeaisons et les crampes n'étant plus régulières, tout comme les maux de tête qui la freinaient il y a dix ans. Mais ses revenus, même s'ils ont augmenté, restent insuffisants pour financer la scolarité de tous ses enfants. Sur le plan psychologique, celle qui paraissait écrasée par la charge en 2005 n’est plus : “J'ai tout surmonté !” répète-t-elle en riant.
XAVERINE NYIRARAMBA, 39 ans, tenant sa fille cadette, âgée de trois ans. Xaverine a aujourd'hui trois enfants, elle est séparée de son compagnon et s'occupe seule de la petite exploitation agricole léguée par sa mère, Eugénie, décédée en octobre 2012. Timide et visiblement dépressive il y a dix ans, Xaverine rit beaucoup désormais. Elle confesse avoir mis du temps, pour la résilience indispensable, et assure avoir dépassé le trauma pour être enfin capable de vivre et d'avancer avec ses enfants.
Eugénie Nyiraramba, en compagnie de sa fille aînée, XAVERINE. Le mari et neuf des enfants de cette femme de soixante-huit ans ont été tués pendant le génocide. Seules deux de ses filles ont survécu. Eugénie a recueilli ses deux petits-enfants dont un retrouvé non loin du cadavre de sa mère, atrocement mutilée. Xaverine, vingt-neuf ans, est la mère d’un enfant de cinq ans.
IMMACULÉE MUKAKABERA, 78 ans, vit toujours dans la même maison, à Kigali. Elle est entourée de quelques-uns de ses petits-enfants. Seule une de ses filles survivantes du génocide est remariée et a quitté le domicile familial. Les onze autres enfants vivent toujours là, désormais accompagnés, pour certains, de leur conjoint et de leurs enfants : ils sont étudiants et ne reviennent que pendant les congés ou n'ont pas trouvé de travail fixe. Avec les petits boulots glanés ça et là par certains des enfants et les aides du Fonds d'assistance aux rescapés, la famille parvient à s'en sortir, même difficilement. Immaculée ne sait pas exactement combien de petits-enfants elle a aujourd'hui.
IMMACULÉE MUKAKABERA, 68 ans, veuve du génocide, dans sa maison de Kigali, entourée de ses petits-enfants. Au second plan, Triphine, 25 ans, et sa fille, née il y a quelques mois, dernière née des petits-enfants d’Immaculée. Seuls deux de ses sept enfants ont survécu au génocide. Géraldine, 36 ans, l’aînée, est également veuve. Toutes deux sont adhérente d’Avega. Immaculée a adopté dix orphelins. Le plus jeune avait alors quatre ans. Triphine est de ceux-là. Ses douze enfants ont depuis donné naissance à six petits-enfants. Dix-neuf personnes vivent dans la maison d’Immaculée Mukakabera.
Athanasie Kampinka
Athanasie Kampinka
ATHANASIE KAMPINKA, 53 ans et sa fille adoptive hutu, âgée de 20 ans. En 1994, Athanasie perd deux de ses trois enfants et son époux. Après les massacres, en courant les orphelinats, elle recueille sept orphelins. Ses parents, voisins d'Athanasie, avaient fui au Congo à la fin des combats. Ils mourront dans un camp de réfugiés. En 2003, l’adhérente d'Avega adopte également les quatre enfants de sa belle-soeur, décédée du Sida, contracté en 1994. Le seul fils naturel d'Athanasie rescapé du génocide a été particulièrement traumatisé : il est pensionnaire d'un hôpital psychiatrique. Lorsqu’on la questionne sur l’ambiance familiale, en particulier vis-à-vis de sa fille hutu, Athanasie est sans équivoque : “Il n’y a jamais eu le moindre problème avec elle. J’ai inculqué d’autres valeurs à mes enfants. Tutsis, Hutus ou autres, n’existe pas chez nous.“
ATHANASIE KAMPINKA, 63 ans, veuve du génocide, assise aux côtés de son seul fils biologique survivant, âgé de 29 ans. Seuls quatre de ses enfants vivent encore sous son toit : son fils, régulièrement suivi à l'hôpital depuis 1994 et trois des quatre enfants de sa belle-soeur décédée du Sida. L'une de ses dernières filles adoptives est morte, suite à des crises répétées d'épilepsie. Les sept orphelins recueillis à l'issue des massacres sont tous partis de la maison. Ils ont pu suivre des études et tous travaillent : l'un est cadre pour la compagnie nationale d'électricité, une autre est juge au tribunal de Gitarama. La fillette hutu adoptée en 1994 est partie au Canada, grâce à une bourse, pour suivre des études. Elle est mariée et travaille désormais là-bas. Athanasie a régulièrement des nouvelles de tous, elle est très fière de ses enfants.
Léandre, 22 ans, étudiant, prépare un examen, sous la surveillance de sa mère, CATHERINE MUKAKABERA. Pour Léandre, son cadet, cette famille élargie fut une chance : “Je me suis toujours senti bien, aimé par tous. On partageait le peu que l'on avait. Notre mère est incroyable. Difficile d'imaginer les efforts qu'elle a dû faire pour nous faire vivre tous. La dette que nous avons envers elle est immense.”
Dans la maison de CATHERINE MUKAKABERA, 62 ans, un pêle-mêle avec les photos de ses enfants : en 1994, cette femme a recueilli 22 orphelins, en plus de ses cinq enfants biologiques. Un record au Rwanda. Aujourd'hui, ne résident plus dans sa maison du quartier de Kimirongo que cinq de ses enfants. Ces derniers sont étudiants ou à la recherche de travail, attendant une embauche pour se marier. Catherine loue les chambres dans lesquels ses enfants logeaient, lui assurant un petit revenu. L'intégralité de la famille se rassemble chaque année pour Noël : plus de quarante personnes sont alors présentes, avec les conjoints et les petits-enfants.
Dafrose et Aline Mukangarambe
DAFROSE MUKANGARAMBE, 52 ans. En 1994, lorsque les Interahamwe investissent son village, Dafrose et ses cinq enfants se réfugient dans l’église. Voyant les miliciens se diriger vers le bâtiment, la famille s’échappe et se cache dans une maison voisine, où ils sont finalement capturés : là, les Interahamwe torturent Dafrose à coups de machettes pendant plusieurs heures et exécutent ses enfants devant elle, de son aîné qui avait quatorze ans, à sa benjamine d’un an et demi. Avant de la laisser pour morte, ses bourreaux la violent à tour de rôle. Sauvée quelques jours plus tard par l’arrivée des troupes du Front patriotique rwandais, Dafrose restera plusieurs mois à l’hôpital de Kigali. Enceinte des suites des viols, mais trop faible, elle a perdu l'enfant. Encore convalescente, elle a ensuite rejoint le domicile de sa soeur, où elle a vécu deux ans. Là, elle a été violée par son beau-frère, avant de retourner vers son village de Nyagarambo. Aline, aujourd’hui dix-sept ans, est l’enfant née de ce viol. Très proche l’une de l’autre, elles rient très souvent aux éclats, Dafrose, affichant une joie incroyable, en 2005 comme en 2014 : “Il y a bien pire que moi. Je peux marcher, me nourrir seule et j’ai ma fille. […] Les gens ne comprennent pas comment j’ai pu la mettre au monde, il disent que ça ne peut être que l’oeuvre de Dieu. Si c’est le cas, comme me le disent d’autres veuves, Dieu a bien fait !”, dit-elle en éclatant de rire.
DAFROSE MUKANGARAMBE rend visite à sa fille Aline, 17 ans, au collège Sainte Marie Reine de la Paix, à Rumagana. Ne se jugeant pas assez sévère avec sa fille, Dafrose a préféré l'envoyer en pension dans une école religieuse réputée, malgré les frais de scolarité. Les premiers mois loin l'une de l'autre ont été difficiles, mais l'habitude a pris le dessus. L'adolescente veut depuis toujours devenir médecin, pour soigner sa mère elle-même. Mais ses résultats scolaires demeurent insuffisants, objet de la présente discussion.
DAFROSE MUKANGARAMBE, dans sa nouvelle maison. Ne pouvant plus rester à Nyagarambo, où elle vivait avec son mari et ses enfants décimés en 1994, elle a déménagé il y a cinq ans, pour revenir à proximité de son village natal, à l'est de Kigali. Elle souffre toujours d'hypertension et de grosses crises de diabète, mais elle est en bien meilleure santé qu'il y a dix ans. Elle se sent bien, plus “légère”, elle peut se reposer, arrive plus facilement à travailler dans les champs et l'aide mensuelle fournie par Avega lui permet d'embaucher quelqu'un pour cultiver sa terre. L'association lui a également permis de subir une intervention chirurgicale de la mâchoire, il y a trois ans. Comme en 2005, Dafrose enchaîne les bons mots, les blagues souvent grinçantes et les éclats de rire, entraînant l'hilarité de toutes les personnes présentes, à longueur de journée.
Hommes et femmes aux travaux des champs, près de Nyanza. Les anciennes zones de marais, qui ont servi de cachettes aux fugitifs tutsis pendant le génocide et où s'empilaient les corps des victimes, sont aujourd'hui exploitées intensivement. Depuis une dizaine d'années, le gouvernement rwandais a lancé de grands programmes agricoles, basés notamment sur les rizières et la pisciculture, qui portent aujourd'hui leurs fruits.
ÉPIPHANIE MUKASHYAKA, 54 ans et son gendre, Wellars Musonera, directeur de la production, inspectent les grappes de café, dans une des nombreuses plantations de l'entreprise, deux mois avant les récoltes. Veuve du génocide, membre d'Avega, Épiphanie et ses sept enfants sont les seuls rescapés de toute la famille élargie. Elle a adopté cinq enfants, alors âgés de un à sept ans, en 1994. Partie d'un emprunt de 1500 euros obtenu en 1997, son entreprise transforme aujourd'hui plus de mille tonnes de cerises de café et exporte sa production vers les États-Unis, la Norvège, le Japon et la Grande-Bretagne. Elle possède 12 000 plants de café et son exploitation ne cesse de s'étendre. Au plus fort des récoltes, ses effectifs s'élèvent à plus de 130 personnes, dont nombre de veuves et d'orphelins adoptés par des membres d'Avega. Ses douze enfants sont tous associés à parts égales dans l'entreprise.
IMMACULÉE KAYITESI, 51 ans, dans les locaux de son entreprise, Zirakamwa Meza, spécialisée dans la production et la distribution de yogourts et de lait. Veuve du génocide, cette ancienne institutrice a adopté six enfants après les massacres. Ils ont aujourd'hui de 28 à 32 ans. Partie de rien, elle compte prochainement s'attaquer aux marchés voisins de l'est de la République démocratique du Congo et du Burundi. Obnubilée par la croissance de ses ventes, elle veut transmettre à ses enfants adoptifs une entreprise de taille suffisante pour assurer la survie de leurs familles.
Justine Faïda, 45 ans, étend son linge dans son village de Rwinbogo, tout en écoutant les conseils de MARIE-ROSE MUKANDOLI. Justine a eu huit enfants. L'un d'entre eux est décédé. Elle vit seule avec ses trois plus jeunes enfants. Depuis 2008, son mari était violent, multipliait les menaces de mort et la trompait avec sa soeur cadette, avec l'assentiment de leur mère. N'en pouvant plus, elle a dû quitter le domicile familial, mais a dû laisser ses quatre aînés avec leur père. Ils lui rendent visite de temps à autre, en cachette, par peur des représailles paternelles. Marie-Rose Mukandoli, 63 ans, est animatrice psychosociale depuis 2004. Elle a perdu son époux et deux enfants en 1994 et a recueilli un orphelin. Elle a accompagné Justine dans toutes ses démarches, l'a aidé à trouver cette maison, à proximité d'un poste de police et à percevoir une allocation d'Avega, dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux femmes. Lorsque Justine est tombée malade, Marie-Rose a pris en charge toute la famille, des mois durant. “C'est simple, elle occupe la place laissée par ma mère”, assure Justine, les yeux gorgés de larmes.
CONCESSA UWIBAMBE (gauche) et MERCIENNE KANKUYU, veuves du génocide, entourent Charité Uwera, tout juste dix-huit ans et son enfant de trois mois. Charité a été violée par un élève de son école. Elle vit ici avec sa mère et ses six frères et soeurs, le père de famille ayant rejeté les siens à l'annonce de la grossesse de sa fille, accusant sa mère de n'avoir pas su élever sa fille. Concessa et Mercienne sont deux animatrices psychosociales d'Avega, désormais spécialisées dans le soutien aux femmes victimes de violences. Elles ont accompagné Charité à l'hôpital et sont régulièrement avec elle pour la soutenir, l'aider à prendre en charge sa fille. Concessa Uwibambe est mère de huit enfants. Deux sont morts en 1994. Lorsque le projet de lutte contre les violences faites aux femmes a été lancé par Avega, elle s'est immédiatement portée volontaire. “J'ai vécu un drame. Ces femmes en vivent un. Mon expérience m'a fait comprendre qu'il faut s'entraider, être ensemble pour sortir d'un trauma.” Mercienne Kankuyu a perdu ses quatre enfants pendant le génocide. Marquée physiquement (sept coups de machettes) et psychologiquement, pendant des mois, elle ne parlait plus, ne sortait plus, ne se lavait plus. Elle doit sa renaissance à d'autres veuves d'Avega. “Quand je croise quelqu'un qui vit une situation difficile, avec ce que j'ai reçu d'autres femmes, je ne peux faire autrement que l'aider. Et aujourd'hui, peu m'importe que cette personne dans la détresse soit une veuve du génocide ou non.”
CLÉMENTINE MUKAKIGERI, 51 ans, veuve du génocide et animatrice psychosociale bénévole d'Avega (rouge), rend visite à Salah Uwineza, 16 ans, tenant son fils Kaseem, à sa mère (droite) et à sa soeur. Clémentine a adopté un garçon après le génocide, s'ajoutant à ses quatre enfants, tous survivants. Formée par une autre ONG, elle se consacrait à sa mère, traumatisée par le génocide. Après le décès de cette dernière, elle a décidé de rejoindre Avega, pour aider les autres, mettre à leur service son expérience et est devenue animatrice psychosociale bénévole. “Notre engagement est nécessaire, nous sommes importantes pour la reconstruction du pays, l'unité, la réconciliation et je veux participer à cette oeuvre.” Salah avait un fiancé qui lui promettait le mariage. Quand il l'a vue enceinte, il l'a rejeté. Avec l'aide de Clémentine, elle a déposé plainte, demandant que le jeune homme reconnaisse l'enfant. Emprisonné quelque temps, il a nié la paternité et a été relâché, les tests ADN étant trop coûteux. Clémentine est omniprésente avec la famille, conseillant Salah et ses parents et faisant le lien avec une autre association, en charge de la partie judiciaire. Dans quelques mois, Salah retournera sur les bancs de l'école.
MARIE-LOUISE UWIMPUHWE, 41 ans, animatrice psychosociale (APS) d'Avega (premier plan) devant Sylvie, une de ses voisines. Devenue APS en 2008, spécialisée sur la lutte contre les violences faites aux femmes depuis trois ans, elle “attire” naturellement toutes les demandes émanant de femmes en situation de violence de son village. “Une femme victime de viol, son trauma présente beaucoup de similitudes avec ce que des femmes ont traversé après 1994. C'est pareil pour un orphelin ou une femme battue. Il faut l'aider et je sais les aider, alors je n'avais pas le choix.” Sylvie a 27 ans. Elle est mariée. En 2012, elle est venue voir Marie-Louise suite aux violences physiques de son mari. L'APS s'est rendue plusieurs fois au domicile conjugal pour raisonner son époux. Sans succès. Suite à une explosion de violence, en février 2013, Marie-Louise a accompagné Sylvie vers l'hôpital et au poste de police. Son mari a été incarcéré trois mois. À sa sortie de prison, il est venu voir l'animatrice d'Avega pour retrouver sa femme. Elle a conseillé le couple pendant des mois. Aujourd'hui, ils vivent à nouveau ensemble, “amoureux comme au premier jour”. Leur nouvelle vie, les époux considèrent la devoir à Marie-Louise : “Pour mon mari, Marie-Louise est comme sa belle-mère. Pour moi, c'est une deuxième mère.”
Pierre-Yves Ginet Photojournaliste Auteur de “Femmes en résistance” En 1996, Pierre-Yves Ginet abandonne une carrière d’analyste financier au sein de multinationales anglosaxonnes, pour devenir photographe professionnel. Ses premières années de photojournaliste ont été consacrées au Tibet et à l’occupation chinoise. Ce travail a donné lieu à la parution de plusieurs livres dont le plus marquant est Tibet, un peuple en sursis (Actes Sud – 2000), ouvrage de référence sur les visages actuels du drame tibétain, né de l’exposition éponyme présentée dans dix-huit villes, de 2000 à 2006. Pierre-Yves Ginet découvre les résistances de femmes par un travail approfondi de trois ans sur le combat des nonnes tibétaines, en première ligne de la résistance depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. C’est suite à ce reportage qu’il élargit son champ d’action au monde entier et qu’il part à la rencontre de ces femmes qui contribuent à écrire l’Histoire de notre temps. Sur cette thématique, aucun photojournaliste au monde n'a poussé aussi loin ses investigations. Depuis quinze ans, il témoigne de ces luttes menées par les femmes, présente ses expositions et accompagne des groupes, notamment scolaires, pour leur présenter son travail et pousser à la réflexion sur les stéréotypes sexistes et l'égalité femmes-hommes.
CURRICULUM VITAE SÉLECTIF Ouvrages Femmes en résistance Ed. Verlhac - 2009 (Préface de Taslima Nasreen et introduction de Marie-José Chombart de Lauwe) Femmes kurdes de Turquie Ed. Clara - 2004 (textes de Danielle Mitterrand et de Elsa Lepennec) Tibet en exil, mythes et réalités - Ed. Golias – 2000 Tibet, un peuple en sursis - Ed. Actes Sud - 2000 (texte de Claude B. Levenson) Ladakh, lumières tibétaines - Points de Suspension – 1999 Tibet, sur les traces d'Alexandra David-Néel - Les Créations du Pélican – 1995
Pierre-Yves Ginet Tel : (33) 06 63 94 74 29 / Courriel : pierre.yves.ginet@gmail.com
Expositions majeures Femmes en résistance Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation - Lyon, 2006-2007 ; Hôtel de Ville - Ville de Paris, 2007 ; Maison Midi-Pyrénées - Région Midi-Pyrénées, Toulouse, 2007 ; Hôtel de Région - Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille, 2008 ; Communauté Française de Belgique - Bruxelles, 2008 ; Biennale de l’Egalité Femmes/Hommes - Région Bretagne, Saint-Brieuc, 2008 ; Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier (Orléans), ¬Château de Blois - Région Centre, 2009 ; Hôtel de Région - Région des Pays de la Loire, Nantes, 2009 ; Biennale de l’Egalité Femmes/Hommes - Reims, 2010 ; Ancienne Caisse d’Epargne – Roanne, 2011; Ancien musée de peinture - Grenoble, 2012; Espace Marcel Pagnol - Villiers-leBel, 2013 ; Halle Roublot - Fontenay-sous-Bois, 2013 ; SCOMAM - Laval, 2013 ; Tanzanie, Dar es Salam - Alliance française, 2014 ; Burundi, Institut français, 2014. Tibet, un peuple en sursis Itinérance de février 2000 à mai 2004 ; près de 200 000 visiteurs. Lyon - Paris - Blois - Biarritz - La Flèche - Chartres Briançon - Digne-les-Bains - Clermont-Ferrand - Arles - Toulouse - Verdun - Dijon - Niort.