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Allemagne
COMME SI LE COVID-19 NE SUFFISAIT PAS… LES FORÊTS ALLEMANDES DUREMENT TOUCHÉES PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE CES TROIS DERNIÈRES ANNÉES Les forêts sont un sujet d’importance au sein de l’Union européenne, avec plusieurs acteurs majeurs, dont l’Allemagne. Si on observe de plus près la situation, on voit que des 182 millions d’hectares boisés que compte l’UE (recouvrant 42% de sa superficie), plus de 70% sont concentrés dans sept pays : la Finlande (en tête avec 77%), la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne et la Suède. Avec 32,7% de surface boisée, notre voisin de l’est joue donc un rôle capital au niveau des forêts et de leur gestion. À titre comparatif : en 2015, la Belgique comptait 24% de surface boisée. La majorité se trouvant naturellement en Wallonie. Selon la méthode de mesure utilisée, on dénombre en Flandre entre 10,8 et 13% de surface boisée.
Sécheresse, invasion d’insectes et autres fléaux Ces dernières années, la situation des forêts allemandes est préoccupante, plus encore que dans d’autres pays européens. Comme ailleurs dans l’UE, le pays doit faire face à un temps exceptionnellement chaud et sec résultant du changement climatique mais l’Allemagne souffre également à d’autres niveaux. Tempêtes, incendies, importantes chutes de neige inattendues, maladies et prolifération de moisissures, le pays n’est pas épargné. À quoi s’ajoute encore une invasion tenace d’insectes. Le scolyte (ou bostryche) typographe frappe sans merci depuis quelques années, se multipliant extrêmement vite dans des arbres déjà affaiblis pour atteindre une population considérée comme dangereuse pour les forêts. L'Allemagne ne serait pas l’Allemagne sans mesures drastiques, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est dans ce pays que la notion de durabilité dans la gestion des forêts est apparue pour la première fois il y a trois siècles déjà. C’est l’expert en économie forestière Hans Carl von Carlowitz qui l’a introduite en 1713 suite à la pénurie de bois qui régnait à l’époque. D’après von Carlowitz, il fallait tendre vers un approvisionnement continu en bois, mais de manière durable. Cet homme peut donc être considéré comme le précurseur des diverses certifications que nous connaissons aujourd’hui, comme les labels FSC ou PEFC, identifiant les forêts de production gérées de manière ‘durable’, procédant exclusivement à une coupe sélective du bois.
Intensification de l’abattage Une des mesures drastiques prises rapidement par nos voisins allemands a été d’intensifier l’abattage. En 2019, celui-ci a été quadruplé par rapport à l’année précédente, tant en réaction à la sécheresse grandissante qu’à l’invasion d’insectes. D’après le bureau allemand de statistique Destatis, il a fallu abattre presque trois plus de bois à cause des dégâts dus aux insectes (32 millions de mètres cubes en 2019 contre 11 millions l’année précédente). En 2017, la quantité de bois
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coupé pour cette raison n’était ‘que’ de 6 millions de mètres cubes. En 2019, la part d’arbres abattus parce qu’ils étaient endommagés atteignait un peu moins de 68%, soit plus de trois fois plus qu’en 2010 (19,7%). En 2019, l’Allemagne a abattu 46 millions de mètres cubes de bois endommagé. Cette année-là, 68 millions de mètres cubes de bois ont été coupés au total, contre 54 millions en 2010. À quoi on peut encore ajouter qu’environ 83% de l'exploitation forestière totale de 2019 était constituée de conifères (56 millions de mètres cubes). Dans 77% des cas, il s’agissait d’arbres endommagés (43 millions de mètres cubes), principalement par les insectes, responsables de 73% des cas d’abattage. Avec son sens caractéristique de la rigueur, l’Allemagne ne s’est évidemment pas contentée de couper davantage de bois. Depuis 2019, les autorités allemandes ont notamment investi plus de 800 millions d'euros dans la régénération des forêts du pays, qui couvrent un tiers du territoire. Après un sommet de crise à Berlin en 2019, le gouvernement a décidé de libérer sur les quatre prochaines années 547 millions d’euros pour l’élimination des arbres morts et la plantation de nouveaux arbres. Grâce à la contribution des états fédérés, la somme a atteint 800 millions d’euros et l’opération bénéficie de l’appui de l’armée.
1,5 milliard d’euros pour la transformation des forêts Entretemps, le Ministère allemand de l'Alimentation et de l'Agriculture (BMEL) a également décidé de soutenir divers programmes de modernisation de l'industrie du bois du pays. Un de ces programmes, dont le budget s’élève à 15 millions d’euros, vise notamment à favoriser les investissements dans les utilisations du bois abimé préservant ou améliorant sa valeur et l’utilisation du bois comme matériau de construction. Ce qui constitue une protection climatique active, car le bois emmagasine le carbone. Un autre programme, d'une valeur de 20 millions d'euros, encourage les entreprises de l’industrie du bois à recourir à des services de conseil au niveau digitalisation, robotique et intelligence artificielle, par exemple. L'objectif est ici de consolider l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, depuis la production en forêt jusqu’à la transformation du bois et son utilisation dans la construction. Dans cette optique, une évolution vers des forêts plus mixtes est nécessaire, incluant donc aussi des feuillus. “Au total, l’Allemagne désire allouer 1,5 milliard d'euros aux propriétaires et exploitants forestiers pour transformer les forêts afin de leur permettre de mieux s’adapter au changement climatique”, a énoncé le BMEL lors d’une déclaration officielle. Sources principales : Wikipédia, BOS+, Nieuwe Oogst.nl, globalwoodmarketinfo.com, IPS et tuinkeur.nl
