Si le béton est la réponse, quelle était la question ?
MASSON Florian
Copyright 2014 by autor / creator of this master thesis ( Masson Florian ). The portfolio autor / Creator retains sole copyright to his contricution to this book.
Mémoire
Universitaire
Promoteur
Coton Gauthier
Lecteur Blanckaert Ludovic Université catholique deLouvain Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI Tournai 2013 - 2014
Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme d’architecte
- Sommaire -
- Avant Propos - Motivation et méthode d’approche
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- Introduction - La perception du Béton
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- Les nouvelles compositions de béton - Place à la localité
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1 - Le Mélange - Le code génétique du matériau (a)_Impact des constituants sur la peau du béton (b)_Teinte et couleur du béton, dosage et paramètre
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2 - La composition du béton comme élément du projet - Générateur d’atmosphère (a)_Le mélange comme réponse à une pensé du projet (b)_Teinte et couleur comme génératrice d’atmosphère
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3 - Les nouvelles compositions - Les bétons du futur (a)_Le Béton Fibré à Ultrahaute Performance (b)_Les nouveaux bétons du futur
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(a)_Des composants à porter de main, les carrières (b)_L’aspect local comme lien entre architecture et paysage
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4 - La proximité - Un matériau local
- Nouveaux coffrages, l’empreinte du chantier - Renouer avec l’artisanat
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1 - Le coffrage - Mémoire du chantier (a)_Nouvelles techniques de coffrage (b)_Les coffrages de demain
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(a)_Empreinte le language des autres matériaux (b)_Le coffrage comme expression artistique
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(a)_L’expérience de la mono-matière (b)_La vérité structurelle
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2 - La surface - Substance
3 - Le monolithe - Ode au béton
4 - L’artisanat - Renouer avec la main de l’homme (a)_Le coffrage artisanal (b)_Favoriser l’artisanat à l’industriel
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- Conclusion -
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- Table des matières -
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- Références -
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- Avant Propos -
Motivation et methode d’approche
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Face à l’émergence de nouvelles technologies, devant le développement foisonnant de nouveaux bétons et leur technique de mise en œuvre, vis-à-vis des nouvelles notions de développement durable, depuis quelques années nous assistons à de profondes et indéniables mutations dans le domaine des bétons. Inéluctablement, la question de la place du béton, présentement face aux autres matériaux (qui eux aussi progressent) est une interrogation légitime. Nous sommes en droit de s’interroger sur l’avenir de ce matériau, ainsi que sur les nombreux avantages liés à l’utilisation de ce dernier que certains considèrent comme la «pierre moderne». Ce mémoire propose de faire le point sur les nouvelles avancées techniques et technologiques dans le domaine du béton, englobant ainsi comme sujets : les nouvelles compositions de béton, les nouveautés en matière de coffrage, mais aussi les nombreuses possibilités de teintes ou de surfaces, produit de la corrélation entre le mélange, le moule et la surface. Le béton est en effet, un matériau à advenir, laissant ainsi présager des aptitudes remarquables.
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Notons que le terme de «développement durable», connaît aujourd’hui une médiatisation sans appel, prônant certains types de construction à d’autres, et nous amène à quelques interrogations sur le bien fondé de cette notion «HQE» vis-à-vis du béton, face aux idéologues abscons de la norme environnementale. « La HQE® brille comme ses initiales sur la chevalière au doigt. » 1 Le Ductal® sera aussi abordé, tant du point de vue de ses capacités technique et mécanique que du point de vue environnemental. Ce type de béton commence à faire ses preuves et recèle des capacités encore inexploitées devenant ainsi un enjeu primordial pour la construction en béton de nos jours. Longtemps pendant le 20ème siècle, la vision du béton a été recalée au rang de matériau austère et froid, s’écartant totalement de la vraie vision de celui-ci qui a été la réponse à bon nombre de problèmes socioculturels d’après guerre, en permettant de reloger tout une population privée d’habitat par les ravages de la guerre.
Devant les nouvelles avancées techniques et technologiques, quels sont les enjeux actuels du béton dans la réflexion du projet ? Vis-à-vis de la notion de développement durable ? Quelle est la nouvelle vision de ces bétons modernes ? Dans une introduction succincte, nous reviendrons sur les différentes visions que l’Homme a eues envers le béton pendant le 20ème siècle, ainsi que le rôle socioculturel de ce dernier. Le mémoire proposera ensuite de traiter la problématique, de façon homogène et non hétérogène dans l’entièreté de ce dernier. Pour cela, deux thèmes seront abordés: le mélange et le coffrage, ainsi que leurs résultantes ; la teinte et la surface. Ainsi seront traités pour chaque thème ; la question de leurs nouvelles avancées, leur place dans la réflexion du projet, ainsi que leurs avantages devant la notion de développement durable. La question de la nouvelle vision du béton sera traitée comme conclusion en abordant le thème du monolithe en parallèle de la réflexion de Roberto Gargianni dans son livre « Histoire de l’architecture moderne, structure et revêtement ».
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Notes : 1_Extrait de HQE, Rudy Ricciotti, première de couverture
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- Introduction -
La perception du BĂŠton
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Après l’eau, le béton est le matériau le plus consommé au monde. Utilisé par les romains il est encore aujourd’hui probablement le matériau de structure le plus utilisé sur Terre Mélange énigmatique de par sa facilitée à être produit en masse, ce matériau est définitivement ancré dans notre société depuis plus d’un siècle et omniprésent autour de nous au quotidien. La perception de cette matière est intrinsèque à chaque personne, mais au fils du temps, la vision du béton comme matériau caractéristique de l’esprit constructif français s’est altérée. Le béton a été la réponse pour créer facilement du logement de masse, et ainsi développer de nouveaux enjeux sociologiques, mais il fut substitué par une image beaucoup moins méliorative. Présentement, beaucoup pense que : « Le béton est encore perçu aujourd’hui comme le symbole du banal des grands ensembles répétitifs qui participe à la crise des villes de tous les continents. La dimension quasi héroïque et en tout cas épique que le matériau avait à son origine est bien oubliée. » 2 La vision froide du béton d’avant guerre reste présente
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dans l’esprit des masses qui, aujourd’hui, s’étonne de voir “un bâtiment en construction depuis 10 ans“, ce dernier étant en béton architectonique. Paradoxalement, le béton a été le matériau choisi par les modernes pour retranscrire leur vision de «l’honnêteté» constructive, mais ce matériau est devenu importun. Quelle aurait-été la vision du béton sans tout son passé ? Que ce serait-il passé si les Bunkers avaient été en bois ? Il a fallu une certaine période pour que le béton laissé apparent soit toléré, autre part que sur des Bunkers militaires, et évolue comme manifestation du process de travail. La place de ce matériau dans le développement du modernisme a donné au béton l’image de la brutalité des restructurations urbaines et des grandes interventions de logements dans les banlieues “modernes“. Ce mélange savant de composants inertes fût empli de sens divers et polémiques, associés aux stratégies nationalistes et politiques. Élément clé de l’après guerre, le béton fût le matériau le plus médiatisé et politisé de son époque, ce qui atteste l’importance essentielle de ce dernier dans l’évolution de notre société.
« Puissent nos bétons si rudes révéler que sous eux, nos sensibilités sont fines. » Le Corbusier cité par André Malrause
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La perception faussée du béton va prendre une autre tournure au début de la période postérieure à la deuxième guerre mondiale, car les enjeux du béton vont prendre une place décisive dans la question des logements de masse d’urgence. C’est à Marseille qu’un nouveau chapitre du béton va être écrit. Quand Charles-Édouard Jeanneret décide d’y implanter ça Cité Radieuse en 1952. En exprimant la rudesse des surfaces, l’empreinte du coffrage en bois, des couches successives des lits de coulé et le résultat de la succession des entreprises. « Les traces de l’imprévu et des accidents, de la faillibilité humaine, de la main de l’homme. » 3 Cette revendication de la beauté du béton “brut“ par Le Corbusier va ainsi donner une nouvelle perception architecturale et culturelle à un mode de construction traditionnelle, car l’expression brute du béton replace le statut de celui qui était employé pour des usages structurels. Mais, avec des bâtiments comme la Cité Radieuse ou La Tourette de Le Corbusier, le béton retrouve sa vraie image et change la perception que l’on avait de lui. On le per-
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çoit maintenant comme postulat de base à la formation de nouvelles formes d’architecture. Le béton a muté, en quittant son rocher de matériau inerte et sans âme, il navigue ainsi vers de nouveaux horizons à explorer, avec finesse et légèreté. Ce matériau est relativement facile à utiliser, disponible partout et abordable. « Ses variations sont innombrables, des nouvelles formes, textures et couleurs apparaissent à partir d’assemblages ou de compositions différentes. » 4 Le béton cesse d’être un matériau unique, pour être finalement un champ d’expérimentation en matière de matériau dans lequel des questions extrêmement différentes sont traitées. De plus, avec l’apparition de la nanotechnologie et le changement de dimensionnement des agrégats nous verrons que se développent de nouvelles catégories de béton, permettant de faire des bétons à ultra haute résistance comme le Ductal® . Nous parlerons aussi des auto plaçants pouvant prendre des formes extrêmement complexes et donner naissance à une structure d’une excellente finesse.
Bunker
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Notes : 2_Extrait de Architectures du béton, sous la direction de JL.Cohen et G.Martin Moeller 3_Extrait de Architectures du béton, sous la direction de JL.Cohen et G.Martin Moeller 4_Extrait de Peaux de béton, Groupe Dunod
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- Les nouvelles compositions de béton Place à la localité
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1 - Le Mélange Le code génétique du matériau
(a)_Impact des constituants sur la peau du béton Le béton peut être considéré comme l’association d’un liant dit “hydraulique“ jouant le rôle de colle, d’un agglomérat de granulats de différentes sortes (filler, sable et gravillon), ainsi que d’air encerclé pendant la fabrication du béton. Aujourd’hui, l’amélioration des composants ainsi que l’emploi d’adjuvants donnent des bétons permettant une meilleure mise en œuvre et épousant tout type de moule à la perfection. L’aspect de la surface de la peau du béton est totalement lié à l’arrangement de ses associations de composants tout au long du processus de fabrication et de prise. Le béton contient en grande partie des composants minéraux (sables, granulats, eau, adjuvants et liants) formant un mélange homogène, dont le choix de chaque produit engendre des propriétés esthétiques et physiques particulières. La métaphore culinaire de cette recette témoigne de l’importance du choix de chaque ingrédient apporté au plat, ainsi que son dosage et sa présentation sur l’assiette. Ces décisions sont fondamentales dans le «process» de conception de ce matériau et permettent de façonner une infinité de couleurs et de textures.
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Les constituants du béton ont un impact important dans les traitements de la surface de celui-ci, postérieurement à son durcissement. L’aspect de la peau de béton après un sablage ou un bouchardage est obligatoirement lié aux éléments qui le composent, la porosité et la granulométrie de la surface. En effet, le béton devient de plus en plus performant, ce qui lui permet de pouvoir s’adapter à n’importe quel type de chantier suivant la demande de l‘architecte. Le béton devient plus facile à utiliser et permet notamment des variations innombrables, donnant des bétons de différentes couleurs et textures en fonction du désir de l’architecte et s’adaptant statiquement à n’importe quelle situation statique (grande portée, port à faux, etc.). Enfin, les adjuvants comme les supers plastifiants jouent un rôle dans la durabilité du béton, en diminuant le prorata ciment / eau, produisant des matrices cimentaires peu poreuses et permettant ainsi l’obtention d’un matériau qui dure dans le temps. Toutes ces avancés nous amènent aujourd’hui à re-questionner la position du béton face aux autres matériaux en matière d’opérabilité dans le domaine
Ciment gris
Ciment blanc
Farine de calcaire
Sable gris
Farine blanche
Liaver
Gravier gris
Liapor
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(b)_Teinte et couleur du béton, dosage et paramètre Les variations du code génétique du béton permettent de produire des bétons s’adaptant de mieux en mieux aux envies des architectes et notamment la teinte de celui-ci. Quand un architecte décide de travailler avec un matériau minéral comme le béton pour réaliser un projet, c’est certainement pour l’éventail de compositions réalisables en fonction des composants employés (ciment, granulats et adjuvants). Depuis les premiers ciments blancs en 1950, les bétons teintés dans la masse sont apparus progressivement en France et le nuancier de couleur s’est élargi avec la découverte des pigments de synthèse. Toutes les étapes de conception d’un béton agissent sur la teinte finale de ce dernier, ce sont donc des moments cruciaux, afin d’atteindre un produit unique. Ordinairement le ciment est un matériau minéral de nuance grise ou blanche. Lors de la fabrication de ce ciment, on fait chauffer du carbonate de calcium et de l’argile pour obtenir du clinker, puis on ajoute du gypse et d’autres composants en quantité réduite. Sa teinte dépend principalement des composants utilisés lors de cette étape,
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à l’image d’une recette de cuisine. Plus le pourcentage d’oxyde de fer augmente et plus le ciment sera foncé. Un ciment blanc n’a aucun oxyde métallique, l’ajout de calcaire ou laitier va éclaircir la teinte. Avec la détermination des composants, leur pourcentage et le traitement de la surface, on peut produire une grande variété de couleurs. Les bétons bruts de décoffrage ont une couleur qui dépend de ses composants les plus fins: pigments, ciments, filers et sable, car ces éléments présents en contact avec la matrice du béton, vont constituer sa surface. Pour les bétons traités (surface désactivée, lavée, sablée ou polie), la couleur est déterminée par les gros composants: gravier, gros sable ou gravillon, car le traitement du béton va dissiper la première couche d’élément fin pour révéler les granulats de diamètre supérieur. Dans ce cas, si l’on désire une teinte le plus homogène possible, il faut rapprocher au mieux la couleur des granulats de celle du ciment. Ces granulats sont des minéraux formés par la nature, proposant un choix incroyable et en partie pas encore exploité, proposant un large éventail d’éléments naturels.
Oxyde de fer noir
Oxydes de fer jaune/rouge/noir
Oxydes de fer jaune et rouge
Hydroxyde de fer naturel (limonite)
Oxydes de fer jaune/rouge/noir
Oxydes de fer jaune
Oxyde de fer rouge
Oxyde de fer rouge
Oxyde de fer naturel (hématite)
Oxyde de fer et oxyde de manganèse
Oxyde de chrome vert
Aluminosilicate de sodium polysulfuré
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Les bétons colorés sont le résultat de l’addition de pigments minéraux colorés, avec un dosage inférieur à 5% du poids du ciment. Ces pigments sont principalement des oxydes de fer afin d’obtenir des teintes pouvant aller du jaune au noir en passant par le rouge, de l’oxyde de chrome pour les différentes variations de vert et le cobalt pour les nuances de bleu ( utilisés il y a des millions d’années par les Égyptiens ). Il faut préciser que les pigments de synthèse assurent l’obtention d’une coloration plus homogène que les pigments naturels. Un béton coloré sera généralement conçu avec un ciment blanc, notons qu’il est préférable d’associer aux pigments des granulats et sables de la même couleur. Les pigments peuvent également être utilisés pour améliorer l’homogénéité d’une surface de béton constitué de ciment gris, il faudra alors utiliser des pigments minéraux car ils résistent mieux aux alcalin et UV. Comme énoncé précédemment, chaque phase de conception du béton est décisive dans le résultat final de la teinte et la couleur, c’est pour cela que l’étape de coulage et de vibration est tout aussi importante que les autres.
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La perception que l’on peut se faire du béton est entrain de muter grâce aux nouvelles compositions donnant de nombreuses gammes de couleur possible. L’image du bunker froid ou de la barre de logement austère risque fortement d’être mise de côté face aux nouveaux édifices que l’on peut voir apparaître de plus en plus de nos jours. De nouveaux projets voient le jour et arborent fièrement leur peau de béton brut qui dévoile de subtiles nuances de couleur. Il est important de faire le point sur ces nouvelles techniques de teintes ou de colorations afin de pouvoir affirmer que : non, aujourd’hui le béton n’est pas que gris et que son nuancier de couleur est infini car le nombre de variantes contrôlables, dans le processus de détermination d’une couleur donnée est ajustable à nos moindres désirs. Ces techniques sont des enjeux cruciaux dans le devenir du béton, dans la construction et l’image que l’on peut ce faire de ce matériau soit disant sombre et banal. Nous verrons par la suite que cette question de la teinte et couleur du béton peut être un paramètre important dans la réflexion du projet.
Oxyde de fer
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2 - La composition du béton comme élément du projet Générateur d’atmosphère
(a)_Le mélange comme réponse à une pensé du projet Comme nous avons pu le voir précédemment, les compositions classiques du béton ont muté, induisant ainsi de nouvelles expressions architecturales, ces répercutions se font ainsi ressentir dans l’architecture de certains architectes qui prônent un retour au béton architectonique. Pour beaucoup, la composition du béton est un élément crucial dans la réflexion du projet, il représente une approche du béton qui témoigne des convictions et volontés de l’architecte dans sa pensée. L’un des exemples significatif est l’architecte suisse Valerio Olgiati, sa réflexion du projet se porte sur la recherche d’une architecture abstraite et non-référentielle. Il utilise majoritairement le béton dans cette quête de dé-contextualisation et d’abstraction, ce qui procure à ses projets leur atmosphère si particulière (voir mystique). La composition et le dosage du béton sont donc des données non négligeables dans la réflexion du projet, car déterminantes pour l’aspect final de l’édifice. Le béton est la réponse au questionnement d’Olgiati concernant le choix du matériau à utiliser, il est le plus opérant au niveau du résultat de l’aspect final de l’édifice, face au
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bois ou à l’acier par exemple. Dans ses projets, Olgiatie utilise une géométrie épurée et le plus souvent linéaire, ainsi toute la richesse se trouve dans les détails d’assemblage, techniques de coffrage, texture du béton ainsi que sa composition. Le musée du le Parc suisse de Zernez est un édifice représentatif du travail de réflexion de Valerio Olgiati sur l’abstraction du projet. Monolithe entièrement coulé dans un seul bloc de béton, sans reprise ni joint en silicone, les murs sont en béton isolant de 55 cm d’épaisseur et les dalles en béton normal (voir image p 28). « En général, ce matériau est un mélange de ciment gris et de gravier gris, le gravier gris pouvant être séparé en farine calcaire, sable gris et gravier gris. » 5 Pour ce bâtiment, Olgiati a renouvelé ses composants (Voir image 1-a). Les petites billes de verre expansé ainsi que le Liapor assurent l’isolation thermique de la paroi, permettant ainsi d’obtenir un mur monolithique en béton coulé sur place et parvenant à satisfaire les exigences actuelles en matière de consommation d’énergie.
Abstraction
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Un autre exemple significatif de l’importance de la composition du béton dans la réflexion du projet est le Temple blanc, réalisé par l’agence Takashi Yamaguchi & Associates. Le site est au nord-ouest de Kyoto, dans un parc naturel, le bâtiment se trouve en bas d’un lac, entouré de montagnes. Ce temple traduit en volume la notion de pureté et de Zen, objet de contemplation d’une extrême simplicité, contrastant fortement avec les bâtiments traditionnels du site. Cette boîte semble léviter au dessus du sol, représentant de façon abstraite l’ “utérus“ d’une femme dans lequel le quidam a l’impression de planer à l’intérieur de cette espace de prière. l’enveloppe est en béton coulé sur place, avec une structure quasi monolithique. Comme pour le projet précédent, la composition classique du béton a été remaniée de façon à obtenir une forme et une surface la plus lisse et homogène possible. Takashi Yamaguchi a utilisé du ciment blanc avec un ratio eau / ciment et des adjuvants, donnant au mélange une fluidité extrême, assurant ainsi un béton épousant les banches de coffrage à la perfection.
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Les granulats quant à eux sont tendres (certains marbres), afin d’obtenir un béton le plus blanc possible après un polissage mat. Le résultat esthétique du projet donne un pavé compact, sans joint ni suture, d’un blanc immaculé évoquant la pureté. Ce type d’architecture évoque une attirance culturelle japonaise pour un certain minimalisme. Le béton est le seul matériau a pouvoir exprimer le propos même du projet ainsi que les volontés de l’architecte. Le temple ne pouvait pas être construit en bois, acier ou pierre car le nombre de composants et d’assemblages constructifs auraient été innombrables. La composition du béton a donc été un élément important dans la réflexion du projet étant donné la corrélation qu’elle entretient avec la forme et la surface recherchées, en tenant compte de la façon selon laquelle le béton sera employé. Le mélange du béton utilisé permet ainsi d’exprimer à l’intérieur du temple un jeu subtil de mutation de la densité lumineuse, suivant le changement de luminosité du ciel, donnant ainsi un espace mouvant. La composition du béton permet une multitude d’expressions plastiques et architecturales
Minimalisme
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(b)_La teinte comme génératrice d’atmosphère Les nouvelles compositions de béton donnent à ce matériau une incroyable diversité, pouvant assouvir n’importe laquelle de notre attente en matière de coloration du matériau. Le béton coloré permet ainsi l’obtention d’une paroi structurelle monolithe sans traitement secondaire afin d’obtenir une coloration de l’enveloppe. L’exemple de la Casa Fosc des architectes Pezo Von Ellrichshausen à San Pedro au Chili est représentatif des capacités physiques et esthétiques des bétons colorés. Cet ouvrage est à la fois un exercice de réflexion sur la forme et la structure. Ce monolithe brut de décoffrage offre un aspect mystérieux aux doux contrastes de teintes, donnant un édifice «moderne rustique» qui se love d’une couleur verte aux tonalités changeantes en fonction de l’intensité lumineuse, de la course du soleil et l’humidité présente sur la surface du béton. Ces murs constitués de deux parois en béton armé indépendantes, avec une couche isolante entre les deux, semble à mi-chemin entre le minéral et le végétal. Le béton est fait à base de ciment blanc et d’oxyde de cuivre sur la double peau en béton et de granulats fin afin d’obtenir une
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surface à la matrice du béton composée du plus possible d’éléments compactes et d’une couleur semblable. Les variations animant la façade, révèlent les imperfections et irrégularités de la matière. Les veines du bois, les rugosités et l’irrégularité artisanale de certaines découpes du coffrage, illustrent la pureté du geste. Comme nous le verrons ensuite, ce type de construction monolithique implique une vraie collaboration entre l’architecte et l’artisan qui vont s’échanger leur expérience afin de permettre la création d’un édifice résultant de la sensibilité de l’architecte et le savoir faire de la main de l’homme. Mais, le monolithique en béton est aussi le fruit d’une collaboration engagée entre l’architecte, l’ingénieur et les entreprises de construction afin d’arriver à un résultat unique relevant presque de l’œuvre d’art. Ce type de bâtiment en plein essor commence à faire son chemin dans l’architecture et reflète une vraie motivation de « bien construire » et un certain retour à l’artisanat et à l’ancienne valeur de l’architecture antique du point de vue architectonique et de mise en œuvre.
Le moderne rustique
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3 - Les nouvelles compositions Les bétons du futures
(a)_Le Béton Fibré à Ultrahaute Performance Si l’ont veut aller plus loin dans l’évolution des compositions du béton, nous pouvons nous intéresser de plus près à un type de béton qui est en vogue de nos jours: Le Ductal®. En effet, ce dernier permet en plus du côté esthétique du béton que l’on a pu voir auparavant, la possibilité de réaliser des performances statiques. Ceci, grâce aux avancées au niveau de la recherche sur les compositions et les découvertes au niveau des dimensions de plus en plus petites des composants. En effet, les avancées technologiques à l’échelle du micro mètre permettent de travailler sur des agrégats de plus en plus fin et donc d’obtenir un mélange de plus en plus compact et performant. En 1980, les ingénieurs travaillaient à l’échelle du millième de mètre, les recherches actuelles se portent sur le milliardième de mètre, juste avant l’échelle atomique. La densité de l’agglomérat et les propriétés intrinsèques des composants déterminent le code génétique des capacités de l’ensemble des différentes sortes de béton, à l’image du génome humain. Ces nouveaux produits innovants se diversifient, permettant ainsi l’utilisation d’un type de béton
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parfaitement adapté pour chaque contexte. Les capacités techniques de ces nouveaux bétons ne sont pas encore exploitées au maximum et nous réservent encore bien des surprises. Les bétons fibrés à ultrahautes performances (BFUP), d’une compacité, finesse et durabilité amplifiée, dont les premiers développements ont été en français, sont fabriqués depuis le début des années 2000. Ces derniers sont composés de produits fins, en grande majorité de diamètre inférieur au millimètre, permettant ainsi d’augmenter les performances à cette échelle en remplissant les macrospores qui affaiblissent les interfaces entre la pâte du ciment et ces agrégats. La pâte de ciment peut ainsi atteindre une très haute densité d’empilement, donnant au BFUP des propriétés jusque là inconnues : résistance à la compression égale à celle de l’acier doux avec parallèlement un ratio résistance / poids supérieur à celui de l’acier! Construit à Gignac en 2005 par Rudy Ricciotti, le pont du diable est un projet qui manifeste bien les capacités inexploitées du béton et plus particulièrement des BFUP. Ce pont fût l’un des premiers chantiers Ductal®.
BFUP
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Cette passerelle mesure 70 m de long, 1,80 m de haut et offre discrétion et légèreté dans le paysage. Elle est formée de 15 voussoirs monolithiques en Ductal® précontraint (supérieur face au précontrainte de béton classique) préfabriqués en usine à partir d’un seul moule et se posant sur deux appuis. Le Ductal® permettant d’imposer une précontrainte bien supérieur au béton précontraint classique et de s’exempter de toute armature, le tablier de cette passerelle se résume en une simple dalle de 4 cm d’épaisseur. Cet ouvrage a nécessité plus d’ingénieurs que d’ouvriers sur le chantier, ce qui témoigne néanmoins des mutations sur la manière de construire. L’architecte n’est plus seul, c’est une collaboration où le savoir est partagé, permettant de faire de cet ouvrage une première mondiale en termes d’élancement et de hauteur statique. Cette poutre à flèche inversée sur deux appuis libres contrairement aux exemples classiques ne fléchie pas, elle travaille entièrement en compression. Cela est possible car le Ductal® est une matière très dense avec un empilement granulaire avec 8 fois moins de porosité qu’un béton normal.
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Le Mucem de Marseille est un projet contemporain témoignant des capacités de ces nouveaux bétons qui ne sont pas encore exploités à leur maximum. En effet, la passerelle aérienne donnant accès à l’édifice par le haut, utilise la même technologie, le même type de béton et la même hauteur statique que son grand frère, 10 ans auparavant. Mais, aujourd’hui cette nouvelle passerelle atteint les 130 m de long, dont 80 m entre chaque appuis avec toujours une hauteur statique de 1,80 m, soit 10 m de plus que son prédécesseur. Les bétons classiques supportent en flexion une force de 20 mPa, alors que le Ductal® va travailler jusqu’à 150 mPa (le point de rupture du Ductal® est de 250 mPa). Cette passerelle a été construite avec les mêmes moules que le pont du diable, conservés 10 ans après. La portée a pu être augmentée car l’ingénieur a fabriqué un appui encastré côté fort et un appui glissant côté du Mucem, permettant d’augmenter les moments fléchissants en appui et de réduire les moments fléchissants en travée. Ces deux exemples acquiescent des potentialités démesurées de ces nouveaux bétons.
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(b)_Les nouveaux bétons du futur Actuellement, la recherche en matière de béton est en plein essor, donnant naissance à de tous nouveaux types de bétons défiant toutes les capacités des bétons classiques. La future apparition de ces bétons et de la mise en œuvre de ces derniers vont à coup sûr transformer les chantiers de constructions. l’Agilia® est un béton auto plaçant résultant de la recherche de l’exacte proportion du mélange entre tous ses composants. Habituellement, en augmentant l’eau dans le ratio eau /béton, le fluide est plus facile à placer dans le moule du coffrage, mais on diminuera alors la durabilité finale du mélange après la prise. Mais, le béton auto plaçant est composé d’agents plastiques, d’agrégats et de ciment optimisé afin d’obtenir une compression idéale du mélange, permettant le coffrage de moules très minces et complexes, donnant des surfaces d’une texture remarquable. Ainsi les BAP sont de nos jours couramment utilisés pour de multiples tâches. Les bétons autonettoyants ont aussi fait leur apparition en 2005, assurant une plus grande résistance aux salissures. L’intérêt de ce type de béton est de donner à la surface du matériau
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une fonctionnalité nouvelle se traduisant par une aptitude de résister d’avantage aux dégradations causées par des milieux aériens néfastes. Les BAN sont surtout employés dans les milieux urbains, les lieux pollués, les ensembles industriels, afin de créer une ouverture sur les nouvelles compositions du béton qui ne sont pas en manque d’imagination. Il est intéressant de parler du futur béton en cour d’expérimentation, preuve que les bétons commencent à pouvoir s’adapter à n’importe quel type de contexte. La vision froide et opaque que grand nombre de personnes peut avoir va être révolue. En effet, le LiTraCon® est un béton translucide qui commence à voir le jour depuis 2008, faisant de ce matériau, à la base opaque, une paroi pouvant diffuser le la lumière. Cette prouesse est le résultat de l’ajout de fibres optiques qui conduisent la lumière à travers la paroi, pas plus de 4% du volume du mélange. Pour finir, la technologie des bétons s’est perpétuellement amplifiée, améliorée, depuis le 19e siècle, menant aujourd’hui à des bétons performants. On ne peut douter que la durabilité de la peau du béton suivra la même tendance.
BĂŠton translucide
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4 - La proximité Un matériau local
(a)_Des composants à porter de main, les carrières Après avoir analysé les différentes nouveautés en matière de composition de béton et les nouvelles architectures qui en découlent, il est important de se questionner sur la localisation de ces composants et leur caractère local. Le béton est un matériau de construction universel qui est aujourd’hui le plus utilisé au monde et qui est en matière de développement durable un matériau de proximité, fabriqué sur tout le territoire, se faisant à froid et à partir d’éléments naturels présents presque partout dans le monde en grande quantité : sable, gravier, eau, gypse, calcaire et argile. La France est en train d’en faire un matériau pleinement adapté à la construction durable (entre autre car le béton est le matériau le plus pérenne car le béton est soucieux de l’environnement tout au long de sa chaîne de production comme de la mise en œuvre. Des grands groupes industriels français d’efforcent d’avoir une démarche de développement durable afin de revaloriser le béton face aux matériaux en vogues. Pour cela, la part des énergies fossiles dans la production du ciment a été réduite grâce à l’introduction d’une valorisation des déchets
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ménagers et industriels dans ses fours. Les déchets des uns deviennent les combustibles des autres. Donnant un matériau fabriqué à partir de matières naturelles et entièrement recyclables. De plus, l’utilisation de biomasse et autres techniques sont mises en place, afin de diminuer chaque année les émissions de CO2 dans la chaîne de production. La filière française du béton est l’une des plus innovantes au monde afin de pouvoir s’élever au rang des matériaux star du développement durable. La proximité des matériaux affirme la nécessité d’un « raisonnement » des déplacements. En matière de développement durable, on trouve des centrales béton et des usines de préfabrication sur l’ensemble du territoire français. Les composants du béton sont également produits et extraits localement, ce qui permet de limiter le transport et donc les émissions de CO2. Les industries cimentières créent de l’activité et de la richesse local avec des sites de production en France, affirmant un secteur bien ancré dans les territoires. De plus, elles proposent d’exploiter des gisements naturels de proximité, au lieu d’exploiter des matériaux, au prix de
« Le dépit des architectes est là, au point que l’un d’entre eux, Jean Guervilly, ami du béton (lors d’une présentation publique au palais des sports à Toulouse) interprétait ce barbare slogan HQE® comme suit : « Le H j’en prends de temps en temps, le Q autant que je peux, mais pour le E j’hésite ». Pourtant le caractère in situ du béton, la territorialisation de sa chaîne de production en fait l’exemple même de citoyenneté en balayant devant sa porte dans une chaîne courte de production. Bien vu dans nos nouvelles intolérances tout ce qui externalise l’effort, le sale ; vers l’ailleurs... » Ruddy Ricciotti, HQE
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nombreux impacts environnementaux et nuisances générées par leur transport (pollution, bruit, etc.). Face à cela, il me paraît inacceptable, aujourd’hui, que l’on puisse prôner X matériaux, qui soit disant, répondent aux enjeux du développement durable, alors que leur fabrication se fait hors du continent européen, et qu’elle demande une quantité de matière grise non négligeable, et que sa chaîne de production, ainsi que les traitements chimiques postérieurs, sont démesurés! Est-ce des mesures visant à favoriser les efficacités énergétiques ? Si l’on s’intéresse de plus près aux sites d’extraction locaux, les matières premières nécessaires à la fabrication du ciment, calcaire et argile, sont extraits en carrière, et chaque ouverture de carrière est soumise à une étude d’impact environnementale préalable. Durant son exploitation elle fait l’objet d’attentions particulières destinées à limiter les gênes induites par l’extraction. Ces dernières, après leur période d’exploitation doivent obligatoirement faire l’objet d’un plan de réhabilitation, soit en les restituant à la vie sauvage ou alors en les donnant au service de la
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collectivité. L’industrie cimentière met un point d’honneur à réaménager ses carrières. Avec le « calcaire de Tournai » nous avons un bon exemple avec l’ancienne carrière de l’Orient juxtaposée à la piscine de Tournai devenue un lieu naturel où la biodiversité y a retrouvé sa place. Aujourd’hui, elle s’est remplie d’eau et offre une nouvelle zone récréative à la ville, formant un lac où les gens viennent se baigner l’été, entouré de roche, de végétation et des ruines anciens fours à chaux, et faisant partie intégrante du patrimoine de Tournai. Les entreprises cimentières ont bien saisi les enjeux et s’efforcent de progresser dans cette voie. Mais, ces industries commencent à voir planer au dessus d’eux une réelle distorsion de concurrence de la part de produits provenant de pays hors Union Européenne, non soumis aux mêmes règles sociales et environnementales. Certains pays comme la Chine veulent monopoliser le marché du béton et cela à n’importe quel prix, en ne se souciant point des émissions de CO2 et de la notion de développement durable, des efforts sont encore à faire par ces pays.
Le bĂŠton est home made A deux pas de la ville, un paysage Industriel et paysager oubliĂŠ.
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(b)_L’aspect local comme lien entre architecture et paysage Le caractère local du béton peut avoir une importance dans la réflexion du projet et créer une interaction entre architecture et paysage. L’architecte I.M. Pei a été l’un des plus ingénieux parmi ceux qui se sont préoccupés de la façon de “construire“ avec le béton apparent en s’engageant dans plusieurs expérimentations sur l’aspect visuel et tactile du béton. L’une de ses premières expériences fût le National center of atmosphe atmospheric research au Colorado, au pied d’une chaîne de montagne. Pei voulait que son édifice semble sortir de terre, afin d’être en accord avec la montagne juste derrière, ne faisant qu’un avec la masse rocheuse gisant autour. L’architecte a conçu un béton très sophistiqué pour son époque, en ajoutant du sable provenant de roche extraite à proximité, Pei donna au béton une teinte d’un brun rougeâtre s’approchant de celle des montagnes en arrière plan. Toujours dans cette démarche de mimétisme, l’architecte décida de procurer au béton une texture rugueuse et rainurée à l’aide d’un bouchardage donnant la sensation que les parois émergeaient du site, faisant allusion au «process» d’érosion. Le
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projet est ainsi spécifique au site qui l’accueil. L’ajout d’agrégats provenant de la région où les projets étaient édifiés, était l’habitude d’Auguste Perret, alternant ainsi la couleur de ses bétons en leur donnant le statut de matériaux locaux. On peut donc observer que l’utilisation dans la composition du béton des composants locaux va ainsi engendrer un type de béton spécifique pour chaque région. Un béton donnant des représentations caractéristiques d’une partie du territoire, avec des propriétés intrinsèques à lui même, mettant en place une corrélation entre le type de sol que l’on peut trouver à cet endroit et la couleur / teinte du béton. Ce matériau local témoigne que le béton n’a pas d’apparence propre mais une multitude possible, fruit des propriétés intrinsèques du sol sur lequel il se trouve. Est-ce le moyen d’un retour au traditionalisme de la maison en pierre propre à sa région ? Le béton est le seul matériau à pouvoir se rapprocher de la roche, d’être capable de mimer le symbole d’une région, afin de produire un édifice étant fait de composant venant de la terre où il s’implante et prenant ainsi un aspect local et régional.
mimĂŠtisme
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Notes : 5_Extrait de Une confĂŠrence de Valerio Olgiati, Valerio Olgiati
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- Empreinte et mÊmoire du chantier Renouer avec l’artisanat
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1 - Le coffrage Mémoire du chantier
(a)_Nouvelles techniques de coffrage Après s’être intéressé aux nouveaux mélanges et à leurs résultantes, place aux nouvelles techniques de coffrage et aux aspects de surfaces qui en résulte. Les nouvelles avancées en termes de mélange et de coffrage du béton permettent une liberté de forme et de mise en œuvre du béton extrêmement large. Ces nouvelles techniques et technologies de mise en œuvre permettent aux architectes d’être capables de contrôler la matière et de lui procurer un aspect formel et significatif dans un champ d’expression quasi infini. De nos jours, les coffrages ne sont plus simplement en bois, il existe plusieurs familles de coffrage : acier, bois, plastique, polystyrène expansé, polystyrène coulé, caoutchouc, élastomère et chacune d’entre elles va donner un résultat de surface bien particulier. Les coffrages à matrice élastomère sont le plus souvent utilisé pour donner à la surface de la peau de béton un certain relief contrôlé ou aléatoire complexe, donnant une surface sculptée grâce à des coffrages en négatif permettant n’importe quelle forme. L’acier, lui, est utilisé comme coffrage quand l’architecte veut obtenir une certaine coloration se produi-
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sant pendant la prise du béton. Les nouveaux coffrages en bois peuvent être soit “bakélisés“ afin d’avoir un rendu de surface lisse ou brillant, ou être rabotés ou non si l’on veut un béton lisse ou empruntant l’aspect de surface du bois. Les planches de bois peuvent être absorbantes ou non afin de donner différentes teintes à la même surface de béton allant du plus claire au plus sombre. Il existe aussi des coffrages en « planches de chantier irrégulières » afin de procurer à la peau de béton un aspect très rugueux et brut de décoffrage. On peut aussi brûler le coffrage après la prise du béton comme avec la Chapelle St Nicolas de P.Zumthor afin de laisser des stigmates sur la surface de la peau de béton. Cette liste exhaustive des différentes nouvelles façons de mise en œuvre des coffrages en bois témoigne de toute la richesse des nouveaux coffrages et de leur potentialité future. Les coffrages sont le langage du béton et leur visage, ils permettent à la matière de s’exprimer suivant une multitude de procédé et représentent une grande importance dans la réflexion sur l’expression formelle du projet.
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(b)_Les coffrages du futur Au même titre que les nouveaux mélanges de béton, les techniques de coffrage connaissent un grand essor et risque fortement de bouleverser la vision que l’on peut se faire du coffrage. Le béton moulé dans du tissu est encore à un stade expérimental mais témoigne assez bien des potentialités de développement des techniques de coffrage. C’est au Centre des structures et des techniques architecturales de l’Université du Manitoba au Canada qu’est en voie de développement l’utilisation de membranes souples en tissu afin de renouveler les matériaux “ durs “ utilisés pour les coffrages. Ces recherches se trouvent dans la continuité des expériences menées à la fin du 20ème siècle par l’architecte Miguel Fisac, et démontrent que les possibilités d’utilisation de matériaux comme coffrage est surprenante, pouvant ainsi produire des bétons avec des textures remarquables et un aspect formel étonnamment sculptural. La particularité de ce moule se trouve dans les propriétés intrinsèques du tissu à l’état “ tendu “ dans les trois dimensions du fait que ce dernier est mis en tension. En effet, le béton moulé dans du tissu va acquérir une
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grande capacité au niveau de son ratio poids / résistance, car la forme que le béton va prendre va correspondre à la répartition de ses efforts dans sa masse, produisant une diminution du volume total du matériau. Cette technique de moulage permet aussi des économies en réutilisant les panneaux préfabriqués comme « contre moule », le moulage en béton devient moule à son tour. De ce fait, l’élément « contre moulé » sera nécessairement résistant aux efforts de compression car sa forme est exactement l’opposée de la forme du tissu mis en tension pendant la confection du moule de base, du fait que la tension et la compression sont opposées. Les membranes utilisées comme moule vont ainsi se retrouver contre la surface du matériau pendant la prise et former une couche supérieure à la peau de béton permettant à l’eau et aux bulles d’air se situant dans la partie supérieure du béton de s’évaporer lors de la prise, procurant alors une peau avec un grain d’une finesse remarquable. On peut imaginer la possibilité de créer de nombreuses modénatures à la peau de béton par une déformation de la texture du moule en tissu.
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2 - La surface Substance
(a)_Empreinte le language des autres matériaux Les nouvelles techniques de coffrage induisent l’apparition d’une multitude d’aspects de surface possibles, se demandant ainsi si de nouvelles formes d’expression de la surface du béton ont pu voir le jour. Cette pierre liquide qu’est le béton engendre une architecture ‘parlante‘ qui nous parle d’empreinte constructive. En effet, les empreintes, les marques, les trous, les cicatrices, les séquelles sont d’autant de mots capables d’exprimer la mémoire d’un travail ou de l’utilisation d’un matériau sur la matière. L’empreinte laissée sur la surface du béton par l’utilisation d’un matériau donné nous parle de technique de construction offrant un mimétisme de la matière, cette empreinte matérielle témoigne d’un vecteur entre objectif final et intention du projet car la surface souhaitée est réfléchie antérieurement en négatif. Cette empreinte démontre un lien fort entre : réalisation final du projet, processus de conception et techniques de construction, l’empreinte constructive peut alors receler un message comme on pourra le voir ensuite avec la Chapelle saint Nicolas de Peter Zumthor. Le béton est capable de mimer le langage
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des autres matériaux car il n’a pas de langage propre. Si l’on confronte le fait que le béton n’a pas de langage propre à la pensée d’Adolf Loos, alors ce matériau s’écarte des principes de Loos : « Chaque matériau a son propre langage formel, et aucun ne peut parler une langue étrangère. » 6 Le béton aurait trahi la loi des matériaux ? Il n’a pas d’apparence propre mais une multitude possible ainsi que de multiples combinaisons. Par exemple, les nouveaux bétons auto plaçant super plastifiant permettent de saisir dans le moindre détail l’empreinte d’un matériau comme le bois, l’acier, la pierre afin de le sublimer, par exemple, le fait de pouvoir transmettre les qualités esthétiques d’un matériau comme le bois sans les contraintes de ce dernier. Il faut cependant nuancer un peu ce propos car le béton ne se veut pas être un matériau trompeur mais au contrainte un matériau honnête, ainsi le langage du béton ne dira pas « je suis du bois » mais plutôt « j’ai été fait dans un coffrage en bois ». Il existe une mémoire des matériaux mais aussi des matériaux de la mémoire.
matĂŠriau de la mĂŠmoire
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(b)_Le coffrage comme expression artistique Les nouvelles utilisations du coffrage et le caractère mimétique du béton font de ce dernier un outil d’expression architectural mais aussi artistique. La Chapelle saint Nicolas de Peter Zumthor est représentatif de la notion d’empreinte et mémoire du chantier mais aussi de la grande capacité d’expression artistique du matériau. En effet, ce projet est une manipulation du béton dans un aspect plus sensible et une réelle source d’imagination et de nouveauté. La monomanie de la mono-matière est en pleine mutation grâce aux nouvelles techniques de coffrage et de mise en œuvre, plaçant le béton comme support d’expression, mais aussi comme le lien entre art et matière, car le béton est un outil facile à manier et d’une grande plasticité permettant une maniabilité remarquable. Cet “art“ de la matière peut ainsi permettre une collaboration entre artiste, architecte, ingénieur et ouvrier, produisant un résultat à la fois brut et subtil. Les nouvelles techniques permettent donc de pouvoir manipuler la matière et ce que l’on met à l’intérieur, afin de donner une nouvelle expression à la surface du béton. La tendance à dériver de leur utilisation générale
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des matériaux traditionnels et à les réinterpréter dans une vision plus sensible est un véritable souffle d’inspiration et de nouveauté. Pour Alberto Abriani : « Chaque matériau recèle un message, et aux caractéristiques de chaque matériau correspondent un type de construction déterminé et des techniques de construction spécifiques.» Car la mémoire n’est pas qu’en nous, elle est aussi dans les objets, et permet par conséquent de reconnaître leur appartenance. » 7 La matière est un media d’expression et transmet des projections plastiques et intrinsèques, le process de solidification de la matière permet de générer des illusions et de procurer au béton un caractère irréel. Comme on a pu le voir précédemment, les nouvelles techniques de mise en œuvre et compositions du béton offrent la possibilité d’un mimétisme de la matière, par impression et interaction matérielle. L’architecture est synonyme d’illusion. Certains matériaux sont plus enclins à exprimer et traduire la mémoire du chantier que d’autres, l’initiative artistique peut-elle être considérée comme démarche du projet ?
La monomanie de la mono-matière
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La chapelle Saint Nicolas de P.Zumthor est une réponse affirmative à la question précédente. Cette chapelle est faite avec des matériaux locaux et s’inscrit ainsi dans une démarche de développement durable favorisant l’artisanat local. Elle retranscrit l’essence de la présence d’une «mémoire du chantier» dans le béton. Peter Zumthor a donc choisi la localité afin de créer un édifice appartenant à son contexte, qui est naît de produits régionaux du site où il s’implante. Ainsi, 112 troncs d’arbre de 12m de long ont été assemblés pour créer un tipi géant, puis le béton est coulé en 24 couches de 0,5 m de hauteur afin de créer une modénature à la texture du béton. Le coffrage intérieur de la chapelle a ensuite était brûlé postérieurement à la fin de la prise du béton et le sol, en plomb fondu, dessine des courbes aléatoires. Dans les trous des étançons ont été placés 350 yeux de verre permettant un apport lumineux à l’intérieur de la chapelle, représentation abstraite des vitraux d’une église. La totalité des procédés de mise en œuvre ont ainsi été imprégnés dans la surface du béton, l’atmosphère découlant ainsi de la succession de ces
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différentes techniques sur la mono-matière et procurant une formidable expérience sensorielle. La lumière subtilement regroupée, dévoile les ondulations du sol en plomb et les grains, à la surface du béton, devenus noir. Peter Zumthor a choisi la technique de mise en œuvre et de coffrage comme postulat de base de la réflexion du projet, ainsi l’art de reformuler la matière se voit être une chance et une remarquable source de moyen d’expression artistique. Cette édifice est l’image de “l’empreinte du feu dans la matière“, donnant un résultat à la fois subtil et poétique, proposant une approche plus sensible de la matière brute, l’empreinte de la mise en œuvre du béton recèle un message. Zumthor a su prouver avec cet édifice “expérimental“ que le béton est un véritable moyen d’expression artistique et permet de pouvoir faire passer un message à travers la matière et de réinterpréter à sa façon la mise en œuvre du béton afin d’exprimer une certaine sensibilité et subtilité dans un projet. comme nous pourrons le voir plus loin, ces états de surface permettent d’identifier avec simplicité et justesse les intentions fortes d’un projet.
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3 - Le monolithe Ode au béton
(a)_L’expérience de la mono-matière Nous avons pu voir précédemment, les nouvelles compositions de béton et techniques de coffrage produisent un certain type d’architecture tendant vers la mono-matière et ayant des aspects de surface recelant une grande potentialité d’expression de la matière. La matière possède son aspect poétique, se révélant être une expérimentation de notre corps, activant nos sens et ainsi donnant sens au projet. Elle évolue avec le temps et les nouvelles avancées, répondant aux désirs les plus avant-gardistes des architectes, allant même jusqu’à un emploi extrême d’un matériau à l’instar des bâtiments monolithique, essentiellement composé en béton. Ces monolithe en béton représentent un geste revendiquant l’aspect formel et sensoriel attribué à l’édifice, la mono-matière n’est donc pas pauvre et peut donner un sens à un édifice à elle seule. La simple oscillation de nuances de surface peut offrir de subtiles variations sur la peau d’un bâtiment. À l’image de la musique, la simple variation de tonalité ou de nuance d’une note peut permettre de composer une mélodie et donner un sens à cette note. La matière a elle aussi l’aptitude
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de composer à l’aide de nuances, rythmes et variations. Ainsi pourquoi ne pas revendiquer clairement cette utilisation de la matière et en faire véritablement un postula de base dans la réflexion du projet? La monochromie n’est pas la représentation de la monotonie ! Ces différents traitements d’une même matière sont un appel au toucher, s’adressant ainsi à nos sens, la matière devient poétique. La mono-matière est le langage visuel et sensoriel de l’empreinte constructive, les différentes nuances de reliefs ou teintes instaurées à la mono-matière sont ainsi l’expression du process d’impression de la peau du béton lors de sa phase de durcissement, retranscrivant ainsi physiquement des étapes du chantier statufiées dans l’édifice. Ces états de surface créés par l’empreinte du chantier poussent nos sens à s’interroger, nous forcent à sympathiser avec elle, adhérant ainsi à un rapport tactile intime avec la matière que l’on ne pourrait pas avoir avec les autres arts, le contact immédiat entre corps et matière. Ce contact est la réponse directe à un certain besoin d’éclaircissement sur l’aspect formel et réel de la surface de l’édifice.
Une expĂŠrience sensorielle
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La démarche de la mono-matière induit une importance cruciale dans le simple choix du traitement de la surface du béton, cette action sera alors lourde de signification et représentera une décision forte. La moindre nuance de surface sera perçue comme une nouvelle expérimentation sensorielle et donc un appel au toucher. Notre appétit de réponse nous appellera à interpeler physiquement la matière afin de la comprendre, en examinant ses variations de surface: relief, imperfection, tonalité, etc. Cette interaction avec la matière nous donne ainsi une certaine fusion entre l’esprit, le corps et la matière, Jacques Lucan dit : « Il y a donc une différence entre jeter un coup d’œil, avoir une impression fugace, momentanée dans l’expérience d’un mouvement, et fixer longuement le regard sur un objet architectural, dans une présence sédentaire, recherchant l’accoutumance, presque une impression tactile: dans ce cas, le face à face avec la matière devient une expérience sensible que certaines architectures des temps présents nous invitent à éprouver. » 8. Le bâtiment monolithique représente ainsi une expérience poétique sensorielle du quidam.
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Présentement, nous sommes conscients qu’il n’est pas facile de réaliser un édifice dans la démarche cent pour cent mono-matière, le besoin d’isoler, altère avec le concept d’unité matérielle constructive totale. Mais de nos jours l’on peut voir apparaître de nouveau béton isolant permettant ainsi de s’affranchir de l’isolation à l’intérieur des murs et se rapprochant ainsi de la mono-matière comme avec le musée d’Olgiati. La question de la mise en œuvre et des méthodes de construction sont des éléments importants dans la réflexion du projet, afin d’atteindre une unité maximum de la matière. L’architecture suisse témoigne avec précision et stakhanovisme de la facilité du maniement du béton, procurant une identité épurée et une finesse à l’édifice. Le Kunstmuseum Liechtenstein réalisé par Kerez est un bon exemple car il arrive paradoxalement à dissimuler ce bloc monolithique noir dans une subtile illusion d’optique. Grâce à un ciment teinté, à l’incrustation de pierres de basalte, de particule de quartz et l’application d’une lasure aux effets réfléchissant, la lumière extérieure donne une discrétion simpliste à ce monolithe par réflexion.
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(b)_La vérité structurelle L’intérêt actuel pour le monolithe pousse certains architectes à se questionner sur la vérité de la structure du bâtiment. La question de la vérité de la structure ou vérité constructive a été un thème récurrent dans l’histoire de l’architecture. C’est une question qui a animée et querellée plusieurs générations d’architectes, soit par souci esthétique ou par pure conviction, cette dialectique entre la structure et le revêtement reste un thème toujours d’actualité présentement. La vérité structurelle ne relève pas du simple fait de rendre apparente une structure primaire aux yeux de tous, mais englobe toute une réflexion sur le concept de tectonique du bâtiment, et sur la valeur poétique et monumentale d’un projet. La vérité structurelle est née de la découverte de nouveaux matériaux plus performants, ainsi que leurs techniques de construction, or aujourd’hui comme nous avons pu le voir nous faisons encore la découverte ou l’amélioration de nouveaux matériaux. « L’étique de la vérité constructive est constamment sollicitée par les questions de notre époque.» 9
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Nous avons pu voir précédemment que dans le domaine du béton les nouvelles avancées ne sont pas négligeables. La vérité structurelle est venue de la réflexion sur la mise en œuvre du matériau vis à vis des nouvelles avancées technologiques, c’est pour cela qu’aujourd’hui avec les nouvelles découvertes et avancées techniques, nous sommes en droit de penser qu’une nouvelle vérité structurelle contemporaine est d’actualité, et qu’elle est présente dans le domaine de la construction en béton. Cette nouvelle forme de vérité, réside dans la mise en œuvre d’un matériau brut, se laissant voir tel qu’il est, dans sa qualité intrinsèque propre, le plus simplement possible .La vérité constructive provient ainsi de la mise en œuvre d’un matériau auquel on vient exécuter une technique , exprimant des détails : l’assemblage de composants en bois, la soudure de l’acier, l’empreinte du coffrage du béton. Toutes ces données doivent être des éléments importants dans la réflexion du projet. L’architecte choisit alors de donner une signification à son édifice en établissant les choix cités précédemment, dans la réalisation de son projet, c’est là
Ode au bĂŠton
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Ode au béton, le bâtiment monolithique présente une structure sans suture, sans masque ni tromperie, se donnant à voir dans son plus simple appareil sans second œuvre ni structure secondaire. Résultant simplement du gros œuvre, il se montre dans sa qualité matérielle, réglant à lui seul l’espace et le définissant. Une vérité structurelle ou chaque éléments structurel est constructif et se donne à voir en tant que tel, dans son dessin d’assemblage: celui de la banche ou du coffrage en bois. Le monolithe ne s’habille pas, il est nu, sans revêtement qui pour lui serait futile, donnant à voir une surface continue du sol au plafond sans raccord, une unité parfaite sans surplus ni élément futile. Cette vérité affirme une volonté d’émouvoir par la matière, celle de la structure même, donnant un aspect poétique et une sensibilité honnête. Le mur monolithique, archétype de la vérité structurelle s’est vu décomposer en plusieurs parties dues aux exigences économiques et au besoin accru du confort, notamment dans le domaine de la thermique. Le développent du béton isolant, permet de répondre aux normes
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thermiques d’isolation, tout en ayant un élément unique portant, couvrant et protecteur. Cela entraina ainsi un intérêt pour plusieurs architectes contemporains, recherchant une nouvelle mise en œuvre de ce matériau, sans second œuvre, afin de le révéler à nu. L’évolution des techniques, alliée aux avancements théoriques ont fait naître de nouveaux langages architecturaux. L’attention retrouvé vis à vis de la tectonique de la structure, a amené beaucoup d’architectes de Suisse ou d’Autriche à repenser de façon plus poussée la dialectique entre l’enveloppe et la structure dans les projets en béton. Comme aurait pu le penser certains historiens des années 1920 comme Sigfried Giedion, l’évolution de la vérité structurelle n’est pas allée dans le sens du rationalisme structurel visant à éliminer l’effet de masse et à tendre vers des systèmes de structure / enveloppe de plus en plus raffinés et parfaits structurellement. Au contraire, les bâtiments suisses et autrichiens contemporains semblent utiliser excessivement le béton, car les avancées techniques de ces dernières décennies touchent plutôt le raffinement du moulage et la surface.
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Le Plantahof auditorium de Valerio Olgiati est un exemple représentatif de la notion de vérité structurelle en lien avec le bâtiment monolithique en béton. En effet, cet édifice est presque entièrement fait en béton armé, mis à part le revêtement de la toiture en acier et l’isolation se trouvant entre les parois intérieures et extérieures en béton. La volonté d’une vérité structurelle se traduit par une logique constructive visant à réduire au minimum possible, le second œuvre afin d’exprimer uniquement la potentialité structurelle, plastique et esthétique du premier œuvre en béton architectonique. L’édifice est le résultat formel du gros œuvre, mettant ainsi en évidence la logique constructif et structurel du bâtiment. Le projet révèle ainsi une structure hybride de piliers et murs, traversant le bâtiment et se prolongeant extérieurement et exprimant un concept architectural significatif et parfaitement identifiable. Valerio Olgiati montre sans complexe comment le bâtiment tient structurellement et comment l’apparence tectonique de l’édifice est honnête, afin de permettre au quidam une compréhension personnelle de la statique du bâtiment.
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Ainsi, aucun second œuvre ne vient cacher la structure brute, donnant à voir la délicate surface qui utilise les qualités intrinsèques du béton et notamment la réflexion de la lumière sur les parois intérieures de l’édifice, afin de créer une pénombre intérieure visant à jouer avec la dualité de l’ombre et la lumière. L’aspect général de l’édifice donne ainsi un volume simple et épuré, offrant un espace intérieur agréablement baigné par une douce lumière grisé par les réflexions sur la peau en béton de l’édifice. Aucun élément n’est superflu, ce n’est peut être pas une vérité structurelle visant à une rationalisation de la structure en maximisant l’économie de matière dans la structure; mais une vérité honnête mettant en avant une rationalisation constructive visant à maximiser l’économie d’éléments constructifs. En effet, l’on peut observer que l’aspect constructif de l’édifice est ramené à son plus simple appareil, par une simple enveloppe regroupant à la fois le revêtement extérieur, la structure, l’isolation, les canalisations, le revêtement intérieur ; une simple paroi en béton, traduisant ainsi un certain retour à l’archétype primaire du mur.
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4 - L’artisanat Renouer avec la main de l’homme
(a)_Le coffrage artisanal On peut penser que toutes ces nouvelles avancées technologiques dans le domaine du coffrage vont amener les chantiers à se spécifier et à s’écarter de la main de l’homme, mais l’on peut voir apparaître un retour à l’artisanat. Ce n’est pas pour rien que l’architecte Louis I Kahn faisait faire l’entièreté de ses coffrages en bois par des ébénistes, prônant ainsi un travail expérimenté et assurant de ce fait une mise en œuvre stakhanoviste afin de produire un travail dévoué et productif. Pour certains projets, le coffrage du béton coulé sur place se doit d’être le plus minutieux possible et pour cela le choix de l’artisanat confère un plus à la bonne mise en œuvre du coffrage ainsi que la résolution des détails de raccord compliqué. Mais, le coffrage artisanal ne signifie pas obligatoirement le travail d’un ébéniste ou menuisier sur un coffrage en bois pour un béton coulé sur place. Par exemple le coffrage d’un béton préfabriqué peut aussi être considéré comme un coffrage artisanal dans la mesure où ce dernier requière la main d’un artisan pour sa réalisation. En effet, certains coffrages de béton préfabriqué peuvent faire appel à un artisan afin
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de prodiguer une certaine modénature ou motif au module de béton. En ce sens, le procédé artisanal peut se lier au procédé industriel car l’entièreté des moules visant à fabriquer les modules de préfabriqués sont entièrement artisanaux, acquiesçant ainsi une probable entente entre l’artisanat et l’industrie. Peut être considéré comme un coffrage artisanal la peau de béton de la bibliothèque d’Eberswalde de Herzog & De Meuron, cette bibliothèque est le fruit d’une collaboration entre architectes et artiste, résultant du domaine de la photo, peinture et de l’architecture. La façade de cet édifice a été photogravé avec comme base d’anciennes photos afin de créer une expression à la peau de béton du bâtiment, les blocs de béton préfabriqué ont donc été coulés en usine dans un coffrage réalisé à l’aide d’un photographe et d’un peintre afin de photograver chaque module. À titre indicatif, nous pouvons aussi parler des coffrages sur plâtre ou argile permettant à un artiste de sculpter l’argile qui servira de moule par la suite. L’artisanat peut relever de l’art car il est lui même l’art du savoir faire, procurant à la réalisation une sensibilité de la main humaine.
Le savoir faire de l’homme
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L’atelier Brandill de Valerio Olgiati est un remarquable exemple de la main de l’artisan dans le travail de coffrage du béton, ce projet réaliser pour le musicien Linard Bardill à Scharans en Suisse résulte de la rencontre entre l’architecte et l’artisan. Ça forme découle de la géométrie exacte de l’ancienne grange qui occuper le site, afin de respecter les normes instauré par les autorités locales. L’espace de travail du musicien occupe moins d’un tiers du volume prévu, offrant à l’intérieur de l’édifice un vaste atrium produisant un caractère monumental par une grande ouverture ellipsoïdale dans le ciel. Le projet est entièrement en béton armé coulé sur place et accueil une couche d’isolation dans un système de double coque en béton, dans les parties habitées. Le béton et sa mise en forme noue un lien entre l’homme, le bâtiment et la main de l’artisan. L’architecte pense la modénature de la peau de béton voulu en négatif pour sa réalisation, le process de réalisation de mise en oeuvre du coffrage devient alors un postula de base de la réflexion du projet. Cette édifice est une vrai ode au monolithe en béton et au travail de l’artisan.
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La surface de la peau de béton brut est constituer de centaines de rosettes décorant les murs intérieurs et extérieurs, et ce jusqu’au plafonds. Comme on a pue le voire avant, le béton permet de couler une idée dans la pierre sur place grâce au phénomène d’empreinte, Olgiati dit: « En moulant ainsi une forme, je donne à mes bâtiment une nature organique, tout le contraire du modulaire. » 10 Les coffrages sont en bois et provienne de la forêt alentour, donnant ainsi un caractère locale à la réalisation, des épicéas ont été abattu au printemps et un charpentier les a débité en planches de différentes largeurs afin de les laisser sécher avant de les raboter. Toutes les rosettes ont été taillées dans les planches avec un ciseau à bois et la seule main de l’artisan, ce négatif représente l’image d’une maison tatouer, ce qui a bien plu à l’architecte : « Les ornements constituent des citations telles que nous en connaissons dans le monde paysan, ils ne proviennent ni d’une haute civilisation ni d’une culture urbaine...Sa naïveté est le reflet de la culture campagnarde du village où nous nous trouvons. » 11
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Valerio Olgiati semble prôner pour ce projet un vrai retour à l’artisanat et au rural, démontrant ainsi que l’aspect “campagnard“ n’est pas signe de mauvais goût. Ces rosettes ornent l’édifice tel un tatouage et lui confèrent un caractère propre, donnant l’effet d’un meuble d’ébéniste. En tout, c’est 500 rosettes qu’il a fallu couler, en réutilisant 3 à 5 fois les planches de coffrage. 150 motifs dessinés à la main et taillés par deux menuisiers pendant deux mois ont ainsi étaient nécessaires pour réaliser cette ode à l’artisanat. Même les cercles ont été dessinés à main levée sans gabarit. Le béton brut de décoffrage coulé sur place présente un aspect très artisanal et la conception de ces tatouages n’était pas pensable avec un robot fraiseur, seule la main de l’homme pouvait réaliser cette performance. La méthode artisanale a donc été favorisée afin que l’ensemble ne supporte pas de discontinuité. C’est donc le savoir faire artisanal du menuisier associé à celui de l’architecte qui a pu rendre ce résultat possible, car le menuisier a pu conseiller l’architecte pour la conception du coffrage, ce qui aurait été impossible sans l’artisan.
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Le Béton est teinté dans la masse en brun-rouge, une teinte rappelant celle de la terre cuite. Au crépuscule, le bâtiment semble brun, de jour, il paraît plutôt rouge, oscillant entre le caractère terreux et artificiel, rappelant les notions d’expérience sensorielle de la mono-matière évoquaient précédemment. L’une des subtilités de l’ornementation gravée sur la peau de béton est que l’ornement disparait en partie dans le sol car pour Olgiati : « Je suis convaincu que l’on comprend un bâtiment de la même manière qu’on le ressent. L’idée que les ornements n’existent que là où on les voit est insupportable et incompréhensible. » 12 Le résultat de la réflexion poussée d’Olgiati sur l’aspect artisanal de l’édifice donne un monolithe de béton subtil résultant du travail de l’artisan et de l’architecte, témoignant de l’efficacité de la main de l’homme et proclame une victoire du travail artisanal face au travail industriel. Cet édifice ouvre certaines voies vers la multitude de possibilités que peut apporter le coffrage artisanal et peut ainsi renouer avec les techniques de coffrage d’ autrefois
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(b)_Favoriser l’artisanat à l’industriel ’initiative artisanale ou industrielle comme démarche du projet peut jouer un rôle dans le domaine du développement durable, renforçant le tissu social et économique dans lequel il évolue afin de contribuer au bien-être des communautés. Il est temps de s’interroger sur la nécessité d’industrialiser entièrement la construction du projet. L’artisanat ou l’industrie, la main ou la machine, c’est une dualité qui chamboule la création architecturale et constructive. L’artisanat et l’industrie sont des choix qui ont une importance cruciale dans la réflexion du projet. À propos de cette pensée, qui est clairement régionaliste, Ricciotti dit : « Le béton est inscrit dans une chaîne de production courte, donc d’économie de transport. On n’a pas besoin d’aller polluer les mines africaines. Le béton est home-made, il a besoin de gens, de mains, de charpentiers, de boisiers, dans un compagnonnage et une logique transversale. » 13 La mise en œuvre du béton permet ainsi de faire appel à l’expérience artisanale dans le domaine du coffrage et ainsi favoriser les échanges entre architecte et artisan, afin de créer un projet représentatif du savoir faire régional.
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Le choix de l’artisanat favorise le développement économique et social de la région, c’est-à-dire l’emploi réellement in situ dans l’économie de la construction. Cet aspect de l’artisanat n’est pas négligeable, et aujourd’hui il est possible de laisser une part de la réalisation du projet à l’artisanat ou aux entreprises locales afin d’assurer un travail qui ne résulte pas forcément des gros groupes industriels qui s’accaparent le domaine de la construction. Est-il possible de laisser une part du marché aux entrepreneurs locaux dans le domaine de la construction en acier au point de vue du gros œuvre proprement dit? La construction en béton permet l’intervention d’entreprises locales dans la mise en œuvre du béton autant du point de vue du coffrage que du traitement de la peau de béton postérieur à la prise du béton: bouchardage, sablage, etc. La collaboration entre architecte et artisan est un plus dans la réflexion du projet et le questionnement que l’architecte peut avoir sur la façon de mettre en œuvre le béton dans son projet, pour permettre le choix de la technique la plus approprié à la réalisation du béton sur chantier.
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Notes : 6_Extrait de Ornement et crime, Adolf Loos 7_Extrait de Matières, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne 8_Extrait de Matières, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne 9_Extrait de L’ordre et la règle, Patrick Mestelan 10_Extrait de Une conférence de Valerio Olgiati, Valerio Olgiati 11_Extrait de Une conférence de Valerio Olgiati, Valerio Olgiati 12_Extrait de Une conférence de Valerio Olgiati, Valerio Olgiati 13_Extrait de HQE, Rudy Ricciotti
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- Conclusion -
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Nous avons pu voir que le béton est un matériau, esthétique, en pleine mutation physique et qu’il n’est pas un matériau qui stagne mais qui évolue et évoluera encore. Ses évolutions en matière de composition et de mise en œuvre ont permis la revalorisation de la perception de ce dernier qui a trop longtemps été vu d’un mauvais œil à cause de l’image froide et austère que renvoyaient les bunkers militaires et les barres de logements socio. « Puissent nos bétons si rudes révéler que sous eux, nos sensibilités sont fines. » Le Corbusier. Aujourd’hui, le béton devient un matériau noble et fait apparaître de nouvelles formes architecturales qui puisent dans ses qualités esthétiques et physiques afin de le sublimer. Le béton a amené beaucoup d’architectes à se questionner sur la mono-matière et le bâtiment monolithique. C’est de par ces avancées technologiques que de tels questionnements ont pu être possibles, notamment dans le domaine des bétons isolants. Présentement, nous pouvons ainsi voir surgir de terre plusieurs monolithes en béton qui sont une ode à ce matériau.
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Le béton provoque chez certains architectes une monomanie de la mono-matière, permettant ainsi à ce dernier d’être un moyen d’expression architecturale, étant un matériau de la mémoire du chantier. En matière de développement durable, le béton commence à comprendre les enjeux de cette notion et s’efforce de progresser dans cette voie afin de pouvoir rejoindre les autres matériaux stars du HQE. L’aspect crucial dans cette démarche respectueuse envers l’écologie est l’aspect local du béton car il est home made et favorise l’économie régionale. Le béton est un enjeu majeur dans la construction de demain car ses capacités actuelles promettent une plus grande liberté d’expression dans la conception du projet. Les nouvelles possibilités du béton ont aussi amené à se questionner sur la vérité structurelle vis à vis du monolithe, remettant ainsi en question la dialectique entre structure et revêtement. Cette hiérarchie entre structure et revêtement a été traitée par Roberto Gargiani dans son livre Histoire de l’architecture moderne - structure et revêtement. Il y en fait le point en survolant les différents mouvements
architecturaux de l’histoire, en passant par L.M Sullivan, F.Lloyd Wright ou encore P.Berhens. Pour prolonger la réflexion de Gargiani, on peut se demander si le béton moderne n’amène pas à une nouvelle forme de relation entre l’enveloppe et l’ossature ? En effet, nous avons pu voir tout au long de ce mémoire que le monolithe en béton présente des analogies avec les constructions en pierre que l’on a connues dans l’histoire de l’architecte. Comme la pierre, c’est un matériau total qui peut s’exprimer structurellement et esthétiquement à l’image de la Chapelle Saint Nicolas de P. Zumthor. De plus la granulométrie du béton et les différents traitements de surface possibles se rapprochent beaucoup de l’aspect de la pierre et des différentes méthodes de taillage de celle-ci. L’aspect minéral, local du matériau et le fait que la plupart de ses composants sont extraits de carrières avoisinantes, est une analogie indéniable. Ainsi on peut se demander si comme la pierre, le béton va acquérir un certain aspect local de par la teinte des composants propres à chaque région. Les propriétés statiques du béton se rapprochent beaucoup
de la pierre de par la haute résistance à la pression et permettent ainsi d’être une réponse aux grands chantiers si l’on prend l’exemple des cathédrales et des titanesques projets réalisés en béton comme L’Assemblée nationale du Bangladesh de L.Kahn. Mais l’enjeu du béton face à la pierre est un retour à une architecture traditionaliste de par le lien que les constructions en béton peuvent entretenir avec l’artisanat, permettant ainsi un retour à la main de l’homme, à l’image des constructions en pierre d’autrefois. Ainsi, les nouvelles possibilités du béton nous amènent à un retour à l’archétype du mur monolithique en pierre, changeant ainsi la relation de notre époque entre l’enveloppe et la structure. Le mur monolithique en pierre s’est vu décomposer en une multitude d’éléments constructifs tout au long de notre histoire, comme l’ajout de revêtement intérieur ou extérieur, d’isolation, de pare-pluie ou pare-vapeur. Aujourd’hui, avec les nouveaux bétons isolants il est possible d’obtenir un mur monolithique en béton sans aucune autre couche constructive et l’on peut ainsi se demander si le béton n’est par la nouvelle pierre du futur?
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- Table des matières -
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Avant propos ...........................................................................................................................9 Introduction ...........................................................................................................................13 Les nouvelles compositions de bÊton ..................................................................................19 Nouveaux coffrages, l’empreinte du chantier .......................................................................51 Conclusion ............................................................................................................................87
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- Références -
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Bibliographiques COHEN ( Jean-Louis )_MOELLER ( Martin ) Architectures du béton - Nouvelles vagues, nouvelles recherches Imprimé en France 2006 Édition Nancy Eklund Later
ECOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE Matières Imprimé en Espagne 1999 Édition presses polytechniques et universitaires romandes
EL CROQUIS VALERIO OLGIATI - 1996 2011 Imprimé en Espagne 2011 Édition subscription
FEBE’L’ARCH Le béton architectonique - possibilités et utilisations du béton architectonique Imprimé en Belgique 2006 Édition Impression Lannoo
GARGIANI ( Roberto )_FANELLI ( Giovanni ) Histoire de l’architecture moderne - structure et revêtement Imprimé en Espagne 2008 Édition presses polytechniques et universitaires romandes
LOOS ( Adolf ) Ornement et crime Imprimé en France 2003 Édition Payot & Rivages
MESTELAN ( Patrick ) L’ordre et la règle - Vers une théorie du projet d’architecture Imprimé en Italie 2005 Édition presses polytechniques et universitaires romandes
OLGIATI ( Valerio ) Une conférence de Valerio Olgiati Imprimé en Allemagne 2011 Édition Birkhäuser GmbH
PIGAFETTA ( Giorgio ) Architecture traditionaliste Imprimé en Belgique 1999 Édition Pierre Mardaga éditeur
RICCIOTTI ( Rudy ) HQE Imprimé en Lituanie 2013 Édition Le gac press
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Électroniques Dialogue Architecte CAB / entrepreneur http://www.dailymotion.com/video/x1084fm_trophee-beton-dialogue-architecte-cab-entreprise-leon-grosse-part-1_creation Le 10 / 10 / 2013 Dialogue Franck Hammoutène / GECINA http://www.dailymotion.com/video/xse8bv_dialogue-franck-hammoutene-gecina_creation Le 25 / 10 / 2013 Dialogue Rudy Ricciotti / Entreprise BONNA SABLA part 1 http://www.dailymotion.com/video/x10cq67_trophee-beton-dialogue-architecte-rudy-ricciotti-entreprise-bonna-sabla-part-1_creation Le 05 / 11 / 2013 Dialogue Rudy Ricciotti / Entreprise BONNA SABLA part 2 http://www.dailymotion.com/video/x106mnw_trophee-beton-dialogue-architecte-rudy-ricciotti-entreprise-bonna-sabla-part-3_creation Le 05 / 11 / 2013 Dialogue Agence KOZ / Groupe 3F http://www.dailymotion.com/video/xsdvyl_dialogue-agence-koz-groupe-3f_creation Le 05 / 11 / 2013 Dialogue Agence Manuelle Gautrand, architecte / entreprise Betsinor http://www.dailymotion.com/video/xqc3uy_dialogue-agence-manuelle-gautrand-architecte-entreprise-betsinor_creation Le 05 / 11 / 2013 Conférence trophée Béton, Conférence Cohen http://www.youtube.com/watch?v=lOmtr_v8uNc Le 08 / 11 / 2013 PEZO VON ELLRICHSHAUSEN page http://pezo.cl Le 17 / 11 / 2013 DUCTAL© http://www.ductal-lafarge.fr/wps/portal/ductal/fr/1_6-Sustainable_development Le 01 / 12 / 2013 InfoCiment http://www.infociments.fr Le 01 / 12 / 2013 Lafarge http://www.lafarge.fr/wps/portal/2_8_2-Ambitions-2020-Consommation-energie-et-Gestion-ressources Le 01 / 12 / 2013
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Iconographiques P11 Bar Archi, Tournai
P27 Valerio Olgiati_Centre d’information, Zernez
P33 Takashi Yamaguchi_Temple Blanc, Kyoto
P17 Le Corbusier_La Tourette, Éveux
P28 Valerio Olgiati_Centre d’information, Zernez
P35 Pezo V.Ellrichshausen_Casa fosc,San Pedro
P21 Quatre éléments principaux du béton
P29 Valerio Olgiati_Centre d’information, Zernez
P36 Pezo V.Ellrichshausen_Casa fosc,San Pedro
P31 Takashi Yamaguchi_Temple Blanc, Kyoto
P37 Pezo V.Ellrichshausen_Casa fosc,San Pedro
P32 Takashi Yamaguchi_Temple Blanc, Kyoto
P39 Rudy Ricciotti_Pont du diable, Gignac
© Florian Masson
© Miguel Verme, Coire
© Denis Chaussende
© Archives Olgiati, Films
Ciment gris
Ciment blanc
Farine de calcaire
Sable gris
Farine blanche
Liaver
Liapor
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Oxydes de fer jaune/rouge/noir
Oxydes de fer jaune et rouge
Hydroxyde de fer naturel (limonite)
Oxydes de fer jaune/rouge/noir
Oxydes de fer jaune
Oxyde de fer rouge
Oxyde de fer rouge
Oxyde de fer naturel (hématite)
Oxyde de fer et oxyde de manganèse
Oxyde de chrome vert
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© Cristobal Palma
Aluminosilicate de sodium polysulfuré
P25 E. souto de moura_casa das historias, Cascais © claire-olio
© Miguel Verme, Coire
© Cristobal Palma
Gravier gris
P23 Nuancier terres colorantes et oxydes
Oxyde de fer noir
© Archives Olgiati, Flims
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http://www.architizer.com
© Brice R
P41 Rudy Ricciotti_M.U.C.E.N, Marseille
P55 Expériences de béton moulé dans du tissu
P65 C. Kerez_ Kunstmuseum, Liechtenstein
P43 Hungarian Aron Losonczi_ LiTraCon® projet
P57 Tadao Ando_Vitra Conference Pavilion, Vitra
P67 Christian Kerez_Chapel Oberrealta, Grisons
P47 Carrière de l’Orient, Tournai
P59 Peter Zumthor_Chapel St Nicolas, Cologne
P69 Valerio Olgiati_Planatahof Audit, Landquart
P49 I.M. Pei_N.C.A.R, Colorado
P61 Peter Zumthor_Chapel St Nicolas, Cologne
P71 Valerio Olgiati_Planatahof Audit, Landquart
P63 Valerio Olgiati_Yellow House, Grisons
P72 Valerio Olgiati_Planatahof Audit, Landquart
© Lisa Ricciotti
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© Samuel Gloess
A deux pas de la ville, un paysage Industriel et paysager oublié.
© Ezra Stoller
Extrait de Architectures du béton p241
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© Lisa Ricciotti
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© Pī gěi wū
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Samuel Gloess
P53 B.Desmoulin_Conservatoire Delisbes, Clichy © Michel Denancé
© onsomething
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P73 Valerio Olgiati_Planatahof Audit, Landquart
P81 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans
P75 Herzog,De meuron_bibliothèque eberswalde
P82 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans
P77 Coffrage de L’atelier Brandill
P83 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans
P79 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans
P85 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans
© Pī gěi wū
Extrait de Architectures du béton p152
© Archives Olgiati, Films
© Pī gěi wū
P 80 Valerio Olgiati_Atelier Brandill, Scharans © Archives Olgiati, Films
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© Archives Olgiati, Films
© Hisao Suzuki
© Hisao Suzuki
© Archives Olgiati, Films
Remerciements : À Mr Coton Gauthier, mon promoteur, pour avoir accepté de me soutenir dans l’aventure de ce mémoire. À mes parents pour m’avoir encouragé et permis d’entreprendre la formation d’architecte. À Jack O’neill et Teal’c, pour m’avoir épaulé moralement tous les jours dans la construction de ce mémoire. À Nelson Taisne, pour nos discutions endiablées.