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Qu’est donc devenue la conscience européenne ?
from Casser le mur
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C’est la question que se posait Sandor Marai dans Mémoires de Hongrie 1 , en évoquant son expérience d’écrivain dans la Hongrie du début du XXè siècle. Il ajoutait que deviendrait-il, ce pays ? Les concepts de «patrie», de «peuple», de «nation» méritaient-ils que je sacrifie pour eux ma liberté ? Et d’ailleurs, qu’est ce que la liberté ? [...] Montesquieu [,il] affirmait que la liberté constitue le sens le plus profond de l’Histoire, et que l’Histoire forme, précisément, une aspiration incessante à la liberté et une lutte continue contre le despotisme... En est-il vraiment ainsi ?.
Aujourd’hui, quand des humains écopent de peines de prison pour avoir empêché d’autres humains de mourir de froid entre la France et l’Italie 2 , quand Jupiter nous dit qu’il ne veut d’ici à la fin de l’année […] plus personne dans les rues 3 , et qu’il s’exécute en gazant les couvertures et l’eau de ces personnes à la rue 4 , quand notre ministre de l’intérieur instaure la création de brigades mobiles envoyées pour contrôler les personnes hébergées dans les hôtels sociaux dans le but de «trier» les migrants et de n’héberger que ceux étant en situation régulière 5 , quand on ne peut permettre à des mineurs seuls et frigorifiés de parcourir deux kilomètres en voiture sans craindre l’arrivée de policiers 6 , quand les Etats fondateurs de l’Union européenne rédigent le traité de Dublin
Notes de fin 1 mais aussi Coupable d’avoir aidé des migrants, Cédric Herrou « continuera à se battre », Lemonde.fr, 8 aout 2017
pour s’autoriser à bafouer les engagements qu’ils ont pris à Genève au sortir de la seconde guerre mondiale, quand des gardes côtes italiens laissent couler un bateau contenant 72 humains 7 - et quand la réponse des autres Etats européens aux appels à l’aide de l’Italie et de la Grèce pour sauver ces humains qui se réfugient sur leurs terres est de renvoyer chez eux tous les humains qui y ont déjà posé le pied et de fermer leurs frontières - ne doit-on pas se poser ces mêmes questions? Je me les pose. Et je ne peux accepter que des humains meurent, ou soient rejetés, ou voient leurs tentes être déchirées - en Europe - parce qu’ils ont commis l’erreur de naître de l’autre côté de la mer.
Je ne suis pas ministre de l’intérieur : je ne peux pas contrôler les actes des policiers ; je ne suis pas chef d’Etat : je ne peux pas arrêter de signer des traités illégaux ; je n’habite pas près d’une frontière : je ne peux pas aider ces humains à la traverser, je ne sais pas naviguer : je ne peux pas secourir les noyés de la méditerranée. Mais je suis architecte : je peux aider mes concitoyens conscients à accueillir au mieux les réfugiés qui nous arrivent.