Le Démocrate : Notre dossier sur le meurtre d'Edith Muhr

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Micro-trottoir à Bergerac

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Grippe A H1N1 : Fausse alerte et inquiétudes

A. Fonvieille : «Tourner la page»

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Une habitante de Verdon retrouvée découpée

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Cause-de-Clérans ? Patrimoine Samedi dernier, le corps découpé d’Edith Muhr (en médaillon), une villageoise de Faux, a été retrouvée dans un champ à Verdon. La sexagénaire avait disparu jeudi, alors qu’elle se rendait à pied à Lanquais. Yves Bureau, un habitant de Verdon, a été arrêté et mis en examen. Découvrez le témoignage d’une amie de la victime, l’atmosphère qui règne dans le village et la chronologie des faits. Notre photo : la forêt en bordure de route où se serait produit le drame.

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Actualités Meurtre à Verdon ? Un couple ami de la victime témoigne

«J’entends encore son rire» Nicole et Michel Vignau-Barranx, deux proches d’Edith Muhr (victime d’un meurtre), ont accepté de nous recevoir. Ils présentent la femme qu’ils fréquentaient depuis des années, leur amie.

N

icole et Michel VignauBarranx sont des amis d’Edith Muhr, assassinée la semaine dernière (lire ci-dessous) et de son époux, Rolf. Mardi, le couple français acceptait de nous recevoir afin de raconter comment ils avaient vécu l’histoire et surtout, évoquer le souvenir leur amie décédée. Cela fait des années que les deux couples se côtoyaient. En effet, si Edith Muhr et son époux habitent à Verdon depuis une dizaine d’années, cela fait bien plus longtemps que ça qu’ils y venaient en vacances. «C’était leur maison secondaire jusqu’à ce qu’ils prennent leur retraite. Avant ils habitaient Cologne» confie Nicole Vignau-Barranx.

Le couple d’Allemands coulait des jours paisibles dans un village de carte postale Avant le drame, le couple allemand vivait une vie paisible de retraités et coulait des jours heureux dans ce beau petit village de Verdon, si calme. Rolf, ancien architecte, se passionne pour sa maison périgordine. Il réalise

lui-même des travaux. «Avant d’être à la retraite, Edith était professeur de français avant de devenir proviseur de lycée» se souvient N. Vignau-Barranx. Ce n’est qu’une fois à la retraite, en 2003, que Nicole décide de s’inscrire au club de marche de Plaisance (un village voisin) : «Un an plus tard, Edith nous a rejoint. Tous les lundis, nous faisions des randonnées.» Ironie du sort : depuis quelques mois, Edith Muhr ne voulait plus marcher sans être accompagnée. «Elle avait des problèmes d’hypertension et n’osait plus partir toute seule. C’est la première fois depuis 4 ou 5 mois qu’elle se lançait sur ce chemin. Lundi (de la semaine dernière, ndlr), ils étaient allés manger à ce restaurant en voiture. (lire article cidessous, ndlr)».

Cela faisait 4 ou 5 mois qu’Edith Muhr n’était pas partie marcher seule Edith Muhr laisse à ses amis le souvenir d’une femme joyeuse qui aimait beaucoup rire, une femme cultivée, «une intellectuelle. Souvent nous nous prê-

tions des livres. Edith parlait anglais, espagnol, français et italien» souligne Michel VignauBarranx, actuel premier adjoint de Verdon. «J’entends encore son rire. Ce n’était pas la peine de la voir, on savait que c’était elle. Edith n’était jamais triste» confesse Nicole, la gorge nouée. Au cours de l’enquête, Nicole n’a pas eu peur de sortir : «Ça aurait été le cas si l’on n’avait pas retrouvé le corps ou si personne n’avait été mis en examen. Certaines voisines qui habitaient près du bois ont eu peur, parce qu’elles allaient faire leur jogging dans ce coin ou qu’elles y promenaient leur chien.»

retourner le voir. Dans le village, cette affaire a semé la stépéfaction. «Tout d’abord, ça a été la surprise, ensuite la consternation, puis l’effroi» témoigne Michel, le premier adjoint.

Dans le village, tout le monde connaît le mis en examen Bien entendu, à Verdon (village de 54 habitants), tout le monde connaît Yves Bureau, l’homme mis en examen samedi (1). Il fait partie d’une vieille famille de la région. Il a même été conseiller municipal de la commune. «On ne peut pas dire que nous le connaissions, on ne se fréquentait pas ; nous savons qui c’était, comme tous les habitants du Verdon. On ne peut pas dire que c’est quelqu’un de serviable, mais quand on lui demandait un coup de main, il le donnait. Je n’en veux pas à sa famille. Les gens qui connaissent bien Yves Bureau n’en reviennent pas» commente N. Vignau-Barranx. Le 4 juillet dernier au repas du village, les Vignau-Barranx, la victime et son mari, mangeaient à la même table qu’Yves Bureau.

Ça a été la consternation, surprise et effroi Jeudi dernier au moment où le village a appris la disparition d’Edith Muhr, les rumeurs les plus folles ont circulé : «On pensait que c’était un rôdeur.» Depuis les faits, Rolf, qui parle moins bien français que son épouse, reste très entouré par des amis allemands qui résident à Saint-Félix-de-Villadeix. Nicole, pourtant proche, n’ose pas

Edith Muhr était une femme très appréciée. Photo DR. Aujourd’hui, le couple ne souhaite pas s’attarder sur les éléments sordides de cette affaire. Ils pleurent une amie.

Les faits ? Edith Muhr avait disparu jeudi dernier

Verdon ? Annie Cantelaube

? Samedi, suite à une enquête rondement menée, les gendarmes ont fait une macabre découverte dans un champ de maïs du village de Verdon (située à équi-distance entre Bergerac et Beaumont). Au milieu du maïs, des sacs plastiques jonchent le sol. A l’intérieur : le corps découpé d’une habitante de Faux, Edith Muhr, une Allemande de 68 ans, très connue dans son village et à Verdon. Un habitant de cette commune, Yves Bureau, un retraité de la Poudrerie âgé de 56 ans, a été mis en examen samedi. Jeudi 10 septembre. Edith Muhr se promène. Il est 13h15. Ce jour-là, l’Allemande et son époux Rolf décident de manger comme ils en ont parfois l’habitude dans un restaurant à Lanquais. Lui, pas adepte de marche à pied, s’y rend en voiture. Edith, elle, décide de parcourir les 6km à pied comme elle le fait souvent. Elle n’arrivera jamais à Lanquais. Une demi-heure après son départ, Rolf ne voyant pas arriver son épouse part à sa rencontre en voiture. Un quart d’heure plus tard, ne trouvant personne, il alerte la gendarmerie. Le vendredi, 150 gendarmes, une brigade cynophile (1) et un hélicoptère recherchent la disparue. Vendredi soir, le témoignage d’Yves Bureau semble suspect.

? Un crime comme ça, ça n'est jamais arrivé chez nous» constate Serge Mérillou, le conseiller général du canton de Lalinde et maire de Saint-Agne. Pour Annie Cantelaube, maire de Verdon depuis 1983, c'est la stupéfaction : «C'est un drame pour les deux familles.» Lundi dernier, elle était encore toute chamboulée. D'un côté, elle pense à la victime et à son mari, «des gens très gentils». L'élue ne rejette pas pour autant la famille d'Yves Bureau (1), en particulier son épouse et ses deux enfants. «Mme Bureau est une femme gentille. Cela fait trois ans que le couple habite Verdon. Son époux est un timide, un réservé. C’est quelqu'un qui a toujours l'impression qu'on veut le tromper. Nous avons tous été soulagés de voir

ERIC LAGRAVE

Rappellons qu’une personne mise en examen bénéficie de la présomption d’innocence tant qu’elle n’ a pas été jugée coupable par un tribunal.

«On ne juge Le cadavre retrouvé découpé personne»

C’est ici que le chapeau ensanglanté de la victime a été retrouvé. Ce dernier est donc placé en garde à vue. Le lendemain, Bureau désigne l’endroit où l’on retrouvera le corps de la victime.

La femme du suspect remise en liberté La femme d’Yves Bureau, bouchère-charcutière, est elle aussi interpellée puis relâchée. «Au départ, nous pensions à un accident de la circulation» confie-t-on au Parquet. Une version vite démentie par l’autopsie de la victime. Cette dernière révèle que la sexagénaire n’aurait pas été percutée par un véhicule. Selon le Parquet, Y. Bureau

s’exprime de manière «froide et claire.» Plusieurs investigations sont menées à son domicile et dans sa ferme et lisière de forêt où a été retrouvé le chapeau ensanglanté de la victime... Bureau posséderait une quinzaine d’hectares, plusieurs maisons et plusieurs fermes. Le suspect aurait reconnu les faits. Il aurait découpé le corps de la victime dans sa ferme à l’aide d’outils agricoles. Ce père de famille, inconnu des services de police, n’expliquerait pas son geste. A l’heure actuelle, Yves Bureau bénéficie de la présomption d’innocence.

Serge Mérillou et Annie Cantelaube n’en reviennent toujours pas.

que sa femme soit sortie de garde à vue. Les enfants ont été très choqués par la mise en examen de leur père. Le garçon est militaire et la fille fait des études. Pour eux, ce n'est pas facile

à vivre, surtout dans un village où tout se sait. Ce sont deux jeunes très beaux et très gentils» explique Annie Cantelaube. Besoin de l'enquête oblige, la famille Bureau a été accueillie par des voisins. D'autres se chargent de nourrir les animaux de la ferme. Selon Serge Mérillou, «pour la famille Bureau, il y a toujours le regard des gens, même si il n'y a pas de regard de haine à leur égard. Ils n'ont rien fait et sont dans la souffrance.» Seul le temps rendra sa quiétude au petit village. «On ne peut pas enlever la peine aux gens, mais on ne juge personne», assure le maire de Verdon. E. L.

ERIC LAGRAVE

Les gendarmes ont fouillé la ferme des Bureau de fond en comble.

(1) Composée de maîtres-chiens.

Le Démocrate indépendant du jeudi 17 septembre 2009

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(1) Mis en examen, Yves Bureau bénéficie toujours de la présomption d’innocence.


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Faits divers en Bergeracois

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Tribunal

Les grands crimes

➤ Affaires de stupéfiants

Ils ont organisé un trafic de cocaïne avec l’Espagne

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Interview ➤ Julie Jézéquel

«J’ai tourné mon premier film à 14 ans avec Bebel»

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Bergerac ➤ Scolarité

20 ans que La Brunetière aide les élèves à apprendre

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Couze et St Front ➤ Moulin de la Rouzique

Visite de la fabrique de papier chiffon

p. 13

Littérature ➤ Jacques Tardieu

Le deuxième roman de l’ancien instituteur La reconstitution du meurtre d’Edith Muhr (la semaine dernière) a permis d’en connaître un peu plus sur la personnalité d’Yves Bureau, mis en examen dans ce dossier. Le Démocrate revient sur les principaux meurtres qui se sont déroulés dans le Bergeracois depuis le 19ème siècle. Guy Penaud, historien et ancien commissaire de police analyse la perception de ces meurtres à travers le temps. Notre photo d’illustration : L’assassin prêt à agir.

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Sport ➤ Rugby, ce dimanche

Bergerac et Lalinde joueront chacun un derby

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Dossier

Spécial faits dive rs

Meurtre d’Edith Muhr

Autopsie d’une reconstitution Qui est vraiment Yves Bureau ? Pendant la reconstitution du meurtre d’Edith Muhr, l’homme a un peu pleuré et beaucoup souri... Le dossier reste complexe. Découvrez l’attitude d’Yves Bureau lors de la reconstitution du meurtre d’Edith Muhr pour lequel il est mis en examen. En été 2004, un drame bouleverse la France : deux inspecteurs du travail sont abattus à Saussignac Juin 2009, à Plaisance, au golf de Mirandes, le corps de Peter Fuller, propriétaire des lieux est retrouvé dans une mare de sang.

Meurtre d’Edith Muhr, ce qu’il s’est passé

reconnaît avoir découpé le corps de l’Allemande. Le fait de revenir sur les lieux a touché l’habitant de Verdon. Il aurait même versé quelques larmes. «Revenir dans la maison familiale lui a fait remonter quelques souvenirs» explique Me Jean-François Capoul, l’avocat du Périgordin. L’avocat de Rolf Walgenbach, l’époux de la victime, Me Christophe Bayle, commente : «Les larmes qu’il a versées, il les a versées sur lui-même, pas sur Edith Muhr». Selon une source proche de l’enquête, l’évocation du corps découpé a eu une toute autre conséquence : Yves Bureau aurait souri. «Cette reconstitution a permis de mieux cerner la personnalité d’Yves Bureau. Selon moi, il s’agit d’un pervers. C’est un homme d’une grande froideur. Il a eu une absence totale de compassion pour la victime et son mari» estime Me Bayle.

C’est sur cette route (St-Agne - Lanquais) qu’Edith Muhr a été agressée.

J

eudi et vendredi de la semaine dernière, Yves Bureau, revenait sur les lieux du supplice d’Edith Muhr dans le cadre de la reconstitution du meurtre de la retraitée allemande. Cette reconstitution aura permis de mieux connaître cet habitant de Verdon mis en examen pour «homicide volontaire avec acte de barbarie ou de torture» et «homicide volontaire précédé ou accompagné d’un autre crime». Qui est exactement Yves Bureau, cet habitant du canton de Lalinde complètement anonyme avant l’affaire Edith Muhr ? La reconstitution du meurtre de la retraitée allemande aura permis d’en connaître un peu plus sur sa personnalité. En premier lieu, à aucun moment au cours de ces deux journées, l’homme n’a reconnu être l’au-

teur du meurtre. Selon lui, il aurait trouvé le corps inanimé de la promeneuse allemande qu’il reconnaît avoir ensuité découpé. En revanche, le témoignage de l’infirmière de la mère d’Yves Bureau pourrait peser lourd. Selon nos sources, la femme aurait confirmé en présence d’Yves Bureau, avoir «entendu des gémissements significatifs d’une personne qui souffre.»

Me Bayle : «Yves Bureau est d’une froideur terrifiante» L’autre grosse interrogation tion qui subsiste est l’état de santé mentale d’Yves Bureau. A ce jour, les résultats des rapports d’expertises psychologique et psychiatrique n’ont pas été rendus. «On verra bien, mais en ce qui me concerne, Yves Bureau m’a l’air bien lucide. Je n’ai pas l’impression d’avoir à faire à un fou» commente l’avocat de la partie civile avant de continuer : «Ce qui m’a frappé pendant cette reconstitution,

L’infirmière témoigne : «J’ai entendu des gémissements» A l’annonce des ces propos, le mis en examen n’aurait pas bronché. A l’époque, il aurait répondu qu’il s’agissait d’un veau malade dans la grange. Grange dans laquelle Y. Bureau

La reconstitution du meurtre a mobilisé 60 gendarmes.

R. Walgenbach : «Sa vie est finie»

➤ Selon son avocat, Rolf Walgenbach, ne va pas bien : «Il va même très mal. Edith Muhr était la seule personne qui lui restait. Il n’a pas de famille. Il habite toujours à Faux. Sa vie est finie.» Il semble que la seule évocation des faits lui donne la nausée. Edith Muhr et Rolf Walgenbach vivaient en Dordogne depuis 15 ans. «Lui reste là. Il doit vivre avec le crime et avec tout ce que les gens peuvent en dire». c’est qu’Yves Bureau est d’une froideur terrifiante. Je l’avais déjà rencontré, mais en situation, il m’est apparu monstrueux. Pas une seconde, il n’a montré de la pitié pour la victime.» Pourquoi avoir découpé le

Torture et acte de barbarie

➤ D’un point de vue juridique, en ce qui concerne la torture et la barbarie, le fait qu’Edith Muhr ait été vivante ou pas au moment de la découpe n’est pas primordial. La découpe en soi constitue une atteinte à la dignité de la victime. corps ? Pourquoi celui d’Edith Muhr ? L’affaire a-t-elle des causes sexuelles ? Dans le dossier Edith Muhr, quelques zones d’ombre subsistent encore que la reconstitution n’aura pas forcément éclairé. A l’heure actuelle, Yves Bureau bénéficie toujours de la présomption d’innocence. ERIC LAGRAVE

Été 2004 : Double meurtre à Saussignac

Edith Muhr est morte en septembre 2009. ■ Alors qu’elle se rend au restaurant où l’attend son mari (à Lanquais), le 10 septembre 2009, Edith Muhr, une retraité de 68 ans disparaît. Son corps, découpé, est retrouvé dans 3 sacs-poubelle deux jours plus tard. Yves Bureau, un habitant de Verdon, reconnaît la découpe, mais pas le meurtre. Il est mis examen (lire ci-contre).

Il abat 2 inspecteurs du travail ➤ Jeudi 2 septembre 2004. La France découvre Saussignac, une commune du canton de Sigoulès. Ce n’est pas son liquoreux qui attire les médias... Non, ce jour-là, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, deux inspecteurs du travail, viennent de tomber sous les balles de Claude Duviau, un homme alors âgé de 57 ans. Par deux fois, le fusil de chasse, un Berreta à double canon de calibre 12, a craché la mort. Claude Duviau place l’arme sous son menton. Il appuie à nouveau sur la gachette. La balle

dettes. C’est ce que mettra en lumière le procès aux assises de Périgueux qui se tiendra au mois de mars 2007. Le 9, la cour rendra son jugement : Claude Dubiau est condamné à 30 ans de prison. C’est la peine requise par le procureur de la République de Bergerac de l’époque, Nicolas Jacquet. Quatre ministres ont assisté aux funérailles des fonctionnaires qui ont reçu, à titre posthume, le grade de chevalier de l’Ordre national du mérite.

détruit sa mâchoire. Immédiatement conduit au centre hospitalier de Bordeaux, le meurtrier est sauvé par les médecins. Les victimes n’ont pas eu cette chance. Les deux inspecteurs du travail étaient venus faire leur boulot : contrôler le contrat de travail de sept saisonniers. Nous sommes à cette époque de l’année à la période du ramassage des prunes. De son côté, Claude Dubiau est dépressif et du côté des finances, ce n’est pas vraiment l’opulence. L’homme est criblé de

ERIC LAGRAVE

C’est avec ce type d’arme que les deux victimes ont été tuées.

Plaisance, juin 2009

Meurtre au golf de Mirandes ➤ Le 27 juin 2009, Peter Fuller (67 ans), un britannique discret, propriétaire du golf de Mirandes (situé sur la commune de Plaisance, près d’Issigeac) est retrouvé par son épouse, le corps baignant dans une mare de sang. L’homme, retraité de l’industrie pétrolière, avait décidé de passer sa vie entre l’Angleterre et la France. Neil Ludlam (30 ans), l’homme à tout faire du golf embauché 3 semaines auparavant, s’enfuit en Angleterre. Il passe

Juin 2009, les enquêteurs accumulent les indices.

Le Démocrate indépendant du jeudi 16 septembre 2010

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vite du statut de principal témoin à celui de principal suspect. Arrêté en Grande-Bretagne, il est extradé en France où il est mis en examen pour homicide volontaire. Le jeune britannique avoue avoir eu une forte altercation avec son employeur dans la nuit du 26 ou 27 juin de l’an dernier. Presque un an jour pour jour après les faits, la reconstitution du meurtre a lieu sur la petite commune de Plaisance.

Ce serait une simple bagarre qui serait à l’origine du drame. L’homme ne parlant pas un mot de Français a expliqué aux enquêteurs qu’il avait paniqué. Panique qui explique sa fuite en Angleterre. A l’heure actuelle, n’ayant pas été jugé, Neil Ludlam bénéficie de la présomption d’innocence.

E.L.


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Après le meurtre d’Edith Muhr

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Alors qu’Yves Bureau a annoncé sa volonté de faire appel de sa condamnation à perpétuité, les amis de la victime reviennent sur ce procès bouleversant auquel ils ont assisté. Annie Cantelaube, maire de Verdon, décrit l’atmosphère dans le village où le bourreau avait été conseiller municipal.

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02 Actu_BERGERAC+.qxp 28/09/11 12:54 Page1

Actualités Assises ➤ Les faits

Autopsie d’un calvaire Mercredi et jeudi, Yves Bureau s’est retrouvé face à ses actes. Verdict : perpétuité avec peine incompressible de 20 ans.

M

ercredi 21 septembre, 3ème journée du procès d'Yves Bureau, consacrée aux expertises techniques et scientifiques. L'agriculteur est encore tout sourire. Assiste-t-il à la séance de diapositives de ses dernières vacances ? Non. Ce sont des clichés de traces de sang, des outils de boucherie et des morceaux du corps d'Edith Murh qui sont projetés sur le grand écran de la salle d'audience. Le tribunal était jusqu'alors confronté à l'horreur verbalisée, à travers le récit des faits, il affronte maintenant l'atrocité des images. Le public comprend à présent pourquoi une cellule psychologique avait été mise en place pour les enquêteurs. Les photographies du corps autopsié de la victime qui suivront, accompagnées des analyses du médecin légiste Larbi Benali, feront l'effet d'un uppercut : un KO pour la cour et le public. Une petite flamme s'est définitivement éteinte en chacune des personnes présentes. L'inhumanité prise en pleine figure. Sous l'œil des experts, le corps massacré d'Edith Muhr parle : la dissection méthodique du corps présente des similitudes avec les techniques de dépeçage du gros gibier, impliquant des connaissances certaines en anatomie par son auteur. On sait Y. Bureau féru de chasse. La découpe est à la fois «pragmatique» et «symbolique» avec des actes à connotation rituelle et sexuelle. Les analyses des docteurs Benali, Lavaud (anatomo-pathologiste) et du professeur Murail (anthropologue biologiste) révè-

lent l'adéquation des «outils vulnérants» désignés par Y. Bureau aux enquêteurs (des couteaux, une scie, une feuille et un fusil de boucher) avec les blessures et amputations (parfois vant la mort) de la victime. Durant la reconstitution des faits, l'agriculteur mimera parfaitement les gestes ayant entraîné les souffrances et la mort d'Edith Muhr.

Comme une baudruche qui se dégonfle Y. Bureau l'avait annoncé dès le premier jour de son procès : il ferait des révélations jeudi aprèsmidi, livrerait sa vérité quand l'adjudant Pichot, présent lors de sa garde à vue, viendrait témoigner. Le jour tant attendu, le militaire vient à la barre relater les cinq versions différentes que va livrer le suspect pendant ce moment de la procédure. Le gendarme insiste aussi sur le comportement déconcertant du quinquagénaire, très prolixe, se nourrissant «goulûment» et dormant «comme un bienheureux». Sur son banc, Bureau s'agite, Bureau bout. La présidente lui donne la parole. L'accusé explique avoir subi la pression de l'adjudant et de son collègue et assure qu'il était alors traumatisé. La juge décide de projeter la vidéo de la garde à vue. Sur l'écran, l'agriculteur, calme, détendu, interrogé par des enquêteurs professionnels et respectueux. A la fin du visionnage, Bureau reprend son rôle de chef d'orchestre : «Madame la présidente, j'ai une révélation à vous faire». Le

quinquagénaire déclare avoir vu une BMW faire demi-tour dans le chemin où il s'était arrêté pour uriner, puis le corps d'Edith Murh. Il poursuit : «A l'arrière du véhicule, il y a une lettre de l'alphabet... C'était un «D»!». Voilà la vérité selon Bureau : une plaque d'immatriculation allemande, comme celle du mari d'E. Muhr. Grondement de révolte dans la salle d'audience. Le public entend cette «révélation» comme une nouvelle manifestation de la mythomanie impénitente de l'accusé. Comme un nouvel affront aussi. Le procès se poursuit. Bureau pleure. L'hystérique décrit par les experts psychiatres exprime ici l'unique empathie qui l'anime : une pathologique et profonde empathie à l'égard de luimême.

cette dernière, visiblement très perturbée, à l'auxiliaire de vie lors de son retour de l'hôpital. Mais Zilda Bureau n'a pu dire mot à l'employée. Au témoignage de cette dernière succède celui de la kinésithérapeute de la mère de l'accusé. Le jeudi 10 septembre 2009, elle se rend à la ferme des Bureau pour sa séance de soins. A l'entrée de l'habitation, elle suspend ses pas. Des cris de femme. Elle se reprend et ouvre la porte. Le chien sort du domicile et aboie furieusement en direction de la grange, un comportement qui ne lui ressemble pas. Le véhicule d'Yves Bureau est garé devant la remise en question. La kinésithérapeute s'étonne mais commence son travail. La séance est interrompue par de nouveaux cris. La soignante sort dans la cour et entend de nouveau les mêmes sons inquiétants. Le fils de sa patiente sort alors de la grange et tente de la rassurer : «Ce n'est rien», les cris d'une velle explique-t-il. La kinésithérapeute quitte la propriété et n'y remettra jamais les pieds. Même devant ces témoignages accablants, Bureau persiste et signe : il a d'abord trouvé le corps d'Edith entier sur le chemin au lieu-dit Les Mazades avant de le retrouver dépecé dans la grange de la propriété familiale à Verdon. L'avocat général s'enfonce dans la brèche ouverte par l'auxiliaire de vie et la kinésithérapeute et met l'accusé devant ses multiples contradictions et incohérences. L'édifice affabulatoire bâti par l'agriculteur s'effondre. Fin de l'audience.

La chute En fin d'après-midi, l'audience prend un tournant décisif. Bureau n'est plus le chef d'orchestre, la présidente Katell Couhé lui a confisqué ses baguettes. Elle appelle deux nouveaux témoins. L'auxiliaire de vie de la mère de l'accusé tout d'abord, qui arrive à la barre comme une rescapée de l'enfer, la peur personnifiée. Bureau ferme alors les yeux. Il semble prier. La quadragénaire raconte les blessures qu'elle a constatées sur les avant-bras de l'agriculteur le jour de la disparition d'E. Muhr et surtout la terreur de la mère de Bureau, qui a été hospitalisée le lendemain. «Il faut que je te dise quelque chose», avait susurré

HÉLÈNE JANOT (CLP)

Verdict ➤ Yves Bureau a fait appel

Perpétuité pour le bourreau ➤ Jeudi dernier, le dernier jour de procès s'est déroulé dans un climat d'abattement et d'écœurement. A écouter les paroles échangées dans la salle des pas perdus, on comprend qu'il faut que cela se termine, qu'Yves Bureau, surnommé par certains le «roi de la fête», se taise. Les jurés portent sur le visage les stigmates d'une semaine difficile. Ils vont écouter attentivement le témoignage du Dr Bertrand. Fait très rare, le psychiatre était présent lors de la reconstitution des faits. Il dresse ce vendredi matin le portrait de l'accusé, confirmé par son comportement tout au long de son procès. Yves Bureau n'est pas un malade mental malgré une personnalité «border line», hystérique, perverse et sadique qui s'est exprimée physiquement et verbalement, pendant et après les faits. Un événement décisif dans l'évolution de sa psyché et de son comportement : la mort de son père. Là, c'est «un barrage qui rompt» et «un flot de frustrations» qui se déverse. Le meurtre d'E. Muhr ne relève pas d'un acte impulsif. Il manifeste une totale absence d'empathie pour la victime et la grande dangerosité d'Yves Bureau. Le tableau clinique effarant du psychiatre est suivi par la plaidoirie

de Me Christophe Bayle, conseil de Rolf Walgenbach, le mari d'Edith.

La charge contre le «monstre froid» L'avocat entame le récit d'une histoire d'amour qui va basculer du côté de l'horreur absolue, cette journée de septembre 2009. Le massacre d'une femme aimée et aimante et la douleur insondable de son époux engendrés par Bureau «le monstre froid», le procèsmascarade orchestré par Bureau «le pervers», la négation totale de la dignité humaine par Bureau «la bête». Me Bayle termine par une supplique émouvante à l'adresse de la présidente, des assesseurs et des jurés : «Je vous en supplie, au nom d'Edith, empêchez cela de recommencer. (…) Je vous supplie de faire en sorte que cet instinct primaire de cruauté ne fasse plus jamais de victime». Silence de mort puis suspension d'audience. Lors de la reprise, l'avocat général Jean-Luc Gadaud sort les armes lourdes pour un réquisitoire implacable relatant le «chemin de croix» de la retraitée allemande et l'itinéraire de son bourreau qui «a franchi l'Everest du crime». Il souligne le

Tribunal ➤ Agressions sexuelles

L’inceste familial en question ➤ Un quinquagénaire comparaissait devant le TGI pour des agres-

sions sexuelles sur ses filles. Il est des affaires que ni les parties civiles ni les magistrats n'aimeraient voir s'étaler dans le temps. Le dossier examiné pendant plus de deux heures et demie ce mardi par le tribunal correctionnel de Bergerac était pourtant de celles-ci, avec des agressions sexuelles qui auraient été commises entre 2000 et 2005. Tout commence par une famille en difficulté : le père, René*, est alcoolique et crée au sein du foyer un climat délétère de violence ordinaire. La mère, Céline, est dépressive et alterne séjours à l'hôpital et périodes de léthargie à leur domicile. Avec le couple, trois enfants : Sabine, née d'une première union de Céline, Eva et Karine. Les difficultés au sein du foyer vont conduire au placement de leurs filles en famille d'accueil. Les parents n'ont dorénavant qu'un droit de visite le weekend. Cette autorisation est suspendue en 2001, suite aux comportements et aux révélations d'Eva et Karine, alors âgées de 6 et 7 ans : cette dernière raconte à sa famille d'accueil puis aux gendarmes les attouchements très fréquents auxquels se livre son père sur elle et sa sœur. A l'époque, celle-ci restre prostrée et ne s'exprime pas. «Quand papa vous refait ça, vous me le dites», aurait dit la maman à ses filles quand elles avaient tiré la sonnette d'alarme. Plus tard, elles confieront avoir été également agressées sexuellement par William, un adolescent résidant avec elles au sein de leur famille d'accueil. Céline ira porter plainte contre le garçon. Mais au psychologue qui la suit, la petite Karine déclarera à propos des attouchements du père : «Papa m'a dit que je ne dois pas le dire et de dire que c'est William». Le jeune homme sera jugé par le tribunal pour enfants. A la barre, René, le prévenu, assure que la famille d'accueil l'a de suite accusé, sans éloigner l'adolescent dans une autre famille. Il nie catégoriquement les faits qui lui sont reprochés. La plainte des fillettes est classée sans suite bien qu'elles maintiennent leur discours. Deux ans plus tard, Karine assure au juge pour enfants que «Papa ne la touche plus», qu' «il a peut-être compris» et fustige un complot monté par les assistances éducatives. De son côté, sa sœur, qui refusait jusqu'à présent de verbaliser les faits, exprime sa volonté de ne pas retourner vivre chez ses parents. Le revirement de Karine est analysé par les psychologues comme un conflit entre le besoin de reconnaissance parentale et les interdits sociaux, et les experts l'analysent comme la conséquence du chantage affectif que lui font subir René et son épouse. Quant à Eva, qui a décidé de rompre le silence et d'évoquer les agressions au moment où sa sœur se tait, elle est rapidement traitée de menteuse par sa mère. Une ancienne plainte de la maman, datant de 1999 remonte à la surface : René aurait agressé sexuellement Sabine, la fille aînée du couple. Cette dernière s'est rétractée, comme sa cadette. L'avocate souligne les pressions exercées par le père sur ses filles, elle sollicite 8.000€de dommages et intérêts en réparation du préjudice morale subi par sa jeune cliente. Mais Charles Charollois met en avant un fait selon lui indubitable : «Le placement des enfants n'est pas un simple placement administratif, pour faire plaisir, comme l'a dit Monsieur. C'est un véritable placement judiciaire, parce que ça déconne à plein tube dans cette famille». Le représentant du ministère public met en outre l'accent sur la précision des accusations des fillettes et l'inanité de l'explication paternelle du complot des services socio-éducatifs. Me Vincent Maris, avocat du prévenu, dénonce un véritable «gâchis», «une plaie béante» pour son client : «Cela fait 4 ans et demi qu'il est mis en examen, qu'il nie, lui qui n'a jamais varié dans ses déclarations». Il réfute le caractère calculé des accusations contre le jeune Williams, l'agression par l'adolescent précédant l'affaire concernant le père de famille. Le Parquet requiert à l'encontre du prévenu 2 ans d'emprisonnement assortis d'un sursis et une mise à l'épreuve d'une durée de 3 ans, ainsi qu'une obligation de soins. Le jugement a été mis en délibéré. *Les prénoms ont été modifiés.

Tribunal ➤ Vol bout de leur diagnostic pour ne pas priver les parties civiles de leur procès». Me Capoul, également avocat d'Y. Bureau, souligne que son client a toujours nié avoir tué E. Muhr et insiste sur les zones d'ombre de l'affaire. Son client fond en larmes. «Vous ne pouvez pas le condamner seulement sur des hypothèses. (…) C'est un homme frustre, qui parle avec ses mots à lui, mais je ne peux pas croire que c'est le bourreau qu'on vous a présenté. Je ne peux pas croire qu'à l'horreur, on joigne le malheur». Après 2 heures et demi de délibération, le verdict tombe : la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine incompressible de 20 ans pour homicide volontaire suivi et précédé d'actes de torture et de barbarie. Yves Bureau accuse le coup. Puis c'est la révolte : «Je ne suis pas d'accord. On tape sur personne, on prend la perpétuité ! Je prends la perpétuité pour avoir lavé ma voiture ?!». Après l'audience sur intérêts civils, le public, à la façon d'un cortège funèbre, se dirige lentement et silencieusement vers la sortie. Une phrase de SaintAugustin, reprise pas le procureur, prend alors tout son sens : «Les morts sont invisibles, ils ne sont pas absents».

caractère réfléchi des actes de l'accusé ainsi que sa barbarie exprimée du vivant d'E. Muhr. «Pendant ces 48 heures, l'accusé ne ressent aucune étincelle d'humanité», insiste le procureur. Comme pour combler l'absence d'explications que l'on attendait d'Yves Bureau, J.-L. Gadaud avance une hypothèse concernant le mobile du crime : «Edith Muhr représentait tout ce qu'il n'était pas , (...) l'étrangère au sens le plus symbolique du terme». Le procureur s'adresse ensuite aux jurés : «Vous tous ici, acceptez qu'il doit être mis hors d’état de nuire». Il requiert l'emprisonnement à perpétuité assorti d'une période de sûreté de 22 ans ainsi qu'une rétention de sûreté (le placement dans un centre médicosocial après la détention).

«Les morts sont invisibles, ils ne sont pas absents» Me Larrat entame alors sa difficile tâche de défenseur d'Y. Bureau : «On ne peut pas soutenir 27 versions différentes, (…) passer du sadisme à l'abattement, puis à l'euphorie sans être atteint par la folie. (...) Je n'ai pas souhaité de contre-expertise psychiatrique mais je crains que les médecins n'aient pas été jusqu'au

Le Démocrate indépendant du jeudi 29 septembre 2011

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Les Dalton du restaurant ➤ Cinq jeunes habitant Sarlat et Sigoulès étaient convoqués au tribu-

nal correctionnel pour répondre d'une série de cambriolages. Ce mardi ils ne sont pas tous présents mais cela n'empêchera pas le TGI de Bergerac de juger les absents, en sus des présents. Les cinq sont tout juste majeurs, à avoir écumé des restaurants et des commerces de Sarlat, s'approvisionnant en denrées alimentaires, alcools..., entre 2010 et 2011. Dans le rôle des voleurs, Anthony, Yoann et Maximilien. Seul ce dernier est présent à la barre. Maximilien, 21 ans, au physique de lycéen, s'exprime de façon peu intelligible. Les gendarmes l'ont retrouvé chez son ami Yoann, avec deux scooters volés. En garde à vue, il avouera aux gendarmes les autres vols. Maximilien déclare que «c'était pour refaire le scooter de Yoann». Il y a aussi Kamal, à la barre, il s'explique : «On était chez Maximilien, on n'avait plus d'alcool. On est entrés dans le restaurant on a pris l'alcool et on est rentrés. (…) On vite eu des regrets». Audrey a recélé une partie du butin «à l'insu de son plein gré». Elle hébergeait à l'époque la bande de copains. L'un des vols avait été commis chez son ancien em-ployeur. «Je regrette...», affirme Kamal. «J'ai un peu subi les gens autour de moi...», déclare Audrey. Le gérant d'un des établissements cambriolés s'est porté partie civile. Le restaurateur réclame environ 3.700€ de dommages et intérêts. Me Arcis-Fayat souligne le contexte alcoolisé d'une «soirée qui vire à la bêtise» et tente de minimiser les faits imputés à Kamal, son client : «Je ne suis pas certaine qu'il ait eu conscience que ces objets étaient volés. (…) Il cherche à travailler, il essaie de s'insérer». Me Miglioretti, avocate de Yoann, absent à l'audience, met en avant la «personnalité suggestible» du prévenu, sous curatelle et dont la responsabilité pénale est donc atténuée : «Monsieur a été dépassé par la situation. (…) Il a accueilli chez lui des personnes qui commettaient des vols...». Le tribunal condamne respectivement la jeune femme et Yoann à 4 et 2 mois d'emprisonnement avec sursis. Anthony Maximilien et Kamal (relaxé pour le recel) sont condamnés à 8, 6 et 4 mois d'emprisonnement assortis d'un sursis avec une mise à l'épreuve de deux ans. Les jeunes (hormis Kamal) devront également verser conjointement 2.400€ de dommages et intérêts à la partie civile.


03 Actu_BERGERAC+.qxp 28/09/11 14:13 Page1

Actualité Lanquais ➤ Claudie Groux

«Je ne dors plus» Claudie Groux était une amie intime d’Edith. C’est dans son restaurant que se rendait la victime quand elle a été agressée. La restauratrice a choisi d’assister au procès. confiait la restauratrice avant que Bureau n’annonce son choix. Outre les faits d’une rare violence, ce qui a choqué la Périgordine, c’est l’attitude de Bureau : «Quelle horreur. Il se moque du monde et sourit. Soit il ne souvient pas de choses, soit il est très fort. Ce qui fait peur, c’est de se dire qu’on aurait pu le croiser». Depuis l’affaire, la vie de Claudie a changer. Désormais, elle garde sa voiture très près de la porte de sa maison. Pour le moment, elle évite la route où Edith Muhr a été agressée. Malgré le fait que le criminel soit sous les verrous, le sentiment de peur d’être agressée est chez Claudie toujours bien présent. «Depuis ce procès, j’ai du mal à dormir. La seule chose avec laquelle j’essaie de me soulager c’est que je me dis qu’Edith a dû rapidement perdre conscience et que donc elle

Lors de l’investigation au domicile d’Yves Bureau.

A

Lanquais, Claudie Groux est particulièrement touchée par le meurtre d’Edith Muhr. Amie de la victime et de son mari, elle est la propriétaire de l’Auberge des Marronniers, où le couple venait régulièrement manger. A deux reprises, la Périgordine a assisté au procès. Edith Muhr et son mari Rolf Walgenbach venaient manger depuis 13 ans dans l’établissement de Claudie Groux : «Tous deux étaient devenus des amis, surtout après la mort de son mari. A ce moment-là, ils ont tous deux été très présents à mes côtés. Ils

venaient manger chez moi au moins trois fois par semaine». Yves Bureau venait lui aussi manger, mais beaucoup moins souvent : une fois par an, lors du repas de l’Amicale laïque de Verdon. «C’est quelqu’un que j’avais déjà vu, mais en fait, je ne le connaissais pas vraiment» commente la restauratrice. Claudie a décidé d’assister au procès. «Ce fameux 10 septembre 2009, j’étais avec Rolf. Il partait en voiture un peu après Edith qui, elle, préférait venir à pied. Souvent, on lui faisait la farce, on lui demandait où était Edith». Ce jour-là, ne la voyant pas arriver, Rolf fait le

chemin qu’empruntait son épouse en voiture. Ne trouvant pas son épouse, il appelle un ami de Faux. «Ne le voyant pas revenir, j’ai appelé les hôpitaux, les pompiers, puis les gendarmes.» Claudie Groux ne s’est toujours pas remise du décès atroce de son amie : «C’est très difficile de faire le deuil quand on ne voit pas le corps.» Comme beaucoup d’amis du couple, Claudie attendait le procès. «La seule chose que j’espère c’est que Bureau ne fera pas appel. J’espérais que la peine soit plus lourde. Ce n’est pas possible de faire des choses comme ça...»

n’a pas dû souffrir trop longtemps. je me raccroche à cette idée. On savait ce qui s’était passé en gros, mais on ne connaissait pas tous les détails.» Claudie regrette que finalement Yves Bureau est était sous les projecteurs et estime que la victime a, elle, été oubliée : «Pendant toute cette semaine, Bureau a été un acteur. On sentait bien qu’il était content que l’on parle de lui». La restauratrice de Lanquais évoque la famille d’Yves Bureau: «J’ai du respect pour cette famille, car elle n’est en rien responsable de ce qui s’est passé. Le frère aîné d’Yves Bureau est même venu nous présenter ses excuses. En revanche j’ai du mal à admettre que l’on puisse croire que Bureau est innocent. En tout cas, une chose est sûre : Edith ne tombera jamais dans l’oubli, lui si». ERIC LAGRAVE

Yves Bureau déroutant Rolf, le mari, l’autre victime

Tous les amis d’Edith Muhr et de son mari ont beaucoup entouré Rolf Walgenbach après le drame. Certains estiment que le retraité allemand devrait se faire aider par un psychiatre afin de l’aider à surmonter cette terrible épreuve. Aujourd’hui Rolf vit toujours à Faux. Il n’a pas souhaité assister au procès. «Quand on le voit, on ne lui parle pas de l’affaire. Mais je sais qu’il a acheté un journal» confie l’une de ses amies. Situation paradoxale : Rolf s’en veut. Et si il avait fait ceci et si il avait fait cela. L’homme se dit que tout aurait pu être évité. Ironie tragique, en refaisant le chemin qu’avait parcouru sa femme au moment de sa disparition, Rolf a croisé la voiture de Bureau. «Il sait aujourd’hui qu’Edith était dedans» explique un proche. Mais à ce moment-là, Rolf ne pouvait pas le savoir.

En 2009, juste après les faits, Annie Cantelaube nous recevait, accompagnée de Serge Mérillou, le conseiller général du canton. nait que ça pouvait être lui» se souvient M. Vignau-Barranx. «Quand on nous a dit qu’il avait été arrêté, ça nous a fait rire, tellement nous pensions que c’était impossible que ce soit lui. Je me souviens même qu’Annie (Cantelaube, maire de Verdon, ndlr) nous a dit qu’il faudrait soutenir Bureau quand il serait libéré, après que les gendarmes se soient aperçus que c’était une erreur». L’ancienne élue a elle aussi été surprise de l’attitude de l’assassin : «J’ai beaucoup été déroutée. Ce sourire était impressionnant. Il paraît qu’il est comme ça. Au moment où les photos ont été montrées, beaucoup de gens sont sortis». Dans les souvenirs d’Annie Cantelaube, Yves Bureau était un homme «effacé et méfiant». Après le meurtre d’Edith Muhr, il n’y a pas eu de conséquences dans le village : «Juste après les

Jean-Luc Gadaud Procureur de la République

Le Démocrate : Jean-Luc Gadaud, votre réquisition n’a pas été totalement suivie par le jury dans le procès Bureau. Comment l’expliquez-vous ? Jean-Luc Gadaud : «Une décision de justice ne se commente pas.» Outre les peines, quelle est la différence principale entre un procès aux assises et en correctionnelle ? «La place de l’oral, du débat, est plus importante aux assises qu’en correctionnelle. De plus la peine maximale en correctionnelle est de 10 ans de prison. Là où on passe 1h en correctionnelle, on passe un jour aux assises. Pour le pénal, 10 ans est la peine minimale.» Une fois le verdict tombé aux assises, quel est le délai pour faire appel ? «Il est de 10 jours.»

Verdon ➤ Les élus témoignent

➤ Nicole Vignau-Barranx est une amie du couple. Il y a quelques années, elle était élue au conseil municipal de Verdon (une soixantaine d’habitants), en même temps qu’Yves Bureau. Aujourd’hui Michel VignauBarranx est élu sur la commune. «Bureau était quelqu’un qui n’avait pas beaucoup de personnalité. Parfois il venait aider pour l’amicale laïque. C’était quelqu’un de très serviable. Personne n’imagi-

3 mn avec...

En cas d’appel pour un procès à Périgueux, où est jugé cet appel ? «Soit à Bordeaux, soit à Angoulême.» Quelles sont les conditions à remplir pour pouvoir faire appel ? «L’appel n’a pas à être motivé.» Dans le cas d’une nouvelle condamnation en appel, il restera la cassation... «Oui, c’est une éventualité. La cassation intervient sur motif juridique, par exemple si un témoin n’était pas sous serment, ou si un juré manifeste ses opinions. Si un procès est cassé, tout repart à zéro. La cours de cassation ne juge pas le fond d’un procès, mais sur sa forme.»

Les amis allemands : «Que faut-il faire pour obtenir la A la Poudrerie peine maximale ?» Bureau était Margaret Schmitz connaissait Bureau soit reconnu fou et donc jugeable» commente Edith Muhr et son mari Rolf pas apprécié depuis une trentaine d’années : Margaret.

faits, les gens sont aussi venus en aide à la femme d’Yves Bureau. Ils sont venus vendanger et s’occuper des animaux». Puis peu à peu la vie a repris. «On ne peut pas dire qu’après les faits les villageois aient tourné le dos à la femme d’Yves Bureau. Je pense que les Bureau sont des gens qui, au départ, ne fréquentaient pas grand monde. En revanche, j’ai eu personnellement Mme Bureau au téléphone et quand elle m’a dit qu’elle ne pensait pas que son mari avait tué Edith, je n’ai plus pris de ses nouvelles» affirme Nicole. «Si Yves Bureau fait appel, ça va être encore de la souffrance et de la douleur. A Verdon, les gens ne parlent pas trop de l’affaire. Ce procès était digne. Il n’y avait pas de haine» confiait le maire de Verdon avant de connaître la décision de Bureau.

Claude Lascroux fait partie du conseil municipal de Verdon. Il est poudrier et a un peu connu Bureau à l’époque où ce dernier travaillait à la SNPE : «A la Poudrerie, il était apprécié des gens qui travaillaient avec lui. Il avait la réputation d’être quelqu’un de sérieux. Avant quand je faisais un chèque, personne ne savait où était Verdon. Maintenant tout le monde sait où c’est. C’est une affaire qui restera.».

E.L.

Le Démocrate indépendant du jeudi 29 septembre 2011

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«Au moment des faits, un journal en a parlé à Cologne (d’où était originaire la victime, ndlr). La ville était choquée, parce qu’Edith était très connue dans le milieu enseignant. Elle avait travaillé dans divers lycées et formait les professeurs de français et des proviseurs.» Margaret et son mari Angelo Geissen ont assisté au procès «à la place de Rolf». «Pendant un moment, Rolf a eu peur. Il craignait que Bureau ne soit pas condamné. Il avait peur que

Le verdict a choqué M. Schmitz : «Il n’a pas eu le maximum. C’est très surprenant, on se demande ce qu’il faut faire pour obtenir la peine maximale... En ce qui me concerne le fait d’avoir assisté à ce procès me permet de comprendre ce qui s’est passé dans la tête de Bureau» affirme Margaret dans un très bon français. «Je regrette qu’il n’y pas eu d’aveu ni de regret. Jamais Bureau n’aura parlé d’elle. Son sourire diabolique était insoutenable.»


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