Neon - Livre Glenn Greenwald (affaire Snowden)

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RESPIRER

RESPIRER

DANS SON PREMIER ROMAN, « CECI EST MON SEXE »,

Ça ne manque pas un peu de violon pour des chansons d’amour ?

CLAIRE BARRÉ NOUS PRÉSENTE TRIXIE-ROSE,

J

Surtout pas ! Ça serait tellement chiant, et déjà fait. Je hais les chansons d’amour. Ado, j’avais un poster dans ma chambre : « I hate love songs. » Jusqu’à ce que je réalise qu’on pouvait en parler. Sans être kitsch. Dans le genre, rien ne dépasse la Motown. H.M.

FEMME FONTAINE AUX YEUX MAUVES.

e vous aime. Vous le savez déjà, mais j’ai besoin de vous le dire encore et encore. Je vous aime. Si je pouvais vous sauver tous, vous offrir la sérénité dont vous rêvez, je le ferais. Je vous aime, je vous aime, je vous aime », crie Trixie-Rose. L’héroïne de Ceci est mon sexe a de l’amour à revendre et en reçoit par tonneaux. On la prend pour la fille de Dieu. Personne ne reste insensible à sa beauté et, partout où elle passe, elle déclenche des passions violentes et souvent funestes. La lascive métisse a un don : la fontaine qui jaillit à chacun de ses orgasmes possède des vertus miraculeuses. Elle guérit l’acné, les cancers, fait repousser les moignons, développe les muscles, etc. Pour son premier roman, Claire Barré, scénariste, nous entraîne au gré des pérégrinations de Trixie-Rose et de la nébuleuse qui l’entoure. « Les personnages du livre sont construits autour de trois piliers : le sexe, la drogue et la spiritualité. Je voulais montrer que la vie n’est pas seulement un enchaînement de souffrance, de répression du désir et de culpabilité, explique l’auteure. La chair peut être salvatrice. Les vibrations les plus puissantes de l’amour sont atteintes dans l’orgasme. » On s’en approche à la délicieuse lecture de Ceci est mon sexe. A lire : sous la couette ou avec un K-way. A.C.

On a tellement aimé l’album « Trouble in Paradise » (sortie le 7 juillet, chez Polydor) que NEON parraine La Roux pour le festival Rock en Seine, le 24 août.

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« Ceci est mon sexe », de Claire Barré, éd. Hugo Roman, 19,50 €.

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« Everyone’s Going to Die », en salles le 9 juillet.

DR MOLAMOUR « Les Wilson sont dans une impasse linguistique. Vous, Jeremy, investirez leur mariage. » C’est avec ces mots que le patron de l’agence Pillow missionne le linguiste Jeremy Cook au milieu d’un couple qui bat sérieusement de l’aile. Revoilà le héros du Linguiste était presque parfait, du romancier américain David Carkeet, fourré dans une nouvelle aventure, et toujours contre son gré. Qu’est-ce que le mariage ? Pourquoi le contracte-t-on ? Pourquoi s’obstiner à le sauver ? Autant de questions que le très misanthrope spécialiste du langage, armé de toute sa mauvaise foi, s’obstine à éviter. Truculent et méchant. A.D.

« Une putain de catastrophe », de David Carkeet, éd. Monsieur Toussaint Louverture, 21 €.

ALERTE CONCOURS : Infracourts, le concours de courts métrages lancé par France 2 et la Scam, revient. Pour cette nouvelle édition, il faut proposer d’ici la fin de l’été des petits documentaires (maximum 3’15“) sur le thème « Dimanche tous les jours ». Les 10 meilleurs verront leur programme acheté 3 000 € par France 2 pour être diffusé sur l’antenne. A vos caméras ! bit.ly/Infracourts

filles exaltés, ouvriers illettrés ou rejetons de la bourgeoisie, aimant être sales, user de leurs poings agiles, jouer et s’embrasser. Des gamins pleins de fougue, fans de grands espaces, aux vies impétueuses et parfois écourtées. A.D.

« The Bikeriders », de Danny Lyon, éd. Xavier Barral, 35 €.

« Les Miettes », de Frederik Peeters et Ibn Al Rabin, éd. Atrabile, 18 €.

L’ESPRIT EN FUITE S. PAVEL/ITAR TASS/CORBIS

HISTOIRE D’EAU

Après huit éditions américaines, The Bikeriders, le livre de photos de Danny Lyon, est enfin publié en France. Sorti en 1968, un an avant Easy Rider, le film de Dennis Hopper, ce travail est d’abord passé inaperçu avant de devenir culte. Le photographe, lui-même passionné de cylindrées, raconte sa découverte de « l’esprit biker : celui qui guide la main et libère les gaz de ces grosses machines rugissantes ». Ces photos des années 1960 offrent un incroyable témoignage sur ce mouvement. Souvent méprisés et craints, considérés comme une menace pour les sports de moto, les Outlaws clubs, les clubs hors la loi, apparaissent dans leur vérité crue : courses, rassemblements, mécanos en chemises à carreaux, gros bras tatoués, compétiteurs freluquets, fêtes en famille, enterrements. Une quinzaine d’entretiens, réalisés par Danny Lyon, sont livrés bruts. Ils dévoilent des mecs et des

COUCOU, C’EST EDWARD LE JOURNALISTE GLENN GREENWALD DÉVOILE DANS SON LIVRE LES COULISSES DE L’AFFAIRE SNOWDEN.

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e 20 décembre 2012, Glenn Greenwald, chroniqueur au Guardian US, reçoit un mystérieux mail : « Il y a dans le monde des gens dont vous aimeriez recevoir des informations et qui ne seront jamais en mesure de vous contacter sans avoir la certitude que leurs messages ne puissent être lus au passage. » Frisson. Cinq mois plus tard, il a enfin sécurisé sa messagerie et reçoit 25 documents d’un ancien agent de la NSA. Peu de temps après, celui-ci révèle son identité : Edward Snowden. C’est le récit trépidant de leur rencontre et de leur collaboration que livre Glenn Greenwald dans Nulle part où se cacher. Dès les premières pages, on est à Rio dans le bureau du journaliste qui galère pour installer les logiciels de cryptage. On est planqué dans un coin quand il dézippe le premier envoi de Snowden et découvre un Power Point détaillant le programme Prism, qui permet à la NSA de piocher dans les serveurs de Google, Facebook, Skype et autres géants du net. On s’installe derrière lui dans l’avion pour Hong Kong, où il a rendez-vous avec le lanceur d’alerte le 5 juin 2013. On lit par-dessus son épaule des documents classés top secret. Greenwald livre le prequel de « l’affaire Snowden » avec précision et rétablit des vérités. Le gouvernement américain parle d’un petit employé de la NSA ? L’auteur nous révèle qu’il a travaillé pour la CIA, qu’il a opéré à l’étranger sous couverture et assisté « le président Bush en 2008, lors d’un sommet de l’Otan en Roumanie ». Ce livre ressemble à un thriller, on en oublie presque qu’il ne s’agit pas d’une fiction. A lire : après avoir débranché son smartphone, on ne sait jamais. F.H.

Albert Dadas marche, marche. Il parcourt le monde, atteint de la « folie du fugueur ». En mai 1886, il rencontre Philippe Tissié, un interne en psychiatrie fasciné par son aliénation, qui se toque de le soigner. Un récit captivant, méticuleusement restitué par Christophe Dabitch et illustré par Christian Durieux. A.D.

« Le Captivé », de Christophe Dabitch et Christian Durieux, éd. Futuropolis, 19 €.

PARADIS PERDU Alma, femme généreuse et bourrue, est à la tête d’une communauté hétéroclite nichée dans une jungle imaginaire. Mais l’armée s’attaque à ce petit paradis et tout fout le camp. Claire Braud signe au stylo noir un étrange album, au rythme entêtant. Portée par un trait délicat et poétique, cette histoire mêle drame, humour, écologie et ambivalence des sentiments. A.D.

« Alma », de Claire Braud, éd. L’Association, 24 €.

« Nulle part où se cacher », de Glenn Greenwald, éd. JC Lattès, 20 €. NEON _ 99

N

Sur le premier, j’étais dévastée par un échec amoureux. La musique était un exutoire. Sur celui-là, ça allait plutôt bien dans ma vie. J’ai mûri. Et appris qu’il est plus juste de dire que l’autre est une part de notre vie qu’une part de soi-même. Cet album, c’est celui de l’indépendance amoureuse.

BRÛLEURS DE BITUME

SUR DES RAILS Quand Frederik Peeters s’empare d’un scénario d’Ibn Al Rabin pour l’illustrer en bichromie, ça donne un petit bijou, drôle et farfelu. L’histoire : un baron mégalo, entouré de bras cassés (frères siamois nés séparés, duduche en boa, dadais brutal…), qui tente de détourner un train circulant au Lichtenstein. Publiée en 2001, puis épuisée, cette épopée fantasque était restée confidentielle. Par chance, elle vient d’être rééditée. A.D.

SP IR ATION

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Tu parles d’amour de façon plus détendue sur celui-ci…

EMMANUEL PIERROT

NEON, magazine : Ton dernier disque date d’il y a cinq ans… C’est long, non ? La Roux, chanteuse : Un

Le style : cinéma dramaticoromantique-à-la-gelée-british. L’histoire : en sous-vêtements sur un matelas gonflable comme dans sa vie professionnelle ou amoureuse, Mélanie est paumée. Ça tombe bien, parce que le sombre et taciturne Ray aussi. Everyone’s Going to Die raconte LA journée où ils se rencontrent, se confient et construisent un profond amour platonique qui leur permet, au passage, de se retrouver eux-mêmes (et c’est déjà pas mal). Ce premier long métrage du duo de réalisateurs Jones (oui, juste Jones) est tout en nuances, plein d’humour et de mélancolie. Ray et Mélanie finissent-ils ensemble ? Ahaah… A regarder : en sirotant un verre de rouge, seul ou accompagné. T.W.

DANNY LYON, COURTESY EDWYNN HOUK GALLERY

LA ROUX TOURNE L’Anglaise de 26 ans sort son second opus.

peu. J’ai écrit mon premier album entre 17 et 21 ans. J’y racontais mes expériences : premiers émois, première rupture… Dans le second, Trouble in Paradise, je voulais continuer à raconter du vécu. Pour cela, il faut se laisser le temps de le vivre.

CAVALE

BALLADE D’AMOUR

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AMOUR

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