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ARCHITECTURE
from Cosy Mountain #55
Nul besoin d’être un skieur expérimenté pour participer à cette visite architecturale, ni de parcourir la totalité des 425 km de cet immense domaine skiable. Notre guide conférencier, Jean-Marie Chevronnet, spécialiste du patrimoine des Arcs, nous donne rendez-vous à Arc 1 600 (la première station des Arcs qui a vu le jour en 1968), au pied du télésiège du Mont-Blanc, accompagné par un moniteur de ski. « Quand on profite de l’architecture, on profite du paysage et on ne voit plus les immeubles », me prévient-il en préambule. Élaborée à l’occasion des 50 ans des Arcs, cette sortie culturelle à skis offre une demi-journée de balade insolite : on apprend à lire le paysage et comprendre l’insertion des bâtiments dans la pente.
Avant d’implanter quoi que ce soit, Robert Blanc et les architectes de l’Atelier d’architecture en montagne (Guy Rey-Millet et Gaston Regairaz) ont sillonné le domaine en définissant les plus beaux panoramas. En homme visionnaire, Robert Blanc a dessiné les pistes de ski avant l’architecture. Dès 1967, Charlotte Perriand, qui a 64 ans, rejoint un collectif d’architectes (Gaston Regairaz, Guy Rey-Millet, Robert Rebutato, Bernard Taillefer, Alain Taves, Pierre Faucheux…) déjà en place et consacre 20 ans de sa vie à la création de la station. Skier dans cette station intégrée, d’avant-garde, sans voiture, permet de comprendre comment elle a été pensée, comment les bâtiments sont implantés et voir son évolution actuelle avec l’implantation de nouvelles constructions.
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Étape 1
Face Face Avec Le Mont Blanc
Chaussés, emmitouflés et armés de nos bâtons de skis, nous empruntons le télésiège du Mont-Blanc, sur le front de neige d’Arc 1600. Au sommet, on ne peut rêver d'une plus belle vue : le mont Blanc se dresse face à nous. On voit les Alpes italiennes, la Dent du géant, les arêtes de Rochefort, les Grandes Jorasses. Au premier plan, on aperçoit une ancienne fortification et une voie romaine qui serpente dans la montagne. La piste du Mont-Blanc nous permettant de descendre est l’une des premières dessinées par Robert Blanc, avec le promoteur Roger Godino. Cette première étape apprend à se situer géographiquement, percevoir les frontières, les routes et les éléments forts qui constituent le paysage. Les concepteurs des Arcs ont pensé la station dans le respect du site et du milieu naturel. Alors mieux vaut comprendre le paysage et regarder ensuite l’architecture.
Étape 2
TOUT SCHUSS JUSQU’AU PAQUEBOT BLANC
Quelques virages plus bas, première leçon d’architecture avec l’un des bâtiments les plus récents de la station. Postés au-dessus du Club Med, inauguré en 2018, nous découvrons ce paquebot, vêtu de blanc, conçu par l’atelier Cap Architecture. Des lignes courbes et des toitures en pente reprennent l’héritage de Charlotte Perriand. Quand la neige recouvre le toit, le bâtiment semble porter une tenue de camouflage. « Les balcons filants rappellent les galeries de cure des sanatoriums, créés entre les deux guerres », fait remarquer notre guide-conférencier. Comme les architectures modernistes, ce bâtiment s’ouvre sur le paysage.
Infos Pratiques
À qui s’adresse cette balade ?
Cette sortie Archi-ski s’adresse aux skieurs de tous niveaux. Les participants empruntent des pistes faciles (bleues). La visite dure deux heures et il faut la considérer comme une balade. De nombreux arrêts sont prévus pour prendre le temps de contempler, écouter les explications du guide conférencier et prendre des photos. Limitée à 15 personnes.
Cette balade sera également proposée à l’occasion de l’événement Les Arcs Archi’ Design organisé par l’office de tourisme, du 3 au 7 avril.
Chaque logement profite du paysage et ne possède pas de vis-à-vis. Arc 1600 a été un vrai laboratoire architectural où des innovations ont été testées.
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Étape 3 LA PISTE DU BELVÉDÈRE PORTE SI BIEN SON NOM
La longue piste du Belvédère offre la plus belle vue sur Arc 1800. Elle nous conduit jusqu’aux immeubles conçus perpendiculairement à la pente : les résidences Belles Challes et les Lauzières (datant de 1976) avec leurs façades rythmées par une dizaine d’étages. L’intérieur est structuré par des rampes et des coursives qui donnent accès aux studios.
« À Arc 1800, regardez comment les architectes ont construit en rupture de pente. La volumétrie change par rapport à Arc 1600, qui est bien plus petit. En descendant, vous regarderez les bâtiments qui s’enroulent dans la pente », nous conseille notre guide-conférencier. Ces virages, ces points de vue sur la montagne, Jean-Marie Chevronnet, un enfant du pays, les connait par cœur, mais quand on lui demande ce qui le fascine encore, il répond : « La relation avec le paysage. Sur les pistes de ski, nous avons toujours le point de vue de l’architecture et le point de vue de la montagne : rien ne cache la vue. Il n’y a pas de grands bâtiments frontaux. Il faut apprendre à regarder l’architecture, c’est fabuleux car vous la voyez différemment ».
Étape 4
SURPLOMBER ARC 1800 ET LE GOLF
La piste bleue de l’Alpage nous amène jusqu’à Arc 1800. Nous découvrons le plateau, avec une pente importante, sur lequel la station aurait dû être construite. « Roger Godino choisit de construire la station en rupture de pente et garde cet espace pour concevoir un golf. Ce qui est intéressant ici : quand nous sommes sur les pistes, nous ne voyons pas les constructions. La station se déroule sur la partie basse et de telle sorte que nous découvrons les bâtiments seulement en arrivant », poursuit notre guide-conférencier, avant de se diriger à l’entrée de la résidence des Lauzières où les skieurs accèdent à leur résidence, skis aux pieds. Les façades des bâtiments sont obliques afin de suivre la course du soleil, faire entrer le maximum de lumière à l’intérieur et bénéficier de la vue sur le paysage. Les bâtiments se succèdent, s’imbriquent, sans vis-à-vis. C’est une ville à la montagne, riche de la créativité de ses concepteurs.
Arrivée à skis dans le village des Villards à Arc 1800. Coucher de soleil face au mont Blanc.
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À droite, résidence à Arc 1800 inscrite dans la pente, face au grand paysage.
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Étape 5
ADMIRER LES FAÇADES À ARC 1800
« Regarder le paysage, c’est comme observer un tableau. En fin d’après-midi, nous avons souvent un dégradé bleuté sur les montagnes en toile de fond, absolument magnifique. Cela me fait penser au tableau du peintre Caspar Friedrich "Le voyageur contemplant une mer de nuages". Ici on ne regarde pas la mer de nuages, mais le paysage et l’architecture.
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L’architecture est faite pour l’homme. Charlotte Perriand disait : le plus important, ce n’est pas le bâtiment, c’est l’homme qui vit dedans. Si on prend cela comme point de départ, on a tout compris à l’architecture des Arcs », confie Jean-Marie Chevronnet, avant d’arriver sur le front de neige. Interrogé sur les balcons, il nous répond : « À ce sujet, Charlotte Perriand disait : je voudrais que mes façades soient comme une femme aux yeux fardés. Les balcons sont peints en vert comme les bourgeons de sapin et en bleu gentiane pour les garde-corps ».
Nous découvrons la station piétonne, une zone de jeu pour les enfants, séparée des pistes. Le bâtiment à la toiture complexe, avec le stade de neige à proximité, abrite la garderie. Nous prenons le temps d’admirer les toitures qui semblent s’emboiter dans la montagne.
Étape 6
LA COURBE DIRIGE LE REGARD
Dans le hameau des Villards, l’un des sites d’Arc 1800, la taille des immeubles en impose. Nous comprenons mieux leur intégration dans la pente. Avec son plan circulaire, ce bâtiment est facilement reconnaissable ; il s’agit de la résidence Nova, créée en 1979 par Charlotte Perriand, Gaston Regairaz et l’atelier d’Architecture en montagne. Sa courbe conduit le regard sur la Pierra Menta, la montagne emblématique du massif du Beaufortin de l’autre côté. « Ce bâtiment aurait dû s’appeler Pierra Menta et non Nova », commente, amusé, Jean-Marie Chevronnet. Il y a une rupture de continuité entre les deux villages, marquée par la présence des vieux chalets nous explique-t-il. Les anciens chalets d’alpage en bon état ont été conservés ; les préserver faisait partie du cahier des charges lors de la construction de la station.
Création de chalets sur-mesure, à votre image des conceptions originales
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Étape 7
SKIER AU CŒUR DES CHALETS POINTUS
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Notre moniteur de ski emprunte la piste de la Traversée direction Arc 1600. Cette ancienne route dite des Espagnols (construite par des Espagnols fuyant la guerre en Espagne) nous mène aux chalets pointus, bâtis entre 1969 et 1992. À l’origine, ces chalets sont construits par des habitants désireux de s’installer et travailler dans la station. L’architecte Bernard Taillefer réalise les plans qu’il vend aux futurs propriétaires afin qu’ils fabriquent eux-mêmes leur habitation. « C’est l’idée d’une cabane. Bernard Taillefer s’inspire des chalets Trigon, fabriqués en 1955 par le couple suisse Heidi et Peter Wenger, sur un alpage de Rosswald dans le Valais. Ils sont conçus comme deux tentes canadiennes qui s’entrecroisent. Cela donne 4 pointus, pour 4 usages : la cuisine, la partie repas, le coin lecture et la zone contemplation avec une grande terrasse qui s’ouvre sur le paysage.
L’idée de départ est d’offrir un habitat minimum, avec une petite structure en béton armé qui doit coûter le moins cher possible en travaux de soutènement et en terrassement. Ce sont des chalets en bois simples », raconte notre guide-conférencier.
Nous glissons ensuite jusqu’à la résidence La Cascade, de Charlotte Perriand et Guy Rey-Millet, très caractéristique avec sa façade aussi penchée qu’un skieur qui fait un virage à grande vitesse. Ce bâtiment est la dernière rencontre avec l’architecture, imaginative et pleine de bon sens. De quoi nous donner un peu d’audace pour la fin de la descente. 6
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