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INTRODUCTION – ANALYSE

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RÉFLEXION

RÉFLEXION

INNOVATION TOUTE !

La montagne et les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu la crise sanitaire pour prendre leur avenir en mains. Oui, elles doivent se transformer, tant sur le plan économique qu’écologique, et certaines plus rapidement que d’autres. Mais chacune doit écrire son propre modèle. Une période à la fois grisante et riche d’innovations.

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Textes : Marie-France Sarrazin Illustrations : Anne Bosquet

L’apparition de ce fichu virus aura entraîné dans son sillage la propagation d’un mot, d’un concept. Résilience. Il intrigue autant qu’il agace. A remplacé l’expression de Nietzsche « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Cette pandémie sémantique s’explique sans doute par la note d’optimisme qu’elle véhicule : la capacité à surmonter une épreuve, à rebondir, à se réinventer.

A vrai dire, l’épreuve n’est pas nouvelle pour le milieu de la montagne qui porte plus que quiconque les stigmates du dérèglement climatique. Les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu 2020 pour engager leur nécessaire transition écologique et économique. Simplement, comme toute crise, celle-ci a joué le rôle de révélateur, incarné par la fermeture des remontées mécaniques. « Le ski paie le ski et davantage que le ski », résume très justement le maire du Grand-Bornand, André Perrillat-Amédé. Aucun doute làdessus, le ski demeure le moteur des stations. « Et il n’est pas substituable. Non, l’été ne remplacera pas l’hiver », tranche

Patrick Arnaud, directeur général de Serre Chevalier Vallée domaine skiable. La station haut-alpine compte parmi les premières à s’être attaquées à la diversification estivale. « En cinq ans, nous avons multiplié notre chiffre d’affaires estival par quatre, mais il ne représente que 3% de notre chiffre d’affaires annuel ! En 12 semaines l’été, nous réalisons le chiffre de notre plus petite semaine de janvier. Ce n’est pas rentable, mais nous faisons travailler beaucoup de monde et contribuons à l’attractivité de la destination. Nous ne pouvons le faire que parce que l’hiver marche bien. »

Les activités d’été sont rarement rentables. « Elles ne permettent pas à elles seules de générer une attractivité significative. Il faut en faire, mais arrêtons le fantasme de vouloir remplacer le ski par la diversification. Il n’y a ni réalité économique, ni touristique là-dedans », juge

Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF).

ASSUMER SON MODÈLE ÉCONOMIQUE

Faire table rase du passé, impossible et tout simplement pas souhaitable. La clientèle n’est, de toute façon, pas prête à lâcher le ski alpin : « Tous ceux qui avaient pratiqué d’autres activités l’hiver dernier, contraints par la fermeture des remontées, sont revenus au ski alpin », constate Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne. « Le ski ou le snowboard sont des activités qui demandent peu d’efforts par rapport aux sensations qu’elles procurent, contrairement au ski de fond. Avant, les gens skiaient 8 h par jour, aujourd’hui 3 à 4 h, mais tous les jours. Ils pratiquent d’autres activités mais ça reste du bonus, pas des produits pour lesquels ils viennent en station », constate Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du

Les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu 2020 pour engager leur nécessaire transition écologique et économique.

Cluster Montagne. Patrick Grand’Eury, président du Cluster Montagne, plaide pour l’équilibre : « Il faut sortir de la dichotomie actuelle : les promoteurs du ski à tout prix versus les promoteurs de la révolution brutale sans le ski. L’erreur serait de dire que le ski c’est fini, qu’il faut faire autre chose. C’est à la fois faux et trop radical. De la neige, il y a en aura encore dans les prochaines années, certes moins en basse altitude. » Toutes les montagnes ne se ressemblent pas, toutes ne sont pas impactées de la même manière par le réchauffement climatique. Ce que l’on pressentait est aujourd’hui scientifiquement confirmé. Pour construire leur avenir, les stations se sont emparées d’un formidable outil prospectif, Climsnow, né d’un consortium entre Météo France, l’Inrae et Dianeige. « L’avenir est très variable d’une station à l’autre, d’où l’intérêt de réaliser ces études. Il est fonction de la topographie, des équipements, de l’exposition. On peut se retrouver avec deux stations proches mais où les effets du

changement climatique ne seront pas les mêmes », explique Carlo Carmagnola, chercheur en physique de la neige au Centre d’études de la neige de Météo France et consultant pour Dianeige. Fait rassurant : « Le ski va continuer encore très longtemps. Les aménagements et outils de diversification vont permettre la survie des stations. » Mais il existe déjà des stations de basse ou moyenne altitude difficilement exploitables, qui n’ont pas un enneigement suffisant pour garantir le ski tout l’hiver.

UNE PAGE BLANCHE À ÉCRIRE

Des choix s’imposent. En 2020, une station a défrayé la chronique pour son virage que certains jugeront radical et d’autres courageux. Métabief. Cette petite station du Jura se déployant entre 900 m et 1430 m d’altitude, a anticipé la fin potentielle du ski alpin à l’horizon 2030-2035 sur son domaine. « Nous avons décidé de ne plus investir dans la neige de culture et dans de nouvelles remontées mécaniques, juste d’en assurer la maintenance », lâche Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d’Or. Fin 2018, il a été décidé de dédier du temps et de l’argent en ingénierie pour imaginer le modèle d’après, tout en maintenant le ski le plus longtemps possible. Métabief se donne 15 ans pour écrire son futur, qui passera par une dépolarisation. « A l’échelle du domaine skiable, rien ne remplace le ski. Il a fallu admettre que la bonne échelle n’était plus le domaine skiable mais le territoire au sens large. » Le territoire d’approche, c’est le Haut-Doubs. Olivier Erard compte sur sur l’humain pour se transformer. « Les professionnels de la montagne ont sans doute des solutions. N’imaginons pas trop rapidement des infrastructures, donnons-nous du temps. » C’est à la fois effrayant et électrisant d’imaginer un modèle dont on ne connaît pas les contours. « On pense qu’on va y arriver, mais on ne sait pas. Comme la station fonctionne encore, ça n’encourage pas la créativité. » Olivier Erard est conscient que la station est désormais scrutée, attendue au tournant presque. « Evidemment, il y a des résistances et des innovations qui émergent. » Mais il se dit à la fois rassuré par « la méthode et les moyens déployés » et encouragé par le soutien de toutes les strates publiques. « Les stations françaises ont développé un modèle très mimétique. Il faut peut-être que chaque territoire ose construire quelque chose de différent du voisin. Il faut de l’audace. Les territoires qui s’en sortiront sont ceux qui assumeront leur particularité ; ça demande du courage. Le champ des possibles est considérable », estime Patrick Grand’Eury.

RENAÎTRE DE SES CENDRES

La renaissance de Puigmal, dans les Pyrénées, en est la preuve tangible. En 2013, la station avait été contrainte de fermer, croulant sous les dettes et face à un manque de neige, laissant le site à l’abandon. Elle a rouvert cet hiver grâce à l’implication de sept copains passionnés de ski, qui ont investi toutes leurs économies dans ce projet, sans aucun argent public. Ils ont conçu la station de leurs rêves, plus variée et éco-responsable, ouverte à l’année. L’offre ski alpin est présente mais son fonctionnement rationalisé : la production de neige de culture et le damage sont réduits au minimum et une jauge de 1500 skieurs par jour instaurée. Le domaine comprend une zone de freeride sécurisée et un espace ludique avec un fil neige d’apprentissage et d’autres activités hors ski (luge, randonnées, raquettes, chiens de traîneau, trail, marche nordique, VTT...). Ce modèle est-il viable ? L’avenir le dira.

L’EXPÉRIENCE DIGITALE

« Il faut construire une montagne plus durable, créative, connectée et ludique », songe Patrick Grand’Eury. La station des Orres s’est résolument tournée vers la technologie, la digitalisation dans son exploitation comme dans son offre. Le passé professionnel high tech de son maire, Pierre Vollaire, n’y est pas étranger. La commune porte un projet de station expérientielle (12 M€) pour promouvoir les sports de pleine nature, reconquérir les jeunes et les publics percevant les activités de montagne comme inaccessibles ou peu attractives. Comment ? Par la création de trois pôles. Le premier, expérientiel, prendrait les attributs d’un « Futuroscope de la montagne », abritant un ensemble de simulateurs et de dispositifs de réalité augmentée. Le but : permettre au grand public de tester les activités de plein air proposées en station et dans la vallée, en toute sécurité (ski, vélo, rafting, kitesurf, luge, parapente, wingsuit...) pour ensuite l’amener à une pratique réelle. Le deuxième, le pôle sport et innovation, favorisera l’apprentissage des nouveaux pratiquants et l’amélioration des performances des plus aguerris. Au programme, ski et vélo sur tapis, ski latéral, home trainers connectés, salle de sport avec suivi physiologique connecté, cabine de cryothérapie, table de massage, salle hypoxie et salle d’analyse de performance. Troisième composante : le domaine expérientiel. Les pistes et spots d’entraînement ski et VTT seront équipés de caméras, capteurs et chronomètres pour mesurer ses performances en temps réel. Outil à visée professionnelle pour les sportifs de haut niveau et ludique pour le grand public.

« Les territoires qui s'en sortiront sont ceux qui assumeront leur particularité ; ça demande du courage. Le champ des possibles est considérable »

PATRICK GRAND'EURY, CEO LUMIPLAN MONTAGNE ET PRÉSIDENT CLUSTER MONTAGNE

RÉÉQUILIBRER L’HIVER ET L’ÉTÉ

L’été est-il l’avenir des stations ? « L’hiver, on est arrivé à maturité, à moins que ne se fasse jour une nouvelle glisse. La principale source d’évolution demeure donc l’été », pense Jean-Luc Boch. La marge de progression est grande ; les chiffres d’affaires été/hiver disproportionnés. Un rééquilibrage doit s’opérer. Val Thorens, station d’altitude internationale, a la chance de pouvoir compter sur une longue saison d’hiver. « Nous ne sommes pas menacés à court terme ; le ski va perdurer quelques décennies, ce qui ne nous empêche pas de préparer l’avenir et de dire que

notre futur relais de croissance sera probablement l’été. On y travaille depuis 5 ans. On a un vrai potentiel de progrès sur cette saison et des produits à inventer », remarque Jérôme Grellet, directeur général de la Setam qui exploite la station savoyarde. Là encore, Val Thorens réfléchit à l’échelle du territoire, tablant sur une clientèle d’été plus mobile.

UN GRAND LABO À CIEL OUVERT

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, dit l’adage. C’est un peu le propre des stations-villages, qui ont conservé un patrimoine, des activités autres que le ski, leur conférant un certain charme que le touriste en quête d’authenticité vient rechercher. Le Grand-Bornand fait partie de ces happy few. Ce village de 2200 habitants permanents et 25.000 lits touristiques, fortement imprégné d’agropastoralisme, compte 42 exploitations pérennes, employant 120 équivalents temps plein, autour d’un produit : le reblochon. En parallèle, 1500 emplois sont liés au tourisme. La commune peut se targuer d’un taux de chômage résiduel de 3% ! La station-village de Haute-Savoie a su garder ses caractéristiques : 3% de la surface totale est urbanisée, 27% des espaces sont classés en zones naturelles sensibles, 40% en en zone agricole et la présence de plus de 400 chalets anciens. « Le Grand-Bornand a pris soin de son territoire, l’a aménagé dans le respect de ses ressources, de façon à en faire aussi un lieu d’activité, créateur d’emplois. Nous sommes perpétuellement à la recherche d’équilibre, entre protection et aménagement », analyse André Perrillat-Amédé. Sur un million de nuitées annuelles, 45% se font en saison estivale ; il n’en demeure pas moins que le moteur reste le ski. L’hiver dernier, Le Grand-Bornand a connu des taux d’occupation parmi les plus forts _ 45% en moyenne avec des pics à 70% _, « pour autant, le volet économique a subi. On a touché encore un peu plus du doigt à quel point l’outil ski était déterminant, le pilier de notre modèle financier actuel ». Dans ce contexte, la commune réfléchit elle aussi à son avenir et a développé un projet de recherche inédit avec l’université Savoie-Mont-Blanc, un Grand Labo à ciel ouvert pour imaginer la montagne de demain, un modèle transposable. Ce programme de trois ans intègre 9 laboratoires, 35 chercheurs, 400 étudiants, deux chargés de mission développement durable et impliquera les acteurs et habitants du territoire pour définir collectivement les orientations stratégiques du Grand-Bornand. « L’objectif est de maintenir une population active, de faire du village un lieu où l’on doit bien vivre, bien habiter, bien séjourner. Le tourisme est un moyen, pas une fin en soi. » A travers ce grand projet d’étude, la municipalité entend fixer et respecter des objectifs chiffrés de la stratégie de développement économique, en maîtrisant la capacité de charge du territoire. Cette étude tournera autour de trois thématiques clés, sous l’angle du développement durable : la vie locale, l’agriculture et la biodiversité, et le tourisme. Non loin de là, en Isère, Emmanuelle George, chercheure en aménagement touristique de montagne à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), mène une démarche similaire initiée avec Isère Attractivité, l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise (AURG) et le Labex ITTEM (Innovations et transitions territoriales en montagne). Le projet porte sur les transitions des stations et des territoires touristiques de montagne. « Nous avons commencé par élaborer des dispositifs de travail co-construits entre les acteurs de la recherche, de l’ingénierie et des territoires volontaires pilotes partenaires, Gresse-en-Vercors et la communauté de communes du Grésivaudan », indique la chercheure. Le processus débute par une phase de compréhension et d’échanges sur la manière dont le territoire se voit et définit ses enjeux, abondée par un diagnostic participatif associant les habitants et acteurs économiques et publics. De là, émergent les points d’attractivité et de vulnérabilité perçus par le territoire, qui sont « mis en regard avec ce que l’on sait aujourd’hui des évolutions climatiques et des pratiques par exemple ». Place ensuite à l’élaboration de scénarios qui conduiront à un choix avant de proposer un plan d’action. Un programme au long cours, à l’image de la transition. « Transition n’est pas forcément synonyme de fin du ski, il existe plusieurs chemins », insiste la spécialiste. L’objectif, à court terme, est de mettre en œuvre ces dispositifs dans les territoires isérois intéressés. Du côté des Vosges aussi, on s’interroge. A la demande des élus du massif, Isabelle Blaise, directrice de mission à la Scet, filiale de la Banque des territoires, a réalisé une étude sur « l’évolution du modèle des stations des Vosges face au changement climatique ». Il en ressort la nécessité d’initier progressivement une transition où le ski n’occupe plus une position aussi centrale. « A court terme, passer d’une garantie ski à une garantie activités neige et

à long terme, passer d’une garantie activités neige à une garantie activités toutes saisons », résume l’étude. Elle préconise aussi de développer des spécificités propres à chaque station, mais à penser à l’échelle du territoire pour proposer une offre complémentaire et itinérante.

S’ADAPTER PLUTÔT QUE LUTTER

Skier toujours plus haut. Pour garantir la présence de la neige et moins produire de neige de culture, une tendance émerge : les fronts de neige d’altitude. Le seul département des Hautes-Alpes en compte trois en projet. Dans le Dévoluy, un plateau à 1850 m d’altitude sera desservi par un futur téléporté et aménagé en nouveau point d’attraction touristique et en lieu d’initiation, habituellement cantonné au bas de station. A Orcières-Merlette, le plateau de Rocherousse (2300 m), accessible par télémix, accueille déjà de nombreuses activités, mais va être réorganisé en vrai domaine d’altitude, avec un espace ski débutants. A Serre Chevalier, le futur téléporté du Pontillas, ralliera Villeneuve au plateau de Méa, à 2255 m, converti en espace débutants là encore. Serre Chevalier a choisi de s’adapter plutôt que lutter. Skier en haut du domaine et revenir en station en télécabine en cas de manque de neige fait partie des solutions envisagées. Le domaine skiable a créé un site internet pour à la fois sensibiliser et sonder sa clientèle sur de potentielles améliorations à opérer en faveur de l’environnement, comme la limitation du damage, la réduction de la vitesse des remontées mécaniques, la fermeture de l’accès à certaines zones pour protéger la faune et la flore ou encore le fait de laisser certaines pistes en jachère pour laisser la nature se régénérer. L’innovation passe aussi par un changement de comportement à adopter, accepté par les usagers, auquel cas l’effort est vain. Programmer des ascenseurs valléens pour désengorger les routes et les stations est louable ; encore faut-il convaincre les vacanciers de laisser leur voiture au garage. Dès sa création en 1966, Avoriaz a toujours été une station piétonne. On s’y déplace à pied, à skis ou en calèche. « C’est vraiment ancré dans les mœurs et des vacanciers viennent à Avoriaz pour ça, pour pouvoir se balader tranquillement avec les enfants », précise Sara Burdon, responsable communication de Morzine-Avoriaz. Les voitures sont reléguées aux parkings des entrées de ville en été comme en hiver, y compris pour les résidents

« Les lignes bougent vite pour éviter les scénarios catastrophes. »

LAURENT REYNAUD, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL - DOMAINES SKIABLES DE FRANCE

permanents. Les véhicules peuvent simplement circuler en intersaison, plus simple pour les chantiers ! D’autres initiatives voient le jour pour limiter l’usage de la voiture en station. Fidèle à son état d’esprit high tech, Val Thorens s’est volontiers portée volontaire pour tester une navette autonome 100% électrique, construite par Navya et exploitée par Bertolami, en 2019, ralliant le bas au haut de la station. Une première mondiale. La crise sanitaire aura marqué un coup d’arrêt à cet essai, qui n’aura pas duré très longtemps, mais assez pour constater une difficulté. « Cette navette arrondie au look sympa, une fois arrivée en zone piétonne, constituait un point de curiosité pour les vacanciers qui s’approchaient pour la regarder. Or cette navette s’arrête au moindre obstacle. Cela l’empêchait donc de fonctionner convenablement », relate Jérôme Grellet, directeur général de la Setam, exploitant le domaine skiable.

EN ROUTE VERS LA MONTAGNE DE DEMAIN

Mountain Planet montre combien l’écosystème de la montagne fourmille d’innovations pour anticiper l’avenir et réduire son empreinte carbone. Les stations s’y emploient volontiers. « Je ne connais pas une station qui reste inactive face aux enjeux. Cette crise sanitaire aura au moins eu le mérite d’accélérer la réflexion et la mise en place de dispositifs tels que le plan Avenir Montagnes », lance Pascale Boyer, secrétaire générale de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem). DSF promet la décarbonation des domaines skiables français d’ici à 2037 et a pris 16 éco-engagements. Evidemment, ces efforts ne doivent pas concerner que les seules stations, mais être partagés par la société dans son ensemble. Les prévisions du Giec, l’innovation, la créativité des entreprises, les économies d’énergie opérées, et de manière générale le progrès rendent Laurent Reynaud confiant : « Les lignes bougent vite pour éviter les scénarios catastrophes. » Alors, à quoi ressemblera la montagne de demain ? Sans doute un savant équilibre entre zones économiques, zones de pleine nature sanctuarisées, avec l’instauration de nouvelles formes de glisses, de nouvelles offres sportives, du digital au service de l’expérience et du service client... Une montagne plurielle. « Nous avons tant de pistes à explorer, du côté du tourisme culturel, industriel, naturel, gastronomique, astronomique ou encore thermal ou d’art de vivre », suggère Pascale Boyer. « Il faut construire un futur en ne lâchant pas ce qui a fait l’économie des 50 dernières années, se réinventer été comme hiver. Ce sera plus facile à mettre en place dans les territoires qui pourront capitaliser sur les bénéfices liés au ski », observe Patrick Grand’Eury. S’inspirer, regarder ce qui se passe ailleurs, travailler une stratégie en impliquant la population, les associations et les forces économiques en place. Bref, prendre son futur à bras le corps. « Certains vont prendre des risques, on les critiquera et ils serviront ensuite de modèle. Donnons tout le champ aux innovations, acceptons l’échec, tirons-en les enseignements pour mieux repartir », exhorte Patrick Grand’Eury. Le travail a bel et bien commencé.

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