SURFTIME #22

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Quand la surf culture envahit la toile avec Pandora Decoster, Karlee Mackie et Tristan Mausse.

ART.ificial Summer surf TIME Numero 22 IIIIIIIIII ÉTÉ 2010 IIIIIIIII gratuit > servez-vous


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INSIDE 6 News Les nouvelles fraîches du Surf Business.

30 ART.ificial Summer Bienvenue dans trois univers arty avec la surfeuse/artiste Pandora Decoster, la surfeuse/ peintre Karlee Mackie et le graffeur/glasseur Tristan Mausse. 42 Youngblood Girl Ophélie Ah-Kouen.

FREEPRESSE SAVOIE TECHNOLAC 18, ALLÉE DU LAC SAINT ANDRÉ 73 382 LE BOURGET DU LAC Tél : 00 33 (0)4 79 65 46 10 Fax : 00 33 (0)4 79 65 46 12 Site : www.freepresse.com DIRECTEUR DE RÉDACTION ET DE LA PUBLICATION Claude Borrani (claude@freepresse.com) 00 33 (0)4 79 65 46 13 REDACTEUR EN CHEF Stéphane Robin : 05 58 73 25 09 stephane@freepresse.com Rédacteur : Romain Bourgeais - romain@freepresse.com Contributeurs textes : Greg Puget, Antoine Robert, Thomas Joncours. photographes: Stéphane Robin, Aquashot, Kristin Asp, Laurent Brulon, Tristan Mausse, Nicolas Risch, Devon Howard, Jeff Johnson, Scott Soens, Axel Laurel. MAQUETTE : Phil Martin - phil.mart@sfr.fr PUBLICITÉ DIRECTEUR DU SERVICE COMMERCIAL ET DÉVELOPPEMENT : Kamel Beghidja (46 11) kamelb@freepresse.com Chefs de publicité : Fanny Marguet (46 10) fanny@freepresse.com Patricia Hartung (46 10) patricia@freepresse.com ADMINISTRATION : Laurence Rémy FREE PRESSE 9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON Administration, relations clients et abonnements : Laurence Rémy Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80 Fax : 00 33 (0)5 58 41 85 89 laurence@freepresse.com RÉDACTION, PUBLICITÉ, COURRIER ET SERVICE LECTEURS : 9, RUE DES ACACIAS, 40130 CAPBRETON Tél : 00 33 (0)5 58 41 85 80 Fax : 00 33 (0)5 58 41 85 89 Internet : freepresse.com Dépôt légal : avril 2010 SURF TIME est une publication FREE PRESSE Directeur Général : Claude Borrani SURF TIME est une marque FREE PRESSE Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées. (art. L.122-4, L.335-2 du Code de propriété intellectuelle). Les Magazines Free Presse sont distribués dans les plus fameux magasins spécialisés sur l’ensemble du territoire français, en villes et en stations, dans certains magasins de sport généraliste, dans les clubs, écoles spécialisées, résidences hôtelières, en colportage sur les plus grands rendez-vous nationaux et internationaux, salons et événements. 23 magazines Free Presse sont diffusés annuellement, ce qui établit un lectorat estimé à 200 000 par numéro, près de 5 millions pour l’ensemble des publications gratuites Free Presse. Si vous souhaitez des exemplaires de nos magazines pour participer à l’animation de votre business : laurence@freepresse.com Pour une liste complète des points de diffusion des magazines gratuits Free Presse, visitez www.freepresse.com Pour s’abonner : laurence@freepresse.com

Photos de couverture : La jonkette explore la Jamaïque à sa façon. © Ronan Gladu

Merci de recycler ce magazine quand vous l’aurez terminé.

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10 News Eco La qualité des eaux de baignade.

44 À Shopper Purple Haze.

12 Eco Warriors Sea Shepherd.

46 Trip Jamaïque Thomas Joncours rencontre la Wilmot Family.

14 News de Course Flores, Bourez et Pires au repos avant J-Bay.

52 Multimedia Chronique zik, Weedeos Games et Weedeos surf.

18 Retours sur Events Nike 6.0 Cash For Tricks, Surf Summit & Surfing Day.

56 Newcomer Nicolas Rish, water photographe.

22 Surf School Easylife Surfcamp, surf & shape !

60 Team Shaper L’histoire de Garth Gibbons.

24 Annonce Event Lacanau Pro, édition 2010.

62 Planche du mois Wallakoa Model, pour faire la différence !

26 Film Review 180° South, les conquérants de l’inutile.

64 Surflife Luc Rolland, plasticien du surf.


Tous des pirates ! E

t ouais, quand on voit les actions menées par Paul Watson et les équipes de Sea Shepherd, forcément, ça donne envie. Pour une fois qu’un type va au carton contre les pilleurs des océans, on a envi d’y croire. C’est un peu ça qui nous manque dans la vie de tous les jours, cette possibilité de nous battre directement contre cette logique économique du toujours plus qui détruit tout sournoisement, sans que l’on puisse réagir. En ce début d’été, l’eau est super chaude, mais pas franchement propre. On se demande vraiment dans quoi on marne. En voyant ce qui continue de s’échapper dans le golfe du Mexique, on se dit que les choses ne vont pas en s’améliorant. Quand le combat semble perdu d’avance, il y a toujours des types hors norme qui surgissent. Avec Paul Watson, c’est la volonté d’un seul homme qui a permis de sauver la vie de plus de 500 baleines pendant la dernière campagne hivernale en Antarctique. Et ce n’est pas tout, Sea Shepherd s’est aussi attaqué avec succès à la pêche excessive de thon rouge en méditerranée. Une traque incessante qui a permis de libérer des centaines de poissons. Un souci de protection des espèces qui en dit long sur ce qui reste à faire. En attendant, chez nous, on croise de moins en moins de poissons et on continue d’aller surfer dans une eau dont on ne sait pas grand-chose. On tombe malade, on a les oreilles qui brûlent, le nez qui coule, mais on ne sait toujours pas pourquoi. On se souvient des pavillons noirs distribués par Surfrider jusqu’en 2003, mais c’est de l’histoire ancienne. Depuis, Surfrider a développé ses propres laboratoires d’analyses. Malheureusement l’association dit encore manquer de moyens. Ses 900 000 euros de budget annuel en 2008 ne suffiraient pas pour mettre en place un dispositif permettant d’analyser l’eau dans pas mal d’endroits stratégiques, et toujours pas à Hossegor. Un comble quand on voit toutes les plages inconnues du Pays Basque Espagnol qui bénéficient de ces analyses ! D’un autre côté, l’État français est un vrai boulet. En effet, contre les revendications de Surfrider et d’autres ONG, notre pays (entre autres) a renoncé à prendre en compte la pollution chimique pour déterminer la qualité des eaux de baignade dans le cadre de la nouvelle réglementation européenne prévue pour 2015. Pire, les zones d’activités comme le surf ont été carrément supprimées des zones d’analyses. De quoi faire peur, et donner raison à Paul Watson qui, après avoir essayé tous les chemins législatifs possibles préfère désormais l’action directe. Plutôt que de continuer à se battre contre des moulins à vent, il préconise une sorte de non violence agressive qui a au moins l’avantage d’avoir des effets concrets et immédiats. À l’abordage ! Stéphane Robin Photo ci-contre : Biarritz, la Côte des Basques, paradis du longboard. © Stéphane ROBIN

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photo : Régis Mortier

Kid’s Week Waterman Tour Piqûre de rappel Le Moskito Tour a été créé en 2001 et la neuvième édition a tout juste débarqué fin juin 2010. La compétition a fait sa place dans l’agenda des compétitions de surf pour les kids de tous niveaux et c’est chaque année qu’Electric les accueillent de plus en plus nombreux et avec toujours autant de plaisir. L’édition précédente a compté plus de 350 participants sur l’ensemble du Tour. Cette nouvelle tournée compte cinq étapes (sur les plages de France, d’Espagne et probablement en d’Angleterre) et la finale se déroulera à Hossegor les 28 et 29 août. Pour info, la compétition est ouverte à tous les kids jusqu’à 18 ans quel que soit leur niveau. Cette année une “Expression” session est organisée en collaboration avec Monster pour les jeunes de 14 à 18 ans. L’inscription reste de cinq euros avec le petit-déjeuner, boissons, et le repas du midi compris. Vous pouvez vous inscrire en écrivant à moskitotour10@gmail.com ou directement dans les clubs qui recevront le Moskito Tour cette saison.

T’as pas l’heure ? Roxy vient de lancer une montre pro model spécialement créée pour sa championne européenne de surf, Lee Ann Curren. Commercialisée depuis le 15 juillet dans tous les points de vente de la marque et magasins spécialisés, la montre intègre un chrono, une alarme et une lumière. Son bracelet est en silicone, elle est étanche à 100m et son prix est de 69 euros.

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Un concept dédié aux jeunes talents grâce à Teisseire et Oxbow ! Son principe ? C’est une tournée des différentes plages de l’Atlantique où sont organisées des compétitions de surf, longboard et stand up paddle pour les kids de moins de 16 ans. Cinq étapes sont programmées afin de sélectionner sur chacune d’entre elles les meilleurs rookies qui participeront à la super finale qui aura lieu à la plage “Le Penon“, à Seignosse, le 28 juillet. Le but ultime ? Décrocher l’un des trois contrats de sponsoring d’un an dans le team Oxbow ou gagner un surf trip d’une semaine à Hawaï pendant le Oxbow World Longboard Tour du 24 octobre au 3 novembre 2010. Inscriptions et dates : www.kids-week.the-chrome.com

On s’était dit rendez-vous Le temps d’un été, Nike 6.0 s’installe dans une maison traditionnelle landaise et la transforme en un lieu inédit : la Roundhouse Nike 6.0. Située sur la place des Basques face à la mythique plage de la Centrale à Hossegor. Cet endroit atypique accueillera du 7 juillet au 27 août tout au long de l’été des events mixant le monde du surf à celui des arts, du cinéma et de la musique. Conçue comme un lieu de vie, créative et conceptuelle, la Roundhouse Nike 6.0 célèbre ses riders : Michel Bourez, Charly Martin, Nicolau Von Rupp & Naum Ildefonse. Ouverte au public tous les jours de 10h30 à 19h30, c’est l’occasion de vous plonger dans l’univers des Action Sports de la marque qui a mis en scène les passions de ses riders dans des espaces imaginés comme les pièces d’une maison.

Geek My life ! Electric vient de booster son application déjà existante sur l’iPhone. Un large panel de nouvelles fonctionnalités font leurs apparitions sur cette version 3.0. La plus grande innovation de cette mise à jour s’appelle “Rock The Volt”. Elle vous permet d’essayer les différents modèles de lunettes de soleil de la marque de façon très ludique. Vous pourrez aussi suivre les dernières news, découvrir toutes les collections de la marque et trouver le revendeur le plus proche de chez vous. Cette application est gratuite et disponible sur iTunes ! Pour les plus geeks, petite précision, l’intégration de Facebook et Twitter est prévue dans la version 3.0.1.

Tavarua pour tous !! Avant, pour pouvoir surfer restaurant gratos il fallait téléphoner pour demander une autorisation valable quelques heures le samedi uniquement, une demande souvent sans suite. Tout ça c’est terminé puisque le gouvernement des iles Fidji vient de voter une loi qui abolit tous les privilèges des surf camps qui réservaient l’accès des line up à leurs clients en exclusivité totale. Une vraie révolution puisque depuis 1984, le Californien John Roseman et d’autres se faisaient des fortunes sur leurs vagues parfaites. L’ile de Tavarua étant souvent réservée des mois voire des années à l’avance. A nous les Fidji !


Photo : Benjamin Thouard

ANTOINE DELPERO OXBOW TEAM RIDER

S E C R E T S P O T, TA H I T I W W W. O X B O W O R L D . C O M


Mick Fanning vient de rentrer chez FCS et nous le montre ! © FCS

Dans l’oeil du poisson Blasé des images traditionnelles des appareils numériques ? Préparez-vous à être aspirés dans un tourbillon de 180 degrés de vives couleurs ainsi qu’une perspective déformée avec l’appareil Rip Curl Fisheye 2 Special Edition. Voir le monde dans un cadre agréable, vif, cercle compact, ruisselant de couleurs punchy, dans un 35mm. À utiliser de jour comme de nuit grâce à son flash intégré. Prix public conseillé : 75 euros

journée les intervenant de la filières pourront se renseigner sur ce les nouvelles possibilités de reconversion grâce à des entretiens en forme de speed dating. Au menu également, la gestion du double projet, l’aspect médiatique, physique. Viendront témoigner des dirigeants d’entreprise, des surfeurs pro dont Jérémy Flores, d’anciens athlètes, des médecins.

Parlons Technique !

Un converti de plus signe chez FCS et pas des moindres ! Le double champion du monde Mick Fanning semble apprécier le flex et la versatilité offert par le système de dérives amovibles le plus vendu au monde. Il s’est décidé après une longue période de test à Hawaii l’hiver dernier. On nous promet déjà un pro modèle pour la rentrée! Attachez vos ceintures ça va speeder!

The winner is “SURF WISE”

Gère ta carrière

La saga de la famille Paskowitz remporte le prix du meilleur film au festival... Le Festival international du film de surf d’Anglet s’est achevé le 10 juillet 2010 après quatre magnifiques journées de projection. Avec son arrivée à Anglet cette année, le festival aura touché un public plus large, qui a pu découvrir une belle sélection de films de surf les pieds dans le sable !

L’Eurosima, la fédération française de surf et la DRJSCS s’associent pour organiser une journée à propos sur la gestion de carrière des jeunes surfeurs. Une première au niveau national au Casino de Biarritz le 26 juillet. Pour l’instant la principale voie proposée au niveau fédéral pour la reconversion des surfeurs de haut niveau, c’est le passage d’un Brevet d’Etat. Les carrière ayant beaucoup évoluées ces dernières années il est temps de penser de manière plus large à l’après surf. Lors de cette

photo : S.Robin

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Mick Fanning chez FCS

photo : V.Biard

Pour beaucoup le surf reste quelque chose d’instinctif. Il faut des années pour apprendre à taper un vrai beau roller, certains y arrivent d’autre pas. Rarement conseillés les surfeurs développent et conservent trop souvent des mauvaises habitudes qui limitent leur progression. Et puis comme aujourd’hui il y a des cameras partout, autant essayer d’affiner son style! C’est tout le projet du dernier livre de

Christophe Mulquin , vous aider à comprendre le mouvement en partant sur de bonnes bases. Entraineur à la Réunion depuis plus de 18 ans, il sait de quoi il parle. A défaut de l’avoir lui, vous aurez ses conseils détaillés sur 136 pages. 25 euros.

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2015 :

baignade autorisée ? À la veille de l’application de la nouvelle directive sur les eaux de baignade, le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, en partenariat avec Surfrider Foundation Europe, a organisé des rencontres de niveau européen, les 23 et 24 juin 2010 à Hendaye. Plus de 200 techniciens, élus des collectivités, représentants de l’Etat et leurs partenaires se sont ainsi retrouvés afin de débattre, échanger, et par la suite sensibiliser et accompagner l’ensemble des acteurs y compris les usagers.

réglementation. Cela permettra aux gestionnaires des lieux de baignade de garantir en temps réel une bonne qualité d’eau. La prévision de la pollution consécutive, par exemple, à un événement pluvieux pourra déclencher rapidement un plan d’alerte pouvant aller jusqu’à la fermeture de la plage. L’outil prévoira également sa réouverture en toute sécurité.

Ces deux journées dédiées à «la qualité des eaux de baignades en zone littorale» ont eu pour principal objectif d’aborder les questions relatives à la mise en oeuvre de cette nouvelle réglementation d’ici 2014, les outils pour une gestion active des plages, ainsi que l’information/communication au public.

Informer les usagers

Les gestionnaires face à la nouvelle réglementation Pour les gestionnaires des zones de baignade, les principales modifications concernant la mise en place de nouvelles modalités de suivi de la qualité des eaux et de classement (quatre classes de qualité : excellente, bonne, suffisante ou insuffisante) se caractérisent par l’obligation de réaliser un profil de vulnérabilité de chaque eau de baignade afin d’identifier les sources

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de pollution et d’y remédier, par la mise en œuvre de mesures de gestion des pollutions. La Commission européenne a en outre fixé comme objectif d’atteindre en 2015 le niveau de qualité au moins “suffisante“ pour toutes les eaux de baignade. Ces évolutions réglementaires auront des incidences sur la gestion quotidienne des plages tout particulièrement sur les politiques de fermeture/ouverture des zones de baignade et au-delà sur l’économie des territoires.

Les outils pour une gestion active des plages La nouvelle directive pour les eaux de baignade exige de nouveaux principes de gestion et d’information du public. Il est donc impératif pour les gestionnaires d’élaborer des outils qui apportent des réponses efficaces face à cette

L’amélioration de l’information du public, notamment via internet, figure parmi les objectifs phares de la nouvelle directive européenne sur les eaux de baignade. Les moyens de diffusion de l’information sont très importants pour s’assurer de la réceptivité du public et passent notamment par un cheminement rapide de l’info entre, par exemple, le moment du prélèvement et la restitution de son résultat aux usagers. Par rapport à cette directive européenne qui entrera en vigueur en 2015, Surfrider Foundation indique qu’il est probable qu’elle contraigne les autorités à fermer 1 plage sur 10 en France. L’objectif, à terme et suites à ces rencontres, est d’accélérer la mise en place des mesures à prendre afin que les plages soient conformes aux nouvelles normes en 2015. ■


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Sausset Les Pins / Sausset Surf Club: 26-27 juin Les Sables D’olonne / Olonna Surf Club: 10-11 Juillet HOSSEGOR / HOSSEGOR Surf Club: 28-29 Août

Compétition De Surf - Tous Niveaux

Electric Moskito Tour 2010


Sea Shepherd Bateaux noirs, actions coup de poing, les hommes de Paul Watson font du bruit. Le but de ces gentils pirates n’est pas de voler la cargaison des pêcheurs, mais bien de libérer ce qui peut encore l’être.

les éco pirates

Le baleinier japonais Shonan Maru en train de couler l'Agy Gil de Sea Shepherd Antarctique. photos © sea shepherd

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n a tous entendu parler de la lutte de Brigitte Bardot pour la sauvegarde des bébés phoques dans les années 80. À l’époque, ça nous faisait presque marrer, le message est passé lentement et la prise de conscience de la menace globale n’arrive qu’aujourd’hui. Derrière cette première grande campagne de sensibilisation, il y avait déjà Paul Watson. Ancien de Greenpeace et fondateur de Sea Shepherd. 30 ans plus tard, ce fils de pêcheur canadien reste l’un des plus efficaces dans la protection de la faune océanique. Pour lui, il faut agir vite, car c’est maintenant ou jamais. Le militantisme écologique de Paul Watson fait rêver. Avec lui, ça ne se passe pas derrière l’écran d’un ordinateur, mais en pleine mer au milieu des icebergs, sous les harpons des baleiniers en colère. Aujourd’hui, seule 0,6% de la surface des océans est protégée donc

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la tache est immense. Ici, plus question de lobbying, de cravates et de moquettes épaisse, la confrontation est brutale, mais sans armes dans les mains. Une non-violence agressive dont il a le secret. Respectant scrupuleusement les législations en vigueur, les équipes de Sea Shepherd se positionnent entre les braconniers et leur cible. Une stratégie payante puisque rien que sur la campagne 2010 en Antarctique, l’association déclare avoir sauvé la vie de 528 baleines. Leur but étant de couler économiquement l’industrie japonaise de la pêche à la baleine qui se sert du prétexte de la recherche scientifique pour en tuer un maximum. Mais il n’y a pas que les baleines, les thons rouges, les requins, les dauphins, toutes ces espèces surexploitées sont en voie de disparition. Hors si l’une d’entre elle

disparaît, c’est la chaîne qui finira par s’écrouler et à moyen terme l’humanité suivra. ‘’C’est ainsi que le monde disparaît. Pas avec un grand bang, mais dans un gémissement.’’Dixit Thomas Eliot

Engagez vous ! Si la France prend aujourd’hui position pour défendre le moratoire contre la chasse à la baleine, c’est certainement aussi grâce au travail de Sea Shepherd. Fondée au Canada par Paul Watson en 1977, l’association a ouvert un bureau en France en 2007. L’éloignement des zones d’intervention qui rendait l’action de l’association peu visible pendant des décennies est maintenant pallié par la rapidité des moyens de communication. On peut désormais suivre en direct le déplacement des bateaux et les actions des équipes. La saison

Aujourd’hui, seule 0,6% de la surface des océans est protégée.


Un hélicoptère fait aussi partie du dispositif stratégique de Sea Shepherd.

“At the edge of the world“ : le film Pour tous ceux qui se demandent encore qui est Paul Watson et quel est le but de son action, il faut à tout prix voir “At the Edge of the World“. Après “The Cove“ qui montrait le massacre des dauphins au Japon, ce film nous fait découvrir comment Sea Shepherd traque les baleiniers japonais dans les glaces arctiques. On peut voir comment ils opèrent pour entraver ces bateaux qui prétendent faire de la recherche alors qu’ils font de la pêche intensive. Un documentaire réalisé de manière indépendante par le réalisateur américain Dan Stone. Il sera projeté au festival du film de surf à Anglet en juillet et peut être aussi lors de la prochaine venue en France de Paul Watson en septembre 2010. ■

3 questions à Sea Shepherd Aquitaine,

photos © sea shepherd

d’action 2010 s’est terminée en méditerranée par la libération de centaines de thons rouges prisonniers d’immenses cages flottantes. Les plongeurs sont allés couper les filets des cages pour permettre aux jeunes thons de s’échapper. Il y a des volontaires de tous les pays dans les équipes de Sea Shepherd. Mais, les places à bord sont limitées et en partie occupées par des professionnels de la mer. Beaucoup de gens appellent l’association pour prendre part aux actions en mer, mais c’est surtout à terre que l’association à besoin de soutien. Les besoins en information du public sont importants, et l’association essaye d’être présente sur un maximum d’événements très divers. Du Hell Fest aux compétitions de surf il y a de quoi faire. En trois ans, la renommée de Sea Shepherd a grandi, mais les équipes locales restent limitées. L’association lance donc un appel aux bénévoles qui souhaiteraient donner quelques heures de leurs temps pour la bonne cause.

photos © sea shepherd

photos © sea shepherd

P a u l Wa t s o n e n France en mars 2010.

avec Fred Collinet le représentant local.

- Comment en es-tu arrivé à travailler Stand Sea Shepherd pour cette organisation ? J’ai découvert Sea Shepherd lorsque je vivais en Australie. C’est là-bas que j’ai commencé à intervenir sur les bateaux pour lutter contre la pêche industrielle sur la côte Est entre Brisbane et Sydney. En tant que surfer, j’estime que je suis un des premiers concerné par la protection des espèces du milieu marin. - Ta mission consiste en quoi ? J’organise les actions de communication de Sea Shepherd dans la région, afin de faire passer notre message et d’augmenter le nombre d’adhérents. Car même si la fibre de Sea Shepherd se passe en pleine mer, il faut aussi rassembler des fonds pour rendre ces opérations possibles. - Tu es payé pour ce boulot ? Non, je suis bénévole comme la grande majorité des intervenants de Sea Shepherd. 100 % de notre budget part dans les campagnes. Ce sont des campagnes longues et lointaines qui demandent énormément de préparation et d’investissement. L’association est toujours à la recherche de volontaires pour nous aider à préserver la biodiversité dans les océans.

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Jeremy Flores, leader du surf français depuis 2007, abordera la prochaine compétition en Afrique du Sud sereinement. De G-Land à Bali en passant par la France, Flores aura eu d e u x m o i s p o u r s ’ e n t r a î n e r. Photo : Kristin ASP

Last call

Flores, Bourez et Pires au repos avant J-Bay Après six mois de compétitions, de changements de formats, de vagues plutôt bonnes sur l’ensemble du tour, il est temps de faire un dernier bilan avant le lancement des festivités et l’arrivée de la caravane ASP sur les plages d’Europe. par Greg Puget

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uniors, filles, garçons, Océan Indien, free surf dans les Landes, l’actualité des dernières semaines a été bien remplie et nous voilà à la veille de la prochaine grande étape de l’ASP World Tour à Jeffreys Bay où le King Kelly Slater débarquera en leader… Encore une fois. Du côté de l’élite, nos leaders européens Tiago Pires, Jeremy Flores et Michel Bourez ont profité des quelques semaines de repos pour prendre du bon temps. Tahiti pour Bourez, Bali pour Jeremy et Tiago, et au programme beaucoup de training, de surf, de tubes… Bref, un moment difficile à passer pour quelques-uns des meilleurs mondiaux avant la reprise qui, quant à elle, risque de l’être vraiment.

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Le Top 45 devient Top 32

à J-Bay

Avant-dernière étape au calendrier avant le grand chambardement qui verra l’élite du surf mondial passer de 45 à 32 surfers. Le Billabong Pro Jeffreys Bay risque d’attirer l’attention de millions de fans à travers le monde, un grand nombre des actuels membres du Top 45 jouant leur dernière chance pour espérer pouvoir participer au circuit d’élite en deuxième partie d’année. Étape légendaire aux vagues longues, tubulaires, rapides et favorables aux manœuvres, le Top 45 devra profiter du fun sud-africain avant d’affronter la mâchoire tahitienne de Teahupoo lors du Billabong Pro Tahiti. À l’affût de précieux points pour se maintenir dans le haut du tableau, nos européens devront

assurer un résultat moyen (éviter l’élimination au premier tour) pour voler vers la Polynésie sans trop de pression. En bref, les choses sérieuses commencent maintenant et Bourez, meilleur européen en Afrique du Sud l’an dernier avec une vague notée 10 (sur 10) et une victoire sur le champion du monde Mick Fanning, devrait confirmer son début d’année tonitruant. Depuis la qualification dans l’élite d’Eric Rebière en 2003, l’arrivée de Miky Picon en 2006 puis 2008 et 2009, la montée en puissance de Jeremy Flores depuis 2007, la venue du Portugais Pires en 2008, les deux années d’Aritz Aranburu au sommet, le débarquement du puissant Bourez en 2009, et l’aller-retour de Marlon Lipke et Tim Boal en 2009, le changement de format et la réduction du nombre de membres de l’élite du surf mondial


SURF TILL YOU C AN’ T KEEP YOUR E Y ES OPEN. DREA M OF SURFING. THEN SURF SOME MORE. ISLAND PROTEST MAKES TRIPS TO THE SHORE OBSOLETE. PROTEST TO GET THERE. PROTEST.EU

RIDER: LARS MUSSCHOOT


Joan Duru, stoppé dan sa course à la qualification en 2009 à une place du top 15 « gagnant », voit sa mission 2010 se compliquer a v e c l a r é d u c t i o n d u To p 4 5 à 3 2 membres, soit autant de places en moins pour les prétendants… Photo :aquashot

pourrait bien compliquer un peu plus la tâche de nos tricolores et continentaux.

L’étau se resserre Quelles conséquences pour les leaders européens ? Passés de sept en 2009 à trois cette année, les surfeurs européens ont subi un retour de bâton assez rude l’an dernier avec la sortie de Picon, Boal, Aranburu et Lipke. Réduits à un trio pour défendre le drapeau européen sur le tour mondial alors que le format se réduit à 32 surfers, les choses se compliquent petit à petit pour les leaders du Vieux Continent. Malgré une régularité et un sérieux réel depuis le début d’année, on sait combien notre sport est sujet aux aléas de la nature pouvant être responsable parfois, d’éliminations prématurées. Cela veut-il dire que nous sous-estimons nos représentants au plus haut niveau ? Loin de là, et à l’heure où le magazine part en impression, nos trois vedettes sont bien en place pour se maintenir au moins pour l’année 2010 dans les rangs de l’élite surfistique. Cependant, la difficulté va surtout s’accentuer pour les prétendants au graal, leur tâche s’en trouvant d’autant moins aisée qu’ils devront bientôt affronter les “disqualifiés“ du circuit mondial forcés de se remettre au travail dans les compétitions ASP Star et Prime Series. Petit hic : avec l’avance de points obtenus grâce à leur début d’année au sein du Top 45, les treize concernés par le changement en milieu 16

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Ti a g o P i r e s , l e p o r t u g a i s f r a n c o p h o n e et bien installé avant de s’élancer dans les eaux froides de Jeffreys Bay où les longues droites tubulaires pourraient, enfin, lui donner le potentiel dont il saura se servir pour garantir son maintien dans l’élite. photo : Kristin ASP

d’année jouiront tout de même d’un statut “protégé“ dans la mesure où les points acquis sur les compétitions de l’ASP World Tour sont plus importants que ceux attribués dans les autres divisions. Faille du système diriez-vous ? Pas vraiment. Car 2010, comme nous vous l’avions expliqué dans le numéro précédent, est une année de transition, sorte d’antichambre du surf de demain qui va permettre aux officiels de définir une fois pour toutes les règles de classement, répartition des points, etc… Entre les différentes catégories de compétitions. Finalement, et comme dans tous les sports, la chance sourit aux audacieux mais surtout à ceux

qui s’entraînent le plus. Et pour ça, il se trouve que l’Europe compte pas mal de vrais bosseurs, de vrais athlètes de haut niveau à l’instar des Jeremy Flores, Tiago Pires ou Michel Bourez. On vous invite donc à vous connecter dès que possible sur www.aspworldtour.com pour suivre les exploits (ou pas) de nos têtes d’affiche qui affronteront encore la crème du surf mondial à J-Bay. ■ Sites referents : www.aspeurope.com et www.aspworldtour.com pour tous les classements, news, photos, vidéos, et LIVE des compétitions autour du monde !



Nike 6.0 - Cash for Tricks

Ti m B o a l , c a n d i d a t s é r i e u x pour le cash prize ! © photos Alex Laurel

FREE PARTY

Nike 6.0 Cash for Tricks

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ne formule simple, des critères de jugements aménagés, de la musique et de la convivialité. On peut dire que Nike bouscule les traditions en matière de compétition de surf. Plus fun, plus ouvert et surtout plus créatif, le concept du Cash for Tricks n’a pas mis longtemps pour séduire les leaders du surf français avec ses 40.000 euros de prize money. La première des 4 étapes du tour 2010 s’est déroulée à Seignosse le vendredi 2 juillet sur le pic des Bourdaines. Du soleil et de belles conditions de surf ont permis aux young guns de bien se lâcher. Vitesse, engagement et puissance, ils étaient nombreux à montrer ce que le surf new

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school a de mieux à offrir. Parmi les plus virulents, on citera Tim Boal, Charly Martin, Naum Ildefonse, Nicolau Von Rupp ou encore Tom Cloarec. C’est Joan Duru qui remporte cette première étape, rappelant par là qu’il est plus que jamais le leader de la génération montante. Remis de sa blessure il semble bien parti pour attaquer la section européenne du WQS à venir. Prochain épisode du tour à Anglet du 9 au 12 août. ■

calendrier cash for tricks Anglet : 9-12 août Lacanau : 17-22 août Zarautz : 31-5 septembre

Joan Duru winner des tricks addict. © Alex Laurel



Journée de conférences au Casino de Capbreton.

Surf Summit 2010 le rendez-vous des pros Texte et photos S.Robin

Les femmes à l’honneur

La grande réunion annuelle des industriels de la glisse qui s’est tenu en juin dernier à Capbreton a donné la parole aux femmes, à la bonne heure ! Il est loin le temps où le surf était un sport exclusivement masculin. La part de marché des marques girly représente désormais environ 30% et ne cesse d’augmenter. C’est pour parler de leur vision du business et de l’évolution de la place des femmes dans l’entreprise que sont intervenues tour à tour des femmes qui connaissent bien un milieu où elles travaillent depuis plus de 15 ans pour certaines. Elles ont mis en avant le fait que les opportunités restent moins intéressantes pour les femmes même si paradoxalement elles sont de plus en plus nombreuses dans ces mêmes entreprises. Leur présence reste pourtant déterminante pour pouvoir répondre à la demande d’un marché exigeant qui demande un produit confortable, de bon goût et si possible durable. Tout ça grâce à leurs capacités à comprendre et à transmettre des valeurs différentes. 20

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À l’honneur aussi, Stéphanie Barneix et Alexandra Lux, deux des trois filles de Cap Odyssée qui ont traversé l’Atlantique nord en paddle board durant l’été 2009. Un défi autant mental que physique qui démontre les capacités de résistance et d’endurance des femmes dans des environnements hostiles.

Rock Food Beach Party Comme chaque année le Rock Food s’est associé avec l’Eurosima pour organiser la compétition de surf inter entreprises du monde de la glisse, plage des Bourdaines. Ambiance détendue et participation record pour cette édition 2010 qui a bénéficié de bonnes vagues, malgré un vent soutenu. Le niveau était au rendez-vous avec la participation d’entreprises comme Volcom et Euroglass qui ont clairement démontrées qu’il y a toujours d’excellents surfeurs aux manettes dans le business du surf. Du côté des légendes, Jeff Hackman était lui aussi une nouvelle fois présent pour défendre les chances de l’équipe Quiksilver. Le suspens aura duré jusqu’au bout

et il aura fallu un peu de temps pour arriver à départager les meilleures équipes. C’est finalement Euroglass, une équipe à dominante australienne, qui s’impose après une longue journée d’efforts. Bravo et à l’année prochaine. ■


S U R F I N G D AY & R O C K F O O D B E A C H PA R T Y Belle victoire du team Euroglass pour une première participation!

les filles assurent autant dans l’eau qu’au bureau!


Surf & Shape

Easy life Surf Camp

Le trip  ultime de tout surfeur c’est de glisser un jour avec une planche faite de ses mains. Avec Easy life Surf Camp ce rêve est à la portée de tous. Et ouais, depuis cette année ; en plus des cours de surf, on peut apprendre à shaper pendant ses vacances! C’est pas dingue ça !?

Texte et photos S.Robin sauf mention

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La salle de shape au fond du jardin, le rêve absolu !

A

mon arrivée chez Easylife, je suis accueilli par Damien Marly qui arbore fièrement son t-shirt « my shaper is not chinese ». A la fois moniteur de surf, importateur de pain de mousse et initiateur de shape, Damien s’est associé avec Kevin Olsen pour promouvoir le backyard shaping comme une forme de vacances originale et authentique. Moniteur depuis plus de huit ans il a choisit de donner des cours d’une manière différente plus proche des stagiaires. C’est vrai que chez Easylife on vit au rythme des vagues. On surfe quand c’est bon, quitte à rester toute la journée à la plage. Le reste du temps, le camp regorge d’activités. Yoga, canoë, stand up paddle, ping-pong, et bien évidemment la salle de shape ou tout le monde vient jeter un coup d’œil sur les conseils de Damien ou de Kevin.


Est-ce que quelqu’un peut me dire d’où vient le courant aujourd’hui ?»

A v e c D a m i e n M a r l y, les cours de surf c’est trop facile !

Te m p l a t e o r i g i n a l pour un shape sur mesure fait maison.

« Au début on a créé cette salle de shape pour nous, et puis on a décidé de l’ouvrir à nos clients. C’est bien pour ceux qui veulent en savoir un peu plus. On ne prétend pas former des shapers mais juste dévoiler quelques secrets sur la fabrication des planches. Ici les stagiaires peuvent donner une forme à leur pain de mousse, apprendre à manipuler les outils, et voir aussi comment se passe le glaçage. Les plus déterminés repartent avec leur planche sous le bras et les autres auront vu comment ça marche et auront appris à réparer leur propre planche. » L’ambiance backpacker à la française est aussi ce qui séduit les surfeurs de tous bords. Souvent d’origine étrangère, ils

sont a la recherche d’un espace où ils pourront apprendre à surfer mais aussi échanger et faire des rencontres. Et le cadre ici s’y prête merveilleusement. En fin de journée, il fait bon boire une bière à l’ombre des grands arbres qui entourent cette vieille maison landaise. Kevin est un spécialiste du Barbecue : « une ou deux fois dans la semaine on offre les saucisses ». Au fil des années il a constaté que les clients varient avec les changements socio-économiques. « L’année dernière on a eu pas mal de banquiers anglais qui avaient perdu leur boulot et avaient besoin de se détendre. Au début il y avait beaucoup d’anglais qui venaient, maintenant on dirait que les gens viennent de

On ne prétend pas former des shapers mais juste dévoiler quelques secrets...

Ambiance backpacker à la française !

Kevin Olsen a déjà pas mal de planches à son actif.

moins loin, c’est plus des espagnols ou des italiens. On a aussi pas mal de citadins qui viennent l’été ou simplement pour passer un week-end hors saison. »■

Qui est Kevin Olsen ? Le minibus de la Kevin Olsen Surf-school ne passe pas inaperçu à Hossegor. Ancien surfeur pro d’origine Sud Africaine, il a fait ses premières armes à East London et à Durban avant de se lancer sur le tour ou il restera 3 ans. Même si sa femme est française, c’est surtout pour la qualité des vagues qu’il a choisit Hossegor. www.easylifesurfcamp.com

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Glenn Hall © Aquashot

SOORUZ LACANAU PRO

Joan Duru ©Aquashot_ASPEurope

LACANAU PRO

La revanche de Glenn Hall ? Le Soöruz Lacanau Pro, étape 6Star de l’ASP World Tour se déroulera du 12 au 22 août avec la présence des meilleurs surfeurs internationaux sur le spot de Lacanau-Océan. Dotée de 145 000 dollars de prize money, cette 31ème édition de la plus prestigieuse étape européenne attend le retour du français Joan Duru, 21 ans, surprenant vainqueur à Lacanau l’année dernière. Face à lui comme récemment en Vendée, le numéro un européen Glenn Hall, Irlandais de 28 ans, a une revanche à prendre sur Duru !

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Un quadruplé historique pour Duru ?

Hall VS Duru : duel annoncé

Tenant du titre en 2009, Joan Duru revient à Lacanau pour réaliser un exploit jamais atteint par un surfer français ou même européen. Le jeune homme est tout simplement imbattable sur le sol français après deux victoires consécutives au Vendée Pro en 2009 et 2010, et une troisième au Lacanau Pro en 2009. S’il conserve son titre, il sera le surfer qui aura tout gagné pendant plus de deux ans en France. Son succès est d’autant plus mérité que Joan est un des seuls pros français à s’entraîner et surfer en France tout l’hiver, où les conditions sont bien plus rudes et sélectives que d’autres destinations plus exotiques. Cette année, Joan est toujours en course pour une place sur le World Tour. Sa possible qualification sera connue juste après l’étape de Teahupoo à Tahiti qui, ironie du sort, débute le lendemain de la fin du Lacanau Pro !

L’année 2009 du surf français est marquée par le sacre de Jérémy Flores au Championnat du Monde ISA, mais aussi par la victoire de Joan Duru à Lacanau, 2ème français de l’histoire à remporter la prestigieuse étape après Thierry Fernandez en 1982. Cette performance accompagnée d’une victoire sur l’épreuve vendéenne cinq mois plus tôt propulse le jeune landais dans le haut du classement mondial. Hélas pour lui et pour le surf français, il réalise une fin de parcours en demi-teinte et rate d’un cheveu sa qualification pour la course au titre mondial. Humble dans l’attitude et combattant dans l’âme, Joan Duru entame cette saison 2010 en réalisant un doublé sur le Protest Vendée Pro en avril dernier grâce à une perte de poids et un affûtage physique permettant un surf encore plus puissant et rapide.

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Lors de sa finale vendéenne sur la mythique vague de la Sauzaie, Duru l’emporte sur l’Irlandais Glenn Hall, 28 ans, actuel n°1 au classement européen. Hall a également perdu sa qualification l’an dernier pour la quête du titre mondial, mais ce surfeur confirmé démarre bien la saison avec une victoire australienne. Le duel Hall VS Duru est très attendu sur le spot de Lacanau où Glenn Hall, grâce à un gabarit adapté peut performer sur les vagues canaulaises. Le Soöruz Lacanau Pro réserve bien des surprises ! ■

LE OAKLEY PRO JUNIOR

En lever de rideau et face à un public d’aficionados avertis, les jeunes surfeurs et surfeuses internationaux de moins de 21 ans s’affrontent lors du Oakley Pro Junior, étape qualificative pour les championnats du Monde de Surf Junior dissociés cette années en deux manches : l’Oakley World Junior à Bali en Octobre et l’ASP World Junior en janvier 2011. Du 13 au 16 août, ces rookies prometteurs tenteront de ravir le titre canaulais au Guadeloupéen de 20 ans Charlie Martin et à la Basque de 19 ans et championne du Monde Junior en 2008, Pauline Ado. Les vainqueurs bénéficieront d’une Wild Card les permettant d’accéder au tableau final de la compétition World Tour 6Star. Une nouveauté est apportée cette année lors de sessions d’exhibitions, les Nike 6.0 Cash for Tricks, qui récompensent directement sur la plage les surfeurs réalisant les manœuvres les plus radicales avec 10 000 euros de prize money en liquide !



Une aventure maritime interminable pour arriver face au mont Cerro Corcovado et monter au sommet. Š Scott Soens

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180° SOUTH,


les conquérants Undedocumentaire l’inutile aux frontières du monde Chris Malloy à l’aise dans un élément qui lui rappelle son enfance. © Jeff Johnson

S’il n’y avait qu’un message à retenir du dernier film de Chris Malloy, 180° South, c’est de ne pas perdre espoir. L’aventure est toujours possible. La vague n’est rien d’autre qu’un prétexte pour prendre la route. Peu importe si le but est atteint, il y a toujours quelque chose à apprendre, quelqu’un à rencontrer, une cause à défendre. par Stéphane Robin numero 22

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G r i m p e r, l ' a u t r e défis d'un voyage très engagé. © Jeff Johnson La siesta, une autre expérience du temps. © Jeff Johnson

Fortune de mer très au large de l’ile de Pâques... © Jeff Johnson

Yvon Chouinard, toujours prêt pour l’aventure. © Jeff Johnson

I

l y a des voyages qui ont besoin d’être vécu pour ressentir leur véritable engagement. Des itinéraires que l’on veut refaire, dépasser. C’est sans doute ce que se sont dit Jeff Johnson et Chris Malloy en regardant le film du trip surf et escalade réalisé par Yvon Chouinard 40 ans plus tôt. Faisant sienne la démarche du fondateur de Patagonia, ils sont partis à leur tour en direction des terres australes. 180° South n’est pas un remake, c’est un voyage dans le présent, un regard brut qui dépasse l’horizon du trip surf conventionnel. Un chemin long et exigeant qui ouvre les yeux sur ce que l’humanité s’empresse de détruire un peu plus chaque jour. Une aventure de surfeurs, d’alpinistes, d’écologistes, de militants. Une aventure humaine pour la bonne cause. Présenté en avant première au Festival du Film de Surf de San Sebastian, le film séduit par son authenticité et par son message. Au départ escalade et surf sont deux sports qui n’ont à première vue pas trop de rapport. Sauf pour des types comme Chris Malloy, qui a grandit dans un

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ranch du Ventura au milieu des canyons. Mais c’est surtout sur le North Shore que lui et son pote photographe Jeff Johnson se sont entrainés. Dix ans qu’ils rêvaient de refaire la route des pionniers en direction du plus haut sommet de Patagonie. Et puis le jour est venu où ils ont décidé d’y aller. Chris Malloy n’en est pas à son premier film. Après quatre surf movies, il est un peu lassé de montrer la beauté idyllique du trip surf, cette fois-ci il veut aussi filmer ce qu’on ne voit pas d’habitude, l’envers du décor et les gens qui l’animent. La dimension environnementale est bien évidemment au cœur de ses préoccupations.

et ses amis, ils ont préféré la voie maritime. Un concours de circonstances plus qu’un choix en quelque sorte, puisque c’est le fait qu’ils connaissaient un gars qui partait vers la Patagonie avec son voilier qui les a décidé à privilégier cette voie. Une solution originale mais longue puisqu’il a fallu presque quatre mois à Jeff pour atteindre l’extrême sud du Chili. Un périple plein de surprises qui l’amène à faire escale sur l’île de Pâques où il découvrira une histoire qui symbolise la folie des hommes. Il surfera aussi des vagues au-delà de ses espérances. Chris Malloy le rejoindra ponctuellement lors de la navigation, avant de terminer l’aventure avec lui et , surprise, avec Yvon lui-même qui n’a pas pu résister à la tentation de revivre un peu de ce qui fut le meilleur voyage de sa vie. Même si les moyens ont changé le défi alpin en lui-même reste entier. Les paysages sont impressionnants et la menace qui pèse sur eux est tout aussi réelle. Un film qui aide à penser l’avenir en appréciant le présent.■

un regard brut qui dépasse l’horizon du trip surf conventionnel.

Pour attirer l’attention du public sur le film, ils ont pensé y faire figurer une star du surf, mais finalement ils ont préféré un héros plus authentique. Jeff Johnson, est l’homme de la situation. Motivé, indépendant et aventurier, ce trip est fait pour lui. Plutôt que de prendre la route dans un Van comme le père Chouinard


Un secret spot de plus à l’actif des Malloy! © Devon Howard

La vision de Chris

Rencontre avec Chris Malloy et Jeff Johnson à San Sebastian. La barbe chez les Malloy c’est quelque chose, alors quand j’ai vu que Chris ne l’avait plus je me suis demandé ce qu’il se passait. Je m’étais promis de lui demander pendant l’interview mais les choses ont pris une tournure différente et finalement j’ai oublié. En même temps je ne savais plus exactement comment dire barbe en anglais sans parler d’ours. Les ours en Patagonie c’est pas ça qui manque mais ce n’est pas tout à fait le sujet. - Comment gère-t-on le retour à la vie réelle après 6 mois de voyage aussi intense ? Jeff : Quand je suis rentré, je suis sorti de l’avion, je suis rentré chez moi, j’ai récupéré ma voiture, et je me suis vite retrouvé avec une liste de chose à faire, constamment au téléphone… J’ai un peu flippé. Donc je suis reparti camper dans le désert pour une semaine. J’étais content de rentrer mais j’avais vraiment du mal à me remettre dans le rythme. Du coup, je suis reparti grimper et surfer pendant deux mois de plus. Que faites-vous personnellement au niveau environnemental ? Jeff : Je ne cherche pas à sauver le monde. J’essaye juste d’appliquer des règles de base dans ma vie de tous les jours. Utiliser moins de chose. Consommer moins. Trouver des moyens alternatifs pour ne pas gaspiller les ressources naturelles inutilement.

Chris et Jeff de passage à San Sebastian en mai 2010. © S. Robin

Les surfeurs sont-ils un public vraiment réceptif au message environnemental ? Chris : Je reconnais qu’il y a pas mal de surfers qui s’en foutent. Mais je pense que ce sont pourtant des gens super concernés, par leur pratique ils sont plongés dans l’environnement, ce qui n’est pas le cas de tous les sports. Ce n’est pas le nombre qui importe c’est la motivation de ceux qui s’impliquent. Surfrider Foundation s’est lancé près de chez moi en Californie il y a vingt ans. Quand j’étais gamin, je voyais des types peindrent des messages contre les rejets sur les bouches d’égout, je pensais qu’ils étaient fous. Et pourtant depuis le mouvement est devenu international et il y a beaucoup de choses qui ont changé.

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ART.ificial Summer Je n’ai jamais été un grand fan de surf art. Trop longtemps cantonné à une représentation naïve et idyllique d’une forme rappelant de prés ou de loin l’élément dans lequel on baigne quotidiennement. Je n’y vois pas un grand intérêt. Il semblerait par contre qu’une autre forme de cet art mineur soit en passe de se faire une place dans les galeries. Un art qui jouit aujourd’hui d’une certaine notoriété en accord avec le renouveau d’une culture pas si anodine qu’elle n’y paraît. Tout d’un coup, être proche de la nature c’est aussi important que de porter une cravate. A la bonne heure ! Texte et photo S.Robin

D

ans la vraie vie, beaucoup de gens se demandent ce que font les surfeurs à part du surf. Le cinéma ayant durablement porté atteinte à l’image du surfeur en le faisant passer pour un demeuré égocentrique. Merci à Brice et à Jean Dujardin qui, soit dit en passant, est, et de loin, le surfeur le mieux payé de France sans jamais avoir réussi à prendre une vague correctement. Il y a du pain sur la planche pour récupérer le coup. Heureusement la représentation du monde engendrée par la proximité avec l’océan est un formidable vecteur de création. Choix de vie exigeant, le surf s’éloigne souvent des lieux où se fabrique la culture officielle. Certain s’y font bien mais d’autres ont besoin d’exprimer leur différence avec des couleurs des matières ou des sons.

2010, l’année de l’ARTificial summer ? Pourquoi pas ! Comme le surfeur rêve inconsciemment de devenir une vague, l’artiste lui rêve d’atteindre un état de fusion permanente avec son œuvre. Une quête semblable à celle de l’été éternel qui nous anime tous. Avec un horizon pareil c’est un nouvel espace de liberté qui s’offre aux artistes. A partir de là tout devient possible. L’été comme l’art est une fabrication mentale source de tous les fantasmes. A peine a t’on l’impression d’y être que c’est déjà terminé. La toile peut alors devenir le lieu de son éternel retour. Mais c’est souvent de tout autre chose dont il est question. La représentation de soi arrivant en tête. Corps tatoués, atrophiés, visages élargis et yeux démesurés. On se demande quelle forme d’inconscient se cache derrière tout ça. Le surf, un autre rapport au corps ? A vous de juger !

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Pour moi les shortboarders sont des gens qui brutalisent les vagues.

Pandora Decoster d a n s s o n j a r d i n , t a r d l e s o i r. . .

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l’égérie Pandora

de la Côte Decoster, surfeuse artiste Team rideuse Roxy depuis tout juste deux ans, Pandora Decoster aime le longboard. Elle est aussi fan de la Côte des Basques, à deux pas de chez elle. C’est un peu son jardin, elle connaît tout le monde, et le line up n’a plus de secret pour elle. Quand elle n’est pas dans l’eau, elle peint. Une vocation presque familiale chez les Decoster. Photos et texte S.Robin

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L

a passion de Pandora pour le longboard classique n’est pas tombée du ciel. À la Côte des Basques, elle a suivit les conseils de Clovis Donizetti et Robin Falxa, deux inconditionnels du hang ten. Difficile aussi pour elle de passer à côté d’un héritage aussi important que celui de son grandpère, Gérard Decoster, collectionneur et organisateur du MIACS à Biarritz (Marché international d’art consacré au surf). Bien avant d’aller à l’eau, sa vie a été bercée par les images et les objets provenant ces collection. « Je n’ai plus l’occasion d’aller souvent le voir, mais chez lui c’est un véritable musée ». Ce sont toutes les histoires qu’on lui a racontées, toutes les discussions à propos du style et des valeurs du surf classique qui ont modelé son imaginaire. « Pour moi les shortboarders sont des gens qui brutalisent les vagues ». Il y a eu les planches de Daniel aussi, qui lui ont permis de travailler sa glisse en même temps que son style. Et puis l’été dernier après le Roxy Jam, c’est Joël Tudor en personne qui lui a fait cadeau de sa planche, ne supportant pas de voir une fille surfer sur un longboard performance à 3

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Pandora sous influence old school surfing.

Aujourd’hui être artiste c’est super difficile, il est impossible d’avoir un regard neuf sur la peinture. dérives ! Elle troqua volontiers sa planche de compétitrice pour renouer avec un flow plus intemporel. Cette planche fut comme le chaînon manquant entre elle et la Californie vers ou elle s’est envolée pendant l’hiver suivant. Depuis qu‘elle a découvert les point break de Ricon et de Malibu, rien n’est plus vraiment pareil. Pour elle qui n’avait jamais surfé ailleurs qu’à la Côte des Basque, l’expérience fut intense. Elle s’est retrouvée plongée au cœur d’une culture en perpétuelle évolution. « Là-bas, à 18 ans tu lances ta propre marque, tout le monde organise

des expositions, il y a des ateliers d’artistes partout, les gens vivent vraiment le surf. C’est très communautaire, c’est ce qui manque ici je trouve. » En ce qui concerne la peinture, elle a commencé très tôt, presque inconsciemment. « Quand j’étais plus jeune, je dessinais beaucoup, j’ai toujours vu ma mère peindre. Mais je pensais que c’était inaccessible. A l’école un jour je me suis rendu compte que ce n’était pas si compliqué, c’est venu tout seul. Trois aplats de couleur suffisent


Série de portraits peint lors de son récent voyage en Californie. Du haut des 100 marches, elle ne perd jamais le line up de vue.

Sunset session à la Côte, fabuleux.

pour peindre un visage ». Lors de son voyage en Californie, Pandora avait pour projet de peindre les portraits de tous les gens rencontrés. A bord du van qu’elle avait acheté avec une amie canadienne venue pour tourner un film, elles ont parcouru la Californie de haut en bas pendant trois mois. « Le thème c’est : en quoi le surf est plus un art qu’un sport ». Ses peintures ont fait l’objet d’une exposition lors du Roxy Jam. Malgré cette passion pour la peinture elle se sent surfeuse avant tout. « Aujourd’hui être artiste c’est super difficile, c’est impossible d’avoir

un regard neuf sur la peinture. Pour moi le surf c’est aussi un art. Ce que j’ai vraiment envie de faire c’est du surf classique. Je peins par ce que c’est plus intéressant que de trainer dehors à ne rien faire, c’est quelque chose de naturel pour moi. La peinture se fait en plusieurs temps il y a des choses auxquelles je pense que je ne peins que longtemps après. Mon rêve serait de peindre mon inconscient. Je peins aussi le surf. Même si le surf art ne me plaît pas toujours, il y a quand même des œuvres qui transmettent bien les émotions de leurs auteurs. » ■

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Le rêve éveillé de Si un jour on vous donnait l’opportunité de troquer votre vie contre celle de Karlee Mackie, il est certain que vos réponses seraient quasiment toutes favorables. Et il y a de quoi l’envier, car la vie de cette australienne de 22 ans n’est autre que celle d’un rêve au quotidien qui conjugue surf, peinture et voyages.

K

arlee Mackie a tellement de cordes à son arc qu’il est difficile de savoir comment la définir. Artiste ? Surfeuse ? Artiste/peintre ? Le mieux n’est pas de vouloir à tout prix la faire entrer dans un moule comme la société le voudrait, mais plutôt d’essayer de définir au mieux qui elle est. C’est ça quand on se montre douée dans un tas de domaines ! Pour commencer, si Karlee a sa place au sein de nos pages, c’est qu’elle est tout simplement une surfeuse talentueuse. Et ça, ses sponsors l’ont bien compris en lui donnant le statut de “free surfeuse“, lui laissant ainsi la liberté de faire ce qu’elle souhaite et de voyager au gré de ses envies. En somme, rien dans son contrat 36

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Karlee Mackie Texte : Romain Bourgeais

ses sentiments et de laisser aller sa créativité sur différents supports. Aujourd’hui, elle est également reconnue pour son talent dans ce domaine.

ne l’oblige à faire des compétitions, mais juste de mener sa barque comme elle l’entend et d’honorer les marques qu’elle représente. Comme elle le dit si bien elle-même et c’est sûrement ce qui l’a emmené jusque-là aujourd’hui, Karlee fait preuve d’une imagination excessive qui envahit son esprit constamment, se montre curieuse de tout et adore par-dessus tout apprendre et tenter toutes sortes d’expériences. Selon ses propres mots, elle a grandi un pied dans un monde spirituel et l’autre dans celui que nous connaissons. Le tout combiné, on comprend mieux pourquoi elle s’est naturellement dirigée vers la peinture en plus du surf. Pour elle, il s’agit bien là d’un exutoire, une chance d’exprimer

Quand on lui parle de son job atypique et de sa vie, voilà comment Karlee nous répond : « Je vis dans un monde imaginaire, j’ai même parfois du mal avec la réalité car je suis une grande rêveuse. Je reconnais que mon job est fun et que je suis une grand chanceuse. Je n’avais jamais pensé pouvoir toucher du doigt tout ce que j’ai pu voir, expérimenter, créer, toutes les personnes que j’ai pu rencontrer et encore moins gagner de l’argent en faisant quelque chose que j’aime et que je fais depuis mon enfance comme surfer, peindre et tout le lifestyle qu’il y a autour… Je suis tout simplement une grande chanceuse ». Après ça, tout ce que nous pouvons lui souhaiter, c’est de pouvoir vivre de la sorte le plus longtemps possible, pour continuer de nous faire rêver à notre tour. ■


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Issue du milieu du surf et du skate, Tristan Mausse a débuté le graffiti il y a 7 ans. Ensuite, il s’est exprimé sur de nouveaux supports, de la toile aux planches de surf et de skate en passant par les arts toys et la rue.

Glace Graffeur love Glasseur Par Antoine Robert Photos : © Tristan Mausse

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Glacelove, en la personne de Tristan, intègre l’entreprise UWL surfboards en 2006 en tant qu’artiste décorateur/glasseur ponceur, pour ensuite à l’été 2007, créer la «uwl art gallery» aux cotés de Thomas Cardinal. C’est grâce à leur travail commun que sont nées quelques expositions regroupant plusieurs artistes, issues principalement de la board kulture. Après plusieurs années passées dans l’atelier UWL, Tristan prend aujourd’hui plus de temps pour développer son art. Son style déjà bien affirmé, nourri à la sauce street, nous rappelle, en cette période où la notion de «no future» est plus que jamais d’actualité, l’esprit punk qui émergeait dans les années 70 en réaction au mouvement hippie.

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Avide de découvertes, Tristan quitte la France pour voyager plusieurs mois à travers l’Océanie et l’Asie. C’est à Byron Bay en Australie qu’il rencontre Bree Delian, propriétaire de la “Retrospect Gallery“, un lieu dédié au street art et au pop art. Suite à cette rencontre Glacelove aura la chance d’exposer dans cette galerie, et de réaliser des commandes directes. De retour en France l’été 2009, il rencontre plusieurs personnes clef qui l’aident à continuer sur sa lancée, tels que Wallako surfshop, Spacejunk, Rekiem skateboards... Après plusieurs expositions, et quelques séances de live painting, Glacelove poursuit son itinéraire de glasseur/surfer/artiste, et ne compte pas s’arrêter là.



Hanging five full speed !

Ophélie Ah-Kouen

9 feet Depuis quelques années, les longboardeuses réunionnaises arrivent en force. Ophélie Ah-Kouen fait partie de cette nouvelle génération de surfeuses qui ont tout pour elles : style, grâce, performance et gentillesse. De passage en France pendant 5 semaines pour la saison des compétitions, elle va faire des jalouses ! Texte et photos S.Robin

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Girl


Ophélie apprécie une after sunset session à la Côte des Basques, ce qu’elle fait rarement à la Réunion à cause des sharks !

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e sourire, c’est la première chose que l’on remarque chez Ophélie. Fille des îles, elle n’est pas du genre à se prendre la tête. Elle est quand même un peu tendue à l’approche du Roxy Jam. « Pour moi, c’est l’événement de l’année, ça change de la Réunion. Toutes les surfeuses que j’aime sont là et je suis super motivée. J’ai un peu peur aussi, mais je me dis que les autres aussi ont dû passer par là. » C’est sa cousine qui l’a mise au surf. « J’avais 12 ans, elle savait que j’étais un peu casse-cou et m’a dit que j’aurai de bonnes sensations en surf ». Ophélie choisit de faire du longboard parce

qu’elle trouve ça plus beau, plus féminin. C’est donc sur une 9 pieds quelle s’entraîne à Saint Gille encadrée par son prof de surf le mercredi et le samedi. À peine un an et demi de compétition et elle devient vice championne d’Europe à Tapia, en avril 2010. Encadrée par Jérôme Blickmann elle réalise là une belle performance qui lui assure la qualification pour le Roxy Jam. Grosse fan de Kelia Moniz elle apprécie aussi le style de Cassia Meador et comme elles, le hang ten est sa manœuvre favorite. Alors même si les vagues de la Côte des Basques lui paraissent un peu molles et moins prévisibles que celle des reefs réunionnais, elle pourrait bien créer la surprise. ■

CV Rapido Naissance : en 1993 à La Réunion Home break : Saint Gille & Les Roches Noires Shaper : Choka Surfboards Sponsor : Rip Curl Palmarès : Vice championne d’Europe 2010, 3ème au Championnat de France 2009

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Wormser

Prix public conseillé : 80 euros

Fulton

Prix public conseillé : 100 euros

Tonette

Prix public conseillé : 79 euros

Metal

Chokri

Prix public conseillé : 30 euros

Prix public conseillé : 55 euros

Pipes

Prix public conseillé : 30 euros Mambo

Prix public conseillé : 40 euros

Gizmo

Prix public conseillé : 24,95 euros Mc Fly

Prix public conseillé : 24,95 euros

Logo Tee

Prix public conseillé : 20 euros

Moondak Shorty

Prix public conseillé : nc

Pure

Prix public conseillé : 79 euros 44

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Prix public conseillé : 99 euros

Lo

Prix public conseillé : 38 euros

Kainui Team

Prix public conseillé : 29 euros


Gradient

Prix public conseillé : 36 euros Nessie

Velveteen

Prix public conseillé : 90 euros

Prix public conseillé : 103 euros

Love Ette

Prix public conseillé : 29,90 euros

Ariel

Prix public conseillé : 49,90 euros Quik Zip

Prix public conseillé : 65 euros

Jam

Prix public conseillé : 49 euros

Cyclone

Prix public conseillé : 59 euros Central Park

Prix public conseillé : nc

Elastigirl Dark 10

Prix public conseillé : 49,95 euros

Prix public conseillé : 44 euros Electric Eel

Prix public conseillé : 50 euros

Rika

Prix public conseillé : 60 euro

Laelia Tie

Prix public conseillé : 60 euros Air Mogan Mid

Prix public conseillé : 85 euros

Moon

Prix public conseillé : nc numero 22

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Mister Billy «Mystic» Wilmot devant chez l u i à B u l l B a y.

Jonkette dans le barrel du «lighthouse» à la sortie du port de Kingston.

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Ivah Wilmot, B u l l b a y.


Thomas Joncours meet the Wilmot family

Le surf en Jamaïque, c’est aussi et surtout la famille Wilmot. Pas de hasard donc, c’est dans leur surf-camp qu’ont atterri Thomas Joncours et le photographe Ronan Gladu. Récit de voyage par le plus controversé des surfeurs bretons. Texte T.Joncours, photos Ronan Gladu

La photo de famille, de gauche à droite : Ivah, B i l l y, M a g g i e , I m a n i e , I n i l e k , Ishack et Icah... Wilmot !

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Ester Beck au canard... Sûrement la plus belle mannequin de Jamaïque, et en plus elle surfes bien !

Jonkette le blanc-bec & D o c P e p p e r, r a s t a / g o u r o u d u q u a r t i e r.

La musique et les jamaïcains : inséparable... Même si pour ça, il faut se trimbaler batterie, ampli, caisson de basse et enceinte sur un vélo pour enfant !

L

’idée d’aller surfer en Jamaïque m’est venue en deux étapes. D’abord, j’ai toujours eu envie d’aller faire un tour sur cette île. J’ai passé pas mal de temps sur l’ile de la Réunion et j’ai toujours aimé les musiques du style caribéen. Quand Laurent Gougain aka “Le Général“, snowboarder du team Kana Beach m’a raconté son récent voyage là-bas et qu’il m’a montré quelques vidéos, je me suis dit qu’il fallait que j’aille une fois dans ma vie, et si possible dans un futur proche… Il y a quelques années, j’avais déjà eu la chance d’aller surfer dans les Caraïbes et j’avais eu de superbes vagues, notamment sur l’île de Tobago et à la Barbade. En automne 2006, j’étais à Huntington Beach pour récupérer des planches pour l’hiver et il s’est avéré qu’au même moment se déroulaient les championnats du monde ISA à 2 minutes de vélo de là où je logeais. De là, j’ai connecté un peu avec l’équipe de France dans laquelle j’ai quelques bons copains comme Simon Marchand ou Amaury Lavernhe. Sur le site de compétition, des tentes de plages étaient

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alignées, une pour chaque équipe. L’une d entre elle a particulièrement attiré mon attention, des rastas qui parlaient fort, c’était pas banal ! C’était l’équipe de la Jamaïque. C’est à partir de là que j’ai commencé à me renseigner sur internet à propos de l’île et des conditions de surf. La Jamaïque est bien encaissée dans la ceinture caribéenne et je voyais mal comment elle pouvait recevoir des houles fréquemment. En cherchant, je suis tombé sur des photos intéressantes, avec de belles vagues dans de l’eau turquoise, notamment au “Light House“ et à “the Zoo” où l’on pouvait voir Billy Willmot charger des vagues de plus de 3m !!! C’est là que je me suis mis à chercher un surfcamp, et je suis tombé sur le site de Jamnesia qui propose des séjours. Il s’agissait en fait du camp tenu par la famille Wilmot. J’ai discuté avec

eux et j’ai pris mon billet avec le photographe Ronan Gladu pour presque un mois en janvier ! Quand j’ai quitté la France, il faisait froid, l’eau était gelée, je suis arrivé de nuit en Jamaïque. Ronan m’attendait car il était arrivé quelques heures plus tôt. Un chauffeur de taxi carrément sympa nous a amené à 15 minutes de là chez les Wilmot. On est arrivé aux alentours de 21h, on a mangé et j’ai fait connaissance avec la famille. Ils sont six en tout et ils sont entourés de quelques membres assez incroyables qu’ils ont semble t’il adoptés ! Les parents sont Billy et Maggie. Billy a 50 ans mais en fait 25 et surf vraiment bien, il joue de tous les instruments. Il a eu un groupe de musique reggae assez populaire dans les années 80 “The Mystic Revealers“. Il a même joué dans une série locale du style “Plus belle la vie“, ce qui fait qu’il est connu partout pour son rôle !


Jonkette toujours dans le barrel du «lighthouse»

C’est sa femme Maggie qui gère le business. Chez les jeunes, il y a Ishak, l’aîné doit avoir à peu près mon âge (25 ans), Icah le deuxième environ 20 ans, et Inilek 18 ans. Les deux derniers sont goofys et surfent très bien ! Imani la sœur, surfe aussi et le plus petit qui doit avoir dans les 10 ans s’appelle Ivah et lui aussi surfe et skate ! À cela s’ajoute O.T, diminutif de overtall (super grand !). Il surfe et chante quand il ne fume pas des gros joints. Ils ont un groupe avec les deux plus grands des frères, lui est l’un des chanteurs. Le groupe s’appelle “From the deep“. Il y a un autre gars aussi, docteur Pepper, qui est le type le plus insensé que j’ai jamais vu. Il doit avoir 50 ans, la dentition clairsemée, quelques dreadlocks pauvres et courtes. C’est à la fois un prophète, un chanteur et un guérisseur. Le genre de type parfait pour nous distraire quand on avait du temps à perdre au surf camp. Le gars pratique la magie noire, et préfère les femmes très grosses (lui est plutôt petit et maigre) car il prétend qu‘elles ont les zones érogènes plus en surface. De temps en temps, il poussait la chansonnette entre deux parties de domino ! Le premier soir, j’ai dû me coucher aux alentours

de minuit, j’étais vraiment crevé du voyage. Le lendemain, on s’est quand même levé à 4h du matin pour aller avec Billy surfer un spot au nord de l’île qui marche très rarement : Shark Cove. Il y avait une grosse heure de route, des gros virages de nuit avec tout le monde qui roule en

le cadre était magnifique. Je me suis mis à l’eau direct, omettant totalement le fait que l’eau était marron, sans doute à cause de la petite rivière qui sortait en face du pic. J’ai aussi totalement zappé que le spot s’appelait Shark Cove ! J’ai surfé 8h non stop seul à l’eau, jusqu’à épuisement total. J’ai dormi tout le chemin du retour ! Voilà comment mon voyage a commencé !

Shark Cove, une droite qui s’enroule le long d’une pointe de galets, sur plus de 100m. Je ne m’attendais pas à une telle qualité de vague. pleins phares et des nids de poules énormes tous les 100m. Billy racontait des histoires tout en fumant des gros joints dès le réveil. À l’écouter, on allait avoir une bonne session. Quand nous sommes arrivés sur le spot vers 5h30, il faisait déjà jour, la côte était très verte et les vagues étaient bien là ! À Shark Cove, il y a une droite qui s’enroule le long d’une pointe de galets, les meilleures déroulaient sur plus de 100m. Je ne m’attendais pas à trouver une telle qualité de vague. Il n y avait pas de vent,

Au fil des jours, on s’est familiarisé avec les spots de la côte sud proche de la maison, comme le light house qui est un pic super en dessous de 1m50 et qui fait des tubes en droite et en gauche dans peu d’eau. On a vraiment beaucoup surfé tous seuls ou avec Ishak qui nous guidait. Billy ne surfait pas à cause d’une plaie qu’il s’est fait au dos en touchant le reef. On a aussi été surfer l’Est de l’île à Boston Bay. Sur la route, on s’est arrêté pour aller se baigner dans des chutes d’eau, c’était vraiment paradisiaque. Dans la voiture, on avait toujours le droit à du son dance hall.

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La Jonkette à Shark Cove, au nord-est de l’île.

P’tits jeunes d u q u a r t i e r, dans le bowl de Jamnesia.

Une fois, quand je conduisais en écoutant O.T parler en patois, j’ai oublié de rouler à gauche ! C’est à ce moment-là qu’on a failli percuter un bus, qui, pour nous éviter, a dû foncer dans le bas-côté ! Plus de peur que de mal, personne n’a été blessé, mais ça a foutu l’après-midi en l’air, le temps de faire un devis et d’aller retirer des sous à l’automate le plus proche (à 1h30 de là). La dernière grosse aventure qui nous est arrivée avant le départ, c’est le jour où l’on avait réussi à convaincre deux gros américains, le père et le fils, d’aller surfer à Shark Cove. Ils avaient une voiture et nous non ! Au final, il y avait 50cm on shore, il pleuvait des cordes et c’était un fiasco total. Pour se consoler, les ricains ont allumé chacun un gros joint. Quand la police nous a arrêté, le père a avalé son joint et le fils a écrasé le sien sous le tapis de sol. Ils ont fait ça dans le but de ne pas se faire prendre, mais de la fumée s’échappait par les fenêtres ! Les flics, pas dupes, ont fouillé la voiture. Ils les ont grillés quand le tapis de sol s’est mis à prendre feu parce que le gamin n’avait pas éteint son joint comme il fallait

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avant de le cacher. Bilan : on a tous fini au poste de police, même si moi je ne fume pas. On a dû donner nos identités respectives et adresses. Pas facile d’épeler “Penmarc’h“ à un flic jamaïcain qui n’était pas là pour rigoler. Ils ont essayé de nous soutirer de l’argent, mais on n’avait rien sur nous, alors on a été mis au cachot en attendant le jugement ! Dans la cellule, il y avait une dizaine de mecs. Les ricains ne faisaient pas les malins, mais les mecs étaient cools. Ils se vantaient d’être là pour meurtre. Ils racontaient des trucs comme quoi ils avaient tous tués des “batty boys“ (homosexuels). Les rastas sont très homophobes. On a fini par passer devant le juge qui nous a libéré moyennant 20 euros d’amende ! Malgré ça, la Jamaïque reste pour moi un super souvenir et un endroit où j’aimerais retourner, surtout dans les conditions que nous ont offert la famille Wilmot. J’ai eu des bonnes vagues tous les jours, et je conseille a quiconque veut s’évader un peu l’hiver d’essayer leur surf camp à 8 miles de Bull Bay Kingston. Vous ne serez pas déçus. ■

Le regard du photographe À Kingston, les flics roulent dans des tanks, ils ont des mitraillettes et ça craint vraiment. Bizarrement, chez les Wilmots où on logeait à 8 miles de la sortie de la ville, aucune porte ne fermait à clef. Entre les rastas et la police, c’est vraiment la guerre. Il n’y a pas beaucoup de surfeurs en Jamaïque. À part le samedi après-midi, il n’y a pratiquement personne à l’eau. Le coût de la vie est relativement bas, même si au surf-camp les tarifs sont proches de ceux des surf-camp d’Amérique centrale. Le camp est situé pas loin du port de Kingston et les vagues sont quand même assez consistantes. J’ai toujours aimé le reggae et c’était cool de se retrouver avec des surfeurs rasta aussi charismatique que Bill Wilmot et ses fils. Ronan Gladu


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Promotion : LXiR 05 56 50 50 05 / Organisation : COLP 06 87 75 31 65


Deuxième sélection musicale de la saison, Surftime sort l’artillerie lourde pour tes cages à miel !

Random Memori - Les Portes Du Paradis / Indiz Ce groupe est le fruit de l’association de quatre musiciens d’expérience. Eric (chants, guitare), Tony (guitare), Christophe (basse) ont collaboré ensemble pendant 10 ans et accueillent en 2008 un nouveau batteur, Emmanuel, avec lequel ils enregistrent cet album. Random Memori est un groupe aux racines solidement plantées dans le hard rock des seventies qui a grandi et composé aux rythmes des sonorités de musiques plus actuelles. Sa musique énergique flirtant avec le rock progressif et les textes en français, positionnent le groupe à mi chemin de “Ange“ et “Aston Villa“. Cet album est le résultat d’un an de travail en studio et retranscrit l’ambiance power rock prononcée du groupe en live. Ce premier opus officiel du groupe s’inscrit résolument dans la mouvance du rock français indépendant, grâce à ses textes ciselés et son énergie.

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Morcheeba - Blood Like Lemonade Digipack Deux ans après “Dive Deep“, le groupe anglais Morcheeba revient en 2010 avec un nouveau projet d’album, “Blood Like Lemonade“. Sur ce septième opus, les frères Godfrey retrouvent la chanteuse Skye Edwards, sept ans après s’être retirée du groupe pour cause de carrière en solo, pour un album qui sonne la renaissance du groupe mythique qu’est Morcheeba. Un véritable retour aux sources pour ceux qui ont vendu plusieurs millions d’albums à travers le monde depuis leurs débuts. On y retrouve ces chansons groovy au tempo assez lent qui nous enveloppent de leur chaleur suave et mystérieuse, ces sonorités trip-hop qui font le charme du trio depuis le premier jour. Défini par le groupe comme « l’album que Morcheeba avait toujours rêvé d’enregistrer », “Blood Like Lemonade“ s’annonce donc comme l’opus indispensable du groupe, voire de 2010.

John Butler Trio - April Uprising Because John Butler Trio revient avec un nouvel album intitulé “April Uprising“ (“Le soulèvement d’avril“ en français). Cet opus est sorti fin mars et une tournée nommée “One Way Road Tour“ a débuté dès sa sortie pour le promouvoir. John Butler a annoncé avoir essayé de combiner ses plus belles influences dans le titre “One Way Road“ pour vanter les mérites de ce nouvel opus. Sur “April Uprising“, l’australien revient avec un nouveau groupe et toujours en trio, mais avec un son bien plus électrique qu’auparavant. Et là, grosse surprise ! John Butler se réinvente sans rien perdre de son talent. Peu importent les titres et la diversité musicale de chacun, l’album est enthousiasmant au possible. Certains diront que John Butler est devenu plus commercial qu’avant, mais il réussit à s’ouvrir encore un peu plus et à conquérir un nouveau public de la plus belle manière. À acheter les yeux fermés !

Ben Harper - Live From The Montreal International Jazz Festival / Emi Un live de Ben Harper est toujours un événement car c’est sur scène que le californien s’est bâti une solide réputation de musicien hors pair. Juste avant ce nouvel opus, Ben Harper avait créé la surprise en quittant son groupe de toujours, The Innocent Criminals, pour rejoindre une nouvelle formation, les Relentless 7. De cette nouvelle collaboration est née le très bon album “White Lies For Dark Times“. Que vaut alors cet album studio en concert ? Même si nous sommes loin de l’excellent “Live From Mars“, nos oreilles se régalent grâce à cette belle performance bien pêchue ! Ben Harper ne cesse de se renouveler et nous propose en majeure partie un rock puissant accompagné de ses trois compères. Les morceaux prennent ici toute leur dimension puisqu’à la base, et en studio, chacun d’entre eux avaient naturellement un aspect live et improvisé.


Skate 3 Éditeur : Electronic Arts Développeur : EA Black Box Site : http://skate.ea.com Plateforme : Playstation 3, Xbox 360 Environ 70 euros Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour voir apparaître une suite à l’excellent Skate 2. Moins d’un an et demi après sa sortie, le nouvel pointe le bout de son nez, avec, on s’y attendait, son lot de nouveauté. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les développeurs d’EA Black Box s’en sont donnés à coeur joie ! La ville, dans un premier temps, a été complètement repensée : exit le San Vanelona des deux premiers opus, bienvenue à Port Caverton ! Plus grand, beaucoup plus grand, ce nouveau terrain de jeu est le paradis des skateurs. Finies les zones gardées par des agents de sécurité, ici tout est fait pour se faire plaisir. Découpé en trois zones, le campus universitaire, le centre-ville et la zone industrielle, Port Caverton propose une énorme diversité de spots. Du côté du gameplay, on retrouve la jouabilité qui a fait le succès de la licence, avec toutefois quelques nouveautés : les underflips et les darkslides. Si les premiers sont plutôt easy à rentrer, les darkslides demanderont un timing parfait pour être replaqués. Du point de vue du scénario, EA a cherché à innover. Et a réussi. On ne commence plus le mode histoire en étant un skateur inconnu qui va devoir gravir l’échelle de la célébrité. Non, ici, dès

le début, vous êtes une légende de la planche à roulettes, et votre mission, si vous l’acceptez, consistera à déchirer les contests et les parus magazines pour vendre le plus de boards possible. Vous pourrez donc créer votre marque, choisir votre logo, et recruter des membres pour votre team. Plutôt sympa sur le papier, même si au final tout se fait un peu tout seul, au fur et à mesure que l’histoire avance. Au final, si ce Skate 3 ne révolutionne pas la façon de jouer (et c’est tant mieux), il apporte une petite touche de fraîcheur plus que bienvenue.

Red Dead Redemption Éditeur : Take 2 Interactive Développeur : Rockstar Site : www.rockstargames.com/ reddeadredemption Plateforme : Playstation 3, Xbox 360 Environ 70 euros Chaque nouvelle production sortie des studios Rockstar est un événement. Depuis GTA IV et ses deux excellentes extensions (The Lost and Damned et The Ballad of Gay Tony), on attendait de pied ferme Red Dead Redemption. Et bien, autant vous dire qu’on a pas été déçu !

L’histoire prend place à la frontière américanomexicaine, au début des années 1900. Une époque où le Far West disparaît doucement au profit de la modernité et de la «civilisation». Vous incarnez John Marston (qui fait bigrement penser à Josey Wales, un film de et avec Clint Eastwood), ancien membre d’une bande de horsla-loi qui faisait frémir tout l’Ouest Américain. Seulement voilà, vos anciens camarades vous ont laissé pour mort lors d’une fusillade, et votre famille a été kidnappée par des agents du gouvernement, prémices du futur FBI. Ces agents vous confient la tâche d’éliminer le reste de votre bande si vous voulez revoir femme et enfant vivants. Et obtenir votre rédemption... Si l’histoire est digne d’un film de Sergio Leone, visuellement le titre n’est pas en reste. Somptueux, incroyablement bien animé, le Far West «vit» littéralement, grâce à un nombre conséquent de personnages, et surtout, une faune et une flore très variées. Ours, bisons, loups, coyotes, wapitis, cougars, vautours... Toute la faune du western est représentée ici. Et si vous

vous posez la question, oui, vous pourrez chasser la totalité des espèces, pour ensuite les dépecer et revendre le tout dans les magasins pour vous faire des pépettes. Le cycle jour/nuit, ainsi que les changement météo sont parfaitement maîtrisés, augmentant un peu plus, si besoin en était, l’immersion dans le jeu. Autre point important, l’honneur et la réputation. Concept en vogue dans le jeu vidéo en ce moment, le titre vous laissera une totale liberté dans vos choix moraux : si vous vous comportez bien, vous serez un héros. Si vous faites parler la poudre avant de réfléchir, vous serez un desperado redouté sur tout le territoire... Pour finir, comme nous a habitué Rockstar avec ses titres, vous aurez accès à des nombreuses activités annexes, comme le dressage de chevaux, les parties de poker, de blackjack ou de bras de fer, la cueillette, la chasse... Pour une durée de vie totale dépassant aisément les 150 heures de jeu. LE hit de 2010.

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La sélection vidéo

ARTificial Summer Un choix de vidéos éclectiques, rétros, rock, yogiques, carrément hasardeuses des fois. Du documentaire aussi et parfois un peu de surf high performance aussi quand même. Bref une sélec qui ne va pas plaire à tout le monde mais qui fait chaud au cœur !

Hanging Five Christopher Cutri Pour ceux qui s’intéressent au surf art. Ce DVD reprend des tranches de vie de quelques artistes plus ou moins connus. Parmi lesquels : Alex Knost, Andy Davis, Tyler Warren. Un peu du « do what you want to do » en allant avec le flow. Pas mal de peintures ou d’installation diverse. Un docu assez free ride sans vrai scénario, qui fait des aller et retour entre les ateliers. On découvre la vie des artistes surfeurs, leur désarroi, leurs problèmes, leurs inspirations et les lieux où ils travaillent. Ça reste dans l’esprit « Put a smile on people face ». Même si c’est un peu déjà vu. Le surf art dans toute sa splendeur. Un mélange de naïveté, de créativité gratuite. Sans jugement, sans valeur. Juste du présent. Presque là pour rien ? « Le téléphone sonne, c’est quelqu’un qui appelle pour acheter une toile, c’est cool » 54

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Tom’s Creation Plantation Cyrus Sutton Une plongée dans le monde de l’alaia chez Tom Wegener. Live simple. Autosuffisance. Un bois qui n’absorbe pas l’eau de mer ne va pas vriller. Retracer l’histoire de ce type de planche. Commercialement la réussite de Wegener avec ses Alaia illustre la théorie de Chris Anderson, rédacteur en chef de la revue Wired selon laquelle il faut donner gratuitement les choses. Make your own history. Donner la technique pour fabriquer soi-même une board. Donner des planches pour que le message passe. Régénérer une passion pour autre chose. Intéressant et très bien filmé/beau travail de la couleur. Tales from the Black Van Mitch Abshere Longboard en noir et blanc. Du surf rock d’aujourd’hui à la limite de la parodie. Belles

séquences de longboard classique sur des points break californiens. Un film tourné à la maison. Ça déconne pas mal. Collection de beaux carves, et de nose interminable. Et toujours le son saturé de la guitare. Un gugus à moustache plutôt stylé. Le genre de film insupportable pour un shortboarder mais franchement cool. Avec Mich Abshere, CJ Nelson entre autres et en prime le bon vieux Herbie Fletcher ! Lost Prophets / Corban Productions Après une intro superbement bien montée, on retombe direct dans le réel, avec des mecs qui nous expliquent où est l’Indonésie et qu’il faut prendre l’avion pour y aller… La suite est quand même sympa. Très beau footage avec le portait de Brian Conley et les cut-back de Dave Rastovich. Plusieurs passages au Mexique avec des vagues incroyables. Un Film de surf assez classique mais plein de belles surprises.


Armé de sa Panasonic P2, Yannock n’hésites pas à parcourir des milliers de kilomètres pour suivre les riders et replacer le longboard français sur le devant de la scène.

Un regard un peu plus proche des gens et de la communauté de surfeurs auxquels ils appartiennent. Lolipop / Etnum Productions Une production française, auto produite sur plusieurs années. C’est assez rare pour être signalé! Mélange étonnant de séquences filmées tout autour des Caraïbes. Gwada, Barbade, St Martín etc.… Une plongée très réaliste dans un quotidien quand même assez enviable ! Du surf tranquille et du haut niveau également avec Charly Martin, Jex Debray, Yann Martin, Marc Malienne et beaucoup d’autres. Du petit surf mais aussi du très gros avec une session mémorable à Port Louis. Par moment ça ressemble à l’indo tellement c’est parfait! Surf into Yoga avec Rochelle Ballard Relaxez vous cet été avec ce DVD super intéressant pour découvrir une variété de séries de posture de yoga. Un peu sec au niveau des explications qui se limitent à la description du mouvement en cours. Les dynamiques d’enchaînement permettent de varier une pratique déjà existante. Pour obtenir le meilleurs de ces exercices il vaut mieux prendre des cours collectif de temps en temps pour que le prof puisse corriger certaines erreurs que vous ne pouvez pas voir vous même. En anglais . Bande son agréable.

Les frères George au boulot en Gwada !

Miniview : 2 cadreurs & réalisateurs français !

On se demande toujours comment ces gars font pour gagner leur vie en tournant des films de surf. Car bien souvent il n’y a rien à gagner, sauf la reconnaissance de ses pairs, du public et des riders eux même ! Yannick « Yannock » Loussouarm « Quand la passion l’emporte sur l’ pognon… » Cameraman français passionné et prêt à tout pour shooter du bon surf , il s’est illustré à travers plusieurs vidéos dont Sénégal Riddim et Come on baby. Il revient cet été avec un film de Longboard au titre évocateur à visionner sur internet courant Juillet. « PIED DE NEZ » « Après ma première vidéo autofinancée à 100%, je renouvelle l’aventure et sort le deuxième volet intitulé « Pied de Nez ». Mettons nous d’accord tout de suite, je ne réalise pas cette vidéo par appât du gain mais par passion du longboard. Je veux montrer que la France compte parmi ces rangs, des longboardeurs d’exceptions. Je pense à Antoine Delpero bien sûr, mais également à Alexis Deniel, Damien Castera, Remy Arauzo. A la base, je souhaitais réaliser un film à l’Américaine, avec un scénario et beaucoup de scènes life style. Mais comme toutes les marques m’ont envoyé promener, j’ai préféré faire plaisir avant tout aux riders en privilégiant les séquences d’actions. Je ne vais pas faire de pub gratuite pour l’industrie du surf qui refuse de promouvoir ses riders. Heureusement que certaines entreprises locales croient en mes projets et me procurent une petite aide financière. Merci également aux musiciens qui ont confectionné une bande son remarquable et sans qui ce film ne serait rien. C’est vraiment de ça que je parle, des surfeurs, des musiciens et un réalisateur : une belle équipe de passionnés. » François George – RéalISATEUR Guadeloupéen Cadreur et réalisateur, on croise souvent François en France pendant l’été où il vient bosser sur des productions institutionnelles histoire de prendre un peu d’argent là où il se trouve. Après, sa vraie vie, c’est en Guadeloupe qu’elle se passe ! Autodidacte, il a commencé à filmer du surf sur les Riddim séries avec Hugo Bengazi en 2003. Arrivé en Gwada très jeune, il fait partie des locaux avec son frère Pierre, un des meilleur surfeur local. Tous les deux ont lancé leur petite structure de prod. Etnum. Pierre est un peu le consultant en matière de surf, même s’il filme dans l’eau et participe au montage, son vrai métier c’est de donner des cours de surf. François lui a réussi à développer son activité et à l’étendre à des productions plus institutionnelles. « Filmer le surf ici c’est sympa, mais vu qu’il n’y a pas d’industrie, à part l’autoproduction il n’y pas trop de moyen de s’en sortir. Mon but n’était pas de faire que du surf, je me suis mis à la technique et au fur et à mesure j’ai bossé pour des projets TV. Le dernier c’était des pubs pour « Orange caraïbe » en tant que monteur, j’espère continuer sur cette voie. »

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Le photographe Nicolas Risch et le SlabWest OZ Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de Nicolas Risch. Water photographe depuis peu, ce jeune baroudeur n’a pourtant pas hésité à aller se frotter aux monstres du North Shore et à ceux de l’Australie de l’Ouest, caisson au poing en quête de la photo de sa vie. Récit d’une de ses sessions au pays des grands blancs.

“J

e me prépare à quitter Margaret River pour partir à Gnaraloo, au nord, espérant y trouver du bon surf et un peu de chaleur quand je croise Jay, un ami australien rencontré lors d’une grosse session à The Box. Il m’annonce qu’un bon swell va rentrer dans le Sud du WA ( Western Australia), alors que Margaret River sera balayée par une tempête. Changement de cap immédiat. Je récupère dans l’instant mon vieux Van que j’avais envoyé au garage pour une dernière révision en prévision de mon long road trip. Et me voilà reparti pour l’aventure direction Albany à plus de 400km de là ! Nous arrivons de nuit sur le spot après un voyage plus que fatiguant. Mon Van se traîne à 90, musique country à fond dans les oreilles sur les routes magnifiques d’Australie. Nous retrouverons d’autres riders de Margaret sur le parking, ce qui me rassure un peu sur l’endroit où Jay m’emmène. Je ne sais absolument rien de ce secret spot ! Crevé par la route, je vais me coucher rapido pendant que mes mates enquillent les bières. Local en action sur un slab bien sharky à l’extrême sud de l’Australie.

Le lendemain, l’excitation grimpe rapidement sur le parking dès les premières lueurs du jour. Nous partons avec le matos sur le dos en direction du fameux spot qui serait apparemment un slab assez massif parfaitement orienté pour cette houle. Pour y accéder, il faut marcher pendant 30 bonnes minutes, sauter de rochers en rochers sans savoir si le spot marchera ou pas… La roche est ultra-tranchante, les semelles de mes skate shoes seront déchiquetées à la fin

du trip. Pas facile de garder l’équilibre avec la sacoche de l’appareil photo, le sac pour le caisson, la combi, les palmes, la board et les provisions pour la journée. Enfin arrivé, c’est magnifique, le paysage est paradisiaque et les odeurs sont incroyables. La vague déroule, mais ça paraît petit. Ca paraît… Les premiers gars se jettent à l’eau. J’arme mon 40d et je me décide à les suivre. Il y a une petite avancée sur des rochers que les vagues viennent lécher plus ou moins férocement. C’est par là qu’il faut entrer, mais la roche glisse à cet endroit et j’ai la trouille de péter mon caisson ! Les gars font les beaux et se jettent à l’aise lorsqu’une vague recouvre la roche, mais ils ont des boards eux, ils peuvent glisser ! Moi, je suis à la nage avec un bras et un caisson que je peux casser ! Je le sais car j’en ai déjà fait l’expérience, donc je ne vais pas me jeter pour finir le ventre ! J’avance donc prudemment et lorsque je suis sur le point de me lancer, c’est la série que je n’avais pas vu arriver qui se dirige droit sur moi. Position fœtale, accroupi et dos à la vague, j’essaie de gripper à cette roche glissante pour ne pas me faire emporter ! Je recule de quelques centimètres sans pour autant perdre l’équilibre. Je ne peux pas résister à la seconde vague. Je décide de tenter le plongeon par-dessus le rouleau qu’elle forme en cassant à mes pieds… Ouf, ça passe, je nage désormais en direction du slab. Je me rends compte que ce n’est pas si petit que cela en avait l’air. La vague est une droite et j’arrive par la droite donc je contourne largement l’impact zone pour me placer. L’eau est foncée et le décor autour de moi est très

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L’Australie de l’Ouest, un de ces endroits au monde où il y a toujours du swell.

L’eau est foncée et le décor très rocheux. Il est 6h du matin. Ciel couvert, lumière sombre, pile dans shark time. L’endroit me donne la chair de poule. rocheux. Il est très tôt, peut-être 6h du matin. Ciel assez couvert, la lumière est sombre, pile dans shark time. L’endroit me donne la chair de poule et je suis bien sûr tout seul à l’inside pendant que les autres sont au peak en groupe. Je déteste ce genre de situation, je me retourne sans cesse, n’arrête pas de bouger en regardant ce qui se passe au fond. S’il m’arrive quelque chose je suis mal, je ne sais même pas par où remonter sur la falaise et c’est hors de question de repasser par l’endroit où je me suis jeté. Bref, petit passage paranoïaque, heureusement que je me concentre sur les vagues à shooter. J’essaye justement des réglages par temps couvert et je suis donc en ISO 1000. Ne rigolez pas, il faut bien essayer. Peu de temps après, le soleil perce et mes photos sont complètements cramées dans les blancs jusqu’au point où je ne shoote

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Territoire immense et vierge, l’Australie n’a pas fini de pousser des gens sur la route !

plus que des carrés blancs… Génial, c’est fini pour moi, je ne peux plus continuer, il faut que je rentre pour changer ces réglages. Je vois alors quelqu’un arriver au peak par un autre chemin. Je me précipite pour lui demander par où passer… Son passage est beaucoup plus facile que le premier mais reste encore très périlleux. Longue nage au pied de la falaise où c’est beaucoup trop rocky et ça sent grave le shark. Mon cœur bat à 10 000 ! Je trouve une petite crique où me poser et ouvrir mon caisson pour changer ces réglages.

Retour au peak, crevé par cette périlleuse nage à slalomer entre des rochers. Je shoote donc quelques vagues avant que le vent ne se lève du mauvais côté et ce sera fini pour cette session. Même si les photos ne sont pas tops, je garde en mémoire toutes ces visions et ce défi d’être allé à l’eau sur un slab plus que sauvage ! Vraiment flippant comme endroit. J’apprendrai quelques jours plus tard que quelqu’un s’est fait attaquer par un requin sur ce spot… » ■ www.nicolas-risch-photography.fr


First st in in SURFING S SU URFING NEWS NEWS First

www.surfersvillage.com Rider: Tim Boal / Photo: Agustin Munoz/Red Bull Photofiles / Design: ID

Tim

Bo al


Derrière chaque shaper, il y a un parcours atypique. Garth Gibbons a traversé l’Australie d’Est en Ouest pendant 10 ans à la poursuite de son destin. Après Torquay, Margaret River et la Gold Coast, c’est désormais en France qu’il passe une partie de l’année jonglant entre les commandes de particuliers et les pros modèles.

Garth

Gibbons Un magicien sort Texte et photos S.Robin

A

de l’ombre !

u premier abord, Garth n’est pas un grand bavard, à l’image de ses maîtres, on sent l’impact des heures passées dans la solitude quasi monacale des salles de shape. Cet Australien à l’aise dans ses mid 30’s fait preuve de beaucoup d’humilité. Pourtant, il a déjà fait un sacré bout de chemin ! On ne devient pas shaper par hasard, il faut avoir ça dans le sang. Garth a commencé à jouer avec de la mousse et de la fibre de verre dans les ateliers de son père qui fabriquait des pirogues pour les lifeguards australiens. Autodidacte, il a vite compris comment se servir des outils et a sorti quelques planches pour lui et ses amis. Vivant sur la Gold Coast depuis toujours, il a eu envie de voir du pays. Après

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une saison dans les stations de ski des “blues mountains“, il est monté dans la voiture d’un ami qui se rendait en Australie de l’ouest. Ils ont traversé toute l’Australie et c’est là-bas que sa carrière a vraiment commencé. « Je traînais du côté de Margaret River lorsque j’ai été contacté par Maurice Cole qui cherchait un gars pour bosser dans son atelier. Maurice est un gars plutôt marrant et j’ai accepté. Je faisais un peu de tout au début, du ponçage, du glaçage, et puis j’ai appris à shaper au fur et à mesure. Ce n’est pas Maurice qui m’apprenait directement mais son head shaper. Maurice n’était pas souvent à l’atelier, il partait souvent surfer ! C’est avec lui que j’ai commencé à faire du tow-in. Lui non plus n’y connaissait rien à l’époque. C’est Ross

Clark qui lui avait donné l’idée, alors il a acheté un jet-ski et il lui fallait un partenaire. Au début, on s’entraînait à conduire le jet à deux dans les vagues. Une fois, Maurice a voulu faire un cut back avec la machine et on s’est fait emporter par une vague gigantesque. Une autre fois, il m’a tracté dans une vague de 20 pieds, mais il y avait trop de clapot, le strap avant a lâché et j’ai pris la boîte de ma vie. » À cette époque, Maurice Cole était un des shapers les plus influents de sa génération. Tous les meilleurs surfeurs du monde surfaient ses planches. Et tout particulièrement Taj Burrow, originaire de West OZ. Avec l’accroissement de son business, Maurice est allé ouvrir un atelier


Elève de Maurice Cole et de Simon Anderson, Garth développe son héritage chez Surf Odyssey.

La shortboard high performance reste le terrain de jeu favori de Garth Gibbons.

une 6’4. On a eu des très bonnes vagues tout le long de la route. C’était une bonne planche, c’est vrai, mais sans doute pas la meilleure ! » Après toutes ces années au service de Maurice Cole et de Simon Anderson, Garth Gibbons a fini par faire parler de lui avec sa propre marque. Dans son team, on peut trouver des gars comme Jarrad Howse, Nick Muscroft ou Troy Brooks. Homme de l’ombre, il connaît désormais les secrets qui peuvent rendre une planche magique. Au début, il venait en France shaper pour Simon Anderson. Aujourd’hui, il en est à son sixième séjour et c’est tout le team Rip Curl qui profite de son savoir faire. Il a posé son sac du côté d’Hossegor et manie le rabot du côté de chez Surf Odyssey. Il est devenu fan des Landes qui lui rappellent un peu l’été australien, la french touch en plus. Un peu comme Maurice à son époque, il apprécie les vagues landaises et ses barrels. Même s’il a tendance à shaper pas

à Torquay. Garth a suivi. L’expérience aidant, il était devenu head développer. C’est aussi à cette époque qu’il a commencé à shaper ses propres planches : Garth Gibbons Surfboards.

Recruté par Simon Anderson « À Torquay, c’est Simon Anderson qui m’a approché pour me proposer de travailler pour lui sur la Gold Coast. Pendant un an, j’ai fait l’allerretour entre Torquay, Sydney et la Gold Coast. Je travaillais à la fois pour Maurice et pour Simon qui étaient tous les deux dans la compagnie BASE (ndlr : une société de shaper Australiens). À un moment donné, Maurice s’est retiré de cette société pour une divergence de point de vue et j’ai été définitivement embauché par

Simon Anderson. Je me suis retrouvé à shaper beaucoup de planches pour les pros, et ça m’a permis de me faire connaître. En West OZ, j’avais appris à shaper des guns et des planches pour les barrels, de retour sur la côte Est, je faisais plus de planches “High performance“. Après dix années d’itinérance, j’étais revenu à mon point de départ sur la Gold Coast, mais avec une belle expérience en plus. Avant que je commence à travailler pour Simon, on est parti en surftrip entre Sydney et la Gold Coast. Avant de partir, il m’avait dit qu’il allait me faire la meilleure planche de ma vie. Simon a beaucoup d’humour lui aussi et du coup, je me demandais un peu ce qu’il allait me préparer. La planche avait à peine eu le temps de sécher avant qu’on parte, c’était

Les vrais surfeurs auront toujours besoin de parler à un shaper. mal de planches “fish style“ pour répondre à la demande locale, il n’en reste pas moins un adepte de la planche haute performance. Quand on lui demande comment il envisage l’avenir d’une profession qui semble souffrir de la concurrence asiatique, il répond qu’il ne se fait pas trop de souci. « La menace est là c’est certain, mais les vrais surfeurs auront toujours besoin de parler à un shaper. Pour moi, c’est la relation entre les deux qui détermine vraiment la qualité d’un shape. Et ça, c’est pas prêt de disparaître. » ■ www.garthshapes.com numero 22

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il y a des planches comme ça que l’on repère du premier coup d’œil. Comme si elles voulaient sortir du rack. La wallakoa ne ressemble à aucune autre et pourtant, elle respire l’héritage des grands noms. Entre Egg et single, c’est la planche idéale pour passer l’été au creux de la vague sans en perdre une miette.

Pour faire la différence !

Wallakoa Model Texte et photos : S.Robin

Avec les planches rétro, le problème est toujours le même. C’est beau, mais ça coûte un bras ! Ici, on nous propose enfin un shape travaillé à un tarif abordable. Dit comme ça, ça va déjà mieux. Pas besoin d’un modèle signé en résiné teinté pour ressentir un autre feeling. L’idée de Jean-Baptiste Lescoutra (Wallako Surf Shop) est simple, proposer des planches pour surfer différemment à un tarif abordable. Le

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design est français, la fabrication est française et le revendeur est local, que demander de mieux ? Pour ça, il a donc décidé de lancer une gamme de boards maison, à l’image de son shop, classiques et qualitatives. La Wallakoa est une des premières de la gamme. Derrière ça, il y a deux têtes : Clovis Donizetti et Ricardo de Sonis. Tous deux connus pour leur expérience des singles fins et des planches un peu plus classiques. À travers cette planche, Clovis a pensé un objet qui combine différentes influences : « le surf traditionnel bien sûr, mais aussi les Eggs de toutes sortes, et même le kneeboard. Le résultat est donc un Egg légèrement inspiré des planches australiennes, de Michael Peterson à

Russell Hugues. On y retrouve aussi l’influence de Takayama des années 70, mais élargies pour gagner en stabilité et en confort et permettre une nouvelle approche de la glisse. Le diamond tail large à l’arrière combiné avec des rails durs assurent une bonne manœuvrabilité. Le léger step deck sur le dessus associé au vee de la carène marchera très bien avec une dérive flexible. Sa taille idéale se situe entre 5’6 et 5’10, mais elle ne déstabilisera pas les personnes habituées à plus grand vu sa flottabilité. À surfer, la planche se révèle fluide et légère, tient pas trop mal un peu de taille et permet beaucoup de polyvalence. Elle connecte avec succès les sections, ce qui en fait une arme idéale pour l’été. Le step deck permet de surfer près du nose tandis que l’arrière plus large et stable permet de trouver ses marques rapidement. Sensations fin des 60’s garanties ! Un modèle addictif pour les curieux des nouveaux designs inspirés du passé. » ■ En vente libre à partir de 580 euros. Où ça ? Chez Wallako à Bidart.


Cira Riedel, fondatrice de l’éco-shop en ligne 7skygreenroom. ©S.Robin

Direction le surf shop équitable Tendance et nécessaire !

Tous ceux qui pensent que ce genre de shop correspond à un effet de mode se trompent. Ces magasins sont les laboratoires de ce qui va exploser demain. Tout le monde le dit, on ne peut pas continuer plus longtemps à gaspiller les ressources non renouvelables. La solution est donc de les

recycler. Pendant que les gros du business tentent de convertir leur production avec plus ou moins de succès et une volonté parfois douteuse des petites entreprises misent tout sur les produits écoconçus. (Picture, Sutsu, Arbor, Les Ettes etc..). Ils ont raison. Au final, les produits ne sont pas franchement plus chers, ils durent plus longtemps et leur impact global sur l’environnement est pris en compte. Alors que les brand shop ne laissent plus vraiment de place aux petits créateurs, puisqu’ils fabriquent l’intégralité de leurs produits, ces lieux ont un rôle communautaire de premier ordre. A Biarritz ECHO Store fait partie de ces magasins en avance sur leur temps. A la fois shop physique où l’on peut dénicher d’excellents produits, il propose aussi une interface en ligne pour ceux qui sont loin. Une initiative à développer. En Suisse, la plateforme en ligne 7skygreenroom permet aussi d’acheter toute une sélection de surfwear et d’accessoires dont les critères écologiques sont garantis par des tests vraiment indépendants. www.echo-conceptstore.com www.7skygreenroom.com


S’il y a un artiste qui incarne toute la perméabilité qui existe entre la planche de surf et l’œuvre d’art, c’est bien Luc Rolland. Enfant du Pays Basque, il a grandit au contact des pionniers du surf, mais toujours dans la différence. Son trip a lui, ce sont des planches immenses qui répondent à une logique presque mathématique. Retour sur une vie en quête d’esthétique.

Luc Rolland plasticien du surf

Photos et texte par S.Robin

Il y a un bout de temps que Luc Rolland n’était pas revenu surfer aux Cavaliers, son spot de prédilection dans les années 90. Il a toujours le même type de planche sous le bras, une sorte de gun d’environ trois mètres aux rails pincés, sauf qu’aujourd’hui les locaux prennent un peu plus en considération son travail. « À l’époque quand on me voyait arriver avec des planches comme celle-là, j’entendais des voix s’élever : hé bé, tu as oublié la voile ». Il en aurait fallu plus pour le faire changer d’avis. Son expérimentation en matière de shape date des années 70, à l’époque il fut parmi les premiers artisans du shape en France. De quoi donner du grain à moudre à ceux qui n’ont jamais tenu un rabot dans leurs mains !

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Les placards de l’atelier de Luc Rolland regorgent de dessins aux formes futuristes.

Premiers pains

Luc Rolland n’avait pas 13 ans quand il a demandé à son père de lui acheter une plaque de polystyrène pour y tailler sa première planche. En 1968, on ignorait presque tout de la fabrication des planches. Malgré le peu de moyens dont son père disposait à l’époque, il lui a fourni les matériaux nécessaires. Son frère était une source d’inspiration, un peu plus âgé, il faisait déjà du surf. Il avait une mobylette et connaissait Pierre Bernard Gascogne (Co-fondateur de Surf Session et premier distributeur de produits de surf en France). « À ce moment-là on dépeçait les grandes planches pour en faire des plus petites. Moi, je trouvais ça presque obscène de détruire

ainsi de si beaux objets. Je voulais faire une planche pour moi sans détruire quelque chose de préexistant. J’ai mis pas mal de temps à me rappeler de cette première expérience. » Suivant son instinct, il a coupé la plaque de polystyrène en deux de manière à obtenir un bloc d’un mètre de haut par 50 cm de large. Pour renforcer l’ensemble, il a eu l’idée de coller à plat au milieu une plaque de contreplaqué avec de la colle à bois. Pas une manière vraiment conventionnelle de latter un pain de mousse, mais il ne pouvait pas savoir. N’ayant pas de résine il a recouvert son pain de mousse avec de la peinture bleue pour voiture. Il décida d’aller essayer sa création à la Chambre d’Amour. « Une fois parti à plat ventre sur la première vague, j’ai voulu me mettre à genoux mais la planche n’a pas résisté. Elle a cédé immédiatement envoyant des dizaines de morceaux de polystyrène partout dans la baie. » On ne peut pas dire que ce qu’il appelle aujourd’hui son premier body board fut une grande réussite. Il a fallu attendre quatre ans de plus avant qu’il se mette à shaper des véritables planche de surf. « Je faisais ça dans le garage de PB Gascogne pendant l’été. Ça me faisait un peu d’argent de poche. On recopiait les templates que l’on voyait dans les magazines américains ».


«Pour un artiste, plus c’est grand, plus c’est facile de s’exprimer, et puis au niveau de la glisse c’est quand même autre chose...»

Du kneeboard à la céramique « Habitué à faire du planky (planche en bois recourbée pour surfer allongé), j’ai préféré faire du kneeboard au début. Et ça a duré pendant pas mal d’années. J’aimais bien la position au ras de l’eau. J’avais racheté la planche d’un américain et elle marchait incroyablement bien. Et puis un jour j’en ai eu marre de me faire taxer sans arrêt par les surfeurs. Moi, il fallait que je parte très à l’intérieur avec mon kneeboard et on me droppait dessus régulièrement. Avec mon frère, on s’est donc mis à nous fabriquer nos propres planches de surf. Ça devait être en 1985. C’est à cette époque-là qu’Alain Gardinier m’a donné un bonzer Bing dont il ne se servait plus. La planche marchait très bien mais elle était en mauvais état et m’a lâché au bout de deux ans. À ce momentlà, j’avais déjà pour idée de fabriquer des planches que j’aurai vendu comme objet d’art. Avec mon frère, on avait ouvert une petite galerie d’art à Biarritz pour vendre des céramiques. Plus jeune, je n’étais pas très bon à l’école et à la fin du collège un de mes profs m’avait dit : « Monsieur Rolland, vous ne serrez bon qu’à vendre des cacahuètes. » Heureusement pour moi, mes parents ont eu l’idée de me trouver une école où j’ai appris à mouler des céramiques.

C’est aussi grâce à cette formation que j’ai rapidement su comment visualiser les volumes en trois dimensions à partir d’un profil. Ça m’a beaucoup aidé par la suite dans la fabrication des planches de surf. Notre galerie d’art n’a pas très bien marché et on a dû arrêter au bout de deux ans. Personne ne voulait nous aider à fabriquer les grandes planches dont je rêvais. On m’avait répondu que ça n’intéresserait personne. »

de mon imagination seraient surfables. Dans cette optique, j’ai préparé une série de trois planches qui ont été exposées lors du premier salon GlissExpo dans le Casino de Biarritz. Il y en avait une qui ressemblait à un os de seiche avec des ailettes sur les côtés. Une autre tout en aluminium qui s’appelait l’aile d’avion ; et la dernière était une planche cosmique recouverte de pigments phosphorescents. À côté de ça, je voulais réaliser une grande planche qui me permette de partir facilement dans les vagues tout en restant manœuvrable. Une planche adaptée à la vague de Guéthary où je surfais de plus en plus régulièrement. Le temps n’a pas de prise sur mon activité. Je peux mettre un an à faire une planche, je n’ai jamais eu la pression du rendement. Je laisse aux vrais shapers ce travail ardu. Heureusement pour moi, à côté de mon activité dans la céramique j’ai commencé à travaillé dans la mode, ce qui me permettait de vivre correctement. Dans ma quête, il fallait que je mette la main sur les plus grands pains de mousse possibles. En 1992, mon frère et moi avions entendu parler d’un lot

on dépeçait les grandes planches pour en faire des petites. Je trouvais ça obscène de détruire de si beaux objets. Les premiers Guns « À partir de 1989, j’ai disposé de mon propre atelier où j’ai continué à produire de la céramique. J’ai commencé à y expérimenter différentes formes de planches. Ce qui m’intéressait particulièrement, c’était le travail de la forme, pour faire des planches sculptures. La recherche esthétique et la fluidité prévalaient presque sur l’utilisation finale. Ma grande hantise a toujours été de savoir si les produits

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LUC ROLLAND

«Ma plus grande planche doit faire pas loin de 3m60»

Une série de trois planches pour tout surfer, déclinée à partir de la théorie du cercle.

«Je ne me considère pas comme un shaper, ce qui m’intéresse c’est la forme pure»

de pain à vendre. Ils étaient énormes, entre 3m et 3m60, c’était exactement ce qu’il me fallait. On a essayé de sortir les planches les plus classiques possibles. Sobriété des formes, mais conception moderne. On en a fait cinq. J’en ai toujours quelques exemplaires. Ma démarche n’était pas dans l’air du temps à une époque où les planches devenaient de plus en plus courtes. J’étais encouragé par les surfers de passage en France pour le Biarritz Surf Festival, quand certains hawaiiens, Gerry Lopez et Peter Cole, ont vu mes planches et m’ont félicité. J’ai toujours fait ça pour m’éclater, mais tout d’un coup, ça donnait plus de légitimité à ma recherche. Je voulais créer l’objet le plus esthétique possible. Pour moi, la pureté des formes va de pair avec la performance. À ce moment-là, mes plus grandes planches devaient faire 3m60, soit pas loin de 12 pieds. »

De la planche à l’œuvre Il y a des planches que Luc fabrique et qui peuvent attendre dix ans avant de toucher l’eau tellement leur présence se suffit à elle-même. Un rapport à l’objet pour le moins étrange quand on sait que sa finalité est de servir dans les vagues. Dans son atelier, on peut voir des modèles 66

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épurés recouverts de pigments à base de nacre. Ces planches presque terminées sont comme des Rolls conservées jalousement au garage. Equipées d’une ou de deux dérives, certaines ont le nez carré et d’autre s’affinent beaucoup plus. Luc se perd presque dans la contemplation de l’objet à travers lequel il semble lire comme dans un livre. Il y a aussi une quantité de pains de

un an ou deux. Aujourd’hui, je dirais que la taille idéale de mes planches se situe vers 3m27, et je pense que je vais encore réduire. Avec le monde qu’il y a dans l’eau actuellement, c’est difficile de surfer sereinement ce genre d’engin. S’il y a un mec sur ta trajectoire, c’est difficile de l’éviter. Je ne veux pas sacrifier la glisse de ce type de planche. Pour moi, ce serait une aberration de faire des rails boxy alors que ce sont les rails couchés qui donnent tout son intérêt à la planche. L’aspect mathématique de la planche est important en lui-même. Tout se rejoint, le cercle est à la base de tout. Dans ma série maximal pasimal minimal, j’ai utilisé une réduction d’un même cercle du nose au tail en passant par les rails. L’homogénéité de l’objet est surprenante. Il n’y a pas grand monde qui surfe mes planches aujourd’hui. La plupart préfère les exposer. La pureté des lignes est l’essence même de l’objet. Il doit quand même y en avoir 2 ou 3 qui circulent au line up de temps à autre ». Ça changera peut être. L’époque semble se prêter à nouveau aux expérimentations. Une époque où les excentriques pourraient montrer la voie. ■

L’aspect mathématique de la planche est important en lui-même. Tout se rejoint, le cercle est la base de tout. mousse qui attendent le jour J. Certains portent déjà des traces de crayons, d’autres jaunissent doucement. Au fond de l’atelier, il y a une pièce qui sert à dessiner. Pas d’ordinateur ici, mais des piles de feuilles de papiers. Autant d’ébauches d’objets insolites où la planche de surf fait l’objet de toutes les métamorphoses. Il y a des visions qui reviennent sans cesse depuis des années, dont la fameuse planche sans dérive affublées de longs rebords au niveau de l’arrière. « Une planche est l’objet de beaucoup de réflexion, je dessine beaucoup avant et ça peut me prendre


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