Hors-série Friture mag

Page 1

9€

L’Abécédaire illustré

rené apallec luc aussibal a4 putevie alice bousquet chach’art franciam charlot isabelle cochereau tao douay fräneck emmanuel grimault thomas guillin herbot olivier jobard michel julliard sophie le béon ulrich lebeuf jacques lerouge valéry lorenzo frédéric malenfer muko musta fior 5 olivox plinpopossum guillaume 1 0 2 rivière samson frédéric scheiber e i uttarayan veks van hillik r

é s

o h

s r


Retrouvez tous nos articles sur www.frituremag.info

Il n’ y a pas de mots. Voilà maintenant cinq ans que Friture Mag, sur le magazine papier trimestriel et sur le site www. frituremag.info, a poussé ses premiers cris informatifs. Sur ce grand territoire du grand Sud‑Ouest qui sera bientôt coupé en deux et verra naître deux nouvelles grandes régions, nous avons lancé fin 2010 cet OMNI (Objet Médiatique Non Identifié) qui se veut engagé, pas militant, fouillé, mais pas exhaustif, alternatif, peut-être, mais pas « fanzine ». Depuis, une trentaine de journalistes, souvent jeunes et peu publiés, ont noirci les colonnes du mag et du site. Urbanisme, éducation, alimentation, économie, crises sociales et économiques, avec un penchant assumé pour les questions écologiques, nous essayons depuis de fournir des reportages fouillés, longs, écrits, au ton parfois décalé. Une belle aventure qui se pousruit aujourd’hui par un numéro spécial tout en illustrations. Car la « patte » de Friture, c’est aussi l’image, l’iconographie. Mettre en avant de jeunes talents, aux côtés de dessinateurs ou photographes aguerris, c’est depuis le début notre volonté et créneau. Illustrateurs, dessinateurs ou collagistes ont largement contribué à notre identité.

Carte blanche !

presse et même de la broderie. A Toulouse, peu de galeries et même de journaux publient ces artistes pourtant gavés de talent, ils s’en plaignent souvent, les temps sont durs aussi pour tous ceux qui essaient de vivre de leurs images. Alors, cet été, lorsque vous feuilletterez les pieds en éventail ce numéro hors-série, vous pourrez tous les remercier d’avoir offert leur production, comme le plus beau des cadeaux pour cet anniversaire. Bon an, mal an, nous poursuivons notre petite route et un nouveau numéro devrait sortir à la rentrée, entièrement consacré aux « Biens communs », en écho aux débats actuels, et récurrents, qui surgissent sur les questions de propriétés, de « public ou privé », de gestion des terres, de l’eau, de l’air, de l’apparition des logiciels libres ou des tiers-lieux. On dit bien « devrait », car notre situation reste encore très fragile. Si le drame de Charlie a rassemblé la France quelques temps - où en est-on aujourd’hui ? - il a aussi permis de zoomer sur la situation des petits « canards » comme le nôtre. Du coup, des aides ont été mises en place par le gouvernemant pour aider ces structures. Si nous ne touchons pas ces aides à la rentrée, l’avenir se rebouchera à nouveau... On croise les doigts. En parlant de Charlie, et de ses dessinateurs, c’est l’occasion ici de saluer l’un d’entre eux. Pas plus que les autres, évidemment, mais Tignous, tombés sous les balles fanatiques, avait croisé la route de Friture et avait « filé » ces dessins. « Pour vous, c’est gratos » avait‑il-dit.

Pour cet anniversaire, donc, nous avons choisi de leur laisser les commandes. Une carte blanche envoyée à une trentaine d’entre Si tu dessines encore des conneries Tignous, là-haut, à côté d’un eux, avec une seule « consigne » : faites ce que vous voulez. Dans Dieu auquel tu n’as jamais cru, montre-lui ce numéro. Il t’est notre boîte aux lettres, c’est une centaine d’images qui est arrivée. entièrement dédié ! Mail-art, collages de « Gueules cassées », reportages ou portraits Philippe Gagnebet photographiques, grandes fresques ou petits « strip », dessins de

Friture Mag est édité par Friture Editions 16, rue Lavigne - 31300 Toulouse Contact rédaction : friturelemag@friture.net Responsable de la publication : Philippe Gagnebet Retrouvez tous nos chroniqueurs et journalistes sur www.frituremag.info Responsable iconographique : Philippe Gagnebet, Emmanuel Grimault, Herbot Mise en page : Alice Bousquet, Zhu Webmaster site internet : Ludovic Pierquet - Imprimerie Lahournere - 14 impasse René Couzinet - 31500 Toulouse - N°ISSN 1951-1558 - Commission paritaire en cours

2

SOMMAIRE 4 René Apallec p. 8 Luc Aussibal p. 10 A4 Putevie p. 12 Alice Bousquet p. 14 CHach’Art p. 18 Franciam Charlot p. 19 Isabelle Cochereau p. 22 Tao Douay p. 24 Fräneck p. 30 Emmanuel Grimault p. 32 Thomas Guillin p. 34 Herbot p. 38 Olivier Jobard p. 42 Michel Julliard p. 46 Sophie Le Béon p. 47 Ulrich Lebeuf p. 50 Jacques Lerouge p. 52 Valéry Lorenzo p. 54 Frédéric Malenfer p. 56 Musta Fior p. 58 Olivox p. 62 Plinpopossum p. 60 Guillaume Rivière p. 64 Samson p. 66 Scheiber p. 68 Uttarayan p. 70 Veks Van Hillik p.

4ème

de couv’ Muko

3


«A» comme APALLEC AUSSIBAL A4 PUTeVIE

4

5

La note des 3 « A » ne risque pas d’être dégradée. Le premier est un cisailleur hors-pair, qui manie le scalpel, les vielles gravures et photos venus d’un autre temps pour les reconstituer en visages défigurés, en animaux improbables, dans des scènes sorties de l’imagination d’un Max Ernst ou d’un Prévert des temps modernes. Apallec, c’est l’assurance « coupé-collage » du temps revisité. Luc Aussibal, lui, a peu à peu troqué ses pinceaux contre une guitare folk, mais sa poésie demeure et son trait style « illustration libre » des années 80 s’est répandu pendant longtemps dans les galeries ou revues nationales. Quant à A 4 Putevie, lui aussi mordu de zizique, il fait plus que « griffonner » comme il le dit dans sa bio. Le Toulousain au trait presqu’ enfantin, développe en réalité une multitude de processus (dessins, tatouages) qui dénoncent un univers urbain oppresant, inhumain, et anxiogène.


René

Apallec Ce n’est qu’en 2007 que l’on découvre plusieurs centaines de collages signés René Apallec dans un grenier du centre-ville de Toulouse. Né dans le Pays de Caux vers 1896, on possède pour l’instant peu d’éléments sur sa vie, infirmier durant la première guerre mondiale ? aucun document officiel ne l’atteste.

Depuis la réapparition des collages de Apallec, les spécialistes de Max Ernst supposent qu'ils se sont côtoyés à Paris dans les années 20, faisant de René Apallec, injustement ignoré de son époque, une influence indéniable sur le maître allemand.

www.reneapallec.com facebook.com/apallec

"A la masse"

6

"A la masse"

7


Luc

Aussibal Peintre et musicien, il habite à Rodez (Aveyron) Il grandit dans l’univers du rock qui l’influencera toute sa carrière. Musicien depuis l’enfance, il prend très vite le micro du groupe Emile Rock des Champs, il est alors âgé de 14 ans. Accompagné de son frère ainé Didier Aussibal, chanteur et guitariste lui aussi, il compose des chansons à partir des textes de Jaumes Privat. Luc Aussibal donne donc à ses chants une forme rock et un fond oc. Etudiant à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, il poursuit en parallèle son petit bonhomme de chemin d’illustrateur. En 1995, il enregistre son premier album, « Ici même ». Il poursuit sa carrière d’illustrateur-plasticien parallèlement à Paris, au sein de l’agence Illustrissimo, et en Aveyron avec l’association Art Terra. Par la suite il deviendra professeur d’arts plastiques. Véritable artiste multi‑facettes, il additionne les moyens d’expressions. www.facebook.com/luc.aussibal

8

9


A4 Putevie Après un passage en ébénisterie le temps de se rendre compte qu’il ne serait pas artisan mais artiste, Alexandre Lessoult obtint un baccalauréat littéraire spécialité arts plastiques. Il fut admis à l’Institut Supérieur Des Arts de Toulouse où il fit la découverte de la sérigraphie, de la gravure, du plâtre, du moulage, du bronze et de la vidéo… Il y prit le pseudonyme d’A4 PUTEVIE. Après 5 années d’explorations, il reçut les félicitations du jury pour son diplôme supérieur essentiellement composé de dessins à la graphite sur papier format A4, environs 700 dessins. Après quelques années d’errances à parcourir la ville en noircissant ses carnets, il se fixa dans une friche culturelle et y fonda un atelier de

sérigraphie dédié à l’édition. Il publia de très nombreux fanzines parfois en compagnie d’autres artistes. Par ailleurs il découvrit le tatouage, son propre corps devenant un nouveau médium. Il collabora avec des musiciens dont deux formations de rock Otto et Ohne fett qu’il suivit en tournée en France, Belgique et Suisse. Associant musique et performance, il dessinait et façonnait en direct sur deux rétroprojecteurs en simultané, des scénettes visuelles et sonores à la fois drôles, lyriques, acides et purgatives. Il prit un atelier. A ce jour il travaille, griffonne, publie et expose. www.putevie.over-blog.com/

10

11


Comme

ALice Bousquet Née en 1986 à Bergerac, Alice Bousquet vit et travaille à Toulouse en tant que Graphiste, créatrice de sites Internet et illustratrice pour sa structure montée un an auparavant, La Singulière. Elle entame une série de dessins poético-loufoques... www.la-singuliere.fr

12

13


«C» comme CHACH’ART CHARLOT cochereau

"Murs du monde"

14

CHaCH'Art

15

Des visages, des figures... et de la broderie. Isabelle Cochereau, native de la région mais installée à Montreuil, tripote divinement sa souris et ses pinceaux vers un savant mélange de numérique et de matière pure. Ses portraits sont comme patinés, grattés puis fondus avec d’autres images. Ambiances troubles, portraits comme zoomées sur un tableau de Francis Bacon, mais plus figuratives. Franciam Charlot, lui, crie toujours comme le personnage de Münch. Il en a même fait un archétype. Prises de têtes et têtes prises de convulsions et de stupeurs, son travail souvent visible à Toulouse n’est que la déclinaison perpétuelle de tous les cris poussés par les hommes. Des oeuvres faites de brodage ? Charch’art prouve que oui. Bye‑bye macramés insipides, CHaCH’Art prouve qu’avec un fil et une aiguille, le monde peut être revu, corrigé, fait ou défait. Tout sauf décousu.


Chach’ Art Depuis toujours, CHaCH’Art cherche à créer une interactivité à travers son travail, laissant au spectateur une certaine liberté d’imagination. Lorsqu’elle construit, c’est pour déconstruire. Lorsqu’elle coud, c’est pour découdre. Bref, elle fait pour défaire, se compliquant la vie pour se la simplifier ! Elle axe actuellement son travail sur une série « Cousu Dé-cousu », série dans laquelle elle s’approprie la couture afin de reconstituer des situations qu’elle s’amuse ensuite à défaire selon ses envies. www.gazolina-artline.com/ chachart www.creative.arte.tv/fr/users/ chachart

16

17


Franciam

Charlot Vit et travaille à Toulouse Comme toujours dans le travail de Franciam, il y a ces visages ou plutôt ces têtes à Toto aux yeux écarquillés et à la bouche ouverte accrochés à des corps nus jetés là d’un seul trait. Comme un ouvrier usinant toujours la même pièce Franciam Charlot reproduit ses archétypes depuis vingt ans. Il les peint dans un coin de son salon. Le support de récupération est posé par terre. Le

geste est urgent. On l’imagine traçant ses traits en position de calligraphe japonais. Pour peinture il utilise de l’acrylique, elle aussi récupérée. L’a t-il volé la nuit sur les chantiers ? Possible. On ne le saura pas. On l’imagine faute de lui avoir posé la question. Franciam Charlot agit comme un révélateur de l’humeur du spectateur.

Isabelle

Cochereau Isabelle Cochereau est née en 1970. Elle est diplômée de l’École Supérieure des Arts Appliqués (Duperré). Elle vit et travaille à Montreuil (France). « Le collage est chez Isabelle Cochereau bien plus qu’un artifice technique ou une concession à la modernité. C’est l’outil même de la complexité qu’elle prend pour objet. Il “traduit”, “transcrit”, par l’assemblage des images, les dédales labyrinthiques qui sont les nôtres. Il permet de restituer visuellement le fonctionnement psychique de nos âmes. L’association des images, leur rapprochement numérique transposent, sur la surface plane de l’oeuvre, la profondeur de ce que nous sommes et la multiplicité de nos enjeux, de nos états. Plus encore, et comme pour boucler la boucle, Isabelle Cochereau emprunte les fragments d’images qu’elle recompose à l’histoire de la peinture. Elle ancre ainsi son travail dans un système de références, de traces, de réminiscences qui en redouble l’envoûtement. » Corinne Bonnet, galeriste Paris.

www.wizzz.telerama.fr/charlot www.flickr.com/photos/pascal_champlon

18

19

www.isabellecochereau.fr


20

21


Comme

Tao Douay Tao Douay est né en 1988 près de Toulouse. Il grandit dans une famille où les échanges culturels, les voyages et la création artistique font partie de la vie. Vers l’âge de 12 ans il commence à filmer ce qui l’entoure, particulièrement le cimetière en face de chez lui où il y crée des mises en scène mortuaires. Quelques années plus tard son père lui apprend la photographie argentique et le laboratoire noir et blanc. En parallèle ses études l’amènent vers la philosophie qui l’aide à comprendre son attrait pour la mort. Puis les courants de pensée d’Extrême-Orient et en particulier le taoïsme associés à la pratique d’arts martiaux chinois le poussent à aller plus loin dans sa réflexion. En 2009 il intègre une école de photographie, l’ETPA, dont il sort major trois ans plus tard. Aujourd’hui il vit et travaille à Paris comme photographe dans le patrimoine, continuant ses travaux personnels. 22

23

www.taodouay.com


«F» comme Fräneck

Vit et Travaille à Toulouse. à la frontière entre l’illustration jeunesse telle qu’on la connait et l’illustration underground , les dessins de Fräneck basculent rapidement d’un monde candide, à un monde bizarroïde et effrayant. Les nombreux personnages qu’il met en scène adaptent leurs actions dans les constructions qui les entourent. Architectures curieuses et énigmatiques où l’intervention des personnages en devient elle aussi inexplicable. Ce basculement du rêve au cauchemar, entraîne les personnages et les différents éléments du décor dans une confrontation parfois violente, humoristique, toujours sur fond de couleurs vives et d’attention portée au détail. www.neneck.blogspot.fr

24

25


26

27


«G» comme grimault guillin

28

29

Avec cette lettre, il faut faire le point, à défaut de l’atteindre. Non, ce n’est pas une définition de mots-croisés mais des photos qui se croisent. Celles, connues ici de Grimault, dit Manu et les autres d’un p’tit nouveau comme on dit, qui promet. Pas besoin de partir au bout du monde pour toucher le social, l’urbanisme, les travailleurs courbés ou les villes en mutations. Emmanuel Grimault balade son objectif à Toulouse depuis des années et quant il se « lâche » pour des travaux personnels, et bien ça déchire, tout simplement. Pour Thomas Guillin, les routes photographiques seront sûrement longues et prometteuses. Après des travaux déjà publiés dans Friture Mag, sur l’Ariège, il faudra suivre les chemins de cette patte sensible. On y garde un oeil dessus.


www.grimaultemmanuel.blogspot.fr

Emmanuel

Grimault

Né en 1965, vit et travaille à Toulouse. Cultive une photographie 100% naturelle. « Made in human ». Je préfère en photographie l’intranquillité de l’inconnu au confort d’un esprit de système. Sur les rails

Respirations Emmanuel Grimault

30

31


Thomas Guillin

Conquêtes - Thomas Guillin 2015 Entre constat et imaginaire « Conquêtes » tisse une ligne de front au sein de différents territoires qui se rencontrent : elles s’efforcent de relever les tensions paysagères occasionnées par l’aménagement humain. www.thomasguillin.com

32

33


Comme

Herbot La découverte du travail de John Hearfield l’amène vers le photomontage, il s’intéresse tout particulièrement aux pionniers de cette discipline, Alexander Rodchenko, Victor Koretsky, Marinus… L’espace de l’écran devenu trop restrictif avec l’envie grandissante de « toucher la matière » le pousse vers le Collage : « J’avais la source, des dicos, encyclopédies, revues et les outils, scalpel, planche à découper, colle… c’était inévitable ».

34

35

www.gazolina-artline.com/herbot www.creative.arte.tv/fr/users/herbot www.facebook.com/CollagesHerbot


36

37


Olivier Jobard Olivier Jobard est né en 1970. Il a integré l’école nationale Louis Lumière en 1990 qui lui a proposé d’effectuer son stage de fin d’études à l’agence Sipa Press. En 1992, il a rejoint l’équipe des photographes de Sipa et y est resté pendant 20 ans avant de rejoindre l’agence Myop. Il a couvert de nombreux conflits dans le monde. En 2000, il s’est rendu à Sangatte. Sous ce hangar, qui faisait office de camp, il a rencontré des Afghans, des Tchétchènes, des Irakiens, des Bosniaques, des Kosovars, des Somaliens… De leurs échanges dans ce dernier caravansérail est née son envie 38

d’étudier les questions migratoires. Son approche photographique évolua alors vers un travail au long cours. Il a choisi d’appuyer son regard sur la « forteresse Europe » : de l’Ukraine à la Pologne, de la Turquie à la Grèce, de la Syrie à l’île de Lampedusa, il s’est attaché aux migrants qui parcourent ces nombreuses routes clandestines menant aux frontières européennes. De ce projet naîtra une exposition itinérante : Exil, Exit ?

«J» comme JOBARD JULLIARD

www.olivierjobard.com

39

Attention, gros talent. Le photographe Olivier Jobard nous avait fait l’honneur de publier il y a quatre ans de cela (quoi, déjà ?) ses travaux sur ces migrants échoués sur les rivages de Méditerranée dont le monde entier parle aujourd’hui. On remet ça, car rien n’a vraiment changé, et tout a même empiré. Pas de solutions à ces catastrophes, pas de jugement, juste un témoignage, c’est déjà beaucoup et il faut insister. Michel Julliard, lui, se verrait bien en Amérique du Sud. Installé au pied du Larzac, la fibre révolutionnaire le chatouille sûrement, il en emprunte en tout cas les traits, hérités d’un chaman péruvien ou d’un Diego Rivera. Et comme il aime les voyages, il a été l’un des pionniers en France du mail-art. Vous savez, cette façon de décorer les enveloppes, au pinceau, comme ça... ? Bien avant ces foutus mail estamplillés du logo Google.


40

41


Michel Julliard

Vit et travaille à Gissac (12) Un poète d’aujourd’hui a écrit : La France manque cruellement de Mexique. Or, si la France manque effectivement de Mexique, alors, elle manque tout autant d’Afrique, d’Inde, etc. Heureusement, peut-être pour nous, quelques drôles de travailleurs demeurent, au fond de nos campagnes pas encore complètement gazées, qui prennent à leur compte, d’un geste presque léger, toutes ces carences de notre condition contemporaine. Michel Julliard est de ces hommes-là. Son oeuvre étonnante, généreuse, peut aussi bien faire penser aux tapisseries hallucinées des Indiens Huichols, qu’à l’expressionnisme africain ou océanien, dont il jure pourtant ne rien connaître ; le bestiaire le plus inattendu voisine avec les citations de poètes surréalistes ou d’anarchistes célèbres ; les corps contiennent d’autres corps, les peintures contiennent des lettres, les paires d’yeux se multiplient… On est accueilli sans heurts par ses toiles, son univers n’en est pas moins infiniment complexe dans l’enchâssement minutieux, patient, pluriel, inspiré, de son détail. Cédric Demangeot

42

43


«L» comme le béon lebeuf lerouge lorenzo

44

45

Télescopage de styles. A ma droite Lerouge, dessinateur emporté par les foules de moines, de cul, de Venise ou d’ailleurs. Tant qu’il y a du monde, de plus en plus, il se régale. L’anti-minimaliste n’a même pas fait un « Trouvez Charlie ». Pour sûr, pas mal de ses potes carricaturistes sont tombés sous les balles dans les locaux du canard du même nom. A ma gauche, Ulrich Lebeuf. Photographie, cela veut bien dire « écrire avec la lumière ». Quand, en plus, on a en face de soi des tatoués (des vrais, des purs), cela donne une série exclusive offerte à notre pomme. Croquant ! Et puis, au centre, Sophie et Valéry. Cela se passe à Toulouse, et c’est une autre façon, un autre regard, d’autres approches, de pratiquer la prise de vue. Nuances noires et blanches pour l’un, chocs des couleurs pour la seconde.


Ulrich

Lebeuf Sophie Le Béon Née en 1967, vit et travaille entre Paris et Toulouse. De formation cinématographique, aborde de manière obsessionnelle le montage d’images animées ou fixes, toujours en quête des sens inattendus qui émergent de ces confrontations. Membre fondatrice du collectif photographique f de phosphène. www.fdephosphene.org

Ces images sont le résultat d’un cheminement dans le hasard du télescopage visuel et bruyant de la masse d’informations quotidiennes. Il est constitué de reproductions de morceaux éventrés, creusés, et raccourcis du journal Libération. Numéros parus entre mars et octobre 2013.

Creuser l’info Sophie Le Béon

46

Blue Bloods Le tatouage est pratiqué depuis plusieurs milliers d’années dans de nombreuses régions du monde. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses, thérapeutiques mais aussi esthétiques. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de passage à cause de la douleur endurée lors de la réalisation du motif. C’était aussi un mode de marquage utilisé pour l’identification des esclaves, des prisonniers ou des animaux domestiques. Qu’il soit discret ou qu’il couvre toute une partie du corps, symbolique ou purement esthétique, tout tatouage a une histoire. Marquer sa peau à l’encre indélébile est un acte fort, une façon de prendre le contrôle d’un corps qui nous échappe, ou de graver à jamais un souvenir, une joie, une douleur. Femme ou homme, jeune ou vieux, riche ou pauvre : le tatouage est « encré » dans les moeurs. En France, une personne sur dix serait tatouée, même si, comme le souligne la psychosociologue Marie Cipriani-Crauste, « le tatouage est encore trop souvent mal perçu par la société ». Apanage des bad boys, le tatouage ? Pas seulement. « Il est beaucoup plus répandu

que vous ne pouvez l’imaginer. Seulement, nombreux sont ceux qui les cachent, car le tatouage touche à quelque chose d’intime ». Avec ces portraits d’individus, hommes, femmes de tout âge et de toutes origines, je pénètre dans une véritable intimité : intimité du lieu, intimité du corps, intimité de l’âme ... À travers l’habitation, nous découvrons différents éléments qui nous donnent à voir sur la personne. A travers le corps, le tatouage raconte des parcours de vie, des états d’âme, des appartenances à un groupe à une culture. Ce projet se situe à la frontière du documentaire et du travail d’auteur. Seule la photographie fait acte d’information, qui n’est ici basé que sur l’imaginaire, juste un prénom pas de fonction ni statut social n’apparaît, ils sont pourtant tous différents, Barman, postier, ingénieur, tatoueur ou encore comptable et n’ont que pour seul point commun « le sang bleu ». Ulrich Lebeuf

www.ulrichlebeuf.fr

47


48

49


Jacques

Lerouge Après cinq années de folie aux Beaux-arts de Bourges, il fait cinq ans à la SERIA comme réalisateur de dessins animés pour antenne 2 et France 3, puis il décide de se moquer des présidents de la République et se lance dans le dessin de presse, puis l’illustration pour enfants, puis le dessin d’humour, puis le dessin de seins, et allons-y, puis à nouveau des cartoons et pendant qu’on y est, de la bande-dessinée ; Mais attention, Lerouge fait aussi de la cuisine qui se mange et de la musique de chanson, autour d’un verre, ... ou deux... Derniers albums parus : MAIS OU EST DONC PASSÉ DSK ? - ed. Hugo-Desinge L’ART EN FOLIE - ed. Circonflexe DITES-LE AVEC DES FLEURS ed. Plume de carotte www.jacques.lerouge.free.fr

50

51


«M» comme malenfer musta fior

52

53

Je dis donc « M ». Comme ces esquisses, ces petites envolées et glissades sur papier du dessinateur toulousain Malenfer. Habitué des paysages des villes, qu’il décline avec le collectif « Urbain, trop urbain », il traîne aussi dans les bars, les concerts, les manifs... Faut bien se détendre, parfois, non ? C’est exactement ce qu’arrive à produire Musta Fior. Une bonne détente dans nos vies d’excités. Comme Herbot et Apallec, lui aussi adore le collage, le montage, le mélange. Absurde ? Peut-être, mais certainement pas dénué de sens.


Frédéric

Malenfer Artiste, performeur dessinateur, Frédéric Malenfer pratique une démarche artistique en prise avec le réel : du dessin in situ de spectacles de cirque, danse, concert, au reportage dessiné de manifestations culturelles et sociales à Toulouse et en Europe. Il est aussi illustrateur pour la presse et l’édition. Avec le collectif Urbain, trop urbain, il dessine une nouvelle géographie de la ville qu’il restitue en expositions, performances, live painting et un livre édité en 2014 aux éditions Wild Project. www.frederic-malenfer.com www.malenfer.tumblr.com www.malenfercirc.tumblr.com

54

55


Musta Fior Musta Fior vit et travaille en France. Collagiste depuis 2010, il réalise ses collages surtout à base de papiers découpés de toutes sortes mais use parfois de la souris pour des collages digitaux. Toujours à la recherche de nouveaux résultats pour l’oeil, il travaille régulièrement sur de nouvelles séries. Il collabore également avec d’autres collagistes internationaux sur divers supports.

www.mustacol.tumblr.com www.mustafior.blogspot.fr www.facebook.com/mustafiorworks

56

57


Comme

Olivox Olivier Olivox est un artiste peintre, dessinateur et auteur de BD qui vit et travaille actuellement à Toulouse. Depuis quelques années il s’amuse à créer des fresques géantes fourmillantes de milliers de personnages évoluant dans une jungle délirante. Tout est fait entièrement à la main, à la plume et à l’encre de Chine. Imaginez-vous que que chaque fresque, de plusieurs mètres de long, demande des centaines d’heures de travail. C’est un travail titanesque ! www.olivox.com

58

59


Comme

Guillaume Rivière Né en 1976. Photographe indépendant. Travaille essentiellement pour la presse : Milan Presse, Destination, Grands Reportages, Télérama, Le Monde, M, Libération, Géo, Science & Vie, Le Nouvel Observateur, L’Humanité (...) Travaille également autour du vin et de la table depuis une dizaine d’années : Terre de Vins, Régal, Vigneron Indépendant, L’Amateur de Bordeaux... Parutions à l’étranger : D-Photo (Nouvelle-Zélande), Afisha Mir (Russie), Polyrama (Suisse), Pozytyw (Pologne), National Geographic (Russie), Condé Nast Traveller (USA). www.guillaumeriviere.com

60

61


Comme

«S» comme

Plinpopossum Deux amis d’enfance décident de dessiner, écrire et créer sous une même bannière, c’est la naissance de Plinpopossum. Avec chacun leur style, leur complémentarité naît du regard de l’autre mais aussi de leur passion commune pour l’absurde et les situations décalées. Dessinateurs pour les Cahiers du football puis pour Le Monde Interactif (leur blog : « 100 bulles et un match ») et L’Equipe, on peut voir à travers leurs différents travaux, comme pour « Friture Mag » ou le Collectif Gazolina, qu’ils ne se contentent pas d’exploits sportifs. Ils participent aussi à l’écriture et à la réalisation de dessins animés, divers projets de BD, de jeux de société ainsi qu’à du dressage d’ours.

SAMSON SCHEIBER

www.plinpopossum.com plinpopossum.blog.lemonde.fr

62

63

On connaissait la fameuse « ligne claire » inventée par Hergé, certains y ajoutent des incartades, des virages, des sorties de route. Samson, c’est un Gersois qui rentre bourré chez lui un samedi soir et arrive à passer entre les platanes, les contrôles de police et tous les codes de bonne conduite. Caustique, malin, perfide, il sait lever le coude tout en gardant le stylo sur sa feuille. Pas un mince exploit... Fred, le grand, Scheiber, du haut de ses presque deux mètres pose désormais un regard en noir et blanc sur nous, pauves humains. Sivens, Jérusalem, Bordeaux, les Pyrénées, tout cela se passe dans un gros carré rempli de poésie.


Samson Samsonaravian dit Samson, hasard des flux migratoire et du calendrier, naît un jour de carnaval en Gascogne. Son grand père, félibre turco-arménien, l’initie aux poèmes de khosrovidoukht de Goghtn en le bourrant de moutabal au foie gras et de rillettres de baklavas. De cette immersion multiculturelle naît un humour teinté d’ivresse, certainement dû à la cuisson à l’armagnac adoptée avec enthousiasme par toute la famille. Remarqué dans un comice agricole pour sa dextérité graphique, il part étudier la miniature persane à Auch, malheureusement peu pourvue de professeurs dans cette spécialité. Il tire donc un trait sur sa vocation et se tourne plus modestement vers le dessin d’humour. Puis vers n’importe quoi car il faut bien vivre. Vagabond de luxe pour magazines sans prestiges il erre de ports en ports et de bars en bars avant de se fixer au bar du matin où Friture le recueille et lui offre enfin le destin qu’il croyait à jamais perdu.

64

65


Scheiber

C’est à l’issue de ma formation à l’Ecole de journalisme de Toulouse en 1998 que je décide de m’orienter vers la photographie de presse et le reportage documentaire. Avec une forte envie de rencontres et une soif de découverte, j’utilise alors les prismes de la photographie pour témoigner sur des sujets sociaux et culturels qui m’interpellent. Je pourrai présenter certains reportages sous forme d’expositions et en 2005, je réalise un livre sur une association

66

de SDF à Toulouse, le GAF. www.groupe-amitie-fraternite.blogspot.com

Entre 2004 et 2014, j’intègre la rédaction du quotidien 20Minutes à Toulouse comme photo journaliste. Désormais, redevenu photographe Freelance, je collabore avec diffèrentes agences de presse photographiques comme AP, EPA, Andia et l’agence SIPA.

Parallèlement, je continue de travailler sur des sujets personnels. En 2014, une exposition en panoramique noir et blanc permanente a été retenue sur le site de l’ancienne usine d’AZF et en collaboration avec une journaliste, nous avons réaliser un travail de plusieurs mois sur la ZAD de Sivens. www.youtube.com/P83r4sVVrdM www.frederic-scheiber.com

67


Uttarayan « Le concret, c’est de l’abstrait rendu familier par l’usage. » Paul Langevin. En seulement quelques décennies, l’urbain a englobé puis remplacé le vieux binôme ville/ campagne, se présentant comme la mégastructure diffuse où nous habitons aujourd’hui. La période que nous vivons est celle où l’accélération de ses extensions est telle qu’elle rend tangible sa processualité. Cette chose mouvante, aux formes indéfinies, semble s’être affranchie pour devenir une entité autonome aux mutations imprédictibles. Mon travail se nourrit des spasmes de cet écoumène-Léviathan, il est une production éclatée où les pièces se répondent, se transforment et se recomposent au gré des expériences que sont les expositions, les interventions sauvages ou le travail en atelier. Ce sont des dessins de tous formats, des combines (au sens où l’a exprimé Rauschenberg), des montages vidéo et des pliages/installations, pratique que nourrit une activité de compilation impossible d’une archive de l’urbain. « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Jean Cocteau. uttarayan.tumblr.com www.facebook.com/uttarayan

68

69


Comme

Veks Van Hillik Né en 1988 dans un petit village du sud-ouest de la France. Très vite, sous l’impulsion de ses frères aînés, il ne quitte plus le crayon des mains, et c’est, de la nature qui l’entoure, de la faune et flore, que son inspiration première prend source.

il vit et travaille), il participe à de nombreuses expositions en France. Récemment, ses travaux ont passé les frontières notamment à la MondoPop Gallery à Rome (Italie) en 2012 ou encore Salerno en 2013, à la GristleTattoo Gallery a Brooklyn (New York) ou bien à Melbourne (Australie).

Veks développe un style bien à lui, onirique, surréaliste, tout en s’imprégnant de divers influences. De Gustave Doré, Ingres, ou Caravage à Dali ou Breton, ils sont nombreux à l’inspirer au fil des siècles derniers, mais victime de sa génération, son travail est également teinté par la pop culture, les jeux vidéos, la BD, le street art et le tattoo.

Chaque peinture, ou dessin de Veks Van Hillik semble être une ode à l’imaginaire, fenêtre secrète sur ses rêves et chimères, dont chaque scène, chaque personnage est un subtile mélange entre candeur et noirceur. www.veksvanhillik.com

Depuis 2010, date de sa première exposition à Toulouse (où

70

71


Muko

www.muko.fr

72


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.