Où allons nous ?

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CHUSÉ INAZIO NABARRO

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La clameur de l’eau JOSÉ GIMÉNEZ CORBATÓN

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Le curé d’Almuniaced JOSÉ RAMÓN ARANA

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Où allons-nous ? IV Prix du roman court international en aragonais “ Chusé Coarasa ” en 1996

ANA TENA PUY

Où allons-nous ? est l’histoire d’un monde maintenant disparu, raconté par l’un de ses derniers habitants, un vieil homme de plus de quatre-vingts ans. A travers ses réflexions, son monologue, nous pénétrons dans un univers ancien mais attendrissant, éloigné dans le temps mais cher à tout cœur sensible, dur comme la roche des montagnes mais tendre comme les hommes qui l’habitent. Une histoire simple, un vieillard à l’esprit ouvert sur le monde, à l’aise dans la place qui fut la sienne mais qui voit sa vie s’achever en même temps que la société dans laquelle lui et ses ancêtres ont vécu : le lecteur le suivra dans ses réflexions sur les mystères de la vie et de la mort, de la solitude et de l’amour d’une terre. Et souviens-toi, lecteur : « tous nous en arrivons là ».

www.garadedizions.com gara@garadedizions.com

* *

www.laramonda.com laramonda@wanadoo.fr

Où allons-nous ? ANA TENA PUY

ANA TENA PUY

La montre à gousset Prix roman court « Ville de Barbastro »en 2006

Où allons-nous ?

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Éditions de La ramonda

Ana Tena Puy est née à Paniello, village de la Ribagorza aragonaise. Elle s’établit pendant quelques années à Lérida puis revint dans sa terre natale. Actuellement, elle vit à Graus, dans la province de Huesca. Auteure de romans et de courts récits, toujours écrits en aragonais – sa langue maternelle -, parmi lesquels Tornasols (1997) ; Rayadas de sol en pardinas obagas (1998) ; La bollonera d’un alma (2001) ; L’ombre la santeta (2006) ; et de recueils de poésies tels que Zincas poesías tristas y una canta d’asperanza (1997) ; Y la lluna me sentiba (1998). Parmi ses œuvres on notera particulièrement : Ta óne im (1997), roman avec lequel elle a remporté le Prix international « Chusé Coarasa » 1996, qui fut traduit ensuite en espagnol-castillan (2009) et que nous vous présentons aujourd’hui en français ; le récit En llegán ta’l sabuquero (2013), le recueil de poésies Cuentos pa biladas sin suenio (2001); et Como minglanas, collection de 246 haïkus, qui gagna le VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 2006. Tout au long de son parcours littéraire, elle a remporté différents autres prix : IVe prix « Billa de Sietemo » en 1997, Ve prix « Lo Grau » en 1998 et accessit du VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 1997.


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CHUSÉ INAZIO NABARRO

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La clameur de l’eau JOSÉ GIMÉNEZ CORBATÓN

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Le curé d’Almuniaced JOSÉ RAMÓN ARANA

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Où allons-nous ? IV Prix du roman court international en aragonais “ Chusé Coarasa ” en 1996

ANA TENA PUY

Où allons-nous ? est l’histoire d’un monde maintenant disparu, raconté par l’un de ses derniers habitants, un vieil homme de plus de quatre-vingts ans. A travers ses réflexions, son monologue, nous pénétrons dans un univers ancien mais attendrissant, éloigné dans le temps mais cher à tout cœur sensible, dur comme la roche des montagnes mais tendre comme les hommes qui l’habitent. Une histoire simple, un vieillard à l’esprit ouvert sur le monde, à l’aise dans la place qui fut la sienne mais qui voit sa vie s’achever en même temps que la société dans laquelle lui et ses ancêtres ont vécu : le lecteur le suivra dans ses réflexions sur les mystères de la vie et de la mort, de la solitude et de l’amour d’une terre. Et souviens-toi, lecteur : « tous nous en arrivons là ».

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ANA TENA PUY

La montre à gousset Prix roman court « Ville de Barbastro »en 2006

Où allons-nous ?

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Éditions de La ramonda

Ana Tena Puy est née à Paniello, village de la Ribagorza aragonaise. Elle s’établit pendant quelques années à Lérida puis revint dans sa terre natale. Actuellement, elle vit à Graus, dans la province de Huesca. Auteure de romans et de courts récits, toujours écrits en aragonais – sa langue maternelle -, parmi lesquels Tornasols (1997) ; Rayadas de sol en pardinas obagas (1998) ; La bollonera d’un alma (2001) ; L’ombre la santeta (2006) ; et de recueils de poésies tels que Zincas poesías tristas y una canta d’asperanza (1997) ; Y la lluna me sentiba (1998). Parmi ses œuvres on notera particulièrement : Ta óne im (1997), roman avec lequel elle a remporté le Prix international « Chusé Coarasa » 1996, qui fut traduit ensuite en espagnol-castillan (2009) et que nous vous présentons aujourd’hui en français ; le récit En llegán ta’l sabuquero (2013), le recueil de poésies Cuentos pa biladas sin suenio (2001); et Como minglanas, collection de 246 haïkus, qui gagna le VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 2006. Tout au long de son parcours littéraire, elle a remporté différents autres prix : IVe prix « Billa de Sietemo » en 1997, Ve prix « Lo Grau » en 1998 et accessit du VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 1997.


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OÙ ALLONS-NOUS ? garaFrance viceVersa, 4

IV Prix du roman court international en aragonais “ Chusé Coarasa ” en 1996

GARA D’EDIZIONS — ÉDITIONS LA RAMONDA 2017

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Maquette de la collection : Ricardo Polo. Équipe du studio graphique de Prames Dessin de couverture : Sergio Naya. Équipe du studio graphique de Prames

Première édition en français : septembre 2017 Titre original en aragonais : Ta óne im? Traduction : Nathalie de Courson et Marina Sala

Cet ouvrage a reçu une aide du Département de l’Éducation, de la Culture et des Sports du Gouvernement d’Aragon © Ana Tena Puy © pour cette traduction : Nathalie de Courson et Marina Sala © pour cette édition : Gara d’Edizions

GARA D’EDIZIONS Avda. Navarra, 8 E–50010 Zaragoza www.garadedizions.com e–mail: gara@garadedizions.com

I.S.B.N.: 978-84-8094-554-7 Dépôt légal : Z 1323-2017 Impression: INO Reproducciones, S.A.

Toute forme de reproduction, distribution, communication publique ou transformation de cette œuvre ne peut être réalisée sans l’autorisation préalable des propriétaires des droits, sauf exception prévue par la Loi. Si vous avez besoin de photocopier ou de numériser des extraits de cette œuvre, vous devez vous adresser au CEDRO (Centro Español de Derechos Reprográficos, www.cedro.org).

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OÙ ALLONS-NOUS ? Ana Tena Puy

Traduction de Nathalie de Courson et Marina Sala

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A mon grand-père et à tous les grands-pères de ce pays. Et à mon fils qui va naître, pour qu’il connaisse ses racines et n’oublie jamais d’où il vient. Après, qu’il aille où il voudra.

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1 Il a fait très froid aujourd’hui dans la montagne. C’est le temps des calandras1 et il me semble qu’on entre dans le mois de février. Nous allons donc avoir un mauvais mois. Mais en fait on ne peut même plus se fier au temps. Ça a tellement changé… Presque autant que la vie elle-même. « En février chaque herbe fait son pied », disait un dicton qui nous convenait dans le temps, car ce qu’on a maintenant c’est comme un froid de décembre d’il y a trente ans. Faut dire que les choses d’autrefois ne conviennent que pour autrefois. Maintenant tout est différent, et moi ça fait un bon moment que j’en suis resté à autrefois, au bon vieux temps. Normal : avec presque un siècle sur les épaules, les nouveautés ne me disent plus grand chose. Qu’est-ce qu’il a fait froid aujourd’hui. Il a bien dû geler toute la journée ; ça ne s’est même pas radouci à midi, au moment où a pointé un petit bout de soleil craintif. Quoique… je pense que tout ça ne me fait plus rien, ni le froid, ni le chaud, ni la glace, ni même la foudre si elle tombait. J’ai enduré tant d’hivers et tant d’étés et tant de suées et de printemps et d’automnes, les uns derrière les autres, que c’est dans cette succession que ma vie a suivi son cours. Je suis né et je suis mort à chaque saison avec la terre en même temps que nos cultures : les voir pousser, monter en herbe, Calandras : Selon une ancienne croyance, on prédisait dans les Pyrénées le temps qu’il allait faire sur une année en observant minutieusement la lune, les variations atmosphériques et le mouvement des nuages sur douze jours entre le 26 décembre et le 6 janvier, correspondant à chacun des douze mois de l’année qui allait suivre. Dans certaines régions de France on connaît un procédé similaire sous le nom de « cycle des douze jours ».

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mûrir, et alors les moissonner, biner les champs, et préparer la terre pour de nouvelles semences, et revenir au même point où les choses naissent pour mourir ensuite. Et c’est pareil pour les hommes. Tout est une question de temps. Et comme il est mystérieux, ce temps qui a apporté et emporté tant et tant de gens que j’aimais bien et qui avaient mon âge, alors que moi je suis là à tenir le coup et à attendre, comme si j’étais un vieux croûton de cette époque-là… Pareil à ces oliviers si grands, au tronc si dur, qui ne donnent presque plus d’olives, mais qui ont des souches avec des racines qui doivent s’enfoncer bien profond. C’est peut-être à cause de ça, parce qu’ils sont aussi d’une époque qui s’en est allée, que je me sens si bien et en si bonne compagnie près de ces oliviers, assis sur leurs troncs. … Qu’est-ce qu’on est bien, blotti au coin du feu lorsque le froid devient mordant. Quel plaisir, en rentrant des champs transi et épuisé par le froid, de s’asseoir sur le banc tout près de l’âtre à regarder les flammes danser pendant qu’on se réchauffe. Et c’est alors, au moment où lentement je commence à ne plus avoir froid que je revois ma femme, qui n’est plus que son fantôme et son souvenir, assise sur sa petite chaise en osier, sur sa même petite chaise de toujours, attisant le feu pour faire bouillir la marmite pour le dîner, ou filant avec son fuseau et sa quenouille avant de tisser. Pauvre Fineta ! Depuis qu’elle s’en est allée pour toujours, ça va bientôt faire cinq ans, tous les jours et à chaque instant je me souviens d’elle, car n’importe quel coin de la maison ou n’importe quelle circonstance me la remettent en tête. Ça fait si longtemps que nous nous sommes vus pour la première fois que j’ai l’impression que c’était dans une autre vie. Je savais, moi, que j’allais faire la connaissance de celle qu’on avait décidé de me donner pour femme, et je n’en menais pas large du tout. J’avais passé les derniers jours à imaginer comment serait cette jeune fille et à réfléchir sur ce qu’il conviendrait de lui dire pour lui paraître bien élevé et tenter de lui plaire. Et quand je l’ai vue je l’ai trouvée bien jolie : robuste, et le teint frais, que 10

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c’était un plaisir de la regarder, et plutôt réservée dans ses paroles. Quoique, avec les années elle a su révéler son caractère, et Dieu sait si elle en avait ! Autant qu’il en fallait, je crois, car que serait devenue une femme sans caractère pour tenir une maison ? Ce que je me rappelle bien, c’est que ces premières rencontres étaient bien embarrassées, ma foi. Nous étions tous les deux fort timides, sans savoir quoi nous dire, à parler de la pluie et du beau temps ou de bêtises comme ça. Nous nous sommes vus deux ou trois fois ainsi et hop ! c’était parti pour le mariage. Enfin. Dans le temps c’est comme ça qu’on s’épousait. Je me rappelle que quand ils ont décidé que nous allions nous marier (les parents bien sûr, les fiancés dans cette affaire n’avaient pas trop leur mot à dire), c’était vers le printemps, et qu’ils ont fixé tout de suite la noce pour les environs de la Saint Michel. Deux jours avant la noce, nous sommes allés, mon père, mon frère Emilio et moi au village de Fineta, qui est à une journée de marche, pour commencer les préparatifs. La veille, tous les autres parents sont arrivés, et le lendemain après-midi nous nous sommes mariés. Ensuite, au lever du jour, nous avons pris la mule et une petite ânesse blanche que nous avions, nous les avons chargées avec le trousseau de Fineta, et allez ! en route pour notre maison. Pour l’époque, ils l’ont dotée d’un bon trousseau : une machine à coudre, et un coffre plein de linge de maison, de jupes, de jupons et de vêtements de femme. Fineta s’est révélée fort travailleuse, et elle m’a aidé à faire tourner la maison et à tirer les enfants d’affaire pendant les années de guerre, quand les gens manquaient de tout. … Pourquoi faut-il que je me rappelle sans cesse tout ce qui est arrivé ? C’est comme si vivre maintenant, c’était revoir tout ce que j’ai déjà vécu. Et c’est ce que je fais, et c’est à ça que je passe mon temps depuis que je suis vraiment tout seul. En plus, je me rappelle les choses sans savoir ni d’où ni pourquoi elles me viennent. À l’instant je me rappelais le temps de mon mariage et Fineta… Ha ! Et la première fois que nous avons dû coucher ensemble. Je ne sais pas lequel des deux était le plus mal à l’aise, parce que nous nous sommes mis chacun d’un côté du lit, le plus 11

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loin possible l’un de l’autre. Par la suite, et peu à peu, en vivant tous les jours ensemble, toutes ces timidités se sont effacées, et après cinquante et quelques années à vivre sous le même toit, et après tant de peines et d’efforts partagés, il s’était forgé une bien grande estime entre nous. Au point que, lorsqu’elle est morte, la pauvrette, je suis resté si désemparé que j’aurais voulu mourir aussi avec elle. … Et dire qu’elle serait ici maintenant, assise avec moi devant ce feu qui semble le même que celui d’autrefois, les mêmes flammes rouges, les mêmes étincelles, la même lueur qui éclaire la cuisine, qui était déjà enfumée et noire autrefois, mais si chaude et où il faisait si bon d’être… Tout, tout est pareil, mais sans Fineta et sans personne. Je me suis retrouvé pour ainsi dire seul entre ces montagnes, seul dans ce village presque dépeuplé, et seul dans cette grande maison vide. Et je dis « pour ainsi dire seul » parce qu’il y a encore ici Quinón de la maison Bayle, et Pacón et Marieta de la maison Coma, tous les trois presque aussi vieux que moi ; il me semble même que Quinón a deux années de plus. Ils tiennent le coup ici, je pense, parce qu’ils n’ont presque plus personne ailleurs ou, comme moi, parce qu’ils sont trop têtus pour vouloir partir. Et c’est sûr que nous, les quatre pelés restés encore au village, on pourrait se tenir compagnie plus qu’on ne le fait, mais quand on se retrouve, qu’est-ce qu’on peut bien se dire ? À quoi bon ruminer ce que nous savons tous et que nous portons en nous comme une malédiction ? Nous nous sommes donc habitués (ou mieux, nous nous sommes résignés, car s’habituer à voir mourir son village et sa vie, ça, jamais personne ne s’y habitue) à être seuls et chacun se débrouille comme il peut chez lui. Si à certains moments il y a un accident, comme lors de cette tempête où le vent a abattu un noyer sur l’écurie de Bayle, alors là, oui, nous y sommes tous allés pour aider à la réparer. Mais sinon, chacun de nous se ronge de vieillesse et de solitude. Et puis, nous qui sommes restés, pas sûr qu’on était de bons voisins ! Tout ça, ça fait déjà un bout de temps, mais il me semble 12

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que le Quinón de Bayle et moi, on se garde encore rancune pour cette affaire des limites de la Bayona… Moi j’ai toujours compris ça comme ça, parce que c’est comme ça que mon père me l’avait indiqué lorsqu’il nous montrait les bornes de notre terre, que ce qui nous séparait des terres des Bayle, c’était ce grand chêne qui se trouve dans le creux et, ensuite, la ligne marquée par le fond du ravin. Mais cette tête de bourrique de Quinón, qui a toujours été pas mal bizarre, s’est obstiné à labourer de ce côté-ci du chêne et, comme ça, chaque année son labour pénétrait un peu plus chez nous jusqu’à ce qu’un jour que nous nous sommes rencontrés à la moisson, j’ai voulu lui en parler, très poliment, je crois, mais lui l’a si mal pris qu’il m’a traité de tous les noms. Et l’affaire s’est envenimée comme ça jusqu’à ce que on en arrive presque aux mains. Ensuite il a déposé une plainte contre moi et j’ai dû même aller faire une déclaration ; et je ne sais pas, moi, jamais je ne m’étais trouvé dans de telles embrouilles, et ça ne m’a pas plu du tout. C’est comme ça que nous avons passé un tas d’années sans nous parler et même sans nous regarder. Maintenant, vu que nous sommes si peu nombreux les choses se sont comme qui dirait tassées, mais, comme je dis, on se garde encore rancune, il me semble. Et ceux de la maison Coma, avec Marieta qui déraille depuis un moment déjà, et Pacón qui doit la surveiller tout le temps pour qu’elle ne fasse pas de bêtise, ils ont déjà bien assez à faire chez eux. Je ne pense pas qu’ils tiendront longtemps comme ça, et un de ces jours, soit nous irons à un enterrement, soit nous verrons une autre maison du village se fermer. Donc tout compte fait je me retrouve tout seul… J’ai vu vivre tant de gens dans ce village et tant d’autres de ma famille naître et mourir (ou partir ailleurs comme nos enfants) dans cette maison depuis tant d’années, et maintenant voilà qu’il ne reste personne d’autre que moi. Ah ! Si c’est pas malheureux d’être un des derniers ! Quoique je ne suis pas tout à fait seul. Je suis accompagné de mes souvenirs et de tout ce que j’ai vécu et traversé… Des fois il 13

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me semble que tout le monde est encore ici, et des fois, à force d’y penser, j’en suis même persuadé, et j’entends les conversations qui résonnent en moi, et je sens que les gens sont là, même si je ne les vois pas. Et tout ça, en y réfléchissant bien, ce n’est pas normal, et j’ai peur de perdre la tête comme Marieta Coma. Mais qu’est-ce que je peux faire d’autre que me parler à moimême et à mes souvenirs ? C’est une chose qui arrive à peu près à tous les vieux, et moi je suis si vieux qu’il me semble que j’étais ici avant ces montagnes. Avec si peu d’avenir, et un présent où je ne suis plus dans ce monde, parce que les autres gens doivent suivre d’autres chemins, ai-je autre chose à faire que revivre ce que j’ai vécu ? C’est sûr que moi je ne serais pas capable de mener la vie que mènent mes enfants ou n’importe qui en ville. Alors qu’on me laisse à mes affaires, puisque je n’ai envie de rien d’autre. Je devrais aller me coucher, mais pour quoi faire. A peine couché je commence à me tourner et me retourner, et la nuit me paraît longue comme un jour sans pain. Alors je vais rester ici encore un moment, le temps que ces bûches finissent de brûler, et la nuit me semblera plus courte. Ma femme, lorsqu’elle me voyait ainsi recroquevillé sur les pierres du foyer, appuyé sur les genoux et les mains jointes, me disait : « Te revoilà plongé dans tes pensées. C’est étonnant que tu ne deviennes pas chauve à force de te creuser la cervelle ». Et elle me faisait la causette pour me tirer de mes réflexions. Il est vrai que j’ai toujours été très réfléchi, ce qui n’est pas fréquent chez un paysan, veut-on nous faire croire. Mais je pense que c’est justement à cause de ça, parce que je suis paysan, parce que j’ai toujours aimé faire attention aux leçons de la terre et des animaux, et aussi des hommes. Quand mes petits-enfants viennent pendant les vacances, je les étourdis peut-être avec mes avertissements et mes dictons, mais s’ils veulent m’écouter, je ne leur apprends rien de mal. Mais la jeunesse n’a jamais aimé écouter les discours casse-pieds, et nous non plus, enfants, nous n’aimions pas qu’on nous fasse des sermons et qu’on nous dise de faire attention à ceci ou à cela. 14

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Mais c’est ça, le devoir des grands-parents envers leurs petitsenfants, en tout cas ça l’était, dans le temps : les moucher si leur nez coule lorsqu’ils jouent, et leur donner des conseils et les mettre en garde. De nos jours on ne peut plus leur apprendre grand-chose. Ceux de chez nous, lorsqu’ils viennent par ici, on dirait même que c’est eux qui ont des choses à m’apprendre. Non mais voyezmoi ça… Ils apportent leur télé (moi, je n’en ai pas et je n’ai pas envie d’en avoir), des jeux pour jouer avec la télé et des machins à musique et des radios, et ils passent leur journée avec ces bêtises. Et quand je leur demande pourquoi ils ne vont pas chercher des nids ou courir dans les champs comme nous le faisions, ils me répondent que c’est trop cruel, qu’ils pensent à ces pauvres oisillons, et qu’eux sont « écologistes ». C’est comme ça, que voulez-vous, tout a tellement changé… Mais je continue à penser que la terre et la montagne sont de bons maîtres si on sait bien les connaître et les apprécier, car il y a en eux un savoir qu’on n’apprend pas dans les livres. Si j’avais pu aller plus longtemps à l’école, je crois que j’aurais été appliqué, car j’aimais bien apprendre et j’avais envie de tout savoir. Mais moi, comme presque tout le monde en ces temps-là, je n’ai pu y aller que très peu. A neuf ans je gagnais déjà un peu d’argent en m’occupant des moutons de la maison Miquel, qui avait beaucoup de bêtes, et, quand je n’y allais pas, j’aidais chez moi, car le travail ne manquait jamais. Je n’ai donc eu le temps que d’apprendre plus ou moins à lire et à écrire, et à savoir faire juste assez de calcul pour me débrouiller. C’est comme ça, que voulez-vous : la vie, et encore plus une longue vie comme la mienne, ça instruit aussi, et pas qu’un peu. … Mais à quoi bon tout ça ? Pour finir ici seul et oublié du monde ? Je suis là, mis à l’écart comme ces vieilles lampes à huile ou ces autres lampes à pétrole qu’on utilisait les derniers temps, et qui, ensuite, lorsque l’électricité est arrivée, n’étaient plus que 15

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des antiquailles. Quoiqu’il doit bien y avoir quelque chose qui vaut le coup dans ces vieux ustensiles, puisque beaucoup d’antiquaires sont venus les acheter dans ces villages. Peut-être parce que ces ustensiles sont la preuve qu’il y avait d’autres manières de vivre et de travailler, et que même s’ils ont été abandonnés maintenant, ils sont toujours là pour dire qu’il y a eu des gens qui les ont fabriqués et utilisés, et pour nous rappeler que ces gens sont passés par le monde. Sans leur présence, il ne resterait même pas ça d’eux… Ah ! la vie est bien triste ! Moi, je n’ai presque rien voulu leur vendre, aux antiquaires ; et donc cette maison est remplie de vieux ustensiles qui ne servent plus mais que moi, je me rappelle bien avoir utilisés, puisqu’autrefois on vivait et on travaillait avec eux tous les jours : des pioches, des faux, des doigtiers, des faucilles, des bâts, et des harnais, des cruches, des chaudrons et des marmites pour cuisiner et que sais-je encore… tant d’objets qui maintenant sont relégués à la cave ou au grenier… Sûr qu’ils sont bien là. De temps à autre je vais fouiller dans l’un ou l’autre endroit, et je prends ces ustensiles que j’ai si souvent trempés de la sueur de mes mains en travaillant ; ou ces casseroles dans lesquelles Fineta a fait tant de repas, et avant elle ma mère, et avant ma grandmère. Et j’ai l’impression que tous ces vieux parents et moi aussi, nous sommes là, mis de côté, avec toute cette ferraille, et il me semble que c’est beaucoup de mépris, alors je les nettoie et je les range un peu, pour qu’ils soient mieux conservés, parce que je sais que quelque chose des gens qui s’en sont servi est resté en eux. Quand je ne serai plus là, quelque chose de moi restera aussi en eux. Et dans ce village, et dans ces terres où j’ai si souvent mis mes pieds, et dans ces montagnes où j’ai vu pendant tant d’années se lever et se coucher le soleil. Et cette idée me suffit, je sais que tout restera tel quel quand je m’en serai allé avec les miens. Parfois je me demande pourquoi c’est moi qui dois être témoin de ça, et pourquoi c’est notre génération qui a dû voir mourir ce monde où nous vivions, et en voir naître un si diffé16

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rent, où quelqu’un comme moi n’a plus sa place… Et pourquoi c’est moi qui dois voir comment nos villages se meurent, et comment sont morts les plus vieux et partis les plus jeunes… Mes enfants ont dû partir eux aussi. Les pauvrets. Ils vivent maintenant à la ville et viennent ici souvent, surtout pour les vacances, mais les rares fois où je leur rends visite j’ai l’impression que je dérange, et même que je choque là-bas avec cette tenue que j’ai portée toute ma vie, ma peau tannée par les champs, et surtout mon béret qui, que ce soit ici, à la ville, ou au cimetière, ne fait plus qu’un avec ma tête, comme si c’était ma propre peau. Si bien que je ne vais point trop chez eux : je préfère que ce soit eux qui viennent. Ici c’est mon village, et plus personne ne m’en fera bouger sauf la mort elle-même. Voilà que je m’attriste, et ça ce n’est pas bon pour quelqu’un qui est seul et n’a personne à qui parler de ses chagrins. Il vaut sans doute mieux que je me fasse à dîner et que je me couche. Demain je ferai bien d’aller faire du bois, parce qu’on dirait que le temps devient menaçant et qu’il n’en reste plus beaucoup dans la remise. Après ça, si j’ai du bois à l’abri et de la nourriture à la maison, le temps peut se mettre à la neige ou à ce qui lui plaira. Depuis toujours, avant de me coucher, je fais le tour de la maison pour m’assurer que tout va bien. C’est un peu idiot puisqu’étant tout seul, qu’est-ce qui peut se passer, et qui peut mettre du désordre ? Mais voilà, on dirait que je m’en vais au lit plus rassuré si je fais un tour dans toutes les pièces. Je parcours la maison d’un bout à l’autre, et c’est là que je me rends le plus compte que je suis seul. Dans chaque chambre que j’ouvre, j’ai l’impression d’entendre ou d’écouter ceux qui en d’autres temps y ont habité, pour, ensuite, sentir que tout se tait et que tout est vide. Et c’est avec ce vide que je vais me coucher. J’empile des tas de couvertures sur moi pour me protéger du froid qu’il y a dans toute la maison, sans parler de celui que je porte à l’intérieur de moi. … Je ne peux pas dormir. Ce qui m’arrive tout le temps, c’est que je me mets au lit et que je reste un bon moment éveillé : 17

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autre maladie de vieux. Et pourtant j’étais un sacré dormeur dans ma jeunesse ; je me souviens que ma mère ne savait pas comment me faire lever le matin. Les choses vont souvent à l’envers : maintenant que j’ai tout le temps du monde pour rester couché et rien d’urgent pour m’ôter le sommeil, pas moyen de dormir, alors qu’à l’époque, quand j’avais mille occupations et soucis qui auraient pu me faire passer des nuits blanches, j’aurais dormi à toute heure. … Autrefois mes pensées étaient toujours tournées vers le futur (je ferai ceci, je ferai cela), tandis que maintenant elles sont tournées vers le passé (j’ai fait ceci, il s’est passé cela). Et c’est parce qu’il y a un temps pour tout : un temps pour être jeune, un temps pour être vieux, et il faudra bien qu’arrive le temps de mourir, et ça me tarde de plus en plus de le voir approcher… C’est peut-être ça le pire, quand on est vieux : la peur de mourir. Même si on sait dès la naissance qu’on doit mourir, on n’arrive pas à y croire tout à fait jusqu’à ce qu’on devienne vieux, et, alors, on voit la mort de si près qu’on voit les choses autrement, car elles perdent presque toutes l’importance qu’on pouvait leur donner quand on était plus jeune. Je crois que moi je me suis habitué à voir la mort de près et qu’elle ne me fait plus peur. J’ai vécu tant d’époques difficiles, tant d’années et tant de souffrances, que maintenant il me semble que j’ai déjà tout fait et tout vécu, et je dis à la mort de venir quand elle voudra, car je finis par en avoir presque envie. En plus, je crois que je suis maintenant en bons termes avec tout le monde, et j’ai la conscience tranquille, car avec qui je vais me disputer et à qui je vais faire du mal, puisque je suis tout seul ? Et, pour les choses passées, elles sont passées et elles sont guéries. … Cette histoire de conscience, c’est assez compliqué, car celle des uns est différente de celle des autres, et alors, laquelle est la bonne ? A moi on m’a appris (je me rappelle encore quand nous le disait ma pauvre maman) que tu ne dois pas faire à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. Et puis ceci : « La vraie charité ouvre les bras et ferme les yeux. » Autant de dictons et d’avertissements qui, dits au bon moment, étaient une vraie 18

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leçon pour apprendre à choisir le bien et pas le mal. Vouloir ou savoir en tenir compte, c’est une autre affaire. Mais nos parents, avec leur peu d’instruction (ma mère ne savait même pas lire), sans falbalas et sans discours, à notre manière à nous, gens de la montagne, et surtout avec leur exemple, ont su nous apprendre qu’il vaut mieux marcher dans le droit chemin et avec la conscience tranquille. Je me souviens aussi qu’à l’école on nous a appris un brin de catéchisme et à prier. Moi je crois vraiment qu’il doit y avoir un Dieu, et combien de fois je le prie avant de m’endormir, avec ces prières que j’ai apprises tout petit, et que j’ai tellement répétées que Dieu doit être fatigué de les écouter, je pense ! Fineta et moi nous avons essayé aussi d’apprendre tout ça à nos enfants et à nos petits-enfants, mais aujourd’hui les parents n’ont plus grand-chose à dire, car il faut tout apprendre dans la rue, à l’école ou à la télévision, ou par des façons de vivre que je trouve quelquefois trompeuses. Je ne sais pas. Pauvres enfants. Les temps changent. Et je ne dis pas, moi, que certaines choses ne sont pas mieux, je crois bien que si, il y en a même beaucoup. Mais je ne suis pas sûr que ces choses en valent la peine. Je ne vois pas, moi, mes enfants plus heureux ou plus contents que moi quand j’étais comme eux. Enfin, moi j’ai déjà vécu ma vie comme je l’ai pu, et maintenant c’est à leur tour de vivre leur temps. Qu’ils fassent aussi ce qu’ils pourront. Moi je ne veux ni n’attends plus rien, seulement qu’on me laisse vivre ici avec ce que j’ai.

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CHUSÉ INAZIO NABARRO

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La clameur de l’eau JOSÉ GIMÉNEZ CORBATÓN

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Le curé d’Almuniaced JOSÉ RAMÓN ARANA

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Où allons-nous ? IV Prix du roman court international en aragonais “ Chusé Coarasa ” en 1996

ANA TENA PUY

Où allons-nous ? est l’histoire d’un monde maintenant disparu, raconté par l’un de ses derniers habitants, un vieil homme de plus de quatre-vingts ans. A travers ses réflexions, son monologue, nous pénétrons dans un univers ancien mais attendrissant, éloigné dans le temps mais cher à tout cœur sensible, dur comme la roche des montagnes mais tendre comme les hommes qui l’habitent. Une histoire simple, un vieillard à l’esprit ouvert sur le monde, à l’aise dans la place qui fut la sienne mais qui voit sa vie s’achever en même temps que la société dans laquelle lui et ses ancêtres ont vécu : le lecteur le suivra dans ses réflexions sur les mystères de la vie et de la mort, de la solitude et de l’amour d’une terre. Et souviens-toi, lecteur : « tous nous en arrivons là ».

www.garadedizions.com gara@garadedizions.com

* *

www.laramonda.com laramonda@wanadoo.fr

Où allons-nous ? ANA TENA PUY

ANA TENA PUY

La montre à gousset Prix roman court « Ville de Barbastro »en 2006

Où allons-nous ?

1

Éditions de La ramonda

Ana Tena Puy est née à Paniello, village de la Ribagorza aragonaise. Elle s’établit pendant quelques années à Lérida puis revint dans sa terre natale. Actuellement, elle vit à Graus, dans la province de Huesca. Auteure de romans et de courts récits, toujours écrits en aragonais – sa langue maternelle -, parmi lesquels Tornasols (1997) ; Rayadas de sol en pardinas obagas (1998) ; La bollonera d’un alma (2001) ; L’ombre la santeta (2006) ; et de recueils de poésies tels que Zincas poesías tristas y una canta d’asperanza (1997) ; Y la lluna me sentiba (1998). Parmi ses œuvres on notera particulièrement : Ta óne im (1997), roman avec lequel elle a remporté le Prix international « Chusé Coarasa » 1996, qui fut traduit ensuite en espagnol-castillan (2009) et que nous vous présentons aujourd’hui en français ; le récit En llegán ta’l sabuquero (2013), le recueil de poésies Cuentos pa biladas sin suenio (2001); et Como minglanas, collection de 246 haïkus, qui gagna le VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 2006. Tout au long de son parcours littéraire, elle a remporté différents autres prix : IVe prix « Billa de Sietemo » en 1997, Ve prix « Lo Grau » en 1998 et accessit du VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 1997.


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CHUSÉ INAZIO NABARRO

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La clameur de l’eau JOSÉ GIMÉNEZ CORBATÓN

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Le curé d’Almuniaced JOSÉ RAMÓN ARANA

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Où allons-nous ? IV Prix du roman court international en aragonais “ Chusé Coarasa ” en 1996

ANA TENA PUY

Où allons-nous ? est l’histoire d’un monde maintenant disparu, raconté par l’un de ses derniers habitants, un vieil homme de plus de quatre-vingts ans. A travers ses réflexions, son monologue, nous pénétrons dans un univers ancien mais attendrissant, éloigné dans le temps mais cher à tout cœur sensible, dur comme la roche des montagnes mais tendre comme les hommes qui l’habitent. Une histoire simple, un vieillard à l’esprit ouvert sur le monde, à l’aise dans la place qui fut la sienne mais qui voit sa vie s’achever en même temps que la société dans laquelle lui et ses ancêtres ont vécu : le lecteur le suivra dans ses réflexions sur les mystères de la vie et de la mort, de la solitude et de l’amour d’une terre. Et souviens-toi, lecteur : « tous nous en arrivons là ».

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ANA TENA PUY

La montre à gousset Prix roman court « Ville de Barbastro »en 2006

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Éditions de La ramonda

Ana Tena Puy est née à Paniello, village de la Ribagorza aragonaise. Elle s’établit pendant quelques années à Lérida puis revint dans sa terre natale. Actuellement, elle vit à Graus, dans la province de Huesca. Auteure de romans et de courts récits, toujours écrits en aragonais – sa langue maternelle -, parmi lesquels Tornasols (1997) ; Rayadas de sol en pardinas obagas (1998) ; La bollonera d’un alma (2001) ; L’ombre la santeta (2006) ; et de recueils de poésies tels que Zincas poesías tristas y una canta d’asperanza (1997) ; Y la lluna me sentiba (1998). Parmi ses œuvres on notera particulièrement : Ta óne im (1997), roman avec lequel elle a remporté le Prix international « Chusé Coarasa » 1996, qui fut traduit ensuite en espagnol-castillan (2009) et que nous vous présentons aujourd’hui en français ; le récit En llegán ta’l sabuquero (2013), le recueil de poésies Cuentos pa biladas sin suenio (2001); et Como minglanas, collection de 246 haïkus, qui gagna le VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 2006. Tout au long de son parcours littéraire, elle a remporté différents autres prix : IVe prix « Billa de Sietemo » en 1997, Ve prix « Lo Grau » en 1998 et accessit du VIIIe prix « Ana Abarca de Bolea » en 1997.


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