Doudou : Ducasse rituelle de Mons

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Introduction La Ducasse rituelle La “répétition” du Lumeçon Les quatre moments forts : > La Descente de la Châsse de sainte Waudru > La Procession du Car d’Or > La Montée du Car d’Or > Le Lumeçon Le Petit Lumeçon La Remontée de la Châsse de sainte Waudru

Index

Les préparatifs La Procession Le Lumeçon Le Doudou, c’est aussi… Les concerts La Retraite aux Flambeaux Le Festival de Musiques Militaires La braderie Le feu d’artifice L’atmosphère : les pots, le Marché-aux-Herbes Annexes L’air du Doudou Les dates du Doudou jusqu’en 2048

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Préface A Mons, le week-end de la Trinité, c’est le Doudou ! A cent lieues à la ronde on en parle. Le moment est magique. Des dizaines de milliers de personnes communient dans un intense engouement populaire mêlant fête, culture et tradition. Dès le jeudi, la Ville de Mons s’enflamme et la bonne humeur ne la quittera pas avant le mercredi suivant. Durant cette semaine de liesse, dont la Ducasse rituelle constitue l’événement le plus emblématique, l’enthousiasme général fait vibrer et briller de mille feux la superbe capitale du Hainaut au patrimoine architecturale exceptionnel. Ce qui caractérise le Doudou, outre les moments rituels historiquement ancrés dans l’Histoire de la Cité, c’est la participation active du public et la grande rigueur des mises en scène. Jeune et moins jeune, pauvre et riche, conservateur et progressiste, autochtone et allochtone, y partagent la fête sur pied d’égalité. Toutes les barrières s’estompent. L’égalité entre les êtres devient réalité ! Tantôt dans le recueillement, tantôt dans la méditation, tantôt dans l’allégresse, tous vivent les différents moments dans une ferveur commune. Lors de la fastueuse cérémonie de Descente de la Châsse des reliques de Madame sainte Waudru, de l’éclatante Procession ou de l’extraordinaire Combat, c’est la population toute entière qui joue les premiers rôles. Elle ne se contente pas d’assister aux événements, elle y participe. Ainsi, les Montois s’unissent derrière le Car d’Or. Et, dans un même élan, tous solidaires, ils le hissent au sommet de la rampe de la Collégiale en chantant en cœur “ Et les Montois ne périront pas !”. La vie heureuse de la cité est ainsi garantie, au moins pour un an ! C’est toute la population qui accompagne saint Georges dans sa descente de la rue des Clercs et sa traversée de la Grand-Place. Jusqu’a son entrée dans l’arène, elle est là pour le soutenir et l’encourager. Et, quand il combat le Dragon, des milliers de bras se tendent et essaient d’arracher le crin de l’hydre. Et quand, d’un ultime coup de pisto-

let saint Georges terrasse le Dragon, c’est la ville entière qui se remet à chanter “ le Doudou ” à gorge déployée. Des policiers aux pompiers, il n’est pas un citoyen qui ne participe aux réjouissances. Le Doudou, c’est ça ! Une fête participative et inclusive, une fête qui rassemble et unit des peuples. Si elle venait à s’effriter, c’est notre extraordinaire patrimoine immatériel qui serait mis à mal. Ce patrimoine transmis avec rigueur et ferveur de génération en génération. Les jeunes d’aujourd’hui, les bras tendus vers le ciel et le ventre opprimé contre la corde du rond, comme jadis l’ont fait leurs parents, perpétuent les mêmes gestes en espérant ramener fièrement à leur entourage un peu de crin porte-bonheur… Le Doudou, c’est aussi une grande rigueur d’organisation. Le ballet des acteurs du Lumeçon lors du Combat est le fruit d’un travail de réalisation minutieux. Des cumulets des diables aux renversements des Chin-Chins, rien n’est laissé au hasard. De l’excellente maîtrise du jeu dépend d’ailleurs la qualité du Combat. La Procession, à l’origine de la Ducasse rituelle en 1349, est aussi gérée de mains de maître. Elle peut d’ailleurs se prévaloir d’être reconnue l’une des plus belles et des plus riches d’Europe. Le Doudou, ce sont finalement des centaines de femmes et d’hommes, qui oeuvrent dans les coulisses pour que la tradition se perpétue. A tous, merci et bonne ducasse !

Elio Di Rupo Bourgmestre, Ministre d’Etat

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Introduction


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A Mons, le Doudou, c’est le nom populaire d’une semaine de grande liesse collective qui débute le week-end de la Trinité. La Ducasse rituelle en constitue l’apogée. Ses origines remontent au 14e siècle. Quatre moments forts la caractérisent. La Descente de la châsse des reliques de Madame sainte Waudru, fondatrice de la cité. Elle fait l’objet d’une émouvante cérémonie, le samedi soir, dans la collégiale qui porte son nom. A travers cette séance solennelle, le Doyen confie au Bourgmestre les reliques de la sainte afin de les processionner le lendemain dans les rues de la ville. Cette tradition est scellée par l’air du Doudou entonné avec ferveur par toute l’assistance. Cet air sera scandé tout au long des festivités. La Procession. Le dimanche matin, la châsse est posée sur un char d’apparat, le Car d’Or. C’est le coup d’envoi d’une journée chargée d’émotions et de joie. Quelque mille cinq cents participants, répartis en une soixantaine de groupes, défilent en costumes d’époque. Ils reconstituent les confréries et les corporations qui, depuis le Moyen Age, ont fait la richesse et la puissance de la capitale hainuyère. Attelé de six robustes chevaux de trait, le Car d’Or attirera tous les regards au cours de son périple dans la cité. La Montée du Car d’Or. A la fin du parcours de la Procession, le public se rassemble massivement derrière le Car d’Or. Dans l’enthousiasme général, des milliers de mains hissent alors l’attelage au sommet du raidillon pavé qui longe

la Collégiale. L’enjeu est d’importance : la légende dit que le Car d’Or doit gravir d’un seul élan la rampe pour éviter le malheur à la ville. La Montée ne dure qu’une vingtaine de secondes. Elle est à ce point intense qu’elle se ponctue dans une vibrante clameur du public. Le Combat appelé “Lumeçon”. Les reliques de sainte Waudru ont à peine regagné la collégiale que déjà, saint Georges se prépare à affronter le Dragon. Il est accompagné des personnages du Lumeçon : Diables et Chin-Chins, Hommes Blancs et Hommes de Feuilles, Pompiers, Policiers en casques blancs ou bleus. Il est environ 12h30. Les acteurs du Combat entament alors la descente triomphante de la collégiale vers la Grand-Place (appelée la “descente de la rue des Clercs”). Face à l’Hôtel de Ville, des milliers de personnes se sont déjà amassées. Elles sont avides d’arracher le crin porte-bonheur qui termine la queue “d’el biète”, le Dragon. Arrivé au cœur de la Place, saint Georges, entouré des personnages du jeu, combat le Dragon (d’abord à la lance et au sabre; finalement au pistolet). Ce sera une demi-heure d'intense exaltation rythmée par le son frénétique du « Doudou ». Le Dragon est enfin terrassé par saint Georges d’un dernier coup de pistolet. L’ensemble des personnages du Lumeçon rentre dans la cour de l’Hôtel de Ville. La foule enthousiaste, quant à elle, scande “Et les Montois ne périront pas !”. Le destin de la cité est pérennisé. La fête peut continuer !

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La “Répétition” du Lumeçon Au début, on a l’oreille attirée par le son d’un tambour. Le roulement de deux bâtons sur une caisse claire. Un son entêtant qui a, depuis toujours, incité la population à se rassembler dans les cités médiévales. Nous sommes samedi, il est environ 18 heures et le cortège vient de partir de la collégiale Sainte-Waudru. Rien à voir avec ce qui se passera le lendemain, mais la tension est déjà palpable. En tête : le Président du comité de la Procession. Saint Georges et son cheval de jais, les Chin-Chins, quelques Diables et le Dragon, magnifiquement décoré. Ils sont tous là… Les enfants n’ont d’yeux que pour les deux animaux de cet étrange cortège : le Dragon et le cheval. Pourtant, les acteurs n’ont pas encore revêtu leur costume. Ils sont en route pour ce que les Montois appellent la “Répétition” du Combat dit Lumeçon mais qui est en fait un rite d“intronisation”. En effet, c’est là, dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville, que le cavalier reçoit les armes qui lui serviront le lendemain. Le bourgmestre lui donne son sabre et l’échevin lui tend son pistolet, le Président du comité de la Procession lui remet une lance : le voilà en mesure de se préparer au Combat. Les autres acteurs se concentrent aussi : les Hommes Blancs s’essayent au maniement du Dragon, les Chin-Chins et les Diables habituent le cheval de saint Georges au bruit de leurs grelots et au vacarme que font les vessies quand on les frappe sur le sol. Le public, très sage aujourd’hui, s’est entassé dans la cour. Une demi-heure plus tard, tout ce petit monde reprend la direction de la collégiale. Calmement. Les personnages ne prendront vie que le lendemain, au début du Combat …


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Les quatre moments forts > La Descente de la Châsse de sainte Waudru

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Une heure plus tard, le premier grand rendez-vous de la Ducasse est fixé dans la collégiale Sainte-Waudru. Ils sont nombreux à prendre part à l’office religieux de 18h45 mais bien avant cela, les chaises de la nef sont occupées par des spectateurs qui ne rateraient ce rendez-vous pour rien au monde. Fidèles, curieux ou Montois Cayaux (1),… Chacun a sa technique pour avoir la meilleure vue d’ensemble sur ce qui va se passer. Nombreux aussi sont ceux qui gardent leur endroit fétiche d’année en année, quasiment certains d’y retrouver l’une ou l’autre connaissance. A 20h, une cloche sonne depuis le déambulatoire. Trois coups, donnés en l’honneur de la sainte Trinité dans une atmosphère surchauffée mais très respectueuse, donnent le signal du départ de la cérémonie de la descente de la Châsse. Un rite qui remonte au début du 15e siècle, selon l’historien Vinchant .../... (1) Les Montois Cayaux : C’est ainsi que l’on désigne les amoureux de leur patrimoine, Montois depuis la troisième génération.

Historique de la Descente de la Châsse Dès les temps anciens, il fallait descendre le reliquaire précieux renfermant les os de la sainte (le Corps Saint) de son socle situé au-dessus du maître-autel de la collégiale afin de permettre qu’il soit processionné dans et hors de la cité. Dès que les reliques quittaient l’enceinte de la ville, l’autorité civile compétente (communale et/ou comtale) était requise de leur accorder aide et protection jusqu’à leur retour en la collégiale. La veille de la Procession, en milieu de l’après-midi, avait lieu une cérémonie au cours de laquelle la garde du Corps Saint était confiée aux représentants des pouvoirs publics. Depuis 1962, la cérémonie se déroule le samedi à 20h, dans son décorum actuel.


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Qui était sainte Waudru ? Extrait du panégyrique lu par le doyen lors de la cérémonie de la Descente de la Châsse : “Ecoutez, bonne gens, l'admirable histoire de madame sainte Waudru et de ses restes glorieux que nous venons d'exalter. L'an de grâce 612, naquit à Coulsore, Waldetrude, fille de Walbert et de Bertille. Son père était intendant des domaines de Clotaire II. Sa mère l'éleva pieusement ainsi que sa soeur Aldegonde. Donnée en mariage à Madelgaire, qu'on prénomma plus tard Vincent, elle mit au monde quatre enfants qui excellèrent tous dans la vie religieuse. Après avoir assumé l'éducation de ses enfants, Waudru résolut de se retirer du monde pour mener une vie plus contemplative. Son mari l'y avait devancée, lui qui s'en était allé fonder un monastère à Hautmont, et plus tard à Soignies. Elle établit un moustier dédié à saint Pierre, ici même à Castrilocus, endroit boisé tout proche de la butte du château de Mons. Suivie par quelques compagnes, elle mena de longues années durant une vie de prière, de charité et de pénitence. L'an 688 de l'incarnation du Christ, elle rendit sa belle âme à Dieu. Ses reliques furent conservées à Mons, dans l'église Saint-Pierre, ensuite dans l'église voisine de Notre-Dame, qui prit dès lors le nom de Sainte-Waudru. Les foules du Hainaut vinrent au cours des siècles l'honorer et quérir, auprès d'elle, guérison et protection. Tant dans les édifices antérieurs que dans la Collégiale gothique reconstruite au XVe siècle ici-même, son corps fut élevé au-dessus de l'autel principal du choeur, cependant que le reliquaire précieux qui renfermait sa tête était souvent porté processionnellement dans la ville pour implorer la miséricorde divine par l'intercession de sainte Waudru.”


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Les trompettes thébaines donnent de la voix, les timbales et les grandes orgues embrayent pour saluer le départ d’un long et majestueux cortège depuis la sacristie. On reconnaît d’abord les petits pages de Roland de Lassus vêtus aux couleurs jaune et noire du Chapitre, les chanoines de Saint-Germain, puis les prêtres, certains en aube, d’autres revêtus d’ornements dorés anciens. Et bien sûr les anciennes occupantes des lieux : les chanoinesses de Sainte-Waudru. Le doyen de Sainte-Waudru accueille ensuite toute l’assistance et invite les représentants de l’autorité communale à l’accompagner au chevet de l’édifice. C’est là que reposent les reliques de la sainte pendant toute l’année, juchées à cinq ou six de mètres de hauteur. “Sancta Waldetrudis, ora pro nobis…” Au son du “Fortem Virili Pectore” et de quelques litanies, le lourd reliquaire descend centimètre par centimètre grâce à un mécanisme invisible. Il pèse près de 500 kilos et il faut bien huit hommes pour porter le brancard sur lequel on l’installe .../...

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Reconnaissance des reliques Le 17 novembre 1997 sous la présidence de l’évêque de Tournai, et en présence entre autres de l’abbé Guy Harpigny, Doyen de Sainte-Waudru, du Gouverneur de la Province de Hainaut et du Bourgmestre de Mons, il fut procédé à une nouvelle reconnaissance officielle des reliques de sainte Waudru. Qu’allait-on trouver dans le cercueil ? Le contenu était-il en bon état ? Y avait-il des ossements bien conservés ? Autant de questions qui allaient peut-être enfin trouver une réponse. Après l’ouverture du cercueil, dans un silence impressionnant, Monseigneur Huard commence à retirer avec de nombreuses précautions le contenu du cercueil et découvre une série d’objets venus du fond des âges… Il enlève ainsi dans l’ordre : une charte munie de 12 sceaux ou fragments de sceaux, puis 5 documents roulés. Viennent ensuite un linceul de soie verte en bon état, un rouleau de plomb et deux linceuls en très mauvais état. Enfin, l’évêque extrait un grand sac en peau scellé et deux petits sacs de peau sur lesquels figurent l’inscription en lettres capitales « CINERES CORPORIS VEL SEPULCHRIS S. WALDETRUDIS ». Les documents trouvés sont très importants sur le plan historique, comme par exemple ce rouleau de plomb de 1250 relatant la séparation du corps et de la tête de la sainte en 1250. Vient alors le moment de l’ouverture du sac de peau contenant les reliques. A l’intérieur du sac, un linceul de soie, verte à l’extérieur, blanche à l’intérieur, protégeait encore les ossements de sainte Waudru. Le médecin légiste présent dresse alors l’inventaire des os. Nous sommes bien en présence d’un squelette féminin quasiment complet. Avec l’accord de l’évêque de Tournai, deux petits os et une dent sont prélevés en vue d’analyse (ADN et Carbone 14). A la fin de la cérémonie, Monseigneur Huard déclare alors solennellement “Je reconnais les reliques trouvées comme étant bien celles de sainte Waudru et je permets que l’on continue son culte comme patronne de Mons et de la Région”.

Les résultats de l’ensemble des études réalisées à la suite de cette reconnaissance officielle ont été communiqués en juin 2000. Des analyses scientifiques, il ressort que la taille de sainte Waudru peut être estimée entre 161,96 cm et 169,64 cm. Au niveau de la datation des ossements, les analyses Carbone 14 donnent, dans un premier temps, comme résultat : “Avec 68% de probabilité l’échantillon date du Ve ou VIe siècle, avec 95% la probabilité y comprend le début du VIIe siècle”. Cependant, après étude plus approfondie, les valeurs indiquent “qu’une partie de la protéine de la nourriture de cette personne provient de poissons. Cela pose un problème car la concentration en radiocarbone dans les animaux qui vivent dans la mer, des lacs ou des rivières est presque toujours plus basse que celle trouvée dans des plantes ou animaux terrestres. Ceci a comme conséquence que l’âge est artificiellement trop vieux. Cela veut dire que l’âge réel de cette personne est un peu plus jeune que l’âge obtenu par la datation. Par conséquent l’âge proposé (entre 612 et 688 AD) est bien possible”. Des informations accueillies avec respect par tous les Montois et en particulier par la communauté religieuse. “Sainte Waudru est une sainte que les Montois et autres vénèrent depuis des siècles. Les reliques font partie de la “vénération” de la part de croyants. Les reliques ne sont pas la cause de la vénération. Elles sont le “signe” de la vénération.”, avait conclu le doyen Guy Harpigny.

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En procession, les reliques de sainte Waudru sont portées jusqu’à la croisée du transept. Le grand moment attendu par toute l’assistance, c’est l’échange. Un rite inédit qui remonte, si l'on s'en réfère à l'historien Vinchant, à 1426 et au cours duquel le Doyen demande au Bourgmestre d’assurer la protection des saintes reliques. Détail pittoresque : c’est encore une formule en vieux français que les deux hommes utilisent pour cet échange de propos très symbolique. Le Doyen commence : “Voici, nous avons procédé à la descente du corps saint de Madame sainte Waudru et nous avons l'intention de le processionner en la cité. Nous vous prions et demandons, ici-même, d'en assurer la protection, afin que nul mal ni inconvénient lui advienne dedans la cité, mais veillerez à ce que sain et sauf il soit remis et rapporté en ce lieu-ci, dont il est à présent remis et confié à votre loi et pouvoir”.

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“Nous acceptons volontiers la garde du corps saint de Madame sainte Waudru, et, depuis qu'il sera hors de cette église jusqu'à rentré y sera, nous ferons notre loyal pouvoir de l'aider et garder, sans coût ni frais, pour qu'il ne coure aucun danger ni péril en cette ville”, répond le Bourgmestre à la requête du doyen de Sainte-Waudru. A peine a-t-il fini de prononcer cette phrase qu’un coup de tonnerre part du fond de la nef… Les timbales viennent d’entrer en action pour lancer l’air du Doudou, repris par les chœurs, les grandes orgues, les Montois et leurs invités forcément contaminés par cette ambiance électrique. Des milliers de mains frappent en cadence et peu importent les paroles tant qu’on connaît l’air. La Châsse est descendue, la Ducasse vient de commencer sur l’air du Doudou pour le plus grand bonheur de l’assistance qui se dirige en masse vers les portes de sortie. Par dizaines, des fidèles se pressent près des deux reliquaires pour les toucher, les frotter d’un mouchoir ou adresser une prière à la sainte patronne. Dehors, le soir tombe. Il fait (souvent) doux. Les petites rues de la ville et leurs réjouissances s’offrent à tous les Montois et leurs Chambourlettes, nom que l’on donne à leurs invités du week-end.


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> La Procession du Car d’Or Dimanche. 7h du matin. Pour certains la nuit a été courte. Tellement courte qu’ils déambulent encore sur les trottoirs pavés sans trop savoir où ils vont… Pour d’autres, c’est le grand jour, celui pour lequel il vaut mieux être en forme. Depuis l’aube, les rues du centre ont pris une drôle d’allure avec les chevaux, les belles damoiselles en robe longue ou ces fiers policiers qui tous rejoignent le point de départ de la procession à laquelle ils vont participer. Les 1.500 participants de la procession du Car d’Or partiront du bas de la collégiale. Après un tour de deux heures, qui délimite l’espace à l’intérieur duquel s’exerçait la puissance des Chanoinesses, le cortège reviendra à la collégiale par son côté Nord, la rampe Sainte-Waudru. Tous les regards se braquent évidemment sur le char véhiculant les reliques de la sainte patronne de la cité. Cette tradition de processionner les restes de dame Waudru sur un char doré remonte au début du 14e siècle, comme l’attestent des documents anciens. L’ensemble formé par le Car d’Or, qui a fini par donner son nom au cortège lui-même, les chevaux, la châsse et les enfants de chœur qui l’accompagnent focalise toute l’attention du public. Mais d’autres groupes importants participent à la renommée du cortège qui mêle dévotion et évocation historique en une soixantaine de tableaux. La dévotion, avec des groupes présentant notamment des statues de la Vierge sous les différents vocables par lesquels elle est priée dans la région : Montserrat, Bon Vouloir, Moulineau,…, des statues de saints tels Macaire, Donat, Aye, etc.

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Historique de la Procession Au début du 14e siècle, les comptes du Chapitre font mention d’un char processionnel doré, bien avant que la grande peste de 1347-1349 n’incite les Montois et les Sonégiens (7 octobre 1349) à entreprendre une grande procession qui réunira à michemin des deux villes les reliques de Waudru et de Vincent-Madelgaire, son époux, fondateur de Soignies. Après la cessation du fléau, il fut décidé, à Mons, de renouveler cette procession en témoignage de reconnaissance pour la protection accordée par la sainte. En 1352, cependant, les rigueurs du climat firent déplacer la date au dimanche de la Sainte-Trinité (fête mobile tombant de fin mai à la mi-juin, suivant les années.) L’histoire de la cité est évoquée également par la présence des chanoinesses, plusieurs confréries représentant divers corps de métier et issues des différentes paroisses ou encore celle de “Dieu et Monseigneur Saint-Georges” ou les célèbres Beubeux (confrérie de Saint-Jean-Décollé, qui porte assistance aux prisonniers). Au fil des ans, de nouveaux groupes sont apparus, toujours en cohérence avec l’esprit de la manifestation : les mineurs de Sainte-Barbe ou les chanoines de Saint-Germain, pour ne citer que ceux-là, sont eux aussi un reflet fidèle du passé de la cité.

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> La Montée du Car d’Or Les joueurs de trompette sont les premiers à clôturer le parcours de la Procession du Car d’Or, entamant l’ascension de la rampe Sainte-Waudru. Au cours de la matinée, cette rue aux gros pavés défoncés par le temps s’est transformée en amphithéâtre. Il y a des gens partout : aux fenêtres, sur les corniches, entassés les uns sur les autres. Certains ont trouvé le truc pour accéder aux toits ou aux corniches. Tous veulent voir ce spectacle d’un autre âge et partager une émotion sans se soucier d’en comprendre l’origine. Quel spectacle ? Quelle émotion ? Le cortège continue à défiler, bien sûr. Mais l’ambiance a changé. En particulier dans le bas de la Rampe, où des centaines de personnes se sont massées, le regard fixé vers l’arrivée de la Procession. 20

Ils chantent, se bousculent, chahutent joyeusement au passage de chaque groupe. Que les petits pages arrivent, pas trop rassurés devant tant d’exubérance ? La foule réclame une chanson ! Voilà les policiers à cheval qui se préparent à l’ascension de la rampe et des milliers de voix les exhortent au galop. Il s’en trouve même pour se moquer des Dames Nobles, suggérant sur l’air des lampions que ces belles ne portent rien sous leurs beaux atours. L’excitation grimpe en flèche, encore avivée par l’apparition de saint Georges et de ses Chin-Chins, qui donnent rendez-vous à la foule un peu plus tard. Maintenant, ce sont des vagues humaines qui interrompent le cortège, par jeu et sans agressivité. Pas de violence, seulement un joyeux salut insolent. Les groupes continuent à défiler, encouragés pour les uns, gentiment conspués pour les autres, selon l’humeur du temps. Enfin, arrive le Car d’Or. Précédé par une vague d’applaudissements, le char roule au pas d’homme. Une formidable impression de masse se dégage de l’ensemble, sans doute encore renforcée par la présence de six lourds chevaux de trait. Une poignée d’hommes dirige la manoeuvre et aide le Car d’Or à se positionner dans le bas de la Rampe où il stationne quelques instants, le temps de défaire l’antique système de freinage. Mais ils ne peuvent déjà plus rien pour contenir la foule : des centaines de personnes se sont précipitées dans l’espoir de trouver une place derrière le Car. A quoi pensent ces hommes, jeunes et moins jeunes à cet instant ? Ils n’ont qu’une obsession : faire partie d’un ensemble qui va aider le Car d’Or à monter. Dans le fond, personne n’est dupe… Deux des six chevaux y suffiraient. Parmi les milliers de mains qui veulent “pousser”, quelques-unes produiront un réel effort et les autres se feront tirer. Peu importe : l’important, c’est d’être là. Et attention aux places situées sur le côté du Car d’Or, qui peuvent s’avérer très dangereuses en cas de chute à proximité des grandes roues de bois cerclées de fer ! Encore quelques secondes d’attente pendant lesquelles le Car d’Or tangue sur sa suspension .../...


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Un chant sourd plane au-dessus de la Rampe, comme pour convaincre la foule de l’importance de l’instant : “Il va monter, il va monter…” A midi, au signal donné par les trompettes thébaines, le Car d’Or et ses précieuses reliques prennent leur élan. Derrière l’attelage, une folle course d’une vingtaine de secondes s’engage. C’est une marée humaine ! Ceux qui ne poussent pas crient. Ceux qui ne chantent pas applaudissent. Certains ont les larmes aux yeux, sans trop comprendre pourquoi. L’intensité de cette charge populaire a de quoi bouleverser les plus sceptiques. Arrivé en haut de la rampe, le Car d’Or oscille un peu et se range le long de la collégiale, débordé par la marée humaine. Des centaines de mains l’effleurent, dans un geste sacré. Les enfants de chœur, secoués par ce qu’ils viennent de vivre, ont du mal à reprendre leur souffle. On s’embrasse. On se félicite. On commente l’exploit. Mais déjà il faut se préparer à autre chose.


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> Le Lumeçon En haut de la rampe Sainte-Waudru, au milieu de la foule qui vient d’assister à la Montée du Car d’Or, les personnages du Lumeçon se rassemblent autour du Dragon, dont la queue a été posée au chevet de la collégiale. Saint Georges est prêt, les Diables ne tiennent plus en place, les Chin-Chins sont émus, les porteurs du Dragon chauffent leurs muscles, tout comme les policiers qui vont devoir fournir un gros effort dans les prochaines minutes. Vers 12h20, alors que la tension monte dans l’assistance qui se masse sur les trottoirs, les personnages s’avancent vers la rue des Clercs, qui les amènera tout droit sur la Grand-Place. Dès qu’ils sont en bon ordre, l’Echevin des Fêtes lève le bras. C’est le signal qu’attendaient les pompiers pour tirer leur première salve. Ca y est : les personnages viennent de prendre vie. (suite p.31)

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Le Dragon Monstre en osier recouvert de toile peinte de plusieurs couches de vert; sa queue est en matériau composite. Long de ± 10 mètres et lourd de ± 180 kilos, il est orné de rubans aux couleurs nationales et montoises. Sa queue se termine par le crin porte-bonheur. 25

Saint Georges Cavalier vêtu d'une casaque jaune et d'un pantalon de peau blanche. Il est coiffé d'un casque de type “premier empire”. Il représente le saint qui, selon la légende dorée, aurait tué un dragon au 3e ou au 4e siècle.


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Les Diables Alliés naturels du Dragon. Au nombre de 11, ils sont vêtus d'un costume noir sur le dos duquel est peinte une tête de diable (probablement inspirée par une statue (15e siècle) conservée à la collégiale).

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Les Chin-Chins Alliés naturels de saint Georges. Au nombre de 12, ils sont censés évoquer d'énormes chiens.


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Les Hommes Blancs Au nombre de 11, ils sont les porteurs du Dragon tout au long du Combat. A tour de rôle, l'un d'entre eux se glisse à l'intérieur du Dragon pour le maintenir à bonne hauteur. 27

Les Hommes de Feuilles Appelés ainsi à cause de leur vêtement recouvert de feuilles de lierre. Au nombre de 8, ils soutiennent la longue queue du Dragon avec leur massue verte munie de picots rouges.


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Notons encore la présence d'autres personnages devenus indispensables pour le Combat dit “Lumeçon” : les Policiers, les Pompiers, les groupes dits “assesseurs (porteurs de vessies, sweats bleus anciens, sweats bleus jeunes, sweats sainte Waudru, sweats Remparts…) mais aussi le Public sans qui la représentation du “Jeu de saint Georges” serait vide de sens.

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Le Chin-chin protecteur Il guide saint Georges -à sa droite- durant tous ses déplacements. Lorsque la lance du saint se brise sur la queue du Dragon, c'est lui qui fournit une nouvelle lance à son maître.


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Au fil du temps, et en particulier ces trente dernières années, l’attitude du public a considérablement évolué. Les Montois et leurs invités ont pris une part de plus en plus importante dans les interactions qu’ils développent avec les personnages du Combat. L’élément le plus remarquable, c’est l’autodiscipline dont le public fait preuve : même quand la corde qui les retient lâche (c’est arrivé…), les premiers rangs forment une chaîne pour éviter un envahissement de l’arène et permettent ainsi au jeu de continuer.


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Combat ou parade amoureuse ? Saint Georges combat le Dragon. Soit… C’est ce que tout le monde dit. Mais de spectacle, le Combat de saint Georges s’est transformé en jeu auquel participent activement des milliers de personnes. A quoi ressemblerait le Lumeçon sans ces forêts de bras qui se tendent en permanence vers la queue du Dragon ? Au fil des ans, on s’est éloigné de la très binaire représentation d’une lutte entre le Bien et le Mal, qui était sans doute de mise lorsque ce Combat faisait partie intégrante de la Procession (chose qui n’était d’ailleurs pas unique en Europe).

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Les Montois ont repris le mythe à leur compte et s’identifient désormais aussi bien à saint Georges qu’au… Dragon. Des preuves ? Ce mot d’abord : Doudou. Deux syllabes qui à elles seules identifient le Montois jusqu’au bout du monde. Une douce consonance qui constitue une carte de visite, un cri de ralliement, une marque de fabrique. C’est l’Biète qui a fini par donner son nom à huit jours de liesse populaire. Ce chant ensuite : “Les Montois ne périront pas”, scandé par la foule au moment où le monstre s’affaiblit sous les coups de son bourreau. Et puis, il y a le scénario. Pendant la descente de la rue des Clercs, c’est saint Georges qui emmène le Dragon sur la Grand-Place, comme s’il venait de le provoquer en duel. Si le Dragon représentait le mal absolu, le cavalier le pourchasserait plutôt que de l’amener tranquillement en plein centre de la cité. Au fil des ans, et grâce au travail minutieux de l’équipe de réalisation, le Lumeçon est devenu pour les Montois un rite d’unification sociale. A la corde, il n’y a plus d’ouvriers, plus de chômeurs, plus de PDG, plus d’avocats. Seulement des Montois en sueur qui, écrasés les uns contre les autres sans violence, ont l’impression unique de faire partie d’un tout qui les dépasse. Les deux combattants ne sont plus opposés, ils sont complémentaires comme le yin ne va pas sans le yang. Le dernier coup de feu, qui enlève la vie du Dragon sans le tuer, peut à ce titre être interprété comme une grande “réconciliation des contraires”. Saint Georges n’est plus seulement le Bien, mais il représente l’idée de la collectivité dans la continuité bien ordonnée. Le Dragon n’est plus le Mal mais le symbole d’une rupture sociale qui peut être innovante, rénovatrice. L’Ordre contre le Désordre. La Continuité contre l’Evolution. Le Conscient contre l’Inconscient. L’histoire du monde en somme qui, pendant une demi-heure, devient l’histoire de Mons.


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La musique est lancée. Et derrière le cortège, deux rangs de policiers et un rang de sweats bleus jeunes se tiennent par le ceinturon pour contenir la foule qui n’a qu’un seul but : arriver à la corde de l’arène aménagée en face de l’Hôtel de Ville en même temps que les acteurs pour assister au Combat. La descente de la rue des Clercs est joyeuse. Sur les côtés, beaucoup de familles attendent de voir saint Georges en tapant dans leurs mains sur l’air du Doudou. Le Dragon, qui ferme la marche du cortège, s’énerve et fait déjà mine de donner des coups de queue dans la foule. Les Diables et les Chin-Chins s’en donnent à cœur joie, agaçant le public d’un coup de carcasse ou de vessie. Plus le cortège s’avance vers la Grand Place, plus la foule est dense. A se demander comment les acteurs réussiront à atteindre le sable de l’arène qui les attend au milieu d’un chaudron humain en pleine ébullition… 32

Et pourtant, ils y arrivent. Les Diables sont les premiers à rentrer dans le “rond”, en faisant des culbutes comme pour marquer leur préférence pour l’irrévérence. Les Chin-Chins soulèvent leur chapeau poliment, saint Georges salue au sabre et attend la bête pour le Lumeçon, combat au cours duquel les deux principaux antagonistes vont tourner en rond : le cavalier dans le sens des aiguilles d’une montre, le Dragon en sens contraire. Et régulièrement, en se croisant, ils s’échangeront des coups de plus en plus violents jusqu’à ce que mort s’ensuive. Pendant ce temps là, les Chin-Chins tenteront de fatiguer les Diables en les attrapant pour les traîner dans le sable. Pas évident ! D’autant qu’ils se débattent comme de beaux… diables, en lançant des coups de vessies dans le public. Parlons-en du public ! Exténués par l’attente et la chaleur, des milliers d’hommes tendent les mains vers tout ce qu’ils peuvent attraper comme portebonheur. Le crin de la queue, bien sûr. Encore faut-il que le Dragon donne un coup à proximité de l’endroit où l’on se trouve. Mais il y a d’autres trophées, dont la valeur symbolique est tout aussi importante : la vessie d’un Diable, le ruban d’un Chin-Chin ou, superbe récompense, la pointe d’une lance de saint Georges .../...


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Cybèle et Poliade Révolution à Mons : deux personnages féminins ont fait leur apparition dans le Combat dit Lumeçon en 2000. Le 17ème siècle avait vu apparaître les Chin-Chins et les Diables. Les Hommes de Feuilles ont germé au 18e. L’arène, la corde et l’air du Doudou sont apparus en même temps au 19e… Au 20e, le public s’est impliqué dans le spectacle, au même titre que les policiers et les pompiers. La première contribution du 21e siècle fut donc d’apporter une touche féminine à l’ensemble. Cybèle, vêtue de noir et de jaune, représente la cité originaire. Poliade, en rouge et blanc, représente la cité actuelle. Toutes deux vont aider saint Georges dans sa lutte comme pour mieux faire comprendre au public que c’est la destinée de la cité qui se joue sur la Grand-Place. Ne peut-on pas dire que, à travers la lutte entre le cavalier et la Bête, c’est chaque année l’avenir et le destin de Mons qui sont remis en question ? 33

Car le cavalier se bat lui aussi comme un beau diable. Il brise ses lances sur la queue du monstre. Avec son sabre, il l’oblige même quelques instants à “tourner dans le bon sens” en s’aidant de sa monture pour soulever la lourde queue. Mais rien n’y fait : le Dragon persiste à fouetter la foule de ses crins. Il faut en finir. Armé de son pistolet, saint Georges tire une première fois vers la gueule de la Bête. Raté, l’arme s’est enrayée… De toute façon, le public n’est pas rassasié et réclame encore sa part de spectacle en criant : “La queue aux Montois… La queue aux Montois…”. Quelques instants plus tard, nouveau coup de feu. Un claquement part, un nuage de fumée se dégage de l’arène… Le Dragon n’est que blessé et il trouve encore la force de frapper dans la foule à trois reprises. Avant de tirer une troisième fois, saint Georges retire son gant droit, saisit son pistolet fermement et le montre à la foule, qui comprend que le dénouement approche. Après un ultime face à face, la “Biète” est achevée d’un ultime coup de pistolet et les Chin-Chins se précipitent pour la curée. Le Combat se termine par la rentrée des acteurs dans la cour de l’Hôtel de Ville, suivis par la foule qui chante encore “Les Montois ne périront pas”.


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Le Petit Lumeçon Les enfants sont une composante essentielle de la Ducasse rituelle de Mons. On les retrouve, acteurs ou spectateurs, à toutes les grandes étapes de la fête. Ils sont par exemple nombreux à participer à la Procession, ils se voient offrir des peluches en forme de dragon, ils fredonnent l’air du Doudou à tue-tête, ils participent à des concours de dessin sur le thème du Combat, etc. Il existe d’ailleurs une tradition de jeux populaires organisés à leur intention, qui se perpétue encore aujourd’hui : concours entre deux équipes à l’aide de toupies, tunnel, trottinettes, ballons sauteurs mais aussi manèges pour enfants, courses de relais, courses de sacs, courses de cuillères, rollers, skis d’été,… Bref, ils sont complètement impliqués dans l’esprit de la fête. Un seul bémol… le Lumeçon. La foule est tellement dense qu’ils ne voient le Combat que de très loin. Et il y a déjà bien longtemps qu’il n’est plus question pour eux d’aller à la corde avant d’avoir atteint une robuste constitution. 34

D’où sans doute la création au début du 20e siècle d’un “Petit Lumeçon”, qui reprend la trame de celui des grands mais qui est joué par des enfants de 10 à 12 ans. Autre changement notable : la géographie des lieux. Le cortège part cette fois de l’Hôtel de Ville, et plus de la collégiale, pour rejoindre une arène réalisée dans le parc du Waux-Hall, à un jet de pierre des boulevards qui ceinturent le centre-ville. Pour les petits comme pour les grands, les préparatifs sont les mêmes : il a fallu apprêter des costumes, décorer un dragon de rubans et de crins,… Heureusement que les “grands” veillent au grain pour fignoler tous les détails ! Autour de l’arène, le public frôle l’hystérie. Par mimétisme, les enfants reprennent à pleins poumons les mêmes chants que leurs aînés quatre jours plus tôt. Pour les organisateurs du Lumeçon, cet exercice est très important. D’abord parce qu’il permet de préparer la relève et le public des prochaines années. Et ensuite parce qu’il est fort instructif de voir comment les enfants réagissent et amènent de nouveaux comportements “à la corde”. Le Petit Lumeçon, c’est un chantier permanent, une garantie pour l’avenir du Combat.


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La Remontée de la Châsse de sainte Waudru C’est la fin d’un cycle... Au Moyen Age, les grandes fêtes populaires s’inscrivaient dans une octave, soit huit jours de liesse. Et donc, logiquement, la fête se termine solennellement dans la collégiale Sainte-Waudru, le dimanche qui suit celui de la Trinité. Après la messe de 17h, l’édifice est envahi par la foule. Mais l’ambiance n’est plus la même. La tension est retombée pour faire place à davantage de recueillement. Bien sûr, la cérémonie est fastueuse. Bien sûr, la collégiale est colorée par les groupes issus de la procession comme les pages de Roland de Lassus et les chanoinesses. Mais le cœur n’est plus à la fête et s’apaise. Processionnée depuis le reposoir où elle a séjourné pendant une semaine, jusqu’au chevet, la Châsse de sainte Waudru rejoint son piédestal entre les deux colonnes centrales du chœur et le reliquaire du Chef de sainte Waudru est replacé dans sa chapelle. Après quelques chants de louanges à tous les saints, le Doyen Principal de la collégiale dit une dernière fois “In vla co pou in an”. Alors retentit à nouveau l’hymne montois joué aux grandes orgues et repris en chœur par tous.


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Les préparatifs 38

La Procession > Le vestiaire Pendant toute l’année, une dizaine de bénévoles travaillent à l’entretien du vestiaire. Ces passionnées se réunissent le lundi, dans un local situé juste en face de la collégiale. Armées d’aiguilles et de mètres-rubans, elles stoppent un accroc, ajustent une épaulette ou rattrapent une boutonnière. Et puis surtout, il y a le nettoyage ! Soixante machines, au bas mot, sans oublier le nettoyage à sec. Voilà pour l’entretien. Mais ces travailleuses de l’ombre créent de nouveaux costumes ou remplacent ceux qui sont usagés. Elles choisissent les étoffes qui ressemblent le plus aux tissus d’époque ou dessinent avec soin le modèle d’un nouveau chapeau. Un travail de fourmi qui rend tout son éclat une fois par an, sous le soleil de la Trinité. C’est aussi le maintien d’un savoir-faire séculaire dans les domaines de la couture, de la chapellerie, de la broderie, de la dentelle, etc.

> Le matériel Outre le vestiaire qui compte maintenant plus de 1500 costumes, propriété de la procession, il faut aussi préparer les chevaux, astiquer les cuirs de l’attelage, les selles des palefreniers,… Dans les paroisses, chacun vérifie les brancards qui supportent les statues et les reliquaires. Si l’aspect matériel est important, la gestion de l’ensemble de l’organisation de la Procession requiert aussi un effort impressionnant.


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> Le recrutement Certains participants sont recrutés directement dans les écoles de la ville. Les musiciens et les groupes choraux représentent quant à eux 250 personnes qui répètent ces chants et musiques inhabituels. Enfin, 400 participants doivent être recrutés par l’intermédiaire de la presse locale. Chaque année, à quelques semaines de l’échéance, un avis paraît dans les journaux. Toujours le même, en quelques lignes : vous souhaitez participer à la procession du Car d’Or le dimanche de la Trinité ? “Envoyez vos coordonnées et vos mensurations au président du comité de la procession, boîte postale n°1 à 7000 Mons…”. Il fut un temps où il fallait défrayer les participants au cortège. Aujourd’hui, on refuse du monde… C’est dire s’il faut assurer une logistique importante dans la gestion des groupes et surtout des costumes. Enfin, il faut signaler l’énorme travail que représente la préparation des chevaux, qui eux aussi doivent être impeccables pour la Procession. 40

> L’organisation Ici aussi plusieurs personnes se réunissent toute l’année pour préparer la logistique (tribune, affiches, programmes, sono, expositions,…) et veiller au bon déroulement de la Procession en réfléchissant sur les moyens à mettre en œuvre pour que le timing et les écarts constants entre les groupes soient respectés.


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Le Lumeçon > La régie Le Lumeçon a aussi ses coulisses. Pour le matériel et les accessoires d’abord, avec un rôle important tenu par le régisseur. Il y a le Dragon, dont la queue a été récemment allégée par un matériau composite mis au point par une université montoise. “El Biète” nécessite un soin tout particulier de la part de ses préparateurs : peinture, dents, gros yeux méchants… Et puis surtout, il y a cette queue monumentale qui sera l’objet de toutes les convoitises le dimanche dès 12h30. La queue du Dragon est constituée de quatre ou cinq queues de cheval, préalablement trempées dans une saumure pour éviter qu’elles ne cassent et pour rendre la prise plus difficile. Sans cette précaution, tous les crins seraient emportés au premier coup de queue donné dans la foule. Autant dire que toute cette phase de préparation est très délicate : du savoir-faire du régisseur dépend la réussite de la fête. Un savoir-faire qui se transmet oralement et qui se peaufine “sur le tas”, d’année en année. Et puis, il n’y a pas que le Dragon. Les carcasses des Chin-Chins demandent beaucoup de soin. Tout comme les costumes des Diables, les lances, les centaines de rubans, les chapeaux, etc. Cerise sur le gâteau : les vessies. Il en faut plus de 400 pour que les Diables puissent les “balancer” dans le public non sans avoir distribué des coups à tour de bras au préalable. Le régisseur et son équipe se rendent chaque année aux abattoirs pour acheter des vessies de porcs qui seront gonflées à l’air comprimé, nouées puis séchées dans une cave à l’aide de canons à air chaud. Inutile de s’appesantir sur le sujet : c’est un travail rendu pénible par l’odeur, insoutenable.


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> Le rôle de la réalisatrice du Lumeçon

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Pas de spectacle sans metteur en scène. Pas de concert sans chef d’orchestre. Pas de bataille sans général en chef… La réalisatrice du Combat, c’est un peu tout cela à la fois. Appuyée dans la plupart des étapes de son travail par un directeur du jeu, elle est mobilisée toute l’année pour chapeauter les efforts de la régie, le travail des services communaux et les relations extérieures du Lumeçon (exposition, conférences, travail didactique, etc.). Au fur et à mesure que l’échéance approche, les réunions se multiplient. Groupe par groupe, il faut que la réalisatrice rappelle les principales phases du Combat, qu’elle s’assure que chacun sache ce qu’il a à faire, qu’elle instaure une discipline de groupe. Les policiers seront-ils assez nombreux ? Les Chin-Chins ont-ils intégré la phase du Combat pendant laquelle ils se font tous renverser par la queue du Dragon ? Les Hommes de Feuilles pourront-ils assurer la protection de cette queue jusqu’à ce que le Dragon soit entré dans l’arène ? Détail après détail, tout doit être réglé pour le jour J. La réalisatrice coordonne les mouvements d’environ 450 personnes pendant toute la durée du Combat, au milieu d’une foule en délire et sans avoir de réelle capacité de communication tant le bruit ambiant est important. Il est donc crucial d’organiser des réunions préparatoires. Ce travail d’organisation est facilité par le groupe des acteurs, qui compte dans ses rangs des plus anciens qui assurent la transmission des règles auprès des plus jeunes. Des dizaines de jeunes Montois figurent sur une liste d’attente pour faire partie des acteurs du Combat. Pour avoir une chance d’être repris un jour, lorsqu’un aîné partira, les candidats doivent se faire parrainer par des anciens qui désignent régulièrement des réserves pour chaque catégorie de personnages. Une procédure assez longue, sur laquelle le réalisateur a un œil vigilant. L’homogénéité de son groupe en dépend !


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Le Doudou, c’est aussi… Les concerts 44

Pas de grande fête populaire sans musique. On le sait à Mons comme partout ailleurs et c’est donc en musique que l’on ouvre la fête. Qui et quand ? Plusieurs organisateurs se disputent le titre envié de “concert d’ouverture”. Est-ce dans les cafés de la Grand-Place le jeudi ? Est-ce au grand concert gratuit qu’une radio privée organise sur cette même Grand-Place le vendredi soir ? Finalement, cela a peu d’importance : la musique est omniprésente pendant la semaine du Doudou. Il y en a pour tous les goûts, tous les styles, tous les publics… Techno, Jazz, Classique, variété,… Tous les genres s’expriment parce que le public du Doudou est un public varié dans lequel tous les âges et toutes les conditions sociales se confondent. Ceux qui viennent voir le concert du vendredi ne sont pas forcément ceux que l’on retrouvera à la corde le dimanche. Ceux qui fréquentent assidûment la discothèque à ciel ouvert du Marché-aux-Herbes ne sont pas forcément ceux qui se déhanchent sur quelques mesures de rock bien balancées sur la Grand-Place, à quelques pas de là. Mais tous auront donné rendez-vous à leurs proches en disant : “Tu viens au Doudou ce soir ?”.


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La Retraite aux Flambeaux Samedi. 22h00. La Châsse de sainte Waudru est bien descendue. Les Montois et leurs invités sont à table ou au bar lorsqu’un grondement sourd se fait entendre du bas de la Ville, vers la rue de Nimy. C’est la retraite aux flambeaux qui vient de démarrer. Les origines de cette manifestation qui s’est greffée sur le programme de la Ducasse ne sont pas bien connues, même si on sait qu’elles sont récentes. Le principe lui, est extrêmement simple. Prenez une formation militaire lourdement armée d’instruments de musiques. Entourez ce bataillon de quelques personnalités munies d’un flambeau. Lancez le tout dans la nuit noire à travers toute la ville pour un parcours aller-retour mené… tambour battant. Si la recette est bonne, la sauce prendra. C’est-à-dire que vous verrez une foule de jeunes gens, garçons et filles, se mettre derrière la musique pour un grand chahut organisé. La foule marche en rangs serrés. A un signal, venu de nulle part, un rang bloque et laisse une distance se créer entre lui et les prédécesseurs. Puis un autre signal anonyme donne le départ d’une course folle pour rejoindre le gros du peloton, dans une bousculade généralisée. A la fin de la course, on déplore souvent beaucoup d’ecchymoses, rarement des blessures plus sérieuses. Mais cela passe à l’arrièreplan. L’essentiel, c’est le large sentiment de sympathie qui se tisse entre tous les participants, même s’ils ne se connaissaient pas avant le coup d’envoi de la retraite.


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Le Festival International de Musiques Militaires Jusqu’à la fin des années 50, lorsque le Dragon avait rendu les armes face à saint Georges, le dimanche de la Trinité, la cité redevenait très calme. La volonté des autorités communales de l’époque était de relancer l’animation au centre ville après la Procession et le Lumeçon. Sous l’impulsion d’un fonctionnaire administratif mais également musicien averti, connaissant une grande notoriété dans le monde du jazz, la décision fut prise d’organiser un Festival de Musiques Militaires. Une formule qui fonctionne depuis 45 ans et qui dissémine des militaires en uniforme, instrument au poing, dans tous les coins de la ville pendant cinq jours. La prestation la plus spectaculaire, qui se déroule le dimanche à 16h30 au stade de football, attire chaque année des milliers de spectateurs. Pour l’anecdote, on retiendra que c’est la seule manifestation payante sur toute la semaine de fête. Mais pour ceux qui ont envie d’avoir l’air sans devoir ouvrir leur portefeuille, des concerts d’envergure sont donnés sur la Grand-Place le dimanche soir. Cette même Grand-Place accueille le lundi et le mardi soir des parades de musiques militaires très spectaculaires. Chose amusante, et qui contribue sans doute au succès… mondial de la Ducasse de Mons, une trentaine de pays ont déjà été représentés à ce festival. Soit un total de 12.500 musiciens qui ont baigné dans cette ambiance montoise et qui ont ensuite repris l’air du « Doudou » aux quatre coins du globe !…


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La braderie L’ambiance de fête populaire est renforcée par l’organisation d’une grande braderie dans les principales artères commerçantes du centre-ville le lundi et le mardi. Dès l’aube, 600 commerçants locaux ou ambulants dressent leurs étals. Ils sont certains, quelle que soit la météo, de faire de bonnes affaires parce que le public répond toujours présent. Là aussi, nombreux sont ceux qui ont leurs petits « rites » de braderie : acheter les premières cerises de la saison, rhabiller le petit dernier, prendre un verre sur la Grand-Place,… La braderie, c’est l’occasion de découvrir Mons sous un visage différent. Les vitrines du piétonnier s’effacent derrière des échoppes improvisées. On vend du vin, des poêles au revêtement miracle, des bonbons de toutes les couleurs. Et même le DVD de la Ducasse, rapidement mis en boîte par la télévision locale avec tous les grands moments du samedi et du dimanche !


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Le feu d’artifice Ultime composante de la fête, une grande soirée familiale est programmée pour le mardi. En ouverture : toutes les musiques militaires jettent ce qui leur reste de force dans leur saxophone, trompette et autres grosses caisses pour une dernière prestation qui se terminera inévitablement par l’air du Doudou. Les terrasses de la Grand-Place sont noires de monde non seulement pour la musique mais surtout pour admirer le feu d’artifice qui clôturera la soirée. Petite originalité très attendue par le public : ces lettres de feu qui mettront un point final au spectacle en s’allumant sur la façade de l’Hôtel de Ville. “In v’la co pou in an”. En patois : “En voila encore pour an”, devise par laquelle les Montois expriment leur impatience de replonger à nouveau dans une semaine de Ducasse.


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L’atmosphère On l’a compris, le Doudou est devenu bien plus que la Ducasse rituelle du samedi soir et du dimanche. La fête a commencé par déborder sur un ou deux jours avant, puis un ou deux jours après… Certains entament leur Ducasse dès que l’on commence à construire le kiosque sur la Grand Place, d’autres attendent d’avoir terminé leur semaine de travail et d’ouvrir ce week-end un peu fou par un verre pris entre collègues… Nombreuses sont les personnes ou les associations qui veulent organiser leur petit “truc” pendant la fête, avec comme contrainte de ne pas empiéter sur les événements majeurs du week-end. Le chic, c’est d’organiser un pot où l’on invite un maximum de monde en toute convivialité. Le Bourgmestre organise le sien le vendredi soir avant le grand concert gratuit, les anciens de l’université ont choisi le samedi soir entre la descente de la Châsse et la retraite aux flambeaux, l’architecte invite ses amis pendant la Procession, les Bruxellois de Mons vous donnent rendez-vous le dimanche après-midi, le recteur de la Polytechnique vous attend le samedi matin, la Maison de la Presse accueille ses membres juste après le Combat,… Et la liste est longue et il ne convient pas ici de prétendre à l’exhaustivité. La convivialité est telle pendant la fête qu’offrir un verre à ses amis est un plaisir irremplaçable. C’est ce que certains, non sans humour, appellent la “Doudou attitude”. Et pour prolonger la fête, rendez-vous au Marché-auxHerbes. Une place rectangulaire qui, grâce à ses cafés branchés est devenue le rendez-vous des noctambules pendant toute l’année. Pendant la Ducasse, elle se transforme en salle de concert à ciel ouvert pendant la journée et en discothèque pendant une bonne partie de la nuit. Certains passent là plusieurs journées et plusieurs nuits sans voir une Chanoinesse ou un Chin-Chin.


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La partition du Doudou “El Doudou”

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Nos irons vir l'car d'or A l'procession de Mon Ce s'ra l'poupée St Georg' Qui no' suivra de long (Refrain après chaque couplet) C'est l'doudou c'est l'mama C'est l'poupée, poupée, poupée C'est l'doudou, c'est l'mama C'est l'poupée St Georg' qui va Les gins du rempart riront comm' des kiards Dé vir tant de carottes Les gins du culot riront comm' des sots Dé vir tant de carot' à leu' pots El' Vieill' Matant' Magu'ritte Trousse ses falbalas Pou fair' boulli l'marmite Et cuir'ses biaux p'tits pois. Les Dames du chapitre N'auront pas du gambon,

Parce qu'ell' n'ont pas fait El tour d'el procession Voici l'dragon qui vient! Ma mère sauvons nous! Il a mordu grand'mère, I' vos mordra itou V'là qu'el Lum'çon commence Au son du carillon Saint Georg' avec sa lance Va combat' el dragon Dragon, sauvag' et diabes, Saint Georg' éié chinchins Ess' tourpin dédins l'sabe… On tir', c'est l'grand moumint. V'là l' dragon qui trépasse In v'là co pou in an; Asteur faisons ducasse A tabe mes infants.


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Le dimanche de la TrinitĂŠ

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23 11 27 16 08 23 12 04 20 08 31 20 05 27 16 01 24 12 04 21 09 31

mai juin mai juin juin mai juin juin mai juin mai juin juin mai juin juin mai juin juin mai juin mai

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Bibliographie -Hamayon Roberte, “A propos de la Ducasse de Mons : reconstruction contemporaine d’une fête médiévale” in Internationale de l’Imaginaire, nouvelle série N°15, les spectacles des autres, questions d’ethnoscénologie II, Babel. -Raepers Georges, notes de travail, 2000 - 2002 -Van Caenegem Benoît, “Reconnaissances des reliques ACAM”, in Annales du Cercle Archéologique de Mons Tome 78 p.481-486 en 1999 et “Reconnaissances des reliques ACAM 2” in Annales du Cercle Archéologique de Mons Tome 79 p.367-371 en 2002. ; “La Ducasse de Mons”, in les Cahiers Internationaux du Symbolisme, 1997 -Van Hercq Michel, “la procession du Car d’Or”, in La Ducasse de Mons, collection La Tradition par l’Image, n°2, édité par Traditions et Parlers populaires Wallonie-Bruxelles asbl, 1995 Remerciements les plus vifs au comité de rédaction.

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Contacts

Ville de Mons Hôtel de Ville Grand-Place 7000 Mons Belgique Téléphone : +32 (0)65 40 51 11 Télécopie +32 (0)65 40 59 03 Courriel : ville@ville.mons.be Site internet : www.mons.be Photographies : AV Press - Eric Ghislain - Belga - Fabrice Lévêque - Philippe Adriaens Textes : David Flament Mise en page : Arnaud Leclercq & Laurent Noben Editeur responsable : Elio Di Rupo - Hôtel de Ville - Grand-Place - Mons


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