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Tendance
n.f : 1. Impulsion qui pousse qqn à agir d’une certaine façon ; penchant. - Disposition à repondre par certains comportements à certaines situations déterminées. 2. Orientation particulière de qqch, d’un mouvement politique, artistique, d’un phénomène économique, etc. Les grandes tendances de l’art contemporain.
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Sommaire 1
LA TENDANCE : Création, Évolution & Développement
Définition de la tendance, origine historique et évolution dans le temps / Sociologie des tendances / Le carnet de style : élément majeure de la tendance / Les grands bureaux de tendances.
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TRAVAILLER DANS LA TENDANCE EN Tant QUE FREELANCE Indépendance / Entretien du réseau / Démarchage / Protection des productions Aspect théorique puis pratique avec une interview de ....
EN Tant QUE SALARIé
Le travail en entreprise / Dimension stratégique et politique/ Question des fusions des postes Aspect théorique puis pratique avec une interview de ....
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COMMENT APPROCHER LA TENDANCE
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ÉMERSION CONTEMPORAINE : LES NOUVEAUX OUTILS
Notre point de vue sur les tendances/ Les études / La prédominance du Book /
Les outils numériques / Le Trading Museum / Les bureaux de tendances internes / Aspect théorique et pratique avec une interview de Guillaume Steinmetz & Anaïs Lafarge
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NOTRE PERCEPTION DE LA TENDANCE CONCLUSION DU GROUPE
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La Tendance • Création
n.f (lat.creatio) : 1. Action de créer, de tirer du néant. La création du monde. 2. Ensemble du monde crée ; univers. Les merveilles de la création. 3. Action de fonder qqch qui n’existait pas.
• Évolution
n.f (lat. evolutio): 1. Transformation graduelle et continuelle. 4. (souvent pl.) Mouvement ou ensemble de mouvements divers et coordonnés.
• Développement
n.m : 1. Action de développer, de déployer qqch. 4. Ensemble des différents stades par lesquels passe un organisme ; croissance. 5. Action d’évoluer, de progresser ; son résultat.
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INTRODUCTION •
Dès lors qu’il y a une impulsion, un mouvement, un penchant, une tendance éclot.
Mais qu’est-ce qu’une tendance ? Et quel est son rôle ? Car comprendre cette définition, c’est comprendre comment tout un marché a pu se construire autour de ce phénomène en créant du phénomène justement. Les tendances recouvrent un spectre très large ; la consommation, les pensées politiques, les phénomènes sociaux, les stratégies économiques, les courants langagiers, les coutumes locales, la vie culturelle, les évolutions démographiques, les changements scientifiques, les usages et les attitudes … Autant de phénomènes susceptibles d’avoir une influence sur les individus, sur les marchés, sur l’avancée du monde. Mais il n’y pas de tendances sans diffusion. Or même si les tendances existent depuis que l’homme est parti à la découverte et conquête du monde : empereurs, rois et prince qui gouvernaient, dictateurs de goûts collectifs, ont donné et imposé l’esthétique de leur temps, ce n’est qu’à partir des années cinquante, avec l’installation d’une société de consommation, que les tendances ont immergé, amenant une nouvelle conception de la consommation. Ces mentors inventent un système d’émergence des tendances de manière totalement totalitaire en moins d’un demi-siècle en se basant principalement sur leur sens intuitif. Fred Carlin, Maïmé Arnodin, Denis Fayolle, Françoise Vincent, Dominique Peclers, Nelly Rodi puis ensuite Lidewij Edelkoort, Edith Keller, Françoise Serralta, Vincent Grégoire… flairent l’air du temps et imposent leur intuitions. Visionnaire, ils savent qu’il faut démoder toujours plus vite et toujours plus souvent l’existant, rendre obsolète, imposer du neuf pour assouvir l’appétit d’une société impatiente, d’une société jeune.
Leur rôle ? Donner une représentation à un instant donné d’un mouvement, dessiner une vision stylisée des marchés, créer ou renouveler des phénomènes de mode artificiels ou qui s’appuyent sur une réalité social. Visionnaires, ils portent un regard d’avant-garde sur l’environnement marchand qui se déploie à grande vitesse. Or le monde a changé, les mentors inspirés des tendances s’essoufflent : la société de consommation sature de ses excès. Les individus ne veulent plus « subir », ils veulent être acteur de leur consommation. On parle alors des « consom’acteurs » refusant la manipulation. Ainsi les faiseurs de tendance ont-ils toujours leur place aujourd’hui ? Quelles sont les nouvelles formes des tendances ? Ne pas être tendance est-il devenu tendance ? Une nouvelle race de « tendanceurs » (sociologues, ethnographes, cool hunters, leaders d’opinion…) infiltre alors la société et crée des effets de mode plus proches des individus, désormais acteurs de leur choix. Aujourd’hui, les tendances sont extrêmement « tendances ». Fortement médiatisées, souvent décrites et rarement décodées, elles forment un véritable miroir de notre époque parce qu’elles reflètent nos états d’être et nos états d’âme.
• LE
FONCTIONNEMENT DE LA TENDANCE
Les tendances recoupent un spectre d’éléments très large : consommation, pensées politiques, phénomènes sociaux, stratégies économiques, courants langagiers, coutumes locales, vie culturelle, évolutions démographiques, changements scientifiques, usages, attitudes … Autant d’agents qui ont une influence sur l’individu. C’est cette influence qui permet à la tendance d’exister car elle en permet la diffusion. Or il n’y a pas de tendance sans ample diffusion. Ainsi la tendance est basée sur le phénomène de l’imitation. L’imitation est ce qui sépare l’homme de l’animal. Tout les deux de fonctionnement grégaire, l’animal ne cherchera pas à sortir de son anonymat au contraire de l’homme qui cherche à acquérir une liberté. Après avoir assouvi ses besoins primaires - boire, manger, dormir - l’homme à la capacité à s’émerveiller de l’inutile et du léger, du frivole et du nouveau. Ce n’est pas le cas des animaux. L’homme est ainsi un être de désir. Et donc un être manipulable.
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«L’imitation c’est l’intelligence humaine dans ce qu’elle a de plus dynamique; c’est ce qui dépasse l’animalité.» René Girard
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Interviennent donc PROTAGONISTES
DICTATEURS La classe aristocrate était, jusqu’au XXème siècle, le principal inspirateur de tendance. L’apparition de la figure du couturier a mis fin à cette suprématie. La mode devient affaire de spécialistes et non d’aristocrates. La virtuosité du couturier lui donne une sorte d’aura et d’autorité sur ses clientes privilégiés, un pouvoir du faiseur de modes «celui d’un artiste tout-puissant, génial et précurseur, capricieux, mais adulé» écrira Marie Simon, dans Mode et peinture, 1985 Des lors haute couture incarne l’esthétique contemporaine que les premières confections s’empressent d’imiter avec la suprématie de Paris au centre du monde, au coeur des moeurs et usages «dernier cri».
les
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GOUROUS C’est avec l’euphorie consommatrice des années 1950 qu’une nouvelle classe de professionnels va pouvoir émerger : les bureaux de tendance Fred Carlin en est l’initiateur. Ingénieur, il suit l’exemple de Ford et sa voiture noire et comprend les possibilités offertes par le contexte historique alors actuel: «si on provoque des impulsions, des désirs chez le consommateurs, on vend davantage…ils suffit d’imposer une forme une couleur de décider qu’ils sont à la mode pour que les consommateurs les adoptent». Il fonde cette idée autour de quatre principes : voyages/découvertes/ décontextualisation/autorité
Une tendance se constitue alors en quatre temps : sa création ; sa dissémination (leaders d’opinion, public choisi) ; son adhésion (partout et par tous) et son déclin (balayé par autre tendance). Pour Carlin une tendance à la mode est le croisement d’une demande supposée mais non exprimée et d’une offre proposant ce désir non dit. Le plus dur dans l’instauration des bureaux de tendance ne fut pas de convaincre le public mais les industriels. En 1960 il crée un comité scientifique pour démontrer la validité de sa démarche et la justesse de son intuition.
Il faut comprendre que ces protagonistes ont réussi à inventer un métier qui n’existait pas encore. Ce fut une révolution, une révolution sourde. Ils ont d’abord du faire face à un blocage du système alors très conservateur et pas encore prêt à bouger. En 1956, Maïmé Arnodin, directrice de Jardins des modes publie un article décrivant ce métier non existant en créant le nom de styliste : donner du style à ce qui n'en a pas, démocratiser l'inaccessible , épurer la lourdeur, rendre beau ce qui est laid, transformer les confections en articles de mode.
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• FABRIQUER
LES TENDANCES
« Suggérer la consommation de demain pour réduire l’incertitude de la production. »
Concept novateur, ces gourous parviennent à faire de leurs intuitions et de leurs observations un métier. Grâce à leurs postes hauts placés dans les grands groupes de mode de l’époque, ils imposent leur révolution. Maïmé Arnodin travaille au Grand magasin Printemps. Elle est chargée de la partie promotion vente et publicité avec pour but d’ «équilibrer la fantaisie et la raison» A la tête d’un «bureau de style» qu’on n’appelait pas à l’époque, correspondant à la chaine des magasins prisunic, Denise Fayolle su imposer un style prisunic. «C’était invraisemblablement difficile mais chaque pion avancé avait une résonance énorme» Chaque progrès se répercutait au niveau de l’industrie et touchait toute la filière» En 1961 apparaît alors le premier cahier de tendance le «premier cahier de style» un parti pris de teintes «audacieuses «car non neutres : palette totalement subjective guidée par l’inspiration, des coloris accompagnés d’images et mots, de concepts et de sens choisis arbitrairement par des stylistes. «Il fallait faire quelque chose» dira-t-elle. Les vêtements étaient tristes et les industriels incapables de se projeter dans l’avenir.
Ce fut l’ouverture à une nouvelle voie créative.
« On nous prenait pour des allumées » déclare Suzanne Marest car il y avait cette peur de la forme abstraite. Comme nous l’indique Catherine Schnoebelen un cahier de tendance n’est pas quantifiable en terme de rentabilité. En pleine période des Trentes Glorieuses, le monde explosait. En 1950 un professionnel américain de la pub parlera de s’atteler à la «création de besoins et de désirs, la création du dégout pour tout ce qui est vieux et démodé» Cette idée est repérée par les français. En 1966, Francoise Vincent s’associe avec un distributeur, un tisseur et un publicitaire pour créer Promostyl. Leur but est de créer une méthode créative pour aider industrie textile vêtement proposer vêtement à la mode, méthode pour faciliter la compréhension. Tel est le rôle des cahiers de tendances permettent d’appréhender l’amont des filières Ainsi les bureaux de style se différencient des Agences de pub. Ces dernières ont pour but de pousser un produit à la mode vers le consommateur tandis que les agences de style tirent la tendance vers les industriels.
D’où le besoin de convaincre les industriels de comprendre les enjeux de captation des phénomènes de mode. Ceuxci étant réticents, MaÏmé Arnodin s’associe à Denise Fayolle pour créer l’agence Mafia. Leur but étant de stimuler les tendances en s’adressant directement aux consommateur avec trois compétences complémentaires : pub, style, relations presse. On se sert de la «manipulation» du consommateur pour convaincre les industriels. En 1960, Carlin crée une société de conseil en créations textiles composée d’ingénieurs comme lui fortement sensibilisés à la nouvelle tendance avec le Comité français de la couleur. Les cahiers de tendances apparaissent regroupant couleurs, formes et matières dans un sens commun afin d’en faire un guide de travail à l’usage des producteurs.
• LE
CAHIER DE TENDANCES : IMAGINER / RATIONALISER
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A l’origine le cahier de tendance est un outil intuitif. Une fois la révolution passée et le phénomène accepté et intégré, il deviendra analytique. Il décline généralement quatre à six courants esthétiques par saison.
C’est un assemblage de sensibilités, de mots, d’images "Un travail très empirique, appuyé par des voyages, des lectures de magazines, des choses vues dans les expositions d'art, les défilés des couturiers… On se fiait essentiellement à notre instinct, a nos envies, sans évidemment intégrer des analyses marketing ou sociologiques qui nous échappaient totalement » Aujourd’hui les choses ont changé, il y a un besoin de plus de rationalité pour justifier les partis pris de tendances et mieux cerner la réalité des marchés, des marchés en ébullition, accélérés par une économie mondiale de plus en plus rapide et complexe. "Dans les années 1960, nous avons créé des ruptures stylistiques volontaires et artificielles pour obliger les gens à consommer, les tendances servaient de carburant au moteur de la consommation. Aujourd'hui ce n'est plus tout à fait la même chose, l'environnement économique a changé et la vision de l'avenir est très différente, plus anxieuse, plus dépressive" dira Ghislaine Dubrulle Michaux
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Cette intervention de différents intervenants tels des sociologues pour être au plus près de la tendance, dépend des bureaux. Elena Jouffe qui a travaillé trois ans chez Carlin nous disait qu’il y avait une vague étude sociologique pour se justifier mais rien de vraiment précis. Au contraire chez Nelly Rodi il y a une base de réflexion et de pensée clairement établie. Elizabeth Leriche, elle, est basée sur une recherche intellectuelle et conceptuelle mais ce n’est pas le cas de tous les cahiers de tendances.
Dans les années 60, il y avait une sorte d’optimisme inconscient, une euphorie consommatoire. "Je me souviens du mythe de l'année 2000 que nous avions imaginé dans les années 80 : nous pensions que nous allions tous nous habiller en aluminium, en plastique, que nous vivrions en combinaisons d'astronautes… On a vu à quel point les visionnaires que nous étions se sont trompés : cette vision de science-fiction n'a jamais abouti, témoin que les tendances ne doivent jamais être trop proches de l'imaginaire, mais au contraire s'inscrire le plus possible dans la réalité. Ce type de prospectives n'arrive plus aujourd'hui; même si nous faisons certaines projections très poussées, nous restons dans le réel acceptable…"
Cahiers de tendances Peclers Paris
Le métier des bureaux de tendances fut ainsi longtemps perçut comme artificiel. "Néanmoins, il faut sortir du cliché: nous avons réussi à structurer la pyramide textile, du fil à l'habillement, et à donner un sens créatif à la mode, à la populariser" En 1975 quand Nelly Rody fut nommée directrice créative de le Comité de coordination des industries de la mode, celle-ci en comptait trente. Dix ans plus tard ils seront cinq cent ! Plus le phénomène s’impose, plus la nécessité d'organiser les influences, de les soutenir avec des gammes de couleurs, des guides de tendances, de piloter les marchés pour faciliter la pénétration des produits de mode devient forte. Ce fut une approche rationnelle et efficace : les ventes de vêtements et d'accessoires sont multipliées par vingt en dix ans.
Le processus au sein d’un bureau de tendances
La gamme de couleurs est essentielle pour construire un univers. Deux fois par an a lieu le même rituel : une palette commence avec la verbalisation de la couleur: mots et images, émergences des intuitions. Chez Promostyle ils sont environ une trentaine de personnes. C’est donc une véritable confrontation entre créatifs, où échange permet le travail de scénario, Après trois à quatre mois de maturation, nous faisons naitre des histoires de couleurs. Il y a ensuite une validation de ces intuitions par marketing sur plan sociologique.
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Travailler dans la Tendance
• En tant que Free-lance
adj. inv. et n. (mot anglais) : 1. Se dit d’un professionnel (photographe, attaché de presse, publicitaire, architect, etc.) qui effectue un travail indépendamment d’une agence. 2. Ce travail lui-même.
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LE STATUT DE FREELANCE •
•LIBERTÉ - INDÉPENDANCE
Le statut de freelance permet une très grande liberté : liberté de création, liberté de choix des clients et des missions. Il y a une véritable indépendance, une autonomie qui est recherchée par les professionnels qui s’installent en freelance, à l’image de Dorothée Etienne, pour qui le statut d’auto-entrepreneur lui permet de choisir ses clients et ses contrats pour leurs intérêts et leurs adéquations avec ses envies. Ainsi ses clients sont: une agence d’innovation numérique, un accélérateur de start-up, différentes associations locales d’artisanat (au Cambodge, au Sri Lanka) et une école de design où encore elle enseigne les tendances.
• MULTIPLICITÉ DES CONTACTS
En freelance l’évolution est plus rapide car les contacts sont plus nombreux, et les missions diverses permettent d’acquérir rapidement différentes méthodes de travail: cela permet d’élargir ses compétences tout en gardant un certain domaine d’application. Mais il faut sans cesse démarcher auprès de nouveaux clients, entretenir le réseau, solliciter constamment ses contacts, comme le dit Catherine Schnoebelen ‘’il faut toujours rappeler que l’on est là, présent, le personnel des entreprises est sans cesse sollicité, et a du mal à se rappeler de vous si vous ne vous êtes pas manifesté récemment.’’
• ORGANISATION
Le statut de freelance requiert néanmoins de véritables qualités d’organisation pour composer son emploi du temps en fonction des différentes missions. En effet un autre point important de la vie de freelance, est l’absence de monotonie du travail, aucune journée ne se ressemble, cela permet de casser les rythmes de travail communs de huit heures par jour et de la semaine coupée du week end, c’est une gestion personnelle du temps de travail. Cela donne l’opportunité de partir à l’étranger sur une période comme par exemple pour Dorothée Etienne qui revient d’une mission d’un mois au Sri Lanka; où bien encore de pouvoir travailler dans un lieu indépendant du lieu de travail des différents clients.
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• LIEU DE TRAVAIL
La question du lieu de travail est une donnée importante à prendre en compte dans le choix du statut de freelance. Comme le travail de freelance est constitué majoritairement de missions ponctuelles, il y a une possibilité de déménager dans un endroit plus éloigné des centres d’échanges professionnels. Catherine Schnoebelen a donc fait le choix récemment de partir de Paris pour emménager dans un espace plus grand, et plus éloigné de la capitale, sans que cela lui en coûte pour son activité. Avec le développement des supports numériques, les échanges avec les clients se font majoritairement par le biais des écrans et des partages de données internet, cela permet donc d’ouvrir le démarchage des clients à des espaces géographiques beaucoup plus larges; ainsi Catherine Schnoebelen a pu travailler avec des clients étrangers qu’elle n’a rencontré que trois fois sur l’ensemble de la durée de la mission, et avec lesquels elle a travaillé par partage d’écran.
POINT DE VUE • LE SINGULIER DU FREELANCE
C’est le statut singulier du travailleur freelance, qui intéresse particulièrement les bureaux de tendances: ce sont des personnes situées en ‘’périphérie’’, avec un regard extérieur, nourri de diversité, qui peuvent tout à la fois répondre à des demandes spécifiques tout en proposant une vision plus large de la problématique. Ainsi certains freelance font eux-mêmes aussi appel à des personnalités extérieures dans le but d’enrichir les recherches de tendances de nouveaux points de vue.
• DIFFICULTÉS
Les difficultés financières font parties des problématiques rencontrées en tant qu’autoentrepreneur, selon Catherine Schnoebelen ce statut ‘’précaire’’ ne facilite pas l’accès au financement par les banques, qui ne sont pas assurées de la stabilité économique du freelance. Pour Elena Jouffe, au delà de l’insécurité financière, une autre difficulté encore plus grande est la gestion de l’entreprise, à travers toutes les démarches administratives: déclaration de revenus, comptabilité, relance auprès des entreprises, inscription auprès de la maison des artistes, etc..
• LES
MISSIONS FREELANCE
EXEMPLE DE MISSION Les différents types de missions rencontrées en tant que freelance sont multiples et variés, et dépendent tous de l’entreprise avec laquelle on travaille. Par exemple le travail d’Elena Jouffe pour Carlin, de 2005 à 2009, consistait à réaliser, selon des critères précis correspondants aux notions-clés des tendances, des séries d’objets uniques - que l’on ne risquait donc pas de retrouver autre part, ce qui venait donc contrer les multiples références communes des autres bureaux de style, qui vont majoritairement chercher des inspirations aux mêmes endroits, comme le salon du design de Milan par exemple. Ces objets réalisés venaient illustrer les cahiers de tendances de la maison, auxquels venaient s’ajouter des échantillonnages matières et motifs spécifiquement créés pour eux. Toutes ces réalisations s’effectuent dans des délais très courts : Elena Jouffe avait par exemple une seule semaine pour proposer dix objets avec retouches photos !
SALAIRE
La question de la rémunération est un point important et complexe à aborder avec les entreprises en tant que freelance. En effet la difficulté majeure des missions réalisées dans la tendance, est que le travail n’est pas quantifiable en valeur monétaire, et, comme nous l’indique Catherine Schnoebelen: ‘’quelqu’un qui est programmé pour calculer la rentabilité ne va pas forcément comprendre l’intérêt’’. Néanmoins il existe des solutions mises en place par les bureaux de style pour talonner les rémunérations, comme chez Carlin, où Elena Jouffe nous explique qu’il y a une grille de rétribution :chaque objet créé correspond donc à un prix, préalablement fixé, ce qui permet au freelance d’acquérir au fur et à mesure des notions de la valeur du travail réalisé.
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CONTRATS / CONFIDENTIALITÉ / PATERNITÉ/
Les contrats sont spécifiques à chaque bureau de tendances, comme nous l’indique Catherine Schnoebelen, aux bureau de style des Galeries Lafayette par exemple, les réalisations des tendances se font deux ans en amont de la sortie de la collection, il n’y a donc pas de possibilité de présentation des travaux avant le lancement de la collection, et donc deux ans de décalage. En outre toutes
pour ces missions Catherine Schnoebelen a signé des contrats de confidentialité et d’exclusivité et était tenue au secret professionnel. Elena Jouffe, qui a travaillé pour Marie-Claire Idées, a quant à elle du céder ses droits d’auteur pour une période de dix ans: l’entreprise est donc devenue propriétaire de l’image vendue et peut l’utiliser à son gré sur la période donnée.
Comment démarrer son activité ? Avant toute chose, il est nécessaire de bien choisir sa structure juridique puisque du choix de la structure découle le statut social et fiscal. Il est important de rappeler que freelance n’est pas un statut juridique mais désigne un indépendant qui effectue un travail à la commande auprès de diverses entreprises.
• Entreprise
individuelle & EIRL La création d’une entreprise implique de déclarer son existence au centre de formalité des entreprises - auprès de l’URSSAF pour les professions libérales et au centre des impôts pour les artistes/auteurs -. Il est abordable de créer une entreprise individuelle, puisqu’aucun capital minimum n’est requis. Elle est donc relativement peu coûteuse. Cependant, il n’y a pas de personnalité morale, l’entreprise et l’entrepreneur forment une seule et même entité juridique. Ceci implique une confusion du patrimoine, les patrimoines professionnel et personnel sont confondus. En cas de grosses pertes ou liquidation, les créanciers peuvent se servir dans le patrimoine personnel de l’entrepreneur. Pour pallier à cette contrainte, le 1er janvier 2011 une nouvelle forme juridique entre en vigueur suite à la loi de 2010 : l’Entreprise Individuelle à Responsabilité Limité (EIRL) qui distingue alors patrimoine professionnel et personnel.
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Régime social : Le RSI Le
RSI
= Régime social indépendants
Régime fiscal des indépendants des
Pour qui ? Le régime obligatoire de sécurité sociale couvre les professions non salariées. Missions ? Il garantit la protection maladie et la retraite des commerçants et artisans et l’assurance maladie des professions libérales.
L’entrepreneur en profession libérale, est soumis à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des Bénéfices Non Commerciaux (BNC). Si le chiffre d’affaire annuel dépasse les 32900 euros l’entreprise est obligatoirement affiliée au régime de la déclaration contrôlée.
Affiliation ? Elle est automatique dès l’inscription au centre de formalité des entreprises. Les cotisations sont de 45% des bénéfices pour les commerçant, 46% pour les artisans et 30% pour les professions libérales.
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• AUTO-ENTREPRENEURS
Pour les plus hermétiques à la création d’entreprise, l’auto entreprenariat est un bon compromis. Il permet un allègement des charges sociales, fiscales et administratives. L’activité déclarée sous le régime d’auto entrepreneur peut être principale ou complémentaire à une autre. Pour y bénéficier, il suffit de s’inscrire sur le site www.lautoentrepreneur.fr.
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Régime micro-social
Micro-Social Simplifié
L’auto entrepreneur bénéficie du régime micro social c’est à dire qu’il paye des cotisations et contributions à la protection sociale obligatoire en fonction de son chiffre d’affaire. CA x taux (18,3% pour les professions libérales, 12% commerçant, 21,3% artisan). Il profite alors de l’assurance maladie et maternité gérée par le RSI.
L’auto entrepreneur règle son impôt sur une base forfaitaire et non au réel. Il rentre dans le régime micro fiscal si son chiffre d’affaire est inférieur à 32900 euros pour les services et professions libérales. Le micro entrepreneur n’est pas obligé d’établir une déclaration professionnelle des bénéfices au titre de BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) ou BNC (Bénéfices Non Commerciaux).
• LES
ARTISTES/AUTEURS Selon la nature de son activité, l’artiste/auteur peut dépendre de la Maison Des Artistes ou des AGESSA (Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs). La MDA concerne alors tous les auteurs d’œuvre graphique et plastique (peintre, illustrateur, gravure, sculpture, plasticien, textiles muraux, fresques, mosaïque, céramique, création graphique…), les auteurs, photographes, illustrateurs d’écrits et auteurs de logiciels seront quant à eux concerné par l’AGESSA. La MDA propose un régime social identique au régime général du salarié (sauf chômage et accident du travail).
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Régime social -Affilié: Si mon bénéfice + 15% est supérieur à 900x le smic (8298 en 2012). Le travailleur cotise, il a alors le droit à la couverture sociale des artistes/ auteurs : prestation maladie, maternité, invalidité, et décès versé par la caisse primaire d’assurance maladie, prestation familiale versée par la caisse d’allocation familiale, et retraite de base versée par la caisse d’assurance retraite et de la santé du travail. -Assujettit: Si mon bénéfice +15% est inférieur à 900x le smic. Si ce cas se présente, l’artiste/ auteur cotise quand même - proportionnellement à ses revenus d’activité artistique -, mais ne bénéficie pas de la couverture sociale des artistes auteurs. Il profite cependant de la couverture maladie universelle, éventuellement complétée par une couverture sociale liée à une autre activité, telle qu’une cotisation vieillesse. Si il est affilié, il reçoit un numéro d’ordre et de SIRET nécessaires pour toute facture et prélèvement.
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Micro-Social Simplifié Deux possibilités s’ouvrent à l’artiste/auteur: - Le régime spécial micro BNC, si notre chiffre d’affaire est inférieur à 32900 euros en 2014. Il présente l’avantage de proposer un abattement de 50% du BNC déclaré la première année d’exercice et les 4 années suivantes en cas d’activité. - Régime de la déclaration contrôlée, si notre CA est supérieur à 32900 euros en 2014.
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Travailler dans la Tendance
• En tant que Salarié
adj. et n. : 1. Se dit d’une personne liée à une autre par un contrat de travail qui prévoit la rémunération, par un salaire, du travail qu’elle lui fournit.
2
bis
LE STATUT DE SALARIÉ •
• CONFORT INCONFORTABLE Le statut de salarié est décrit unanimement comme étant confortable : ‘’salarié c’est confortable, on a le droit à l’erreur. On apprends beaucoup en travaillant pour une marque avec laquelle on devient intime’’ nous dit Dorothée Etienne. En effet, travailler exclusivement pour une marque permet d’acquérir une certaine finesse dans la compréhension de ses besoins. ‘’Mais à un moment donné, le confort c’est fatiguant. On aspire à l’inconfort’’ conclue finalement Dorothée Etienne. La monotonie de la tâche et des missions est en effet un des points importants soulevés par la plupart des designers interviewés. Catherine Schnoebelen, qui a travaillé chez Lacoste 6 mois en CDD, en tant que responsable Print Homme/Femme/Enfant/Sport, a quant a elle, eu ‘’du mal à envisager de ne faire que ça, même si c’est rassurant.’’ ; et Elena Jouffe trouve que c’est ‘’confortable pour le statut mais très prenant’’ et ne permet donc pas de prendre le temps d’avoir d’autres projets et de les mener à bien.
• LE MONDE DE L’ENTREPRISE
Le fonctionnement du monde de l’entreprise est particulier et est difficilement appréhendable à moins d’en faire l’expérience. Pour Catherine Schnoebelen qui a été salarié chez Promostyl, ce sont les tensions politiques et les stratégies d’entreprise qui l’ont amenée à prendre du recul sur ce milieu.
• LA FUSION DES POSTES Face à la crise économique, les entreprises aujourd’hui ont de moins en moins de budget et les équipes de plus en plus de pression, ce qui mène à une fusion des postes. ‘’Aujourd’hui les salariés portent plusieurs casquettes: on leur demande d’être multitâches’’ nous indique Catherine Schnoebelen. En effet, les salariés qui étaient dans la tendance il y a une dizaine d’années, glissent progressivement vers les postes de gestionnaire de budgets ou d’événements, et la partie tendance devient plus maigre. Mais dans tous les cas il est important d’être rémunéré en fonction de la quantité de travail effectué, il est ‘’ important de pouvoir parler de salaire, pour les regroupement de poste, on se fait toujours avoir au début’’ explique Elena Jouffe.
• LA
RELATION-CLIENT ENTREPRISES
DANS
LES
Dans le but de créer du lien avec le client, certains bureaux de tendances éditent des micro-cahiers de tendances extrêmement confidentiels (150 par an chez Nelly Rodi), donnés aux clients en rendez-vous. Ces objet de communication et de séduction sont diffusés uniquement en interne et permettent de rassurer le client par rapport à une esthétique du moment, cela permet également ‘’d’établir une autre forme de dialogue’’ nous indique Elena Jouffe, qui a réalisé pour Nelly Rodi ceux destinés aux gros groupes cosmétiques.
Pour prétendre au statut de salarié il est impératif de travailler au minimum 17h/semaine pendant trois mois consécutifs. Le statut de salarié se définit par l’existence d’un contrat de travail signé avec l’entreprise qui emploie. Il est de deux natures et existe dès qu’une personne (le salarié) s’engage à travailler, moyennant rémunération, pour le compte et sous les ordres d’une autre personne (l’employeur).
•CDD
Contrat
à
durée
déterminée,pour
une tache précise et temporaire.
Le CDD concerne une embauche palliant au remplacement d’un salarié absent ou provisoirement à temps partiel, en cas d’accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise, mais également en cas de travail saisonnier,. Il concerne également les emplois aidés dans le cadre de mesures en faveur de l’emploi. Sa durée maximale est de 18 mois. Il n’est pas rare dans les agences de style de croiser régulièrement les mêmes freelances. Profitant des locaux, sont-ils sous contrat d’un « micro » CDD d’une journée ou facture t’ils toujours à la mission ?
•CDI
Contrat à durée indéterminée.
Le CDI permet prolonger son contrat sur une période indéterminée. Cas plus rare dans le domaine de la tendance qui souhaite un roulement régulier des équipes pour élargir la pluralité des points de vues.
Régime social
»
Les salariés dépendent du régime social des salariés (RGS). Leurs cotisations salariales sont automatiquement déduites du salaire et reversées auprès de l’URSSAF. Elles représentent environ 20% du salaire brut. Les cotisations patronales sont quant à elles évaluée autour de 50%.
Attention : la rémunération du salarié porté est versée par la société de portage, et non par la société cliente. La société de portage reverse une partie des honoraires versés par l’entreprise cliente à son salarié porté, non la totalité en raison des frais de gestion et de cotisation sociale.
Le régime général couvre : – maladie dont accident du travail et maladie professionnelle - maternité - allocations familiales - assurance chômage - retraite.
»
Le portage salarial Il a longtemps été considéré comme un prêt de main d’œuvre illicite avant d’être reconnu par la loi du 25 juin 2008. Il s’agit d’un entre deux : entre le salariat et l’entreprenariat. Selon l’article L.125164 du code de travail, la portage salarial est un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée, et une entreprise cliente, comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa protection chez le client par l’entreprise de portage. Cette relation triangulaire vise alors à réunir les avantages du travail indépendant et du salariat. En effet, le salarié porté bénéficie de l’ensemble des protections offertes aux salariés par le droit du travail.
3 contrats nécessaires.
sont
• 1/ entre la société cliente et le salarié porté : modalités de la collaboration et missions à effectuer. • 2/ entre la société de portage et l’entreprise cliente : encaissement des honoraires. • 3/ entre la société de portage et le salarié porté : contrat de travail ( il peut prendre la forme d’un CDD ou CDI) La différence entre le portage salarial et l’intérim, qui réside également sur une base triangulaire, est que le salarié porté prospecte lui même ses clients avec qui il négocie ses tarifs et prestations. Ainsi il organise librement son travail.
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Comment approcher la Tendance ?
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PARCOURS •
• LE CHOIX DES ÉTUDES
Qu’on se le dise, il n’y a pas un seul chemin pour approcher les tendances! En revanche il faut ‘’ évidemment des études qui développe un sens artistique, une culture de mode, du design’’ précise Elena Jouffe. Pour Dorothée Etienne ‘’il faut, c’est évident, une sensibilité style + un regard marché sur la marque. Bref un peu de marketing. Des études de sociologie ou de sciences politiques sont aussi de bons supports’’. Il faut donc être au mieux riches de plusieurs formations différentes, ou tout du moins être soi-même curieux, ouvert à la nouveauté et ce qui se passe autour.
• DSAA - DUPERRÉ
À l’instar d’Elena Jouffe, certains peuvent être repérés à l’école, et travailler directement pour les bureaux de tendances qui les ont appelés, comme Dorothée Etienne qui a pu travailler en freelance sur plusieurs cahiers pour Promostyl en parallèle de ses études. Ces missions formatrices sont des voies d’entrée remarquables pour travailler en bureau de tendance à plus long terme. Les départements ‘’Innovation’’ sont aussi un bon moyen d’entrée dans les tendances, notamment chez Louis Vuitton, où a travaillé Dorothée Etienne à la fin de ses études. La tendance comme premier travail a un atout considérable, qui est la multiplicité des contacts; en effet les échanges avec différentes maisons et différents domaines d’application sont divers et variés et permettent donc de se construire rapidement un réseau assez large.
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•PREMIERS EMPLOIS
Pour Catherine Schnoebelen, pour travailler dans la tendance, Duperré est un label toujours valable, il permet d’ouvrir certaines portes. En effet il n’est pas rare que des bureaux de tendances viennent chercher des personnalités à la sortie de Duperré, c’est d’ailleurs ainsi que Elena Jouffe a travaillé chez Carlin: suite à une exposition d’objets en cire photographiés à l’école Duperré, deux stylistes du bureau de style l’ont appelée pour exploiter son projet réalisé à Duperré en DSAA. ‘’Duperré est un réseau intéressant pour repérer des designers, puis leur faire des commandes personnelles’’ nous explique Elena Jouffe. En outre les études en DSAA sont composés d’ateliers créatifs qui se rapprochent beaucoup du contenu des missions réalisés pour les tendances, car ils privilégient la recherche plus que la réalisation du produit.
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Le conseil final de Catherine Schnoebelen sera de «se faire confiance, et d'être hyper-culotté» !
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Émersion Contemporaine
• Les Nouveaux Outils n.m (lat. ustensilia) : 1. Objet fabriqué, utilisé manuellement ou sur une machine pour réaliser une opération déterminée. 2. Fig. Élément d’une activité utilisé comme moyen, comme un instrument. Les statistiques sont un simple outil d’aide à la gestion.
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LA TENDANCE AUJOURD’HUI •
Aujourd’hui tous les secteurs économiques sont sensibilisés aux phénomènes des tendances. Ainsi les «faiseurs d’influences» et professionnels du marketing ont réussi à imposer un véritable monopole et font de leur science appliquée un «instrument de contrôle social» comme l’explique Gilles Deleuze dans Pourparler. Nous avons interrogé Elena Jouffe qui est passé en dix ans dans plusieurs entreprises où chacune proposait des cahiers de tendances. Il s’agit de micro cahiers de tendance extrêmement confidentiels Ce sont des éditions de 150 cahiers par an donnés aux clients en rendez-vous. Cela leur permet de créer du lien avec le client. C’est un objet de communication et de séduction, ils restent donc à l’interne. « Ils établissent une autre forme de dialogue avec les clients et leur montrer qu’on est quand même au courant de ce qui se passe » nous explique Elena Jouffe Cela permet de rassurer le client par rapport à une esthétique du moment Ainsi il y a un déplacement de fonction du cahier de tendance, plus que d’innover, il rassure.
La tendance reste-t-elle donc actuelle à l’interne?
«Aujourd’hui le bureau de tendance est devenu un filtre, un catalyseur, alors qu’hier, c’est vrai, il était initiateur» reconnait Edith Keller «Nous ne lançons plus de tendances, nous faisons une lecture de l’air du temps que nous retranscrivons, rien de plus» «Toutes les grandes entreprises internationales achètent nos cahiers de tendances parce qu’elles recherchent un point de vue : notre point de vue. Ce sont des fenêtres ouvertes sur le monde qui donne à voir ce qu’elles ne voient pas, trop concentrées sur leur métier» comme l’affirme Nelly Rodi De la même façon, ils font intervenir des free lance au sein de leur bureau de tendances. « Il est intéressant pour eux d’avoir quelqu’un de périphérique avec un regard extérieur. Cela apporte un autre point de vue que celui des tendanceurs. » indique Elena Jouffe qui a travaillé trois ans en tant que free lance pour le bureau Carlin. L’uniformisation de la tendance
L’UNIFORMISATION DES TENDANCES En découle une uniformisation mode de vie, à une standardisation des modèles. En parlant d’un de ses voyages à Tokyo, Elena Jouffe cite l’exemple d’Opening Ceremony, où le design ne diffère pas d’un endroit à l’autre de la planète. C’est une vision aujourd’hui mondialisée, globalisée. « Le «bon goût» internationale est identique à Tokyo, New York, Paris, Milan… C’est l’écrasement des reconnaissances, l’absence de dynamique, de projection» déclare Arlette Barré-Despont dans La lettre du Comité français de la couleur février 2000. Le voyage qui était indispensable, « sixième sens » selon Nelly Rody, n’est plus quelque chose d’élitiste et de différent. « Aujourd’hui le tour du monde tout le monde l’a fait et dans le même sens » dira justement Elena Jouffe. Ainsi la prise de risque est extrêmement minime : les bureaux de tendances proposent tous la même chose afin de rassurer tout le monde dans le même sens que son voisin.
• CRÉER
DES TENDANCES PLUS SPÉCIFIQUES ?
Cela voudrait-il dire qu’il faudrait retrouver des tendances plus spécifiques ? N’est-ce pas d’ailleurs ce dont témoignent l’ouverture de concept store tels MERCY ou plus récemment The Broken Arms ? Créer des tendances plus spécifiques. Or il est clairement noté qu’une tendance n’a d’existence que si elle est largement diffusée. Si Mercy est aujourd’hui largement connu, The Broken Arms reste adressé à un public élitiste. Est-ce un choix de s’adresser à une autre cible pour perdurer la tendance ? En terme de marketing la population est divisée en trois catégories. La majorité des personnes sont des « suiveurs » sans esprit d’avant garde. La frange supérieure correspond aux « early adopter » qui aime être en avance. Et enfin la frange inférieure qui correspond aux personnes hermétiques. Elena Jouffe se souvient de l’ouverture de Mercy qui avait suscité l’émulation générale. Est-ce la nouveauté qui fait la tendance ? Car l’obsolescence programmée d’une tendance ne s’applique-telle pas également aux faiseurs de tendance ? En terme de temporalité, les tendances sont divisées en trois rythmes : court terme, moyen terme, long terme. Depuis quelques années un nouveau rythme s’est imposé, celui des tendances « flash » engendrés par les protagonistes de la « fast fashion » Zara, H&M … toutes les trois semaines de nouvelles collections arrivent en rayon. Ils utilisent
l’éphémère comme stimulateur de désir, provoquant une impulsion d’achat, et un appétit jamais assouvi du consommateur. Ainsi plus que de créer de la nouveauté il s’agit de créer de l’éphémère.
Créer de l’éphémère mais surtout du personnel, du concret. L’équipe de The Broken Arm traduit de manière formelle un souhait représentatif d’une génération. En créeant « De Jeunes Gens Modernes» Anais Lafarge & Guillaume Steinmetz et leur groupe voulait retranscrire les envie d’une générations et l’esprit d’un moment. The Broken Arm devient aujourd’hui leur lieu d’expression et de création. Ils nous affirment ne pas suivre les tendances qui sont pour eux obsolètes, mais se laisser porter par leur coup de coeur. Pour eux l’exemple des Stan Smith
reste le plus concret. Ils ont décider de ne pas inclure les baskets dans leur selection de 2014 alors qu’ils connaissaient les valeurs des chiffres d’affaires qui aurait pu être fait sur ce produit. Trouvant la Stan Smith hors de leur champs d’appréciation personnel, ils ont exclus le produit. La sélection se fait par les affects et c’est pour eux leur moyen le plus simple et le plus efficace. Générateur de tendance, leur esprit reste cependant ouvert aux «bonnes surprises». De ces rencontres naissent des collaborations, le concept store est peut-être l’outil le plus concret pour imager la tendance au début du XXIème siècle : un lieu modulable, éphèmere, combinant divers éléments venant créer un ensemble cohérent.
The Broken Arm, Paris 3ème
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DU CONCEPT STORE AU TRADING MUSEUM
L’équipe de The Broken Arm est donc, en soit, un micro-bureau de tendance où se décide les éléments qui viendront créer un univers cohérent sur divers support (vêtement, éditorial, ...). C’est la même pratique qu’on retrouve à un autre niveau au Trading Museum de Rei Kawakubo à Paris. En discutant avec la responsable de la boutique Comme des Garçons qui est France Hubele, nous avons donc pu comprendre que le Trading Museum de Paris était vu comme un lieu qui sert à inspirer. A l’instar d’un musée du vêtement où les pièces exposées pourrait être achetées. Cet espace dynamique se renouvel sans règle. En dehors de tout principe de calendrier cet espace modulable peut aussi bien acceuillir des collections de vêtements, mais aussi des oeuvres d’arts. La liberté est maximale et le seul indicateur est la créativité. Rei Kawakubo s’est exprimé à ce sujet auprès France Hubele en lui précisant que le but du Trading Museum était de mettre en avant les jeunes créateurs, à l’instar d’un lieu de rencontre créatif, prônant la différence et la nouveauté. Ainsi, le Trading Museum peut-être perçu comme une galerie, ou oeuvres d’arts, objets, meubles, accessoires et vêtements coincident en harmonie. L’ensemble serait la mise en forme matérielle d’un lieu de tendance.
Trading Museum, Paris 1er
• LES
NOUVEAUX MOYENS POUR CRÉER DES TENDANCES
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Lors de nos différentes interviews, nous avons eu affaire à la question de la crise et donc de la réduction d’emplois. Ceci amenant les employés a possédé les capacités à effectuer différents métiers en un seul. Ainsi la tendance c’est infiltrer dans les bureaux de style et cela s’est fortement amplifier avec l’apparitions des réseaux sociaux, et notamment les réseaux sociaux de partage d’image. Ainsi, à l’instar de TUMBLR et PINTEREST, on peut désormais chercher, collecter et ranger des images au grès des inspirations rechercher. Et cela sur des domaines très varié et divers. Ont peut également mettre en ligne ses propres images et donc créer du contenu. La création de ce contenu à pour but de faire adhérer un maximum de personne. C’est donc également un nouveau moyen technique pour faire circuler l’image et l’esthétique de la marque, qui se transmet non plus seulement au travers des produit mais au travers des références artistiques et culturelle qui l’alimente. Le vêtement devient donc la synthèse de cet univers, ce qui rend l’objet encore plus désirable, comme la quintessence d’un univers auquel on peut choisir d’adhérer. Si dans le passé les employés étaient souvent envoyer aux quatre coins du monde pour aller chercher l’inspiration comme chez Margiela, il n’est pas rare de voir aujourd’hui c’est esprit créatif se nourrir des images virtuelles présente sur internet. Ce grand trafic d’image, multiplie d’autant plus les sources d’inspirations et offre aux champs de la mode et de la création en général, de nouveaux horizons d’explorations et une richesse inégalable.
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TUMBLR
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Notre Perception de la Tendance • Conclusion du Groupe n.m : 1. Ensemble distinct de choses ou d’êtres de même nature, réunis dans un même endroit. Un groupe de curieux. 2. Ensemble plus ou moins organisé de personnes liées par des activités, des objectifs communs.
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LE RÉSUMÉ• Durant ce travail de groupe nous avons pu nous rendre compte des difficultés que pouvait engendrer le domaine de la Tendance. Dans la diversité des champs d’applications mais aussi dans le fait que cette structure du monde du travail reste très flexible. Très souple aussi sur les portes qui permettent d’accéder à la pratique de ce métier. La Tendance dans la mode reste donc un univers assez mystérieux et complexe. Nous avons essayer d’en faire le tour, de contourner tous les éléments mit à notre dispositions pour mieux cerner cette branche de l’activité de la mode. Ainsi, pour conclure notre travail, pour mettre des mots sur nos découvertes, nous avons décidé de mettre chacun à plat, sous des formes différentes, nos ressentis personnels. On exprime ainsi ce que ce travail de groupe nous a apporté, on fait le bilan de ce que l’on s’attendait à voir et de ce qu’on a compris des choses découvertes. On réutilise nos connaissances pour aussi se projeter dans un futur proche où plus lointain.
Merci à Elena JOUFFE Salariée dans la bagagerie/packaging pour des marques de cosmétiques
Dorothée ETIENNE Free-Lance dans la Tendance
Catherine SCHNOEBELEN Free-Lance dans la Tendance
France HUBELE Responsable boutique chez Comme des Garçons & Trading Museum, Paris 1er
Anaïs Lafarge & Guillaume Steinmetz Directeurs et Créateurs du concept store «The Broken Arm», Paris 3ème
Travail de groupe Agathe DERYCKE ; Camille DUNAIGRE ; Emma GSCHWINDT & Geoffroy NICOLAÏ