FBA 6 Le Bâton

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Frères Bien

N° 6

Aimés

30 mai 2002 _________________________________________________________________________ Thème de la réunion : « Le Bâton » Quelques pistes de réflexion Le Loup d'Orient et le Chien d'Occident " Les philosophes du Grand Art connaissent bien cet animal ambivalent : loup d'Orient associé au fixe et chien d'Occident, expression du volatil. L'un n'existant pas sans l'autre. Plus liés que la Lune et le Soleil de l'Oeuvre. Les dieux à tête de chien restent toujours en relation étroite avec la Lune, astre voyageur et fantasque qui traverse incessamment le ciel nocturne, comme Xristophe passe le torrent en portant sur ses épaules l'enfant-roi, nommé également INP, le louveteau, la créature d'Anubis. Dans les premiers temps du christianisme, le message était encore clair. Une icône du IIIème siècle, conservée au Musée archéologique d'Athènes, montre saint Xristophe en action. Il porte une tête de loup. Géant débonnaire et inquiétant, tendu vers le Mystère. Déjà plus loin, avec inclination appétible." René LACHAUD . (in " Le Livre de Thot Hermès le Trismégiste " ) Le Mercure des Sages " Il advient que le loup se fasse Maître des Cérémonies, à l'heure anubienne, quand le temps échappe et au jour et à la nuit. Fermement, il tient le myste par la main. À l'entrée de la tombecaverne, il plante sa canne d'ivoire où les serpents se lovent, s'enlacent. Noir. Blanc. Dans une étreinte qui pourrait être mortelle. Il est pleinement Hermanubis, Hor-m-Inpou ou l'Horus en qualité d'Anubis. Il relie les mondes, autorise les derniers pas pour franchir la frontière et entrer dans le domaine de Djehouty-Thot, dans le cercle. Le Mercure des Sages. La Langue des Oiseaux le nomme alors " le chef du pylône divin ". Celui qui dévore le cadavre de l'impétrant. Il élimine les vibrations bases, corrode le mental envahissant, broie sous ses dents puissantes les instincts, la lourdeur, le vulgaire qui s'opposent encore à l'envol de l'esprit. Fuir devant cette épreuve revient à renoncer à devenir une créature d'Anubis.

"Ceux qui ont approché le mystère des initiations, et ceux qui les ignorèrent, n'auront pas, dans le séjour des Ombres, une semblable destinée ", écrit Jamblique qui, lui, n'avait pas hésité à suivre la piste du loup. "

René LACHAUD . (in " Le Livre de Thot Hermès le Trismégiste " )


Le Bâton " La verge d'Hermès est un long bâton en bois d'olivier ou de laurier, surmonté d'une pomme de fer et couronné de deux ailes. Certains n'hésitent pas à prétendre qu'il est en or ! Quoi qu'il en soit, cet objet SE RATTACHE EN PREMIER LIEU 0 LA SYMBOLIQUE DES CANNES DE COMMANDEMENT? DES SCEPTRES. Instruments de pouvoir et non de domination. Dans la plupart des traditions, les bâtons sont liés au symbolisme de l'arbre. Pensez au Pilier Djed ou au sceptre Was. L'arbre à la fois dans la Terre et au Ciel, possédant comme l'homme un tronc, un cœur, des yeux, un pied, une nervure, une sève-sang et des oreilles-feuilles. Arbres célestes et arbres de vie. Arbre Ished d'Héliopolis où Sescet et Thot inscrivent le protocole royal. Arbre phallus des noces cosmiques. En Alchimie, arbre-Lune pour désigner le mercure et arbre-Soleil pour le soufre. Et les arbres zodiaques des Celtes: la Vierge et le buis, l'amandier pour le Taureau et l'olivier pour la Balance… Bouddha médite sous un figuier, Lancelot sous un chêne, Athys au pied d'un pin, Nout dans un sycomore et la voix d'Athéna bruit dans les feuilles argentées de l'olivier. Arbre de la connaissance à l'étymologie surprenante: " Livre ", du latin " liber ", proprement la

pellicule entre le bois et l'écorce qui a donné son nom au livre, attendu qu'on a écrit anciennement dessus ". (Littré).

Le bâton comme l'arbre canalise les forces, condense les fluides. Il permet d'agir sur l'astral, d'éveiller l'âme, de pénétrer dans un autre monde. Que ferait un magicien ou une fée sans sa baguette, les goétiens sans leur verge fourchue ? Dans les rituels initiatiques comme ceux d'Artémis à Sparte, les néophytes étaient longuement lacérés avec des branches, non pour leur apprendre à résister à la douleur mais pour leur incorporer l'énergie dynamique propre aux êtres divins. La communion du sang et de la sève. Baguette: savoir, connaître, transmettre. Et le bâton s'envole grâce aux ailes de la substance mercurielle dont se nourrissent les serpents. Le Mercure sublimé. René LACHAUD . (in " Le Livre de Thot Hermès le Trismégiste " ) …Au-delà de tout ceci, sachez que le véritable bâton d'Hermès n'est pas le caducée mais le trident de l'Initié des anciens rites, qui divinise parce qu'il pénètre la Terre pure des enceintes sacrées…

Le Bâton du bon voyageur

Cueillez, le lendemain de la Toussaint, une forte branche de sureau, que vous aurez soin de ferrer par le bas. Otez-en la moelle, mettez à la place les deux yeux d'un jeune loup la langue et le cœur d'un chien, trois lézards verts, et trois cœurs d'hirondelles, le tout réduit en poudre, par la chaleur du soleil, entre deux papiers saupoudrés de salpêtre; placez par-dessus tout cela, dans le cœur du bâton, sept feuilles de verveine, cueillies la veille de la saint Jean-Baptiste, avec une pierre de diverses couleurs qui se trouve dans le nid de la huppe; bouchez ensuite le bout du bâton, avec une pomme à votre fantaisie; et soyez assuré que ce bâton vous garantira des brigands, des chiens enragés, des bêtes féroces, des animaux venimeux, des périls, et vous procurera la bienveillance de ceux chez qui vous logerez. Le Petit Albert


Le bâton La symbolique du bâton est multiple tant dans son fond que dans sa forme. Dans son fond, il s'agit de l'usage qui en est fait et par là, de l'image que l'on peut avoir de celui qui le manie. Dans sa forme, cela relève de la gestuelle, positionnement de la , ou des mains, et du rapport au reste du corps. Alors qu'aujourd'hui il est quelque peu délaissé dans la vie quotidienne à l'exception de nos anciens, c'est dans la société traditionnelle que le bâton aura été la manifestation d'un code dans les relations humaines. Si dans les temps reculés, le bois ou l'os travaillés ont eu une fonction vitale, soit pour la chasse soit pour la défense du groupe, l'amélioration de la technique, en particulier l'avènement du métal, a créé une césure dans l'image qui pouvait en découler. A partir de là, c'est l'ancien, l'ermite, que l'iconographie retiendra particulièrement. L'âge apportant connaissance et sagesse, le bâton y est associé. Le rendu de la justice, la prise de décision d'importance sont généralement, dans la société civile, accompagnés du bâton dont on frappe le sol pour valider la décision. Cette transition sonore se retrouve aujourd'hui encore dans les tribunaux quand le juge frappe de son maillet, de même que dans nos ateliers par les Officiers de Loge. Il est à noter qu'assis ou debout, le bâton donne une certaine prestance, un port altier, et par là, un ascendant sur l'auditoire. Cependant son interprétation évolue très sensiblement selon la préhension et l'orientation. Pointé vers l'auditoire, c'est la désignation, l'ordre. Pointe vers le zénith, c'est l'appel des forces supérieures. Tenu par son milieu, c'est l'invocation, voire la malédiction. Poignée vers l'auditoire, c'est le geste paternel, le rassemblement, la convivialité. Tapé sur l'épaule, c'est l'intégration qui deviendra plus tard l'adoubement avec l'épée. Mais le plus important est sûrement sa position naturelle, la verticalité. Si on a pu voir en lui un symbole phallique, il apparaît davantage comme untrait d'union entre ce qui est en haut et ce qui est en bas, entre la Terre-Mère norricière, pour la force, l'invincibilité, le courage, et le Ciel, domaine de création, qui donne l'esprit, l'intelligence, la réflexion, peut-être la clairvoyance. Ceci nous amène inéluctablement à l'Ermite, arcane VIII du tarot. Homme âgé, le bâton de bambou à 7 nœuds sous entendant la sagesse des scribes égyptiens du 7ème niveau, celui de l'accomplissement d'un art dans toute sa dimension spirituelle. Le bâton est le prolongement de l'esprit d'analyse, de recherche, que contrebalance la lanterne, symbolisant la lumineuse inspiration issue d'une dimension supérieure, car tenue par le bras droit, tendu, au-dessus de la zone cérébrale.


Ce bâton du sage n'est pas sans rappeler celui d'Aaron, le frère de Moïse. Dans ce combat d'essence divine qui l'opposait à Pharaon, le végétal s'est transformé en l'animal ambigu, le serpent, opposant la vertu " sagesse " à la faute " tentation ". Comme pour l'Ermite qui prolonge sa réflexion par cet outil pour assurer sa progression, dans la tradition biblique, il est le vecteur, l'antenne, par où passe la volonté de Dieu dans l'accomplissement du châtiment divin contre l'oppresseur du peuple Hébreu. Mais ce vecteur n'est-il pas le doigt de Dieu lorsqu'il est mû par le frère cadet, en signe d'humilité, au regard de la place dominante de Moïse dans ce contexte ? Les plaies d'Egypte sont, en différentes phases, les conséquences d'une décision divine, manifestée via le bâton. Mais alors quel regard porter sur le bâton de l'arcane du Fou ? De cet être instable sortira-t-il une volonté belliqueuse par le gourdin ou bien une volonté positive par le bâton ? Si l'on peut craindre que le Fou ne soit pas unique, il est rassurant deconstater que le bâton sert le plus généralement des idéaux nobles. A preuve, dans la tradition chrétienne, l'homme de Dieu dénommé Pasteur qui a, comme son homologue berger, la crosse pour rassembler les brebis égarées et chasser les loups, ce que l'on retrouve dans la haute hiérarchie ecclésiastique. Plus tard, le bourdon, fidèle compagnon du pèlerin de saint Jacques, préservera le pénitent des mille maux qu'une telle expédition supposait. Puis le makila ou la canne, toujours au service des " anciens ",pour les aider dans leur cheminement dont on se plaît à croire qu'il n'a plus pour seul but que de partager un peu de sagesse ou de réflexion acquises au fil du temps. Cependant, au-delà de cette fonction " sustentive ", le bâton médiéval a connu une évolution qui a changé la face du monde. Si l'écriture a structuré la pensée, la mesure a permis l'ordonnancement, l'élévation, la modélisation. Les maîtres bâtisseurs ont défini le pouce, la paume, l'empan, le pied, la coudée… Symboliser l'espace, définir une abstraction, requerrait probablement, à l'époque, un esprit éclairé. L'initialisation e cette réflexion menée par des hommes épars, aboutissant au fil des temps à une définition propre à chaque contexte, a sûrement contribué à changer la face du monde. A tous ces égards, nous devons donc beaucoup au bâton. D. M.

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Crosse : neuf. Entreprise dont les aspirations et les buts sont élevés. Généralement protégée à condition que les vues altruistes ne soient pas écartées et que le progrès social soit présent. Evolution spirituelle. Préparation d'un nouveau cycle, celui de l'homme, du un, du bâton. Dignité, fierté et altruisme. Idéal, vocation,dévouement à autrui. Transformation et sublimation. Ferme la boucle et te ramène au premier. C'est le symbole des autres, de l'esprit large et ouvert sur l'univers. Pour les évêques, il représente la liaison avec l'esprit saint, gardien du troupeau. Bâton : un. Dynamisme, énergie, courage. Renouveau favorable pour une évolution positive. Initiative personnelle, avancement personnel, évolution du moi, inversion de la crosse du neuf pour devenir le je. Courage et assurance. Volonté et autorité. Confiance en soi. Ambition, idée de renouveau, de liberté de passage. Du mouvement à l'enracinement. Joint la terre au ciel, le matériel à l'esprit. Signe de renaissance mais aussi de reconnaissance. Intelligence. Homme existant. Être créé. Il ne divise pas, il génère et régénère. L'univers se construit autour de lui. Il est centre du cercle. C'est le yang dont le symbole est un trait continu. Il peut aussi symboliser la lettre première, Aleph, imagée par Orion, armé d'une massue, géant qui poursuit les Pléiades aux abords de la constellation du Taureau céleste. Il peut aussi représenter Kether, la couronne de l'arbre des Séphiroth ; commencement de toute chose, cause première, unité principe, esprit pur. Sujet pensant unique et universel, se réfractant dans le Moi de toute créature intelligente. Le bâton point d'appui du penseur. Penser : c'est notre capacité à aller dans hier et à rêver demain. Le bâton nous relie à la Terre hier et à l'espace demain, il relie le matériel au spirituel. Le bâton aide le pèlerin dans son déplacement, il favorise son transport. « Avance, va, aujourd'hui est une récompense. Réjouis toi de l'instant présent, et construit l'avenir. » Le bâton représente la quête spirituelle d'amour et de plénitude. Il est l'appui nous permettant d'avancer vers demain. Mais, pour avoir la certitude que nous vivrons un demain construit, il faut penser que nous sommes aujourd'hui ce que nous avons pensé hier et que nous serons demain ce que nous pensons aujourd'hui. Car nous sommes libres de notre vie puisque nous avons le choix de penser, c'est même sûrement la liberté essentielle de l'homme : sa liberté de penser. Ligoté, bâillonné, nul ne nous empêchera de penser, et la pensée crée le réflexe du corps et installe les événements de notre vie, elle est le contenant de notre éternité.


Le bâton c'est l'axe, l'axis mundis, le caducée autour duquel s'enroule les serpents de l'énergie vitale, le positif et le négatif. C'est aussi, en alchimie, le partiteur du cercle où la vitalité se polarise en actif et en passif pour engendrer d'une part en axe vertical médian du cercle, le nitre, sel infernal, explosif, source de déflagration mais aussi d'énergie agissante, et d'autre part en axe horizontal médian, le sel marin, placide, stable, neutre, tendant toujours au repos réparateur et à l'équilibre.

SEL

NITRE (Salpêtre)

Le niveau opposé à la perpendiculaire, l'une explosive et agissante, participe au dégrossissement de la pierre brute, l'autre façonnant, permet le passage en douceur à la maîtrise de soi. Le bâton, c'est aussi l'un des attributs de l'Ermite, neuvième arcane du tarot correspondant à la lettre Teth et à la séphiroth Yesod (le fondement). Il est sous la puissance du nombre neuf (la crosse du gardien du troupeau), symbole solaire de l'étoile à huit rayons que l'on retrouve sur le blason des templiers. En F M les rituels incorporent le neuf comme nombre sacré, principalement au grade de M, mais ce nombre est aussi réemployé dans divers rituels des Hauts Grades. Neuf est le nombre de la vie, de sa germination, de son éclosion. Il est hors de doute que l'Ermite apporte les paroles régénératrices, qu'il met sur la voie du salut. L'Ermite engendre l'hornme complet. Philippe Eberhardt dit à propos du bâton de l'Ermite qu'il orthographie d'ailleurs avec un H, le rapprochant .d'Hermès Trismégiste : « Souviens toi fils de la Terre, que la prudence est l'armure du sage. La circonspection lui fait éviter les écueils ou les abîmes et pressentir la trahison. Prend la pour guide dans tous les actes, même dans les plus petites choses. Rien n'est indifférent ici bas ; un caillou peut dévier le char d'un maître du monde. Souviens toi que si la Parole est d'argent, le silence est d'or. » Pour Oswald Wirth, c'est un être expérimenté qui connût le passé dont il s'inspire pour préparer l'avenir. Son allure est prudente, car, armé d'un bambou aux sept noeuds mystiques, il sonde le terrain sur lequel il avance avec lenteur, mais sans arrêt. S'il rencontre sur son chemin le serpent des convoitises égoïstes, il ne cherche pas à imiter la femme ailée de l'Apocalypse qui pose le pied sur la tête du reptile, allusion au mysticisme ambitieux de vaincre toute animalité. Le sage préfère charmer la bête, afin qu'elle s'enroule autour de son bâton comme autour de celui d'Esculape. Il s'agit en effet des courants vitaux que le thaumaturge capte en vue d'exercer la médecine des initiés. Il ne tâte pas le sol en aveugle car une lumière discrète éclaire sa marche infatigable et sûre.


Son bâton lui sert à se diriger et à avancer contrairement au Mat ou Fou de l'Arcane sans numéro qui lui, traîne sa canne. Sans numéro, donc sans signification puisque le Tarot est l'un des livres de lecture de l'arbre Séphirotique. S'il n'a pas de numéro, il n'a pas de lettre, la numérotation et l'alphabet étant liés dans le système hébraïque. Quelle peut donc être la nature profonde de ce fou qui dissimule son être intérieur sous cette apparence de folie ? Le sage est la risée des ignorants. L'initié reçoit l'attaque des profanes. L'inspiré passe pour un fou. Insensible à la morsure du monde profane comme le dit Edmond Delcamp, c'est le vagabond en marche sur un sol riche alors que son baluchon est flasque. Il est le migrant, le juif errant qui ne peut s'arrêter, se fixer, se stabiliser. Il est l'inconnaissable. Cet être au bâton, ce vagabond du temps et de l'espace, ce fou a-t-il atteint la liberté totale, idéal de la sagesse ? Rien ne le touche, rien ne l'émeut, ni l'approbation, ni le mépris, ni la commisération, ni la condamnation des hommes. Revenons au bâton de l'Ermite, qui lui, relie la Terre et le Ciel puisant les énergies silencieusement accumulées avec patience, à l'abri de toute infiltration perturbatrice qui déploieront une irrésistible puissance quand l'heure sera venue. Tout ce qui doit prendre corps s'élabore en secret, dans l'antre obscur des gestations où se poursuit l'oeuvre cachée. Sans isolement rien ne se concentre, et sans concentration préalable, aucune action magique ne saurait être exercée. En Yesod, le fondement immatériel des êtres objectifs, se synthétisent les énergies créatrices virtuelles appliquées à une réalisation déterminée. Avant de prendre corps, tout préexiste en concept abstrait, en intention, en plan arrêté, en image vivante animée de dynamisme réalisateur. Menant de la matérialité terrestre à l'esprit éthéré, l'Ermite, par son bâton, est le MCompqui travaille sur la planche à tracer où il arrête le plan précis de la construction projetée. La figure qui apparaît communément sur cette planche est un carré aux côtés prolongés, constituant neuf divisions dans lesquelles peuvent s'inscrire les neuf premiers chiffres que les adeptes disposent en carré magique de Saturne. Ainsi disposés, les nombres impairs forment une croix centrale très significative reliant la partition horizontale et verticale du cercle par le bâton. Alors que les nombres pairs sont relégués aux angles, comme s'il devaient se rapporter au quaternaire des éléments. Sans aborder des explications qui mèneraient trop loin, et que nous avons déjà envisagées lors de l'étude des carrés magiques, bornons-nous à indiquer que le noyau animique de l'être virtuel est représenté par le 5 (quintessence), chiffre flanqué de 3 (idéalité formatrice) et de 7 (âme dirigeante) alors qu'il est dominé par 1 (esprit pur) et soutenu par 9 (synthèse des virtualités réalisatrices). C'est peut être dans ce sens que l'on peut relier ces deux arcanes au bâton, énergie et dynamisme à la crosse du berger ou d'évêque ouverte sur l'Univers et la largesse d'esprit. J.F.L. ___________________________________________________________________________


" Voici le Bâton du Voyageur, décoré aux couleurs de notre Rite. Qu'il vous serve d'appui, moral et physique, pour surmonter les difficultés de votre route. Qu'il vous serve aussi d'arme pour vous défendre et défendre nos Lois et notre Honneur, s'ils étaient bafoués." Telles sont les paroles adressées à l'Apprenti par le Vénérable Maître lors de sa réception au Deuxième Degré , au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Il est visible, à ce moment, qu'il existe un rapport entre ce nouveau Compagnon et le Maître de Cérémonies qui se tient à l'Ordre au bas des marches de l'Orient. "… Frère Compagnon, vous voilà prêt. Partez joyeux et la tête haute, le Chantier vous est ouvert. Que l'Etoile qui brille dans ce temple de mille feux vous serve de guide…" Le Vénérable alors, donne l'accolade au Compagnon, le prend par l'épaule et fait le tour du Temple avant de l'accompagner en se dirigeant lentement vers la porte. Si le Vénérable fait face à l'Occident, cela signifie symboliquement qu'il est identifié au soleil levant, et que de ce fait il conduit la lumière en direction des régions obscures. Il incarne le matin, le renouveau, le commencement. Le Maître de Cérémonies, quant à lui, conduit la marche. L'insigne de sa fonction est une canne, et il est symboliquement identifié à Mercure, le messager. Mercure, c'est Hermès, dont l'insigne est le Caducée, baguette qu'il interposa entre deux serpents en lutte prêts à se dévorer et qui donne la vie. Hermès est le Dieu qui divise et qui unit, celui qui pose les bornes et aide à les franchir. C'est encore lui qui conduit les voyageurs ou parfois les égare. Le Maître de Cérémonies "permet" le mouvement. Assimilé au mercure, il a le pouvoir de purifier et de fixer l'or. Par projection, le nouveau Compagnon, alchimiquement identifié au Soufre (Esprit, contenu) et au Sel (Corps, contenant) est relié par son Bâton au Mercure (Ame, ambiant), qui va lui permettre de se purifier et de se transformer en or spirituel en lui imprimant le mouvement de la vie. En chacun de nous la violence doit s'apaiser et laisser place à la force subtile, force invisible de ce qui est visible, qui n'évoluera dès lors qu'à l'appel du sage. XXX Comment ne pas penser aux origines légendaires du rapport entre l'Homme et le Bâton ? Le jour où le préhominien se redressa pour se tenir debout, les deux pattes avant libres il cueillit une branche à sa taille, un bâton pour se défendre, pour attaquer, pour menacer et, s'il était fort, pour se faire respecter par tous les autres membres de son clan, enfin pour s'appuyer, lorsque sur la fin de sa vie, la longue marche devenait fatigante.


La branche arrachée à l'arbre, il la prend dans la main par le bout qui était attaché au tronc et, quand il la trouve bien à sa main, bien à sa taille, il la garde… Bien plus tard, il prendra conscience des différences de dureté du bois, de la solidité, de la résistance à l'usure. Certains arbres altiers lui sembleront être les bâtons de géants invisibles et par leur rectitude, lui paraîtront réaliser, dans leur unité apparente, la résolution d'éléments contraires, de forces opposées. A la fois source du feu, qui réchauffe mais aussi qui tue; flottant sur l'eau qu'il vainc, mais vaincu par elle lorsqu'il donnera naissance au feu: il est le deux en un, symbole vivant. Nietzsche écrit:

"…Cet arbre s'élève seul sur la montagne; il a grandi bien au-dessus des hommes et des bêtes. Et s'il voulait parler, personne ne pourrait le comprendre: tant il a grandi. Dès lors il attend et ne cesse d'attendre – quoi donc ? Il habite trop près du siège des nuages : il attend peut-être le premier coup de foudre ?"

Arbre puissant, planté en terre, il symbolise aussi l'acte générateur: né de la terre (la mère), il féconde la terre (la femme). Arbre de vie, il est le père, et dans sa verticalité grandissante, il va vers Dieu et devient Dieu. Son tronc se fait corps, son feuillage chevelure, il a pour sang la sève et renvoie à l'homme son image, mort ou vivant. Ses cendres donnent à l'homme l'image de son propre retour à la poussière, et lorsque la tradition veut que les cadavres soient brûlés sur un bûcher, c'est dans l'intimité du bois qu'ils le sont, mêlant ainsi cendres humaines et végétales dans l'unité des êtres morts. Le bûcher est dressé face au soleil, afin que le feu d'en bas rejoigne le feu d'en haut. Il y a aussi une vie végétative en l'homme, inconsciente, qui le rapproche du végétal supérieur qu'est l'arbre. Comme un souvenir latent, profondément enraciné en lui, d'un monde végétal auquel il aurait appartenu avant sa propre apparition. Avant le mouvement, il y avait l'immobilité; avant la conscience, l'inconscience. Il n'en reste pas moins que c'est l'arbre … " qui, à l'origine du monde, a emprunté au soleil son énergie pour la transmettre au règne animal en qui il a fait "passer"(…) un explosif que la vie a fabriqué en emmagasinant de l'énergie solaire." BERGSON ( L'énergie spirituelle )


Dans les ouvrages d'alchimie, l'arbre apparaît souvent. Chez Basile Valentin, l'arbre céleste s'inscrit dans deux triangles, dont l'un est inversé par rapport à l'autre. Il s'inspire ici d'une école hermétique ancienne (Thomas d' Aquin), pour qui le triangle représente la divinité, mais inversé, la nature humaine. Le premier triangle figurant le feuillage, le second le tronc jusqu'aux racines, l'arbre symbolise ainsi l'union du ciel et de la terre, de Dieu et de l'Homme, comme dans le Sceau de Salomon , étoile à six branches de la tradition Kabbalistique.

Le Zohar, livre de la splendeur, offre ces deux triangles inversés et opposés par leur couleur ( noir et blanc, lumière et ombre ) C'est l'homme fait à l'image de Dieu. .

La Kabbale juive a regroupé en un arbre, dit séphirotique, les dix attributs de Dieu, chacun d'eux correspondant à une partie du corps, à une planète.


Parcelle arrachée à l'arbre qui parle en silence aux dieux, la branche cassée devient dans les mains du préhominien l'objet qui va lui donner force et pouvoir. S'il en fait une arme, défensive ou offensive, quand prendra-t-il conscience qu'elle peut devenir outil de construction ? " Le Bâton est en effet l'Archétype, au sens platonicien du terme, de tous les outils auxquels s'adjoindront plus tard ceux de la Pierre (…) On n'ose à peine mesurer les quantités de siècles qu'il a fallu, pour que le Sinanthrope inscrive les mesures des rapports sur le bâton ancestral, afin que le bâton devienne un instrument de mesure…: la Règle – pour que cette première règle devienne par adjonction d'un autre instrument de rectitude la première figure plane, l'Equerre, et enfin devenir la figure plane mais fermée, le triangle (…) Et pourtant, l'homme, lorsqu'il se promène la canne ou le bâton à la main, le roi lorsqu'il tient son sceptre ou le chef des bergers avec son bâton, le pontife avec sa crosse épiscopale, retrouvent les gestes ancestraux des Sinanthropes qui avaient adapté la branche cassée pour s'y appuyer". Eliane BRAULT (Psychanalyse de l'Initiation maçonnique ) Pour les Compagnons, le bâton a une signification symbolique. La canne était individuelle, et il y avait treize manières de l'utiliser : manière de paix, de dévouement, de confiance; mais aussi de mépris, de provocation… Elle servait en outre d'arme de combat et de défense. Parfois creuse, elle contient encore aujourd'hui le brevet de compagnon de son propriétaire, en souvenir de l'assassinat de Maître Jacques. Elle est l'emblème de son SAVOIR.


Dans le Tarot Hermétique, le Fou divin est représenté en mouvement, le bâton à la main, le viatique sur l'épaule, le regard ni en avant, ni en arrière, mais en luimême. Le chien qui le pousse est l'Agent secret, le premier sel confectionné par l'adepte. Il cherche son Chemin . Visite la terre intérieure, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée véritable médecine…. VITRIOLUM des alchimistes. L'Ermite ou le Sage (carte n°9 du Tarot) a trouvé son Chemin et se retire du vacarme du monde extérieur, par sa concentration et son absorption qu'il a atteintes par une force cachée en lui-même, et provenant de l'Eternité ou du ZERO. C'est dans l'équilibre parfait, solidement appuyé sur la terre, que l'initié va capter les courants vitaux d'énergie solaire et les utiliser pour pratiquer la médecine des initiés. Le chiffre 9 symbolise ici l'ennéade divine des Egyptiens. En langage égyptien, ennéade se traduit par PSZ, qui signifie aussi briller: c'est la naissance, le commencement d'un nouveau cycle, comme le soleil annonce la naissance d'un nouveau jour. A ce stade, l'initié est le reflet du Créateur comme la Lune est celui du Soleil: "L' Homme fut créé à l'image de Dieu " dit la Genèse. Il donne sa lumière spirituelle et physique, comme étant le moyen ou l'intermédiaire choisi par le Créateur pour la donner aux hommes. Dans la Chapelle blanche de Senousret Ier, à Karnak, on peut voir gravé sur le mur l'enlacement du dieu Min et du roi . La force de l'univers n'existe que par l'action conjuguée entre le dieu et l'homme. Ici s'exprime le véritable sens ésotérique de la communion.

Etait-ce cette communion qu'allaient chercher à Compostelle les Compagnons, bien avant que le pèlerinage chrétien ne prenne le relais ? Ils n'avaient pas de " bourdon ", mais bien une canne de jonc, et venaient de l'Europe entière. Cette canne, emblème de leur savoir, leur rappelait à chaque pas les engagements qu'ils avaient pris. Elle servait à la cérémonie de reconnaissance, le " topage " au cours de laquelle ils dessinaient dans l'air les lettres I, puis en réponse N, …D, puis en réponse G. Après une accolade, main gauche posée sur l'épaule droite du partenaire, ils posaient leurs cannes à terre et engageaient le dialogue suivant:


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Que faisons-nous ? Le Tour de France. Que sommes-nous ? Les Enfants de la Veuve. Que cherchons-nous ? Hiram. Où le trouverons-nous ? Sous les gravats, recouvert d'une branche d'acacia.

Puis ils se serrent la main, par signe d'attouchement. Le langage silencieux avec l'aide de la canne va bien au-delà des lettres tracées dans l'air. Il se situe dans le temps avant la parole, avant l'expression du Verbe. Au cœur du ZERO. Projection sur terre du dieu qui brandit l'éclair, source de l'énergie. Fils du même Père, venus au monde à l'image du Père. Bâtons de Feu qui virevoltent dans l' Air. Jonction de deux Gémeaux (signe d'air gouverné par la planète Mercure). Soif insatiable de Savoir . Le Savoir, domaine de Mercure, est le début et l'aboutissement de l'action qui tend à la Sagesse. Hermès (Mercure) était considéré comme un dieu du vent, à cause de sa rapidité. On le représentait avec un grand chapeau, symbole des nuages, et un bâton à la main. " Notre canne est un labyrinthe comme celui de la Cathédrale, elle est la règle à vingt-quatre pouces, passage direct du Coq au Puits. Elle nous soutient durant notre "Tour" et nous aide à chercher l'entrée au Mystère de la grotte; ainsi elle nous permet de visiter l'intérieur de la terre où en travaillant par la Géométrie nous découvrirons la Pierre des Maîtres Compagnons, n'oubliant pas que ce travail ne peut s'accomplir qu'au rythme de la musique des Sphères qu'un Maître Forgeron appelé Tubalcaïn composa pour nous il y a bien longtemps." Compagnon Henri CEVAY ( Merveilleuse Notre- Dame de Lausanne ) Le labyrinthe est un chemin symbolique qui mène l’homme de la terre à Dieu. La démarche du labyrinthe ne consiste pas seulement à aller jusqu’au centre mais à en repartir. Involution, évolution. Le coq est le symbole de la lumière naissante. Il est associé à Mercure et correspond au mercure alchimique. Le puits est celui de la Connaissance, dont le bord est "secret" et la profondeur "silence" . Silence du sage. C'est aussi le symbole de l'homme qui a atteint la connaissance : " Chose inouïe, c'est au-dedans de soi qu'il faut regarder le dehors. Le profond miroir sombre est au-dedans de l'homme. Là est le clair-obscur terrible…En nous penchant sur ce puits, nous y apercevons à une distance d'abîme, dans un cercle étroit, le monde immense." Victor HUGO


Si la musique des sphères est ici attribuée à Tubalcaïn, l'ancêtre de tous les forgerons, alors que cette conception est rattachée spécifiquement aux Pythagoriciens, il semblerait que ce soit l'aspect cosmogonique, créateur et initiatique de la forge qui doive ici être retenu. Le Forgeron est celui qui va transformer le minerai en outil, celui qui domine les éléments et les maîtrise. La terre (minerai), le feu (foyer), l'air (le soufflet) et l'eau pour tremper le métal. Il est celui qui forge le ciel et qui forge la terre. Il est celui qui les unit. Il forge la foudre. Des deux outres de peau qui lui servent de soufflet, et qu'il vide alternativement au travers du bec unique, il attise le feu. Il est le seul à " passer du Deux au Un ". C'est le grand alchimiste qui préside au Grand Œuvre, qui orchestre le mouvement des astres en lui insufflant l'énergie qu'il a su maîtriser... Sphère du pommeau de la canne enrubannée, qui pourrait représenter Kether, la " couronne de la tête", surmontant le serpent d'énergie de la Kundalini… Pommeau sphérique blanc chez les tailleurs de pierre et octogonal noir chez les charpentiers. Rubans aux trois couleurs: blanc, rouge et vert, que l'on retrouvera en FrancMaçonnerie au 1er et 33ème degrés, ainsi qu'aux 18ème et 15ème degrés. XXX Un matin, au plus profond d'une forêt primitive, au détour d'un sentier, je rencontrai un paysan africain. Une machette à la main, il avait surgi en silence. Instant de surprise ou de peur, suivi de cette vision du temple de l'autre. Peut-être avait-il saisi en cet instant d'éternité quelques bribes de mon silence. Il m'a souri et dit dans sa langue: "où est celui que tu cherches, mon frère ?" Non pas "où vas-tu, en quel lieu te rends-tu ? "Où est celui que tu cherches, mon frère ? Pour lui, le chemin à parcourir n'était qu'un moyen, le lieu à atteindre un simple leurre. Au terme du chemin, " qui " y a-t-il ? Sous quelle couche de gravats ? Partir d'abord à la recherche de la branche d'acacia.

G.H. ___________________________________________________________________ . Nous avions pensé organiser la prochaine réunion le jeudi 27 juin, mais quelques frères et sœurs étant empêchés ce jour là, je vous propose de nous réunir le vendredi 28 juin, à 20 heures chez Gérard. Après réflexion en ce qui concerne nos agapes, il reste plus simple de préparer la cuisine rapide sur place. On fera les comptes ensuite et chacun pourra apporter son obole s'il le peut. Le thème de la réunion sera : " le quatrième pilier ". Affûtez vos méninges !!!


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