Dossier Guichen

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GUiCHEN

La CRoiSSaNCE SaNS RiSQUES La commune a toujours revendiqué son âme rurale. Maire depuis plus d’un quart de siècle, Joël Sieller s’est attelé à développer sa ville sans la brusquer. Doucement mais sûrement, il souhaite désormais affirmer Guichen comme un pôle d’appui autour de la capitale bretonne.

Par Benjamin Keltz benjamin.keltz@lemensuelderennes.fr Photos Romain Joly

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alles rénovées, église retapée, commerces relancés par de jeunes professionnels… L’artère principale de Guichen s’est offert une seconde jeunesse ces dernières années. Au bout de la rue du Général-Leclerc, la mairie trône. Le bâtiment a vu les décennies effriter sa façade. Le contraste est saisissant entre cette pimpante chaussée centrale et cette mairie vieillotte. Comme si Guichen n’avait pas réussi à choisir entre son passé et son avenir. Comme si la commune se retrouvait tiraillée entre une âme rurale et des penchants urbains. Joël Sieller, l’actuel maire, porte sur ses épaules le bilan de l’évolution guichenaise lors du dernier quart de siècle. Peu importe que 27 ans se soient écoulés depuis sa prise de fonction : l’ancien ingénieur parle toujours de Guichen de la même manière. Cette ville, située à vingt kilomètres de Rennes, le long de la quatre voies menant à Redon, reste « un bourg où vit une population de village ». De la Grande-Sadouve au sud à Pont-Réan au nord, 7 300 habitants sont dispersés sur 43 kilomètres carrés, privant le cœur de la commune d’une vie hyperactive. Au-delà du contexte géographique, l’élu étiqueté divers droite apprécie la nuance sémantique : « J’ai effectivement du mal à dire que Guichen est une ville. Une "ville" signifie que l’on est plus éloigné de la population. » Pour l’opposition municipale emmenée par Françoise Kieffer, voilà la preuve que la majorité est « passéiste et sans ambition ». Selon les élus de la minorité, la commune serait gérée « comme si elle ne comptait que 3 000 habitants ». Joël Sieller ne renie pas son étiquette de « maire à l’ancienne ». Le patron connaît le moindre lieu-dit de sa commune et la situation familiale de chacun ou presque de ses administrés. Il n’hésite pas à faire patienter les journalistes du Mensuel pour répondre aux questions d’une Guichenaise incapable de décrypter son plan cadastral. Il court lui-même dans les couloirs de la mairie pour récupérer des documents plus compréhensibles.

Evolution mesurée Depuis l’arrivée de Joël Sieller à la tête de Guichen, en 1983, la commune n’a accueilli que 2 000 nouveaux venus. L’élu n’a jamais été ten-

« Malgré les aménagements, Guichen a conservé sa qualité paysagère et environnementale, martèle Didier Le Diagon, adjoint aux travaux et à l’environnement. Personne ne peut dire que nous avons dénaturé la commune. »

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Le Mensuel Mensuel/mai /mai 2010

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té de suivre le rythme effréné de sa voisine bruzoise. Là-bas, les grues n’ont cessé de fonctionner, afin de loger toujours plus d’habitants. Bruz a plus que doublé sa population en vingt ans (lire Le Mensuel n°1, mars 2009). Grandir ? Joël Sieller n’a jamais été contre… Tant que « Guichen reste Guichen ». Doucement mais sûrement, l’édile défend « un développement urbanistique harmonieux ». Il a tout construit ou presque. Avant son installation dans le fauteuil de maire, la cité n’avait connu que la création des groupes scolaires du centre-ville et d’un lotissement à la fin des années 70. Les autres se sont ensuite greffés au compte-gouttes au fil des mandats. Dix hectares par-ci, dix autres par là. Services et équipements ont aussi été densifiés. « Pour les jeunes par exemple, il n’y avait rien ou presque quand j’étais ado », se rappelle Sylvain Delfau, 36 ans, responsable de Radio laser. Voilà 18 ans que le dynamique trentenaire

tués à Pont-Réan constitue LE dossier du mandat. Un cinquième de la surface devrait accueillir 250 nouvelles habitations. Sur une quinzaine d’hectares, des locaux pour des entreprises tertiaires seront aménagés (lire p.59). Pour le reste, le flou persiste. De quoi agacer les élus de gauche : « Les dossiers sont gérés au jour le jour. Demandez au maire à quoi ressemblera la commune en 2020, il ne sera pas capable de vous répondre. » Michèle Motel, socialiste dissidente ayant créé une deuxième opposition municipale (lire p.61), s’inquiète

D’ici à 2020, Guichen devrait accueillir 10 000 habitants a posé son émetteur sur la commune. Le responsable associatif évoque la création de l’Espace Galatée, où ses studios ont pris place depuis un an. Il constate : « Guichen a vécu un tournant dans les années 90. La radio comme ce centre culturel datent de cette période. » C’est aussi le moment qu’a choisi le président du cinéma associatif pour pousser la porte du bureau du maire. Installé à quelques pas de l’hôtel de ville, dans des locaux quasi insalubres, Michel Camus a convaincu le conseil municipal de construire une nouvelle structure flambant neuve. Depuis l’ouverture des deux salles du Bretagne en 2005, environ 30 000 billets sont vendus chaque année. Au Salon Ille et bio, vitrine de la commune, 14 000 entrées ont été enregistrées en octobre dernier. Après 18 ans d’existence, la manifestation va trouver son prolongement permanent dans la construction d’un écopôle. Ce bâtiment écologique devrait pousser en plein centre-ville d’ici à quelques mois.

Du village à la ville Une salle de danse, une quatrième salle de sport, une piscine (lire p.58)… devraient suivre dans les années à venir. Revigoré par l’arrivée de tous ces équipements phares, Guichen devrait accueillir 10 000 habitants d’ici à 2020. Les élus n’en doutent pas. Pour s’y préparer, l’équipe Sieller a prévu de transformer le domaine de la Massaye en Zac. L’aménagement de ces cinquante hectares si-

A l'image des halles, l'artère principale de Guichen s'est offert une nouvelle jeunesse.

autant que ses anciens colistiers : « Il y a déjà pléthore de bureaux à Bruz et à Chartres. Le projet économique n’a pas été réfléchi. » Les attaques ne font pas vaciller la majorité. La concrétisation de ce « pari » lui permettrait de projeter Guichen un peu plus dans une position de « pôle relais », à l’instar de Liffré, Montfort ou Janzé. Au point d’intégrer Rennes Métropole ? La question revient régulièrement sur la table depuis quelques semaines (lire p.59). Si Guichen n’est pas encore prête à brader son âme rurale, elle aura de plus en plus de mal à résister aux appels du pied de l’agglomération rennaise. Dans son bureau, l’édile et ses adjoints le concèdent : « Plus Guichen se développe, plus nos habitants sont tournés vers Rennes Métropole, plus la commune entre d’ellemême dans le "grand Rennes". »

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La CRoiSSaNCE SaNS RiSQUES La commune a toujours revendiqué son âme rurale. Maire depuis plus d’un quart de siècle, Joël Sieller s’est attelé à développer sa ville sans la brusquer. Doucement mais sûrement, il souhaite désormais affirmer Guichen comme un pôle d’appui autour de la capitale bretonne.

Par Benjamin Keltz benjamin.keltz@lemensuelderennes.fr Photos Romain Joly

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alles rénovées, église retapée, commerces relancés par de jeunes professionnels… L’artère principale de Guichen s’est offert une seconde jeunesse ces dernières années. Au bout de la rue du Général-Leclerc, la mairie trône. Le bâtiment a vu les décennies effriter sa façade. Le contraste est saisissant entre cette pimpante chaussée centrale et cette mairie vieillotte. Comme si Guichen n’avait pas réussi à choisir entre son passé et son avenir. Comme si la commune se retrouvait tiraillée entre une âme rurale et des penchants urbains. Joël Sieller, l’actuel maire, porte sur ses épaules le bilan de l’évolution guichenaise lors du dernier quart de siècle. Peu importe que 27 ans se soient écoulés depuis sa prise de fonction : l’ancien ingénieur parle toujours de Guichen de la même manière. Cette ville, située à vingt kilomètres de Rennes, le long de la quatre voies menant à Redon, reste « un bourg où vit une population de village ». De la Grande-Sadouve au sud à Pont-Réan au nord, 7 300 habitants sont dispersés sur 43 kilomètres carrés, privant le cœur de la commune d’une vie hyperactive. Au-delà du contexte géographique, l’élu étiqueté divers droite apprécie la nuance sémantique : « J’ai effectivement du mal à dire que Guichen est une ville. Une "ville" signifie que l’on est plus éloigné de la population. » Pour l’opposition municipale emmenée par Françoise Kieffer, voilà la preuve que la majorité est « passéiste et sans ambition ». Selon les élus de la minorité, la commune serait gérée « comme si elle ne comptait que 3 000 habitants ». Joël Sieller ne renie pas son étiquette de « maire à l’ancienne ». Le patron connaît le moindre lieu-dit de sa commune et la situation familiale de chacun ou presque de ses administrés. Il n’hésite pas à faire patienter les journalistes du Mensuel pour répondre aux questions d’une Guichenaise incapable de décrypter son plan cadastral. Il court lui-même dans les couloirs de la mairie pour récupérer des documents plus compréhensibles.

Evolution mesurée Depuis l’arrivée de Joël Sieller à la tête de Guichen, en 1983, la commune n’a accueilli que 2 000 nouveaux venus. L’élu n’a jamais été ten-

« Malgré les aménagements, Guichen a conservé sa qualité paysagère et environnementale, martèle Didier Le Diagon, adjoint aux travaux et à l’environnement. Personne ne peut dire que nous avons dénaturé la commune. »

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té de suivre le rythme effréné de sa voisine bruzoise. Là-bas, les grues n’ont cessé de fonctionner, afin de loger toujours plus d’habitants. Bruz a plus que doublé sa population en vingt ans (lire Le Mensuel n°1, mars 2009). Grandir ? Joël Sieller n’a jamais été contre… Tant que « Guichen reste Guichen ». Doucement mais sûrement, l’édile défend « un développement urbanistique harmonieux ». Il a tout construit ou presque. Avant son installation dans le fauteuil de maire, la cité n’avait connu que la création des groupes scolaires du centre-ville et d’un lotissement à la fin des années 70. Les autres se sont ensuite greffés au compte-gouttes au fil des mandats. Dix hectares par-ci, dix autres par là. Services et équipements ont aussi été densifiés. « Pour les jeunes par exemple, il n’y avait rien ou presque quand j’étais ado », se rappelle Sylvain Delfau, 36 ans, responsable de Radio laser. Voilà 18 ans que le dynamique trentenaire

tués à Pont-Réan constitue LE dossier du mandat. Un cinquième de la surface devrait accueillir 250 nouvelles habitations. Sur une quinzaine d’hectares, des locaux pour des entreprises tertiaires seront aménagés (lire p.59). Pour le reste, le flou persiste. De quoi agacer les élus de gauche : « Les dossiers sont gérés au jour le jour. Demandez au maire à quoi ressemblera la commune en 2020, il ne sera pas capable de vous répondre. » Michèle Motel, socialiste dissidente ayant créé une deuxième opposition municipale (lire p.61), s’inquiète

D’ici à 2020, Guichen devrait accueillir 10 000 habitants a posé son émetteur sur la commune. Le responsable associatif évoque la création de l’Espace Galatée, où ses studios ont pris place depuis un an. Il constate : « Guichen a vécu un tournant dans les années 90. La radio comme ce centre culturel datent de cette période. » C’est aussi le moment qu’a choisi le président du cinéma associatif pour pousser la porte du bureau du maire. Installé à quelques pas de l’hôtel de ville, dans des locaux quasi insalubres, Michel Camus a convaincu le conseil municipal de construire une nouvelle structure flambant neuve. Depuis l’ouverture des deux salles du Bretagne en 2005, environ 30 000 billets sont vendus chaque année. Au Salon Ille et bio, vitrine de la commune, 14 000 entrées ont été enregistrées en octobre dernier. Après 18 ans d’existence, la manifestation va trouver son prolongement permanent dans la construction d’un écopôle. Ce bâtiment écologique devrait pousser en plein centre-ville d’ici à quelques mois.

Du village à la ville Une salle de danse, une quatrième salle de sport, une piscine (lire p.58)… devraient suivre dans les années à venir. Revigoré par l’arrivée de tous ces équipements phares, Guichen devrait accueillir 10 000 habitants d’ici à 2020. Les élus n’en doutent pas. Pour s’y préparer, l’équipe Sieller a prévu de transformer le domaine de la Massaye en Zac. L’aménagement de ces cinquante hectares si-

A l'image des halles, l'artère principale de Guichen s'est offert une nouvelle jeunesse.

autant que ses anciens colistiers : « Il y a déjà pléthore de bureaux à Bruz et à Chartres. Le projet économique n’a pas été réfléchi. » Les attaques ne font pas vaciller la majorité. La concrétisation de ce « pari » lui permettrait de projeter Guichen un peu plus dans une position de « pôle relais », à l’instar de Liffré, Montfort ou Janzé. Au point d’intégrer Rennes Métropole ? La question revient régulièrement sur la table depuis quelques semaines (lire p.59). Si Guichen n’est pas encore prête à brader son âme rurale, elle aura de plus en plus de mal à résister aux appels du pied de l’agglomération rennaise. Dans son bureau, l’édile et ses adjoints le concèdent : « Plus Guichen se développe, plus nos habitants sont tournés vers Rennes Métropole, plus la commune entre d’ellemême dans le "grand Rennes". »

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doSSier SPéciAL guichen PoNt-RéaN

GUiCHEN Et « le Plus grand lieu-dit de France » Le quartier de Pont-Réan vit dans son coin en bord de Vilaine. Pendant plus d’un siècle, ses habitants ont cherché à s’émanciper de la tutelle guichenaise. Désormais, ce lieu-dit, équipé comme une commune, cherche un nouveau souffle.

ticularité découle des velléités d’indépendance des habitants du bord de la Vilaine. Dans son ouvrage Escale à Pont-Réan, Patricia Chevrié retrace les différentes tentatives de « sécession », dont la première, en 1848. L’évêque de Rennes réclame alors la création d’une paroisse sous la pression des Pont-Réannais. Vingt ans plus tard, après de nombreuses prises de bec, la première pierre de l’église est posée. Coup de tonnerre à Guichen en mai 1864. Après avoir fait réviser les délimitations paroissiales, les Pont-Réannais implorent le ministre et demandent une « érection de leur hameau en commune ». Le décret de Saint-Cloud

V

« Il y a une âme spéciale à Pont-Réan, et cela remonte à loin. L’église a par exemple été construite grâce aux dons des Pont-Réannais », s’enthousiasme Patricia Chevrié, auteure d’Escale à Pont-Réan.

vient calmer les « indépendantistes ». Plus tard, quelques personnalités relancent l’idée. Le docteur Even, propriétaire du domaine de la Massaye, aurait ainsi milité pour l’émancipation de Pont-Réan dans les années 30. Plus récemment, une poignée d’habitants a plaidé la cause à travers une « feuille de chou » qui a disparu au bout de quelques numéros. Le maire actuel ne veut pas entendre parler de guerre de clochers. Pont-Réan, selon lui, a d’autres soucis. Depuis le départ des marins du

domaine de la Massaye et la récente fermeture de l’antenne du CHU, l’activité dans le bourg n’a jamais été aussi faible. Pour preuve : aucune banque n’a accepté d’y installer un distributeur de billets, malgré le lobbying de la municipalité. Cette dernière compte désormais redynamiser l’économie de sa vitrine touristique locale grâce au projet de la Masasye (lire p.59). Cette quinzaine d’hectares de bureaux et les 250 habitations à construire d’ici à 2012 devraient servir de « poumon pour Pont-Réan ».

Piscine : le serPent de mer sort la tête de l’eau

oilà, plus que jamais, le dossier de la piscine rouvert. En juin prochain, le projet devrait être clairement couché sur papier : choix du lieu d’implantation, taille des bassins, éventuels toboggans... Quatre communes du canton se sont portées candidates pour accueillir la piscine : Guignen, Goven, Bourg-des-Comptes et bien sûr Guichen, qui a proposé un terrain à proximité du cinéma. « De moins en moins d’élus défendent leur seul intérêt. Nous avons dépassé la querelle de

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QUEL aVENiR PoUR LE DoMaiNE oUBLié ? La mairie a pris en main le « dossier » Massaye. habitations et bureaux devraient y pousser d’ici à 2012. Le projet inquiète les amoureux de l’immense domaine. Ce lieu chargé d’histoire serait en sursis.

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P

ont-Réan ou « le plus grand lieu-dit de France ». Le millier d’habitants de ce quartier guichenais est un brin chauvin lorsqu’on évoque Pont-Réan. Quelque peu « indépendantiste », aussi. « Guichen ? C’est en haut de cette longue côte », pointe du doigt un ancien, piétinant sur les berges de la Vilaine. Pont-Réan est une véritable commune dans la commune. Elle est équipée comme n’importe quelle petite bourgade : une rue principale dotée des commerces de proximité, deux écoles, une église, un cimetière, une bibliothèque, une salle de sports… Fait rarissime, ce lieu-dit jouit même d’une section électorale. Depuis 1869 et le décret de SaintCloud, sept élus parmi les 29 membres du conseil municipal doivent habiter le quartier. Cette par-

Un siècle durant, les Pont-Réannais ont milité pour leur indépendance

La MaSSayE

chapelles », promet Guy Appéré, président de la communauté de communes du canton de Guichen (Acsor). Depuis une quinzaine d’années, le projet revient régulièrement dans les discussions, sans jamais aboutir.

Quinze ans d’attente L’association Apic a finalement su convaincre les élus locaux lors des élections municipales 2008. Appuyés par une pétition riche de 2 700 signatures, ces parents et sportifs ont inlassa-

www.lemensuelderennes.fr

blement répété les mêmes arguments : « Les élèves du canton n’ont pas les heures de natation imposées par l’Education nationale. Nos enfants ne sont pas prioritaires à Bain, Chartres ou Redon… » Point d’orgue de l’argumentaire : les études menées sur l’attractivité d’une piscine dans le canton. Un tel équipement pourrait générer 170 000 entrées annuelles. Convaincu, l’Ascor a d’ailleurs inscrit la construction d’une piscine dans son plan de route 2009-2014.

n se sent tout petit lorsqu’on avance dans l’allée bordée de dizaines d’arbres plantés avec la précision d’un géomètre. Tout petit devant l’imposante silhouette du château de la Massaye et de ses annexes. Un brin mal à l’aise, aussi, en découvrant ces vulgaires parpaings condamnant toutes les portes et les fenêtres. Le château de la Massaye a des faux airs de manoir hanté que l’on a voulu faire taire. En 2008, la municipalité a décidé de sortir le domaine de son hibernation en le transformant en Zone d’aménagement concerté (Zac). Le propriétaire, l’Association de centrale d'entraide vétérinaire (ACV), n’a pas eu son mot à dire : « Quand bien même nous n’aurions pas été d’accord, la constitution d’une Zac donne les pleins pouvoirs à la municipalité. » Voilà, officieusement, l’ACV soulagée d’une encombrante donation. Dans son bureau, le maire présente son « pari » : une dizaine d’hectares dédiés à la construction de 250 habitations et l’installation d’entreprises tertiaires sur dix à quinze autres hectares. Voilà pour la première phase du chantier, qui devrait débuter dès 2012. Quid du devenir du château et de ses annexes ? L’équipe de Joël Sieller aurait agi à la « va-vite », « sans concertation » et « sans imagination » selon ses opposants. L’édile balaie les reproches et dévoile quelquesunes des « pistes » à l’étude : une résidence seniors de 80 lits, l’accueil du siège social d’une grosse entreprise, un restaurant de standing… Officiellement, tout est ouvert. Le projet fait bondir l’association militant pour la sauvegarde du domaine. Son secrétaire, Patrice Stutzinger, s’agace : « La Massaye a toujours été un endroit humain. Là, le fric prend le dessus… » Le maire, de son côté, défend le projet : « La commune n’a pas les capacités financières pour racheter le domaine. Il faut donc trouver la meilleure solution pour ne pas dénaturer et sauvegarder le patrimoine. » Les bénévoles veulent récupérer la chapelle et deux jardins afin de les transformer en lieux de vie et de mémoire. Méconnu des Guichenais, le domaine de la Massaye est un puits sans fond pour les amateurs d’histoire. Patricia Chevrié en a même fait le lieu central de son ouvrage Escale à Pont-Réan. Comme personnage principal : un certain docteur Even, le propriétaire. L’écrivaine s’enflamme lorsqu’elle décrit ce vétérinaire français ayant construit sa renommée en Argentine. Sa fortune gonfle lors de la Première Guerre mondiale. Le vétérinaire

Le domaine de la Massaye a vécu plusieurs vies depuis le legs à une association de vétérinaires, en 1932. Il a notamment servi de centre national de formation maritime avant d’être transformé en service de gériatrie de Pontchaillou.

importe 70 000 chevaux d’Amérique du Sud pour Dans les années 60, le domaine de la Massaye a le compte de l’Etat. Promu officier de la Légion été transformé en antenne de Pontchaillou dédiée d’honneur, le scientifique achète le domaine de à l’accueil d’un millier de personnes âgées. Dans la Massaye où il a grandi alors que ses parents y étaient exploités. En 1932, le fameux Even lègue son bien à l’association de vétérinaires afin que celle-ci y acL’association pour la sauvegarde du domaine cueille des confrères dans le besoin. Depuis, le professeur a dû se retourner dans sa tombe pont-réannaise. un autre coin du domaine, la ville de Rennes a insLe domaine a été réquisitionné par les Allemands tallé un centre de loisirs. Depuis 2005 et la fermelors de la Seconde Guerre mondiale puis transforture du CHR, seuls les chats et quelques curieux mé en centre de formation maritime à la Libérase promènent encore sur les grandes pelouses de tion. Alain Delon, comme des milliers d’autres mala Massaye. D’ici à 2012, pelleteuses et grues derins, a appris à ramer dans les douves du château. vraient redonner « vie » au domaine.

« Le fric prend le dessus… »

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rennes métroPole : le Passage obligé ?

’agglomération rennaise cherche à « avaler » le canton de Guichen. Afin d’atteindre les 450 000 habitants nécessaires pour affirmer la dimension nationale et européenne de la collectivité, le président de Rennes Métropole a tendu la main à la communauté de communes du canton de Guichen (Ascor). La proposition semble cohérente. A Guichen et dans les sept autres com-

munes du canton, trois nouveaux arrivants actifs sur quatre travaillent dans l’agglomération rennaise. Intéressé, l’Ascor ne veut plus rester dans son coin. Guy Appéré, son président, explique sa stratégie : « Outre Rennes Métropole, nous discutons aussi avec les autres communautés de communes plus au sud. Quoi qu’il arrive, les huit communes du canton resteront unies dans la décision. »

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GUiCHEN Et « le Plus grand lieu-dit de France » Le quartier de Pont-Réan vit dans son coin en bord de Vilaine. Pendant plus d’un siècle, ses habitants ont cherché à s’émanciper de la tutelle guichenaise. Désormais, ce lieu-dit, équipé comme une commune, cherche un nouveau souffle.

ticularité découle des velléités d’indépendance des habitants du bord de la Vilaine. Dans son ouvrage Escale à Pont-Réan, Patricia Chevrié retrace les différentes tentatives de « sécession », dont la première, en 1848. L’évêque de Rennes réclame alors la création d’une paroisse sous la pression des Pont-Réannais. Vingt ans plus tard, après de nombreuses prises de bec, la première pierre de l’église est posée. Coup de tonnerre à Guichen en mai 1864. Après avoir fait réviser les délimitations paroissiales, les Pont-Réannais implorent le ministre et demandent une « érection de leur hameau en commune ». Le décret de Saint-Cloud

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« Il y a une âme spéciale à Pont-Réan, et cela remonte à loin. L’église a par exemple été construite grâce aux dons des Pont-Réannais », s’enthousiasme Patricia Chevrié, auteure d’Escale à Pont-Réan.

vient calmer les « indépendantistes ». Plus tard, quelques personnalités relancent l’idée. Le docteur Even, propriétaire du domaine de la Massaye, aurait ainsi milité pour l’émancipation de Pont-Réan dans les années 30. Plus récemment, une poignée d’habitants a plaidé la cause à travers une « feuille de chou » qui a disparu au bout de quelques numéros. Le maire actuel ne veut pas entendre parler de guerre de clochers. Pont-Réan, selon lui, a d’autres soucis. Depuis le départ des marins du

domaine de la Massaye et la récente fermeture de l’antenne du CHU, l’activité dans le bourg n’a jamais été aussi faible. Pour preuve : aucune banque n’a accepté d’y installer un distributeur de billets, malgré le lobbying de la municipalité. Cette dernière compte désormais redynamiser l’économie de sa vitrine touristique locale grâce au projet de la Masasye (lire p.59). Cette quinzaine d’hectares de bureaux et les 250 habitations à construire d’ici à 2012 devraient servir de « poumon pour Pont-Réan ».

Piscine : le serPent de mer sort la tête de l’eau

oilà, plus que jamais, le dossier de la piscine rouvert. En juin prochain, le projet devrait être clairement couché sur papier : choix du lieu d’implantation, taille des bassins, éventuels toboggans... Quatre communes du canton se sont portées candidates pour accueillir la piscine : Guignen, Goven, Bourg-des-Comptes et bien sûr Guichen, qui a proposé un terrain à proximité du cinéma. « De moins en moins d’élus défendent leur seul intérêt. Nous avons dépassé la querelle de

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QUEL aVENiR PoUR LE DoMaiNE oUBLié ? La mairie a pris en main le « dossier » Massaye. habitations et bureaux devraient y pousser d’ici à 2012. Le projet inquiète les amoureux de l’immense domaine. Ce lieu chargé d’histoire serait en sursis.

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ont-Réan ou « le plus grand lieu-dit de France ». Le millier d’habitants de ce quartier guichenais est un brin chauvin lorsqu’on évoque Pont-Réan. Quelque peu « indépendantiste », aussi. « Guichen ? C’est en haut de cette longue côte », pointe du doigt un ancien, piétinant sur les berges de la Vilaine. Pont-Réan est une véritable commune dans la commune. Elle est équipée comme n’importe quelle petite bourgade : une rue principale dotée des commerces de proximité, deux écoles, une église, un cimetière, une bibliothèque, une salle de sports… Fait rarissime, ce lieu-dit jouit même d’une section électorale. Depuis 1869 et le décret de SaintCloud, sept élus parmi les 29 membres du conseil municipal doivent habiter le quartier. Cette par-

Un siècle durant, les Pont-Réannais ont milité pour leur indépendance

La MaSSayE

chapelles », promet Guy Appéré, président de la communauté de communes du canton de Guichen (Acsor). Depuis une quinzaine d’années, le projet revient régulièrement dans les discussions, sans jamais aboutir.

Quinze ans d’attente L’association Apic a finalement su convaincre les élus locaux lors des élections municipales 2008. Appuyés par une pétition riche de 2 700 signatures, ces parents et sportifs ont inlassa-

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n se sent tout petit lorsqu’on avance dans l’allée bordée de dizaines d’arbres plantés avec la précision d’un géomètre. Tout petit devant l’imposante silhouette du château de la Massaye et de ses annexes. Un brin mal à l’aise, aussi, en découvrant ces vulgaires parpaings condamnant toutes les portes et les fenêtres. Le château de la Massaye a des faux airs de manoir hanté que l’on a voulu faire taire. En 2008, la municipalité a décidé de sortir le domaine de son hibernation en le transformant en Zone d’aménagement concerté (Zac). Le propriétaire, l’Association de centrale d'entraide vétérinaire (ACV), n’a pas eu son mot à dire : « Quand bien même nous n’aurions pas été d’accord, la constitution d’une Zac donne les pleins pouvoirs à la municipalité. » Voilà, officieusement, l’ACV soulagée d’une encombrante donation. Dans son bureau, le maire présente son « pari » : une dizaine d’hectares dédiés à la construction de 250 habitations et l’installation d’entreprises tertiaires sur dix à quinze autres hectares. Voilà pour la première phase du chantier, qui devrait débuter dès 2012. Quid du devenir du château et de ses annexes ? L’équipe de Joël Sieller aurait agi à la « va-vite », « sans concertation » et « sans imagination » selon ses opposants. L’édile balaie les reproches et dévoile quelquesunes des « pistes » à l’étude : une résidence seniors de 80 lits, l’accueil du siège social d’une grosse entreprise, un restaurant de standing… Officiellement, tout est ouvert. Le projet fait bondir l’association militant pour la sauvegarde du domaine. Son secrétaire, Patrice Stutzinger, s’agace : « La Massaye a toujours été un endroit humain. Là, le fric prend le dessus… » Le maire, de son côté, défend le projet : « La commune n’a pas les capacités financières pour racheter le domaine. Il faut donc trouver la meilleure solution pour ne pas dénaturer et sauvegarder le patrimoine. » Les bénévoles veulent récupérer la chapelle et deux jardins afin de les transformer en lieux de vie et de mémoire. Méconnu des Guichenais, le domaine de la Massaye est un puits sans fond pour les amateurs d’histoire. Patricia Chevrié en a même fait le lieu central de son ouvrage Escale à Pont-Réan. Comme personnage principal : un certain docteur Even, le propriétaire. L’écrivaine s’enflamme lorsqu’elle décrit ce vétérinaire français ayant construit sa renommée en Argentine. Sa fortune gonfle lors de la Première Guerre mondiale. Le vétérinaire

Le domaine de la Massaye a vécu plusieurs vies depuis le legs à une association de vétérinaires, en 1932. Il a notamment servi de centre national de formation maritime avant d’être transformé en service de gériatrie de Pontchaillou.

importe 70 000 chevaux d’Amérique du Sud pour Dans les années 60, le domaine de la Massaye a le compte de l’Etat. Promu officier de la Légion été transformé en antenne de Pontchaillou dédiée d’honneur, le scientifique achète le domaine de à l’accueil d’un millier de personnes âgées. Dans la Massaye où il a grandi alors que ses parents y étaient exploités. En 1932, le fameux Even lègue son bien à l’association de vétérinaires afin que celle-ci y acL’association pour la sauvegarde du domaine cueille des confrères dans le besoin. Depuis, le professeur a dû se retourner dans sa tombe pont-réannaise. un autre coin du domaine, la ville de Rennes a insLe domaine a été réquisitionné par les Allemands tallé un centre de loisirs. Depuis 2005 et la fermelors de la Seconde Guerre mondiale puis transforture du CHR, seuls les chats et quelques curieux mé en centre de formation maritime à la Libérase promènent encore sur les grandes pelouses de tion. Alain Delon, comme des milliers d’autres mala Massaye. D’ici à 2012, pelleteuses et grues derins, a appris à ramer dans les douves du château. vraient redonner « vie » au domaine.

« Le fric prend le dessus… »

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rennes métroPole : le Passage obligé ?

’agglomération rennaise cherche à « avaler » le canton de Guichen. Afin d’atteindre les 450 000 habitants nécessaires pour affirmer la dimension nationale et européenne de la collectivité, le président de Rennes Métropole a tendu la main à la communauté de communes du canton de Guichen (Ascor). La proposition semble cohérente. A Guichen et dans les sept autres com-

munes du canton, trois nouveaux arrivants actifs sur quatre travaillent dans l’agglomération rennaise. Intéressé, l’Ascor ne veut plus rester dans son coin. Guy Appéré, son président, explique sa stratégie : « Outre Rennes Métropole, nous discutons aussi avec les autres communautés de communes plus au sud. Quoi qu’il arrive, les huit communes du canton resteront unies dans la décision. »

Le Mensuel/mai 2010

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doSSier SPéciAL guichen JoëL LE FLoCH Opposant

JoëL SiELLER, MaiRE

« LE MaiRE N’a JaMaiS LaiSSé PLaCE aU DéBat »

« J’ai été éLU à 35 aNS Et JE GaRDE La MêME ENViE »

Battue dès le premier tour des dernières municipales, Françoise Kieffer a pris la tête de l’opposition. A ses côtés, Joël Le Floch. Cet élu a rempilé pour un deuxième mandat face à l’équipe Sieller, afin de peser sur les dossiers chauds de la commune.

27 ans que le maire de Guichen siège à la tête de la commune. Derrière ses lunettes, avec sa voix douce, Joël Sieller a usé tous ses opposants. Après cinq mandats, l’ancien ingénieur réfléchit à passer le témoin. En attendant, cet édile « à l’ancienne » veut encore servir ses administrés.

Le Mensuel : Avec cinq mandats à votre actif, avez-vous conscience d’être un « dinosaure » dans le paysage politique local ? J o ë l S i e l l e r : (G ê n é , i l ré f l é chit) D’autres ont duré aussi longtemps. Edmond Hervé l’a fait à Rennes. Pierre Méhaignerie, à Vitré, doit en être à son sixième exercice. Comme eux, j’ai eu la chance de commencer tôt au poste de maire. J’ai certes vieilli depuis, mais je n’ai pas vu le temps passer.

J. SieLLer Joël Sieller est né dans le Morbihan le 26 octobre 1947. Ingénieur des travaux publics, il s’installe à Guichen suite à une mutation professionnelle. Au début des années 80, le trentenaire se fait un nom dans la commune en devenant président du club de football. En 1983, le maire sortant lui confie les rênes de la ville. Elu avec 50,5% grâce au soutien d’anciens élus de la majorité, Joël Sieller s’installe dans le fauteuil de maire à 35 ans. Etiqueté à droite, il est ensuite élu président de la communauté de communes du canton de Guichen (Acsor) et du Pays des vallons de Vilaine. L’ingénieur, désormais à la retraite, décroche son cinquième mandat au premier tour des municipales 2008, avec 57,8% des suffrages.

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Pour vous faire réélire à chaque fois, il paraît que vous avez votre « truc » : connaître le moindre recoin de votre commune et tous les habitants par leur prénom… La proximité est importante. J’essaie de toujours m’informer sur les Guichenais. Appelez-les électeurs si vous préférez… Il y a d’autres explications à ces réélec tions. Au cours de mes mandats, je n’ai pas fait de grosse erreur sur l’aménagement et la gestion de la commune. Et les équipes municipales ont toujours su se renouveler.

gage, je vais jusqu’au bout. Cependant, quand je dis non, c’est non. J’ai effectivement fait des promesses. Désormais, je m’attèle à les respecter.

Notre commune ambitionne d’être un pôle relais comme Liffré, Janzé ou Montfort. L’objectif : 10 000 habitants d’ici à 2020-2030.

Comme pour la salle d’expression corporelle ? Je ne sais vraiment pas pourquoi ce dossier est tant mis en cause. Tout a été discuté. Nous l’avions planifiée pour le milieu de notre mandat. Finalement, le besoin a été plus urgent. Actuellement, 500 à 600 Guichenais dansent dans des locaux qui ne sont pas adaptés. Certains pratiquent même dans une salle où les anciens jouent aux palets…

Guichen change, sa population aussi. Vous ne vous êtes pas inquiété lors des dernières municipales ? On ne peut jamais être sûr du résultat d’une élection. Lorsqu’on a fait du bon travail et que la population n’a pas de grief contre vous, il n’y a pas de raison de s’inquiéter outre mesure. Les nouveaux arrivants se sont fondus dans la vie de la commune grâce à notre solide tissu associatif. Entre l’élection de 2001 et celle de 2008, notre liste a obtenu le même pourcentage de suffrages.

Depuis votre élection en 1983, Guichen est passée de 5 000 à 7 300 habitants. Bruz, votre voisine, a vu sa population exploser, passant de 7 000

« Le jour où je quitterai la mairie, je veux le faire la tête haute »

On vous dit trop gentil. A tel point qu’on vous surnomme parfois « OuiOui ». Aux yeux de certains de vos administrés, la création de la nouvelle salle de danse n’aurait d’ailleurs été qu’une promesse électorale… Est-ce vrai ? Le surnom « Oui-Oui » m’a probablement été attribué parce que j’essaie toujours de satisfaire les habitants et de régler leurs problèmes. Quand je m’enLe Mensuel Mensuel/mai /mai 2010

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à 16 000 habitants. Craignez-vous que Guichen perde son âme au point de développer la commune en mode « doucement, mais sûrement » ? J’ai toujours parlé de Guichen comme d’un bourg et d’une population de village. « Ville » signifie que l’on est plus éloigné de la population. Nous prônons un développement urbanistique harmonieux et favorisons l’implantation des équipements avant celle des habitants. Guichen n’est pas Bruz. Quand bien même nous l’aurions voulu, je ne suis pas sûr que nous aurions pu connaître la même expansion. Bruz a joui de l’attrait de Rennes Métropole.

Après les élections municipales, vous avez perdu la présidence de l’Acsor, la communauté de communes. Cela a dû être dur à avaler... (Il baisse la tête) J’ai accusé le coup. Je l’ai pris comme une éjection. Ça a été dur. Il faut vivre avec et ne pas s’arrêter sur un échec. J’aurais été davantage meurtri si cela avait été un scrutin municipal. Là, ce sont les élus de la communauté de communes qui ont voté. Ce fut une manœuvre politique (le maire de Guichen est étiqueté à droite alors que le premier adjoint de Laillé, actuellement président de l’Acsor, est classé à gauche, NDLR). Au sein d’un canton, la commune centrale est perçue comme celle qui tire la couverture pour elle… Vous auriez pu vous braquer. Finalement, vous continuez à travailler avec eux… J’aurais pu bouder et ne rien dire. J’aurais aussi pu mener un travail d’oppo-

Le Mensuel : Des dizaines de coups de fil et de courriels ont été nécessaires pour obtenir un rendez-vous. Votre chef de file est muette dans les médias... L’opposition municipale joue-t-elle son rôle à Guichen ? Joël Le Floch : Je le crois. Pendant la campagne, nous avons été assez actifs pour obliger la majorité à faire bouger certaines lignes. L’équipe de Joël Sieller s’inspire actuellement de notre programme sans avoir l’honnêteté de l’avouer. La majorité a par exemple copié notre agenda 21 ou notre projet de démocratie participative. Leur conseil citoyen s’est cependant mis en place sans réelle volonté de proposer aux administrés un relais avec un élu de proximité… Joël Sieller réalise son cinquième mandat. A-t-il été un bon maire, jusque-là ? Il a été élu et réélu. Joël Sieller n’a donc pas été un mauvais maire. L’édile n’a pas de casserole aux fesses. Il n’a pas fait de grosse erreur. De là à dire qu’il a été un bon maire… Sur les équipements et projets structurants pour la commune, Joël Sieller n’a jamais laissé place au débat. Cette manière de faire lui a d’ailleurs coûté la présidence de la communauté de communes. Les autres élus du canton en ont eu assez de se voir imposer des choix. « Après 27 ans de mandat, je vois les choses différemment. Avant, je gérais davantage de dossiers. Je déléguais moins. Chaque mardi soir, je réunis désormais mes adjoints dans mon bureau pour évoquer librement chaque projet. »

sition. Ce n’est pas mon tempérament. Avec cette nouvelle équipe d’élus, j’apporte mes idées. Elles sont d’ailleurs souvent pertinentes. A quoi va ressembler l’avenir de Joël Sieller ? Avant les élections municipales 2008, vous auriez déjà hésité à repartir. Vous vous seriez représenté faute de successeur... C’est vrai ? A chaque mandat, il me semble légitime de poser la question. J’ai effectivement sondé mes colistiers, quelques proches et certains habitants. Quand un édile doit-il prendre sa retraite ? Doit-il at tendre d’être usé ? Etre remercié dans les urnes ? Je n’ai pas la réponse. J’ai été élu à 35 ans et j’ai toujours autant envie de m’investir. Je me suis représenté d’autant plus facilement que je suis désormais à la

retraite. Je suis devenu un maire plus cool. J’ai beaucoup plus de temps et moins de stress. Le jour où vous vous retirerez, la porte s’entrouvrira pour la minorité. Vous avez dû commencer à préparer votre relève… Une chose est sûre : le jour où je quitterai la mairie, je veux le faire la tête haute et pas sur une défaite. Il est évident qu’une relève se prépare en amont d’une élection. Nous devrons trouver quelqu’un qui apporte un nouveau souf f le. Notre candidat devra être coopté par l’équipe. Nous ferons le point 18 mois avant la prochaine élection. Sur cette question, il n’est pas bon de dévoiler notre stratégie trop tôt.

Selon vous, sur quels dossiers la majorité fait-elle fausse route ? Le dossier de la Massaye a été bâclé au dernier moment et sans débat. Encore une fois, les habitants n’ont pas été associés. Joël Sieller confond présentation et concertation. Nous allons aussi nous battre sur le plan communal de déplacement. Guichen compte à peine cinquante mètres de piste cyclable… Les élections municipales de 2014, vous y pensez ? 2014, c’est loin... Une chose est sûre : si d’autres personnes reprennent le flambeau de l’opposition, elles auront un socle solide.

quand l’oPPosition Fait scission

B

ras droit de Françoise Kieffer lors de la campagne municipale 2008, Michèle Motel a finalement pris ses distances avec les cinq autres élus de gauche. « J’ai refusé, en mai 2008, de signer un texte attaquant le maire sur ses valeurs humanistes. Ma voix divergente n’a pas été acceptée », clame la socialiste. Seule, elle a donc créé une deuxième opposition, « Entrevues ». Depuis, la dynamique conseillère municipale monte au créneau pour dénoncer « la gestion du dossier de La Massaye, la politique de l’eau, le manque de transparence et de concertation de la majorité… » Le Mensuel/mai 2010

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JoëL SiELLER, MaiRE

« LE MaiRE N’a JaMaiS LaiSSé PLaCE aU DéBat »

« J’ai été éLU à 35 aNS Et JE GaRDE La MêME ENViE »

Battue dès le premier tour des dernières municipales, Françoise Kieffer a pris la tête de l’opposition. A ses côtés, Joël Le Floch. Cet élu a rempilé pour un deuxième mandat face à l’équipe Sieller, afin de peser sur les dossiers chauds de la commune.

27 ans que le maire de Guichen siège à la tête de la commune. Derrière ses lunettes, avec sa voix douce, Joël Sieller a usé tous ses opposants. Après cinq mandats, l’ancien ingénieur réfléchit à passer le témoin. En attendant, cet édile « à l’ancienne » veut encore servir ses administrés.

Le Mensuel : Avec cinq mandats à votre actif, avez-vous conscience d’être un « dinosaure » dans le paysage politique local ? J o ë l S i e l l e r : (G ê n é , i l ré f l é chit) D’autres ont duré aussi longtemps. Edmond Hervé l’a fait à Rennes. Pierre Méhaignerie, à Vitré, doit en être à son sixième exercice. Comme eux, j’ai eu la chance de commencer tôt au poste de maire. J’ai certes vieilli depuis, mais je n’ai pas vu le temps passer.

J. SieLLer Joël Sieller est né dans le Morbihan le 26 octobre 1947. Ingénieur des travaux publics, il s’installe à Guichen suite à une mutation professionnelle. Au début des années 80, le trentenaire se fait un nom dans la commune en devenant président du club de football. En 1983, le maire sortant lui confie les rênes de la ville. Elu avec 50,5% grâce au soutien d’anciens élus de la majorité, Joël Sieller s’installe dans le fauteuil de maire à 35 ans. Etiqueté à droite, il est ensuite élu président de la communauté de communes du canton de Guichen (Acsor) et du Pays des vallons de Vilaine. L’ingénieur, désormais à la retraite, décroche son cinquième mandat au premier tour des municipales 2008, avec 57,8% des suffrages.

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Pour vous faire réélire à chaque fois, il paraît que vous avez votre « truc » : connaître le moindre recoin de votre commune et tous les habitants par leur prénom… La proximité est importante. J’essaie de toujours m’informer sur les Guichenais. Appelez-les électeurs si vous préférez… Il y a d’autres explications à ces réélec tions. Au cours de mes mandats, je n’ai pas fait de grosse erreur sur l’aménagement et la gestion de la commune. Et les équipes municipales ont toujours su se renouveler.

gage, je vais jusqu’au bout. Cependant, quand je dis non, c’est non. J’ai effectivement fait des promesses. Désormais, je m’attèle à les respecter.

Notre commune ambitionne d’être un pôle relais comme Liffré, Janzé ou Montfort. L’objectif : 10 000 habitants d’ici à 2020-2030.

Comme pour la salle d’expression corporelle ? Je ne sais vraiment pas pourquoi ce dossier est tant mis en cause. Tout a été discuté. Nous l’avions planifiée pour le milieu de notre mandat. Finalement, le besoin a été plus urgent. Actuellement, 500 à 600 Guichenais dansent dans des locaux qui ne sont pas adaptés. Certains pratiquent même dans une salle où les anciens jouent aux palets…

Guichen change, sa population aussi. Vous ne vous êtes pas inquiété lors des dernières municipales ? On ne peut jamais être sûr du résultat d’une élection. Lorsqu’on a fait du bon travail et que la population n’a pas de grief contre vous, il n’y a pas de raison de s’inquiéter outre mesure. Les nouveaux arrivants se sont fondus dans la vie de la commune grâce à notre solide tissu associatif. Entre l’élection de 2001 et celle de 2008, notre liste a obtenu le même pourcentage de suffrages.

Depuis votre élection en 1983, Guichen est passée de 5 000 à 7 300 habitants. Bruz, votre voisine, a vu sa population exploser, passant de 7 000

« Le jour où je quitterai la mairie, je veux le faire la tête haute »

On vous dit trop gentil. A tel point qu’on vous surnomme parfois « OuiOui ». Aux yeux de certains de vos administrés, la création de la nouvelle salle de danse n’aurait d’ailleurs été qu’une promesse électorale… Est-ce vrai ? Le surnom « Oui-Oui » m’a probablement été attribué parce que j’essaie toujours de satisfaire les habitants et de régler leurs problèmes. Quand je m’enLe Mensuel Mensuel/mai /mai 2010

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à 16 000 habitants. Craignez-vous que Guichen perde son âme au point de développer la commune en mode « doucement, mais sûrement » ? J’ai toujours parlé de Guichen comme d’un bourg et d’une population de village. « Ville » signifie que l’on est plus éloigné de la population. Nous prônons un développement urbanistique harmonieux et favorisons l’implantation des équipements avant celle des habitants. Guichen n’est pas Bruz. Quand bien même nous l’aurions voulu, je ne suis pas sûr que nous aurions pu connaître la même expansion. Bruz a joui de l’attrait de Rennes Métropole.

Après les élections municipales, vous avez perdu la présidence de l’Acsor, la communauté de communes. Cela a dû être dur à avaler... (Il baisse la tête) J’ai accusé le coup. Je l’ai pris comme une éjection. Ça a été dur. Il faut vivre avec et ne pas s’arrêter sur un échec. J’aurais été davantage meurtri si cela avait été un scrutin municipal. Là, ce sont les élus de la communauté de communes qui ont voté. Ce fut une manœuvre politique (le maire de Guichen est étiqueté à droite alors que le premier adjoint de Laillé, actuellement président de l’Acsor, est classé à gauche, NDLR). Au sein d’un canton, la commune centrale est perçue comme celle qui tire la couverture pour elle… Vous auriez pu vous braquer. Finalement, vous continuez à travailler avec eux… J’aurais pu bouder et ne rien dire. J’aurais aussi pu mener un travail d’oppo-

Le Mensuel : Des dizaines de coups de fil et de courriels ont été nécessaires pour obtenir un rendez-vous. Votre chef de file est muette dans les médias... L’opposition municipale joue-t-elle son rôle à Guichen ? Joël Le Floch : Je le crois. Pendant la campagne, nous avons été assez actifs pour obliger la majorité à faire bouger certaines lignes. L’équipe de Joël Sieller s’inspire actuellement de notre programme sans avoir l’honnêteté de l’avouer. La majorité a par exemple copié notre agenda 21 ou notre projet de démocratie participative. Leur conseil citoyen s’est cependant mis en place sans réelle volonté de proposer aux administrés un relais avec un élu de proximité… Joël Sieller réalise son cinquième mandat. A-t-il été un bon maire, jusque-là ? Il a été élu et réélu. Joël Sieller n’a donc pas été un mauvais maire. L’édile n’a pas de casserole aux fesses. Il n’a pas fait de grosse erreur. De là à dire qu’il a été un bon maire… Sur les équipements et projets structurants pour la commune, Joël Sieller n’a jamais laissé place au débat. Cette manière de faire lui a d’ailleurs coûté la présidence de la communauté de communes. Les autres élus du canton en ont eu assez de se voir imposer des choix. « Après 27 ans de mandat, je vois les choses différemment. Avant, je gérais davantage de dossiers. Je déléguais moins. Chaque mardi soir, je réunis désormais mes adjoints dans mon bureau pour évoquer librement chaque projet. »

sition. Ce n’est pas mon tempérament. Avec cette nouvelle équipe d’élus, j’apporte mes idées. Elles sont d’ailleurs souvent pertinentes. A quoi va ressembler l’avenir de Joël Sieller ? Avant les élections municipales 2008, vous auriez déjà hésité à repartir. Vous vous seriez représenté faute de successeur... C’est vrai ? A chaque mandat, il me semble légitime de poser la question. J’ai effectivement sondé mes colistiers, quelques proches et certains habitants. Quand un édile doit-il prendre sa retraite ? Doit-il at tendre d’être usé ? Etre remercié dans les urnes ? Je n’ai pas la réponse. J’ai été élu à 35 ans et j’ai toujours autant envie de m’investir. Je me suis représenté d’autant plus facilement que je suis désormais à la

retraite. Je suis devenu un maire plus cool. J’ai beaucoup plus de temps et moins de stress. Le jour où vous vous retirerez, la porte s’entrouvrira pour la minorité. Vous avez dû commencer à préparer votre relève… Une chose est sûre : le jour où je quitterai la mairie, je veux le faire la tête haute et pas sur une défaite. Il est évident qu’une relève se prépare en amont d’une élection. Nous devrons trouver quelqu’un qui apporte un nouveau souf f le. Notre candidat devra être coopté par l’équipe. Nous ferons le point 18 mois avant la prochaine élection. Sur cette question, il n’est pas bon de dévoiler notre stratégie trop tôt.

Selon vous, sur quels dossiers la majorité fait-elle fausse route ? Le dossier de la Massaye a été bâclé au dernier moment et sans débat. Encore une fois, les habitants n’ont pas été associés. Joël Sieller confond présentation et concertation. Nous allons aussi nous battre sur le plan communal de déplacement. Guichen compte à peine cinquante mètres de piste cyclable… Les élections municipales de 2014, vous y pensez ? 2014, c’est loin... Une chose est sûre : si d’autres personnes reprennent le flambeau de l’opposition, elles auront un socle solide.

quand l’oPPosition Fait scission

B

ras droit de Françoise Kieffer lors de la campagne municipale 2008, Michèle Motel a finalement pris ses distances avec les cinq autres élus de gauche. « J’ai refusé, en mai 2008, de signer un texte attaquant le maire sur ses valeurs humanistes. Ma voix divergente n’a pas été acceptée », clame la socialiste. Seule, elle a donc créé une deuxième opposition, « Entrevues ». Depuis, la dynamique conseillère municipale monte au créneau pour dénoncer « la gestion du dossier de La Massaye, la politique de l’eau, le manque de transparence et de concertation de la majorité… » Le Mensuel/mai 2010

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