CESSON-SÉVIGNÉ
La belle endormie
veut se réveiller E
La réputation bourgeoise colle à la peau de Cesson-Sévigné. A trop en jouer, la commune s’est transformée en cité-dortoir. Le centre ressemble à un désert. Un comble pour la deuxième plus grosse commune de l’agglomération rennaise, que la nouvelle équipe socialiste s'est promis de réveiller. Benjamin Keltz benjamin.keltz@lemensuelderennes.fr Photos Yannick Derennes
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n ce vendredi soir d’octobre, les rues cessonnaises sont vides autour de l’église. Le centre-bourg ressemble à un no man’s land. 20 h 45. Le bar de la place s’apprête à fermer. Dans les rues attenantes, les restaurants attendent les clients. A quelques coups de volant du centre, les maisons se succèdent dans les quartiers résidentiels. Paisible. Cesson-Sévigné ressemble à Pleasantville, la cité idéale inventée par le réalisateur Gary Ross. Le mercredi matin suivant, retour dans le bourg. La multiplication des agences immobilières
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et bancaires semble étouffer le commerce de proximité. Souvent perçue comme un atout, la proximité avec la capitale bretonne devient une contrainte pour le dynamisme de la commune. Seule attraction permanente : la grande prairie bercée par la Vilaine, située entre le lycée, la médiathèque et la place de l’église. Quelques groupes de jeunes s’y aventurent aux beaux jours, entre deux cours. Cesson vit à son rythme. Au ralenti. Etonnant constat pour la deuxième commune de l’agglomération rennaise, avec près de 17 000 habitants. L’image de « belle endormie » que la commune
Le centre -bourg de Cesson souffre d’un manque de dynamisme. En collaboration avec la municipalité, l’association des commerçants a envisagé l’installation d’une patinoire, cet hiver, pour attirer les Cessonnais. Le projet a été repoussé.
renvoie hors de ses frontières n’est pas surfaite. Cette réputation ne date pas d’hier. Dès le 17e siècle, les parlementaires bretons avaient élu domicile à Cesson pour son calme, sa verdure et sa proximité rennaise. Les manoirs et jardins y incarnent encore autant de souvenirs de cette période. Cesson a affirmé son image bourgeoise en 1921. A force de confondre les « Cesson » éparpillées aux quatre coins de France, les PTT ont demandé à ce qu'un deuxième nom y soit accolé. Le conseil municipal opta finalement pour Cesson-Sévigné. Une intonation des plus prestigieuses, mais un choix qui fait bondir aujourd’hui n’importe quel amateur d’histoire. Si le château des Sévigné a été construit à Cesson en 1400, Madame ne l’a jamais habité. Dans les bureaux de l’association Cesson, Mémoire et patrimoine, on est catégorique : tout ceci ne tient que de la « légende populaire ».
Cesson, bourgeoise au calme Notoriété historique galvaudée ou pas, Cesson conserve aujourd’hui cette réputation de Neuilly local. Jusque dans les couloirs de Rennes Métropole, les élus jettent régulièrement Cesson et Saint-Grégoire dans le même sac. Celui des
Cesson compte plus de retraités que d’employés, commerçants et ouvriers réunis
« communes pour riches ». La ville aurait pourtant pu sombrer dans l’anonymat des « petits » de l’agglomération si Roger Belliard n’en avait pas pris les rênes dans les années 70. Trente ans durant, ce chef d’entreprise a administré sa cité « comme son affaire », se rappellent les Cessonnais de souche. Le maire a poussé moult entreprises à s’implanter sur le sol communal. Dopant, chaque année, le jackpot conséquent de la taxe professionnelle. Piscine, médiathèque, stade d’eau vive… ont ainsi fleuri. Du coup, les quartiers ont également champignonné. Beausoleil, Chalotais, Bellevue 1, 2, 3… En trente ans, la population a été multipliée par cinq, passant de 3 000 à 15 000 âmes.
Cesson vieillit
Malgré cette métamorphose, Cesson a conservé une forte identité grâce à son impressionnant tissu associatif. Plus de 150 associations fonctionnent aujourd’hui sur la commune. Elles regroupent plus de 16 000 adhérents. Reste que le statut cossu de la cité et la mixité sociale n’ont pas toujours fait bon ménage. Avec ses propriétés
aux prix les plus élevés de l’agglomération, la ville accueille trois fois plus de cadres que d’ouvriers. Depuis une dizaine d’années, Cesson vit aussi sur ses acquis. Certaines mauvaises langues comparent la commune au clocher de son église. Un imposant et séduisant édifice qui part en miettes. La succession de Roger Belliard a été délicate. Le bilan de Joseph Roze, maire de 2000 à 2008, n’a pas fait l’unanimité. Loin de là. Le médecin a même divisé jusqu’à son propre camp (lire p.59). Pendant son mandat, la commune a piétiné. A Cesson, les équipements comme la population vieillissent. En 2006, celle-ci accueillait plus de 3 100 retraités. C’est autant que le nombre d’employés, de chômeurs, de commerçants et d'ouvriers réunis. « Au rythme où allait Cesson, ce n’était plus des logements qu’il fallait construire, mais des maisons de retraite », plaisante à peine Daniel Monnier, actuel adjoint à l’urbanisme et à l’habitat. L’élu socialiste parle au passé. Pour-
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tant, les problèmes restent d’actualité. Tous les ans, au moins deux classes de cours élémentaire ferment. Redynamiser la commune, voilà le grand défi de la nouvelle municipalité.
Bihan, roi de la com’ L’équipe socialiste a gagné Cesson, ancien fi ef de droite, à 107 voix près. Ses membres savent qu’il faut convaincre les Cessonnais pour durer. A les entendre, ils ne manquent pas d’ambitions. Michel Bihan veut régler « le problème numéro un : le coût du logement ». Il ambitionne d’attirer des jeunes ménages dans sa commune pour y apporter davantage de mixité sociale. Son arme : le respect plus strict du plan local de l’habitat. Au moins la moitié des nouvelles constructions doit être des logements sociaux ou d’accession aidée. « Des paroles, des paroles », ironise l’opposition. L’UMP locale ne croit pas les nouveaux venus capables de redynamiser la commune. Le maire prendrait même le problème « par le mauvais bout ». Aux yeux d’Hervé Le Jeune, grand perdant des municipales 2008, l’édile ferait mieux de se pencher sur l’emploi à Cesson. Le quadra plein d’ambitions attaque Michel Bihan : « Ses contacts avec les entreprises locales sont de l’ordre du néant. » Après avoir fustigé « l’explosion des impôts locaux », l’opposant reproche au maire actuel de n’être « que dans le paraître, dans ce qui brille. »
sume. Une fois l’entretien terminé, l’ancien confrère qu’il est ne cache pas sa « déception » de ne pas avoir « causé culture ». En effet, Cesson propose enfin une programmation « digne de ce nom ». Lorsqu’il s’agit de se différencier du voisin rennais, Michel Bihan se débrouille pour trouver les fonds. Rennes peut bien disposer de son équipe de foot, de volley, de son Open de Tennis… Cesson brille grâce à ses handballeurs pros et ses kayakistes. « Michel Bihan a vite saisi l’intérêt d’avoir une équipe de hand évoluant en première division. Avec l’ancienne municipalité, on ne sentait pas le même enthousiasme », constate Stéphane Clémenceau, président de la section professionnelle de l’OC Cesson. En mai dernier, le maire a mouillé sa chemise pour boucler le budget de l’OC Cesson handball, afin de permettre son accession dans l’élite française. Depuis la montée des « Irréductibles », le Palais des sports affiche complet à chaque rencontre. Mieux encore, lorsque l’équipe de Stéphane Clémenceau gagne, Cesson fait la une d’Ouest-France. Ça, Michel Bihan
40 000 habitants et autant d’emplois sont attendus sur la commune d’ici à 2030-2040 Il est vrai que depuis son élection en mars 2008, Michel Bihan est partout. L’ancien journaliste serre des paluches en continu, écoute beaucoup, « voit ce qu’il peut faire » à chaque coin de rue… Dans son bureau, il entend les remarques de son opposant sans broncher. Le maire cherche des vitrines pour faire exister sa commune et l’as-
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apprécie. Au moins autant que lorsqu’il joue les guides pour la Fédération américaine de canoëkayak. Cette dernière est venue fin octobre visiter le spot breton afin, peut-être, d’y préparer les JO de Londres.
Le bijou cessonnais La culture, le sport de haut niveau… La mairie en a fait ses priorités pour secouer la commune. Mais Cesson a d’autres atouts à faire valoir sur le long terme. 90% de la plus grande zone encore urbanisable autour de Rennes s'étend sur son cadastre. Quelque 450 ha au nord de la cité. Cela représente trois fois la superficie de la Courrouze, dernier grand chantier urbanistique de l’agglomération. Depuis l’arrivée des socialistes aux manettes de Cesson, le projet du « cadran nord-est » avance à grands pas. Une fois urbanisée à l’horizon 2030-2040, cette Zac pourrait accueillir 40 000 nouveaux habitants et autant d’emplois. « Un capital exceptionnel qu’il ne faut pas gâcher », s’enthousiasme Emmanuel Couet. Le vice-président en charge de l’urbanisme à l’agglomération supervise le projet. Il déplie les plans et projections envisageables.
DROITE CESSONNAISE
Chronique d’un naufrage prévisible Lors de la dernière campagne municipale, Cesson a basculé pour la première fois de son histoire à gauche. La majorité de droite s’est déchirée lors du dernier mandat et s'est montrée incapable de se rassembler pour les élections.
«M Avec son doigt, il dessine le prolongement de la deuxième ligne de métro dans les nouveaux quartiers copieusement équipés, entourés de verdure. Plus au nord, une technopole se dresse, prolongeant celle de Rennes Atalante... Seule réfractaire au cadran nord-est : l’opposition cessonnaise, qui s’agace de voir Rennes Métropole s’immiscer dans les aff aires locales. « On donne cette zone à l'agglomération pour qu'elle en fasse un quartier rennais », grimace Hervé Le Jeune. Le chef de file UMP se fait l’écho des inquiétudes des anciens habitants. Ceux qui craignent pour l’identité de leur commune. « Cesson restera-t-elle toujours Cesson, lorsqu'elle atteindra 60 000 habitants ? » Première réponse d’ici une dizaine d’années, avec l’inauguration du nouveau quartier des Pierrins. Quelque 5 000 nouveaux arrivants doivent s'installer sur cette première phase du cadran nord-est.
Depuis l’arrivée des socialistes à Cesson, le projet du cadran nordest avance à grands pas. D’ici à 2030-2040, 40 000 nouveaux arrivants devraient s’installer dans de nouveaux quartiers situés au nord de la commune. Autant d’emplois y seront créés.
Bientôt des caméras de vidéosurveillance à Cesson
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Cesson, la rumeur enfle. Les bâtiments communaux excentrés vont être équipés d’un dispositif de vidéosurveillance d’ici à courant 2010. Questionné sur le sujet, le maire Michel Bihan confi rme sereinement : « Si vous laissez faire, vous vous faites bouffer. » La commune ne connaît pourtant pas une délinquance hors norme. En 2008, les gendarmes cessonnais ont enquêté sur 568 délits ou crimes. Soit, proportionnellement au nombre d’habitants, deux à trois fois moins qu’à Rennes. La vidéosurveillance est-elle un luxe ? Michel Bihan énumère « les tirs à la carabine contre les hublots du tout récent Pôle France de kayak », « la tentative d’incendie de la maison des fêtes familiale », « la porte du local technique des services de la Ville fracturée à X reprises »… Le dispositif sera installé en priorité sur ces bâtiments. Pour l’heure, selon l’édile, aucun projet de multiplication de caméras sur la voie publique n’est à l’ordre du jour. Le maire compte « dissuader » les dégradations grâce aux caméras. Les gendarmes y voient un nouvel outil pour « confondre » les auteurs d’infractions. Lors de leurs régulières réunions, le lieutenant Yannick Coquelin, patron du groupement de gendarmerie de Cesson, milite pour équiper la zone industrielle Sud-est de caméras. Michel Bihan n’exclut pas cette possibilité. Reste à évaluer sa faisabilité sur une telle surface, à cheval sur trois communes.
ichel Bihan n’a pas gagné. Nous avons perdu », assène le leader UMP de l’opposition cessonnaise. Hervé Le Jeune a encore du mal à digérer le verdict du 16 mars 2008. En ce soir de deuxième tour d’élection municipale, la droite échoue à 107 voix près. La commune bascule à gauche. Historique mais logique. En 2000, Roger Belliard, maire pendant trente ans, passe le témoin à Joseph Roze. Depuis, la droite cessonnaise navigue en plein Dallas. Les egos et les intérêts personnels ont pollué la vie communale. Premier clash en 2003. Le nouveau maire, Joseph Roze, sent la commune lui échapper au profit de son très actif premier adjoint. L’édile démet Paul Kuntz de ses fonctions. Une opposition de sept élus de droite entre en dissidence aux côtés de l’ex-numéro deux. Quelques mois plus tard, nouvel acte de l’imbroglio politique. Joseph Roze doit répondre devant la justice de prise illégale d’intérêts. Soupçonné d’avoir été « juge et parti » dans une vente de terrain, l e maire é chap p e à l’inéligibilité mais est condamné à 5 000 € d’amende. Devant la multiplication des bisbilles, il ne se représente pas aux municipales 2008. Aujourd’hui, il ne souhaite plus s’exprimer, afin d’éviter « de jouer au chambouletout politique ». Le changement de têtes à droite n’empêche pas le naufrage. Michel Lebreton, ancien élu proche de Paul Kuntz et Hervé Le Jeune, nouveau venu soutenu par Pierre Méhaignerie, ne réussissent pas à s’accorder sur une liste commune. Les deux hommes s’apprécient, mais leurs équipes respectives ne se supportent pas. Au soir du premier tour des municipales, la liste Le Jeune devance celle de son adversaire du même bord d’une poignée de voix. A l’entre-deux tours, les deux équipes fusionnent dans la douleur. Mais la greffe ne prend pas et profite aux socialistes. Elu dans l'opposition, Michel Lebreton a, depuis, choisi de s'effacer : « Hervé Le Jeune n’a eu de cesse de répéter qu’il ne pouvait y avoir qu’un leader… Je devais me retirer » Un à un, les élus issus de la liste Lebreton ont démissionné… Hervé Le Jeune s’impose désormais comme l'unique patron de l’opposition. D’ores et déjà candidat pour 2014, il compte rafistoler son rafiot et repartir à l’abordage.
Aux municipales 2008, la droite perd son fief à 107 voix près
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SPÉCIAL CESSON-SÉVIGNÉ MICHEL BIHAN Maire
« Un élu qui n’a pas de projets doit démissionner » Chef de file de l’opposition entre 2001 et 2008, Michel Bihan a joué des coudes pour détrôner la droite dans un de ses fiefs métropolitains. Depuis son élection, le socialiste serre des mains à tour de bras. L’ancien journaliste veut réveiller sa commune. Quitte à augmenter les impôts locaux… et faire jaser en ville. Le Mensuel de Rennes : Un précédent mandat extrêmement décrié, deux listes de droite qui partent en campagne de leur côté… Finalement, le basculement à gauche semblait évident… Michel Bihan : A l'issue du premier tour, l’élection était loin d’être gagnée. Nous avions obtenu 43% des suffrages quand les deux listes de droite en cumulaient 57. A l’entre-deux tours, nous avions besoin de gagner 7% des voix pour atteindre la majorité. Nous avons finalement gagné de 107 voix. Je vous assure qu’il n’y avait rien d’écrit ! Depuis quelques années, la droite cessonnaise a tout de même multiplié les bourdes (lire p.59)… En 2001, j’avais déjà réussi à rassembler toutes les forces de gauche autour de ma candidature. De son côté, Roger Belliard, maire de 1971 à 2001, avait démissionné six mois avant pour placer son successeur (Joseph Roze, NDLR). Ce dernier disait : « Avec moi, ce sera comme avec Belliard mais en mieux. » Finalement, son mandat s’est mal goupillé… De notre côté, nous avons acquis la confiance des gens. Dès novembre 2008, j’ai réalisé une campagne atypique en frappant à 6 000 portes du lundi au samedi… Quant à la fusion des listes de droite, elle n’a pas marché. « Son mandat s’est mal goupillé », « la fusion à droite n’a pas marché »… Vous n’êtes pas très critique envers vos adversaires et anciens rivaux politiques… Je me suis promis de critiquer le moins
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possible l’action de mes prédécesseurs. Parfois, ils me rattrapent en me disant ci ou ça. Je souris car nous agissons bien souvent pour rattraper leurs erreurs. Depuis mon arrivée, un lien entre les Cessonnais et les élus s’est recréé. Je n’ai pas envie de revenir sur le passé. Ce qui me préoccupe, c'est l’action que nous menons aujourd’hui. Cesson renvoie l’image d’une belle endormie. Depuis votre arrivée, l’avez-vous réveillée ? Les associations sociales, culturelles, sportives… dynamisent la commune. Le vrai problème se pose s u r l ’a t t r a i t commercial de la cité. Il y a quelque temps, une poissonnerie et un marchand de chaussures ont tenté de s’installer dans le centre. Ils ont finalement fermé. Nous avons besoin d’une locomotive commerciale pour le bourg de Cesson, afin de recréer un cœur de ville.
de l’habitat (au moins la moitié des nouvelles constructions doit être des logements sociaux ou en accession aidée, NDLR) porteront leurs fruits d’ici quatre ou cinq ans. L’image bourgeoise de Cesson n’est donc pas surfaite ? La commune compte 500 personnes en recherche d'emploi. Nous atteignons ce chiffre pour la première fois depuis 2003. Les gens souffrent aussi à Cesson. Récemment, 140 ingénieurs ont été remerciés par Motorola… Effectivement, ces dernières années, Cesson a vécu beaucoup de fermetures d’entreprises ou de plans sociaux. Hervé Le Jeune, votre opposant, affirme que vous n’êtes pas un bon VRP pour l’emploi dans la commune…
« Une nouvelle hausse des impôts locaux est à envisager l’année prochaine »
Cesson compte autant de retraités que de cadres et d'employés réunis. Comment enrayer son vieillissement ? Un couple de personnes âgées doit pouvoir quitter sa grande maison pour un logement plus adapté. D’un autre côté, Cesson n’accueille pas assez de jeunes couples. La qualité des équipements de Cesson est vantée et inégalée dans toute la région. Reste à résoudre notre problème majeur : le coût du logement. Les effets de notre politique
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Cesson a globalement résisté à la crise. Je reste en contact permanent avec tous les acteurs économiques. Lorsque Motorola décide d’une délocalisation, la firme ne demande l’avis de personne. Je me suis bagarré pour les salariés. Je n’ai pas vu beaucoup d’élus d’opposition en faire autant… Maintenir l’emploi se révèle être une tâche compliquée. Mon travail consiste plutôt à attirer de nouvelles entreprises chez nous. En ville, on loue votre « dynamisme ». Mais désormais, bon nombre de Cessonnais grognent contre l’augmentation des impôts. Certains y voient le premier couac de votre mandat… Les gens ont oublié les hausses pratiquées entre 2001 et 2008. Pendant
M. BIHAN Originaire de Pontivy, le journaliste Michel Bihan intègre la rédaction d’Ouest-France dans les années 60. Le localier prend les rênes de la rédaction rennaise en 1981. Quelques années plus tard, il s’installe sur la commune de Cesson. Il termine sa carrière à la rédaction en chef du journal et s’encarte au PS à la fin des années 90. En 2001, l’actuel maire défend les couleurs socialistes face à Joseph Roze. L’ancien journaliste devient chef de file de l’opposition sept ans durant. En mars 2008, il coiffe la droite dans son fief à 107 voix près.
R. Joly
cette période, les impôts locaux ont gonflé de 22,5%. Aujourd’hui, nous relevons les taux de 8,86% à 10%. Le foncier bâti est passé à 10,5%. Cesson reste la commune où l’on paie le moins d’impôts de l’agglomération. Notre niveau d’équipements est incroyable, sauf qu’ils n’ont pas été entretenus… La hausse des impôts serait due au manque d’entretien des équipements municipaux par l’ancienne majorité ? Regardez mon bureau : il s’effondre. Depuis 1973, aucun entretien n’a été effectué. La mairie nécessite 1,5 million d’euros de travaux. Le centre culturel souff re d’infiltrations. La salle de tennis n’est pas mieux… Lors de la campagne, nous avions évoqué une augmentation des impôts locaux de 20 ou 30 € par foyer. Dans certains foyers, la hausse de la taxe d’habitation se chiffre à 250 €. Les Cessonnais doivent-ils s’attendre à une nouvelle augmentation l’année prochaine ? Une nouvelle hausse est envisagée l’année prochaine. Il faut disposer des moyens de nos ambitions. Notre politique sociale se veut plus ambitieuse.
Nous avons décidé de maintenir des tarifs de cantine bas, par exemple. Une famille paie 1 € quand la collectivité prend en charge les 5,5 € restants. Les impôts nous permettent d’être plus solidaires. Depuis votre prise de fonction, vous planchez sur le projet de la Zac intra-rocade, au nord-est de la commune. A l’horizon 2030-2040, Cesson y accueillera 40 000 habitants et autant d’emplois. La ville est vouée à se métamorphoser… Ce projet se distingue comme l’un des dix plus importants de France. Il dépasse les frontières de Cesson et même de l’agglomération. Nous avons la place sur notre commune. Profitons de ses disponibilités pour aménager intelligemment. Il ne faut pas avoir peur de voir loin et d’être audacieux. Un élu qui n’a pas de projets doit démissionner. Bon nombre de vos administrés craignent pour l’identité cessonnaise. La commune est-elle vouée à devenir un quartier de Rennes ? E n t r e n t e a n s , s o u s l ’è r e R o g e r Belliard, Cesson est passée de 3 000
à 15 000 habitants. La commune n’est pas devenue un quartier de Rennes pour autant…
Contre le cumul des mandats, le maire de Cesson assure ne vouloir se consacrer qu’à sa commune. A-t-il un avenir en politique ? Impossible de tirer un pronostic : Michel Bihan ne jure que par Cesson.
Des 37 maires de l’agglomération rennaise, vous êtes le seul à ne pas siéger à Rennes Métropole. Visiblement, le cumul des mandats n’est pas votre tasse de thé… Pourquoi un maire devrait-il systématiquement être vice-président de l’agglomération ? Certes, je suis retraité et j'ai du temps... Mais je suis capable de ne faire qu’une chose à la fois. Je me considère comme un farouche opposant au cumul des mandats. Que certains élus aient deux casquettes, je peux l’envisager. Trois me semblent beaucoup trop. Nombre de vos amis politiques sont d e v rais cumular ds… Comm e nt voient-ils votre position ? J’ai un style de management qui m’impose d’avoir une présence importante sur ma commune. Mes journées commencent tôt et finissent tard. Je ne changerai pas. Je pense être bien compris par mes administrés. En dehors, pas forcément. Je ne suis ni le vassal, ni l’opposant de quiconque. Je défends ma ville, voilà tout. Le Mensuel/novembre 2009
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