CINÉMAS MORBIHANNAIS : L’OFFRE EST-ELLE SATISFAISANTE ?
NOUVELLE FORMULE
MULTIPLEXES, FRILOSITÉ DU PUBLIC, CONCENTRATION DES PROGRAMMATEURS... POURQUOI LES MORBIHANNAIS VOIENT L’OFFRE STAGNER.
Florent de Kersauson « Le Morbihan, un endroit de formidable liberté »
Avril 2013/ 4,40€/ lemensuel.com Magazine indépendant / Numéro 96 /
DU GOLFE
N A H I B R O M DU
Vannes Lorient
match Le
HISTORIQUEMENT RIVALES, LES DEUX GRANDES VILLES DU MORBIHAN DOIVENT DÉSORMAIS SE RAPPROCHER.
Off ert avec ce numéro
NOTRE SUPPLÉMENT HABITAT
R 28038 - 096 F : 4,4 €
NUMÉ
RO
6 9 AVRIL
Magazine indépendant 89, Boulevard de la Paix 56000 Vannes Tél : 02 97 47 84 74 – Fax 02 97 47 84 75 Courriel : morbihan@lemensuel.com Site internet : www.morbihan.lemensuel.com Sur les réseaux sociaux : Facebook : Le Mensuel du Golfe du Morbihan Twitter : @MensuelduGolfe DIRECTION PD-G. Directeur de la publication François Maumas Directeur de l’information Killian Tribouillard Directeur artistique & marketing Thomas Dubois Rédacteur en chef photo Romain Joly Rédacteur en chef délégué Donovan Potin RÉDACTION Chef de rédaction Donovan Potin Journalistes Elodie Bannier-Mouate, Alan Loquet, Jérôme Hervé Photographes Lionel Le Saux, Romain Joly Graphistes Coralie Choupeaux, Thomas Dubois, Agathe Tabouillot Secrétaire de rédaction Jérôme Hervé Relecture Josette Faure Dessinateur Morvandiau Ont participé à cette édition Clémence Beauplat, Marine Houver, Cassandre Le Spégagne Nouvelle formule graphique acis-galate.com PUBLICITÉ SCRIB COMMUNICATION – 02 97 47 84 74 Courriel : communication@lemensuel.com Direction commerciale François Maumas Attachée commerciale Marie-Charlotte Cloerec – 06 88 67 71 67 Matty Sene – 06 89 26 32 48 ABONNEMENT Service Abonnement Service Réassort diffuseurs Marie Léon Le Mensuel Abonnement – 89, bd de la Paix 56000 Vannes - 02 97 47 84 74 – Courriel : abonnements@lemensuel.com RH & ADMINISTRATION Cécile Saison SCRIB – 89, bd de la Paix 56000 Vannes 02 97 47 84 74 Pour toute candidature : rh@lemensuel.com Pour toute demande administrative : administration@lemensuel.com IMPRESSION Etic Graphic, Laval – Imprimé sur du papier PFEC DIFFUSION Morbihan Diffusion Presse Dépôt légal : à parution ISSN : 2101-8936 Commission paritaire : 0516 I 89863 Le Mensuel du Golfe du Morbihan est édité par Scrib, créée en juillet 2004 par François Maumas, Thomas Dubois, Romain Joly, Donovan Potin et Killian Tribouillard, SAS au capital social de 15 036 €, Siège social : 89, bd de la Paix 56000 Vannes – 02 97 47 84 74 – RCS Vannes : 477 807 499 – APE : 5814Z. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation de l’éditeur. © 2013 SCRIB SAS
SOMMAIRE
2013
38 AGORA 06. NOUVELLE FORMULE, MÊMES AMBITIONS 08. VOS DÉBATS 11. VOS PHOTOS 12. VOS DÉBATS 12. CLUB ABONNÉS DU MENSUEL
L'ACTU 14. ÇA S’EST PASSÉ LE... 18. AGROALIMENTAIRE BRETONNE
64
Sortie de route 20. VOLVO OCEAN RACE
L’audit prend l’eau 22. GENS DU VOYAGE
Levée de boucliers à Larmor-Baden 23. EXPULSIONS
Les demandeurs d’asile en sursis 24. VIDÉOSURVEILLANCE
Les petites communes prêtes à s’équiper
34
26. MOTOCULTOR
Quand le motocultor laboure la campagne 27. CATHERINE LEROOY
« Je pense céder la place » 28. ÉCONOMIE
2012 : année noire pour le chômage en Bretagne 30. ET PENDANT CE TEMPS... AU TRIBUNAL
3 2 Re m o
us dans la petite mer
LAPPA POUR LE CUM RTIENT UL DES MAN DATS GOULARD S’ENTOURE D E MIL AU DÉPARTEM ITANTS ENT Avril 2013 / N°96 Le Mensuel 3
ABONNEZ-VOUS RENDEZ-VOUS P. 25 OU SUR ABO.LEMENSUEL.COM
62 LE MAG 34. EN ATTENDANT LES MUNICIPALES
La Trinité-sur-Mer Rester dans la vague
58
38. EN COUV : LE MATCH VANNES-LORIENT 56. DANIELLE DELAMOTTE
« Réinsérer, c’est être à l’écoute de l’autre » 58. ROLLER DERBY
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CULTURAML A
FESTIVA ER PHOTO DE M S LE AQUAREL LA À O N DU GUER E… IL C SI
Éprises de contacts 62. GHISLAIN BARDOUT
« Nous repoussons les limites des explorations » 64. CINÉMA EN MORBIHAN
Le choix de l’embarras
MON MORBIHAN 72. PARTAGER
« Le plus beau cadeau du Morbihan : nous laisser le regarder » 74. DÉCOUVRIR
Les mystères du quartier Saint-Patern de Vannes
72
76. BOUGER
Où observer les oiseaux du Golfe ? 78. GOÛTER
LES RENDEZ-VOUS DU MENSUEL RADIO LEMENSUEL.COM PLUM’FM Retrouvez un tour d’horizon du Mensuel du Golfe du Morbihan et du site LeMensuel.com, décortiqué chaque mardi à 9 h 15 sur Plum’FM.
VANNES OC LEMENSUEL.COM LES MATCHS EN DIRECT Suivez la saison du Vannes OC en National. En avril, retrouvez les matchs du Voc à domicile, en direct de la Rabine. 5 avril : 31e journée du championnat : Vannes OC/Red Star à 20 h 19 avril : 33e journée du championnat : Vannes OC/Paris FC à 20 h
EN ATTENDANT LES MUNICIPALES SPÉCIAL LA TRINITÉ Vous souhaitez mettre en perspective les propos des élus de la Trinité-surMer (p.34) ? En décembre 2010, Le Mensuel consacrait à la commune un dossier intitulé Entrée dans la phase active. A retrouver gratuitement en ligne en avril sur LeMensuel.com.
ROLLER DERBY LEMENSUEL.COM VANNES Envie d’en savoir plus sur les V’hermines, le team vannetais de roller derby (p.58) ? En avril, sur LeMensuel.com, retrouvez les images de l’entraînement.
EXPLORATION LEMENSUEL.COM UNDER THE POLE Plongez sous la banquise et marchez sous le pôle avec Ghislain Bardout (p.62) et son équipe d’aventuriers en vous connectant en avril sur LeMensuel.com.
ÉLECTIONS LEMENSUEL.COM MUNICIPALES 2014 Suivez les élections municipales en Morbihan dans notre dossier spécial.
Un bistrot complètement beurré ! Avril 2013 / N°96 Le Mensuel
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AGORA
cinémas morbihannais : l’oFFre est-elle satisFaisante ?
nouvelle formule
Nouvelle formule, mêmes ambitions
Multiplexes, petites salles privées et associatives... les Morbihannais trouvent-ils leur compte dans l’offre proposée ?
Magazine indépendant / Numéro 96 /
Florent de Kersauson « Le Morbihan, un endroit de formidable liberté »
Avril 2013/ 4,40€/ lemensuel.com
du morbihan du golfe
Vannes lorient
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HistoriqueMent rivALes, Les deux grAndes viLLes du MorbiHAn doivent désorMAis se rApprocHer.
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PLUS PETIT MAIS PLUS COSTAUD « Chéri(e), j’ai rétréci le journal ! » A moins d’être victime de troubles ophtalmiques prononcés, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que le format du Mensuel a évolué. Plus adaptées aux images, ces nouvelles dimensions lui permettent aussi d’adopter une maquette rénovée, développée en collaboration avec le studio rennais de création graphique Acis&Galaté. Le tout, sans perdre de place. Sa pagination a augmenté.
Difficile de ne pas le remarquer : Le Mensuel du Golfe du Morbihan que vous tenez entre vos mains a subi un sérieux ravalement de façade. Nouvelle « couv’ », nouveau format, nouvelle maquette, nouveau « chemin de fer »… Créé en 2004 dans le Morbihan, lancé à Rennes en 2009, le concept du Mensuel fêtera bientôt ses dix ans. Il nous semblait opportun de lui offrir une cure de jouvence. Objectif : améliorer la forme pour réaffirmer le fond. Depuis mars 2009, Le Mensuel dissèque l’actualité. Il interroge et interpelle, sans hésiter à mettre les pieds dans le plat. L’idée est de permettre à ses lecteurs de mieux appréhender les enjeux de leur région sans se laisser berner par les stratégies de communication. Le Mensuel n’est pas un journal d’opinion. Il n’a pas la prétention d’expliquer à ses lecteurs ce qu’ils doivent penser. Magazine de débat, il permet l’expression des idées, des analyses et des convictions divergentes. Le Mensuel récolte, recoupe, vérifie et met en perspective pour permettre à chacun de se forger une opinion. Pour remplir sa mission, il creuse ses sujets. Grands reportages, enquêtes, dossiers, photographies de haute qualité… Le Mensuel se donne la place et le temps nécessaires pour traiter l’information différemment, dans un souci permanent d’équilibre et de rigueur journalistique. Le Mensuel n’a pas l’habitude de tourner autour du pot. Ici, les choses sont écrites. Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre ce qu’il y a à comprendre. Aucune question n’est interdite et l’humour n’est pas proscrit... Décalé, parfois décapant, notre magazine assume ce petit côté « frondeur » qu’il gardera encore longtemps. Merci de votre confiance, L’équipe du Mensuel du Golfe du Morbihan
La campagne de communication qui accompagne le lancement de la nouvelle formule de votre magazine réaffirme ses valeurs.
DE NOUVELLES RUBRIQUES POUR UN NOUVEAU MAGAZINE Le déroulé du magazine se décompose désormais en trois grandes parties. En début de journal, les pages Actu permettent de découvrir les informations qui vont faire l’actualité morbihannaise, via des petites brèves exclusives ou des décryptages illustrés. En partie centrale, le Mag’ réunit les enquêtes, les dossiers, les grands reportages et autres portraits, qui permettent un traitement de l’actualité en profondeur. Baptisée Mon Morbihan, la fin du journal proposera,
Agora
6 Le Mensuel N°96 / Avril 2013
L’actu
Les remous...
Le mag
Le mag
g
95%
des lecteurs trouvent Le Mensuel crédible.
77%
disent qu’ils trouvent des informations qu’ils ne lisent pas ailleurs.
LA GRANDE FAMILLE DU MENSUEL ! De gauche à droite : Romain Joly, Lionel Le Saux, Coralie Choupeaux, Donovan Potin, Claire Staes, Jérôme Hervé, Tiphaine Réto, Xavier Hinnekint, Nicolas Legendre, Romain Jaiffrai, Thomas Dubois, Killian Tribouillard, François Maumas, Agathe Tabouillot, Marie Léon, Alan Loquet, Marie-Charlotte Cloerec, Elodie Bannier-Mouate, Matty Sène, Xavier Thierry et Cécile Saison.
INTERNET
LE MENSUEL ARRIVE SUR TABLETTE
Un magazine pour prendre du recul sur l’actualité, un site pour la suivre au quotidien. Depuis sa création, Le Mensuel marche de concert avec son site internet, LeMensuel.com. Cette nouvelle formule a été conçue pour réaffirmer notre approche bi-média de l’info locale. Portfolio, diapo-sonore, webdoc, data journalisme… LeMensuel.com permet aussi de prolonger les informations publiées dans le magazine, via des nouveaux formats d’information, publiés en « bonus web ». Enfin, pour pouvoir être lu partout et tout le temps, Le Mensuel du Golfe du Morbihan arrive sur tablette et téléphone portable ce mois-ci.
72%
souhaitaient que Le Mensuel « évolue un peu ». 3 000 personnes sondées*, 300 abonnés interrogés, 30 lecteurs invités à trois tables rondes… Le lancement de cette nouvelle formule a été l’occasion d’aller à votre rencontre pour tenter, notamment, de savoir ce que vous pensiez de nous. Jugés excellents, les résultats de ces enquêtes nous ont rassurés et confortés dans notre projet éditorial : décrypter l’info locale, avec rigueur et sans concession. *Etudes menées par France Interview par courriel en mars 2012.
+ D’INFOS www.nouveau-mensuel.fr/morbihan
chaque mois, de partir à la découverte de votre région et de ceux qui la font. Remous, Culturama, Echos de l’éco… Que nos fidèles lecteurs se rassurent, leurs rubriques préférées sont maintenues. Enfin, nous avons voulu laisser les Agora, qui accueillent les courriers des lecteurs et les images de notre photoblog, après le sommaire. Le Mensuel est ouvert aux critiques, qu’elles soient injustes ou dithyrambiques.
Le mag
Culturama
Mon Morbihan
Mon Morbihan
Avril 2013 / N°96 Le Mensuel
7
L'actu
Toute l'actu du Golfe du Morbihan
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Malgré la crise, nous n’avons pas enregistré d’explosion de procédures liées à des crédits bancaires contractés par des entreprises morbihannaises Jean-François Savy, préfet du Morbihan, à propos de la santé économique du département, en conférence de presse, mardi 12 mars
Plusieurs années qu’El Chapulin était annoncé, espéré surtout. 2013 sera la bonne. Manu Chao débarque à Saint-Nolff le 29 juin. Un événement. Les relations sympathiques, voire amicales, que le chanteur entretient avec le sénateur-maire Joël Labbé et le co-président d’Ingalañ, Jean-Yves Le Mouillour, ont pesé dans la balance. Les premières rencontres entre l’artiste et l’élu EELV remontent à 2003, « lors d’un concert à Brasparts (Finistère) et d’un autre à Millau (Aveyron) ». La connexion est établie. Chao invite Labbé à son concert privé de Barcelone en 2006. Le chanteur militant et l’élu engagé partagent « le même état d’esprit ». « Je lui ai parlé de SaintNolff, notre commune du monde, de nos actions pour un développement durable et solidaire, se souvient le sénateur-maire mélomane. Il m’a dit “un jour ou l’autre, je viendrais jouer chez toi”. » Jean-Yves Le Mouillour, co-président d’Ingalañ, asso de commerce équitable, favorisant les luttes alternatives et écologiques, a lui aussi sympathisé avec Manu Chao. « Nous avons échangé dès 2007, explique le Brechois. On mûrissait un même projet ! Faire aboutir la création d’un festival de dénonciation, écolo, militant. » Leur ami commun, Joël Labbé, a fini par faire atterrir le projet à Saint-Nolff. E.B.M.
26 Le Mensuel N°96 / Avril 2013
L. Le Saux
Les dessous de la venue de Manu Chao FESTIVAL / Saint-Nolff
Quand le Motocultor laboure la campagne
Theix, Malensac… et enfin Saint-Nolff. Motocultor a enfin trouvé son terrain… pour cette année. Malgré (ou à cause de ?) son succès, ce festival de musique metal peine à prendre ses quartiers dans le pays de Vannes. ressenti, voire annoncé dans la presse, à Theix, puis à Séné. Début 2013, des billets en prévente sur le Web le prévoyaient aussi Malansac… Finalement, c’est à Saint-Nolff, sur l’ancien site du grand festival éponyme que le 6e Motocultor se tiendra les 16, 17 et 18 août prochains… De quoi rendre dingue n’importe quel fan de musique metal auquel cet événement s’adresse. 500 000 € de budget L’affiche, avec ses 35 groupes, certains de renommée internationale, n’est pourtant pas en reste. L’affluence non plus. L’édition 2012 avait accueilli 11 000 personnes. Pourtant, chaque année, les organisateurs du Motocultor revivent le même feuilleton : la recherche de la terre promise. Un terrain où le festival pourrait s’installer durablement et vivre sa carrière prometteuse de deuxième rassemblement metal le plus important de France*. Cette quête paraît sans fin, au point d’inquiéter des acteurs culturels sur la viabilité du projet. Les organisateurs sont-ils en cause ? Pas du tout, répond Yann Le Baraillec, fondateur du Motocultor. « Nous ne faisons pas exprès !
P
Mais vu la taille qu’on a désormais atteint, on recherche un terrain viabilisé, avec électricité, accès à l’eau… Ce qui explique nos difficultés. » Dans le pays de Vannes, seul un lieu correspond à ces requêtes : le site de Kerboulard, à Saint-Nolff. Pas de pot, si le sénateur-maire Joël Labbé a accepté d’accueillir Motocultor, ce sera juste pour 2013, « pour les tirer d’affaire ». Le périple des motocultoreux reprendra donc en 2014. N’est-il pas possible de poser le festival sur un terrain non-viabilisé ? Cela augmenterait sa facture de 10 000, voire 20 000 €, selon Yann Le Baraillec. Dans ces conditions, il apparaît difficile pour les festivals de l’agglomération de jouer dans la cour des grands. « Il faut que les élus se rendent compte que c’est un vrai problème. » Avec un budget 2013 de 500 000 € (420 000 € en 2012), Motocultor veut devenir un acteur économique. « L’an passé à Theix, on a évalué les retombées du festival à 100 000 €, en location de matériel, en restauration, etc. », estime Yann Le Baraillec. Et les commerçants n’arrêtent pas de demander quand nous allons revenir. » Donovan Potin *Le premier étant, sans concurrence, le Hellfest, à Clisson
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L'actu
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Catherine Lerooy
Présidente de l’association Cin’écran
Je pense céder ma place
Présidente-fondatrice de l’association vannetaise Cin’Ecran depuis 1998, Catherine Lerooy envisage de céder son poste en juin. Le Mensuel : Les 12e Rencontres du cinéma européen, organisées par Cin’Ecran, se sont achevées le 26 mars. En septembre, serezvous toujours à la tête de l’association vannetaise pour préparer la 13e édition ? Catherine Lerooy : Lors du dernier conseil d’administration, j’ai fait part de mon intention de céder ma place. J’envisage de passer le relais. Il s’agit certainement de mon dernier mandat. Je n’ai aucun regret. J’ai fait le maximum depuis ma prise de fonction en 1998. Qu’est-ce qui vous pousse à passer le flambeau ? C’est un tout. Enseignante,
je souhaite m’investir différemment dans ma profession. Après quinze années de présidence, il est de temps de voir de nouvelles têtes. Si la personne demeure trop longtemps, elle a tendance à rester campée sur ses positions. Des bénévoles sont plus disponibles qu’ils ne l’étaient auparavant. C’est le bon moment. On aurait peut-être dû faire une présidence tournante dès le début. Je passerai le témoin en douceur. Je continuerai à accompagner mon successeur dans les premiers moments. Quel profil devra avoir le prochain président de Cin’Ecran ? Je ne pense pas que mon successeur viendra des « historiques » de l’association. Il serait logique que le changement soit incarné par les nouveaux venus dans Cin’Ecran. On a des personnes compétentes. Une seule condition : le prochain président devra avoir envie de prendre ce poste. A.L. alan.loquet@lemensuel.com
© LLS
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Le mag
vannes / Lorient le match Tout les oppose. L’une fait partie des bijoux du patrimoine breton. L’autre a été anéantie pendant la Seconde Guerre mondiale. Vannes jouit d’une réputation de ville dynamique. Lorient se remet à peine d’une longue crise. Pourtant, tout indique en 2013 que les deux sœurs ennemies morbihannaises sont appelées à cesser de se regarder en chiens de faïence.
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t
jérôme hervé jerome.herve@lemensuel.com lionel Le Saux
a scène se passe un samedi après-midi de 1984. Une Lorientaise, accompagnée par son fils de 10 ans, fait du shopping dans les « belles boutiques » vannetaises. Dans un magasin de prêt-à-porter plutôt chic, elle s’achète une babiole. Comparant le montant et l’adresse sur le chèque, la commerçante se tourne vers sa vendeuse, l’air pincé, et glisse, suffisamment fort pour que la clientèle entende : « Ça sent le port de pêche. » Trente ans après, l’auteur de ces lignes garde en mémoire sa première visite à Vannes. Mais on peut tout aussi bien évoquer le sentiment de Yannick Perreau, Vannetais qui a étudié un an à Lorient, en 2011 : « A chaque soirée, quand je disais d’où je venais, il y avait un Lorientais bourré qui venait me traiter de sale petit bourge. Mon père était manutentionnaire chez Saupiquet… » On trouvera par paquets ce genre de témoignages sur les forums internet. Après tout, les guéguerres picrocholines entre villes sont vieilles comme Hérode. Mais à part Brest et Quimper, on ne voit pas en Bretagne de relation aussi nourrie d’hostilité qu’entre Vannes et Lorient. Le petit jeu en énerve même certains. « Pourquoi les opposer ? C’est nul », s’insurge Patrick Mahé, directeur du Salon du livre de Vannes.
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Dichotomie
Pourquoi ? Parce qu’il ne faut jamais gratter bien longtemps avant d’entendre critiquer le voisin. Un sujet met tout le monde d’accord. Leur histoire et leur sociologie opposent radicalement les deux villes. François Ars, élu et historien vannetais, parle de « dichotomie » : « Vannes est bimillénaire, Lorient n’existe que depuis 1666. » Yann Lukas, ancien journaliste, a grandi dans la Cité des Vénètes et travaillé vingtcinq ans à Lorient, où il vit aujourd’hui et à laquelle il a consacré un livre* : « Vannes a détesté Lorient dès sa naissance. » Péché originel de la seconde ? « Etre une ville française dans un territoire bretonnant », selon François Ars. D’autant qu’elle a vite fait de l’ombre à son aînée : au XIXe siècle, Lorient compte 20 000 habitants, Vannes 9 000. Deuxième défaut : « La construction navale attire des ouvriers,
mal vus des commerçants vannetais », rapporte François Ars. Lorient adhère en masse aux idées de la Révolution, Vannes sera contre-révolutionnaire. Au cours des siècles suivants, les deux villes grandissent séparément. Lorient affirme sa spécificité portuaire. « Avec la Compagnie des Indes, elle est devenue la ville de la première mondialisation. C’est pour ça qu’elle est ouverte sur le monde », philosophe Yann Lukas. Vannes voit son économie maritime péricliter. « Le chemin de fer, en 1860, a tué le port », affirme François Ars. Avec l’arrivée des régiments, en 1870, elle gagne un surnom : la ville aux trois « b », les biffins (soldats de l’armée de terre), les bonnes sœurs et les bourgeois. Ancien siège de l’évêché, devenue préfecture à la Révolution, elle concentre toutes les administrations. Née à Lorient en 1953, la romancière Irène Frain a grandi dans une cité en pleine reconstruction. Elle se souvient du Vannes des années 60, quand elle y venait voir sa sœur à l’Ecole normale d’ institutrices. Pour la fille de maçon, Vannes, « c’était la ville du pouvoir, la ville du succès ». « On s’y ennuyait ferme », ironise Yann Lukas. François Ars note qu’il n’y avait ni théâtre ni opéra. La bourgeoisie n’était pas si opulente : « Il n’y a pas eu de grosses fortunes. C’étaient essentiellement des petits commerçants. » L’histoire avec un grand H creuse le fossé. Janvier 1943 : les bombardiers alliés lâchent 4 000 t de bombes sur la base sous-marine de Keroman. Le monstre de béton, plus gros édifice construit par les Nazis hors d’Allemagne, tient bon. Pas la ville, rasée à 90%. L’évacuation marquera un nouvel épisode du clochemerle. Certains Lorientais se réfugient à Vannes. « Ils ont été accueillis à bras fermés », assure Yann Lukas. François Ars opine du chef : « Les propos laïcards ont pu effrayer les bigots vannetais. » Après la guerre s’opère une rupture supplémentaire, esthétique cette fois. La ville-préfecture a conservé son patrimoine séculaire. Lorient-la-martyre prend l’aspect d’une ville moderne, reconstruite dans l’urgence. Aérée, fonctionnelle. Rapidement, elle retrouve son dynamisme économique. La pêche industrielle connaît un vrai boom : Lorient rivalise avec Boulognesur-Mer comme premier port de France. Jusqu’aux années 80, un climat d’euphorie règne à Keroman. « De véritables fortunes Avril 2013 / N°96 Le Mensuel
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