5 minute read
INTRODUCTION
« Si l’activité commerciale n’est pas destinée à améliorer la vie des gens, ce qui est de plus en plus lié à l’amélioration de la planète, alors à quoi sert-elle? »
– Tamara Vrooman, présidente et chef de la direction de l’Aéroport international de Vancouver et présidente du conseil d’administration de la Banque de l’infrastructure du Canada
Advertisement
Le capitalisme a beau avoir amélioré grandement la qualité de vie de milliards de personnes dans le monde, il existe une pression croissante pour qu’il soit modernisé afin que les profits, les fournisseur(-euse)s de capitaux et les propriétaires ne soient pas la priorité absolue.
Les profits sont évidemment vitaux pour une entreprise. Sans profits, les entreprises ne peuvent pas réinvestir pour innover, améliorer leur productivité, accroître leurs activités, élargir et renforcer leur main-d’œuvre, fournir des dividendes aux investisseur(-euse)s ou, franchement, survivre. De plus, grâce aux profits, les entreprises peuvent payer des impôts pour aider les gouvernements à fournir des services essentiels aux citoyen-nes et à soutenir des causes importantes dans leurs communautés respectives et dans le monde.
Par ailleurs, les gains des actionnaires jouent un rôle dans l’amélioration de la prospérité économique et, dans certains cas, du bien-être de la société. Par exemple, les rendements des régimes de retraite aident des millions de Canadien-nes à prendre leur retraite avec une plus grande sécurité financière.
Néanmoins, une dynamique se met en place pour que la raison d’être des entreprises soit réformée afin d’atteindre un objectif plus large que les profits des actionnaires. La société attend de plus en plus des entreprises qu’elles lient le profit et la finalité, en créant et en partageant leur valeur avec les parties intéressées afin de relever les défis auxquels la société et la planète sont confrontées.
Des discussions étaient déjà en cours aux quatre coins du monde, avant la pandémie de COVID-19, sur la manière de moderniser le capitalisme et de renforcer le rôle des entreprises dans la société. Puis simultanément aux efforts pour répondre aux défis posés par la pandémie, les conversations sur la modernisation du capitalisme et sur le renforcement des relations entre la société et les entreprises se sont intensifiées. Nombreuses sont les personnes qui prédisent que ces conversations et mouvements s’accéléreront après la pandémie.
Un des récents efforts les plus médiatisés est la déclaration de 2019 de la U.S. Business Roundtable : « Bien que chacune de nos entreprises individuelles serve son propre objectif d’entreprise, nous partageons un engagement fondamental envers toutes nos parties intéressées. »1 Cette déclaration visait à redéfinir la raison d’être d’une entreprise aux États-Unis afin qu’elle soit plus attentive aux intérêts d’autres parties intéressées, plutôt que de perpétuer une fixation sur les gains des actionnaires.
Cette déclaration de chef-fes d’entreprise est venue exactement cent ans après que la Cour suprême du Michigan a déclaré en 1919 qu’« une compagnie est organisée et exploitée principalement pour le profit des
actionnaires » et presque exactement un demi-siècle après l’article de Milton Friedman dans le New York Times plaidant en faveur de la primauté des actionnaires.2 Peut-être encore plus remarquable, est le fait que cette déclaration a été publiée environ deux décennies après que la même organisation, la U.S. Business Roundtable, ait déclaré : « Le devoir primordial de la direction et des conseils d’administration est envers les actionnaires de la compagnie. […] Les intérêts des autres parties intéressées sont pertinents en tant que dérivés de la responsabilité envers les actionnaires. »3 De toute évidence, la déclaration elle-même fait foi de l’immense pression qui s’exerce pour que les choses soient différentes.
Aux quatre coins du monde, des initiatives réexaminent la finalité des entreprises (l’Annexe 3 offre des exemples d’autres initiatives en ce sens). Aux États-Unis, le programme Business and Society de l’Aspen Institute et au Royaume-Uni, le programme Future of the Corporation de la British Academy, tentent de susciter un débat sur la question suivante : « Quel est le rôle des entreprises dans la société, à l’avenir? ».4
Le présent rapport fait entendre des voix canadiennes offrant leurs points de vue sur le rôle des entreprises dans la société. Près de 100 chef-fes d’entreprise et leaders d’opinion du Canada expriment dans leurs mots pourquoi il est crucial que les chefs d’entreprise s’engagent dans la conversation, voient activement à lier le profit et la finalité, et aident à faire face aux défis mondiaux auxquels cette génération est confrontée, par la création d’une valeur et par le partage de celle-ci avec les parties intéressées.
Bien que le rapport reflète les voix d’entreprises et de leaders d’opinion du Canada, ses conclusions et ses recommandations relèvent de la seule responsabilité de ses auteurs.
Nous nous penchons sur les thèmes suivants :
Chapitre 1 – La relation entre la société et les entreprises importe Cette section postule que le débat sur le rôle en constante évolution des entreprises dans la société est essentiel.
Chapitre 2 – Pourquoi les chef-fes d’entreprises devraient s’en soucier Cette section examine comment le paysage des affaires pourrait être en transformation à travers le pays – tant la relation entre la société et les entreprises, que le capitalisme lui-même.
Chapitre 3 – Analyse de rentabilité Cette section avance que de nombreuses possibilités s’offrent aux chef-fes d’entreprise et que de nombreux risques sont liés à la manière dont ils ou elles s’adaptent aux attentes nouvelles et accrues de la société à l’égard des entreprises.
Chapitre 4 – La raison d’être des entreprises aujourd’hui Cette section illustre comment le rôle des entreprises a évolué au fil des ans pour devenir quelque chose qui ne se limite pas aux actionnaires et aux profits – mais qui consiste de plus en plus à lier le profit et la finalité afin de créer une valeur et de la partager avec les parties intéressées.
Chapitre 5 – Rehausser le rôle futur des entreprises dans la société Cette section identifie les éléments du rôle traditionnel des entreprises qui sont en train de changer, et tente d’exposer les principes et concepts qu’adoptera le rôle modernisé des entreprises dans la société.