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6) Être leader de grands enjeux
Il serait utile que la communauté canadienne des affaires mette à profit le plein potentiel des ODD. Les entreprises pourraient faire le lien entre le profit et la finalité tout en relevant les grands défis auxquels le monde est confronté, en créant une valeur sociétale et en la partageant avec les parties intéressées. On aurait des raisons de se réjouir, mais les entreprises seraient également appelées à exprimer leur appui à la nécessité d’être motivées par une mission sociale.
6) Être leader de grands enjeux
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« Les dirigeant-es sont censé-es être des meneur(-euse)s. » – Zita Cobb, femme d’affaires et entrepreneuse sociale canadienne
L’année 2020 restera dans les mémoires pour de nombreuses raisons, dont le mouvement Black Lives Matter, qui vise à éliminer le racisme systémique et les brutalités policières à l’égard des personnes afro-américaines. Avec ce mouvement, une pression immense s’est exercée sur les entreprises afin qu’elles s’élèvent contre le racisme systémique et prennent des mesures concrètes au sein de leurs organisations et de leurs communautés pour contribuer à son éradication.
D’après de nombreux(-ses) participant-es à l’enquête, le type d’attentes à l’égard des entreprises en 2020 et 2021, c’est-à-dire qu’elles prennent des mesures contre le racisme systémique, ne sera pas une exception à l’avenir et deviendra en fait la règle.
Un nombre considérable de participant-es à l’enquête sont d’avis qu’à l’avenir, pour être véritablement axée sur une mission sociale et accorder une place importante à toutes les parties intéressées, une entreprise devra non seulement faire ses propres efforts mais aussi travailler à en influencer d’autres pour aider à répondre à des problèmes sociétaux et pour résoudre les injustices envers ses parties intéressées. De fait, les dirigeant-es d’entreprise sont soumis-es à une pression croissante pour faire preuve de leadership.
i) S’exprimer sur des questions sociales
« Personne n’a jamais amélioré le monde sans mettre quelques personnes mal à l’aise. » – Michael McAdoo, partenaire et directeur associé du Boston Consulting Group
Un certain nombre de participant-es à l’enquête estiment que les chef-fes d’entreprise devront mettre à profit de plus en plus leur position d’influence afin d’exprimer publiquement leurs préoccupations, leurs suggestions et leurs idées sur des questions d’importance.
Il s’agit d’un changement à la pratique de longue date selon laquelle les chef-fes d’entreprise se tiennent à l’écart du discours public. Bien qu’on le voie un peu plus souvent de nos jours, il est plutôt anormal qu’un-e chef-fe d’entreprise exprime ses opinions et participe au débat public, sauf à propos d’un sujet qui a un impact direct sur son entreprise – et même dans ce cas, ce sont souvent des associations commerciales, des conseils ou des chambres de commerce qui parlent au nom de chef-fes d’entreprise.
Il s’agit là d’un autre comportement d’entreprise qui est sans doute né de l’« école de Chicago », ou du moins qui a été consacré par celle-ci. Milton Friedman n’était pas d’avis que les dirigeant-es d’entreprise devaient s’exprimer sur les enjeux publics. Selon Eric Posner, Friedman affirmait que « les dirigeant-es d’entreprise sont « extrêmement clairvoyant-es et lucides sur les questions internes de leur entreprise », mais qu’ils/elles deviennent de toute évidence « myopes et confus-es » lorsqu’il s’agit de questions d’importance publique. »34
Bon nombre de chef-fes d’entreprise semblent rejeter cet élément de la doctrine Friedman également. Chris Coulter implore les chef-fes d’entreprise de s’exprimer : « Les entreprises doivent s’exprimer – être un allié et défenseur du changement positif est une attente et une dimension de plus en plus importante du leadership des entreprises. L’un des impacts les plus marqués que puissent avoir des entreprises est d’utiliser leur influence pour favoriser des changements plus systémiques, au sein de leur chaîne d’approvisionnement, de leur industrie et de leur cadre réglementaire et politique. »
Les participant-es à l’enquête reconnaissent qu’il n’est pas toujours facile pour un-e chef-fe d’entreprise de s’exprimer, en raison de possibles réactions négatives de parties intéressées, en particulier parmi les client-es, employé-es, actionnaires, membres du conseil d’administration, investisseur(-euse)s et gouvernements – ce qui explique très probablement leur réticence à se faire entendre.
Quoi qu’il en soit, certain-es participant-es à l’enquête nous rappellent qu’il n’est pas toujours facile de faire la différence. En effet, lorsqu’on les interroge sur les considérations et les défis auxquels doit faire face un-e chef-fe d’entreprise qui veut se faire entendre publiquement sur une question, certain-es participant-es à l’enquête ont simplement une réponse qui ressemble à « et alors? ». Louis Audet observe : « C’est le nouveau monde des communications démocratisées, si nous en avons peur et que nous prenons cela comme une raison de ne rien faire, alors personne ne fera jamais rien. »
De nombreux(-ses) participant-es à l’enquête préconisent vivement que les chef-fes d’entreprise s’expriment et soient entendu-es sur les enjeux sociétaux importants plus fréquemment, à l’avenir. Alison Loat est d’avis que la société civile et le monde des affaires doivent s’habituer à ce que les chef-fes d’entreprise s’expriment : « Les déclarations de p.-d.g. sont très peaufinées, de sorte que nous sommes souvent étonné-es lorsqu’un-e p.-d.g. dit vraiment quelque chose ou parle avec son cœur. » Sophie Brochu est d’accord et aimerait que les conseils d’administration des entreprises apportent leur soutien pour que les p.-d.g. puissent se prononcer : « Ça prend un conseil d’administration qui va permettre au ou à la p.-d.g. de s’exprimer sur d’autres choses que la compagnie. » Lisa Kimmel, d’Edelman, qui publie chaque année le baromètre de confiance Edelman analysant la confiance du public à l’égard de certaines institutions, estime que l’argument voulant que les p.-d.g. ne s’expriment pas peut nuire à leur capacité à diriger : « Les p.d.g., en particulier au Canada, ne veulent pas être sous les feux de la rampe et ne sont généralement pas prêt-es à exprimer une position sur des enjeux. Et ils/elles ne communiquent pas assez fréquemment avec les parties intéressées. C’est un problème clé qui empêche les Canadien-nes de faire confiance aux dirigeant-es d’entreprise dans ce pays. »
Certain-es participant-es à l’enquête sont d’avis que les p.-d.g. devraient commencer à s’habituer à commenter les enjeux sociétaux importants, car la pression pour qu’ils/elles le fassent va continuer à augmenter. Lisa Kimmel prévoit que « les p.-d.g. canadien-nes finiront par être obligé-es de prendre position ou d’avoir une position sur des enjeux puisqu’il y aura une vague de pression de la base pour qu’ils/elles le fassent ».
ii) Encourager d’autres leaders d’entreprises à passer à l’action
« Créer une communauté d’intérêt autour d’un objectif, aider les gens d’affaires à trouver des personnes partageant des idées semblables aux leurs, pour passer du temps avec elles – cela constitue un bon point de départ. » – André Beaulieu, vice-président principal chez BCE Inc.
Certain-es chef-fes d’entreprise ont mentionné que certain-es des membres de la communauté d’affaires sont des personnes qui ont besoin de soutien – ou d’une petite poussée – de temps en temps, comme tout le monde.
Un certain nombre de participant-es à l’enquête, y compris des chef-fes d’entreprise, soulèvent l’idée qu’il serait bon d’avoir des groupes de pair-es qui se soutiennent les uns les autres, au fur et à mesure qu’ils avancent dans la transformation de leurs entreprises en des organisations axées sur une finalité.
En outre, une poignée de participant-es à l’enquête affirment qu’il sera nécessaire d’exercer une certaine pression sur les dirigeant-es d’entreprise pour qu’ils et elles s’efforcent de lier le profit à la finalité en créant et en partageant de la valeur avec les parties intéressées si l’on veut que de véritables changements se produisent. Ces mêmes participant-es à l’enquête discutent souvent de la nécessité que les chef-fes d’entreprise expriment publiquement leur soutien au concept de lier le profit à la finalité. Certain-es pensent que cela pourrait avoir de nombreux effets positifs, notamment l’amélioration des relations entre la société et les entreprises. « Si nous pouvons réunir des chef-fes d’entreprise pour qu’ils ou elles parlent vraiment de l’importance de cette question pour les Canadien-nes, nous commencerons à rétablir la confiance à l’égard du capitalisme et du monde des affaires », selon Michael McKnight.
Les chef-fes d’entreprise participant aux entretiens pour le présent rapport ont certainement essayé de prêter leur voix et d’accroître la sensibilisation concernant le débat sur le lien entre le profit et la finalité.
Un nombre considérable de participant-es à l’enquête sont d’avis que les chef-fes d’entreprise devraient également soutenir une initiative similaire à la déclaration de 2019 de la Business Roundtable (BRT) des États-Unis.
À cet égard, nous avons demandé aux participant-es à l’enquête s’ils et elles pensaient qu’une version canadienne d’une telle déclaration serait utile.
Des participant-es à l’enquête ont affirmé à plusieurs reprises que les entreprises au Canada font déjà ce que la déclaration de la BRT avance en mettant l’accent sur toutes les parties intéressées plutôt que sur les seul-es actionnaires. Certain-es soutiennent que cela a été établi au Canada dans le cadre de lois, de précédents juridiques ou de pratiques commerciales. « Je pense que la déclaration aux États-Unis était beaucoup plus importante qu’au Canada parce que je pense que les entreprises canadiennes ont déjà naturellement une disposition de ce genre, simplement parce que notre culture est très différente », dit Mark Little.
De plus, certain-es participant-es à l’enquête soulignent que le manque de suivi est un réel problème de la déclaration de la BRT. En effet, il existe des preuves empiriques que la déclaration de la BRT n’a conduit à aucune action concrète de la part de ses signataires. À titre d’exemple, la réaction de Louis Audet à la déclaration de la BRT est la suivante : « Vu l’état de la nation aux États-Unis, c’est un peu tard – bien essayé, mais vous n’en êtes qu’à un début. »
Par conséquent, les participant-es à l’enquête émettent fréquemment une mise en garde : il serait impératif que les chef-fes d’entreprise qui signeraient une version canadienne de la déclaration de la BRT aillent plus loin dans l’action et le suivi que leurs homologues étatsunien-nes. « Les déclarations sont importantes, elles sont absolument importantes. Les marchés d’aujourd’hui et les consommateur(-trice) s d’aujourd’hui sont incroyablement intelligent-es. Ils et elles peuvent donc, au-delà des déclarations, voir ce qui se passe réellement. Si vous voulez associer votre nom à une déclaration, vous avez intérêt à mettre son contenu en application », note Kevin Sitka. Guy Cormier est d’avis qu’une version canadienne de la déclaration de la BRT pourrait être utile si elle est sincère – s’il s’agit d’une initiative visant à susciter le dialogue pour influencer les décideur(-euse)s, et pas seulement d’un stratagème de marketing. La Dre Marie Delorme est d’accord et fait remarquer que des déclarations inauthentiques ont été faites dans le passé : « Un engagement collectif est toujours un bon début. Mais ce n’est qu’un début. Une déclaration sans action significative devient un trophée de vinyle. Il suffit de regarder l’engagement que la plupart des entreprises ont pris en faveur de la diversité, mais un examen des postes de direction et de gouvernance montre que peu de progrès ont été réalisés au cours des 30 dernières années. » Dan Kelly, président, chef de la direction et président du conseil d’administration de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ajoute avec scepticisme qu’une telle déclaration pourrait bien ne pas rejoindre la réalité Figure 13 : Points de vue de tou-te-s les participant-es à l’enquête, à savoir si une version canadienne de la déclaration dans l’action, pour plusieurs : « Je soupçonne que dès la première fois qu’un objectif environnemental de la US Business Roundtable serait faisable et utile. ou concernant les intérêts des travailleur(-euse)s nuirait au cours de l’action d’une grande multinationale, il serait rapidement abandonné. »” À l’inverse, une partie des participant-es à l’enquête indique que, même si ces arguments contre une version canadienne sont peut-être vrais, le Canada devrait tout de même faire une déclaration similaire à celle de la BRT. Ils et elles affirment non seulement qu’une telle déclaration serait utile, mais aussi qu’elle est nécessaire car le Canada est à la traîne dans les discussions sur cette question importante, alors qu’il pourrait être un leader mondial. Michael Penner affirme : « Nous avons des ions d’avance sur les États-Unis dans la pratique et dans l’esprit, mais des ions de retard dans les relations publiques et les annonces. » Martin LeBlanc est d’avis qu’il est très important que le Canada fasse une déclaration qui soit encore meilleure, quant à la reddition de comptes et au suivi, car en l’absence d’autres déclarations, celle de la BRT est « interprétée comme la déclaration du système capitaliste du monde entier ». La grande majorité des participant-es à l’enquête estiment qu’une version canadienne de la déclaration de la BRT devrait être envisagée. « Le message que vous n’avez pas uniquement des actionnaires, à qui vous devez rendre des comptes, est un excellent message », commente un-e chef-fe d’entreprise. Pour Suzanne Bergeron : « C’est impératif et nécessaire. »
Parmi les participant-es à l’enquête, 70 % sont d’avis qu’une version canadienne de la déclaration de la BRT serait utile, alors que seulement 5 % estiment qu’elle ne le serait pas. Un quart des participant-es à l’enquête sont incertain-es, mais pensent qu’elle pourrait être utile.
Parmi les chef-fes d’entreprise, 66 % disent qu’une version canadienne de la déclaration de la BRT serait utile, tandis que seulement 7 % croient qu’elle ne le serait pas. Un quart des chef-fes d’entreprise estiment qu’elle serait peut-être utile.
Même si ce n’est pas une solution en soi, certain-es chef-fes d’entreprise affirment que cela peut aider. Michael Sabia remarque : « Plus on envoie de messages, plus cela aide. Ce n’est pas une solution, mais ça aide. » Vicki Wallace-Godbout croit qu’en raison du fait que les chef-fes d’entreprise sont tellement occupé-es à gérer leurs organisations et qu’ils et elles sont souvent obligé-es d’établir leurs propres priorités pour chacun des groupes de parties intéressées en disposant de peu de temps pour le faire, une version canadienne de la déclaration de la BRT pourrait être utile car elle pourrait servir de rappel des différents enjeux et parties intéressées que les chef-fes d’entreprise devraient prendre le temps de considérer.
Dans le groupe des accélérateur(-trice)s, 75 % sont d’avis que cela serait utile, contre 4 % qui pensent que ce ne le serait pas.
Il semble que les accélérateur(-trice)s soient très enthousiastes à l’idée de voir le monde des affaires publier une déclaration comme celle de la BRT. Mary Ellen Schaafsma ajoute : « Oui, absolument, le Canada devrait le faire. Nous devons faire un pas en avant. Malheureusement, nous n’avons pas été les premier(-ière)s, mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas aussi mettre notre pieu dans le sol. »
Une nette majorité des participant-es à l’enquête est d’avis qu’une version canadienne de la déclaration devrait être faite. D’autre part, un grand nombre de participant-es estiment qu’une telle version devrait être quelque peu différente. Ils et elles suggèrent qu’elle aborde de manière proactive le sujet principal de la déclaration de la BRT en assurant que des actions et un suivi découleront de la déclaration.
En outre, il est suggéré que toute version canadienne inclue davantage de petites entreprises au lieu de se limiter aux grandes entreprises comme l’a fait celle de la BRT. Andrew Molson, président du conseil d’Avenir Global et de Molson Coors Beverage Company, affirme : « J’aime franchement l’idée de faire en sorte qu’elle soit moins limitée aux “grandes entreprises”, au Canada. De nombreuses petites entreprises se soucient grandement de leurs communautés. » Dan Kelly, qui dirige une organisation représentant des
Figure 14 : Points de vue de tou-te-s les participant-es à l’enquête, à savoir si une version canadienne de la déclaration de la US Business Roundtable serait faisable et utile.
petites et moyennes entreprises, croit qu’il serait plus facile pour les PME canadiennes d’adhérer à une telle déclaration : « Je pense vraiment qu’il ne serait pas difficile d’obtenir l’adhésion des petites et moyennes entreprises – je pense que d’une certaine manière, elles y sont déjà. »
La signature, par les chef-fes d’entreprise canadien-nes, d’une véritable déclaration qui serait appuyée par des actions et un suivi constituerait une démonstration significative de leadership pour les autres entreprises du pays et du monde entier. En outre, c’est un excellent moyen pour les chef-fes d’entreprise de convaincre leurs collègues de l’importance de lier le profit à la finalité en générant et en partageant la valeur avec les parties intéressées.
Quelques participant-es à l’enquête ont indiqué que les groupes de pair-es, entre chef-fes d’entreprise, seraient utiles à ceux d’entre eux/elles qui cherchent à contribuer aux efforts pour relever les défis auxquels le monde est confronté en liant le profit à la finalité par la production et le partage de valeur avec les parties intéressées. Quelques participant-es à l’enquête expliquent que la coopération avec d’autres chef-fes d’entreprise – même avec des concurrent-es – peut être un exercice très utile. Un-e chef-fe d’entreprise interrogé-e explique que même si les concurrent-es ne collaboreront probablement pas lorsque le sujet ou la question peut comporter un avantage concurrentiel pour une entreprise, il n’y a aucun problème à collaborer sur des questions qui affectent l’ensemble du secteur ou de la communauté.
De plus, Michael McCain est d’avis qu’il est dans l’intérêt de toutes les parties intéressées que les entreprises collaborent lorsque cela est approprié; il cite en exemple le fait que de nombreux(-ses) acteur(-trice) s du secteur de la transformation des aliments acceptent de ne pas se faire concurrence à propos de la sécurité. Michael McCain parle avec fierté de la disposition d’Aliments Maple Leaf à aider ses concurrent-es lorsque cela est susceptible d’assurer la sécurité de leurs activités.
De leur côté, Elizabeth Alves, vice-présidente de la stratégie et de la responsabilité sociale d’entreprise chez Cogeco, et Nancy Bouffard, directrice principale des communications d’entreprise chez Cogeco, sont d’avis que l’une des façons dont les pair-es peuvent se soutenir mutuellement réside dans le partage de pratiques exemplaires, par le biais d’un réseau d’entreprises.
Certain-es participant-es à l’enquête estiment qu’il est nécessaire que certain-es chef-fes d’entreprise canadien-nes fassent preuve d’audace et expriment clairement la pertinence de s’engager dans la création et le partage de la valeur avec la société, liant le profit à la finalité en générant et en partageant la valeur avec les parties intéressées, dans le but de convaincre et même de faire pression sur les autres chef-fes d’entreprise pour qu’ils/elles agissent de la même façon. Clarissa Desjardins est d’avis qu’il n’existe actuellement aucune pression des pair-es sur les chef-fes d’entreprise canadien-nes pour qu’ils/ elles s’engagent. Elle estime donc qu’il faut davantage de pression des pair-es et que l’une des façons pour un-e chef-fe d’entreprise d’en exercer est de « fixer la norme sur quelque chose ». Elle avance l’idée qu’en prenant des mesures et en élevant la marche, sur un point, une pression implicite de faire de même s’exercera sur les autres dans le même secteur ou avec des opérations similaires.
Un-e chef-fe d’entreprise propose un moyen d’influencer d’autres membres de la communauté des affaires pour qu’ils et elles lient le profit à la finalité est d’utiliser la sphère d’influence de leur organisation. Il s’agit de faire pression sur une partie prenante afin qu’elle travaille de façon à avoir un impact plus positif. Par exemple, une entreprise pourrait faire pression sur ses fournisseur(-euse)s afin qu’ils/elles fassent plus d’efforts pour créer et partager la valeur avec ses propres parties intéressées, notamment ses employé-es, les communautés dans lesquelles elle opère, et même ses client-es – ce qui a l’avantage d’inclure l’entreprise qui fait pression.
Zita Cobb ajoute un exemple en affirmant qu’une entreprise peut exercer une influence par le biais de son processus d’achat et d’appel d’offres : « Pour chaque dollar que vous dépensez, sachez où va cet argent – et connaissez son impact. »
Certain-es participant-es à l’enquête parlent du pouvoir d’examiner où va l’argent d’une entreprise et quel impact il a. Pour illustrer son propos, Louis Audet a raconté que l’entreprise qu’il aide à diriger a procédé à un examen pour voir quelles personnes, au sein de l’organisation, sont les plus susceptibles d’avoir un sentiment d’être laissées pour compte. L’exercice a révélé qu’il s’agit des sous-traitant-es. Selon monsieur Audet, il s’agit d’une conséquence du processus type de l’appel d’offres, qui accorde généralement une grande importance au prix, ce qui réduit la capacité du/de la sous-traitant-e d’offrir de meilleurs salaires et avantages sociaux à ses travailleur(-euse)s.
Même si l’on devrait féliciter un-e chef-fe d’entreprise qui a réussi à entreprendre une démarche pour faire en sorte que son entreprise associe le profit à la finalité en générant et en partageant la valeur avec ses parties intéressées, une autre chose va lui être demandée à l’avenir : on s’attend à ce qu’il/elle use de sa voix et de son influence comme chef-fe d’entreprise pour encourager les autres à suivre son exemple. .