SOMMAIRE INTRODUCTION...............................................
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ISABELLE,
FRANCE .......................
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NAPLES.....................................
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JEANNE I
LOUVE
LA
RE
DE
ROBERT III
D’ÉCOSSE
DE
......................................
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CHARLES VI
LE
BIEN-AIMÉ...............................
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ISABELLE
PORTUGAL ...................................
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VLAD
DE
L’ E M P A L E U R
JEANNE
FOLLE
LA
HENRI VIII I VA N I V
LE
ERIK XIV ANNE
DE
..........................................
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CASTILLE .........................
32
DE
D’ANGLETERRE
..............................
36
TERRIBLE ......................................
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SUÈDE........................................
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DE
SAXE ...............................................
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RODOLPHE II
DE
HABSBOURG ...........................
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FÉDOR Ier
RUSSIE .......................................
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É L I S A B E T H B Á T H O RY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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M U S TA FA I
62
DE
ER
DE
TURQUIE .................................
MARIE-ÉLÉONORE MURAD IV IBRAHIM I
DE
ER
BRANDEBOURG ..................
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TURQUIE ...................................
68
TURQUIE ..................................
71
DE
DE
SUÈDE ......................................
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LOUIS XIV ....................................................
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CHARLES II
...................................
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RUSSIE ..........................................
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CHRISTINE
I VA N V 4
DE
DE
D ’ E S PA G N E
JEAN-GASTON PIERRE
LE
DE
MÉDICIS ...............................
88
RUSSIE ............................
92
GRAND
PHILIPPE V
DE
D ’ E S PA G N E
...................................
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PRUSSE ..................
100
RUSSIE ........................................
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FRÉDÉRIC-GUILLAUME I ANNE IRE
DE
MARIA BARBARA
DE
ER
DE
PORTUGAL ..........................
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FERDINAND VI
D ’ E S PA G N E
...............................
109
C AT H E R I N E
GRANDE
RUSSIE .....................
112
PORTUGAL ..................................
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MARIE I
RE
LA
DE
GEORGE III I VA N V I
DE
ISABELLE
DE
D’ANGLETERRE
..............................
118
RUSSIE .........................................
122
B O U R B O N - PA R M E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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DE
CHRISTIAN VII
DANEMARK...........................
128
MARIE-ANTOINETTE ........................................
132
DE
BRUNSWICK.................................
138
ER
D’AUTRICHE ..............................
142
CHARLOTTE
DE
BELGIQUE ................................
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LOUIS II
B AV I È R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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CAROLINE
DE
FERDINAND I
DE
ANNEXE I : LES
M O N A R Q U E S F O U S PA R N AT I O N A L I T É . .
ANNEXE II : LES
L I G N É E S R O YA L E S
....................
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INTRODUCTION
I
l n’y a pas plus épouvantable que les aristocrates. Depuis sept cents ans, les cours et les palais royaux ont grouillé de dirigeants qui, abrités derrière leur couronne, étaient, au mieux, excen-
triques ou déficients mentaux et, au pire, des monstres psychopathes coupables des actes les plus atroces.
6
INTRODUCTION
Certains ont massacré, détruit, torturé et assassiné tout au long de leur règne sanglant et impitoyable. Une poignée ont repoussé les limites de la dépravation humaine. La prolifération d’alliances consanguines parmi les familles royales, comme le montre l’annexe II, engendra une tragique descendance de nigauds et d’imbéciles hideusement déformés auxquels on confiait des pouvoirs qui les dépassaient. Les souverains vraiment dérangés de cet inventaire un peu spécial ont tous une chose en commun : ils ne cherchaient pas à « sauver les apparences ». Ce livre examine et fouille la vie et la tête de quarante des plus controversés, dévoyés et déplorables souverains européens de ces sept derniers siècles. Il offre un aperçu révélateur des actes scandaleux, capricieux et infâmes commis par les dirigeants les plus étranges que le monde ait jamais connus. De la duchesse qui se baignait dans le sang des vierges et du prince qui empalait pour le plaisir des dizaines de milliers de personnes jusqu’au roi qui s’entourait de soldats de grande taille et à l’impératrice qui coupait les langues. Les souverains fous de l’histoire demeurent aujourd’hui encore un rappel inquiétant de l’alliance funeste entre l’irrationnel et le pouvoir absolu.
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ISABELLE, LA LOUVE DE FRANCE
}
(v. 1295-1358)
}
I
sabelle naquit dans la famille royale française et épousa le roi d’Angleterre. Son règne aurait pu être remarquable, mais l’homosexualité de son mari, une instabilité mentale croissante et
un manque de jugement alimentèrent sa rage et son ambition considérables, et scellèrent le destin de tous ceux qui croisèrent sa route. Elle est entrée dans l’histoire comme étant une personne sans cœur et impitoyable, si assoiffée de pouvoir et de vengeance qu’elle commit un régicide qui lui valut le titre de « Louve de France ».
Un bel amour Isabelle était la fille du roi de France et, dès l’enfance, fut élevée dans l’optique d’un mariage politiquement opportun et d’une vie à l’étranger. Elle fut fiancée dès l’âge de 7 ans au prince Édouard d’Angleterre, de dix ans son aîné, et, à son douzième anniversaire, le pape pressait depuis déjà quelques années les familles pour sceller leur union. 8
ISABELLE,
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LOUVE
DE
FRANCE
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ISABELLE,
LA
LOUVE
DE
FRANCE
Quand Isabelle et son nouveau mari arrivèrent sur le sol anglais, ils furent accueillis par l’amant de celui-ci, Piers Gaveston, qui portait les bijoux hors de prix que le père d’Isabelle avait offert à Édouard comme cadeau de mariage. Ce fut un moment décisif dans sa relation avec son mari et, sans surprise, elle prit tout de suite Gaveston en aversion. Édouard et Gaveston étaient amants depuis l’adolescence. Après son couronnement, Édouard II ouvrit grand les caisses à Gaveston et se montra aux petits soins pour lui, excluant de fait la reine. Isabelle était de plus en plus abattue et envoyait en France des lettres déchirantes dans lesquelles elle désespérait de son mariage et se plaignait du lit conjugal vide. Au début, elle supporta bien son fardeau. Mais pas les évêques et les barons, si irrités par les charges financières que leur coûtaient les amours du roi qu’ils levèrent une armée et passèrent à l’attaque. Édouard s’enfuit avec Gaveston et Isabelle enceinte vers l’Écosse où il espérait trouver refuge, mais ce ne fut pas le cas. Alors que les armées ennemies approchaient, Édouard, terrifié, s’enfuit avec son amant, abandonnant Isabelle. Cette trahison impardonnable influencera, par la suite, tous les actes d’Isabelle, même après la mort de Gaveston en 1312.
Un amant et un complot Isabelle trouva finalement refuge en France chez son frère, le roi Charles IV. Elle tomba follement amoureuse d’un Gallois, Roger 10
ISABELLE,
LA
LOUVE
DE
FRANCE
Mortimer. Ensemble, ils levèrent une armée, empruntèrent des navires de guerre et partirent affronter Édouard, ralliant des partisans en cours de route. Victorieuse et impitoyable, Isabelle ordonna l’exécution de tous les alliés du roi ainsi que la torture, à savoir le démembrement et la castration, pour tous ceux qu’elle accusait de sodomie avec son mari. Isabelle humilia Édouard en l’obligeant à abdiquer en public et répandit la nouvelle qu’il n’était plus en mesure de régner à cause de ses déficiences mentales. Elle le fit ensuite incarcérer sans plus de cérémonie. Elle espérait se débarrasser définitivement de la menace que représentait le roi déchu et essaya de hâter sa mort par la famine et la torture. Comme précaution supplémentaire, elle le plaça dans une cellule située au-dessus de la morgue du château, lui faisant ainsi respirer l’odeur infecte des cadavres en décomposition. Mais Édouard se montra plus résistant que prévu et, huit mois plus tard, il était toujours en vie.
R´e gicide
Plus longtemps il vivrait, plus grand était le risque de voir une armée se lever en son nom et Isabelle s’impatientait. Dans un élan qui devait lui assurer l’infamie éternelle, elle ordonna à quinze hommes d’aller dans sa cellule au cœur de la nuit et de procéder à son exécution. On fit entrer dans l’anus du roi une broche chauffée au rouge et il mourut ainsi dans d’horribles souffrances. 11
ISABELLE,
LA
LOUVE
DE
FRANCE
Emprisonnement et d´e g´e n´e rescence mentale
Après une courte période de régence, le fils d’Isabelle fut couronné roi à peine en eût-il l’âge. Édouard III n’oublia et ne pardonna jamais à sa mère le meurtre de son père. Il fit exécuter Mortimer et incarcérer Isabelle au château de Norfolk, avec l’ordre qu’elle ne réapparaisse jamais plus en public. Les inventaires, montrent qu’Édouard III s’assura que sa mère vivait dans un certain confort, mais il resta ferme sur les conditions de son emprisonnement. Elle devait même faire vingt kilomètres aller-retour par des tunnels souterrains pour aller prier à la chapelle. Son incarcération dura près de trente ans. Du fait d’un tel isolement, elle devint de plus en plus déséquilibrée. La perte de son titre et de son amant ainsi qu’une conscience tourmentée contribuèrent à ruiner sa santé mentale. La légende raconte que, dans les dernières années de sa vie, elle errait la nuit dans les remparts du château, gémissant et hurlant comme une louve folle.
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JEANNE IRE
}
DE
(1326-1382)
NAPLES
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J
eanne était une fougueuse jeune femme têtue qui affirma sa volonté sur les souverains européens et la papauté. Aucune institution, que ce soit la politique, la loi ou l’Église, ne pouvait
résister à son ambition. Bien que son caractère intraitable ne cor-
responde pas à la définition moderne de la folie, c’était une personne hors norme, à la fois puissante et redoutable : des qualités rares pour une femme de son époque.
Des d´e buts rapides
Jeanne était la petite fille du roi de Naples. À 7 ans, elle fut fiancée à son cousin André de Hongrie, âgé de 6 ans. À 16 ans, elle hérita du trône à la mort de son grand-père mais fut furieuse de découvrir que, par testament, celui-ci avait désigné André pour régner sur Naples conjointement avec elle. Elle fit tant de scandale que le pape envoya un cardinal pour enquêter. Son influence fut telle que le cardinal annula le testament et qu’elle fut couronnée Jeanne Ire de Naples. 13
JEANNE IRE
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DE
NAPLES
JEANNE IRE
DE
NAPLES
Mariage sans avenir Jeanne ne se contenta pas d’arracher la souveraineté à son cousin et de provoquer la colère de sa belle-famille hongroise : elle fut soupçonnée d’avoir, par deux fois, attenté à la vie d’André. La première tentative, simulée en accident de chasse, fut contrecarrée. La seconde réussit : alors qu’il était dans ses appartements du château d’Aversa, André fut appelé au-dehors pour une affaire urgente et, alors qu’il se hâtait pour s’y rendre, il fut assailli par un inconnu, étranglé avec une corde et jeté par la fenêtre. Le refus persistant de Jeanne d’enquêter sur la mort d’André éveilla les soupçons. Le Vatican mena des investigations, mais elle ne fut jamais blanchie. Elle vécut alors dans la peur permanente de représailles hongroises.
Un œil sur le profit Jeanne essaya de conserver une apparence pieuse face à la réprobation croissante du pape et de la population. Pourtant, elle ouvrit un bordel en Avignon qu’elle appela « l’Abbaye ». Il était conçu à l’image d’un monastère ou d’un couvent : les femmes devaient se rendre quotidiennement aux services religieux et ne travaillaient pas le dimanche ni à Pâques. La clientèle était strictement chrétienne et aristocratique et rejoignait les femmes dans leurs chambres au cloître. Mais on ne pouvait pas cacher le fait que de l’argent changeait de main en échange de faveurs sexuelles. Jeanne pouvait présenter 15
JEANNE IRE
DE
NAPLES
l’établissement comme noble, chrétien et respectable, ce n’en était pas moins une maison de passe.
Malheureuse en amour et en affaires Jeanne se remaria trois fois après la mort d’André et fut deux fois veuve. Elle continuait à craindre les Hongrois bien qu’elle fût relativement à l’abri en France. Quand une dispute papale provoqua le schisme vers la fin des années 1370 et l’étrange coexistence d’un pape et d’un antipape, Jeanne soutint ce dernier et perdit. Elle fut donc dans une position inconfortable pour avoir provoqué la colère de la puissante dynastie hongroise et du Vatican.
Une fin mis´e rable
Jeanne s’était faite trop d’ennemis tout au long de son règne pour qu’il puisse bien se terminer. Après la résolution du schisme papal, Urbain VI, le pape victorieux, la destitua de son trône de Naples en faveur du plus compréhensif et malléable Charles III. Contrainte de rendre sa couronne, Jeanne fut emprisonnée, misérable et défaite. Elle fut étranglée dans sa cellule en 1382.
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RO B E RT I I I
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D’ÉCOSSE
(v. 1340-1406)
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P
ar contraste avec les autres monarques fous, il n’y avait rien de despotique chez Robert III d’Écosse. C’était un homme doux et timide, fragilisé mentalement et physiquement après
un accident de cheval. Dans son égarement, il abandonna deux de ses fils : l’un à une mort lente dans un donjon et l’autre, âgé de 11 ans, sur une île rocailleuse d’Écosse.
Une naissance de mauvais augure Les premières années de Robert ne se passèrent pas sous les bons auspices qu’un futur roi pourrait espérer. Ses parents avaient des liens familiaux si étroits qu’ils durent demander une dispense papale pour légitimer leur mariage et à l’époque, Robert avait déjà 10 ans. Les choses ne s’améliorèrent pas vraiment. Quand il monta sur le trône, il était âgé de 50 ans et déjà paralysé. Il avait une si faible estime de lui-même qu’il n’assuma même pas de porter son propre prénom comme titre royal : il trouvait que son nom de baptême,
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ROBERT III
D’ÉCOSSE
Jean, lui avait porté malchance dans le passé et choisit alors le nom de son père, Robert II.
Le chaos Robert III s’enfonça dans la dépression. Il se retira de plus en plus de la vie publique, abandonnant tout semblant de gouvernance pour finir par vivre reclus. Incapable de s’affirmer en affichant le minimum de détermination nécessaire à un roi d’Écosse (à une époque où la tension grandissait entre les Highlands et les Lowlands), Robert fut heureux de confier le pouvoir à
Jacques Ier d’Écosse
son frère, le comte de Fife, qui deviendra le duc d’Albany. Il ne montra aucune résistance lorsque son frère annonça que le roi Robert III n’était plus capable de gouverner. Avant de mourir, sa femme persuada Robert de donner un duché à leur aîné, David, qui fut fait duc de Rothesay. David était irréfléchi et impétueux, en conséquence de quoi il n’eut jamais de succès ni de grand soutien. Albany fit arrêter et emprisonner David dans les donjons du château d’Albany. Le fils de Robert y fut littéralement abandonné et mourut de faim.
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ROBERT III
D’ÉCOSSE
Une ˆile sanctuaire pour son fils La mort de David ébranla quelque peu le roi veuf et apeuré. Craignant que son autre fils, Jacques, connaisse un sort similaire, il l’expédia en France. Mais avant que Jacques puisse prendre le bateau, les hommes d’Albany attaquèrent pour capturer le prince et Robert ordonna que son fils soit mis en sécurité. Le sanctuaire vint sous la forme d’un îlot rocailleux et venteux battu par les flots, connu sous le nom de Bass Rock, où Jacques fut effectivement abandonné pendant plus d’un mois, sans abri ni espoir de sauvetage. Quand il fut finalement pris à bord d’un navire marchand en route pour la France, le prince malchanceux fut capturé par les pirates et emprisonné par le roi d’Angleterre à la tour de Londres où il se languit pendant dix-huit années.
La fin La capture de Jacques fut le choc de trop pour un Robert défaillant. Profondément angoissé et écrasé par le fardeau de son règne désastreux, il laissa la dépression l’emporter. Il refusa de boire et de manger, ce qui hâta son déclin. Avant de mourir, Robert déclara qu’il ne méritait pas d’être enterré aux côtés des autres rois d’Écosse et demanda à reposer dans un tas de fumier. En outre, il voulut l’épitaphe suivante : « Ici repose le pire des rois et le plus malheureux des hommes. »
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