Faits curieux de l’histoire

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SOMMAIRE In t r o d u c t i o n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La bataille de Qadesh et le gros mensonge du pharaon . . . . .

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La mort malchanceuse de Dracon . . . . . . . . . . . . . . . .

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Caligula en deuil de sa sœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Les origines de la Saint-Valentin . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Poudre de momies égyptiennes . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le premier kamikaze . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Les grotesques funérailles de Guillaume le Conquérant . . . .

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La grotte peinte de Néron inspira la Renaissance . . . . . . . .

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L’orgue à cochons de Louis XI . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La vision magique d’Édouard IV . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le procès du cochon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Thanksgiving : une fête mobile ? . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La tulipomanie ébranle l’économie hollandaise . . . . . . . . .

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Le double enterrement de Sir Walter Raleigh . . . . . . . . . .

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Le premier sous-marin inventé il y a quatre cents ans . . . . . .

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L’île de Manhattan vendue pour 24 dollars . . . . . . . . . . .

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Le meurtrier du Ma yflo wer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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L’impôt sur la barbe de Pierre le Grand . . . . . . . . . . . . .

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Une nuit britannique de douze jours . . . . . . . . . . . . . . .

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Le chapeau qui causa une émeute . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le premier pomélo dans la baie de Tampa . . . . . . . . . . . .

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Un cadavre préside les réunions de l’University College de Londres .

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La tragédie d’Horace Wells . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Quand les chutes du Niagara cessèrent de couler . . . . . . . .

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Lincoln achète cinquante cents de cocaïne . . . . . . . . . . . .

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La naissance du billet de cinq cents . . . . . . . . . . . . . . .

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Le mystère des cigares . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le président américain tué par ses médecins . . . . . . . . . .

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La guerre de trente-huit minutes . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Un fermier de Nouvelle-Zélande qui vola avant les frères Wright . . 100 L’attentat presque raté contre l’archiduc d’Autriche . . . . . . 103 La bataille des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Un prototype pour le mont Rushmore . . . . . . . . . . . . . . 110 Docteur « testicules de chèvre » . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Suicides « volcaniques » dans le Japon des années trente . . . . . 116 Gads by : un livre sans « e » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 Dernière exécution à la tour de Londres La famine secrète de Mao

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Jour H : un pays entier change de côté . . . . . . . . . . . . . . 129 L’homme qui marcha autour du monde . . . . . . . . . . . . . 134 In d e x

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Le chapeau qui provoqua une ĂŠmeute

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INTRODUCTION L’histoire n’est pas aussi ennuyeuse que les manuels voudraient nous le faire croire. Disséminés entre les grandes dates historiques, de petits joyaux attendent d’être découverts. Ces fascinantes pépites contiennent les petits bouts d’histoire que vous n’avez pas appris à l’école. Voici quarante des plus curieux événements de l’histoire, de la guerre qui dura trente-huit minutes au chapeau haut-deforme qui provoqua une émeute ! Des faits oubliés, bizarres, stupides et obscurs, quelques inventions étranges ou encore des vérités désagréables : voilà les pans de l’histoire secrète que nous allons vous révéler ici.

Si vous pensiez savoir tout ce qu’il faut savoir de l’histoire, vous serez surpris de vos lacunes quand vous découvrirez, entre autres, quel président américain a été tué par ses propres médecins, qui fut la dernière personne exécutée à la tour de Londres et comment le meurtre est arrivé en Amérique à bord du Mayflower. Quelqu’un a dit : « Si vous n’aimez pas le passé, changezle. » Vous verrez combien l’histoire a souvent été réécrite en faveur de ceux dont nous nous souvenons, tout en occultant ceux qui ont été tout simplement oubliés depuis longtemps.

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LA BATAILLE DE QADESH ET LE GROS MENSONGE DU PHARAON Les pharaons ont gouverné l’Égypte pendant plus de 3 000 ans mais l’un d’entre eux les surclasse tous. Ramsès II a régné pendant soixante-sept ans sur le plus grand empire du monde et survécut à nombre de ses enfants. La réussite de son règne fut l’invention de sa propre légende. C’était un maître antique de l’image, la meilleure preuve en est la façon dont il a réécrit l’Histoire pour apparaître comme un grand héros après sa piètre performance lors de la bataille de Qadesh.

Le contexte de la bataille Depuis des siècles, bien avant le règne de Ramsès II, les empires égyptien, hittite et mitannien se livraient bataille et l’Égypte cédait continuellement du terrain. Lors du règne de Séthi Ier, père de Ramsès, la ville de Qadesh était sous contrôle égyptien, mais elle fut de nouveau perdue lorsqu’il arriva au pouvoir.

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La bataille de Qadesh La bataille de Qadesh eut lieu en 1274 av. J.-C. entre l’armée de Ramsès II et les forces hittites sur les rives du fleuve Oronte, dans l’actuelle Syrie. Ce fut la plus grande bataille de chars qui ait jamais eu lieu et elle s’acheva dans une impasse. On peut dire que les Hittites ont eu le dessus, mais la version par Ramsès de sa « victoire » est le plus bel exemple de légende inventée du monde antique.

provenance d’Amurru, qui repoussèrent les Hittites, qu’une trêve fut conclue. Ramsès subit de nombreuses pertes et ne prit pas le moindre territoire. Il faudra cinq ans à son armée pour être de nouveau assez forte pour se mesurer aux Hittites et la défaite provoqua plusieurs révoltes au sein de l’empire égyptien. Alors il mit en marche une formidable machine à réécrire l’histoire.

Vieilles ficelles Muwatalli, le souverain hittite, cacha ses troupes derrière une colline à Qadesh. Ramsès les croyait beaucoup plus au nord. Dès qu’il comprit que sa terrible méprise l’avait mené dans un piège, Ramsès ordonna à deux de ses divisions de traverser l’Oronte pour le secourir. Avant qu’elles ne puissent arriver, elles furent décimées par 2 500 chars hittites qui se dirigèrent ensuite vers Ramsès. Le pharaon parvint de justesse à s’échapper et ce fut seulement après l’arrivée de troupes en

Dans son livre Chronique des pharaons, Peter Clayton résume la personnalité de Ramsès : « Durant son long règne qui dura soixante-sept ans, tout fut fait à grande échelle. Aucun autre pharaon n’a construit autant de temples ni érigé de statues ou d’obélisques aussi colossaux. Aucun autre pharaon n’a engendré autant d’enfants. La « victoire » de Ramsès sur les Hittites à Qadesh fut célébrée dans un des textes égyptiens les plus reproduits jamais connus. » 9


Pour réécrire l’histoire, Ramsès engagea de nombreux artisans pour graver des représentations héroïques de la bataille de Qadesh sur les temples de l’empire. Ils le représentèrent comme un dieu guerrier, chargeant seul et repoussant l’ennemi après avoir été abandonné par ses troupes. Au total, il commanda pas moins de

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dix inscriptions, un long « poème », un « bulletin » plus court avec quelques reliefs supplémentaires. Nombre d’entre eux sont encore visibles aujourd’hui comme, par exemple, au magnifique temple d’Abou-Simbel ou au temple de Louxor, où le gros mensonge du pharaon, gravé dans la pierre, résiste à l’épreuve du temps.


LA MORT MALCHANCEUSE DE DRACON Dracon fut le premier législateur athénien au VIIe siècle avant notre ère. Le mot « draconien », qui s’applique à des mesures ou des punitions particulièrement sévères ou cruelles, vient de lui, car les lois qu’il a imposées étaient très dures. Malgré cela, il fut très populaire, popularité qui est en fait la cause directe de sa curieuse mort prématurée.

Les eupatrides athéniens

L’École d’Athènes

Les eupatrides étaient les nobles athéniens. Ils prenaient toutes les décisions juridiques et étaient les gardiens des lois qui, jusqu’à ce que Dracon ne les mette par écrit, étaient arbitraires et inconsistantes. En 621 av. J.-C., le peuple athénien décida de ne plus accepter ces lois non écrites et chargea Dracon de les codifier pour la première fois. Il n’a pas créé les lois mais les a standardisées.

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Lois draconiennes

La mort de Dracon

Une fois rédigées, les lois devinrent encore plus sévères. Quiconque était endetté auprès d’un membre de la classe supérieure pouvait se voir forcé à l’esclavage. Avoir une dette envers une personne d’un rang inférieur méritait également une punition mais de moindre importance. La peine de mort était souvent appliquée pour des délits mineurs. Lorsque l’on demanda son opinion à Dracon à ce sujet, il répondit qu’elle était appropriée même pour le vol d’un simple chou. Plutarque décrit l’attitude de Dracon envers la peine de mort dans sa Vie de Solon : « Et Dracon luimême, lorsqu’on lui demanda la raison pour laquelle il prévoyait la peine de mort pour la plupart des délits, il répondit qu’à son avis, elle décourageait les délits mineurs, tandis que pour les délits graves, il n’existait pas de plus grand châtiment. »

La mort de Dracon est l’un des événements les plus curieux de l’Antiquité. En 590 av. J.-C., un hommage fut rendu au grand législateur dans le théâtre d’Athènes. Quand Dracon fit son entrée dans l’arène à ciel ouvert, des milliers de participants surexcités, comme le voulait l’usage, lui jetèrent leurs chapeaux et leurs manteaux en signe de respect et d’admiration. La foule était si nombreuse que la pile de vêtements était énorme. Le temps de le sortir de sous ce tas, Dracon était déjà mort asphyxié. S’il n’avait pas été si populaire, il aurait eu la vie sauve.

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CALIGULA EN DEUIL DE SA SŒUR L’empereur romain Caligula fut si désespéré après la mort de sa sœur Drusilla qu’il imposa une année de deuil. Les citoyens de l’empire romain n’eurent plus le droit de faire des affaires, de dîner en famille, de se couper les cheveux ou de prendre un bain. Tout contrevenant encourait la peine de mort.

Qui était Caligula ? Né le 31 août de l’an 12 sous le nom de Caius Caesar Augustus Germanicus, Caligula fut le troisième empereur romain de l’an 37 à l’an 41. Il a laissé le souvenir d’un despote excentrique, cruel et dépravé. Le début de son règne était prometteur et il fut un souverain populaire malgré sa chute à venir. À son arrivée au pouvoir, il relança les élections libres, rappela les exilés et organisa de nombreux jeux pour le peuple. Thrasylle de Mendès, le devin de Tibère, son prédécesseur, avait prédit que « Caligula 14

n’avait pas plus de chances de devenir empereur que de traverser à cheval le golfe de Baia ». Pour lui prouver qu’il avait tort, Caligula fit construire un ponton de plusieurs kilomètres entre Baia et le port voisin de Puteoli et traversa l’eau à cheval en revêtant le plastron d’Alexandre le Grand.

Insanité impériale L’historien romain Suétone qualifia Caligula de « monstre » et rapporta de nombreux exemples de sa folie. Il est présumé avoir eu des relations incestueuses avec ses trois sœurs mais sa préférée était la plus jeune, Drusilla. On


l’accuse d’avoir nommé son cheval, Incitatus, au sénat et d’avoir tenté de lui obtenir le poste de consul. Aux jeux du cirque, s’il n’y avait pas assez de prisonniers pour combattre les lions, il prenait des spectateurs au hasard et les jetait dans l’arène. La nuit, il se promenait dans son palais en ordonnant au soleil de se lever. Il ouvrit un bordel dans son palais et couchait avec les femmes des sénateurs qu’il invitait à dîner. Et lorsqui’il se vantait de ses conquêtes, il valait mieux pour eux ne rien dire s’ils tenaient à leur vie. Il craignait de perdre ses cheveux et c’était un crime de le regarder par au-dessus. Il demandait aux riches de lui laisser

leurs biens dans leurs testaments et, ensuite, les faisait assassiner. Il fut finalement tué par ses gardes en l’an 41.

Comment mourut Drusilla ? Il y a plusieurs explications à sa mort survenue le 10 juin de l’an 38. La plus banale est qu’elle serait morte d’une maladie qui sévissait à Rome à l’époque ;

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une autre, qu’elle serait morte d’une perte de sang. La version la plus répandue est celle donnée par Suétone : Drusilla était enceinte de Caligula et celui-ci l’a éventrée, croyant que le bébé à naître était d’origine divine et représentait une menace pour son trône.

Culte divin Caligula ne se remit jamais de la mort de Drusilla. Il en fit une divinité, une représentation d’Aphrodite, la déesse de

l’amour, de la beauté et du plaisir sexuel. Elle eut de grandes funérailles publiques auxquelles Caligula, trop désespéré, n’assista pas. Il quitta Rome et se retira dans sa villa d’Albe, où il refusa de se laver et de se couper la barbe ou les cheveux. Il déclara une période de deuil public (iustitium) avec des conséquences mortelles pour qui ne le respectait pas. Tout commerce était alors interdit et les jeux du cirque étaient suspendus. Un homme fut exécuté pour avoir vendu de l’eau chaude car, jusqu’aux funérailles, il était interdit de boire (l’eau chaude était mélangée au vin). Caligula commanda pour le sénat une statue en or de Drusilla de la même taille que celle de Vénus dans son temple. Elle eut son propre mausolée avec vingt prêtres des deux sexes. Par la suite, son anniversaire fut célébré par une fête de deux jours, au cours de laquelle cinq cents ours et éléphants étaient tués, des jeux avaient lieu et sa statue défilait à travers Rome.

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Palais de Tibère et Caligula

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LES ORIGINES DE LA SAINT-VALENTIN Chaque année, le 14 février, des millions de personnes dans le monde célèbrent la Saint-Valentin en offrant à l’être aimé un symbole de leur sentiment. L’origine de ce jour des amoureux est curieuse : elle remonte à une fête païenne de la Rome antique et il existe au moins trois saints Valentin.

Qui était saint Valentin ? Les trois saints Valentin furent martyrisés et les trois sont fêtés le 14 février. On sait peu de choses à leur sujet. L’un est mort en Afrique. Un autre, prêtre à Terni à la fin du IIIe siècle de notre ère, fut tué lors des persécutions de l’empereur Aurélien. Il est enterré sur la via Flaminia et ses reliques se trouvent à la basilique Saint-Valentin à Terni. Le troisième était un moine de Rome qui fut martyrisé en 269 pour avoir défié la volonté de l’empereur Claude. L’empereur n’arrivait pas à 18

recruter des soldats pour ses nombreuses campagnes militaires. Il pensa que les hommes préféraient rester chez eux auprès de leurs compagnes, alors il annula tous les mariages et fiançailles. Saint Valentin fut arrêté car il continuait à marier des couples en secret. Il fut condamné à être battu à mort et décapité. Lui aussi est enterré sur la via Flaminia. Ses reliques se trouvent à l’église Sainte-Praxède.

Les lupercales À l’époque de la mort des saints Valentin, le christianisme avait presque totalement supplanté


les cultes païens à Rome. Au IIIe siècle de notre ère, les meutes de loups errant hors de la ville constituaient une menace pour les bergers et leurs troupeaux. Le dieu romain Lupercus était le protecteur des bergers et, depuis des siècles, les Romains le fêtaient tous les 15 février lors des lupercales. Lors de ces fêtes, des noms de jeunes filles étaient placés dans une boîte et tirés au sort par de jeunes hommes. Les couples étaient alors formés pour l’année.

Christianisation de la Saint-Valentin En 496, alors que l’Église catholique cherchait à christianiser les fêtes païennes, le pape Gélase Ier déplaça la date des lupercales au 14 février et les renomma en l’honneur de saint Valentin. L’habitude de tirer au sort des noms fut modifiée : les noms de saints remplacèrent les noms de jeunes filles et les garçons devaient passer l’année à vivre comme sur le modèle du saint

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qu’ils avaient choisi. Au XIVe siècle, on utilisa de nouveau des noms d’amoureux et l’Église tenta vainement de réintroduire des noms de saints au XVIe siècle. Bien que cette fête soit très populaire aujourd’hui, la confusion sur ses origines incita l’Église, en 1969, à retirer la Saint-Valentin du calendrier officiel des fêtes catholiques dans le monde. La Saint-Valentin est intéressante

historiquement car, à l’instar de nombreuses fêtes chrétiennes, elle était à l’origine une fête païenne avant d’être récupérée par l’Église. Celle-ci l’abandonna donc et ce jour est de nouveau une célébration profane. La plupart des gens n’ont pas conscience que la Saint-Valentin, religieuse ou païenne, remonte à près de deux mille ans.

L’entrée de Rome par la via Flaminia

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