Astrolabe – Le pavillon
Imagine-toi sur un grand navire fendant les flots. C’est un voilier gigantesque dont les mats semblent toucher le ciel. Tout autour de toi, tes compagnons s’affairent. Chacun sait ce qu’on attend de lui. Cela fait quelques temps que tu navigues à bord de ce bateau. C’est un fier vaisseau qui a traversé d’innombrables tempêtes, qui a visité de multiples contrées et qui a été le théâtre de nombreuses aventures.
En ce moment, la mer est calme et le voyage se passe bien. Tu entends les vagues clapoter sur la coque, le vent souffler dans les voiles et le pavillon claquer au vent. Le soleil brille et la vie semble douce pour l’équipage.
Mais petit à petit, le temps se couvre et les nuages se font de plus en plus menaçants. Au loin, le ciel devient noir et le vent redouble d’intensité. Les éclairs zèbrent le ciel et le tonnerre se met à gronder, de plus en plus proche, de plus en plus fort. Toi et le reste de l’équipage savez ce que vous avez à faire. Chacun se précipite pour limiter les dégâts, mais, malgré tous vos efforts, la tempête ne peut être évitée et elle finit par s’abattre avec violence sur le navire. En un instant, le voilier se retrouve pris en plein cœur de l’orage, les vents se déchainent et rugissent. Les vagues atteignent des hauteurs impressionnantes et s’écrasent sur le pont avec fracas. La violence de l’orage parait ne vouloir jamais prendre fin.
Après un temps qui semble long comme l’éternité, un rayon de soleil te parvient à travers l’épaisse couche de nuages. La force du vent diminue. Les vagues se font de moins en moins impressionnantes. Peu à peu, le calme revient et avec lui le silence. Tu te remets peu à peu de tes émotions, tout comme tes compagnons, heureusement sains et saufs.
Malheureusement, le navire s’est échoué sur un banc de sable. Par chance, il n’y a aucun dégât important à déplorer. Il y a bien une corde ou l’autre à renouer et quelques draps à essorer, mais rien qui pourrait vous empêcher de continuer votre voyage. En levant les yeux, tu remarques que le pavillon a disparu, c’est le seul à ne pas avoir survécu à la tempête.
Le temps d’inspecter le navire, la nuit a pointé le bout de son nez. Pour repartir, vous avez besoin que la marée monte. Cela n’arrivera pas avant demain matin. Vous voilà obligés de passer la nuit sur place. Tant mieux ! Tu as devant toi quelques heures de répit.
Cette épreuve t’a épuisé, mais tu es incapable de dormir. Pour te remettre de tes émotions, tu te glisses hors du bateau, sans bruit, pour ne pas réveiller tes compagnons. Tu te dis que profiter de l’air frais et marcher sur la plage te fera du bien. Après quelques minutes, tu décides de t’arrêter et de t’asseoir un instant.
Le sable est froid et humide, mais ce n’est pas désagréable dans la tiédeur de la nuit. La brise est douce et chaude. Le ressac des vagues ressemble à une envoutante mélodie. Au-dessus de toi, la voute céleste est splendide. Tu n’as jamais vu un ciel étoilé aussi beau que ce soir. Il n’y a pas une lumière pour déranger le spectacle. Après de longues minutes de contemplation, tu te couches sur le sable et tu fermes les yeux. Tu te sens bien, apaisé, serein.
Tu laisses vagabonder tes pensées. Elles te mènent au début de ton voyage. Tu penses au moment où tu as embarqué sur le bateau, à tout le chemin que tu as parcouru. Aux aventures que tu as vécues, aux gens que tu as rencontrés, aux découvertes que tu as faites tout au long de ces journées de navigation.
Pause réflexive
Raviver tous ces souvenirs qu’ils soient bons ou plus difficiles te donne envie de poursuivre ton exploration. Maintenant que tu te rappelles de tout, tu laisses parler tes sentiments, tes émotions. Tu prends le temps de réfléchir à comment tu te sens à l’intérieur de toi, quelles émotions te parcourent après ce long voyage dans ta mémoire.
Pause réflexive
Petit à petit, tu prends conscience de ton évolution. Tu regardes la personne que tu étais et celle que tu es maintenant. Définitivement, ce voyage a une influence sur ta vie. Tu es devenu une personne différente, plus grande, plus mature. Tu développes tellement de compétences, tu fais grandir tes forces, tu apprends à accepter tes faiblesses. Tu es devenu un membre à part entière de l’équipage sur lequel les autres peuvent compter.
Pause réflexive
Tu réalises que tu as bien grandi tout au long de ton périple. Et pourtant, tu n’es pas encore arrivé au bout de ton voyage. Il te reste surement des tonnes d’expériences à vivre, de nombreuses aventures à créer. Tu sais que demain, lorsque la marée sera montée, le voyage reprendra. Il est grand temps de réfléchir à ce voyage, au cap que tu souhaites atteindre. Des envies, tu en as plein. Il est temps de se diriger vers ces iles lointaines dont tu as toujours rêvé.
Pause réflexive
De longues minutes s’égrènent. Perdu dans tes pensées, tu n’as pas vu le temps passer. À l’horizon, le soleil se lève. La marée monte. Dans quelques heures, le voyage pourra reprendre. Tu te lèves, respire profondément et retourne vers le bateau. Au milieu de ton chemin, tu aperçois quelque chose qui flotte à la surface, ballotté par les vagues. Tu t’approches. Il s’agit du pavillon du bateau. La tempête n’a pas été tendre avec lui, il est en lambeaux. Tu as quelques heures devant toi. Et si tu en créais un nouveau ? Tu te précipites vers le bateau, fouilles quelques caisses et déniches un morceau de tissu qui sera parfait. Tu esquisses tes premiers traits et, petit à petit, le nouveau pavillon prend vie sous tes doigts.
Voilà, il est fini. Il ne reste plus qu’à l’accrocher. En tirant la corde, tu regardes ton pavillon s’élever le long du mat. Il flotte fièrement.
Entre-temps, la marée est remontée et tout l’équipage est prêt à embarquer. Le voyage peut maintenant reprendre son cours.