La coéducation

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Sommaire

Dossier :

La coéducation

2. Vers un guidisme mixte 3. Actuellement 4. La mixité dans la société 5. En pratique

L’association des Guides Catholiques de Belgique est un Mouvement féminin ouvert a la coéducation. La coéducation, c’est l’éducation des filles et des garçons ensemble, basée sur une réflexion pédagogique consciente des différences entre homme et femme et respectant les besoins de chacun.

La possibilité est offerte à chaque groupe de vivre le Guidisme dans des groupes unisexes ou coéduqués. (Art. 5 de la Charte des Guides Catholiques de Belgique)

La coéducation dépasse la mixité qui signifie « mélange des sexes ». Elle désigne un véritable projet pédagogique derrière le mélange des sexes, alors que le terme mixité exprime le sens d’une simple juxtaposition des sexes dans un même cadre.

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Du guidisme féminin vers un guidisme mixte

Pour la petite histoire, le Mouvement guide belge aura 95 ans bientôt et au départ il était constitué uniquement de jeunes femmes (et filles). C’est depuis 1965 que certaines activités mixtes ont vu le jour. A l’époque, il s’agissait principalement de groupe Route et de rassemblements internationaux mais il n’existait pas encore de position officielle en faveur de la mixité. L’étape suivante se fera en 1977, lors des États généraux du Mouvement : Une recommandation propose de donner le feu vert à certains groupes pour vivre la coéducation et de leur donner un cadre et des méthodes pédagogiques adaptées. En 1979, le texte est adopté par l’assemblée générale : Préalable : la coéducation est à situer dans la perspective éducative du Mouvement. L’objectif essentiel du Mouvement est de permettre à des jeunes de se situer comme partenaires responsables dans la société. Le Mouvement veut être le lieu où cette coresponsabilité peut se vivre et s’exprimer concrètement, à travers les différences qui régissent notre société. Par exemple, entre jeunes et adultes, valides et handicapés, hommes et femmes, riches et pauvres, intellectuels et manuels. (…) En 1981, l’Association mondiale des Guides et des Éclaireuses (AMGE) accepte que certaines de ses associations (dont les GCB) comportent des membres masculins mais « sur base expérimentale ».

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Dix ans plus tard, ces associations revendiquent le droit d’accepter officiellement les garçons et mettent en avant l’impossibilité de faire marche arrière, leur présence étant bel et bien une réalité plutôt qu’une « expérience ». C’est pourquoi en 1998, l’AMGE admet enfin officiellement que les GCB puissent accueillir des garçons. La pédagogie nuton est la première pédagogie qui a été pensée pour des filles et des garçons ensemble, comme une pédagogie coéduquée d’emblée. Elle naît dans les années 1980-1985, à l’époque où les GCB viennent d’admettre la coéducation. Une majorité de nos chaumières sont coéduquées, aujourd’hui !


La réalité actuelle

On constate que les groupes qui vivent la coéducation sont principalement de la Branche nuton, lutin, Horizon et Route. En effet, la Branche Aventure concernant un âge où le jeune est adolescent, la tendance est à séparer les genres.

La sexualité est réactivée lors de la puberté. Le corps de l’adolescent se transforme et le développement de son identité, de sa sexualité se poursuit et s’intensifie. Il s’agit d’une période de remaniements importants pendant laquelle la socialisation, le rapport à l’autre se complexifient. L’adolescent doit s’affirmer sur plusieurs niveaux : • Il doit intégrer les changements corporels et sa nouvelle apparence manifestement sexuée. Il est également confronté à certains modèles socioculturels du milieu dans lesquels il vit. • Affirmer son caractère masculin ou féminin au travers de ses comportements et de ses attitudes. • « Choisir » son orientation sexuelle

Un staff mixte Chez les Guides, on a développé l’idée de la co-responsabilité. Cela veut dire que les postes à responsabilités qui sont en général plus ouverts aux hommes, sont proposés aux femmes, aux hommes ou en couple. C’est pourquoi une grande partie de nos staffs est mixte. Et c’est une chance pour nos groupes car, coéduqués ou pas, il est important d’y avoir une confrontation aux deux sexes. Par exemple, un lutin peut avoir besoin d’un réconfort masculin pendant le camp, si son papa lui manque… Mais, que le staff soit mixte ou pas, l’important reste que chacun se sente bien dans le projet qu’il vit.

XX + XY = GCB

C’est tout à fait cohérent avec la théorie du développement de l’identité sexuelle chez l’enfant (Freud). Entre 3 et 5 ans, l’enfant découvre son sexe et la différence de sexe (fille-garçon). Ensuite, il y a ce qu’on appelle la période de latence qui se situe entre 6 et 12 ans environ, c’est une période plus calme au niveau du développement sexuel chez l’enfant. Il s’investit alors socialement et intellectuellement, il est moins concentré sur lui-même.

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La mixité des genres dans la société Même si de nos jours, il semble évident que les femmes et les hommes aient les mêmes droits, l’égalité hommefemme a longtemps été un « cheval de bataille » pour le mouvement féministe et l’est encore aujourd’hui. Sais-tu que le droit de vote universel date seulement de 1948, en Belgique ? Qu’à partir de 1976, une directive européenne n’admet plus la discrimination entre hommes et femmes, également dans l’accès aux écoles ? C’est alors que la mixité sera introduite progressivement dans les écoles secondaires.

Le paradoxe de la mixité :

Dans les années ’80, la mixité scolaire fait débat. Une hypothèse est formulée, selon laquelle, placés dans un contexte mixte, les filles et les garçons adhèrent aux stéréotypes sexués. Diverses études ont alors montré que non seulement l’école n’échappe pas aux stéréotypes sociaux de sexe mais tend à les renforcer souvent à l’insu des élèves et des enseignants. On ne va pas traiter ici le débat pour ou contre la mixité dans les écoles mais plutôt noter que s’il y a coéducation, elle a ses avantages et ses inconvénients, qu’il ne faudrait pas nier. En outre, l’idée est de faire vivre cette coéducation en ne croyant pas aveuglément que mixité = égalité et en ne perdant pas de vue que les hommes et les femmes sont des êtres fondamentalement différents.

La coéducation chez les Guides peut se résumer à « tous différents mais tous égaux ». L’enjeu est de distinguer les différences d’ordre biologique et celles liées à la culture et à l’éducation sur lesquelles on peut avoir une action éducative et une réflexion. Les qualités et défauts qu’on approprie généralement à l’un ou l’autre sexe sur base de nos croyances sont des stéréotypes (déf : Idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d’agir). Les stéréotypes ou clichés auxquels nous adhérons, nous les intégrons par notre éducation, notre culture, notre environnement. Entre autres via les médias et par nos interactions qui sont parfois tellement empreintes de croyances qu’elles confirment souvent ce que l’on croit.

Petit exemple de classement des différences entre filles et garçons : Différences d’ordre biologique

Différences d’ordre culturel et stéréotypes

Les garçons ont une plus grande force physique Les filles ont une maturité plus précoce Les garçons ont une plus grande motricité Les filles ont une motricité fine plus développée Les garçons ont un meilleur sens de l’orientation Les filles ont plus de facilité à faire plusieurs choses en même temps • Les filles parlent plus que les garçons

• Les garçons jouent avec des voitures, les filles avec des poupées • Les filles sont douces, les garçons agressifs • Un garçon, ça ne pleure pas ! • Une fille a peur de se salir • Les hommes sont plus ambitieux et plus performants au travail • Une femme a l’instinct maternel • Un homme doit être courageux • L’homme incarne la sécurité financière d’une famille, la femme le cocon éducatif

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Dans la coéducation, il faut respecter les différences physiques et comportementales des deux sexes mais il faut pouvoir « casser » les clichés et proposer aux jeunes de sortir du moule sexué dans lequel on les enferme trop souvent. De cette façon, ils pourront apprécier leurs diversités et se construire une image d’eux-mêmes et de l’autre plus respectueuse.

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Vivre la coéducation en pratique

Avec les nutons : A la chaumière, on apprend à vivre et à grandir avec les autres. Cela veut accepter l’autre, au-delà des différences et évidemment au-delà du genre de chacun.

Faire un petit débat autour du sujet. Demander pourquoi on pense plutôt à une caissière et un chauffeur de bus ? Est-ce réaliste ? Une fille pourrait-elle avoir envie d’être pompier ?

En règle générale, à cet âge, les garçons aiment les activités de grande motricité (courir, grimper, sauter) alors que les filles préfèrent la motricité fine (dessiner, enfiler des perles, bricoler).

Décore la chambre Donne aux nutons une feuille avec un dessin de chambre (des murs vide et juste un lit) et des magazines à découper (ou des pubs de grandes surfaces). La consigne est de décorer la chambre d’un garçon ou d’une fille, au choix, avec des collages et des dessins.

L’idée, c’est évidemment de proposer les deux types d’activités, à réaliser ensemble (et surtout pas de dire « les garçons font un foot pendant que les filles font de la pâte à sel » mais ça tu t’en doutais !). Donc, pense à alterner des activités du type jeux de ballon, touche-touche, courses, etc. avec des activités de bricolage, dessin, construction et autre. Changer les rôles : Si tu proposais aux nutons de se déguiser, en fille pour les garçons et en garçon pour les filles. L’exercice est très rigolo et on peut le pousser jusqu’à proposer aux enfants de faire un jeu de rôle !

Ensuite, tu regroupe les dessins avec les chambres de fille d’un coté et de garçon de l’autre. Ensemble, on compare les couleurs, les jeux, les motifs qui ont été choisis. Demande pourquoi ils ont fait tel choix, estce qu’une fille pourrait avoir un couvre-lit Spiderman ou un pyjama bleu ? Un garçon aimerait-il jouer avec une dinette ?

A chacun son métier : Proposer une liste de métier et demander aux nutons de les attribuer à un homme, une femme ou les deux.

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Vivre la coéducation en pratique

Avec les lutins : A cet âge, il y a un peu plus de « tensions » entre les filles et les garçons. Les groupes se forment souvent de manière sexuée et se chamaillent pas mal. L’idée est encore une fois de proposer des activités à réaliser ensemble, dans le respect de chacun. Si j’étais… Proposer aux lutins d’imaginer « si j’étais un garçon… » (ou une fille), de noter toutes les différences qu’ils pensent qu’ils vivraient. Chacun à son tour fait une proposition et ensemble, on commente et on discute autour de ce qui est dit. Établir une liste d’actions quotidiennes diverses : • Faire les courses • Laver le linge • Faire un jogging • Lire le journal • Préparer le repas • Aller au travail • …

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Demander aux lutins d’attribuer chaque action à Maman ou à Papa ou aux deux. Faire le tour des réponses. Lancer le débat en demandant ce qu’ils trouvent « normal » dans les réponses, est-ce la réalité qu’ils connaissent chez eux ? Pourquoi, à leur avis on approprie certaines actions à l’un ou à l’autre ? Comment pourrait-on faire changer cela ?


Vivre la coéducation en pratique

Avec les Aventures : Pour cette Branche, on sait qu’il y a peu de groupes en mixité. Cela peut être enrichissant d’organiser une activité avec des scouts. Pour contacter une Unité scoute près de chez toi, tu peux demander à leur fédération (02/508.12.00). Exercice de réflexion : tu peux leur demander d’analyser des publicités qui passent à la TV ou dans les magazines qui mettent en scène des hommes ou des femmes ou s’adressent plus particulièrement à l’un des deux. L’exercice est intéressant car il permet aux jeunes d’aiguiser leur regard vis-à-vis des médias et d’être plus critiques par rapport aux stéréotypes qu’ils véhiculent ou aux techniques de marketing qu’ils utilisent. Distribue des magazines et des journaux à découper. Demande-leur d’y découper des images ou entêtes illustrant des stéréotypes sur les rôles sexués ou de caractère sexiste. Recherchez également des images qui représentent des hommes et des femmes ensemble. Après environ 10 à 15 minutes, demande-leur de réaliser un montage. Ils peuvent écrire des commentaires ou ajouter leurs propres dessins. Affiche-les au mur.

Première discussion Invite chacun à présenter son collage, d’expliquer son point de vue. Pose des questions pour pousser l’analyse et propose à chacun de donner son avis. Deuxième discussion Peuvent-ils penser à des exemples de sexisme et de stéréotypes à caractère sexués à la télévision? (pubs, vidéo-clips, reality show) Que nous apprend cet exercice au sujet du sexisme ? Au sujet des stéréotypes sexuels ? Au sujet des médias ? Jeu de rôles Propose aux guides de préparer une saynète, deux par deux, qui mette en scène un père et une mère, un couple de jeunes, un frère et sa soeur... Entame ensuite une discussion autour des rôles, du ressenti de chacun. Quel sujet a été choisi ? Pourquoi ? Comment la scène aurait-elle pu être jouée différement ?

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Vivre la coéducation en pratique

Avec les Horizons Pour les Horizons, il est intéressant de faire une petite analyse des stéréotypes. En effet, beaucoup de projets amènent les Horizons à voyager à l’étranger pour leur camp. Se confronter à une autre culture, une autre éducation est le meilleur moyen de se trouver nez-à-nez avec ses préjugés ou ceux de l’autre. Plutôt que de parler des stéréotypes sexués, poussons la réflexion un peu plus loin : « qu’est-ce qu’un stéréotype ? ». On pense souvent que nous n’avons pas de préjugés or tout le monde en a, c’est bien normal ! Il faut pouvoir le reconnaître et y être attentif, surtout lorsqu’on prépare une rencontre inter-culturelle. Pour cela, je te conseille un site sur lequel tu trouveras un répertoire d’activités sur le sujet : www.annoncerlacouleur.be

Sources : • • •

Archives Guides Catholiques de Belgique « Guidisme, scoutisme et coéducation », Bruylant-Academia, 2007. « Questions de mixité en centres de vacances », Isabelle Bécu • « l’activité est-elle asexuée ? », CEME’Action, Juin 2006

Sites à consulter : www.femmesprevoyantes.be www.mondefemmes.org www.lesptitsegaux.org

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Demander aux Horizons de proposer des stéréotypes sexués, des clichés. A partir de cette liste, susciter le débat avec quelques questions : Pourquoi pensez-vous que les gens croient cela ? Pourquoi les gens pensent-ils que c’est vrai ? Est-ce toujours vrai ? Quand n’est-ce pas vrai ? Qui/quoi en est responsable ? Que pourrait-on faire pour que cela change ? Au camp Quels comportements avons-nous envers les garçons ou les filles ? Qui monte le mat ? porte les choses lourdes ? prépare le repas ?

En résumé

Que ton groupe soit mixte ou pas et quel que soit l’âge de tes animés, la coéducation est une façon de penser les rapports fille-garçon respectueuse de chacun. Cela s’apprend à tout âge. Nous sommes tous victimes de préjugés et de stéréotypes, d’une façon ou d’une autre… Chez les Guides, on apprend à être critique, à pouvoir se remettre en question. C’est ça aussi être un CRACS !


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