REVERSE #22 Preview

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L 12969 - 22 - F: 5,00 € - RD


[SOMMAIRE]

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LAKERS TEAM WORK BABY !

MALGRÉ L’EFFERVESCENCE ENGENDRÉE PAR LE PREMIER TITRE DE KOBE SANS SHAQ, LA VICTOIRE DES LAKERS EST AVANT TOUT COLLECTIVE.

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PLAYOFFS NBA 2009

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LES FAITS MARQUANTS, LES SURPRISES, LES DÉCEPTIONS, LES 10 GRANDES QUESTIONS EDF NOUVELLE GÉNÉRATION

48H CHRONO AVEC LES CHAMPIONNES D’EUROPE

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L’ASVEL

CHAMPION DE FRANCE

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LA NAISSANCE D’UN GÉANT

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LA MÉMOIRE QUI FLANCHE…

ENTRETIEN

NICOLAS BATUM

OUBLIÉES, POUSSÉES EN MARGE, ENTERRÉES TROP VITE, LES ANCIENNES ÉTOILES DU BASKET FRANÇAIS SONT RÉDUITES AU SILENCE

EASY BLAZER

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SUMMER BASKETBALL

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QUAND LES VACANCES DE RÊVE TOURNENT AU CAUCHEMAR

WORLD

2009, EN TUNISIE, EST L’ANNÉE DU CUIR ORANGE.

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GOOD OL’ DAYZ

PETE MARAVICH

RONNY TURIAF « ON A ENVIE DE REDORER LE BLASON DES TRICOLORES »

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ATTENTION

CECI EST UNE VERSION PARTIELLE DE REVERSE UN CERTAIN NOMBRE DE PAGES ONT ÉTÉ VOLONTAIREMENT ENLEVÉES


[RUN&GUN]

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Photo : Euroleague

...................................... Saras aka Mister 4 Euroleagues : 2003 avec Barcelona 2004 avec le Maccabi Tel Aviv 2005 avec le Maccabi Tel Aviv 2009 avec le Panathinaikos

STARTER

MÉGA TSAR

ALORS QU’ON LE CROYAIT FINI, SARUNAS JASIKEVICIUS A REMIS TOUT LE MONDE D’ACCORD EN ACCROCHANT UN QUATRIÈME TROPHÉE EUROLEAGUE À SON PALMARÈS ET EN DEVENANT LE PREMIER JOUEUR À REMPORTER LA COMPÉTITION AVEC TROIS ÉQUIPES DIFFÉRENTES. UN MONUMENT !

L

e début de saison n’aura pourtant rien eu d’une balade de santé pour le Lituanien. Au sein d’un backcourt qui transpire le talent, Saras peine à s’imposer comme le chef de meute qu’il a toujours été. Pire, il livre quelques performances abyssales et son rendement est parfois indigne de son talent (-8 d’éval’ face à Sopot, -7 face au Partizan). Ses aboiements perpétuels, qui passaient jadis pour les manifestations de son tempérament de gagneur, commencent même à agacer. Plus franchement dominateur, obligé de se décaler souvent au poste 2 pour n’être qu’un vulgaire fi-

nisseur, Saras vocifère : adversaires, teammates et arbitres sont assourdis, noyés sous un flot ininterrompu de fiel. Malgré tout, le Pana évite les pièges et se fraye à nouveau un chemin vers le Final Four. Et comme par magie, le bruyant Balte redevient alors le gagneur pathologique qu’on a connu. Parfaitement à l’aise lorsque les titres se jouent, il marque ce week-end de son empreinte et ravit les fans du Pana en livrant un Final Four de toute beauté : 14 pts à 50%, 4,5 pds, 3,5 rbds et 18 d’éval’. D’abord, lors du classico face aux Reds du Pirée, il enfile le costume du sauveur en

deuxième mi-temps, enquillant quelques shoots meurtriers dont il a le secret. Il éblouit à nouveau par sa science du jeu, multipliant les actions de grande classe, gavant les malabars Pekovic et Batiste d’offrandes sur pick’n’roll. En finale, c’est lui qui met le Pana sur les bons rails lors d’une première période en forme de festival : shoots à 8 m, passes dans le dos. Si le titre de MVP échoit finalement à Spanoulis, les vrais savent que Sarunas a bien retrouvé ce killer instinct qui en fait l’un des ballers les plus marquants du circuit européen. Jean-Baptiste Dos Ramos


[RUN&GUN] ....................................................................................................................................................................

ÇA, C’EST FAIT

>>>TRASHTALK DES SALLES QUELQUE PEU DÉSERTÉES pour les playoffs de Pro A, Pau condamné à la descente, 5 000 fans en folie à Limoges pour un quart de finale de Pro B… y’a pas quelque chose qui cloche ? RASHARD LEWIS A SORTI DES GROS SHOOTS contre Cleveland, mais un ailier scoreur à 118 millions incapable de finir un drive autrement que par une brique foireuse, c’est quand même abusé.

ÇA CARTOON À LA FÉDÉ PAS ÉTONNANT QUE LE BASKET FRANÇAIS FASSE MARRER TOUT LE MONDE

Tout s’explique ! Depuis des années, on râle en se disant que le basket français a perdu la tête, que rien ne va comme il faut, que les décisions prises au sommet ont des allures de sketches, et bien maintenant on sait pourquoi. La FFBB est en réalité une filiale française de Warner Bros. Sur la photo ci-contre, on voit d’ailleurs Yvan Mainini en compagnie des deux copropriétaires de la firme : Michael Bugs et John Daffy. On vient également d’apprendre que le chef de service qui chapote la cellule équipe de France est un certain William Coyote... Pas de doute, cette fois c’est la bonne, on va être champions d’Europe ! T.H.

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QUI A DIT QUE LA LNB MANQUAIT DE GRANDS CHOCS emblématiques ? Oubliez les ringards PSGOM, l’an prochain c’est le retour des bons vieux Limoges-Pau ! JACK NICHOLSON A AJOUTÉ UNE NOUVELLE PAGE à sa légende en allant sur le terrain gueuler après les refs. A quand un docu de Spike Lee suivant l’éternel fêlé de Shining le temps d’un match de playoffs ? Ah oui, au fait, ce sera en Pro B par contre les CSP-Elan… QU’EST-CE QU’IL A PRIS À ORLANDO DE FAIRE VENIR NICK ANDERSON pour chauffer la salle avant le match le plus important de l’histoire du club ? C’est un peu comme si l’équipe de France de foot demandait à Reynald Pedros et David Trezeguet de soutenir psychologiquement les joueurs avant une séance de pénos... L’ARRIÈRE RALPH MIMS VIENT DE SIGNER À ROANNE et, apparemment, c’est un vrai shooteur. Si c’est le cas, ce serait fort que le speaker de la Chorale passe « This Is Why I’m Hot » après chaque gros shoot. D12 N’EST PAS PASSÉ PAR LA FAC et ça n’a pas trop l’air de lui manquer. Par contre, s’il avait fait une saison en minimes après avoir quitté le lycée, il aurait peut-être appris à ne pas redescendre le ballon dès qu’il le reçoit, ça lui aurait bien servi durant ces finales. Etre gêné par Bynum et Gasol ok, c’est normal. Mais par Fisher et Farmar ? WTF ?!!!

. ? k

XAVIER HENRY

Putnam City High School Arrière - 1,98 m/100 kg Stats Hoop Summit 2009 : 22 pts à 7/12 dont 6/11 à trois-points

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ING COMON+ ++ SO + + + ++

SERIAL SMILING KILLER XAVIER HENRY A LE PHYSIQUE ET LE JEU POUR DEVENIR UN ARRIÈRE DE PREMIER PLAN… ET LE SOURIRE POUR DEVENIR UNE SUPERSTAR.

À

tout juste 18 ans, Xavier Henry a réussi son opération séduction. Nombreux sont ceux qui en pincent pour le kid, à l’image de ce journaliste d’une télé locale d’Oklahoma City : « Henry est sûrement le meilleur joueur de l’Etat, et cela même en incluant le roster du Thunder ! ». Bon,

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ok, notre confrère a certainement fait pleurer Kevin Durant sur ce coup-là, mais « X » est bel et bien spécial : un arrière hybride entre new et old-school, ultra polyvalent dans l’attaque du cercle et doté d’un shoot magnifique. Ses détracteurs lui reprocheront son manque de taille, critiqueront son côté soft. Il faudra toutefois

trouver mieux que ça pour empêcher « Zavié », qui sort d’une promenade en High School (27 pts/ match), de faire un copier/coller avec Kansas. D’ailleurs, depuis le 23 avril, date de sa signature avec les Jayhawks, la fac est annoncée #1 au ranking. Une simple coïncidence sans doute… Théo Letexier

LE CHIFFRE

Le nombre de titres qu’a remportés Phil Jackson dans sa carrière (10 comme coach des Bulls et des Lakers + 1 comme joueur avec les Knicks). Dommage que Bercy ait été construit sur un ancien cimetière indien, parce que sinon Jean-Luc Monschau n’aurait pas été bien loin derrière lui. Le numéro de Yao Ming avec les Rockets. « J’ai choisi ce numéro parce que c’est ce qui ressemble

le plus à deux Y côte à côte, comme dans Yao et Ye (sa petite amie) » C’est trop chou ! A peu près le nombre de jours qui ont séparé chaque tour des playoffs LNB. Y’a pas à dire, la Ligue a su y faire pour créer et entretenir un buzz extraordinaire autour de cet évènement hors du commun. On en a presque oublié qu’il y avait des matches de playoffs NBA toutes les nuits… x 100 = le nombre de fois où on s’est dit « C’est quand que ça recommence le Top 16 ? », depuis le dernier Final Four d’Euroleague.


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LOS ANGELES LAKERS

Team work baby ! MALGRÉ L’EFFERVESCENCE ENGENDRÉE PAR LE PREMIER TITRE DE KOBE SANS SHAQ, LA VICTOIRE DES LAKERS EST AVANT TOUT COLLECTIVE. Par Florent Bodin

S

Photos : Christophe ÉLISE

amedi 14 juin. Kobe Bryant vient de sourire pour la première fois dans cette finale. Il reste une poignée de secondes dans le match 5 à Orlando. L.A mène de 13 points. La demi-lune qui coupe le visage de la vedette des Lakers s’agrandit au rythme des dixièmes égrenés par l’horloge. Violation des 24, la dernière possession sera pour les hommes de Stan Van Gundy. Humiliation ultime. Kobe, les molaires sur les tympans peut alors laisser exploser sa

joie. Même dans ces moments de lâcher-prise, de joie spontanée et incontrôlée, on le prend encore à mimer les gestes de Michael. Bryant ne sera jamais Jordan, mais dieu que ce clone frôle la réplique parfaite. « On savait qu’on contrôlait cette série depuis le troisième quart-temps du match 4. » Le MVP des finales n’a pas rangé son sourire de champion, même pour avaler sa salive. Sur le plateau de NBA TV, c’est donc en toute décontraction qu’il révèle ce sentiment de confiance absolu qui régnait au sein du groupe

pendant toute cette finale. Pourtant, de Gasol à Odom, en passant par Fisher et Jackson, aucun n’a laissé perler une goutte de suffisance quand tout portait à croire que Los Angeles allait tranquillement finir le travail. Gagner en sachant très bien que ce serait le cas. Voilà sans doute le plus bel exploit des Lakers dans cette finale. L.A, ELLE L’A… L’EXPÉRIENCE C’est bien dans les têtes que la série a basculé, car quand on se repasse les cinq matches, les


Ça lui a pris presque deux semaines, mais Kobe a fini par lâcher un vrai sourire au buzzer final du Game 5.

Game by Game Par Théophile Haumesser

deux parties qui vont en prolongations auraient dû être remportées par le Magic. Stan Van Gundy, adulé après sa qualification face aux Celtics, puis face aux Cavs, est trop vite devenu un mauvais coach pour les médias. Le frère de l’autre a commis des erreurs, certes, mais il est surtout tombé sur une équipe des Lakers accrochée au trophée comme un chien affamé à un os. Menés au score, malmenés sur le parquet, les hommes de Phil Jackson ont toujours su faire la différence, même quand il s’agissait de s’en remettre à un Derek Fisher maladroit jusqu’alors pour arracher une prolongation via un shoot venu d’ailleurs dans le match 4.Sans conteste le tournant de cette finale. Déjà, à peine la partie achevée, le Zen Master avait avoué à ses joueurs que le match 2 était un hold-up. La force d’un champion c’est aussi de gagner en jouant mal. Et ça, c’est avant tout une

question d’expérience. « L’année dernière, on s’est surpris en revenant de nulle part. Cette année, il y avait une attente, et on est là ! », raconte Lamar Odom. En 2008, il vivait sa première finale, dans une équipe qui venait d’être propulsée vers les sommets à la mi-saison après l’arrivée de Pau Gasol. L’Espagnol n’avait lui jamais gagner un match de playoffs et ses cours de rattrapage en géométrie du triangle n’allaient pas suffire à en faire une tête d’ampoule dans la classe de coach Jackson. Si l’on ajoute les blessures de Trevor Ariza et d’Andrew Bynum, battre les Celtics aurait été un exploit. Seuls Fisher et Bryant avaient déjà touché le trophée, les autres débarquaient à l’aveugle, mal drivés par Kobe qui finira par jeter l’éponge, frustré. « Finir deuxième, c’est être le premier perdant », lâche-t-il avant de partir se refaire le moral avec la team USA aux J.O.

GAME 1

Jeudi 4 juin 2009 au Staples Center « Welcome to the Finals ! » Après un premier quart-temps équilibré, les Lakers ont haussé leur intensité tout d’un coup et planté le Magic sur place. Kobe était bien décidé à mettre ses troupes sur de bons rails. Il a passé toute la soirée en mode « je vais tous me les faire » jusqu’à faire regretter LeBron James à Mike Pietrus. C’est pourtant MP2.0 qui a fini meilleur scoreur pour les Floridiens (14 pts, mais 5/13), tandis que Dwight Howard commençait seulement à comprendre ce qui l’attendait pour le reste de la série : 12 pts et 15 rbds, mais un seul tir réussi sur six minuscules tentatives !

L.A. 100-75 Orlando

>>> Le « difference maker » : Kobe Bryant (40 pts à 16/34, 8 rbds, 8 pds) >>> Le truc qui fâche : Le Magic a shooté à 29,9%, aïe !


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LES SURPRISES

Aurait-on assisté à la naissance d’un nouveau Carmelo ? Plus altruiste, concerné en défense et jouant juste, Anthony a clairement passé un cap.

DENVER NUGGETS

DE L’ÉCHO DANS

LES ROCHEUSES LES NUGGETS ONT FAIT DU BRUIT ET POUR UNE FOIS CE N’ÉTAIT PAS EN SE CRASHANT AU SOL. Par Dimitri Kucharczyk

B

alayés au premier tour des playoffs 2008, les Nuggets semblaient partis pour réaliser une nouvelle saison sans saveur. D’autant qu’ils avaient déporté Marcus Camby aux Clippers sans plus d’explications. George Karl occupé à gérer l’asile du Colorado, on n’aurait même pas été étonnés de voir Kenyon Martin, Chris Andersen ou bien JR Smith disparaître, emmenés par de mystérieux hommes en blouse blanche. Mais l’arrivée de l’enfant du pays, Chauncey Billups, a tout changé. Iverson parti dynamiter le groupe de la Motown, Denver avait trouvé son chef d’orchestre. Les talentueux solistes enfin au diapason, l’équipe mena la chasse aux Lakers

durant la saison régulière et récolta logiquement la deuxième place de la Conférence Ouest. Un avantage qui ne leur accordait rien, tant les poursuivants semblaient proches et les vieux démons d’Anthony, incapable de passer le premier tour pendant cinq ans, étaient dans toutes les mémoires. Ultra-intenses, les Nuggets ne firent pourtant qu’une bouchée des Hornets pour s’imposer en 5 manches. Bis repetita face aux Mavericks. Transcendé par l’arrivée de Mr Big Shot, Melo imposait désormais sa classe et son flow. 27,2 points à 45% de réussite aux shoots, 4,1 passes et une vraie défense, la partition qu’il joua durant ces playoffs fut longtemps parfaite.

Au point de rendre beaucoup de fans « Melomanes ». Sur ses épaules, on vit alors une équipe avec du répondant, capable de riposter face à n’importe qui et de jouer enfin les yeux dans les yeux avec l’armada des Lakers. Ils auraient dû gagner le match 1, ils gagnèrent le match 2. Une défaite chez eux avant une victoire probante pour revenir à égalité et puis… plus rien. Deux matches dans le néant et une élimination qui fait mal, tant cette équipe semblait portée par quelque chose. Peu importe, ils ont promis de revenir plus forts l’année prochaine et leurs fans sont déjà impatients. Les Rocheuses ont arrêté de renvoyer leurs cris de détresse, remplacés par les plaintes de leurs adversaires.


AARON BROOKS

Le roquet de Houston ATTENTION, IL Y A UN NOUVEAU CHIEN DANGEREUX DANS LE CHENIL DES ROCKETS. Par Florent Bodin

A

Houston, dans le genre chiens de garde, on pouvait déjà compter sur Ron « Rottweiler » Artest ou sur Shane Battier, plus proche du labrador, compagnon idéal s’il en est. Ces playoffs 2009 ont permis de révéler Aaron Brooks, meneurscoreur au physique de chihuahua (1,83 m, 73 kg) mais terriblement précieux dans la formation de Rick Adelman. Si la blessure de McGrady a permis à l’équipe de trouver un collectif, c’est le départ d’Alston pour Orlando qui a propulsé Brooks vers la réussite. « Sa capacité à encaisser les coups m’impressionnait, un joueur bourré de talent, mais le gars était plutôt arrogant », nous raconte Angelo Tsagarakis, ancien d’Oregon State qui a souvent affronté l’animal en NCAA, alors que Brooks était la star de l’ennemi juré : Oregon. Arrivé dans l’anonymat d’un 26ème choix de draft à Houston en 2007, le joueur est jugé trop frêle pour l’échelon supérieur. Les craintes se confirment : 12 minutes et 5 points en moyenne lors de sa saison rookie. C’est cette année seulement que Brooks a commencé à aboyer quand, Alston parti, il apparaît 35 fois dans le

Aaron Brooks, 1,83 m, surprend tout le monde dans le game 4 face aux Lakers. Il plante 34 points dans les dents de Fisher. cinq avant d’exploser en playoffs où il tournera à presque 17 points de moyenne. Face aux Lakers, en demifinale de conférence, il envoie Derek Fisher en préretraite. Lors du match 4, alors que Yao est sur le flanc, Houston balaye L.A et Aaron est totalement intenable (34 pts). Fish’ a encore des convulsions aujourd’hui, quand il aperçoit la

jaquette du DVD du match sur le bureau de Phil Jackson. Agressif, adroit (4/9 à troispoints), compensant son manque de poids par un premier pas fulgurant, Brooks régale l’assistance et signe la meilleure perf de sa carrière. Pas sûr qu’Adelman réinvestisse dans une laisse la saison prochaine. Son toutou a meilleure gueule en liberté.

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LES SURPRISES

LES FACTEURS X

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On ne comptait pas sur eux et pourtant ils ont fermé bien des bouches. Par Jean-Baptiste Dos Ramos

JOAKIM NOAH

Ah qu’il nous a fait plaisir notre Frenchy ! Leader hargneux, il aura électrisé le United Center le temps d’une série déjà mythique. S’il est toujours bien embêté lorsque la balle atterrit dans ses mains, Jooks a fait preuve d’autres capacités (leadership, sens du rebond et du contre) et a posté l’un des highlights de ces PO en claquant une quiche monumentale sur la courge de Paul Pierce, après lui avoir subtilisé le ballon pour filer en contre-attaque. .........................................................................

CHRIS ANDERSEN

Si Billups a transfiguré les Nug’s, the Birdman a donné une nouvelle dimension à la frontline du Colorado. Son envergure d’albatros, sa tête d’arraché, sa hargne et son jump auront fait peur à pas mal de monde et contribué à faire de Denver un prétendant crédible aux Finals. Plus que ses stats, c’est bien son attitude qui aura créé la hype. Un brave keupon. .........................................................................

GLEN DAVIS

On avait pris l’habitude de se moquer du coffre à poulets qui lui sert d’estomac. On avait franchement bien rigolé en le voyant appeler sa maman après s’être fait enguirlander par « gentleman » Garnett. On aurait mieux fait de se taire. Car, il faut l’avouer, Big Baby a bien grandi dans ces playoffs et a mérité son statut de « Big Daddy ». Remplaçant KG au pied levé, Fat Boy a joué dur de chez dur, surfant sur les Bulls au cours d’une série historique (18,1 pts, 6,7 rbds, 2,6 pds).Welcome back amigo !


PLAYOFFS FRANCE

L’ASVEL CHAMPION DE FRANCE La naissance d’un géant

EN REMPORTANT LE TITRE, L’ASVEL A VALIDÉ SA STRATÉGIE D’EXPANSION ENTAMÉE IL Y A PLUSIEURS SAISONS ET PEUT DÉSORMAIS VOIR LOIN, TANT DANS L’HEXAGONE QU’EN EUROPE. PAR YANN OHNONA PHOTOS CHRIS ÉLISE

L

e Vert n’a jamais été aussi tendance... Après Europe et Ecologie aux élections européennes, c’est l’ASVEL, le tout frais champion de France 2009, qui va bientôt partir à l’assaut du Vieux Continent. Avec ce 17ème titre – le premier depuis la génération Tanjevic de 2002, à laquelle appartenaient déjà Amara Sy et Ali Traoré – Villeurbanne a concrétisé le rêve d’un groupe soudé et serein, après deux saisons d’affilée qui s’étaient terminées en demi-finales. Elle a aussi sacré un dinosaure du basket français, Laurent Foirest (35 ans), couronné pour la sixième fois, sous un troisième maillot (Antibes, Pau et Villeurbanne), et a validé le statut de Vincent Collet comme étant l’un des plus fins techniciens de Pro A.

« AMARA ET CAMPBELL ONT ÉTEINT LA LUMIÈRE » La finale, dont l’issue ne fit pas de doute longtemps, a basculé dans le deuxième quart. Cette deuxième période où, vexés par dix premières minutes en demi-teinte, les Villeurbannais ont sorti la caisse à outils et ont dressé des barbelés en défense pour mettre l’attaque de l’Entente en charpie. « Amara et Campbell ont éteint la lumière à ce moment », analysait sobrement Vincent Collet, aux anges trois ans après son titre avec Le Mans. « Sur les sorties d’écrans et les switches, Orléans n’a jamais trouvé de solution et s’est noyé. » Résultat : un méchant 19-0 pour l’ASVEL, 4 points pour Orléans à 1/13. La messe était dite (34-21 à la pause), récitée par Aymeric Jeanneau le pieux, dont l’entrée fut décisive.

« On le voulait tellement, ce titre, on a travaillé si dur, changé beaucoup de choses dans notre jeu. Le club nous a mis beaucoup de pression, mais une bonne pression. Ce soir, c’est magique », disait le meneur rhodanien, déjà vainqueur à Bercy avec Strasbourg, en 2005. Avec un banc plus consistant que celui du Loiret et l’abattage monstrueux d’Amara Sy, futur MVP (voir par ailleurs), la machine à concasser ASVEL s’est mise en marche et n’eut aucun mal à préserver le score, malgré l’absence de Troutman et un Traoré discret en attaque, mais qui a montré des progrès tangibles en défense. « J’ai abordé le match avec un peu de retenue », concédait-il. « C’était ma première vraie finale. Mais on a un groupe incroyable. On a dicté le rythme du match et c’est pour ça qu’on a gagné. »


PLAYOFFS FRANCE

AMARA SY

« Pour mon père » A mara Sy avait mal débuté son match. Fautes, balles perdues, seulement 5 minutes de jeu en premier quart. A son retour du banc, il était métamorphosé. Leader de la défense, finalement meilleur marqueur de son équipe et MVP de la finale, Amara venait de réaliser son match le plus abouti. Une performance qu’il a dédiée à son père, décédé l’hiver dernier.

Propos recueilli par Yann Ohnona

La finale d’Amara : 10 pts à 5/9, 8 rbds, 3 pds et 4 ctrs

UN CHAMPION INDISCUTABLE Avec un score final anorexique et une adresse globale repoussante, la finale 2009 ne restera pas dans les annales. Mais ce samedi 20 juin, l’important était ailleurs. Dans l’avènement probable d’un futur grand du basket français, et peut-être européen. Les Verts ont confirmé sur le terrain leur invitation à disputer la reine des compétitions, l’Euroleague, en 2009-2010, fermant ainsi la bouche de ceux qui les accusaient de délaisser le sportif pour se consacrer au développement économique et commercial (notamment via leur rapprochement avec la NBA et les Spurs). C’était l’un des vœux les plus chers de Vincent Collet. « Pour moi, c’était très important de gagner le titre cette année, après toutes les polémiques nées de l’attribution des tickets en Euroleague, de l’arrivée de Tony Parker dans le club comme viceprésident… Au moins, maintenant, personne ne pourra dire qu’on ne l’avait pas mérité », racontait-il. « Ce groupe a été le plus agréable que j’aie

eu à coacher dans ma carrière. Il a travaillé dur toute l’année, progressé, et est toujours resté confiant dans sa réussite. » VOIR LA VIE EN VERT Oui, le club rhodanien l’a mérité, ce titre, et peut aujourd’hui regarder l’avenir avec appétit et ambition : les euros que la venue de Tony Parker va générer vont lui permettre de gonfler son budget d’environ deux millions dès la saison prochaine (soit au moins 7 millions, de loin le premier de Pro A), ce qui lui permettra de conserver le noyau de joueurs qui a fait sa réussite cette année, et de se renforcer en vue des joutes européennes (associer Jeanneau à un meneur de haut pédigree et s’armer d’un grand pivot d’impact, par exemple). Pour Villeurbanne, tout est désormais en place pour passer à la phase 2 de son plan d’attaque, à charge de tous les autres clubs de suivre son sillage, sous peine de devoir voir la vie en vert pour un bon bout de temps…

REVERSE : Amara, on imagine que ton père a été présent dans ta tête pendant cette finale… Amara Sy : J’y ai pensé toute la semaine. C’est le plus beau cadeau que je pouvais lui faire. Ce sont des choses qui arrivent. On part tous un jour. C’est dur, mais il fallait bien que je me ressaisisse, je ne pouvais pas me cacher derrière ça, le basket est ma passion. Ce titre, c’est pour lui. REVERSE : Tu as raté ton début de match. Quand est intervenu le déclic ? AS : On a tous été petit bras au début. Quand tu es sur le banc, tu vois des choses que tu ne peux pas sentir sur le terrain à cause de l’adrénaline. J’ai compris ce qu’on faisait mal en défense, le manque d’agressivité en attaque et au rebond. REVERSE : Depuis ton retour de Grèce, on a le sentiment que ton jeu a évolué, que tu te situes mieux sur le terrain et que tu ne fais presque plus que des bons choix… AS : C’est clair. Le fait d’être seul, en Grèce, dans un environnement et une culture complètement différents, un championnat très physique, m’a fait grandir. Tu apprends à t’adapter. Mais je veux continuer à progresser et revenir plus fort dès la saison prochaine. REVERSE : Que représente le titre de MVP de la finale de Pro A ? AS : Le trophée, je m’en fiche, je l’ai filé à mon frère, je ne sais même pas ce qu’il représentait (il se marre). Mais c’est un aboutissement pour moi et c’est surtout amusant, parce qu’avec le coach on avait parlé du fait que je n’ai pas eu le titre de MVP de Pro A, et non seulement il m’a conservé toute sa confiance malgré mon coup de mou dans la deuxième partie de saison, mais il m’avait aussi dit que ce n’était pas grave, que j’aurai celui de la finale. Et voilà… REVERSE : L’ASVEL est-il le club de l’avenir pour le basket français ? AS : Je pense que oui. Et à ce titre, je pense que notre victoire est bonne pour le basket français, autant que pour ce club qui a une grande tradition et beaucoup d’ambition pour l’avenir. Mon contrat est terminé, mais avec le projet sportif qu’il y a ici, mon souhait est vraiment de rester à Villeurbanne.


[HOOP CULTURE]

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HOMMAGE À LA SLAM NATION

RETOUR AUX SOURCES

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LA SLAM NATION A MARQUÉ L’HISTOIRE DU DUNK ET DU STREET DE FAÇON INDÉLÉBILE. 13 ANS APRÈS SA CRÉATION, C’ÉTAIT L’OCCASION POUR LA RUE DE LUI RENDRE TOUT CE QU’ELLE LUI A DONNÉ, À L’ENDROIT MÊME OÙ POUSSENT SES RACINES. PAR ALMAMY SOUMAH PHOTOS ALEXANDRE DAVERDON

C

’est un véritable challenge que s’est lancé l’association Go Basket en montant son premier gros événement, « Retour aux Sources ». L’objectif, pleinement atteint en ce 31 mai à Orchies : rendre hommage à la Slam Nation. Bien plus qu’une simple team d’athlètes hors normes, la Slam est le plus bel ambassadeur du dunk, cet art unique qui allie grâce, technicité et puissance,

et qui continue de faire rêver des dizaines de milliers de personnes. C’est en 1996, dans cette même ville, qu’a eu lieu le désormais mythique concours de dunk, organisé par Jeremy Medjana, qui a donné naissance à la troupe. Julien Joseph et les membres de Go Basket, présents à ce contest, ont vu naître, grandir et se développer la Slam et ont donc voulu la célébrer là où tout a commencé, pour remercier cette génération unique.

RENDRE À LA SLAM CE QUI APPARTIENT À LA SLAM Véritable machine à galvaniser les foules, dealeuse d’adrénaline et autres sensations extrêmes, la Slam Nation a non seulement enflammé les salles et « boosté » leur fréquentation, elle a en plus été le nouvel ambassadeur de notre sport outre-Atlantique. Duke Tshomba l’a bien rappelé lors d’une allocution au public de l’événement : la Slam


[HOOP CULTURE] ....................................................................................................................................................................

Nation est une véritable institution qui a formé plus d’un dunker. Tous ses membres se sont évertués à maîtriser les airs pour le plaisir des fans. Et ont ainsi servi les intérêts d’un basket français qui n’a pas toujours su déceler ce qu’ils pouvaient apporter. Pourtant, des clubs de Pro A et Pro B comme Levallois, Bondy ou encore le PSG Racing, ont bien vu leur potentiel et ont augmenté la fréquentation de leurs salles en s’allouant les services de 2 ou 3 dunkers pour animer les mi-temps. Des prestations qui ne sont rien, comparées à ce que leurs shows ont pu apporter au basket français. En 1997, l’Hexagone découvrait cette génération exceptionnelle de Dunkers à Bercy lors du Nike Hoop Heroes. S’en est suivie une multitude de démos, y compris à l’étranger : les hommes de Medjana se sont produits à Bercy, en NBA, à Moscou, dans divers All-Star Games, en Asie et un peu partout autour du globe, émerveillant tout le monde sur leur passage. Ils continuent d’ailleurs encore à le faire. Véritables ambassadeurs du dunk et de ses valeurs, ils ont aussi représenté le b-ball français à l’étranger à une époque où Parker et Cie n’avaient pas encore explosé. Et c’est pour célébrer cette œuvre qu’a été organisé ce « Retour aux Sources ». ACTION HEROES Malgré le stress généré par ce premier événement et l’absence de quelques guests, « Retour aux sources » a été un succès. Les

Pénétration dans le trafic de Marlon.

festivités ont débuté avec une session de freestyle d’Ice Cross et Salomon Sami, avant de laisser place à un match-exhibition. Tous les ingrédients étaient réunis pour que la rencontre ait des allures de All-Star Game. Dans chaque roster, il y avait un meneur capable d’assurer le spectacle (6-Kay & Ice cross), une armée de shooteurs chargés de brûler les filets (deux joueurs d’Orchies en N2, Salim Lazreg et Joffrey Verbeke, Duke Tshomba, Abdel Raho et Joachim Ekanga), des slashers (Marlon Jules, Kenny Jao, et Salomon Sami), des joueurs d’expérience (Dejan Ristic, Gilles Tirilly et Gracia Joseph), ainsi que les dunkers de la Slam Nation qu’on ne présente plus. Et tous ont fait

Ils ont marqué l’histoire de la Slam Nation : Abdoul Bamba, Kadour Ziani, Steeve Lobel, Dejan Ristic, Duke Tshomba, Joachim Ekanga, Marlon Jules, Salomon Sami, Serge Moulare, Kevin Lescot, Jérome Surville, Yann De Blaine, Brice De Blaine, Habib Tiour, Gilles Tirilly, Nasser Soule, Dali Taamallah, Benjamin Bambara, Laurent Cazalon.

Habib Tiour AKA ‘’Le Prodige’’

Rider impressionnant de Yann de Blaine


L’ENTRETIEN

NICOLAS BATUM

EASY BLAZER

Malgré tout ce qu’il a traversé au cours de la dernière année, Nicolas Batum a su rester aussi humble et réfléchi que lors de notre premier entretien avec lui, il y a tout juste deux ans. C’est sans doute pour ça qu’il a réussi à se faire une place dans l’une des équipes les plus prometteuses de la NBA et qu’il devrait bientôt jouer un rôle majeur en Bleu.

e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN DESCHUYTENEER ET THÉOPHILE HAUMESSER PORTRAITS K-REINE PHOTO CHRISTOPHE ELISE

REVERSE : On dit toujours qu’il y a une grosse différence entre la saison régulière et les playoffs. Tu l’as sentie ? Nicolas Batum : Oui ! Surtout nous qui avions peu d’expérience, ça s’est vu au premier match où on prend 30 points direct. La différence d’intensité est énorme, surtout que les arbitres ne sifflent pas pareil derrière. Il y a plein de fautes qu’ils laissent passer et qu’ils sifflaient en saison régulière. On n’avait jamais fait les playoffs, alors on s’est beaucoup plaint de l’arbitrage. (Il sourit) Surtout au premier match. On aurait pu les battre quand même, mais le Game 1 nous a vraiment foutus dedans. REVERSE : Qu’est-ce que tu retiens de ta première expérience en playoffs ? NB : Personnellement, je sais que j’ai foiré. On avait l’avantage du terrain et on jouait chez nous où on avait mis 25 points à tout le monde toute l’année, alors personnellement j’ai joué ça comme un match de saison régulière. Mentalement, je suis passé à côté. Du coup, après, je n’ai pas abordé les autres matches pareil, j’étais encore plus sous pression. J’ai foiré, mais bon, c’est ce que m’a dit McMillan à la fin : « C’est bien, comme ça t’apprends. » REVERSE : On imagine que t’étais très déçu quand même… NB : Ouais, mais je n’étais pas si énervé que ça : là on fait une grosse saison et même si on perd 4-2, on n’était pas si loin. L’année prochaine, on aura la même équipe et un an d’expérience de plus… Mais bon, ça m’a fait chier parce que j’espérais aller plus loin. On s’est battu toute l’année pour l’avantage du terrain et on sort au

premier tour. Ça fout les boules, parce qu’on avait des chances. Au deuxième tour, on aurait joué les Lakers. Ils avaient peur de nous, ça aurait été jouable. Même Kobe l’a dit : « Je ne veux pas jouer Portland ». On avait une bonne carte à jouer contre eux. Mais bon… REVERSE : Tu défendais sur Artest. C’était chaud ? NB : Le mec fait plus de 110 kilos, il est super dur, super carré, super tonique, il est partout. Et c’est un vrai joueur de basket en plus. Peut-être pas très beau à voir jouer, mais il met dedans. Il est super dur à défendre. Il part toujours à gauche, mais il est tellement costaud… Et puis, c’est un vrai défenseur. Mais il a eu du mal quand même. Il l’a dit en interview : « Roy, c’est le meilleur joueur contre qui j’ai joué ». C’était marrant. Craig Sager lui a dit « Et Lebron et Kobe ? » « Non j’ai pas dit LeBron et Kobe, j’ai dit Brandon Roy ! » (rires). REVERSE : D’autres joueurs t’ont impressionné cette saison ? NB : Bah les deux fous, là, LeBron et Kobe. Ce qui est chiant avec Kobe, c’est qu’il peut tirer de partout. LeBron moins, lui, c’est physique, il va driver, il va t’enfoncer, mais Kobe, il tire de partout. REVERSE : C’est quoi les consignes du staff quand tu défends sur Kobe ? NB : Déjà, il ne faut pas qu’il se chauffe d’entrée. Dès le début, il faut casser son rythme. Il mettra quoiqu’il arrive 25 points, mais il ne faut pas qu’il en mette 50. LeBron, il faut l’amener ligne de fond à gauche et le laisser tirer. A droite, c’est mort. Mais Kobe, on m’a dit de ne pas l’orienter, de rester face à lui, tu peux rien faire d’autre. Si tu lui donnes une orientation, un espace, il part. Pareil

pour Wade, il est trop rapide, il a un premier pas, j’ai jamais vu ça ! REVERSE : Il t’avait mis un coup de coude dans votre première confrontation. NB : Ouais. Mais j’étais content. Channing Frye m’a dit après « Il te respecte. Si tu prends un coup par une star, c’est que t’as fait du bon boulot. » REVERSE : Il y en a d’autres comme ça que t’as senti que tu faisais chier ? NB : Je sais qu’à un moment LeBron était content que je sorte. Il l’a dit à Roy, qui m’a dit à la fin « Au moment où t’es sorti, LeBron était content ». Bon il met 34 points, mais je me suis bien démerdé. Il y en a un que je me suis fait un plaisir à bien défendre, c’était Kevin Durant. J’aime pas quand les mecs de mon âge, ou moins âgés que moi, réussissent face à moi (rires). Durant, le premier match contre lui, il était sur sa série de 10 matches à plus de 30 points. Avec Travis (Outlaw – ndlr), on s’est juré qu’il ne mettait pas plus de 20 points. Il était à 3 à la mi-temps. REVERSE : Il y a un moment dans la saison où tu t’es dit « C’est bon, j’ai le niveau » ? NB : Ouais, après le premier rookie wall. J’ai commencé 2009 par mon record en carrière avec 17 points au Staples Center. Et après la coupure du All-Star Game, j’enchaîne des bons matches et là je me dis : « Je commence à être pas mal ». Tout le monde me le disait, le coach, les autres Français, Tony, Boris. Même Tayshaun Prince, après un match, m’a dit « Continue comme ça, t’as un avenir, lâche pas l’affaire et t’iras loin ». J’étais content : c’est un des mecs sur qui je prends exemple. Il n’est pas costaud, comme moi, mais il taffe.


L’ENTRETIEN NICOLAS BATUM

« MENTALEMENT, JE SUIS PASSÉ À CÔTÉ AU PREMIER MATCH EN PLAYOFFS. DU COUP, J’ÉTAIS ENCORE PLUS SOUS PRESSION. J’AI FOIRÉ. »


WORLD TUNISIE


WORLD TUNISIE

LES GRANDES NATIONS AFRICAINES DE BASKET PEUVENT TREMBLER :

2009, EN TUNISIE, EST L’ANNÉE DU CUIR ORANGE. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL

GRAPHISME PATRICK «MOCHOKLA» ORTEGA

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iscrètement mais sûrement, le basket tunisien progresse et il ne lui manque qu’une grosse perf à la CAN pour se faire enfin un nom sur le Continent. L’Etoile Sportive du Sahel (ESS), sacré champion fin mai, fait tout pour. A Sousse, troisième ville du pays derrière Tunis et Sfax, l’Etoile est beaucoup plus que le plus grand club omnisport du pays, c’est un art de vivre. La région du Sahel respire au rythme des performances de la section foot, vibre pour l’équipe de hand. Et ne demande qu’à venir s’égosiller pour soutenir les basketteurs et les volleyeurs dans les grandes occasions. Ici, un titre est un titre, quel que soit le sport. Et la sueur vaut de l’or. L’AFRIQUE, C’EST CHIC Dans un pays où le foot est roi et où le hand, 7 fois vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, jouit d’une tradition prestigieuse, difficile pour le basket de se faire une place au soleil. Sans compter les 8 titres continentaux des volleyeurs... Avec un palmarès quasi

vierge en sélection, le basket tunisien n’aurait plus eu qu’à accepter sa lente agonie. Mais, propulsée par le talent et le culot de sa jeune génération, l’équipe nationale, à domicile, a eu la bonne idée de remporter le Championnat Arabe l’année dernière à Nabeul, contre la Jordanie. Un titre tombé au bon moment puisque l’ESS, par un heureux concours de circonstances, s’est retrouvée en charge de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions, disputée à Sousse en décembre dernier. Championne de Tunisie en 2007, l’Etoile avait posé un dossier

de candidature pour accueillir l’un des tournois éliminatoires de la compétition, finalement annulé faute de participants. L’ESS et son rival Nabeul qualifiés d’office, le club a accepté d’organiser le tournoi final. Un tournoi inégal dominé par les deux équipes tunisiennes et les deux représentants angolais

pour une finale relevée entre le club organisateur et le champion en titre, Primeiro de Agosto. L’ESS n’a pas réussi à renverser Primeiro, mais lui a fait peur, et ce sans son Américain Jamarr Hardy. De quoi faire vibrer une salle Olympique comble et les nombreux amateurs d’un soir rivés devant leur télé. Le basket n’a pas beaucoup de marge de manœuvre en Tunisie, mais les matches des deux représentants nationaux pendant la compétition ont tous été retransmis en direct sur des chaînes nationales. Tout le pays a pu voir du basket de bon niveau. Et sait qu’il y a un sport de plus dans lequel il peut jouer les premiers rôles. RECRUTER POUR MIEUX FORMER La Coupe d’Afrique des Clubs Champions ne suffira évidemment pas. Si la finale a fait salle comble dans une ambiance de feu, les matches de poule se déroulaient devant des milliers de sièges vides. Il faut un enjeu pour attirer le public, rien de plus normal. Mais les résultats amènent de l’intérêt. Pour ça, l’Etoile, dont la tradition basket n’est pas aussi forte que celles de places fortes comme Nabeul ou Sfax, a décidé de recruter des jeunes à fort potentiel dans tout le pays et de les former. Une politique qui commence à se montrer bénéfique puisque l’effectif pro comptait cette année plusieurs jeunes prometteurs, comme Macram Ben Rohmdane (2,03 m, 20 ans), Salah Mejri (2,14 m, 23 ans), ou Hamdi Braa (2,04 m, 23 ans), l’un des piliers de l’équipe.


48H CHRONO EDF FÉMININE, NOUVELLE GÉNÉRATION

DEUX JOURS DANS LES COULISSES DES FUTURES CHAMPIONNES D’EUROPE. PAR SYRA SYLLA

PHOTOS K-REINE

C

omment bâtir en quelques semaines une équipe de France compétitive, prête à s’engager au combat sur les terres lettones ? Telle était l’épineuse question à laquelle devait faire face Pierre Vincent à l’approche de l’Eurobasket. Une fois la saison régulière de LFB terminée, les Bleues ont eu très peu de temps pour se préparer… et pourtant le travail en accéléré a payé cash avec un titre historique de Championnes d’Europe ! Fin mai, après deux stages à Bourges et Lyon, l’équipe de France avait établi son camp à Evry pour effectuer les derniers réglages. L’occasion pour REVERSE de passer deux jours au cœur de la préparation d’une sélection nationale en marche vers le titre européen, à la façon d’un « Vis ma vie d’internationale ». JEUDI 28 MAI 2009 12h Arrivée à l’Espace Leonard de Vinci à Lisses après une marche interminable. Dans le hall de l’hôtel, ça s’active déjà. Le staff technique prépare les séances de travail de l’après-midi. Au menu : pick’n’rolls et systèmes de jeu offensif. Les filles ont eu la matinée de libre. Elles descendent au compte-gouttes pour le déjeuner et sont réparties sur 3 tables de 5. 13h56 C’est l’heure de la sieste. Cathy Melain en profite pour s’expliquer sur les raisons

de son retour imprévu en EDF, alors qu’elle avait annoncé sa retraite. « Pierre Vincent a su être très persuasif quand il m’a demandé de participer à une dernière campagne. Ce championnat est le début de vie du nouveau groupe de l’EDF en vu des JO 2012. » 16h05 Coup dur. Elodie Godin vient d’apprendre qu’aucune assurance ne la couvre depuis le début de la préparation. Elle est contrainte de ne plus s’entraîner avant que le problème soit réglé. La discussion continue jusqu’à l’arrivée en salle vidéo. Les filles assistent au visionnage de leur entraînement précédent. Pierre Vincent fait le point sur les systèmes de jeu qu’elles vont travailler au practice. Il insiste sur chaque détail : mise en place du jeu trop lente, passivité dans le jeu sans ballon, la position à prendre sur un post-up, l’agressivité dans la prise d’intervalle, l’inutilité du dribble sur place. Attentives, les filles semblent vite intégrer toutes les informations débitées. 16h50 Arrivée au gymnase. Laçage de chaussures pour les unes, derniers soins pour les autres. Comme souvent, Jennifer Digbeu et Sandrine Gruda profitent de la transition pour se retrouver et discuter alors qu’Isabelle Yacoubou jalouse les Hyperdunk que porte Emilie Gomis. Pierre Vincent réunit finalement ses joueuses dans le rond central pour un speech, puis passe

le relais à son assistant Thierry Moullec pour la première partie de l’entraînement. 17h09 Dépitée, Elodie Godin assiste à l’entraînement depuis les gradins et en profite pour nous donner son état d’esprit après deux années passées loin de l’EDF : « J’ai été très surprise lorsque Pierre Vincent m’a appelée. Ça faisait deux ans que j’avais été écartée de la sélection et je n’ai pas été convoquée pour le rassemblement en janvier à Monaco. J’ai demandé à Pierre ce qu’il attendait de moi. Il m’a expliqué que le profil de l’équipe avait changé avec l’absence de Sandra Dijon. Donc j’arrive plutôt confiante, surtout que j’ai eu une saison très positive. »


48H AVEC LES CHAMPIONNES D’EUROPE

17h28 Révision des systèmes. 4 équipes de 3 sont formées pour du jeu alterné. Les systèmes sont d’abord mis en place à vide. Anaël Lardy a l’air incroyablement concentrée. Pour sa première sélection en Bleu, la Clermontoise s’implique énormément et n’hésite pas à demander des explications. Pierre Vincent demande à Isabelle Yacoubou de durcir son jeu. L’objectif est de mettre la balle à l’intérieur et elle doit être prête à en faire bon usage. Il demande aux shooteuses de prendre le côté droit pour avoir un meilleur angle de tir. Les filles affichent un sérieux inébranlable dans l’exécution des exercices… Enfin presque. Sur un double-pas loupé de Yacoubou, Pierre Vincent se lâche : « Mets-nous un dunk ! » 18h15 Frédéric Aubert, préparateur physique de l’EDF, arrive dans la salle. Il revient sur ce qui a été fait lors des deux stages de préparation. « Il a d’abord fallu faire un travail de récupération et de reconstruction du corps, avec 50% de basket en moins par rapport à un stage normal. Ensuite, à notre arrivée à Evry, les filles ont eu des séances de muscu tous les 2 jours avec des spots de 30 min en sortie d’entraînement. Elles sont fatiguées et saturées mais surtout aiguisées. Les filles font un deal avec leur corps : elles savent que le 21 juin, quoiqu’il arrive, c’est fini, donc en attendant elles se mettent à 300%. Le plus délicat est de ne pas les griller. On doit les ajuster pour qu’elles explosent juste au bon moment, c’est-à-dire au début de l’Euro. Nous avons l’équipe la plus physique d’Europe, il faut qu’on utilise cet avantage. » 18h25 Nous retournons près du terrain. Pierre Vincent travaille les options offensives avec pour objectif « mettre la balle dedans ». Et pour cause… Sandrine Gruda avait zappé l’aventure chez les Bleues en 2008 en donnant la priorité à la WNBA. Pour cette campagne, Vincent a le plaisir de la compter dans son roster. Sandrine est un talent à l’état brut, et c’est encore plus flagrant quand on la voit jouer en live. Balle en main, « l’Elue » fout un bordel monstre dans la raquette. 19h L’entraînement avec ballon terminé, Frédéric prend le relais. Pierre Vincent en profite pour se pencher sur la situation d’Elodie Godin. Quelques minutes plus tard, elle affiche un sourire qui en dit long.

OCEAN’S 12

L’ÉQUIPE DE FRANCE A LAISSÉ TOMBER LE VOL À LA TIRE POUR LE BRAQUAGE DE BANQUE. Par Julien Deschuyteneer

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n savait le groupe talentueux et drivé par l’un des meilleurs techniciens européens, mais personne ne pouvait vraiment dire avant le début de la compétition ce à quoi cette jeune équipe de France pouvait prétendre. Après neuf victoires en neuf matches, elle est tout simplement devenue la meilleure team d’Europe ! Les filles s’étaient surnommées « les braqueuses », en raison de leur capacité à commettre des hold-ups en début de

compétition. En quart de finale encore, elles avaient réalisé un dernier casse grâce à deux missiles longue distance de Céline Dumerc et de Florence Lepron. Mais après avoir difficilement passé les Grecques, ce surnom était clairement périmé, tant elles ont impressionné durant les 7 quart-temps suivants. Malgré une ultime frayeur pendant le dernier quart de la compétition lorsqu’elles ont semblé sur le point de se déballonner, Caps et sa clique de « stick up girls » sont

reparties avec la caisse et les bijoux, ignorant les sirènes russes. Les filles et le staff de Pierre Vincent pouvaient légitimement exulter, ils venaient de réaliser un incroyable exploit qui redonne des couleurs à un basket français qui ne nous avait pas fait vibrer ainsi depuis des années. Cathy Melain quitte la scène internationale sur un deuxième titre continental et cette jeune équipe y a fait une entrée fracassante. Vivement le prochain braquo, au Championnat du Monde ! On a tout de suite senti que ce groupe vivait bien ensemble, sur le terrain comme en dehors.


[QUADRUPLE DOUBLE]

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PARCOURS

LUC MBAH A MOUTÉ

MILWAUKEE BUCKS

HOMME DE L’OMBRE L’histoire de Luc Mbah a Mouté confirme la valeur d’un joueur unique, qui a quitté les playgrounds de Yaoundé pour forcer le destin et s’ouvrir les portes de la NBA. Par Almamy Soumah

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Photo K-REINE

es pieds sur terre, les yeux rivés sur le ciel et la détermination dans le regard, Luc Mbah a Mouté a les bras fermement croisés, comme pour se préserver de tout ce qui pourrait l’empêcher d’atteindre ses objectifs. Il a déjà surmonté trop d’obstacles pour s’arrêter maintenant. Luc appartient à cette catégorie de gars que les analystes ont occultés, mais il n’en fait pas cas. Etre drafté au second tour n’est pas forcément la meilleure rampe de lancement

pour un rookie, c’est vrai, mais certains joueurs arrivent toujours à tirer leur épingle du jeu pour devenir de bons back-up. D’autres, plus rares il est vrai, réussissent même à se hisser bien plus haut. Gilbert Arenas en est l’exemple parfait. Même choisi en 31ème position, il a réussi à bousiller la NBA individuellement. Mais tout le monde n’a pas la fulgurance de Gil’ et, chaque année, de nombreux joueurs sont oubliés par simple manque d’exposition. Pour Luc, l’essentiel était d’entrer dans la ligue, le reste se fera en temps et en heure.

On comprend sa sérénité, après tout, à l’issue de sa saison Rookie il est déjà un axe majeur dans la rotation des Bucks. Et pourtant, il est parti de si loin… LE PRINCE DE UCLA Dans son village natal de Bafia, au Cameroun, Luc Mbah a Mouté possède le rang de Prince. Là-bas, être le fils du chef de certains villages confère ce statut. Son père, Camille Mouté a Bidias, est un haut fonctionnaire à la tête du fond national pour l’emploi, qui suit de très près l’éducation


[QUADRUPLE DOUBLE] ....................................................................................................................................................................

de ses enfants. Alors quand Luc commence le basket, initié par son grand frère sur les playgrounds de Yaoundé, M. Mouté devient son fournisseur officiel de cassettes vidéos et de magazines de basket, à condition que son fils demeure studieux et brillant en classe. En à peine trois ans - dont deux au club d’Onyx - Luc passe de novice à prospect NCAA. Il affûte son jeu, prend de la taille et confirme tous les espoirs placés en lui au camp « Africa 100 » (basketball without borders) où il est « All-Starisé ». Prenant conscience de son potentiel, son père l’envoie aux Etats-Unis. Luc dit alors au revoir à sa terre natale et s’envole pour Montverde Academy High School, en Floride, une institution réputée pour son excellent programme d’apprentissage de l’anglais. Là-bas, il prend vite le pli et s’adapte au style de jeu local, ce qui lui permet d’être invité au Nike Camp d’Indiana à l’issue de sa première saison. Luc y frappe un grand coup et marque les esprits d’une multitude de scouts, dont ceux de Virginia Tech, Florida State, South Carolina et UCLA. Il lui faudra très peu de temps pour faire son choix : ce seront les Bruins de Ben Howland. « C’est la meilleure université au monde, en termes athlétiques, académiques… Quand j’y suis allé, j’ai su que c’était le bon choix. Je me suis senti bien avec l’équipe, la ville est magnifique et c’est une université prestigieuse. Un diplôme de UCLA, c’est un diplôme reconnu ! » Élu PAC 10 Freshman of the year, Luc devient vite l’une des stars de la fac, intriguant à la fois la presse et le public par son statut princier. En plus, UCLA cartonne, et après trois saisons et trois Final Four, il se sent suffisamment armé pour tenter la NBA. L’AUTRE RECETTE DU SUCCÈS Avec des stats qui n’ont quasiment pas bougé durant son passage à UCLA, tenter la draft est quand même un gros pari. Décalé à l’intérieur pour les besoins des Bruins, il y est devenu un « role player » dont les stats en junior se limitent à 8,8 points et 6 rebonds par match, soit un peu moins que sur son année Freshman. « Le staff m’a pris en second couteau pour évoluer au poste 3, ils avaient déjà recruté les principales options offensives. Moi, j’étais juste un bon joueur

« DÈS QUE JE SUIS ARRIVÉ, LE COACH M’A DIT QUE J’AVAIS BEAUCOUP DE POTENTIEL DÉFENSIVEMENT, ET QUE L’UNE DES MANIÈRES D’AVOIR DU TEMPS DE JEU C’ÉTAIT DE DÉFENDRE. »

athlétique qui pouvait défendre, du coup j’ai été décalé en 4. Ils m’ont aligné quelques matches et ils ne m’ont plus sorti du 5 », explique-til. A UCLA il est la meilleure arme défensive. Capable d’éteindre presque toutes les grosses pointures adverses, que ce soit sur les postes 1, 2 ou 3, son coach n’attend pas de lui qu’il soit une machine à scorer, d’autant qu’il partage désormais la raquette avec un certain Kevin Love. Avec un rôle offensif limité, il est considéré trop juste par les spécialistes NBA ce qui l’oblige à capitaliser sur d’autres atouts pour intégrer la ligue. A quelques semaines de la draft, il fait son premier « workout » à Chicago et réussit sa première mission : confirmer son aisance naturelle au poste 3. Le lendemain, c’est Scott Skiles qu’il bluffe lors de son second entraînement, à Milwaukee. Quelques jours plus tard, c’est là qu’il posera ses valises pour y faire ses débuts professionnels. Les Bucks ont de grosses lacunes défensives et, lorsque Skiles fait la rencontre du jeune Camerounais, il comprend qu’il a une perle rare entre les mains. Il passe tout de suite un deal avec lui. « Dès que je suis arrivé, le coach m’a dit que j’avais beaucoup de potentiel défensivement, et que l’une des manières d’avoir du temps de jeu c’était de défendre. » Luc devient le « defensive stopper » d’une équipe habituée à laisser ses adversaires scorer à tout va. Il prend tout de suite son rôle à cœur et profite de la blessure de Michael Redd pour entrer dans le cinq majeur à 52 reprises. En une saison, Luc a tranquillement tracé son chemin sans que personne ne le voie venir. « Le Prince » appartient à cette confrérie particulière de joueurs qualifiés « d’hommes de l’ombre » : ces joueurs à l’apport inestimable, mais ô combien difficile à quantifier. Les Bucks n’ont remporté que 34 victoires sur la saison, mais en ayant réussi à se faire une place parmi eux, Luc en compte déjà 82 à son actif.

.................................. Luc Mbah a Mouté #12 Milwaukee Bucks Ailier 2,03 m Stats 2008-09 : 7,2 pts à 46,2%, 5,9 rbds et 1,1 pd en 25 min


ENQUÊTE LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE

LA MÉMOIRE QUI FLANCHE… OUBLIÉES, POUSSÉES EN MARGE, ENTERRÉES TROP VITE, LES ANCIENNES ÉTOILES DU BASKET FRANÇAIS SONT RÉDUITES AU SILENCE, ET AVEC ELLES, C’EST TOUTE NOTRE HISTOIRE QUI RISQUE DE DISPARAÎTRE. ATTENTION, ÉTAT D’URGENCE. >>> Par Syra Sylla et Xavier d’Almeida Photos MUSEE DU BASKET/Droits Réservés

I

l y a quelques semaines, quand il a remporté Roland-Garros, Roger Federer était autant ému par son titre que par la présence d’Agassi à ses côtés. Deux ans plus tôt, en Australie, il avait pleuré quand Rod Laver lui avait remis la coupe de vainqueur. Pas d’inquiétude, REVERSE n’est pas devenu « Revers magazine », mais cet exemple montre bien comment un sport peut mettre en valeur son histoire et ses grands champions. Le basket français, lui, a l’attitude inverse : délaissées et sous-utilisées par la Fédération, les anciennes gloires du basket tricolore ont longtemps souffert d’être ignorées de la sorte. Pire encore, c’est tout son patrimoine que la France de la balle orange a mis au placard.

Une histoire riche mais méconnue

Bondy, Palais des Sports. Dans une remise sans fenêtre, sous une tribune de ce gymnase municipal, se cache la plus belle réserve d’objets du basket français. Gérard Bosc, le plus grand spécialiste de l’histoire de notre sport en France, reçoit dans son antre, au milieu des photos de la finale de 1938 à Roland-Garros et des chaussures Palladium Alain Gilles. De son ton convaincu et convaincant aux accents toulousains, il met tout de suite les choses au point : le musée du basket n’est pas une initiative de la FFBB mais bien d’un passionné, qui a créé l’association à la marge de celle-ci. Bizarrement, on s’en serait douté… « Je trouve ça navrant pour le basket français que son histoire soit passée aux oubliettes à ce point », explique Jacky Chazalon, elle qui a été élue meilleure basketteuse française du siècle en 1999. Plus dramatique encore, la Fédé ignore totalement ce qu’elle possède et ne s’intéresse même pas à la conservation de ses vidéos, comme en témoigne Nicolas de Virieu,

qui réalise actuellement un film sur les grands anciens du basket en France : « Pour le projet de documentaire, j’ai visité les locaux de la Fédé, et ils ont un bureau avec toutes les archives. Ils ont des images dont ils ne soupçonnent même pas l’existence. » « C’est un problème particulier au basket », estime Jacques Monclar. « Nous sommes loin d’être des champions du monde de la mémoire. Le football, le handball ou le tennis sont beaucoup plus forts que nous dans ce domaine. » Quelques bonnes idées existent pourtant. La première vraie initiative visant à mettre en avant les « Anciens » est l’Amicale des Internationaux de Basket, présidée aujourd’hui par Jacky Chazalon. Gérard Bosc se souvient : « Au début, il s’agissait surtout de faire des bouffes et des matches amicaux. Il n’y avait pas vraiment de cadre et la Fédé ne s’en est pas du tout occupée, parce qu’il y avait toujours des problèmes plus urgents à résoudre. » Heureusement, il y a cinq ans, quelques grands acteurs du basket français se sont motivés pour empêcher cette association de sombrer dans l’oubli, comme l’explique Chazalon : « L’Amicale a été relancée en 2004 pour créer des liens entre les différentes générations. Nous voulions être les premiers supporteurs de nos équipes de France. Mais également construire une chaîne de solidarité pour aider les jeunes dans l’orientation ou le coaching. » Toutes ces initiatives commencent à porter leurs fruits. « Avec le statut de l’Amicale, nous avons beaucoup plus d’invitations », explique Isabelle Filjakowski. « Avant, nous n’étions pas très sollicités. L’Amicale veut que les joueurs soient intégrés aux structures de la Fédération. Nous travaillons en collaboration avec Yvan Mainini. Il répond positivement à nos demandes. On sent que ça bouge vraiment. » Les différentes associations commencent d’ailleurs à travailler ensemble et sont (un peu) soutenues par la


ENQUÊTE LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE

Ci-dessus : Finale du Championnat de France 1945 entre l’Eveil Sportif Sainte Marie de la Guillotière et Championnet Basket. Robert Busnel (N°5) au tir. Roland-Garros. Ci-contre : Richard Dacoury et Magic Johnson à l’Open Mc Donald en 1991. Emile Frezot en 1941 dans la cour du Lycée Louis le Grand.


DÉCALÉ SUMMER BASKETBALL

SUMMER

BASKETBALL QUAND LES VACANCES DE RÊVE TOURNENT AU CAUCHEMAR ALLIER BASKET ET VACANCES, C’EST POSSIBLE, MAIS CE N’EST PAS SANS RISQUE. PAR GUILLAUME LAROCHE ET THÉOPHILE HAUMESSER

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ontrairement aux footeux ou aux rugbymen qui prennent un malin plaisir à se vautrer dans la boue en exécutant des glissades chaloupées sur des terrains détrempés, le basketteur est un sportif de beau temps. La pleine saison du streetballer commence donc au printemps pour se terminer avec les premières gelées vers la fin juin-début octobre, en fonction de votre lieu de résidence. Les trois mois d’été sont donc la période idéale pour pratiquer son sport favori. Libéré de ses obligations scolaires, professionnelles ou de club, chacun peut utiliser son temps libre pour jouer au basket à sa façon et choisir ses vacances en fonction de ses envies. Finis les coaches incompétents, les sorties pour 5 fautes, les dimanches matins à se geler les couilles dans le gymnase Jean Bouin, les douches froides, les systèmes de jeu incompréhensibles, l’haleine chargée du président après la victoire ou celle du gardien à l’ouverture... et à la fermeture. Plus de chasubles qui respirent l’effort, de contraintes, de directives, d’horaires stricts et de règles toutes plus chiantes les unes que les autres. L’été, le basketteur est libre ! Mais la liberté se paie cher parfois…

Vacances studieuses Basketteur honnête mais avec quelques lacunes physiques et techniques, Kevin attendait l’été avec impatience pour rattraper son retard sur les autres et pouvoir enfin gagner sa place dans l’équipe 3 de St-Raincy-Le-Courtel. >>> SON OBJECTIF : Se mettre au niveau et réussir au moins un double-pas à gauche dans la saison. >>> L’ÉTÉ DE SES RÊVES : Simple, mais ambitieux. Très rigoureux dans ses principes, Kevin veut passer ses deux mois à travailler son jeu tous les jours. Pour cela, il se nourrit selon un programme sérieux dégoté sur le net

(www.MenOfSteel.co.uk.csz), fait de la muscu selon son programme, va courir selon son programme et joue sur son playground en respectant le programme. Si tout va bien, à la rentrée, vitesse, puissance et technique seront devenues ses meilleures amies. >>> LE CAUCHEMAR : Dès le 3ème jour, Kev’ se rend compte qu’il n’est pas le seul à vouloir travailler l’été et profiter du départ des citadins. La mairie vient de fermer son playground pour deux mois pour cause de travaux : refonte complète de la piste d’athlé. Il lui faut maintenant se taper 30 minutes de bus pour rejoindre le terrain de Feuillouse-SurLoin, ce qui diminue dramatiquement son temps de jeu. Du coup, il tente d’adapter lui-même son programme en mettant l’accent sur la muscu. Fatale erreur… Apparemment, sa dose de musculation

hebdomadaire (5 passes à deux mains avec un medecine-ball), n’avait pas suffisamment préparé son corps pour qu’il puisse soulever une barre de 90 kg à l’arrachée. Mais dans 5 semaines, dès qu’on lui aura enlevé son corset et son drain, il devrait être d’attaque pour entamer sa rééducation et essayer de glaner des tuyaux de muscu auprès de son kiné. >>> CONSÉQUENCE : Sans jeu, sans muscu, alité pendant un mois, Kevin a fini avec 8 kg de gras supplémentaires, ce que son coach a pris pour un « manque de motivation ». Du coup, il a été rétrogradé sur le créneau loisir, de 8 à 9h les dimanches matins… Niveau d’emmerdements :


DÉCALÉ SUMMER BASKETBALL


GOOD OL’ DAYZ PETE MARAVICH

DE MAGIC JOHNSON À STEVE NASH, DE JASON KIDD À JASON WILLIAMS, PETE MARAVICH A INFLUENCÉ PLUSIEURS GÉNÉRATIONS D’ARTISTES ÉMERVEILLÉS PAR SON GÉNIE… ET A SACRIFIÉ SA CARRIÈRE POUR LEUR OUVRIR LA VOIE. TEXTE JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL GRAPHISME MOCHOKLA

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mmenez-moi ». C’est ce que Pete aurait peint sur le toit de sa maison au plus fort de son marasme à Atlanta, en 1974. Une légende, selon sa femme Jackie. Tout le monde n’est pas de cet avis. Loufoque et incapable d’agir autrement que dans l’excès, Maravich aurait eu une période d’intense croyance dans les OVNIS. Jusqu’à leur adresser ce message, témoin du malaise profond qui l’a rongé durant l’essentiel de sa carrière pro. DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE Pete Maravich était détesté par la plupart des joueurs de la ligue, coéquipiers inclus, avant même de poser un pied sur un parquet NBA. La faute à une hype sans précédent et à son contrat rookie historique. Pour ses pairs, il n’est alors qu’un soliste qui s’est gavé de shoots en NCAA en jouant pour son coach de père. Il a encore tout à prouver. Alors que certains vétérans d’Atlanta comme Joe Caldwell se battent pour obtenir une renégociation de leur salaire, le pont d’or offert au gamin blanc est pris comme un affront dont Pete subit l’effet boomerang. Maravich avait déjà du mal à gérer les attentes placées en lui à la fac, celles du monde pro vont le marquer très vite. A l’ambiance pesante du vestiaire vient s’ajouter la réalité du terrain. Richie Guerin, le coach des Hawks, n’apprécie pas vraiment le côté flashy de son jeu. Ses prises de risque, ses tirs impossibles, ses passes aveugles insensées, tout cela n’a pas sa place dans le basket de l’époque. « Il y a plus de pression sur Pete que sur n’importe quel autre rookie dans l’histoire des sports pros », déclare même le légendaire Jerry West après leur premier duel. Les débuts sont laborieux. A trop

vouloir bien faire, Pete est systématiquement en décalage. Quant à sa défense, elle est jugée suspecte, au mieux. Ses performances globales restent bonnes, mais sa réputation est faite : Pete Maravich n’est pas un joueur d’équipe. Cette étiquette va lui coller à la peau toute sa carrière. Pete attire pourtant les foules partout où il passe, mais il ne parvient pas à trouver

« IL Y A PLUS DE PRESSION SUR PETE QUE SUR N’IMPORTE QUEL AUTRE ROOKIE DANS L’HISTOIRE DES SPORTS PROS. » JERRY WEST

sa place entre les attentes du public, qui ne souhaite rien d’autre qu’un festival de points et de passes, et celles de son équipe, prête à lui reprocher son style à la moindre série de défaites. Dépressif, porté sur l’alcool, à la limite de l’hypocondrie, Maravich subit sa carrière plus qu’il n’en profite. Après ses premières années dans la ligue, il lâche d’ailleurs des mots fatalement prémonitoires à un journaliste : « Je ne veux pas jouer dix ans en NBA et mourir à 40 ans d’une crise cardiaque. » La pression énorme que son talent sidérant lui fait subir lui fait déjà songer à la retraite. En 1974. Il n’a que 26 ans. AU NOM DU PÈRE Il n’a que 26 ans, mais consacre sa vie au basket depuis la petite enfance. Son père Press, ancien pro aux Pittsburgh Ironmen lors

de la première saison de l’histoire de la ligue, lui a transmis le virus dès qu’il a pu. Devant les bonnes dispositions du rejeton, Maravich Sr, futur meilleur coach ACC (l’une des conférences NCAA les plus prestigieuses), met au point toute une série de « drills » pour développer l’adresse et la dextérité de Pete. Le résultat est saisissant. Le môme suit son père dès qu’il le peut, se met dans un coin du gymnase avec son ballon et travaille. Il dribble, il shoote, il enchaîne des séries de passes dans le dos. Très vite, son instinct et son sens du jeu sont hors du commun pour un gamin de son âge. Pete devient rapidement une légende en Caroline du Nord, où ses cartons lors des tournois l’été n’étonnent plus personne. Il sèche les cours pour se faufiler dans le gymnase, joue du matin au soir même en plein été, et construit sa légende, passe lumineuse après panier irréel. A 9 ans, Pete a déjà des années-lumière d’avance. Et le plus grand plaisir de son père ........................................................

STATS NBA 24,2 pts à 44,1%, 4,2 rbds et 5,4 pds en moyenne. Drafté en 3ème position en 1970 par les Atlanta Hawks, avant d’être tradé au Jazz de New Orleans en 1974 et de finir sa carrière à Boston en 1980. 5 fois All-Star, élu dans la All-NBA 1st team en 1976 et 1977 (2nd Team en 73 et 78), sélectionné parmi les 50 plus grands joueurs de l’histoire, il est entré au Hall Of Fame en 1987


GOOD OL’ DAYZ PETE MARAVICH


[ANTIMAG]

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