REVERSE 28

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L 12969 - 28 - F: 5,00 € - RD


[SOMMAIRE]

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22 LA NBA EN ÉTAT DE CHOC

LES DOMMAGES COLLATERAUX DU CHOIX DE LEBRON JAMES

30

ANTAWN JAMISON CAVALIER SEUL

56 CHICAGO BULLS RELOADED

34

RÉVÉLATION

PAPE SY

50

RACONTE SON ÉTÉ D’ENFER

60

DERRICK ROSE

L’ENTRETIEN

L’EXCEPTION

OSCAR SCHMIDT

Serial scoreur

38 QUAI54

66

LA FUSION EST-ELLE LA MEILLEURE ÉQUIPE DE STREET AU MONDE ?

ALLEN IVERSON

80

GOOD OL’ DAYZ

DENNIS RODMAN

LE NOUVEL ORDRE

74 MONDIAL


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ATTENTION

CECI EST UNE VERSION PARTIELLE DE REVERSE UN CERTAIN NOMBRE DE PAGES ONT ÉTÉ VOLONTAIREMENT ENLEVÉES


[RUN&GUN] STARTER

AUSTIN RIVERS

SELF MADE MAN

ALORS QUE SON PÈRE ESSUYAIT UN REVERS EN FINALE NBA, AUSTIN RIVERS SE FAISAIT SON BUZZ TOUT SEUL, COMME UN GRAND.

Par Théo Letexier Photo Ross Davis / San Antonio Sports

O

n est habitué à voir des frères ou des cousins évoluer ensemble en NBA, mais il est plus rare de pouvoir réunir un père et un fils sur les mêmes terrains. Pourtant d’ici deux ans, Doc ne sera sûrement plus le seul Rivers dans la Ligue, tant son petit dernier grimpe à une vitesse folle. Il jouit d’une très grosse cote depuis le début de l’été. ESPN.com, qui le place en numéro 1 de sa classe d’âge, a été sans équivoque : « Rivers fait partie d’un autre monde, il joue sur une autre planète. » Au fur et à mesure que ses highlights tournaient en boucle, Austin est parvenu à décoller son étiquette de « fils de » qui était scotchée sur son front pour émerger comme le joueur le plus complet et à coup sûr le plus mature des 1992. Pas besoin de vous compter ses innombrables cartons offensifs, ses dunks abusément hauts… ou encore son cross sur John Wall. Non, ce qui vaut vraiment le détour chez Rivers, c’est la grâce naturelle qu’il dégage à chacune de ses pénétrations, un peu comme si l’adversaire jouait un simple rôle de figurant pendant qu’Austin récite son monologue. Sa saison senior ne sera qu’un moyen de tester sa résistance à la pression des médias qui ne le lâcheront pas de si tôt, surtout qu’il vient d’annoncer qu’il rejoindrait l’usine à titres de Duke, après en avoir fini avec le lycée. Mais quand on a un papa double finaliste NBA, la pression, on doit connaître un peu, non ? Austin Rivers Arrière / 18 ans / 1,91 m Stats au Championnat des Amériques U18 : 20,2 pts à 58,3%, 1,8 rbd, 1,2 pd et 2 steals


[RUN&GUN]

ÇA, C’EST FAIT

EDDY CURRY

>>>TRASHTALK

IS FAT AGAIN

C’EST NOUS OU LAMAR ODOM PEUT ÊTRE UN JOUEUR MAJEUR de n’importe quelle équipe… à condition que Kobe Bryant n’en fasse pas partie ?

Après ses galères de blessures, ses procès, ses problèmes d’argent et son statut de punchline sur pattes, on pouvait se dire qu’Eddy Curry aborderait cette saison motivé comme jamais. Après tout, c’est la dernière de son contrat et, en se donnant un peu de mal, on est quasiment certain qu’il aurait trouvé un gogo (Allo, Mark Cuban ?) ou deux (Bonjour Monsieur Kahn) pour lui proposer un gros pactole. Au lieu de ça, il s’est pointé au training camp avec 10 kg de plus et a réussi à se blesser au bout de deux jours. Magnifique. T.H.

« MA PLUS GRANDE ÉMOTION VIENT PEUT-ÊTRE DE L’IDÉE DE QUITTER LA PRÉSIDENCE DE LA FFBB APRÈS 18 ANS. C’est un peu comme mon enfant. J’ai dit à mes collègues que je leur laisse les clés d’un camion en très bon état. » Avec des phases comme ça, Yvan Mainini devrait auditionner pour le Jamel Comedy Club. ET NOUS, ON AURAIT DÛ MONTER REVERSE EN EX-YOUGOSLAVIE. Entre le niveau de dingue de la Serbie, le talent de la Slovénie, la Croatie et la Bosnie qui peuvent toujours se sublimer sur un match couperet ou l’émergence du Monténégro, on en aurait des sujets à traiter dans RVRSIC. AVOIR DEUX SALLES DE BASKET QUI PORTENT SON NOM, C’EST COOL, par contre, les desperate housewives de Charenton sont quand même moins fraîches que celles de Wisteria Lane. AU FAIT, ELLE A FAIT QUOI FINALEMENT L’ÉQUIPE DE FRANCE AU MONDIAL ? Nous on a fait un coma éthylique de trois semaines après avoir dû subir les 30 dernières secondes du match contre la Nouvelle-Zélande. UN DRESS CODE POUR LES ENTRAÎNEURS NBA ? Attention, si ça touche aussi les fautes de goûts en termes de coaching, Flip Saunders et John Kuester vont prendre cher… ON A VRAIMENT ÉTÉ BLUFFÉ PAR LE CHAMPIONNAT DU MONDE DE KEVIN DURANT. Mais le plus dingue, c’est qu’il n’a apparemment pas encore dévoilé la partie la plus incroyable de son jeu. BOGDAN TANJEVIC EST OFFICIELLEMENT LE MEILLEUR COACH de l’histoire pour ce qui est de gagner un match sur une remise en jeu.

k?. ++ +++

+ +++ ING COMON+ ++ SO +++ ++

SERBE ACADEMY

LA SERBIE A UNE CAPACITÉ FOLLE À SORTIR DE JEUNES POTENTIELS HORS DU COMMUN. ELLE L’A ENCORE PROUVÉ CETTE ANNÉE AVEC NENAD MILJENOVIC. Par Par Syra Sylla Photos Euroleague Basketball

L

ors du dernier Final Four à Bercy, le Nike Junior Tournament a encore révélé de belles pousses. Notamment du côté de l’équipe du FMP Zeleznik. Alors que tout le monde s’attendait à ce que Bogdan Bogdanovic explose, c’est finalement le meneur Nenad Miljenovic qui est sorti du lot. 17 ans, un handle à

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casser des chevilles, un sens du jeu impressionnant, un vrai mental de bonhomme et le culot qui va avec. Une espèce de Ricky Rubio à la sauce serbe qui a mis le public en ébullition. Miljenovic a survolé sa finale perdue face à l’INSEP en alignant 20 pts, 7 rbds et 4 pds avec quelques shoots kobe-esques au compteur.

Sur l’ensemble du tournoi, le Serbe a tourné à 14,3 pts, 5,6 rbds et 5,9 pds. Pour espérer devenir l’un des futurs meilleurs meneurs d’Europe, ce dont il est largement capable, Miljenovic va devoir taffer sa défense. Quoique Milos Teodosic s’en sort très bien sans. En tout cas, la relève est (déjà) assurée !

LE CHIFFRE

Le futur numéro de LeBron, qui abandonne le 23 pour ne pas manquer de respect à Jordan. Le numéro de Julius Erving, à qui LBJ ne doit pas avoir peur de manquer de respect. Le nombre de titres de Jordan et l’obsession de Kobe. Le nombre de minutes et de fautes de Ian Mahinmi face à la Turquie. Oui, oui, 6, il voulait vraiment s’assurer d’être fouled out.

A peu de choses près, le pourcentage à trois-points de Rubio lors du Championnat du Monde. Comme un trait d’union entre l’item précédent et le suivant, c’est le symbole chrétien de l’imperfection quand il est répété une fois, celui de l’Antéchrist quand il est répété trois fois. En millions de dollars, le montant approximatif du braquage annuel de Radmanovic.


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX

DOMMAGES L A

N BA

E N

É TAT

D E

C H O C

COLLATERAUX EN EMMENANT SES TALENTS À SOUTH BEACH POUR REJOINDRE D-WADE ET BOSH, LEBRON A FAIT BEAUCOUP PLUS QUE BOOSTER LES CHANCES DU HEAT. LES EFFETS SECONDAIRES DE SA “DÉCISION” POURRAIENT BIEN RÉVOLUTIONNER LA LIGUE. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL

PHOTOS CHRIS ELISE, PEDRO HEIZER, COURTESY OF ESPN

I

nutile de refaire ici le procès de la forme sous laquelle LeBron a annoncé son choix. Que l’ex-Roi ait décidé de se scalper lui-même et de perdre sa couronne, après tout, c’est son choix. Il est plus que temps de se concentrer sur les implications gigantesques que le coup de génie de Pat Riley ne va pas manquer d’avoir sur la NBA. Sauf catastrophe et incompatibilité complète entre les trois stars (ce qui a peu de chances d’arriver puisque tout est parti de leur volonté commune de jouer ensemble), la super team de Miami va bouleverser les habitudes de toute la ligue. Les GM vont devoir travailler différemment, les joueurs vont aborder autrement la compétition et la freeagency, les coaches vont être contraints de repenser le jeu… et David Stern va sortir son « A Game » pour être sûr de ne rien lâcher dans les négociations du Collective Bargaining Agreement l’été prochain. LES TAUREAUX NE CRAIGNENT PAS LA CHALEUR Avant de tenter d’évaluer l’impact que cette petite bombe aura sur le basket pro, revenons un peu sur le Heat. Chaque nouvelle pièce

rapportée de Riley (Mike Miller, Big Z, etc.) a alimenté les pronostics les plus fous. Pour beaucoup d’observateurs, le record de victoires des Bulls pourrait même être en danger. C’est oublier un peu vite que ce qui a fait la quasiinvincibilité de Chicago, ça n’est pas le talent individuel (point sur lequel le Heat n’a pas grand-chose à envier à n’importe quelle armada des quarante dernières années). Pour gagner 72 matches, il faut aborder chaque game avec la même intensité. Il faut, collectivement, avoir une maturité émotionnelle et une force mentale exceptionnelles, et c’est précisément cet aspect souvent négligé des grandes équipes qui caractérisait le Chicago de 96. Wade, LeBron et Bosh sont de fabuleux joueurs, le reste du roster est intéressant, et il y a peu de chances que le Heat gagne moins de 60 matches, mais sans vécu collectif et sans sens commun du sacrifice, le record n’est pas d’actualité. Le Heat peut archi-dominer l’Est, mais cette saison sera celle de la construction du collectif, des repères et des automatismes. Même avec un effectif chamboulé, cette équipe sera difficile à aller chercher. Une fois que ces joueurs-là auront appris à se connaître et que Riley


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX

EFFET PAPILLON

JAMAIS L’ANNONCE DE LA FUTURE DESTINATION D’UN FREE AGENT N’AVAIT ÉTÉ AUSSI ATTENDUE. JAMAIS UN CHOIX DE CARRIÈRE N’AVAIT ÉTÉ AUSSI DÉCRIÉ. JAMAIS LA « DÉCISION » D’UN SEUL JOUEUR N’AURA EU AUTANT DE RÉPERCUSSIONS. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL

PHOTOS CHRIS ÉLISE

L’armada assemblée par le Heat pourrait avoir un impact extrêmement positif sur la ligue. Et pas seulement parce que la franchise de Miami possède la troupe de cheerleaders la plus hot du pays.

GOLDEN AGE PART II SE DIRIGERAIT-ON VERS

UNE NOUVELLE ÉPOQUE BÉNITE POUR LA NBA ?

L

a période qui a propulsé la NBA sur le devant de la scène sportive américaine s’est bâtie sur la rivalité légendaire entre Bird et Magic. De cet affrontement et de la montée en puissance de MJ est née la ligue planétaire et ultra-médiatisée que l’on connaît aujourd’hui. Serait-on en train d’assister à la naissance d’un nouvel âge d’or basé sur une fraternité d’un genre inédit ? C’est la grande

inconnue. L’armada assemblée par le Heat peut avoir un impact extrêmement positif sur une ligue qui attend depuis quelques années de voir s’affronter ses deux meilleurs joueurs en finale. Le trio de Miami est le genre de phénomène qui peut également chatouiller la curiosité de l’amateur de sport lambda qui ne s’intéresse pas plus que ça au basket, mais qui veut voir de ses yeux cette équipe monstrueuse dont tout le monde parle. La naissance surprise d’une grosse écurie est potentiellement bonne pour le business. Le marché NBA de Miami va exploser à coup sûr, les ventes de maillots du Heat vont décoller dans une région qui n’a traditionnellement d’yeux que pour ses Dolphins et le foot universitaire. D’un autre côté, il y a deux obstacles à un nouveau boom de la

ligue. Le premier, c’est que LeBron s’est mis l’Amérique à dos et que le Heat est, sur le papier en tout cas, trop fort pour être réellement aimé. Si le public réagit par de l’indifférence, c’est mauvais pour les affaires. La haine, par contre, peut être synonyme de dollars ! Le deuxième facteur, c’est que le renforcement des gros marchés a tendance à être néfaste aux petits. Qui va vraiment s’intéresser aux Cavs et aux Raptors désormais ? Les fans de Minnesota paieront-ils plein pot pour aller voir un WolvesPacers au mois de mars ? Si la tendance se confirme et que les stars s’assemblent au lieu de s’affronter, beaucoup d’équipes se retrouveront sans franchise player réellement vendeur. Ce phénomène n’a rien de nouveau ; on craint juste qu’il ne s’accentue.


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX

KOBE 3.0

COMPARÉ À LEBRON, BRYANT A L’AIR COOL MAINTENANT. Et si le plus grand exploit de LeBron était finalement d’avoir rendu Kobe sympathique ? Le fiasco médiatique de « The Decision » n’a pas juste plongé LBJ dans les abysses de l’estime des Américains, il a aussi aidé Bryant à remonter

LeBron va devoir ramer pour se faire pardonner par le public américain.

un peu son capital popularité. Le traditionnel vilain petit canard est toujours parmi les sportifs ricains les plus détestés, mais c’est désormais un domaine dans lequel son éternelle rage de vaincre ne suffit plus à le faire gagner.

SHAQ FU... DE JOIE

O’NEAL A L’OCCASION DE BLOUSER SES TROIS DERNIERS « SUPER COÉQUIPIERS ».

BAD DECISION LEBRON A-T-IL TUÉ SON IMAGE À JAMAIS ?

R

arement un athlète aura à ce point et aussi vite autodétruit l’image qu’il avait mis des années à se forger. Surtout que, dans le cas qui nous intéresse, il n’y a ni violence conjugale, ni consommation de stupéfiants, ni inculpation pour viol. Pas plus qu’il n’y a d’ingestion de vaseline ou d’histoires de gros flingues en boîte. LeBron avait le contrôle total de son image. Soit il a été terriblement mal conseillé, soit terriblement mal dissuadé. Toujours est-il qu’il s’est tiré une roquette dans le gros orteil et qu’il va devoir ramer de South Beach à Los Angeles pour se faire pardonner par le public américain. D’autant que depuis son annonce désastreuse, il ne bénéficie plus du programme renforcé de protection des témoins. Juste de la version « sous-entendus ». De son ancien proprio Dan Gilbert (« On l’a couvert trop longtemps… ») aux révélations d’Adrian Wojnarowski sur

ses séjours avec Team USA et l’influence de son entourage, en passant par l’article relativement inoffensif mais vite supprimé d’ESPN Los Angeles qui décrivait son comportement décevant lors d’une soirée à Vegas cet été, l’image de LeBron a été dangereusement écorchée. Il est ainsi passé en quelques mois du haut du classement des sportifs américains les plus appréciés à celui des plus détestés, rattrapant Kobe parmi les basketteurs et talonnant Tiger Woods. Il avait pourtant toutes les cartes en main pour éviter ça et faire avaler la pilule en douceur aux fans des Cavs en particulier, et aux amateurs de sport en général. Mais le grand public américain ne lui pardonnera pas facilement son manque flagrant de maturité et de discernement. Maintenant que certaines casseroles pointent le bout de leur manche, LeBron aura bien du mal à retrouver l’image lisse et positive qui était la sienne auparavant.

Gros Shaq n’aurait probablement pas signé à Boston si LeBron n’était pas parti en Floride. Il est comme ça, Shaq. Tout semble indiquer que sa fierté sportive a disparu il y a presque 10 ans, mais il n’y a rien qui le motive plus que l’idée de pouvoir voler un titre à un de ses anciens coéquipiers. Alors s’il parvient, avec des Celtics qui ont vraiment de la gueule, à en gagner un dernier au nez et à la barbe de Kobe, Wade et LeBron, il aura bien mérité sa retraite.

ATTENTION, BRAQUEUR MASQUÉ CHRIS BOSH N’EST PAS CELUI QU’ON CROIT.

Appelez-le Ringo Starr ou Flavor Flav. En signant à Miami avant LeBron, Bosh s’est fait une belle place au soleil et bénéficie pleinement de l’attention médiatique qui entoure le vrai événement du Heat : la formation du duo LeBron-Wade. Attention, CB n’est pas un imposteur, c’est un All-Star indiscutable. Mais s’il avait rejoint le Heat après LeBron, il n’aurait pas bénéficié de la même hype. Le voilà désormais propulsé superstar sans avoir jamais passé un tour de playoffs de sa carrière. Joli coup. Propre, sans effraction, avec un beau pactole à la clef.


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX

CAVALIER SEUL I N T E RV I EW

A N TAW N

JA M ISO N

EN REJOIGNANT LEBRON À CLEVELAND, ANTAWN JAMISON PENSAIT AVOIR ENFIN TROUVÉ L’AIDE QU’IL LUI FALLAIT POUR GAGNER UN TITRE. QUELQUES MOIS PLUS TARD, LE VOICI REVENU AU POINT DE DÉPART, TOUT SEUL. PROPOS RECUEILLIS PAR ALMAMY SOUMAH

PHOTOS CHRIS ELISE, KEITH ALISON, COURTESY OF ADIDAS & UNC

REVERSE : Bien que tu aies été parfois blessé et que la situation était critique à Washington, tu t’es toujours arrangé pour jouer dur et apporter énormément à l’équipe. Où puisais-tu les ressources mentales pour y arriver ? Antawn Jamison : Tu sais quoi ? C’est juste le fruit de l’éducation que j’ai reçue. Lorsque j’étais petit, mes parents avaient deux, voire trois jobs en même temps. Voir ça enfant m’a rendu plus dur. Je pouvais m’être fait mal à un orteil ou m’être fait une petite blessure, je m’asseyais et je prenais conscience que j’avais la chance de faire quelque chose que j’aimais particulièrement, en l’occurrence jouer au basket. Je suis tout de même plutôt bien payé pour ça, il n’y a donc aucune raison de se plaindre. Quand tout sera fini, je veux juste pouvoir me dire « Tu sais quoi ? Je n’ai aucun regret, je me suis donné à 110% ». Je n’ai pas envie de me dire que telle ou telle année j’aurais pu jouer plus dur ou que même si j’étais blessé j’aurais quand même pu jouer et apporter à mon équipe. Je veux pouvoir dire « J’ai tout donné ». Le fait d’avoir vu ce que mes parents ont vécu, et qu’ils m’aient transmis cette éthique de travail, m’a permis de me construire cet état d’esprit. Aujourd’hui, j’ai des enfants, je veux pouvoir leur donner le bon exemple. Tu sais, je suis béni et je suis simplement heureux de pouvoir trouver un moyen de me battre dans ces moments difficiles. C’est devenu facile, je peux me battre contre la douleur. Et même lorsque l’on ne gagnait pas, je trouvais un moyen d’apprécier ce qui m’était donné de vivre et d’en retenir les bons côtés. REVERSE : Avant de le retrouver à Washington, tu avais déjà eu l’occasion de jouer avec Gilbert Arenas à Golden State, quelle est votre relation ? AJ : Ah Gil’, c’est mon gars ! Je le connais depuis qu’il est rookie. On a une relation type grand frère-petit frère, et je peux te dire que

j’ai vraiment été un grand frère pour lui. Je n’arrêtais pas de lui dire « Ne fais pas ci, ne fais pas ça ». Il a un talent incroyable… En tant que 2ème tour de la draft, je l’ai vu se battre. Il ne pensait pas qu’il pourrait réussir, il se posait beaucoup de questions mais je n’ai jamais vu quelqu’un travailler aussi dur que Gilbert, ni s’impliquer et avoir autant de passion pour le game. J’étais vraiment heureux de voir la manière dont a explosé sa carrière. Il a réussi à se faire nom. Aujourd’hui, tout le monde sait qui est Gilbert Arenas. C’est malheureux qu’il ait eu ses blessures et que les récents évènements se soient passés (Arenas a été suspendu

pour 50 matches par la NBA, pour avoir caché des armes à feu dans son locker - ndlr), mais connaissant Gil’, je sais qu’il va revenir et qu’il sera à nouveau l’un des meilleurs joueurs de la ligue. J’espère juste qu’il va continuer de rester en bonne santé, qu’il prendra soin de tout le reste… REVERSE : Comment as-tu vécu le fait de le perdre deux années de suite à cause des blessures ? AJ : Ah, tu sais, si tu retires LeBron James des

Cavs, Dwyane Wade du Heat, ou que tu écartes Kobe des Lakers et Dirk de Dallas, tu n’as plus les mêmes équipes ! C’est impossible de rester compétitif si tu ne disposes plus de ta meilleure arme sur le terrain. Bien sûr, tu peux toujours t‘arranger pour gagner quelques matches, en palliant ses absences pendant un certain temps. Mais… si tu veux gagner, remporter le titre et être compétitif à un niveau très élevé, tu as besoin d’un Gilbert Arenas. Tu as besoin de lui sur le terrain parce qu’il apporte tellement ! Il rend le jeu si facile. On a besoin de ses shoots. Il n’y a pas tant de gars que ça dans la ligue qui ont un talent comparable au sien. C’est pour ça qu’avec les Wizards on n’a jamais connu la réussite à laquelle on aspirait. REVERSE : Est-ce que ce n’était pas trop frustrant d’être parfois « snobé » lors des sélections pour le All-Star Game, en dépit de stats qui avoisinaient souvent les 20 pts et 10 rbds de moyenne à la mi-saison. ? AJ : On grandit grâce à ces expériences. Tant que je peux me regarder dans le miroir et me dire « Que veux-tu de plus ? Je donne tout ce qu’il m’est possible de donner », ça me va. Mais bon, les gens le reconnaissent. On me dit souvent « Tu aurais dû être All-Star » ou « Les gens ne parlent pas assez de toi ». Pour moi, c’est gratifiant de savoir que des gens sont conscients du travail que j’ai abattu par le passé, donc je ne peux pas me plaindre. Bien évidemment, au début de ma carrière je voulais absolument arriver à faire partie de l’équipe All-Star, je voulais tourner des publicités, je voulais ceci ou cela, mais au bout du compte tu réalises que la seule chose qui importe c’est de remporter le championnat NBA, d’être surnommé « champion », d’être reconnu comme un « winner »… ça, ce sont les seules choses qui m’importent. Le reste, ça fait partie de la vie, on ne peut pas avoir tout ce que l’on veut. J’ai fait une bonne carrière, je suis béni car je fais


DOSSIER DOMMAGES COLLATÉRAUX

« JE PENSAIS QUE J’ALLAIS ENFIN POUVOIR ME “RELAXER” ET PRENDRE LES CHOSES DU BON CÔTÉ POUR DEUX OU TROIS ANS, EN LAISSANT UNE PART DU BOULOT À LEBRON, SHAQ OU DELONTE. »

quelque chose que j’aime depuis 13 ans donc je ne vais vraiment pas me plaindre. REVERSE : Tu devais être ravi lorsque tu as appris que tu étais envoyé à Cleveland ? AJ : Je ne m’y attendais pas du tout. Durant les trois dernières années, j’ai entendu mon nom dans toutes sortes de rumeurs de « trades », mais il ne s’est jamais rien passé. Ça fait partie du jeu, je pensais qu’ils ne faisaient que parler dans le vent mais finalement, soudainement, j’ai dû partir à Cleveland. Je l’ai bien pris parce que l’on avait des attentes extrêmement élevées à Washington mais qu’on n’arrivait pas à avoir

de résultats concrets. Je me disais que ça allait encore être une année très difficile, une année décourageante et, d’un coup, j’entends que je pars rejoindre l’équipe de Cleveland qui est numéro 1 de la Conférence et dont LeBron James et Shaquille O’Neal font partie. REVERSE : As-tu pensé à ce moment là que c’était ta chance de remporter un titre ? AJ : Oui. Là, tu te dis qu’il va enfin y avoir l’opportunité de remporter le titre. Tout notre vécu à Washington, les défaites deux années de suite face aux Cavaliers en playoffs avant les blessures d’Arenas… Tout cela m’a mis dans

un état d’esprit où je me voyais enfin pouvoir aller au bout. Malheureusement, on n’a pas pu y arriver mais j’étais réellement heureux de pouvoir aller à Cleveland, d’enfin obtenir cette opportunité que j’ai toujours désirée. Mais on a été trop juste. Ça fait partie du business tu sais, on a affronté une grande équipe de Boston qui a fait son chemin jusqu’en finale, ils étaient peut-être à un match de remporter le tout. Tu dois apprendre à vivre avec. Ce transfert était totalement inattendu mais, en tout cas, je ne regrette pas du tout que cela soit arrivé. Au contraire, je pense qu’il y a une raison


BACKSTAGE

ONE CRAZY SUMMER ENTRE L’ANNONCE DE SA DRAFT ET LA SIGNATURE DE SON CONTRAT AVEC LES HAWKS, PAPE SY A PASSÉ UN ÉTÉ COMPLÈTEMENT DINGUE. RETOUR SUR TROIS MOIS EN FORME DE MONTAGNES RUSSES. PROPOS RECUEILLIS PAR ALMAMY SOUMAH

P

ape Sy a su séduire les Hawks d’Atlanta au point d’être drafté alors que personne ne s’y attendait, mais il n’était pour autant pas arrivé au bout de ses peines. En réalité, la draft a sans doute été l’étape la plus facile de son cheminement jusqu’à la signature officielle de son contrat. Durant l’été, Pape est passé par une succession d’événements qui semblaient, les uns après les autres, l’éloigner chaque fois un peu plus de la NBA. Pour REVERSE, il a accepté de partager toutes les étapes clés qui ont précédé sa signature.

PHOTOS & GRAPHISME : K-REINE

Draft -45 jours : A l’issue de la saison régulière de Pro A, Pape tire un premier bilan et souhaiterait obtenir plus de responsabilités au sein de son équipe du Havre avec laquelle il vient de terminer sa première année complète en tant que professionnel. Ni lui, ni Le Havre ne savent ce qui l’attend quelques semaines plus tard… « J’ai vu le coach quelques jours après le dernier match de la saison. On est parti boire un verre, et je lui ai demandé directement comment il avait perçu ma saison puisque c’était ma 1ère saison pro “complète”. Je lui ai aussi demandé où il me

verrait l’année à venir car, de mon côté, c’était clair, j’avais déjà une idée bien précise. On s’est vu quelques jours après pour discuter de ça. Lui pensait que j’avais fait une bonne saison pour une 1ère année, mais que je devais confirmer même si j’étais sur une bonne lancée. Je lui ai alors fait part de mes ambitions, à savoir : avoir un rôle majeur qui me ferait progresser et être le 1er meneur. Je me suis permis de dire ça car je m’en sentais capable et, pendant l’année, le président et le coach m’avaient fait comprendre qu’ils avaient vraiment un projet pour les jeunes et qu’ils souhaitaient garder Rudy (Jomby), Romain (Duport), Ousmane


BACKSTAGE PAPE SY

« LE COACH N’ÉTAIT PAS TROP D’ACCORD AVEC MOI. IL NE PENSAIT PAS QUE J’ÉTAIS PRÊT À DIRIGER UNE ÉQUIPE, MÊME EN ÉTANT BIEN ENCADRÉ. » (Camara) et moi. Je me suis senti bien et je voulais plus de responsabilités pour progresser plus vite. Le coach n’était pas trop d’accord avec moi. Il voyait les choses différemment. Pour lui, j’avais encore deux ans pour apprendre et je devais prendre le temps. Il ne pensait pas que j’étais prêt à diriger une équipe, même en étant bien encadré. De mon côté, j’ai laissé le temps faire en espérant qu’il change d’avis. Après, les choses se sont enchaînées. A la base, j’essayais de faire le camp de Trévise mais je n’ai pas pu. Je me suis préparé individuellement. J’ai revu le coach et sa position n’avait pas changé. A partir de là, j’étais dans l’optique d’aller voir ailleurs vu qu’on ne voulait pas me donner “ma chance”. » Draft -30 jours : A la recherche de responsabilités, Pape demande à son agent, de lui trouver un club. Ce dernier tente de l’inscrire au training camp de Trévise, en vain. Finalement, contre toute attente, il obtient deux workouts, un avec Milwaukee, l’autre avec Atlanta qui va changer toute la donne… « L’assistant de Pascal Levy (son agent - ndlr) connaissait bien le scout des Hawks. Ce dernier était venu me voir jouer face à Cholet. A la base, il venait voir Kévin Séraphin et il en a profité pour m’évaluer. C’est lui qui a rappelé

Pascal pour lui proposer deux jours de workout à Atlanta. Dans ma tête, je savais que c’était ma dernière année pour être drafté donc je voulais tout faire pour obtenir des essais. J’espérais que le camp de Trévise m’aiderait à en décrocher et à me montrer. C’est vrai que quand Pascal m’a annoncé que j’avais un workout à Atlanta, j’étais surpris mais je me suis dit que c’était ma chance. J’en avais un, il fallait se préparer pour et saisir cette occasion. A partir de là, je me suis remis bien physiquement et j’essayais d’aller tous les jours m’entraîner. Après, je suis allé à Trévise en spectateur. Le fait d’y aller m’a permis de voir comment se passaient les choses, comment fonctionnait le milieu. J’ai pu voir des workouts privés et j’ai vu comment ça se déroulait, puis j’ai enchaîné à Miami pour poursuivre ma préparation. Je me suis mis à l’heure américaine et ça m’a mis dans un bon rythme. J’appréhendais un peu car, quelques jours avant, j’étais parti m’entraîner et je suis tombé malade juste avant mon workout. J’ai fait une intoxication alimentaire qui m’a complètement affaibli et je ne voyais pas comment j’allais tenir le coup. J’ai cru voir toutes mes chances s’envoler… » Draft -15 jours : Premier des deux workouts prévus, d’abord à Atlanta puis à Milwaukee.

« Finalement, le staff des Hawks m’a vraiment mis à l’aise et l’entraînement s’est bien passé. Le 1er jour nous étions quatre : deux ailiers, un intérieur et moi. On a fait beaucoup de travail individuel, un peu de tir, un peu d’opposition. Je pense que ça m’a donné pas mal de confiance pour le 2ème jour où nous n’étions que des meneurs. C’est le coach Larry Drew qui a mené l’entraînement. Après quelques tests, on a fait beaucoup de dextérité, de tirs distance NBA et un peu d’opposition en 2x2 ou 3x3. J’y suis allé sans me mettre de pression. Je n’avais rien à perdre puisque je n’étais pas connu. Si ça ne se passait pas bien, je retournais au Havre donc autant saisir ma chance. Je me suis dit “Vas-y, montre ce que tu sais faire”. C’est vrai qu’arrivé là, Atlanta m’a mis à l’aise et a été super sympa. Ce n’est pas facile, tu arrives dans un environnement NBA que tu ne connais pas. Le 1er jour, on s’est entraîné et je me suis bien senti. Le fait qu’ils m’encouragent et qu’ils me poussent, ça m’a poussé à me donner plus. A la fin du 2ème jour de workout, j’ai été convoqué dans le bureau du staff où ils m’ont fait savoir qu’ils étaient très intéressés, qu’ils avaient un projet pour moi et qu’ils avaient vraiment l’intention de me drafter. Il y avait de la place dans le roster à Atlanta si Joe Johnson restait. Je n’ai pas réfléchi longtemps. J’en ai parlé avec


STREETBALL QUAI54


STREETBALL QUAI54

IMBATTABLE ? LA FUSION EST-ELLE LA MEILLEURE ÉQUIPE DE STREET AU MONDE ? PAR SYRA SYLLA PHOTOS K-REINE

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n est là pour réaliser le triplé », nous confiait Ali Bomayé Traoré quelques jours avant le lancement de la 8ème édition du Quai 54. Une confiance légitime car les deux années précédentes, la Fusion avait été indétrônable. Au fil des ans, l’armada d’Amara Sy s’est forgé une réputation de maître du streetball international et a su prouver sa valeur sur le terrain. SAME SHIT, DIFFERENT DAY C’est avec une armée légèrement remaniée que la Fusion s’est présentée cet été. L’absence de l’Amiral s’est à peine fait ressentir. Seydou N’Joya a rejoint les rangs, accompagné de Maleye N’Doye, venu renforcer la ligne extérieure. William Gradit et Thierry Zig ont fait un retour aux affaires. Sambou Traoré, Ali Traoré, Mamadou Dia et Yannick Gaillou ont répondu présent. Avec Steed Tchicamboud, Zig et Sacha Giffa aux commandes, le collectif de la Fusion est maintenant bien rôdé. Ensemble depuis trois ans, les joueurs ont acquis des automatismes qui leur permettent d’exploiter des systèmes de base. La Fusion a d’ailleurs entamé le tournoi sur les chapeaux de roues en se débarrassant de son premier adversaire, Rien A Foutre, en un tour de main grâce à un Sambou Traoré hors norme et à un Gradit bien en jambes. Par la suite, les champions en titre se sont fait une frayeur l’espace de 10 minutes face à une équipe belge révoltée. Steed hors jeu suite à une bagarre avec Karim Nesba, Bomayé a pris les choses en main pour gérer l’affaire

et emmener son équipe en demi-finale. Une demi-finale difficile, âpre et disputée, gagnée in extremis face à la Relève. En finale, l’adversaire tant attendu, l’équipe Dirty South, venue représenter le streetball US. Seuls à pouvoir rivaliser avec eux, les Américains n’ont pourtant jamais réussi à inquiéter la Dream Team française ces trois dernières années. Sean Bell All-Star a d’abord fui en 2008 avant de revenir s’y casser les dents. Cette année, c’est la crème du streetball d’Atlanta qui est venue défier les rois du tournoi. Et elle n’a pas fait mieux. Au-dessus physiquement mais surtout techniquement et tactiquement, la Fusion a fait déjouer les Cainris d’entrée de jeu, pour les mettre à terre rapidement et ne plus jamais les laisser se relever. A la fin du match, Sacha Giffa recevait le trophée de MVP de cette édition 2010. WHO GOT NEXT? En réalisant le threepeat au Quai 54 cette année, la Fusion assoit sa domination sur la scène du basket de rue. Les équipes américaines se sont succédées pour tenter de prouver que l’asphalte leur appartenait. Mais le talent et la densité de l’équipe française sont tels qu’on finit par se demander si, à l’heure actuelle, elle n’est pas, tout simplement, la meilleure équipe de street au monde. « Je pensais que les équipes US qui venaient au Quai étaient de fausses sélections. Mais en visitant de nombreux tournois à New York, je me suis rendu compte que non. Je n’ai vu aucune équipe là-bas capable de battre la Fusion », assure Almamy Soumah, de REVERSE,


CROSSOVER

EMILIO ROJAS

« LES BASKETTEURS ONT LES TATOUAGES LES PLUS DÉGUEULASSES QUE J’AI JAMAIS VUS » DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LA COTE D’EMILIO ROJAS NE CESSE DE MONTER DU CÔTÉ DE NYC. UN MC NOUVELLE ÉCOLE QUI ALLIE À MERVEILLE LYRICS, HUMOUR ET TECHNIQUE, ET QUI EN PLUS KIFFE LE BASKET ! QUE DEMANDER DE PLUS ?

Propos recueillis par Maxime Robin Photos Court Dunn REVERSE : Tu as commencé par quoi, le rap ou le basket ? Emilio Rojas : J’ai commencé par le basket, mais je n’ai pas beaucoup grandi après le lycée. J’ai toujours essayé de la faire « façon Muggsy Bogues », car j’étais moins athlétique, donc je jouais plus malin (rires). Mais ne vous méprenez pas, je fais 1,80 m, je n’ai pas envie qu’en

Europe on croit que je suis un nain (rires). REVERSE : Tu avais un joueur ou une équipe fétiche ? ER : Quand j’étais plus jeune, j’étais tout fier parce que je collectionnais les cartes et j’avais pécho celle de Glenn Robinson quand il était rookie. C’était un tueur à sa sortie de Purdue, mais « Big Dog » n’a pas eu une carrière riche

T-SHIRT DU MOIS

God Save The King

Depuis ses premiers dribbles, LeBron a toujours rêvé d’entrer dans l’histoire. On pensait qu’il y parviendrait d’abord sur le terrain, en tournant à un triple-double de moyenne, en compilant plus de bagues que MJ ou plus de points qu’Abdul Jabbar. Finalement, c’est avant tout en dehors qu’il y sera parvenu en premier. Car en annonçant son départ de Cleveland pour Miami, LBJ a réussi un exploit inégalé : passer instantanément du statut de star adulée à celui de raclure sans nom ! Kobe et Mike Tyson avec leurs histoires de viols, OJ Simpson avec ses meurtres ou même Cassius Clay lors de son refus de rejoindre les forces armées n’avaient pas déchaîné autant de rancœur. C’est dur la vie de Roi… T.H.

en titres ensuite à cause des blessures. Sinon, Grant Hill, quand il est arrivé dans la ligue, je kiffais vraiment sa fluidité et sa classe. Pour les équipes à la fin des années 90 début 2000 : les Kings de Sacramento. Ça jouait vite, c’était flamboyant, avec Jason Williams, C-Webb, Doug Christie… Une équipe éclectique et flashy, c’est un peu dans ce délire qu’est mon rap. Après,


[HOOP CULTURE]

je te parle de ces trucs-là parce que les mecs doivent te saouler à toujours citer les Lakers et les Bulls de l’époque… ce que je suis en train de faire aussi, mais plus subtilement (rires). REVERSE : Et maintenant ? ER : Les Suns et Nash sans hésiter ! Ce mec est flashy et rend les autres meilleurs. Je trouve qu’il se la raconte beaucoup moins que les autres stars même s’il en côtoie pas mal. (rires) REVERSE : Quelle est ta vision du jeu aujourd’hui ? ER : C’est hyper similaire au Hip Hop, les mecs sont concentrés sur leur petite personne. C’est fini l’époque où tu avais de vraies équipes, où les mecs étaient comme des frères. Regarde Kobe, il est imbu de sa personne, sans une team bien construite autour de lui, il ne serait pas aussi fort. Par exemple, n’importe quel fan des Lakers est un « Kobe dick rider », c’est un joueur incroyable mais bon, il n’a pas un vrai esprit d’équipe. Il devrait mettre des capotes plus souvent aussi (rires). C’est aussi pour cela que je regarde sans doute plus la NCAA maintenant, il y a toujours selon moi cet esprit d’équipe, de famille, de potes. REVERSE : Tu supportes une fac en particulier ? ER : Syracuse. Je suis de Rochester, Upstate New York, donc j’ai toujours kiffé leur équipe depuis Derrick Coleman, John Wallace, Carmelo, Hakim Warrick. On allait souvent làbas voir les matches avec mes potes. REVERSE : Récemment, tu parlais sur Twitter d’un truc bien propre à New York… ER : Oui (rires), il y avait un crackhead à West 4th qui jouait seul, le mec était habillé en And1 de la tête aux pieds, il faisait des moves bizarres et des tricks, c’était marrant il parlait tout seul en jouant. Il n’y a qu’à New York que tu verras des crackheads jouer au basket et assurer (rires). On aurait dit une ancienne star de streetball qui aurait mal tourné (il se marre). A New York, tu peux être au top un jour et tomber très bas facilement. Regarde Marbury ! REVERSE : Tu t’es exprimé sur LeBron et New York aussi, non ? ER : Dans le single de mon dernier projet je dis « Ya’ll hopin’ I’m bringin’ the city back like LeBron but I only want rings/I’m a Cavalier but I spit Heat » (vous espérez

À LIRE

« AUJOURD’HUI, LES MECS SONT CONCENTRÉS SUR LEUR PETITE PERSONNE. C’EST FINI L’ÉPOQUE OÙ TU AVAIS DE VRAIES ÉQUIPES, OÙ LES MECS ÉTAIENT COMME DES FRÈRES. » tous que je ramène cette ville au top, mais je veux seulement des bagues, je suis un cavalier mais je crache du feu). J’étais un peu fatigué que les New-Yorkais attendent LeBron comme le messie, alors qu’il n’a encore rien gagné. LeBron a fait un choix facile, il a eu peur d’avoir à porter une team tout seul. Je pense que c’est un choix de lâche d’avoir choisi cette pseudo « dream team » à Miami. Où est son sens de la compétition ? Sa fierté ? Pour moi, en faisant ce choix, il renonce à devenir un des plus grands joueurs de tous les temps.

REVERSE : Qu’est-ce qui te saoule le plus dans le basket ? ER : Les tatouages ! Les basketteurs ont les tatouages les plus dégueulasses que j’ai jamais vus, à chaque fois je vois un nouveau gars avec des trucs horribles sur le corps ! (rires) Il faudrait que David Stern fasse une loi contre ça ! REVERSE : Quels sont tes futurs projets ? ER : J’ai un projet avec DJ Green Lantern (DJ/ producteur de Eminem, Jay-Z, Nas...), « Life Without Shame », qui sort en Octobre avec des prods de J.U.S.T.I.C.E League, DJ Khalil, DJ Green Lantern, Needlz, Illmind et des featurings comme Killer Mike, Mickey Factz, Yelawolf et d’autres que je ne peux pas encore dévoiler. J’ai travaillé en collaboration avec le plasticien français Yann Couedor qui a fait une toile pour la pochette, son travail est incroyable. Je viens de sortir un morceau avec Joe Budden et un avec Termanology sur l’album de J.Cardim. Et il y a une tournée en Europe en Novembre, je crois que pour la France j’ai Paris le 12 Novembre au Gibus Club et à Nantes le 13 Novembre. www.myspace.com/emiliorojasmusic www.twitter.com/emiliorojas www.yanncouedor.com

DRIVE: THE STORY OF MY LIFE. DE LARRY BIRD ET BOB RYAN

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Peu de joueurs ont tiré autant de leur talent et de leur amour du basket que Larry Bird. Sans la moindre explosivité et sans le moindre souci du show, Bird a passé des milliers d’heures à répéter ses gammes, jusqu’à maîtriser les fondamentaux individuels et collectifs comme personne avant lui ou depuis. Blessé lors de la saison 1988-89, il en a profité pour se confier dans « Drive ».

Chercheurs de scandales ou de détails croustillants sur l’envers du décor, dirigez-vous plutôt vers Rodman, Dennis ou Barkley, Charles. Ici, il n’est question que de son parcours atypique et chaotique et de sa carrière de joueur. Ce qui n’empêche pas le bouquin d’être passionnant, puisqu’il s’intéresse, à travers Bird, à LA période qui a fait de la NBA ce qu’elle est aujourd’hui.

Saison par saison, Larry se raconte et raconte sa ligue, de ses coéquipiers à ses rivaux. Bernard King, Magic, Jordan et tous ceux qui l’ont marqué d’une manière ou d’une autre sont là. Et pour ceux qui voudraient en savoir plus sur ses dernières années et sa courte mais réussie carrière de coach, il reste son deuxième livre, « Bird Watching ». Jean-Sébastien Blondel


L’ENTRETIEN

« TOUT DÉPENDAIT TOUJOURS DE MOI, DE MON JEU, DE MA FORME. JAMAIS DE LA PERSONNE QU’IL Y AVAIT EN FACE. »


L’ENTRETIEN OSCAR SCHMIDT

OSCAR SCHMIDT L’ENTRETIEN

SERIAL SCOREUR OSCAR SCHMIDT N’A PEUT-ÊTRE JAMAIS JOUÉ EN NBA, MAIS ÇA NE L’A PAS EMPÊCHÉ DE SE FAIRE UNE PLACE AU PANTHÉON DES SCOREURS.

e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e PROPOS RECUEILLIS PAR SYRA SYLLA, À ISTANBUL

PHOTOS FIBA

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scar you were the man! Il n’y a pas beaucoup de gens dans l’histoire du basket qui peuvent se vanter d’avoir su scorer comme tu le faisais. Tu étais l’un des meilleurs scoreurs de tous les temps. You were the man! » Ces paroles de Charles Barkley, rapportées il y a quelque temps dans les pages de SLAM, suffisent à donner une idée de ce que représente Oscar Schmidt pour ceux qui ont eu la chance de le voir à l’œuvre. L’ailier brésilien est tout simplement l’un des meilleurs joueurs à n’avoir jamais joué en NBA. Et il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit ni d’un compliment lâché à la va-vite, car tout cela, Oscar l’a prouvé à maintes reprises en allumant systématiquement les meilleurs défenses du monde, en club comme en sélection. C’est bien simple, il a été le meilleur scoreur de tous les championnats par lesquels il est passé ! Au Brésil bien sûr, mais également en Italie (Caserta, Pavia) et en Espagne (Valladolid). Plus fou encore, il a participé à cinq Olympiades et a terminé meilleur scoreur de trois d’entre elles. En 1988, aux Jeux de Séoul, il a quitté la compétition après avoir tourné à 42,3 pts de moyenne, un des nombreux records olympiques qu’il détient toujours. L’année précédente, aux Jeux Panaméricains d’Indianapolis, il s’était offert le scalp des Etats-Unis en finale en plantant 46 points dans le museau d’une équipe qui comprenait, entre autres, Danny Manning et David Robinson. Scoreur boulimique et personnage haut en couleur, ses exploits, bien que peu médiatisés, sont légions et n’ont d’égal que son talent pour les relater. Face à un micro, Big O dégaine aussi vite qu’il ne le faisait face aux défenses terrorisées qui tentaient de le freiner, et aligne les anecdotes, les bons mots et les fanfaronnades avec une malice digne de Barkley en personne. En même temps, il peut se le permettre puisqu’il vient tout juste d’être

« Je prenais 1000 shoots par jour avec ma femme qui faisait office de ball-boy. Et vous vous doutez bien que, pour moi, prendre 1000 shoots, ça veut dire que j’en mettais 970 (rires). » intronisé au Hall of Fame de la FIBA. C’est d’ailleurs à cette occasion que nous avons pu nous entretenir avec lui et retracer les moments les plus marquants de sa carrière. Attention, interview run and gun ! REVERSE : Qu’est-ce qu’on ressent quand on est intronisé au Hall of Fame avec d’autres grandes légendes comme Arvydas Sabonis ou Vlade Divac ? Oscar Schmidt : Je suis content de faire partie de ces grands noms. Ça veut dire que j’ai fait quelque chose de bien et j’en suis fier. Je suis aussi fier de représenter mon pays. Tout ça, c’est grâce à Sabonis, il m’a poussé à être le meilleur. REVERSE : Pourquoi dites-vous cela ? OS : Parce qu’il a toujours bien joué et surtout

qu’il a beaucoup joué. Il s’est investi dans chaque équipe dont il a porté le maillot et il a été une constante source de motivation pour moi. Toute ma famille est d’ailleurs fan de lui. Ce n’est pas pour rien. REVERSE : Vous étiez un sacré shooteur. Quel est le tir que vous préfériez ? OS : Il n’y a aucun shoot qu’on n’aime pas. Je me souviens, quand je jouais encore, un commentateur avait dit de moi « Celui-là, il est complètement irresponsable ». Il avait dit ça parce que j’avais pris un shoot derrière la planche à la dernière minute d’un match. Alors je suis allé lui demander pourquoi il m’avait traité d’irresponsable. Je n’ai pas pris ce shoot pour m’amuser, c’est simplement un tir que j’avais travaillé à l’entraînement. Je me suis entraîné pour n’importe quel shoot, à toutes les positions du terrain. Après l’entraînement, je ne rentrais chez moi qu’après avoir mis 23 paniers de suite. Des fois, c’était facile parce que j’étais déjà chaud et ça rentrait tout seul. Mais d’autres fois non, je restais une heure en plus. Les gens ne savent pas à quel point c’est difficile de rester après l’entraînement. Les nouveaux joueurs ne le savent pas. Un jour, j’ai marqué 90 paniers consécutifs. Tous les joueurs de l’équipe étaient restés ce jour-là, ils se contentaient de me passer le ballon en se demandant si j’allais finir par louper. REVERSE : Quels ont été vos plus grands adversaires ? OS : Nikos Galis était au même niveau que moi, c’était une « scoring machine ». Petrovic était un très bon playmaker. Il a réussi à aller en NBA à une époque où on ne croyait pas aux étrangers. J’ai un message à passer à Galis : « Tu étais un joueur très dur, j’ai adoré ta façon de jouer, peu de gens peuvent faire ce que tu faisais ». Galis et moi sommes restés bons amis. En 1986, il m’a battu pour le titre de meilleur joueur et c’est là qu’on a commencé à s’apprécier. Ce mec,


COVER CHICAGO BULLS RELOADED


COVER CHICAGO BULLS RELOADED

CHICAGO BULLS

RELOADED

APRÈS UNE ANNÉE EN DENTS DE SCIE SAUTEUSE, CHICAGO S’EST MIS EN MODE RELOADED. LE PLUS COURT CHEMIN VERS LA RÉVOLUTION. PAR THÉO LETEXIER GRAPHISME MOCHOKLA

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es Bulls en finale de Conférence dès cette année ? La question s’était déjà posée à l’été 2006. A l’époque, Chicago sortait de deux saisons convaincantes (47-35 puis 41-41) qui avaient permis à la franchise de faire son retour en playoffs et donc sur le devant de la scène médiatique. Car depuis le départ en retraite de Jordan, c’était saison régulière et puis basta ! Le front-office voulait se donner les moyens d’aller encore plus loin en rajoutant du muscle dans la raquette, le gros point faible jusqu’alors. Ben Wallace posait donc ses valises et faisait reluire ses pectoraux saillants dans un nouveau vestiaire pour 60 millions de dollars, aux côtés de Ben Gordon, Luol Deng, Kirk Hinrich et Andres Nocioni. Cette équipe-là avait de la gueule. A tel point que la presse commençait même à s’enthousiasmer : « Le meilleur roster des Bulls depuis 1998 », osait Rotofreak.com. Douglas Benton de RealGM.com encensait alors John Paxson : « Il a transformé en l’espace de quelques jours un simple prétendant aux playoffs en un véritable challenger pour le titre de Conférence. » On sait malheureusement qu’il n’en a rien été…

Bosh aurait pu faire l’affaire. Mais aligner CB4 et sa phobie du contact au sein de la meilleure équipe au rebond de toute la ligue (44,6 prises par rencontre) et seconde aux blocks (5,8) aurait sûrement fait tache pour un collectif qui vit et meurt par sa défense. Boozer aura d’une part la lourde charge de faire décoller la 24ème attaque de la ligue, lui qui est un excellent passeur (3,2), mais aussi de jouer les intimidateurs aux côtés de Jooks. Le mot d’ordre, « DEFENSE », n’a pas changé, bien au contraire.

UN NEWBIE POUR HEAD COACH Coach Thibodeau, fraîchement arrivé des Celtics et de son poste d’assistant spécialiste du sale boulot, a tenu à être très clair à ce sujet. « Nous serons une équipe de défense, de rebonds, avec peu de balles perdues, basée sur le collectif et les relations intérieur-extérieur », a-t-il tout de suite annoncé. Un discours qui n’a surpris personne vu le pedigree du gaillard et qui cible bien le personnage : exigeant, rigoureux mais surtout ambitieux. « Je n’aurais pas quitté les Celtics si je n’avais pas senti que cette équipe pouvait être un candidat au titre. Les joueurs jouent dur ici, ils n’ont pas peur. » Leur coach non plus qui, après une carrière longue de 21 ans LE BOOZ DE CHICAGO en tant qu’assistant NBA, va enfin pouvoir 2010, même combat. Après être passé s’asseoir sur le banc en tant que patron. Des à côté de son exercice 2007-08 (33-49), débuts tardifs qui soulèvent forcément une Chicago vient d’enchaîner deux qualifications question, celle de son manque d’expérience. consécutives pour la postseason, une fois Jeff Van Gundy, avec qui il a travaillé chez les de plus avec un effectif jeune, mais qui a Knicks et les Rockets, renverse le problème. « Nous serons une équipe de du plomb dans la tête. Les Bulls avaient à « Ce qui est surprenant », expliquait le sosie défense, de rebonds, avec peu nouveau la possibilité de franchir un cap de Droopy, « c’est qu’il n’ait pas été plus de balles perdues, basée sur le pendant l’été mais cela devait forcément sollicité par le passé. C’est un excellent collectif et les relations intérieurextérieur » Coach Thibodeau passer par un recrutement judicieux, de coach défensif (pas très bon, excellent !), préférence un gros poisson. LeBron James ? mais il est aussi très bon en ce qui concerne Chris Bosh ? D-Wade ? C’est finalement Carlos Boozer l’attaque. C’est même pour ça que je l’avais pris avec moi qui débarque à Chitown. Un cran en dessous du trio de à New York. » Bien qu’encore puceau du Head Coaching, stars de la free-agency, certes, moins flashy aussi, mais Thibodeau semble faire l’unanimité au sein du microcosme qui a l’avantage de s’inscrire dans la continuité d’une NBA. Derrick Rose lui a en tout cas apporté toute sa construction intelligente. Boozer vient en effet combler le confiance dès qu’il a appris sa nomination début juin. Les gouffre de scoreur in the paint (du moins le fera-t-il dès deux hommes ont discuté boulot pendant la summer league, qu’il sera remis de sa blessure à la main). Un casse-tête l’occasion pour T-Double de réaffirmer le rôle clef de Rose auquel n’avait jamais pu répondre Big Ben, au même titre dans son plan de jeu : « Absolument tout passe par lui ». que Tyrus Thomas ou Joakim Noah depuis. Aux antipodes de ces joueurs défensifs et de devoir, le transfuge du LES 3 MOUSQUETAIRES Jazz est un joueur rugueux, avant tout scoreur (encore Si Thibodeau a bien la conviction que ce groupe peut aller 19,5 points l’an passé). Alors bien sûr, si l’on parle scoring, loin, c’est qu’il compte sur un noyau dur qui commence


COVER DERRICK ROSE

Plus brutalement explosif qu’un Kevin Johnson, avec la même combinaison de vivacité et de puissance que Tim Hardaway, Rose a tout d’un scoreur mais présente naturellement l’âme d’un meneur.


COVER DERRICK ROSE

DERRICK ROSE

L’EXCEPTION PEUT-ON VRAIMENT GAGNER UN TITRE AVEC UNE ÉQUIPE BÂTIE AUTOUR D’UN POINT-GUARD ? CHICAGO VEUT Y CROIRE. NE SERAIT-CE QUE PARCE QUE DERRICK ROSE NE RESSEMBLE À AUCUN AUTRE MENEUR. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL

PHOTOS CHRIS ÉLISE & FIBA ARCHIVE

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l suffit de repenser aux joueurs qui ont marqué la position ces vingt dernières années pour réaliser que rares sont les meneurs de jeu d’impact qui ont fini leur carrière pro avec une bague au doigt. John Stockton, meilleur passeur et intercepteur de l’histoire, a perdu deux finales. Tim Hardaway et Kevin Johnson, deux joueurs au talent hallucinant qui ont marqué les 90’s et font partie de la poignée de meneurs à avoir sorti une saison à 20 points et 10 passes, n’ont pas eu plus de chance. Gary Payton a dû prostituer sa domination à Miami pour choper son titre, Jason Kidd a traîné deux fois les Nets en finale pour se faire démolir, Steve Nash attend désespérément son heure alors qu’il n’a rien, absolument rien, à se reprocher. Les deux seuls à avoir porté leur équipe au titre sont Magic Johnson et Isiah Thomas. Le premier était un spécimen totalement inclassable, qui plus est entouré superbement. Le deuxième était la touche de génie d’une équipe incroyablement soudée, physique et équilibrée. Depuis eux, les deux seuls meneurs dominants à avoir gagné un titre (Tony Parker et Chauncey Billups) étaient dans des configurations particulières. TP

n’a jamais été le leader des Spurs, et le rôle de Billups au sein des Bad Boys 2.0 n’avait rien à voir avec l’emprise que Thomas avait sur son équipe. LOSERS MAGNIFIQUES Remontez l’histoire des meilleurs meneurs de la ligue autant que vous le voudrez, le résultat est le même. Tiny Archibald, probablement le point-guard le plus insaisissable de l’ère pré-Magic, seul joueur à avoir dominé le classement des points et des passes la même saison (plus de 34 points et 11 assists en 1972-73 !), a dû attendre de jouer un rôle réduit aux Celtics à la toute fin de sa carrière pour remporter le titre. Il n’avait participé qu’une fois aux playoffs dans sa carrière avant d’aller la finir à Boston… Lenny Wilkens n’a rien gagné comme joueur, Guy Rodgers non plus. Chez les anciens, il n’y a guère que Walt Frazier et Bob Cousy, tous les deux dans des équipes blindées et remarquablement équilibrées, à pouvoir se vanter d’avoir conduit leur team au titre. Mais ni l’un ni l’autre n’avaient la destinée de l’équipe dans leurs mains dans les moments les plus critiques. Peut-on construire un roster champion autour d’un meneur de jeu, si fort


TEAM USA LONDON CALLING

LES AMÉRICAINS ONT REMPORTÉ LA MÉDAILLE D’OR EN TURQUIE SANS LEURS PLUS GRANDES STARS, MAIS OSERONT-ILS RÉÉDITER L’EXPÉRIENCE À LONDRES ? PAS SÛR. Par Florent Bodin et Jean-Sébastien Blondel

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h ça, on les entendait arriver, les sceptiques. Lancés aussi vite que Russell Westbrook en contre-attaque. Non, Team USA ne pourrait pas s’en sortir cette fois-là en envoyant une équipe bis au Championnat du Monde. Surtout quand celle-ci manque de taille et de repères FIBA. Les Américains doivent respecter davantage le basket international. Résultat, aucune défaite et un écart moyen de 24,6 points par match. Bon… Il a fallu trouver d’autres explications et se pencher sur cette alchimie créée par Coach K,

Photos : FIBA Archive

sur ce jeu small-ball rendu possible par une pression défensive de joueurs en mission, et enfin sur ce double leadership Chauncey BillupsLamar Odom, leaders de vestiaires naturels, sans oublier le phénomène Kevin Durant, désormais officiellement indéfendable des deux côtés de l’océan. Bref, une équipe, une vraie, et finalement un beau bordel en perspective des Jeux Olympiques de Londres en 2012. KEVIN DURANT, LE NOUVEAU PAU GASOL « Si je dois être le leader de cette équipe, c’est parce que les autres ne sont pas là ! » : voilà

ce que nous racontait Kevin Durant en juin dernier. Un Championnat du Monde à 23 points de moyenne par match et un titre de MVP plus tard, l’ailier d’OKC n’a plus à s’excuser de prendre la place des « autres ». Arme absolue de Team USA, capable de faire la différence à tout moment, Durant a marqué les esprits en Turquie. Au point de prendre à Pau Gasol le titre honorifique de joueur FIBA le plus dominant, après seulement un été de compétition en senior. Jusqu’à preuve du contraire, voici donc le meilleur joueur de basket au monde. On voit mal alors comment Team USA pourrait


DOSSIER CHAMPIONNAT DU MONDE 2010

Kobe, Wade et LeBron accepterontils de servir Durant maintenant qu’il a prouvé qu’il était l’arme absolue du basket FIBA ?

se passer de la tige du Thunder à Londres, même si LeBron, Kobe et Dwyane devaient s’afficher au premier plan sur la photo. D’autant plus que Durant jouit d’une popularité telle au sein du groupe qu’il peut forcer la plus croqueuse des superstars à se mettre au service du collectif. « C’est un bon jeune, il prend du plaisir à jouer au basket, que ce soit en NBA ou avec le maillot de l’équipe nationale. Je vais être fan de lui pendant un bon moment », déclarait André Iguolada, reconverti en défenseur contreattaquant lors de cette campagne (Linas Kleiza, c’est pour toi). Quand on voit avec quelle facilité Durant se crée son shoot, on se dit que ne pas lui passer la balle quand tout va mal en attaque défie toute logique. Il rapproche, fédère et fait le taf. Rien que ça. A CHANGE IS GONNA COME Pourra-t-il pourtant être encore ce leader en 2012, au milieu de joueurs aux CV d’un tout autre standing ? Car le visage de Team USA aura à coup sûr changé aux Jeux Olympiques de Londres. Pourtant, dans la foulée du triomphe

turc, nombreux étaient les observateurs qui militaient pour la reconduction de cette équipe qui a su séduire les puristes par son investissement et son état d’esprit irréprochable. Histoire aussi de faire comprendre aux absents qu’une sélection ne doit pas se refuser. Mais les idéalistes risquent de se prendre le principe de réalité en pleine tronche et quelques champions du Monde vont comprendre ce qu’ont pu vivre Masingue, Marquis et tous ces amoureux du maillot bleu qui ont qualifié la France à des compétitions auxquelles ils n’avaient pas le droit de participer quand les star(lette)s revenaient. Même si elle a dominé la compétition, cette équipe américaine n’a pas une si grande marge que ça. Une Espagne revancharde qui, sans Gasol, l’a plus que titillée en préparation, le Brésil qui avait toutes les cartes en main pour la faire tomber, la Serbie ou même la Turquie, qui avait joué sa finale la veille en demie, ont les moyens de la faire douter. La tentation sera grande de ramener toutes les grosses stars de 2008. La pression aussi. Car il ne faut pas se voiler la face, les JO sont une

énorme vitrine marketing aussi bien pour USA Basketball, que la NBA, les sponsors ou les joueurs. Pas un gars ne refusera sa sélection dans deux ans. Les sponsors se chargeront de convaincre les plus réticents. Et on voit mal USA Basketball dire non à LeBron, Wade ou Kobe. Même si cela implique un énorme cassetête pour choisir puis gérer l’effectif, et des concessions sur les valeurs qui ont animé le groupe de Turquie. PROBLÈMES DE RICHES Sauf blessure, LeBron, Wade et Kobe devraient être du voyage. Les deux premiers ont pris du plaisir ensemble à Pékin et sont en pleine forme marketing. Impossible que leurs sponsors ne poussent pas pour les mettre en avant sur la plus grosse scène planétaire. S’il est encore plus qu’affûté, l’âge et surtout le kilométrage de KB24 pourraient lui suggérer de profiter de son été pour récupérer d’une saison qui sera encore longue. Mais Kobe est un mort de faim et sa soif de prouver devrait l’emporter. Carmelo, lui, est loin d’être indispensable dans une équipe « durantisée » qui aura moins besoin de son scoring. Mais il est vendeur… Les deux principaux domaines qui posent question sont la mène et le secteur intérieur. Il faut un leader altruiste et expérimenté pour diriger convenablement un groupe de superstars. S’il est encore là à Londres, Billups aura-t-il la même influence sur un groupe si différent ? Dessous, hors de question de ravager l’O2 Arena avec un Tyson Chandler. Il faut du lourd. Du Bosh, du Howard, du Amar’e. Du Blake Griffin, à la limite, mais de quoi envoyer un message fort sur la puissance du basket US. Ce qui attend USA Basketball dans l’élaboration du roster ne sera pourtant qu’une partie de plaisir comparé à la tâche qui attend Coach K. S’il a admirablement réussi à créer une cohésion au sein de l’équipe B du Championnat du Monde, c’est aussi parce qu’il avait des jeunes pas encore suffisamment installés dans leur costume de star pour avoir du mal à accepter leur rôle. Sur les postes 2 et 3, où la hiérarchie risque d’être délicate à instaurer tant le niveau de jeu et de concurrence est élevé, le coach de Duke a du boulot. Qui va se coltiner les missions défensives ? Qui va hériter du ballon sur les possessions critiques ? Kobe, Wade et LeBron accepteront-ils de servir Durant maintenant qu’il a prouvé qu’il était l’arme absolue du basket FIBA ? Sortis d’une saison où ils n’auront pas manqué de s’en mettre plein la tête, Kobe, « LeWade », Durant et les autres n’auront-ils pas un peu de mal à mettre leur rivalité de côté le temps d’une compétition ? Cette équipe a tout pour être la plus forte depuis 92. À Barcelone, la hiérarchie était claire, Magic et Bird faisaient leur jubilé, Jordan était intouchable et Drexler, sa victime de la finale, était de toute façon trop fair-play pour vouloir son scalp. Raison #724 d’être excité par l’année 2012 : voir une poignée de mégastars se rendre coup pour coup pour déterminer le mâle alpha du futur roster olympique…


GOOD OL’ DAYZ DENNIS RODMAN

Rodman était l’un des très rares joueurs à être vraiment capables de défendre aussi bien sur un Stockton que sur un Malone.


GOOD OL’ DAYZ DENNIS RODMAN

DENNIS RODMAN A ADORÉ SE FAIRE PASSER POUR L’ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1, MAIS C’EST AVANT TOUT SON JEU ET SON PARCOURS QUI ONT FAIT DE LUI UN JOUEUR EXTRAORDINAIRE. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL GRAPHISME MOCHOKLA

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ifficile d’imaginer mariage plus détonnant que celui, forcé, de David Robinson et Dennis Rodman. Le premier est le gendre rêvé de l’Amérique bien-pensante, bien élevé, bien éduqué, bien chrétien. Le second est ce qu’un amateur de sport verra de plus proche de l’antéchrist. Incontrôlable, sans limites, profondément provocateur. Le pari des Spurs est simple : David Robinson est un phénomène athlétique et un fabuleux joueur de basket, mais il est trop gentil, trop timide. Trop soft. Les dirigeants espèrent que le côté violent et inconscient de Rodman fera pousser des organes pairs et symétriques à l’extérieur du pelvis de leur franchise player. Le passage de l’ex-Piston et futur Bull à San Antonio est loin, très loin d’avoir l’impact attendu. Les Spurs gagnent toujours (55 matches en 93-94, 62 en 94-95), Dennis subtilise chaque rebond à un rythme terrifiant (sur les 128 matches de saison régulière qu’il joue avec le club, il en prend plus de 20 à 47 reprises !), mais son apport dans le jeu et son implication dans le collectif laissent à désirer. Dans une équipe compétitive mais sans âme, derrière un leader en lequel il ne croit pas, Rodman fait ce pourquoi on le paie mais se déconcentre totalement du basket. Les démons qu’il a refoulés tant bien que mal à Detroit ont décidé de ne plus lui laisser de répit. La fracture s’est faite graduellement. Abandonné par son père, élevé dans l’ombre de deux sœurs longtemps bien meilleures

basketteuses que lui, il ne doit sa chance d’intégrer la ligue qu’à une soudaine poussée de croissance et à son extraordinaire détermination. Ignoré superbement par la NCAA à sa sortie de JuCo (normal, il n’avait jamais joué au lycée et il avait pris un job de balayeur avant de se remettre au basket pour de bon), il passe par la case NAIA, généralement rédhibitoire pour qui veut enchaîner sur une carrière pro, mais domine le Portsmouth Invitational et arrache sa place au deuxième tour de la draft 86.

DETROIT, LA DALY-VRANCE Méchamment marqué par son enfance difficile, Dennis trouve plus qu’un job en posant son baluchon à Detroit. Il trouve une famille. Des frères, aussi revanchards que lui et une figure paternelle, enfin, en Chuck Daly, futur coach de la Dream Team de Barcelone, qui s’emploie à souder son effectif autour de l’idée d’un basket physique, parfois à la limite de l’acceptable, mais fondamentalement collectif.

À sa place dans ce jeu taillé pour lui, canalisé par la famille Pistons, Rodman se fait une place dans la rotation dès sa première saison. Sa défense implacable et son hyperactivité au rebond sont un relais idéal au jeu diamétralement opposé d’Adrian Dantley. Le rookie de 25 ans impressionne tellement que Daly n’hésite pas à le lancer dans les moments chauds de certains des plus gros matches de playoffs. Comme dans les derniers instants du Game 5 contre Boston, où il bâche royalement Larry Bird lors de ce qui aurait dû être l’action décisive du match. Dennis devient rapidement incontournable. Il n’est pas particulièrement grand, puissant, ou rapide, mais c’est un athlète hors du commun, dense, agile, long. L’un des très rares joueurs à être vraiment capables de défendre aussi bien sur un Stockton que sur un Malone. Suffisamment rapide dans ses déplacements latéraux et intelligent dans l’utilisation de son corps pour emmerder royalement un extérieur, tout en étant en mesure de rivaliser physiquement avec des spécimens beaucoup plus grands et lourds que lui. Une anomalie athlétique devenue plus aberrante encore lors de ses années Bulls, quand à 35 ans passés et en dépit d’une hygiène de vie calamiteuse il n’a jamais montré le moindre signe de fatigue. Son impact sur le jeu de Detroit devient tel que l’apport de Dantley doit être réévalué. L’ancien Jazz a beau être l’un des scoreurs les plus virtuoses que les 80’s aient connus, c’est avant tout un soliste, peu impliqué en défense et plus concerné par ses minutes


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