REVERSE 25

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L 12969 - 25 - F: 5,00 € - RD


[SOMMAIRE]

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20

DWYANE WADE RETOUR VERS LE FUTUR

26 TOP 30

DES PLUS GROS FREE AGENTS

38 (TOUJOURS) LE BONHEUR

L’ARGENT NE FAIT PAS

34

LUDOVIC VATY

50

LE CALME AVANT LA TEMPÊTE

56

RAJON RONDO

DELANEY RUDD

MISTER CLUTCH 76

RENCONTRE DU 4e TYPE

70

DE TRAFALGAR

MONTA ELLIS

78

GOOD OL’ DAYZ

WHEN WE WERE (ALMOST) KINGS

62 COUP

ENQUÊTE BASKET ET HOMOSEXUALITÉ


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ATTENTION

CECI EST UNE VERSION PARTIELLE DE REVERSE UN CERTAIN NOMBRE DE PAGES ONT ÉTÉ VOLONTAIREMENT ENLEVÉES


[RUN&GUN]

« C’est vraiment émouvant de voir des gars qui n’imaginaient jamais atteindre un tel niveau. » INTERVIEW

PAPE BADIANE

« JE SUIS VENU UN PEU SUR UN COUP DE TÊTE »

SEULE VÉRITABLE RECRUE DE POITIERS, PAPE BADIANE A VOULU RELEVER UN NOUVEAU CHALLENGE POUR DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À SA CARRIÈRE. Propos recueillis par Guylaine Gavroy Photo Alexis Reau REVERSE : Pour quelles raisons as-tu choisi de quitter une grosse cylindrée comme Le Mans pour rejoindre Poitiers, un promu ? Papa Badiane : Je souhaitais relever un nouveau challenge pour à nouveau avoir l’occasion de me prouver quelque chose. J’avais encore un an de contrat avec Le Mans, je savais que c’était risqué et que c’était peut-être un peu un coup de tête d’aller, comme ça, rejoindre un club promu. Mais j’avais envie que la victoire soit à nouveau difficile à atteindre, pour qu’elle n’en soit que plus savoureuse. Le projet que m’a présenté le coach de Poitiers m’a plu. Il voulait retrouver le Pape Badiane qui était arrivé au Mans. Et moi aussi, donc ça tombait bien…

REVERSE : Tu es la seule « vraie » recrue puisque Tommy Gun était déjà dans l’effectif en 2007-2008, comment s’est passée ton adaptation ? P.B. : Je me suis super bien adapté, tout le monde a été très accueillant. J’étais le seul vrai nouveau, c’était donc aussi à moi de faire l’effort de m’intégrer. Mais de toute façon, je suis quelqu’un qui n’a pas de difficulté à s’adapter donc ça ne pouvait que bien se passer. REVERSE : A l’image de Roanne, Poitiers est un club avec un vrai côté « familial » ? P.B. : Oui, oui, tout a fait. Et là, ils sont comme moi quand je suis arrivé à Roanne. C’est vraiment émouvant de voir des gars qui

PAPE BADIANE #7 Poitiers 30 ans, 2,08 m, pivot Stats 2009-10 : 10,2 pts à 51%, 6,2 rbds et 1,7 ctr

n’imaginaient jamais atteindre un tel niveau, qui ne pensaient jamais arriver jusque-là se retrouver en Pro A. Moi j’ai vécu cette situation quand je suis arrivé à Roanne, je connais ça, mais eux non. C’est bien de pouvoir assister à ça. REVERSE : Avec « Vis mon match », la mini-série de téléréalité diffusée sur le web, tu es devenu une star de la toile ? P.B. : (Il rigole). C’est vrai que c’est désormais très populaire, j’en entends de plus en plus parler un peu partout. Je trouve que ça met les gens en valeur, c’est bien fait, bien monté et c’est plein d’humour. Ces petits films montrent le basket comme on n’a pas l’habitude de le voir, je trouve ça vraiment bien.

ÇA, C’EST DIT

MIKE D’ANTONI, APRÈS QUE SES KNICKS ONT PRIS 44 PTS PAR LES CAVS DANS LE 1ER QUART-TEMPS :

bien dormir la nuit. Donc je «vaisJ’aime m’efforcer de ne me souvenir que des trois derniers quart-temps. »


[RUN&GUN]

ATTENTIO

>>>TRASHTALK Ah merde, non, c’est pas Dounia qui se retrouve à Portland, mais Marcus Camby… Bon bah on est content pour Marcus alors.

DAVID STERN

UX

Jean-Sébastien Blondel

DIJON A UN PIED EN PRO B. BIZARRE, pourtant la JDA n’a jamais été championne de France... Après Antibes, Paris, Limoges et Pau, y’a des habitudes qui se perdent. PAS FACILE DE PRÉDIRE AVEC PRÉCISION L’AVENIR DE KEVIN SÉRAPHIN, mais depuis qu’on l’a vu tenir le choc face à Uche Nsonwu-Amadi, on se dit qu’il y a quand même gros, gros potentiel. CE QUI EST BIZARRE QUAND MÊME POUR CAMBY, c’est qu’il trouve le moyen de faire la gueule alors qu’il vient de quitter une franchise maudite pour rejoindre une des équipes les plus fraîches de la ligue. Euh... doit y avoir des avantages cachés et/ou en nature qu’on ne soupçonne pas dans la maison Clippers…

DIRK NOWITZKI PREND LA PAROLE DANS LA PRESSE (la 3ème fois en 8 ans) et déclare haut et fort que Dallas n’a pas besoin d’un trade. Deux jours après, quatre joueurs font leurs valises et trois cas sociaux de Washington posent les leurs dans le vestiaire des Mavs. Ça, c’est ce qu’on appelle se faire respecter… EUROLEAGUE PRESENTS BEN DEWAR : where « passer de “Oh putain, il défend dur et en plus il rentre des gros shoots” à “Oh merde, non seulement il tiendrait pas ma grandmère en défense, mais en plus il met pas un cachou !” » happens.

N

C RVEAU 24H DANS LA TÊTE DE... VEIC IE

>>> 03h00 : Bon, un petit café, et

au boulot, la globalisation, ça se fait pas tout seul. Il est déjà 9h en Europe, 11h à Moscou, on est en plein milieu de l’après-midi à Pékin, et si je veux pouvoir commencer enfin à me pencher sur les dossiers Océanie et Inde, il va falloir que je me bouge.

et Dorell Wright. Lui qui est toujours persuadé d’être sorti gagnant de son trade avec les Lakers ! Du coup, avec ces deux-là, Wade va se dire qu’il peut resigner, et ça me fait un souci de moins. Et les Grizzlies, ils vont retourner à leurs habitudes de losers sans que personne ne s’en aperçoive…

>>> 04h15 : Parfait ça, le dossier

>>> 11h28 : Oui, passez-moi le

Chicago est bientôt bouclé… Arenas, c’est réglé, tout le monde a cru à l’histoire des flingues, Washington va tellement vouloir s’en débarrasser que les Bulls pourront leur refiler Hinrich et Jerome James. Il manquait un scoreur extérieur pour soulager le petit Rose et le barge au nœud pap’, c’est réglé. Reste le cas Kaman, faut que je vérifie si l’opération Boa Constrictor dans la douche des Clippers est prête à être lancée, comme ça je pourrai convaincre Dunleavy de le refourguer pour Brad Miller. Avec Arenas et Kaman, les Bulls vont pouvoir rejouer le titre.

>>> 07h52 : Le Heat, ça com-

mence à ressembler à quelque chose aussi… Je ne devrais pas avoir trop de mal à pousser Chris Wallace à offrir Rudy Gay et Marc Gasol à Riley contre James Jones

bureau de l’expansion internationale… Alors, les estimations budgétaires pour des franchises à Londres, Pékin, Tokyo et Sydney, vous en êtes où ? Non, non, Paris, ça fait longtemps que je vous ai dit de laisser tomber. Non mais vous avez vu leur salle miteuse ? Elle ne remplirait même pas le cahier des charges d’un championnat de high school ! Par contre, ouvrez un dossier pour la D-League, on ne sait jamais, en plus la majorité des joueurs français y sera bientôt.

>>> 18h31 : Alors, où est-ce qu’on en est du problème Rashard Lewis ? Il me plombe mes projets pour Orlando ce tocard. Et maintenant que tout le monde a vu pendant la finale qu’il était absolument incapable de driver, à ce prix-là même le GM de Memphis n’en veut pas. Faut

que j’arrive à le coincer, j’ai pas le choix. Il doit bien avoir un vice caché, je vais mettre un de mes gars sur le coup…

>>> 23h59 : Les Nets, faut que je

m’en occupe, aussi. Si ces imposteurs battent le record de défaites, Simmons, Hollinger et tous les petits malins d’ESPN vont encore venir me prendre la tête avec les histoires de dilution du talent, de trop d’équipes, de changement du format des playoffs et de je sais pas quelle nouvelle ânerie encore. Ce qu’ils ne comprennent pas les mecs, c’est que si je fais tout ça, je vais galérer pour avoir les affiches dont j’ai besoin en finale. J’ai déjà assez de mal comme ça à organiser mon duel LeBron-Kobe, je vais pas en plus me prendre la tête sur des questions d’intérêt de la saison régulière…

>>> 02h50 : C’est pas tout ça,

mais va quand même falloir que je dorme un peu, j’ai une grosse journée demain, faut que j’avance sur les dossiers Knicks et LeBron. Je vais probablement faire d’une pierre deux coups…

>>> 03h00 : Bon, un petit café, et au boulot, la globalisation, ça se fait pas tout seul…


DOSSIER FREE AGENTS 2010

POUR RETROUVER LA LUMIÈRE, DWYANE WADE POURRAIT ALLER VOIR AILLEURS CET ÉTÉ… À MOINS QUE PAT RILEY NE DÉCIDE DE SE PAYER UNE DELOREAN ET NE LUI RAMÈNE L’ÉQUIVALENT DE SHAQ 2006. PAR FLORENT BODIN

PHOTOS CHRIS ÉLISE GRAPHISME GUYOM

I

«

l faut être réaliste, Cleveland aspire à un titre de champion, pas Miami. Nous, on essaye juste de faire les playoffs, ça n’a rien à voir ! » Dwyane Wade vient de se faire fesser par LeBron James et extériorise sa frustration ce soir de 4 février 2010 à Cleveland. Des envies de départ soufflent sur la Q-Arena, et pour une fois, ce ne sont pas celles du King. Un joueur de la trempe de Wade ne peut se résigner à jouer les places d’honneur, surtout après avoir goûté aux joies d’un titre NBA. Quatre années à peine ont suffi à faire rentrer Miami dans le rang au point de redevenir une équipe banale de la Conférence Est. Et encore, cette franchise revient de loin après le départ de Shaq, les graves blessures de sa star et une saison à 15 victoires il y a deux ans. Depuis, Michael Beasley, Mario Chalmers, Shawn « bonjour-au revoir » Marion, Jermaine O’Neal et maintenant Rafer Alston sont arrivés et symbolisent cette timide entreprise de

reconstruction autour de la tête d’affiche… Du talent à tous les postes certes, mais un manque de régularité et un mental en papier mâché. Il n’en faut pas plus pour garder l’équipe floridienne dans l’anonymat, loin des ambitions de son leader. Wade compterait-il tout bas les jours qui lui restent à tirer dans cette AS Monaco du basket américain, cette franchise sans âme, sans fans, qui se signale une fois tous les dix ans par un exploit en playoffs ? Rien n’est moins sûr, car depuis deux ans Pat Riley et D-Wade sont sur la même longueur d’ondes devant la presse. « Je veux prendre ma retraite ici. Je veux être l’un de ces joueurs qui restent à vie dans leur franchise », affirmait Dwyane Wade à son retour de Pékin. Pourtant, la star du Heat n’a pas signé de prolongation de contrat l’été dernier et Miami devra se battre pour conserver sa vedette à l’intersaison. Pour Pat Riley, il ne s’agira pas seulement d’aligner une poignée de dollars en plus, mais bel et bien de proposer un plan de reconquête du titre en mode sans échec.

EST-CE QUE C’EST TOI JOHN WADE ? Depuis, son arrivée dans la ligue en 2003, l’ancien de Marquette a pris l’habitude d’enfiler le costume de justicier solitaire. C’est d’ailleurs le premier à avoir placé Shaquille O’Neal dans un rôle de lieutenant, manœuvre dans laquelle Kobe lui-même avait échoué. Dwyane Wade, c’est le visage du Heat. Un cow-boy de l’Est obligé de dégainer trente cartouches par match pour faire de Miami un 5ème de conférence la saison passée. Pas le genre de gringo à prêter la Winchester. Gare à la métaphore « flinguée » en ces périodes d’armes à feu dans les casiers, et pourtant celle-ci n’a jamais mieux collé qu’à John Wade, ex-kid de South Side Chicago, promu Marshall en Floride. Son entraîneur au lycée, Jack Fitzgerald raconte : « Plus il y avait de pression, plus les adversaires étaient bons et moins il avait peur. C’était juste un mec timide qui bottait le cul à tout le monde ! ». Attitude badass d’un gamin qui ferme sa bouche et parle


DOSSIER DWYANE WADE


DOSSIER FREE AGENTS 2010

TOP 30 FREE AGENCY 2010

DES PLUS GROS FREE-AGENTS EN PLUS DE LEBRON, D-WADE ET COMPAGNIE, PLUS D’UNE SOIXANTAINE DE JOUEURS* VONT ESSAYER DE TOUCHER LE PACTOLE DE LEUR VIE CET ÉTÉ. VOICI NOTRE TOP 30 DES PLUS GROS POISSONS. PAR JEAN-SÉBASTIEN BLONDEL PHOTOS CHRIS ÉLISE & K-REINE

1 LeBron JAMES : On n’avait jamais

vu des GM faire le vide dans leur roster 3 ans à l’avance pour espérer signer un joueur. Il faut dire aussi qu’on n’avait jamais vu un joueur avec le potentiel sportif et médiatique de LBJ s’enterrer dans un trou comme Cleveland. >>> Meilleur scénario : LeBron signe à New York et redonne vie aux Knicks, qui n’ont pas gagné de titre depuis presque 40 ans. >>> Pire scénario : LeBron resigne à Cleveland, échoue année après année aux portes de la Finale, et réalise à 35 ans qu’il aurait pu devenir le King of New York. e Ce qu’il peut apporter : La capacité de transformer n’importe quelle équipe en prétendant immédiat au titre, de la crédibilité sportive et surtout – surtout ! – des possibilités marketing illimitées.

4 Amaré STOUDEMIRE :

Phoenix a perdu patience et le propose à tous les GM de la ligue. S’il n’a pas été transféré d’icilà, il partira sûrement cet été. >>> Meilleur scénario : Stoud’ signe à Miami avec Wade, réalise que défendre a du bon, et redonne un peu de crédibilité à sa carrière. >>> Pire scénario : Amaré signe aux Clippers et percute Blake Griffin dès le premier entraînement. Rupture des croisés pour les deux joueurs… e Ce qu’il peut apporter : Des points et du show. Stoud’ est superstitieux et pense que défendre porte malheur.

2 Dwyane WADE :

Flash a clairement laissé entendre qu’un départ était envisageable et a refusé de prolonger son contrat tant que le Heat ne se sera pas renforcé… >>> Meilleur scénario : Wade signe à Chicago et forme avec Derrick Rose le meilleur duo de stars locales que la ligue ait pu voir. >>> Pire scénario : Il n’arrive pas à rejoindre une équipe compétitive, resigne dépité à Miami, se surpasse tous les ans pour jouer les playoffs et se crame à 32 ans. e Ce qu’il peut apporter : de l’intensité, des points, et un leadership hors pair.

Joe Johnson est un des joueurs les plus complets de la ligue : 22 pts, 4,6 rbds, 4,7 pds.

8e marqueur (24,4 pts) et 5e rebondeur (11,4 rbds) de la ligue, Bosh mérite à bientôt 26 ans de jouer le titre chez un contender.

3 Chris BOSH : Mr Double-Double ne le

dit jamais à voix haute, mais il doit en avoir plein les sneakers de jouer à Toronto. >>> Meilleur scénario : CB4 rejoint une autre star – LeBron à NYC, Wade à Miami ? – et passe d’une élimination annuelle au premier tour à la finale NBA. >>> Pire scénario : Chris se prend une Baron Davis : il signe au Heat pour jouer avec Wade, qui finalement se barre ailleurs. e Ce qu’il peut apporter : Une capacité métronomique à enchaîner les 20/10.

5 Joe JOHNSON :

JJ est devenu le symbole du renouveau des Hawks. À tel point qu’on le voit mal quitter la franchise qu’il a reconstruite… >>> Meilleur scénario : Joe resigne à Atlanta et fait mieux que Do’ Wilkins en portant les Hawks en finale. >>> Pire scénario : Joe resigne à Atlanta, et fait aussi bien que Do’ Wilkins en ne passant jamais le deuxième tour. e Ce qu’il peut apporter : Du leadership et une technique individuelle irréprochable. Niveau marketing, par contre, il manque de gueule.


6 Carlos BOOZER :

McGrady n’a que 30 ans et devrait pouvoir encore rendre quelques services intéressants à une équipe en manque de scoring.

Ce que Boozer aime par-dessus tout, c’est filer comme un traître quand il est en fin de contrat. >>> Meilleur scénario : Booz réalise que le jeu du Jazz est fait pour lui, resigne à Utah, et se réconcilie avec les dirigeants. >>> Pire scénario : Booz promet qu’il veut finalement rester à Utah, attend que le Jazz trade Millsap, puis signe aux Knicks. e Ce qu’il peut apporter : Un jeu intérieur solide, voire phénoménal quand il se sent vraiment concerné.

7 Tracy McGRADY :

Eh oui, T-Mac n’a que trente ans, et peut-être encore quelques belles années à donner. >>> Meilleur scénario : Tracy resigne aux Knicks, et redevient, en lieutenant de LeBron, le bijou de polyvalence qu’il était à Toronto. >>> Pire scénario : Tracy resigne aux Knicks, et redevient, sans LeBron, le fantôme du scoreur qu’il était à Orlando. e Ce qu’il peut apporter : En forme, beaucoup de choses. Mais si son genou continue de le gêner…

8 Manu GINOBILI

>>> Meilleur scénario : Manu resigne aux Spurs et finit sa carrière avec son vieux compère Duncan. >>> Pire scénario : Gino signe ailleurs, se blesse, et ternit sa carrière par des saisons décevantes dans une autre équipe que les Spurs. e Ce qu’il peut apporter : Un magnifique sens du jeu et des gros shoots dans le money time.

Shaq vaut encore 12 pts et 7 rbds en 23 minutes cette année. Mais ce sont ses perfs en playoffs au printemps qui diront s’il a encore une vraie place à jouer en NBA.

10 Shaquille O’NEAL :

Gros Shaq est en fin de contrat et pourrait bien porter un quatrième maillot en trois ans. >>> Meilleur scénario : O’Neal rentre au bercail et signe aux Spurs. Jouer avec Duncan lui redonne un second cinquième souffle. >>> Pire scénario : Shaq signe aux Lakers pour le minimum, histoire d’être sûr d’être à égalité de titres avec Kobe. e Ce qu’il peut apporter : Shaq peut à la fois détendre l’atmosphère et la plomber, faciliter le jeu ou le ralentir. Le signer est un risque de moins en moins gagnant… mais tellement tentant.

11 Rudy GAY : Gay est ultra-

talentueux, mais pourrait être le prochain Rashard Lewis – un joueur doué totalement surpayé par un club soucieux de frapper fort. >>> Meilleur scénario : Gay resigne à Memphis pour un salaire décent et remplit son rôle de scoreur smooth sans trop de pression. >>> Pire scénario : Un club qui n’a pas réussi à signer un plus gros nom lui offre un contrat maximum pour calmer ses fans. e Ce qu’il peut apporter : Du scoring tout en douceur, mais guère plus que des points. A-t-il la carrure d’un franchise player ? Pas plus que Rashard ou Glenn Robinson. 20 points, 6 rbds, 2 pds. Pour sa 3e saison dans la ligue, Rudy confirme son statut de scoreur mais pas celui de leader.

LES GROS DILEMMES 9 Ray ALLEN : RayRay

a beau commencer à faire son âge, il reste toujours l’un des plus redoutables shooteurs de toute la ligue. Oui, mais à quel prix ? C’est la grande question. Boston aurait raison d’essayer de le garder, mais pas à hypothéquer son avenir pour autant. 13 Al HARRINGTON : Signer un joueur de son gabarit capable de scorer de n’importe où, c’est tentant. Signer un mec qui a passé les quatre dernières années à jouer pour les Warriors et les Knicks, ça l’est beaucoup moins. 19 Travis OUTLAW : Blessé cette saison, Outlaw a montré de belles choses à Portland. Mais peut-être pas assez pour lui donner plus de responsabilités ailleurs. 22 Mike MILLER : Miller a toujours été bon et a toujours été capable de sortir quelques gros cartons. Il a aussi toujours fini par se faire échanger. À 29 ans, il entame son déclin et aura du mal à signer un gros contrat. 24 Hakim WARRICK : Big man explosif mais souvent inexistant, l’ancien coéquipier de Melo à Syracuse est peut-être atteint de Swiftite aigüe. 30 Dorell WRIGHT : Enorme potentiel souvent handicapé par les blessures, Wright n’a toujours pas réussi à faire décoller sa carrière. Dans le bon contexte et en forme, il pourrait être une très bonne pioche pour une team en manque d’un ailier explosif et polyvalent.


PORTRAIT LUDOVIC VATY

« C’EST UN DES RARES JEUNES - ET MÊME UN DES RARES PIVOTS - À JOUER DUR AUJOURD’HUI. IL N’A PAS PEUR DU CONTACT ET IL NE SE LAISSE PAS INTIMIDER PHYSIQUEMENT. » VINCENT MASINGUE

LUDOVIC VATY #14

Orléans Pivot, 21 ans, 2,06 m Stats Euroleague 2009-10 : 7 pts à 58,3% et 4,8 rbds en 16 min Meilleur match : 15 pts à 7/9, 10 rbds, 2 pds et 2 ctrs, 24 d’éval contre Malaga Stats Pro A 2009-10 : 8,3 pts à 60% et 4,6 rbds en 17 min Meilleur match : 22 pts à 10/13, 9 rbds et 1 ctr, 27 d’éval contre Paris


PORTRAIT LUDOVIC VATY

LUDOVIC VATY

LE CALME AVANT LA TEMPÊTE APRÈS DES DÉBUTS DISCRETS, LUDOVIC VATY COMMENCE À FAIRE GRONDER LE TONNERRE DU CÔTÉ D’ORLÉANS. D’ICI PEU, IL POURRAIT BIEN FAIRE TOMBER LA FOUDRE. PAR SYRA SYLLA PORTRAITS K-REINE PHOTOS EUROLEAGUE BASKETBALL

11

novembre 2009. Orléans a fait les frais d’une équipe de Malaga imprenable. Mais malgré les 12 points d’écart concédés par son équipe, Ludovic Vaty est plutôt satisfait. Et pour cause, le Guadeloupéen a fêté l’Armistice en alignant 15 points à 7/9 et 10 rebonds en 21 minutes pour un joli 24 d’éval’. A 21 ans seulement, le nouveau pivot de Philippe Hervé a enfin trouvé sa place dans l’effectif et a libéré son jeu. Pour sa première année en Euroleague, l’Entente Orléanaise n’a pas pu rêver bien longtemps au Top 16, mais l’équipe est sortie la tête haute de la compétition avec deux victoires pour clore la saison. Et Ludo a sa part de responsabilité dans ce sauvetage « pour l’honneur ».

permet de venir se montrer en Métropole au tournoi inter-ligues à Fréjus. Une fois les pieds sur le continent, Ludovic ne le quittera plus puisque tout s’enchaîne alors très vite. Sollicité par les centres de formation de Pau et Cholet, il se rend finalement à l’INSEP pour parfaire son apprentissage. « Mon oncle s’était renseigné et on lui avait conseillé de m’envoyer à Pau. Mais, entre-temps, le « C’est un gars calme. Mais dès que tu le piques au vif, la bête est lâchée. » Abdou M’Baye

DES ABYMES À VINCENNES

Originaire des Abymes en Guadeloupe, Ludovic ne prend le chemin des parquets qu’à l’âge de 13 ans. « C’est un pote qui m’a demandé si je voulais faire un essai avec lui. L’entraîneur avait envoyé ses joueurs à la recherche de grands pour l’équipe », se souvient-il. Avec son 1,90 m, Ludo n’est pas passé inaperçu et a intégré le pôle espoirs de la Ligue Régionale de Guadeloupe illico presto. La première place au tournoi GuyMarGua, réunissant les sélections de Guyane, Martinique et Guadeloupe, lui

techniquement que dans sa Guadeloupe natale. Malgré son retard, il trouve très vite sa place parmi les grands. « Lors de sa première année, il jouait contre des gars de 3-4 ans de plus, mais ça ne lui faisait pas peur. Il se faisait respecter parce qu’il n’avait peur de rien ni de personne », se souvient Abdou M’Baye, son coéquipier de l’époque. Les deux compères se rappellent avec plaisir de leur premier entraînement ensemble. Mémorable ! « On devait faire des séries de 10 lancers-francs et je me suis mis avec lui. Sur les 10, il en mettait 3 ou 4. Et sur les 6 loupés, y’avait au moins 3 airballs ! Il se demandait si la ligne n’était pas plus loin en France qu’en Guadeloupe », charrie Abdou avec nostalgie. Décidé à percer et à combler ses lacunes techniques, Ludo vient plus tôt, part plus tard, observe pour mieux reproduire, et le travail paie. Trois ans plus tard, il prend le train direction Pau, comme convenu.

BAPTÊME DU FEU Centre Fédéral s’est intéressé à moi. Ils ont trouvé un arrangement avec Pau pour que je fasse trois ans à l’INSEP et qu’ensuite je rejoigne le centre de formation de Pau. » Du côté de Vincennes, Ludo découvre un environnement basket plus intensif et abouti

Saison 2008-2009. Alors que Pau vit ses dernières heures en Pro A, Ludovic se retrouve dans un contexte bien particulier puisque son coach lui confie les clés de la peinture paloise. Comme contre Strasbourg où il effectue son meilleur match de la saison (20 pts, 14 rbds) ou contre Hyères où il résiste à Vincent Masingue et aligne


EUROLEAGUE L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR

L’ARGENT NE FAIT PAS (TOUJOURS) LE BONHEUR A DÉFAUT D’AVOIR DE L’ARGENT, LE PARTIZAN ET LE CIBONA ONT DES IDÉES ET SURTOUT DES JEUNES QUI TAFFENT. POURQUOI PAS NOUS ? PAR YANN OHNONA

A

PHOTOS EUROLEAGUE BASKETBALL

gauche, l’ASVEL. 6,8 millions d’euros de budget, cinq Américains dont plusieurs référencés, une belle équipe sur le papier, mais peu d’expérience au niveau Euroleague. Les Verts galèrent en Championnat et, pour leur première participation à la compétition reine depuis 2005, sont éliminés dès la première phase (3v.-7d.). A droite, le Partizan Belgrade. 2,5 millions d’euros en poche, deux excellents Ricains, le reste de Serbes à peu de choses près (un Tchèque et un Monténégrin), et une présence en Euroleague sans discontinuer depuis 2001. Le club est triple champion en titre de Serbie, de Ligue Adriatique, et est probablement en train de disputer les quarts de finale de l’Euroleague après avoir battu le Panathinaïkos champion d’Europe à Athènes, puis crucifié dans sa Pionir Arena Barcelone, monstre jusque-là invaincu. Le tout sans son meilleur joueur en phase régulière, Aleks Maric. Dans la brûlante salle serbe, une banderole flottait : « Ceci, l’argent ne peut pas l’acheter ». Difficile d’affirmer que l’argent ne fait pas le bonheur d’un club de basket. Si l’ASVEL disposait des 15-17 millions de dollars d’équipes comme Malaga ou le Maccabi Tel-Aviv (on ne parle même pas des 30-40 millions de dollars du Barça ou d’Olympiacos…), le club aurait sans doute pu monter une armada capable de viser les quarts de finale (capable, dit-on bien). Difficile, aussi, de jeter la pierre à un club qui a pris des risques et investi dans l’espoir de faire retrouver au basket tricolore une place sur l’échiquier continental. Surtout après une seule saison. Mais l’exemple du Partizan, club à la régularité exemplaire alors qu’il est chaque année pillé de ses meilleurs éléments (Pe-

kovic et Tepic direction Pana, Velickovic au Real, etc.), montre que l’argent n’est pas toujours synonyme de réussite au plus haut niveau. Des critères sportifs, d’autres irrationnels, demeurent (heureusement !). Et malgré les blessés (Foirest, Borchardt), le retard à l’allumage de certains (Lukauskis) et les contretemps (Vincent Collet arrivé après l’Euro en Pologne), ses ressources du moment auraient dû suffire à l’ASVEL pour voir plus loin. Mais elle a échoué aux portes de la qualification face… au Cibona Zagreb, autre club au label « Balkans » (seulement un US dans l’effectif !). Un symptôme récurrent du basket français depuis des années. A force de se répéter, l’histoire finit par ressembler à une mauvaise blague. En attendant, lors d’un récent sondage dans L’Equipe, le basket français était stigmatisé comme « ringard » par 71% des 25 000 personnes s’étant exprimées. Alors d’où vient le problème ? Et quelles solutions envisager ? LA SITUATION EN EUROLEAGUE EST-ELLE DÉSESPÉRÉE ? Villeurbanne avait les atouts pour rejoindre le Top 16 dès cette année. Aymeric Jeanneau en convient : « C’est très frustrant car on avait tout ce qu’il fallait. Mais notre mauvais début de saison nous a été fatal », reconnaît le meneur de jeu à double casquette, puisqu’il est aussi le président du syndicat des joueurs. Pour la troisième année de suite, les clubs français n’ont donc pas passé l’hiver européen. Depuis Pau en 2007, pas de Top 16. Depuis l’ASVEL, en 2001, pas de quarts de finale, et depuis 1997 (les Verts encore), pas de Final Four.


EUROLEAGUE L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR

Le 3 février, le Partizan est la première équipe à faire tomber le grand Barcelone (67-66). Une semaine avant, les Serbes avaient fait tomber le Pana chez lui (64-59).


[HOOP CULTURE] STREETBALL p44 / PLATINES p46 / NBA HEBDO p47 / CROSS OVER p48

LA RENNAISSANCE DU STREET ITALIEN

STREETBALL

À L’ITALIENNE eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeEeeeeeeeeeeeeeeeeee

LE STREET ITALIEN EST EN PLEIN RENOUVEAU. EXPLICATION ET ANALYSE. PAR ALMAMY SOUMAH

D

e plus en plus de nations se dirigent vers une structuration du streetball, ce qui peut paraître paradoxal pour une branche du basket qui se veut totalement libre. Cependant, si le phénomène tend à se globaliser, c’est qu’il existe au fond de véritables vertus à l’émergence d’instances indépendantes pour encadrer cette pratique. Parmi les objectifs visés on compte le fait de pouvoir regrouper l’ensemble des streetballers au sein d’une même communauté, sur une région ou un pays donné, de faciliter leurs échanges et de créer de nouvelles compétitions pour continuer à célébrer la rue. Dans notre dernier numéro, nous avions évoqué le cas de la Russie, qui a réussi à réunir plus d’une dizaine de milliers de joueurs et joueuses lors d’un seul et même tournoi. Aujourd’hui, REVERSE se penche sur l’Italie où le street connaît un nouvel essor.

L’UNION FAIT LA FORCE L’Italie a mis en place toute une stratégie pour redonner goût aux plus jeunes au basket de rue. Les évènements sont de mieux en mieux organisés et attirent un public de plus en plus large. A l’instar de la France, l’Italie a connu sa traversée du désert en matière de basket de rue à la fin des années 90. Le « mouvement freestyle » avait alors pris le relais courant 2000 pour finalement s’essouffler. Depuis, quelques concepteurs et autres organisateurs de tournois se sont battus pour maintenir le street en vie à l’échelle locale. Matteo Bruni est l’un d’entre eux. Originaire de Pise en Toscane, il a eu l’initiative de monter de nombreux tournois dans le pays depuis plus de 10 ans maintenant. Connu de tous les streetballers, il s’est décidé à créer il y a deux ans, avec l’aide d’autres passionnés, le Comité Officiel du Streetball italien. Composé des quatre plus grandes organisations du

A l’instar de la France, l’Italie a connu sa traversée du désert en matière de basket de rue à la fin des années 90. Le « mouvement freestyle » avait alors pris le relais courant 2000 pour finalement s’essouffler.


[HOOP CULTURE]

Les évènements sont de mieux en mieux organisés et attirent un public de plus en plus large.

Un comité aPénétration été créé et a pour vocation dansdelescouter trafic Marlon. les meilleursde talents qui représenteront l’Italie lors de compétitions internationales.

pays dédiées au street (Playground Sport Association, Da Move, Schiocchi Ballers de Modena et les Amici Del Campetto), ce comité a pour vocation de scouter les meilleurs talents qui représenteront l’Italie lors de compétitions internationales telles que le Quai 54, l’Open de Moscou ou encore le Reality Check allemand. En parallèle, le comité propose deux énormes tournois nommés « Streetball Italia ». L’un se joue en 5x5 et l’autre en 3x3. Chaque équipe passe d’abord par des qualifications régionales (six étapes) avant de réunir les meilleurs en finale nationale à Rome, durant l’été. Le reste de l’année, chacune de ces organisations propose aussi différents shows et animations dans leurs régions respectives pour maintenir l’intérêt.

STEP BY STEP Les actions du comité portent peu à peu leurs fruits. Plutôt que d’agir chacune dans leur coin, toutes les entités formant le comité aident au développement de nouvelles étapes du « Streetball Italia » ainsi que de divers camps, shows (Da Move) et autres tournois. Le Centre et le Nord de l’Italie sont bien sûr très impliqués, mais la Sardaigne et la Sicile ne sont pas en reste et envoient elles aussi leurs meilleurs soldats pour participer à cette célébration. Cette année, Matteo et le comité tentent une nouvelle expérience afin de mettre en lumière le meilleur athlète de la saison de streetball. Ainsi, les meilleurs joueurs de chaque compétition, les vainqueurs des concours de dunks, de freestyle, de shoots à trois-points se verront accorder une note. Pour peu qu’ils participent à plusieurs évènements et soient prolifiques, ils multiplieront ainsi leurs chances de rafler le titre. Le meilleur d’entre eux sera élu « Baller of the Year » et sa mission sera d’être le porte-parole du streetball italien pendant un an.

WINTER PLAYGROUND LEAGUE Et pour consolider encore l’engouement renaissant pour le street, en Italie, Matteo a trouvé un moyen pour éviter de trop souffrir de la saison creuse : créer une ligue d’hiver. L’idée pour lui était d’aller à contre-courant. Tous les tournois se déroulaient principalement l’été, il a donc voulu permettre aux joueurs d’avoir accès à un espace d’expression libre en automne-hiver. Le concept : un beau gymnase, un DJ pour mettre de l’ambiance et un ballon, bref tout ce qu’il faut pour s’exprimer sur le terrain ! Chaque équipe joue une à deux fois par semaine et les matches se jouent sur demi-

terrain en 3x3 et 11 points. Les vainqueurs restent, comme au Raid Outdoor, tandis que les perdants sortent et attendent le prochain tour. Le concept est bon, les joueurs se plaisent et, depuis trois ans qu’elle existe, cette formule n’a cessé de prendre de l’ampleur. Le tournoi se termine au printemps et laisse place au « Street EGGS » à Pâques. Ce fonctionnement offre aux streetballers la possibilité d’être en compétition sans pour autant évoluer en club, et ça prend ! Le Comité Officiel du Streetball italien a abattu un travail énorme et pourrait bien devenir l’un des fers de lance du street européen s’il continue dans ce sens. Ça semble bien parti…


L’ENTRETIEN DELANEY RUDD


L’ENTRETIEN DELANEY RUDD

DELANEY RUDD L’ENTRETIEN

MISTER CLUTCH ASSASSIN SUR LE TERRAIN ET GENTLEMAN EN DEHORS, DELANEY RUDD A MARQUÉ LA PRO A COMME PEU D’AUTRES JOUEURS ONT PU LE FAIRE.

e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e e PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER D’ALMEIDA GRAPHISME MOCHOKLA

D

ix ans après son départ de l’ASVEL, Delaney Rudd reste toujours l’étalon auquel sont comparés les meneurs US qui viennent tenter leur chance en Pro A. Et pour l’instant, on ne peut pas dire qu’ils soient nombreux à l’avoir approché, tant dans le jeu que dans l’aura. Pour beaucoup de nostalgiques, Rudd dépasse largement le cadre de ses performances strictes et incarne toute une époque, malheureusement révolue, où les meilleurs joueurs étrangers atterrissaient parfois en France et y restaient, et où les clubs tricolores jouaient l’Euroleague avec l’espoir affiché d’y faire un résultat, et pas seulement pour tenter d’y survivre. Malgré ses coups de pattes géniaux, ses actions d’éclat avec Alain Digbeu, Jim Bilba et les autres, ses trophées de MVP, ses perfs en Euroleague et ses trois finales de championnat en six ans, Delaney n’a jamais réussi à remporter le titre de champion de France. Qu’importe, ses souvenirs de son passage à Villeurbanne sont comme ceux qu’il a laissés à ses fans et à ses adversaires : impérissables. REVERSE : Comment vous est venu le virus du basket ? Delaney Rudd : J’ai commencé à jouer à l’âge de huit ans. Déjà à l’époque, je voulais absolument devenir un grand joueur et je m’entraînais tous les jours pour y arriver. Nous avions très peu d’argent mais j’avais de grands rêves. J’ai grandi à la campagne et, à part les travaux de la ferme, il n’y avait pas beaucoup de distractions à la maison. Alors, j’ai décidé

d’essayer quelque chose de plus excitant : le basket. Souvent, je regardais des matches à la télé et je fonçais imiter les joueurs pendant les temps-morts. REVERSE : Vous avez joué pour l’université de Wake Forest. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur vos années en NCAA ? DR : Wake Forest était un endroit génial pour moi. Cette période a changé ma vie ! J’y ai reçu une très bonne éducation et de bons fondamentaux de basketteur. La conférence ACC était un super championnat, très classe. Mais tout n’a pas été facile pour moi. J’ai passé presque toute ma première saison sur le banc. J’ai dû énormément travailler pour mériter ma place et j’ai fini par intégrer le cinq majeur les trois années suivantes. J’ai même été nommé capitaine de l’équipe. Pendant mes quatre saisons NCAA, j’ai joué contre les plus grands : Michael Jordan, Pat Ewing, Charles Barkley, Karl Malone, John Stockton… A chaque match, on jouait contre de futures stars NBA. REVERSE : Votre chemin vers la NBA n’a pourtant pas été aisé… DR : C’est vrai, au début, j’étais assez déçu de ne pas avoir été retenu en NBA. Puis je me suis dit que partir en CBA serait une bonne occasion de tester ma force de caractère et ma volonté. A l’époque, la CBA était la ligue de développement de la NBA, un peu comme la D-League aujourd’hui. Beaucoup de bons joueurs sont passés par là. Mais les conditions étaient vraiment mauvaises. Les salaires étaient

tout juste suffisants pour payer un loyer et s’acheter de quoi manger. Personne n’allait en CBA pour l’argent, on y allait pour survivre en tant que joueur professionnel. Les gymnases étaient vieux, froids, et situés dans de toutes petites villes. C’était dur, mais cette difficulté rajoutait au challenge : sans un grand amour du jeu, impossible de résister. Beaucoup ont lâché en cours de route. Pendant ces premières années de ma carrière, j’ai dû apprendre beaucoup de choses. La première, c’était de me comporter comme un professionnel. Beaucoup de joueurs ont du talent, mais pas forcément la rigueur et la volonté profonde de devenir le meilleur. Il faut aussi savoir vivre avec les autres, comprendre ses coéquipiers, leurs besoins, leurs envies, c’est presque aussi important que le talent de basketteur. C’est seulement une fois que j’ai compris tous ces éléments que je me suis dit que je pourrais devenir un bon joueur professionnel. REVERSE : Après cette période CBA, vous avez joué pour de nombreuses équipes de par le monde (Grèce, NBA, Paris…). N’était-ce pas compliqué de changer de club aussi souvent ? DR : Si, bien sûr. C’était dur de voyager sans cesse. Mais j’étais en train de rechercher l’endroit idéal pour moi. Dieu merci, j’ai atterri un jour à Lyon-Villeurbanne. Cet endroit m’a immédiatement tapé dans l’œil. C’était évident, j’étais enfin chez moi. Toutes les villes où j’ai joué étaient sympas, mais il y avait quelque chose de spécial à Villeurbanne. On aurait dit que cette ville était faite pour moi. Je n’oublierai jamais cet endroit, les gens étaient fantastiques !


PORTRAIT RAJON RONDO

S’ILS VEULENT ALLER LOIN, LES CELTICS AURONT BESOIN DE LEUR BIG 3, MAIS ILS N’IRONT NULLE PART SANS RAJON RONDO. PAR SIDE’O

PHOTOS CHRIS ÉLISE & K-REINE

L

es vrais fans NBA aiment avoir tort. Quand un scout se plante, il perd sa place. Quand un proprio se plante, il s’en fout parce qu’il est plein aux as. Quand un GM se plante, il appelle Isiah… Les fans, eux, adorent se tromper. On regarde le championnat NCAA, on analyse la draft, on fait des prédictions et on a toujours beaucoup de surprises. Et soyons honnêtes, on adore ça. Surtout quand ça tourne en notre faveur, n’est-ce pas Danny ?

L’EXTRATERRESTRE

C’est pour ça qu’on adore regarder les matches des Blazers, Brandon Roy a dépassé toutes les attentes placées en lui. Même Deron Williams est devenu beaucoup plus fort que quiconque aurait pu l’imaginer. Mais celui qui est de loin le plus surprenant de toute cette génération, c’est probablement Rajon Rondo. Déjà à cause de ce physique d’Alien, presque aussi chelou que son prénom. Ce mec doit venir d’une autre planète. Dans une ligue de supers athlètes, le petit homme vert fait office de phénomène de foire, d’anomalie de la nature. Être athlétique et monté sur ressort, c’est une chose, être le nouveau « plastic man », c’est fort aussi, mais avoir une envergure digne de l’Inspecteur Gadget et des mains avec lesquelles il tient « le balle comme une pamplemousse », c’est

juste pas humain. Avec ses pénétrations félines, ses lay-ups de condor et son énergie de lapin Duracel, l’ornithorynque des Celtics nous fait bondir de notre canap’. Une sorte de « best of » des meilleurs moments de Manimal mis à la sauce NBA. Mais ce qui est le plus flippant, c’est que depuis la grande période de Jason Kidd aux Nets, aucun joueur sans shoot n’avait réussi à peser autant sur un match voire à dominer une série en playoffs. Imaginez si un jour il mettait ses lancers-francs. Imaginez si Rondo développait un jour un tir extérieur. Parker l’a fait, pourquoi pas lui ? Car Rondo est de cette trempe. Il taffe dur, il a de bons exemples de vétérans autour de lui, il veut simplement devenir le meilleur. Et il pourrait bien y arriver. Qui aurait pu prévoir l’évolution de Rajon Rondo ? Qui, en toute honnêteté, regardait les matches des chats sauvages de Kentucky et se disait « Ce mec-là, dans 4 ans, il aura une bague de champion, un gros contrat de billets verts et il sera All-Star ! »? Vous ? Menteur ! Parce qu’une progression pareille c’est au delà du réel. Boston a eu beaucoup de chance. OK Danny, on t’accorde Allen, Garnett, Posey, PJ Brown et Sheed. Mais Rondo, avoue que tu n’avais aucune idée de ce qu’il pourrait devenir. « Ce que j’ai vu en lui, c’est un instinct pour le jeu qui ne s’apprend pas », se défend Ainge. Mouais, à la rigueur, mais on t’en veut pas de toute façon, il faut du bol pour être un bon GM. Tout le monde savait que Kevin Durant serait All-Star rapidement, ça crevait les yeux. Mais en quatre ans, Rondo a élevé presque toutes ses stats ! Chaque année, il passe une nouvelle dimension, une progression dans le temps à la Code Quantum : 2006-07 : 6,4 pts (42%), 3,8 pds et 1,6 steal 2007-08 : 10,6 pts (49%), 5,1 pds et 1,7 steal 2008-09 : 11,9 pts (50,5%), 8,2 pds et 1,9 steal 2009-10 : 14,3 pts (53%), 9,6 pds et 2,4 steals Pas mal pour un mec sélectionné en fin de premier tour et dont les droits furent vendus directement. Il

Lors de la fameuse série en 2009 face aux Bulls Rondo est devenu le seul Celtic de l’histoire avec Larry Bird à faire trois triple-doubles en playoffs la même année. Lui, il l’a fait dans une même série !


PORTRAIT RAJON RONDO

Avec ses pénétrations félines, ses lay-ups de condor et son énergie de lapin Duracel, l’ornithorynque des Celtics nous fait bondir de notre canap’. Une sorte de « best of » des meilleurs moments de Manimal mis à la sauce NBA.

est temps d’arrêter de parler du Big 3 ou même du Big 3,5 (Désolé Sheed, mais shooter à 40% et prendre 4,4 rbds quand on fait 2,10 m ça le fait pas ou alors Big est à prendre au sens littéral). Non, Boston a quatre All-Stars et le mec qui s’est fait tatoué le logo de Rolls Royce dans le dos parce que ça ressemblait à ses initiales est devenu indispensable aux espoirs de titre des Celtics. Boston compte désormais sur son

trèfle à 4 feuilles pour aller loin et, depuis que les articulations arthritiques des trois « anciens » grincent de plus en plus fort, c’est Rondo qui est devenu le métronome de l’équipe.

UN ANIMAL À SANG FROID

Ce qui rend son parcours d’étoile filante si incroyable c’est évidemment sa capacité si jeune à peser sur les matches avec les plus gros

enjeux. C’est pendant les playoffs de 2007-08 que Rondo a opéré sa mue devant la Terre entière. Pendant le sixième et décisif match en finale contre les Lakers, Rondo était tout simplement le meilleur joueur sur le terrain : 21 points, 8 passes, 7 rebonds et 6 steals, une ligne de stats que n’auraient pas reniée Dennis Johnson ou Sam Jones. Face à lui, Derek Fisher faisait figure d’ectoplasme. Depuis, c’est Kobe


[QUADRUPLE DOUBLE]

23 steals LES SURPRISES p62 / 48 points STEPHEN JACKSON p64 / 10 fautes ABDOU M’BAYE p66 / 25 rebonds NCAA STARS p68

Joe Johnson a beaucoup moins de pression sur les épaules cette année et peut se concentrer sur son rôle de finisseur. 21,5 points à 46,1%, 4,6 rbds et 4,6 pds.

ON NE LES AVAIT PAS VUS VENIR

COUP DE TRAFALGAR

On a beau essayer d’être toujours sur la brèche, tout ça, on l’avait vraiment pas vu venir. Par Jean-Sébastien Blondel Photos Christophe Elise et Philadelphia 76ers LA MAÎTRISE DES HAWKS On savait que le talent était là, qu’ils joueraient les playoffs et qu’ils pourraient créer la surprise, mais on ne les imaginait pas traverser la saison régulière avec autant de maîtrise. Jamal Crawford apporte du scoring et un gros grain de folie à un banc qui manquait des deux, Josh Smith est beaucoup plus efficace en attaque, Horford est toujours incroyablement solide et fiable dessous, et tout ça enlève de la pression à Joe Johnson. Atlanta est devenu la bête noire des Celtics et pourrait gagner 50 matches pour la première fois depuis 1998. On n’en revient toujours pas…

LA MÉDIOCRITÉ DE SAN ANTONIO

On attendait les Spurs revanchards après leur première élimination au premier tour en 10 ans. Surtout avec le recrutement de cet été. Mais

l’apport de Richard Jefferson a été décevant, Manu Ginobili n’est clairement plus le même, et seuls les deux plus jeunes de la rotation (George Hill et DeJuan Blair) ont joué tous les matches. Duncan & Co sont quand même à 30-21, mais se dirigent vers leur plus mauvais bilan depuis son arrivée. Attention toutefois à ne pas enterrer les Spurs : ils ont toujours enchaîné en mars depuis les années Robinson…

L’IMPACT DE STEPHEN CURRY

Pas de tatouage, un visage à faire passer BJ Armstrong pour Greg Oden, un corps de minime région, mais du basket plein les doigts. Le fils de Dell a mis un peu de temps à trouver ses marques dans le système apocalyptique de Don Nelson, mais ses stats en 2010 sont monstrueuses pour un rookie. Quand on est sensé donner la balle à Monta Ellis ou Corey Maggette et ne plus la revoir, c’est fort. On espère juste qu’il pourra vite quitter les Warriors.

Steph Curry tourne à 15 points, 4 rbds et 5,5 passes.


[QUADRUPLE DOUBLE]

L’EXPLOSION DE JOAKIM NOAH

On espérait qu’il confirmerait ses excellents playoffs, mais jamais on n’aurait pensé qu’il incarnerait les Bulls presque autant (plus ?) que Derrick Rose. Jooks ne sera peutêtre jamais All-Star, mais dans son rôle de coéquipier idéal qui se défonce en défense et prend ce qu’on lui laisse en attaque, difficile de trouver mieux.

LA CHUTE DE DETROIT ET L’ASCENSION DE JEREBKO

Soit Joe Dumars a sous-estimé l’importance de Chauncey Billups, soit il a surestimé sa capacité à reconstruire. Il ne fallait pas être un devin pour savoir que Ben Gordon et Charlie Villanueva ne méritaient pas des contrats aussi faramineux et n’allaient pas faire de Detroit un prétendant, mais on pensait au moins qu’ils éviteraient le ridicule de la plus mauvaise saison du club en 15 ans. La seule bonne nouvelle, c’est l’explosion tranquille du rookie suédois Jonas Jerebko, qui défend dur et ne force rien. Le genre de joueur qui serait encore plus utile dans une bonne équipe que dans cette parodie de basket où le cercueil de Ben Wallace se retrouve à devoir scorer.

Fin février les Sixers pointent à une vilaine 10e place à l’Est avec un bilan de 20 victoires pour 33 défaites.

L’ÉNERGIE DE STEVE NASH À 36 ans, on est censé être en plein déclin, pas en pleine bourre. On est censé apporter son expérience à une équipe bien en jambes, pas pousser ses coéquipiers à suivre le rythme effréné qu’on impose match après match. On est censé savourer ses dernières années en montrant encore quelques flashs d’une grandeur passée, pas dominer les jeunes meneurs de la ligue les uns après les autres en sortant une saison de MVP. Steve Nash est une aberration, une erreur. Profitez-en tant qu’il est là, vous ne reverrez probablement pas un joueur aussi humblement génial et brillamment altruiste.

Le rookie Jonas Jerebko est peutêtre la seule bonne nouvelle de la saison pour les Pistons. (9 pts et 6 rbds en 27 min).

LA MÉDIOCRITÉ DES CLIPPERS

Blake Griffin est la dernière chance qu’ont les Clippers de convaincre le monde du basket que leur « malédiction » n’est qu’une histoire pour faire peur aux enfants. Parce que la blessure qui l’a privé de sa saison rookie en est le signe le plus crédible. Avec lui, l’équipe aurait eu une vraie gueule, et même sans lui elle devrait être dans la course aux playoffs. Ce qu’on avait oublié, c’est que les Clippers seront toujours… les Clippers !

LE RETOUR FRACASSANT DE ZACH RANDOLPH

C’est tellement plus facile de passer de AllStar à paria que de faire le chemin inverse. Demandez à Stephon Marbury. Comme tout le monde, on se demandait comment un GM pouvait redonner sa confiance à un joueur aussi instable et je-m’en-foutiste que Z-Bo, et on a eu bien tort. Randolph a mis de l’ordre dans sa tête et dans son basket, prend 4 fois moins de tirs primés que la saison dernière et est devenu le pilier de surprenants Grizzlies. Au moins, maintenant, on saura que tout peut arriver, même la rédemption d’une tête brûlée et un bon choix de Memphis.

LA FAIBLESSE DES SIXERS

Difficile de prédire la saison douloureuse des Sixers, qui ont pourtant un effectif talentueux et un coach à la philosophie taillée pour eux. La Princeton Offense d’Eddie Jordan ne peut fonctionner qu’avec des joueurs complets et disposés à jouer ensemble. Ce dont le roster était rempli avant l’arrivée d’Iverson. Sans gros scoreur, mais avec beaucoup de talent et un effectif relativement équilibré, on pensait que Philadelphia allait tenir le coup. On était loin du compte. Les rêves de playoffs se sont évaporés dès la fin du mois de novembre et les deux AI ne seront peut-être plus là à la rentrée prochaine. On n’est pas prêts de revoir la franchise jouer les premiers rôles…


ENQUÊTE BASKET ET HOMOSEXUALITÉ


ENQUÊTE BASKET ET HOMOSEXUALITÉ

ENQUÊTE

BASKET ET HOMOSEXUALITÉ

OUT OF BOUNDS

DANS LES SPORTS COLLECTIFS, L’HOMOSEXUALITÉ RESTE LE TABOU ULTIME ET LE BASKET NE FAIT PAS EXCEPTION À LA RÈGLE. ETAT DES LIEUX. DOSSIER RÉALISÉ PAR SYRA SYLLA ET THÉOPHILE HAUMESSER

D

ans un monde parfait, un tel dossier n’aurait pas de raison d’être… mais nous ne vivons pas dans un monde parfait, loin de là. Le rejet et la discrimination auxquels les homosexuels doivent faire face lorsqu’ils choisissent de ne pas se cacher montrent tout le chemin qu’il reste encore à parcourir. Le sport, microcosme de notre monde, n’est pas épargné et le récent scandale qui a éclaté lorsqu’une équipe de foot de Créteil a refusé de disputer une rencontre face au club Paris Foot Gay, en citant des « raisons morales », montre bien l’étendue du malaise. Alors que les spots antiracistes faisant appel à des athlètes reconnus sont légions, l’univers du sport dans son ensemble continue de colporter et de renforcer les pires stéréotypes sur l’homosexualité et la virilité. Si cette question semble moins taboue dans certains sports individuels (tennis, natation…), les sports collectifs restent en revanche l’un des derniers bastions « anti-gays ». Et le basket dans tout ça ?

LA LOI DU SILENCE « Il n’y a pas plus d’homosexuels dans le basket qu’ailleurs. Et le sujet est aussi tabou dans le sport que dans notre quotidien », lance Jacques Monclar. « Dans une usine, un mec qui déclare être homosexuel va être mis à l’écart. C’est le monde dans lequel nous vivons. » La fameuse

loi du silence qui entoure cet ultime tabou paraît pourtant bien plus forte dans l’univers du sport où le machisme et l’homophobie anodine foisonnent souvent dans l’univers clos du vestiaire. La preuve, pour l’instant, peu de basketteurs pros ont officiellement fait leur coming-out. Dans le documentaire qu’il a réalisé pour Canal +, « Sports et homosexualité : c’est quoi le problème ? », Michel Royer a tenté de délier les langues sur le sujet et ça n’a pas été simple. « Il y a une loi du silence qui est contournée par du déni pur et de l’ironie », explique-t-il. « On en plaisante tout simplement. Il y a un blocage énorme d’où l’impact du film. C’est le premier documentaire sur ce sujet. Le but était de libérer la parole. L’histoire du Paris Foot Gay a débloqué le débat. » La sexualité d’un sportif relève du cadre de la vie privée et la question n’est évidemment pas de savoir si untel ou untel est homosexuel, mais la difficulté d’obtenir des témoignages de sportifs, en activité ou pas, montre bien à quel point il est difficile aujourd’hui encore de vivre son homosexualité dans un milieu où la « virilité » est érigée en valeur absolue. « Le basket est un monde très macho et sûrement parfois homophobe. Il n’y a pas une grande ouverture d’esprit en matière de sexualité, les joueurs se veulent virils et performants avec les femmes... », constate Vincent Masingue. Dans ces conditions, la discrétion est le mot d’ordre. « Quand on est gay et qu’on arrive dans un nouveau club, ce n’est pas un truc que l’on crie sur les toits », avoue d’ailleurs John Amaechi,

qui a parfois payé le prix fort pour vivre sa vie comme il l’entendait (voir interview p. 74). « Je n’arrivais pas au premier jour d’entraînement en disant «Hey, je suis gay». Certains l’ont appris mais d’une manière générale, on n’en parlait pas. C’est ce qui n’est pas normal. On devrait être capable d’en parler comme on parle de sa femme et de ses enfants, n’importe où, n’importe quand. » Quand on voit les propos honteux tenus par Tim Hardaway lorsqu’Amaechi a fait son coming-out, alors qu’ils étaient tous deux retirés des parquets depuis des années, on comprend mieux ce besoin de discrétion…

« ON N’EST PAS DES PÉDÉS ! » L’homosexualité est souvent associée à tout un tas de clichés machistes qui voudraient que les homos soient moins « virils » et donc moins forts, physiquement et mentalement, que les hétéros. Le contexte de compétition renforce encore ces schémas, puisque, dans l’inconscient collectif, les performances sportives sont souvent associées aux concepts de domination et de prouesses sexuelles. Des préjugés qui perdurent et qui se basent souvent sur des détails ridicules. Jacques Monclar en a même déjà été victime. « On croyait que j’étais homo à cause de ma boucle d’oreille », nous raconte-t-il, consterné. La boucle d’oreille, au même titre que l’attitude efféminée, fait partie de ces clichés qui persistent pourtant malgré leur absurdité. « J’ai déjà joué contre des


ENIGMA

VRAI PUTAIN DE JOUEUR OU PUTAIN DE VRAI CROQUEUR, QUI EST VRAIMENT MONTA ELLIS ? PAR THÉOPHILE HAUMESSER

A

PHOTOS CHRIS ÉLISE

vec Monta Ellis il n’y a pas de juste milieu, tout se joue toujours dans les extrêmes. Soit il tape des cartons énormes, soit il se troue dans les grandes largeurs. Soit il joue son rôle de capitaine à merveille, soit il débine ses partenaires dans la presse. Soit on l’adore, soit on le déteste, etc. Bref, le jeune arrière des Warriors est aujourd’hui l’une des plus grosses énigmes de la ligue. Un joueur aussi indéchiffrable qu’un scénario de David Lynch ou que les lyrics de Keith Murray, avec autant de talent brut dans les mains que de casseroles au cul.

THE MOST BEAUTIFULLEST THING Cette saison devrait pourtant être celle de l’absolution pour Ellis, celle où il rachète sur le terrain tous les malentendus et les errements du passé. A 24 ans, il signe actuellement la toute meilleure saison de sa vie. 26,2 points à 46,2%, 4,2 rebonds, 5,4 passes et 2,2 interceptions, des chiffres qui parlent fort et qui laissent pantois quand on pense à la marge de progression qu’il lui reste sans doute. Depuis le départ de Stephen Jackson, il a enfilé les shoes du franchise player et aligne les grosses performances. « Monta a profité de cette opportunité pour se faire une place parmi l’élite des scoreurs NBA, ce qui n’est pas aussi simple que ça le paraît », note Scott Ostler du San Francisco Chronicle. « Il a progressé au niveau des passes et de la défense, et s’est même mué en redoutable pickpocket. » Au passage, il a laissé des ardoises un peu partout avec plusieurs pics à plus de 40 points. Il a tellement marqué les esprits qu’on parlait même de lui pour le All-Star Game alors que son équipe n’est qu’à une victoire du pire bilan de tout l’Ouest. Impressionnant… ou inquiétant ?

L’EFFET DOUBLE LAME Car attention à ne pas se couper en manipulant les performances de Monta Ellis n’importe comment. D’un côté elles tranchent en sa faveur, mais de l’autre elles découpent un profil de bouffeur de ballons peu flatteur. « Son équipe n’a gagné que 12 matches cette année et, en plus, elle joue bien mieux quand il n’est pas sur le terrain, c’est une constatation qui fait très mal. Ellis a une très grosse moyenne de points, mais quand on prend en compte le nombre élevé de possessions des matches des Warriors et son gros temps de jeu, c’est bien moins impressionnant », expliquait d’ailleurs John Hollinger d’ESPN, avant de noircir encore plus le tableau. « C’est l’un des attaquants les moins efficaces de toute la ligue et il crée très peu pour les autres alors qu’il a quand même

MONTA ELLIS

Warriors 24 ans Arrière - 1,91 m - 81 kg Drafté au 2e tour (10e pick) en 2005. Stats 2009-2010 : 26,2 points à 46,2%, 4,2 rebonds, 5,4 passes et 2,2 interceptions. Monta marque 6 points et donne 2 passes de plus en moyenne cette année par rapport à la saison dernière.


PORTRAIT MONTA ELLIS

Cette année, Monta est le 6ème meilleur scoreur de la ligue mais seul Kobe Bryant prend plus de shoots que lui (22,4 en moyenne par match contre 22,3).

des scoreurs patentés à côté de lui. Je ne cherche pas à le descendre - c’est un joueur talentueux qui joue plutôt bien en ce moment et qui devrait encore progresser -, mais parler de lui comme d’un All-Star, c’est vraiment n’importe quoi. » Ça, c’est fait…

PHILLY A « LA RÉPONSE », LES WARRIORS ONT « L’ÉNIGME »

Là où Hollinger est quand même un peu dur, c’est qu’il oublie de préciser que les Warriors ont eu tellement de joueurs blessés cette saison qu’ils ont même dû aller chercher des mecs de D-League (Anthony Tolliver, on te voit) pour les mettre dans le cinq majeur. Mais il touche quand même très juste en mettant le doigt sur le cœur de l’énigme ellissienne. A-t-on affaire à une version 2010 d’Allen Iverson, un scoreur intraitable capable de hisser son équipe vers le haut en s’arrachant comme un dingue et en allumant les défenses adverses, ou à la réincarnation en miniature d’Antoine Walker ? La marge entre les deux est quand même abyssale ! Même les Warriors ne sont pas sûrs d’avoir une réponse ferme à cette question, mais ils continuent de prier Saint Stern d’avoir misé leurs 67 millions de dollars sur le bon cheval. Quand on voit

ce dont il est capable quand il attaque le cercle et qu’il défend dur, on peut les comprendre. Ce qui fait mal par contre, c’est que même quand il sort des matches quasi parfaits, comme début février contre les Mavs (46 pts à 17/23, 4 rbds et 2 pds), ça ne leur suffit pas systématiquement pour gagner… On peut même se demander si Ellis n’est pas en train de prendre de très mauvaises habitudes. Cette année, il est le 6ème meilleur scoreur de la ligue mais seul Kobe Bryant prend plus de shoots que lui (22,4 en moyenne par match contre 22,3). Ce qui pousse même Ray Ratto, un autre columnist du SF Chronicle, à se demander si Don Nelson parviendra à lui faire endosser un rôle de créateur une fois que l’effectif sera à nouveau au complet et s’il laissera suffisamment d’espace à Stephen Curry pour qu’il puisse s’épanouir. Pour l’instant, la carrière de Monta Ellis ressemble un peu à celle de Nicolas Cage : quelques passages bluffants qui laissent présager un énorme potentiel (Sailor et Lula, Leaving Las Vegas, A tombeau ouvert), mais également des loupés terribles (Family Man, Les Ailes de l’enfer…) qui font crier à l’arnaque. C’est solide, mais quand on pense avoir déniché un autre Sean Penn, ça laisse sur sa faim…

« C’EST L’UN DES ATTAQUANTS LES MOINS EFFICACES DE TOUTE LA LIGUE ET IL CRÉE TRÈS PEU POUR LES AUTRES. » John Hollinger ESPN


GOOD OL’ DAYZ SACRAMENTO KINGS 2002

« Dans toutes les autres équipes dans lesquelles j’ai joué, je n’ai jamais connu une entente pareille entre les joueurs. » Scot Pollard


GOOD OL’ DAYZ SACRAMENTO KINGS 2002

SACRAMENTO KINGS 2002

WHEN WE WERE (ALMOST) KINGS

En gagnant un titre, les Kings auraient pu révolutionner la NBA, au lieu de ça ils incarnent l’un des destins les plus tragiques des années 2000. Par Julien Debove Graphisme Mochokla

S

i les Kings étaient un roi de France, ils seraient Henri IV. Partis de rien (sinon de Pau, une ville de basket), charismatiques, rassembleurs et tombés dans des circonstances dramatiques sur fond de rumeur de complot. La franchise de Californie a remis l’attaque au goût du jour et demeure aujourd’hui l’une des meilleures équipes de basket à n’avoir jamais remporté un titre NBA. Pour nous aider à remonter le temps, on a retrouvé Scot Pollard, l’homme aux mille coupes de cheveux, troisième intérieur des Kings de la belle époque.

Les Rois Heenok Vous avez vu le Truman Show avec Jim Carrey ? Les Kings eux aussi ont grandi devant nos yeux. La révolution a été télévisée. Au printemps 1997, les Kings, alors risée de la Ligue, draftent un certain Tariq Abdul-Wahad et se retrouvent du jour au lendemain à l’antenne de Canal un samedi sur deux. La France découvre les Kings et ses fameuses séries de défaite. Sacramento est alors une équipe minable qui n’a pas remporté la moindre série de playoffs depuis son installation en Californie 12 ans plus tôt. Les Kings sont aussi rois maudits. Pendant l’été 89, leur ailier rookie Ricky Berry se tire une balle dans la tête après une dispute avec sa femme. Quatre ans plus tard, Bobby Hurley, annoncé comme le nouveau Stockton, se retrouve entre la vie et la mort après un accident de bagnole.

La seule fois où la franchise tire le gros lot, elle se jette sur la superstar universitaire Pervis Ellison, bientôt surnommé « Out-of-service Pervis » après un début de carrière à l’infirmerie façon Greg Oden. Le comble du ridicule ? La blessure la plus célèbre de Lionel Simmons : deux matches manqués pour une douleur au poignet due à un abus de Game Boy, la fameuse Nintendonitis. Mais la roue tourne. En plus de Wahad, la France se prend d’affection pour une équipe qui compte dans ses rangs l’ancienne star de Pro A Lawrence Funderburke et la voit s’améliorer chaque mois. Deux ans plus tard, Tariq est envoyé à Orlando et pourtant George Eddy continue de commenter les matches des Kings. Les dirigeants californiens ont profité du lock-out pour effectuer un relooking façon Julia Roberts dans Pretty Woman.

Scouting Star Geoff Petrie aurait pu faire carrière aux Kings : une grave blessure au genou oblige l’ancien shooteur de Princeton et de Portland à prendre sa retraite à 28 ans. Il devient en 94 le nouveau Président des opérations basket de Sacramento. Sa recette magique pour changer les rois de la lose en Kings ? Un sixième sens à la draft. Le spécialiste du mois de juin choisit le spécialiste du joint en 98 (Jason Williams). Gerald Wallace avec le 25e choix. Tyreke Evans et Kevin Martin avec le 26e pick, c’est lui aussi. Son autre inspiration ? Il est le premier à faire entièrement confiance aux Européens. Il drafte tour à tour

Bodiroga (95), Stojakovic (96), TAW (97) et Turkoglu (2000). Le premier ne lâche finalement jamais ses latigos sur les parquets NBA, faisant naître du même coup l’énigme du destin des Kings avec le meilleur joueur Euroleague de tous les temps. Un autre Européen change la donne en janvier 1999. Vlade Divac devient le premier free-agent de qualité à dire oui à Sacramento. Depuis quelques mois, Geoff Petrie a en effet enchaîné les coups de maître. Chris Webber contre les trentenaires Richmond et Otis Thorpe. Minuscule contrat de 3 ans pour Peja. White Chocolate à la draft. L’expérimenté coach (et ancien camarade de backcourt de Petrie aux Blazers) Rick Adelman aux commandes. L’équipe devient instantanément la meilleure attaque de la Ligue et Petrie continue son perfect par petites touches successives : Scot Pollard gratos en février 99, un trade pour la sangsue Doug Christie et la signature du combo guard Bobby Jackson en 2000, puis le holdup Jason Williams contre Mike Bibby l’année suivante. Sur le papier, des noms qui claquent mais le grand mérite de Petrie est d’avoir trouvé les joueurs justes pour le style de jeu qu’il avait en tête.

Prince Town 2001 l’odyssée de l’espace, la NBA sort d’une pâle finale Sixers-Lakers, apologie des schémas défensifs et du un-contre-un à outrance. Les Kings sortent les baïonnettes et font la révolution. Ils étouffent l’adversaire en jouant


[ANTIMAG]


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