Série Patrimoine – Patrimoine bâti er énergie: Cahier 1

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Série Patrimoine — Cahier 1

PATRIMOINE BÂTI ET ÉNERGIE Approche globale

SCHWEIZER HEIMATSCHUTZ PATRIMOINE SUISSE HEIMATSCHUTZ SVIZZERA PROTECZIUN DA LA PATRIA


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TABLE DES MATIÈRES

ÉDITORIAL

5

Vous avez dit durable ?

Vers des manières plus durables de construire et d’habiter • De l’utilisation des ressources locales à une économie de la construction globalisée • Pour une approche globale du bâti • Pour l’élaboration de concepts durables • Réduire la consommation de ressources

9

▲ T Ü R A L I H U S , VA L E N D A S (G R)

L’aménagement du territoire comme facteur-clé du tournant énergétique • Une mobilité démultipliée • L’aménagement du territoire à un tournant • Identifier et développer les qualités existantes

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Types de bâtiments et consommation d’énergie • Maisons individuelles isolées • Maisons jumelées ou en rangée • Immeubles collectifs en ordre non contigu • Immeubles collectifs en ordre contigu

16 ▼ S T Ü S S I H O F S TAT T, U N T E R S C H Ä C H E N ( U R)

Chaque bâtiment est unique • Patrimoine bâti et intérêt public • Maintenir durablement la valeur des bâtiments • Moins, c’est plus – et vice versa

Machen Sie Ferien im Baudenkmal Stiftung Ferien im Baudenkmal Fondation Vacances au cœur du Patrimoine Fondazione Vacanze in edifici storici

19 Planifier avec soin l’amélioration énergétique des bâtiments • Comparer les options et identifier les potentiels • Conserver ou remplacer ? • Investir au bon endroit • Rénover en une fois ou par étapes ?

Passez des vacances au cœur du Patrimoine Die Stiftung des Schweizer Heimatschutzes La Fondation de Patrimoine suisse

23 Les limites des labels • Minergie : un modèle à succès • Le bâtiment sans contexte • Le CECB : l’étiquette énergétique pour les bâtiments • De nouveaux labels à l’horizon

La catastrophe nucléaire de Fukushima a inauguré, à large échelle, une nouvelle ère dans la manière de concevoir la politique énergétique. En Suisse, l’exigence d’une plus grande efficacité énergétique et d’un développement accru des énergies renouvelables rencontre une forte adhésion. Il est réjouissant que la question de savoir comment mieux gérer les ressources dont nous disposons fasse l’objet d’un vaste débat de société. La discussion portant sur ce qu’est un développement vraiment durable, n’est pas uni- ou bidimensionnelle. Elle nécessite d’appréhender les ressources vitales de manière globale, afin de prendre, à long terme, des décisions socialement responsables en vue de les gérer plus efficacement. Ces ressources sont à la fois limitées et d’une grande diversité. De même que nous avons besoin d’une nature et d’un environnement sains pour respirer, boire et manger, de même notre société n’est-elle pas concevable sans les acquis culturels et sociaux sur lesquels elle repose. De ce point de vue, les monuments historiques et les paysages culturels représentent des valeurs que tout débat sérieux sur la durabilité se doit de prendre en considération. L’amélioration des performances énergétiques du parc immobilier existant recèle sans doute un potentiel d’économies considérable. Toutefois, les lourds investissements consentis dans le secteur de la construction, qui impliquent eux-mêmes souvent une importante consommation d’énergie, doivent s’inscrire dans une perspective à long terme. Or, on voit aujourd’hui régner un opportunisme et une agitation que les programmes de subventionnement de la Confédération et des cantons – programmes qui se chiffrent en milliards – ne font que renforcer. La politique d’encouragement actuelle escamote la question du patrimoine bâti et réduit souvent les enjeux y relatifs aux périmètres d’isolation et au remplacement des fenêtres. Les programmes d’encouragement de la Confédération et des cantons font comme si tous les bâtiments du pays présentaient les mêmes qualités et conditions d’intervention. Il en résulte des incitations inopportunes, qui n’entraînent pas seulement le gaspillage de sommes considérables, mais entravent aussi une réflexion sérieuse sur l’avenir du patrimoine bâti du pays. Les questions liées à l’aménagement du territoire, à la mobilité, au tissu social ou à la sauvegarde des valeurs culturelles, restent dans une large mesure sans réponses. Les autorités politiques et administratives se doivent de faire bon usage des deniers publics. Cela implique notamment de veiller à ce que les méthodes employées s’inscrivent dans une approche globale. Des questions concrètes se posent : Quels effets les rénovations de luxe effectuées dans les villes ont-elles sur la densité d’occupation des bâtiments et, partant, sur la consommation d’énergie par habitant ? Dans quelle mesure une maison individuelle Minergie construite en rase compagne contribue-telle au tournant énergétique ? Prête-t-on assez d’attention à l’énergie grise, c’est-àdire à la valeur du bâti existant ? Les pages qui suivent doivent être comprises comme une contribution au débat, et non comme une prise de position définitive. La présente publication paraît en même temps que le deuxième cahier de la collection, qui décrit divers exemples de requalifications énergétiques heureuses. Les discussions relatives à la vraie durabilité ne font que commencer. Patrimoine suisse Sabrina Németh et Patrick Schoeck-Ritschard


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Patrimoine bâti et énergie — Approche globale  5

Vers des manières plus durables de construire et d’habiter Chaque année, plusieurs centaines de millions de francs de subventions sont octroyées à l’assainissement énergétique du parc immobilier helvétique. Le potentiel d’amélioration est considérable, personne ne le conteste. Si l’on entend toutefois vraiment promouvoir la durabilité, il s’agit de faire preuve de clairvoyance et de pousser la réflexion au-delà du périmètre d’isolation.

C

es dernières années, la Suisse a bénéficié d’un fort essor économique. Le niveau de vie a continué d’augmenter, et le pays a attiré d’importants flux migratoires. L’accroissement de la mobilité, de la consommation et de la surface habitable par personne sollicite toujours davantage les ressources disponibles. On en perçoit très clairement l’impact sur le paysage et l’environnement. Pendant des décennies a prévalu, en Suisse, la doctrine selon laquelle le progrès technique et la responsabilité individuelle suffiraient pour compenser les conséquences environnementales négatives de la croissance. En matière de consommation d’énergie, ces promesses ne se sont manifestement pas réalisées – sans parler du mitage du territoire. La consommation a augmenté bien plus vite que les économies d’énergie enregistrées. Depuis la mise en service de la première centrale nucléaire, la quantité d’énergie finale consommée, loin de baisser, est passée de 162 à 253 milliards de kilowattheures par année. Et, aujourd’hui encore, la surface construite augmente d’un mètre carré par seconde. Un premier pas a été franchi avec la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, destinée à freiner l’étalement urbain. Quant à la Stratégie énergétique 2050, qui vise à garantir une utilisation plus efficace de l’énergie, elle est également sur les rails.

DÉVELOPPEMENT DURABLE De manière générale, la notion de développement durable (sustainable development) désigne un développement qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire les leurs. Est à cet égard visé un équilibre entre les objectifs sociaux, écologiques et économiques, qui forment ensemble un système global. Dans le domaine de la construction, les principes du développement durable requièrent une approche globale des bâtiments, où ne soit pas seulement considérée leur efficacité énergétique, mais aussi leur flexibilité d’utilisation, leurs qualités architecturales et fonctionnelles, leur valeur culturelle et l’attractivité du site. Tous ces facteurs contribuent dans une large mesure à accroître la valeur économique et sociale des biens immobiliers.

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Le chemin de la durabilité énergétique est cependant semé d’embûches, les groupes d’intérêts étant nombreux à réclamer subsides et dérogations. Les milieux politiques auront-ils le courage d’aborder la consommation de l’énergie et des ressources comme une problématique globale ? L’avenir le dira. En matière de mobilité et d’énergie grise, en tout cas, le débat reste pour l’instant embryonnaire. De l’utilisation des ressources locales à une économie de la construction globalisée Avant l’invention du chemin de fer et de l’automobile, on utilisait dans la construction les ressources et matériaux disponibles sur place, comme le bois et la pierre. Les éléments qui fonctionnaient encore étaient remployés dans les nouveaux ouvrages. La localisation des bâtiments était conditionnée par les distances à pied entre domicile et lieu de travail ; les longs trajets n’étaient rationnels ni pour le paysan, ni pour l’ouvrier. Au siècle dernier, la mobilité bon marché a transformé la construction en un secteur économique globalisé. Les bâtiments sont des structures dont les éléments proviennent des quatre coins du monde : les dalles de pierre et les panneaux solaires de Chine, les salles de bains d’Italie et les portes, composées de bois finlandais, d’Allemagne. De fait, les coûts de production et de transport sont toujours plus souvent supportés à l’étranger, sans entrer dans le bilan énergétique de la Suisse. Par ailleurs, le faible prix de l’essence et les énormes sommes investies dans les infrastructures de transport ont rendu plus lâche le lien qui unissait traditionnellement les lieux de domicile et de travail. Les distances parcourues ne cessent d’augmenter. Alors qu’en Suisse, seule une personne sur dix se rend encore à pied au travail, le nombre de voitures a augmenté de deux tiers depuis 1980. Pour une approche globale du bâti En Suisse, près de la moitié des constructions – bâtiments, ponts, routes, centrales de production d’énergie, égouts, etc. – date des 50 dernières années. Ces infrastructures sont le reflet d’une société qui s’imaginait pouvoir, grâce au pétrole et au nucléaire, bénéficier sans fin d’une énergie bon marché. La valeur totale du bâti existant se monte, dans notre pays, à quelque 2500 milliards de francs, comme cela a été récemment

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AUGMENTATION DES BESOINS EN SURFACE HABITABLE

55 m

2030 (estimation)

2

48 m

2012 (estimation)

44 m

2000

2

39 m

1990 1980

2

34 m

2

2

CONSOMMATION D’ÉNERGIE SELON L’USAGE QU’EN FONT LES MÉNAGES Source : Office fédéral de l’énergie

Eau chaude 12.5% Cuisinière, lave-vaissellle 3.7% Autres appareils électriques 3% Réfrigération, congélation 2.6% Eclairage 1.9% Divertissement, information et communication 1.9% Lessive, séchage 2% Chauffage des locaux 70.6%

Climatisation, ventilation et autres installations techniques 1.8%

calculé dans le cadre d’un projet du Fonds national. Si la Suisse entend négocier avec succès le tournant énergétique, il faut qu’elle parvienne à maîtriser le devenir de ces ouvrages, dont le seul entretien – sans aucune mesure d’amélioration – coûte chaque année 30 milliards de francs. Nombre d’entre eux sont des biens culturels de valeur ; d’autres procèdent en revanche de considérations à court terme ou d’intérêts purement financiers. Dans la perspective d’une transition énergétique, il conviendrait de réfléchir sérieusement à l’utilisation future du bâti existant – surtout lorsque l’Etat met en place des incitations sous la forme de subventions et autres réductions d’impôts, ou que les pouvoirs publics sont eux-mêmes maîtres d’ouvrage. Or, en Suisse, nous n’en sommes pas encore là : des subsides sont octroyés à tous les maîtres d’ouvrage qui respectent les normes énergétiques applicables, et tous les investissements dans le parc immobilier sont exemptés d’impôts. Paradoxalement, cette politique de l’arrosoir pérennise, à grand renfort de fonds publics, les erreurs urbanistiques et architecturales du passé, et les coûts subséquents sont passés sous silence. Pourtant,

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des réalités urbaines comme les quartiers de maisons individuelles confrontent notre société à de grands défis – tant du point de vue de la rénovation des infrastructures que du maintien du service public. Le fait de traiter l’ensemble du parc immobilier de manière uniforme et de réduire les mesures à la rénovation de l’enveloppe des bâtiments accroît aussi la pression sur les monuments historiques et les centres anciens, pourtant constitutifs de notre identité et du caractère de notre cadre de vie. L’approche unilatérale qui prévaut aujourd’hui ne tient pas compte du fait que la plupart de ces bâtiments ont été construits avec des matériaux écologiques et qu’ils sont porteurs d’une histoire parfois pluriséculaire. De ce point de vue, les édifices historiques représentent l’un des fondements uniques et non renouvelables de notre histoire et de notre culture. Leur perte et leur altération sont irréversibles. Pour l’élaboration de concepts durables On ne pourra assurer une évolution vraiment durable du bâti existant qu’en pensant et agissant de manière globale. Un système d’incitations qui favorise la consommation de matériaux n’apporte pas de réponse valable aux grands enjeux de la durabilité. Pour être conséquentes, les politiques d’orientation et de subventionnement devraient intervenir là où des valeurs durables peuvent être créées, préservées ou augmentées. Or, passer de la simple application de normes à une analyse globale requiert plus d’attention, de réflexion et de suivi. Cela implique notamment de tenir compte, à long terme, de toutes les conséquences sociales, écologiques et économiques des arbitrages effectués et des décisions prises. Les services cantonaux et communaux des monuments historiques démontrent que les pouvoirs publics sont capables de relever le défi. Leur démarche se révèle en effet exemplaire : parmi l’ensemble du bâti existant, les inventaires permettent d’identifier les structures et ouvrages qui présentent une valeur particulière et méritent ainsi d’être subventionnés. Dans le cadre des projets concrets, des professionnels qualifiés conseillent les maîtres d’ouvrage, élaborent avec eux des stratégies adaptées et veillent à ce que l’intérêt public soit respecté dans les études. Cela permet de garantir que les subsides – mais aussi les capitaux privés – soient utilisés de manière judicieuse, efficace et ciblée. Une généralisation de ce modèle éprouvé contribuerait à assurer un avenir durable au bâti à la fois précieux et onéreux du pays. Réduire la consommation de ressources En Suisse, près de 40 % de l’énergie consommée l’est dans les bâtiments. Cette consommation n’est toutefois pas le fait des bâtiments eux-mêmes, mais des personnes qui les occupent. Les modalités d’utilisation des bâtiments et les exigences de confort y relatives ont plus changé durant les 50 dernières années qu’elles ne l’avaient fait, jusque-là, dans toute l’histoire de l’Humanité. Dans les années 1950, moins d’un ménage sur deux disposait d’un chauffage central ; réfrigérateur, lave-linge, téléviseur et aspirateur étaient des produits de luxe. Les appareils et les isolants thermiques sont certes devenus toujours plus performants, mais leur nombre et leurs dimensions n’ont cessé d’augmenter. Par ailleurs, la surface habitable par personne s’est accrue d’un quart entre 1980 et 2010. Un nombre toujours plus faible de personnes se partage donc des logements toujours plus grands, avec toujours plus d’appareils ménagers.

Si toute l’Humanité devait bénéficier, à long terme, de notre niveau de vie actuel, il faudrait 2.8 planètes Terre. Il est illusoire de penser que la Suisse pourra ramener au pas de charge sa consommation à un niveau viable. Il faut que la société prenne conscience de la problématique du gaspillage. A cet égard, chaque geste compte – comme éviter de se déplacer inutilement en voiture pour les achats, de jeter de la nourriture ou de laisser les fenêtres ouvertes en imposte.

EMPREINTE ÉCOLOGIQUE – INDICATEUR DE DURABILITÉ L’empreinte écologique montre ce qu’un niveau de vie déterminé implique en termes de consommation de ressources. Son calcul se base sur la productivité du système que constitue la planète Terre. Cela inclut les surfaces nécessaires à la production de denrées alimentaires, de vêtements ou d’énergie, mais aussi à l’élimination ou au recyclage des déchets et à la fixation du dioxyde de carbone généré par les activités humaines. Une empreinte de 1 signifie que le niveau de vie considéré correspond exactement aux ressources disponibles. Toute valeur supérieure à 1 n’est en revanche pas durable. Informations complémentaires et calculateur d’empreinte sous : www.wwf.ch/fr/agir/vivre_mieux

ÉNERGIE PRIMAIRE ET ÉNERGIE FINALE On appelle énergie primaire l’énergie disponible dans la nature avant toute transformation, que ce soit par exemple sous forme de combustibles (charbon, gaz naturel, etc.), d’énergie solaire, d’énergie éolienne ou de combustibles nucléaires. L’énergie primaire peut être transformée en une autre forme d’énergie dite secondaire. Ce processus implique cependant certaines déperditions, de même que le transport de l’énergie primaire ou secondaire jusqu’aux consommateurs. On appelle énergie finale la part d’énergie primaire qui reste après déduction des pertes liées à sa transformation et à son transport jusqu’aux bâtiments où elle sera consommée.

RÉFÉRENCE Hanspeter Guggenbühl, Energiewende und wie sie gelingen kann, Rüegger Verlag, Zurich/Coire 2013

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L’aménagement du territoire comme facteur-clé du tournant énergétique La contribution du secteur de la construction au tournant énergétique dépasse de loin l’assainissement du parc immobilier. Ainsi une densification de qualité au bon endroit et une requalification des structures urbaines existantes permettent-elles par exemple de réduire les émissions de CO2 et les coûts liés à la mobilité.

Une mobilité démultipliée En Suisse, la mobilité est responsable de 30 % de la consommation d’énergie totale, 80 % de cette part étant imputables au trafic routier. Les prescriptions destinées à améliorer l’efficacité énergétique des voitures sont bien sûr opportunes. Mais le chemin de la durabilité est jalonné de bien d’autres défis encore. Une localisation judicieuse des fonctions quotidiennes – habitat, travail, activités commerciales, etc. – permettrait de réduire sensiblement, sans perte de confort, la consommation d’essence et les émissions de CO2, mais aussi les investissements lourds dans les réseaux de transport. Cette mutation structurelle occupera encore la Suisse pendant des décennies, car les quartiers de maisons individuelles, centres commerciaux et autres pôles industriels périphériques sont déjà construits. Il s’agit néanmoins d’infléchir dès aujourd’hui la tendance, en vue d’en récolter les fruits plus tard.

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L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE COMME FACTEUR-CLÉ DU TOURNANT ÉNERGÉTIQUE

Ménages 30.2%

Industrie 21.7%

Services 17.3%

Source : Office fédéral de l’énergie

Transports 30.8%

PART DES DIFFÉRENTS SECTEURS À LA CONSOMMATION D’ÉNERGIES FOSSILES Services 10.4%

Industrie 12.1%

Source : Office fédéral de l’énergie

E

n Suisse, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les territoires urbanisés se caractérisaient par de courtes distances entre lieux de domicile et de travail. Les biens et services qu’offraient les centres des villes et villages étaient souvent accessibles à pied. Au cours des Trente Glorieuses, les progrès technologiques et la mobilité bon marché ont entraîné la disparition de ces structures. Comme l’automobile permettait de parcourir sans peine de longues distances, les agglomérations se sont toujours davantage étendues dans le paysage. La route de campagne a remplacé le chemin pédestre. Pour ne pas manquer le coche, la plupart des communes ont délimité de nombreuses zones à bâtir – souvent trop vastes et au mauvais endroit, comme on s’en est aperçu plus tard. Mais le mal était fait. Au cours des dernières années, les citoyens suisses se sont à plusieurs reprises prononcés en faveur de mesures de lutte contre l’étalement urbain et le mitage du paysage. Confédération, cantons et communes sont désormais appelés à saisir comme une chance le changement de paradigme intervenu dans le domaine de l’aménagement du territoire. En effet, un développement urbain durable constitue la clé d’un tournant énergétique réussi. Cela ne signifie pas qu’il faille densifier à tout prix, mais que l’aménagement du milieu bâti et la gestion des infrastructures devront être appréhendés de manière plus responsable.

Transports 53.6%

Ménages 23.9%

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L’aménagement du territoire à un tournant Pour réduire la mobilité et l’étalement urbain, il s’agit de développer, en matière d’aménagement du territoire, une approche globale et coordonnée, qui ne s’arrête plus aux frontières communales et cantonales. Il est requis d’identifier les potentiels des différentes régions et de les mettre en lien. Il convient de reconnaître et renforcer les atouts des communes et des agglomérations urbaines. Dans les conurbations, une planification intercommunale permettrait d’activer l’énorme potentiel que recèlent les secteurs en friche et de faire de ceux-ci des lieux de vie de qualité. Si les plans directeurs cantonaux définissent dans les grandes lignes le développement futur de l’urbanisation, et si la Confédération encourage, à travers les projets d’agglomérations, une meilleure mise en relation des planifications cantonales et communales, le développement concret du milieu bâti relève encore de la compétence des communes. Pour ces dernières, l’impératif d’une utilisation plus économe du sol comporte à la fois des chances et des risques. Il importe donc que l’évolution future des territoires urbanisés fasse l’objet de visions et de stratégies claires. Avant d’accorder partout des possibilités de bâtir supplémentaires, il conviendrait de répondre à quelques questions fondamentales: Quels sont les secteurs offrant une grande qualité de vie ? Par quoi ces quartiers se distinguent-ils ? Quels sont les éléments dont la sauvegarde apporte une véritable plus-value ? Quelle est la densité souhaitable ? Dans quels autres secteurs faut-il intervenir de façon plus lourde pour accroître la qualité de vie ? Un aménagement local moderne ne se contente plus de hachurer des zones et de prescrire des hauteurs de bâtiments maximales ou des distances aux limites minimales. Densifier et transformer l’existant exige des outils précis. Il s’agit en fin de compte, d’enrichir et d’améliorer nos villes, villages et quartiers. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, les communes doivent déterminer quels sont les équipements et services publics et privés nécessaires. Une réflexion doit notamment être menée concernant les offres telles que commerces, places, lignes de bus et autres garderies, qui permettent de réduire le trafic inutile, d’animer les quartiers et d’accroître la qualité du cadre de vie. Identifier et développer les qualités existantes Une urbanisation de qualité au sein des zones à bâtir existantes requiert un renforcement des mécanismes de compensation et du dialogue entre propriétaires fonciers. Alors que le nombre des grandes friches industrielles ne cesse de diminuer, la pression se reporte sur des secteurs caractérisés par des rapports de propriété très fragmentés : les centres de localités et les quartiers de maisons individuelles. Il s’agit dès lors d’y identifier les intérêts publics et privés et d’y mettre en œuvre des concepts viables. Cela présuppose que les acteurs concernés soient conscients du fait que la densification du milieu bâti n’est pas qu’un problème juridique et quantitatif, mais aussi une question de responsabilité sociale. Les grandes communes et les développeurs innovants ont depuis longtemps saisi l’intérêt d’instruments comme les étudestest et les mandats d’étude parallèles. De même, les concours d’architecture font partie du b.a.-ba d’un développement urbain dynamique et de qualité. L’un des grands défis d’aujourd’hui consiste à élaborer des instruments de planification simples et peu onéreux pour les communes de taille plus modeste et au budget plus

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serré. Pour les opérations d’une certaine ampleur et complexité, il peut se révéler judicieux de faire appel, en appui à des services administratifs faiblement dotés, à des consultants externes dont l’expertise et le regard extérieur soient garants de qualité. L’une des conditions d’un développement urbain durable est la bonne connaissance du bâti existant. Ce n’est que sur cette base que les communes peuvent analyser les potentiels, opportunités et risques qui se présentent, et en tirer les conséquences. A cet égard, il est primordial qu’elles disposent de recensements régulièrement mis à jour, qui les aident à identifier et à sauvegarder les structures de qualité, ainsi que les bâtiments et espaces non bâtis importants. Une telle vue d’ensemble permet d’élaborer une stratégie de développement communale et de définir des objectifs de croissance et des principes de conservation pour des quartiers spécifiques. Plus les bases et analyses sont précises, meilleure sera la sécurité juridique. En clarifiant le plus tôt possible quels sont les potentiels de densification effectifs, on réduit le risque que des attentes infondées ne suscitent une spéculation et des projets excessifs. Eu égard au coût des instruments et procédures aptes à assurer la qualité des opérations urbaines, les autorités communales et les propriétaires privés restent réticents à en faire usage. Le fait que ces démarches soient, à long terme, génératrices de plusvalues considérables pour toutes les parties, doit encore s’ancrer dans les esprits. Souvent, pourtant, seule une planification à l’échelle de plusieurs parcelles permet de déceler des potentiels de densification cachés et d’identifier de façon claire les intérêts publics en jeu. Grâce à des échanges de terrains, à des compensations financières entre propriétaires et à l’accroissement des possibilités de bâtir, il est par exemple possible, sans coûts supplémentaires, d’assurer l’animation des rez-de-chaussée, de promouvoir la construction de logements abordables, de conserver les monuments historiques ou de créer des places publiques. Dans l’idéal, tant les privés que la collectivité en sortent gagnants avec, pour les propriétaires, des rendements garantis à long terme et, pour les habitants, un cadre de vie de qualité.

PRISES DE POSITION DE PATRIMOINE SUISSE : « L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE FACE À DE GRANDS DÉFIS » ET « POUR UNE DENSIFICATION DE QUALITÉ » Patrimoine suisse milite avec énergie en faveur d’une utilisation économe et attentive du sol. Loin de constituer un modèle viable, l’énorme consommation de sol des dernières décennies confrontera les générations futures à des problèmes insolubles. Ce n’est qu’en promouvant une architecture et un urbanisme de qualité que nous pourrons requalifier le milieu bâti existant. Dans ses prises de position « L’aménagement du territoire face à de grands défis » et « Pour une densification de qualité », Patrimoine suisse décrit ses attentes à l’égard de la législation en matière d’aménagement du territoire et montre comment la qualité architecturale et urbaine peut être assurée dans les processus de densification. Ces prises de position peuvent être téléchargées sous : www.patrimoinesuisse.ch

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Types de bâtiments et consommation d’énergie L’énergie que consomme un bâtiment dépend de la manière dont il est construit, de son affectation, de ses caractéristiques architecturales et de sa localisation. Les conditions qui s’offrent pour atteindre l’efficacité énergétique voulue varient selon le type de bâtiment auquel on a affaire. Le critère déterminant est le rapport entre volume chauffé et superficie de l’enveloppe.

Maisons jumelées ou en rangée Les maisons mitoyennes occupent en général des parcelles beaucoup moins grandes que les maisons individuelles isolées. En outre, la superficie de leurs façades est moindre, ce qui réduit les déperditions de chaleur et, partant, la consommation d’énergie. Les maisons mitoyennes étant par définition accolées à d’autres – parfois à l’échelle de tout un ensemble ou quartier – le potentiel de densification et la liberté d’aménagement dont disposent les propriétaires sont limités. Les tentatives d’exploiter le potentiel d’agrandissement et d’améliorer l’efficacité énergétique de ces maisons par le biais de directives et de stratégies élaborées en commun, sont encore beaucoup trop rares. L’édiction de règles relatives à l’aménagement des combles ou au traitement des façades renforce l’unité des ensembles de maisons jumelées ou en rangées et contribue ainsi au maintien de leur valeur. En

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BÂTIMENTS PAR CATÉGORIES EN 2011 Maisons individuelles 57.6%

Source : Office fédéral de l’énergie

Maisons individuelles isolées En Suisse, le type le plus répandu est aussi celui qui présente les moins bonnes caractéristiques en matière d’efficacité énergétique et de durabilité. Le modèle de la maison individuelle isolée comporte de nombreux inconvénients : forte consommation de sol, enveloppe surdimensionnée par rapport à la surface habitable et équipement souvent onéreux pour la collectivité – de l’alimentation en eau et en électricité jusqu’à la desserte en transports publics. Malgré une tendance à la production de masse, les maisons individuelles sont souvent réalisées, puis adaptées en fonction des goûts spécifiques des maîtres d’ouvrage. En cas de vente, il est rare que les nouveaux propriétaires soient prêts à assumer les coûts des agrandissements et transformations effectués, en réponse à des besoins et préférences personnels, par leurs prédécesseurs. De tels travaux doivent donc être amortis rapidement – tant en ce qui concerne le capital investi que les matériaux de construction mis en œuvre et l’énergie dépensée. Dans les secteurs où les prix du foncier sont en forte hausse, le terrain à disposition représente le véritable potentiel de développement de ces maisons. Si une rénovation s’impose, il vaut la peine – du point de vue économique autant qu’écologique – d’évaluer le potentiel de densification de la parcelle. Seule une comparaison entre plusieurs variantes permettra de déterminer s’il est plus durable de rénover, d’agrandir ou de démolir et reconstruire.

Immeubles d’habitation collectifs 25.7%

Bâtiments d’habitation avec autres fonctions accessoires 11.8%

Bâtiments partiellement affectés à l’habitation 4.9%

matière de chauffage et de production d’eau chaude, le recours à des systèmes collectifs permet de diminuer coûts de réalisation, frais d’entretien et dépenses énergétiques. Immeubles collectifs en ordre non contigu Il n’existe pas d’immeuble collectif type : entre une maison à deux appartements située dans une cité-jardin et une tour comprenant plusieurs dizaines de logements, les points communs sont peu nombreux. Tous les immeubles relevant de cette catégorie sont cependant caractérisés par le fait qu’ils sont utilisés par plusieurs ménages, qui en partagent les murs intérieurs et extérieurs, ainsi que les installations techniques centralisées. En moyenne, l’empreinte écologique d’un immeuble collectif par mètre carré de surface habitable est bien moindre que celle d’une maison individuelle isolée ou mitoyenne. Chaque logement « consomme » moins de terrain et présente un linéaire de façades moins important. Celui qui chauffe beaucoup chauffe en général aussi les logements voisins. De plus, des installations techniques judicieusement réglées et gérées permettent déjà d’économiser de l’énergie, par exemple là où du gaz est transformé en chaleur. De manière générale, les conditions d’une amélioration de l’efficacité énergétique sont, ici, bien plus favorables que pour les types précédemment décrits.

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Les immeubles collectifs appartiennent souvent à un seul propriétaire. Si celui-ci décide d’effectuer une rénovation, les locataires sont directement concernés. Dans un souci de durabilité, les conséquences sociales des travaux envisagés devraient être prises en considération. Dans les quartiers prisés, toutefois, les déficits en matière de sécurité sismique ou d’efficacité énergétique servent souvent de prétexte à des rénovations de luxe qui entraînent le renouvellement d’une grande partie des locataires. Les processus décisionnels se présentent différemment sous le régime de la propriété par étages. Dès que des travaux impliquent une modification de la structure et de l’enveloppe du bâtiment, l’unanimité des copropriétaires est requise. Or, comme ceux-ci n’ont souvent mis en réserve qu’assez peu de moyens pour rénover les parties communes, les travaux se limitent à ce qu’il est financièrement possible de faire dans l’immédiat, au détriment de réflexions à plus long terme. Immeubles collectifs en ordre contigu Bien que les immeubles qui composent nos vieilles villes datent souvent de plusieurs siècles, ils peuvent être considérés comme des exemples en matière d’efficacité énergétique. L’ordre contigu constitue à cet égard l’avantage décisif. Les tissus urbains historiques présentent souvent une grande valeur patrimoniale et marquent l’identité de localités et de régions entières. Dans de tels contextes, modifier l’extérieur ou l’intérieur des bâtiments n’est possible qu’à certaines conditions, et requiert en tout cas le plus grand soin. Du fait de la compacité du tissu urbain, isoler la toi- ture ou le plancher des combles et le plafond de la cave représentent souvent des mesures d’optimisation suffisantes. Les vieilles villes, les centres de villages et les îlots comptent parmi les morphologies urbaines les plus denses et continuent d’assumer – malgré la concurrence des « hard discounters » et des centres commerciaux en rase campagne – d’importantes fonctions urbaines. Dans le meilleur des cas, les commerces, activités de loisirs et places de travail qu’ils abritent sont accessibles à pied. Ce faible taux de mobilité motorisée contribue à réduire la quantité d’énergie consommée par chacun.

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TYPES DE BÂTIMENTS ET CONSOMMATION D’ÉNERGIE Le rapport entre enveloppe extérieure et surface habitable se révèle déterminant pour l’efficacité énergétique d’un bâtiment. L’ordre contigu diminue les surfaces exposées au froid et permet de réduire d’autant les mesures d’isolation thermique nécessaires.

Maisons individuelles isolées

6:10

Maisons jumelées ou en rangée

4:10

Immeubles collectifs en ordre non contigu

4:10

Immeubles collectifs en ordre contigu

3:10

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Chaque bâtiment est unique La Suisse compte de nombreux ensembles d’habitation et monuments historiques dont la conservation et la transformation attentives relèvent de l’intérêt public. Ce patrimoine ne comprend pas seulement les bâtiments et centres de localités « protégés ».

Patrimoine bâti et intérêt public Les monuments historiques et les sites construits préservés font partie intégrante des stratégies de marketing urbain. Au niveau international, la Suisse assure sa promotion en vantant ses paysages culturels intacts, ses vieilles villes animées et ses villages pittoresques. Châteaux, églises et localités dignes d’être visités représentent des destinations appréciées et des générateurs d’emplois non négligeables. Par ailleurs, les vieux appartements sont devenus – surtout en milieu urbain – des objets de prestige. Sites construits, bâtiments isolés et jardins historiques ne sont pas seulement valorisables sur les plans touristique et économique, mais constituent avant tout des témoignages culturels visibles et tangibles du passé. A ce titre, ils façonnent notre identité, influent sur l’image que nous nous faisons de nousmêmes et contribuent à notre qualité de vie. En vertu de la Constitution fédérale suisse, la protection et l’entretien du patrimoine bâti représentent des intérêts publics importants. La Constitution attribue ces tâches aux cantons, qui en délèguent souvent à leur tour une partie aux communes. Cantons et communes précisent, dans leurs recensements, quels bâtiments et sites construits relèvent d’un intérêt public particulier, et lesquels doivent être conservés dans leur substance. A l’échelle du pays, les objets inventoriés ne représentent pas plus de 5 % du parc immobilier total. Dans certains cantons, ce chiffre avoisine les 1 %. Quoi qu’en disent les détracteurs de la conservation des monuments historiques et de la protection du patrimoine : la sauvegarde et l’entretien des bâtiments concernés ne compromettent en aucune façon, ni le tournant énergétique, ni la densification du milieu bâti. Nombre de ces ouvrages et sites historiques montrent au contraire à quel point l’on savait autrefois construire de manière durable, énergétiquement efficace et respectueuse du territoire. Cela ne signifie pas que les 95 à 99 % restants ne revêtent aucune importance historique et ne participent pas à l’aspect d’ensemble des sites construits. La contribution d’un bâtiment, d’un jardin ou d’un arbre à la qualité d’un quartier n’apparaît souvent que lorsqu’ils ont disparu ou ont été altérés. Des interventions apparemment insignifiantes peuvent avoir un impact considérable sur le caractère d’un ouvrage – qu’il s’agisse de la pose de nouvelles fenêtres, du remplacement d’une couverture en tuiles ou de la transformation d’un jardin potager en une pelouse avec place de jeux.

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L’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS), établi sur ordre du Conseil fédéral, résume bien ce qui fait la valeur d’un lieu : « L’ensemble du site est plus que la somme de ses parties. » Ce principe s’applique aussi aux bâtiments : ce ne sont pas seulement leurs différents éléments, mais l’ensemble qu’ils forment qui produisent une impression globale et influent ainsi sur la perception et la qualité architecturale du quartier. Maintenir durablement la valeur des bâtiments Les rénovations impliquent des investissements importants, et leur résultat subsiste durant de nombreuses années. Hélas, on oublie souvent que le respect des normes applicables en matière de sécurité sismique et d’efficacité énergétique ne fait pas encore un projet convaincant, et qu’une architecture et des aménagements de qualité sont primordiaux si l’on veut que l’ouvrage reste rentable et utilisable à long terme. La valeur d’un bâtiment n’est pas seulement déterminée par le prix du terrain et par la manière dont il est construit. On voit bien, surtout dans les vieilles maisons, l’importance que revêtent des plans adaptables et bien conçus. Quant au cachet et au caractère du bâtiment, à la qualité architecturale de ses espaces intérieurs et extérieurs et à la convivialité de ses abords, ils exercent aussi une influence positive sur le prix de vente que l’on peut en tirer. Quelle est, à long terme, la meilleure manière d’utiliser les moyens disponibles ? Il n’est possible de le déterminer qu’en mettant soigneusement en balance l’ensemble des facteurs pertinents. Chaque élément doit être considéré dans le cadre d’un concept global, sous les angles à la fois écologique, économique et social. Vautil mieux le remettre en état ou, au contraire, le remplacer ?

L’INVENTAIRE FÉDÉRAL ISOS Publié sous forme de livres, l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS) constitue un instrument unique au monde. Les sites y sont en effet évalués à l’aune de critères uniformes pour l’ensemble du territoire national. Cet inventaire n’empêche pas les localités concernées de se développer, mais encourage une planification durable. Il comporte 1272 sites (état au 1er août 2014). L’inscription d’un site dans l’ISOS signale que celui-ci mérite tout particulièrement d’être conservé intact. Le fait qu’un site soit reconnu d’importance nationale découle de ses qualités topographiques, spatiales et historico-architecturales. Les sites inventoriés sont évalués dans leur globalité, en tenant compte des relations que les bâtiments entretiennent entre eux et avec l’environnement proche et lointain, ainsi que de la qualité des espaces compris entre les constructions. Chaque périmètre se voit attribuer un objectif de sauvegarde auquel sont liées des propositions de conservation et d’aménagement. La mise en œuvre de ces objectifs vise à assurer que les spécificités constitutives de la valeur d’un site – et donc de son importance nationale – soient préservées, ainsi qu’à empêcher les atteintes irréversibles. Aussi l’ISOS doit-il être systématiquement pris en considération, comme base de décision, dans le cadre de la gestion des monuments historiques et des sites construits recensés, ainsi que des mesures d’aménagement du territoire prévues aux abords des périmètres concernés. Plus d’informations sous : www.bak.admin.ch/isos

Moins, c’est plus – et vice versa L’analyse de l’existant peut tout à fait conduire à des décisions radicales. Si l’on parvient par exemple à améliorer le fonctionnement et l’aspect d’une architecture de qualité moyenne – maison individuelle « standard », etc. –, il peut alors valoir la peine d’intervenir davantage sur la conception des plans et des façades. Si le bâtiment en question a par contre été érigé au « mauvais » endroit – c’est-à-dire dans un environnement bruyant, à l’ombre ou à un emplacement problématique du point de vue de l’aménagement du territoire –, il convient, si l’on veut être conséquent, d’envisager de renoncer à tout investissement supplémentaire. Peut-être appartiendra-t-il aux générations suivantes de déceler le potentiel de tels objets.

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Planifier avec soin l’amélioration énergétique des bâtiments Les travaux que l’on effectue ont des incidences à long terme sur la valeur et l’utilisation des bâtiments. En identifiant avec circonspection et clairvoyance les mesures adéquates, on évite d’investir à mauvais escient et l’on assure la durabilité des projets.

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’optimisation du parc immobilier contribue dans une large mesure au tournant énergétique, que ce soit en réduisant les déperditions thermiques des bâtiments, en réduisant le trafic grâce à une meilleure planification urbaine, ou en accroissant la production décentralisée d’électricité et d’eau chaude (panneaux solaires en toiture). L’édification et la rénovation des bâtiments requièrent cependant elles-mêmes d’énormes quantités d’énergie. On appelle « énergie grise » l’énergie consommée durant tout le processus de production et de construction. Bien qu’il s’agisse de l’un des principaux paramètres d’un bilan énergétique global, on y accorde encore beaucoup trop peu d’attention. Un calcul rigoureux et transparent de l’énergie requise pour la construction produit souvent des résultats surprenants. Ainsi apparaît-il qu’il ne vaut en général pas la peine, sur le plan énergétique, de démolir et reconstruire des bâtiments dont le potentiel de densification reste médiocre. En outre, opter pour une reconstruction plutôt que pour la conservation de l’existant entraîne souvent des conséquences sociales, notamment lorsque des logements abordables sont remplacés par de plus chers. Les études interdisciplinaires consacrées à l’ensemble de la co-opérative « Zum Blauen », à Bâle, montrent bien l’intérêt de telles analyses (voir cahier 2). Quels que soient les travaux effectués pour réduire la consommation d’énergie, il ne faut pas perdre de vue qu’ils en nécessitent aussi. De ce point de vue, la réalisation d’une toiture solaire ou la pose d’une meilleure isolation ne dispensent pas de faire un usage modéré de l’électricité ou du chauffage. Comparer les options et identifier les potentiels Un bâtiment représente plus que la somme des éléments dont il se constitue. C’est un système complexe de composantes imbriquées. Cela ne vaut pas seulement pour les aspects énergétiques et techniques, mais aussi pour les aspects proprement architecturaux. Une attitude respectueuse à l’égard de l’existant commande de planifier toute intervention avec le soin et la circonspection voulus. L’analyse de ces relations complexes et la recherche de solutions optimales requièrent des connaissances approfondies. Souvent, l’architecte joue l’intermédiaire entre spécialistes et maître d’ouvrage. Son rôle ne devrait toutefois pas se limiter à

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demander des offres et à coordonner les travaux. Il devrait être en mesure d’identifier et d’évaluer le potentiel et les risques des mesures envisageables. Les études nécessaires demandent du temps et de l’argent, mais se révèlent profitables à long terme. Conserver ou remplacer ? Tous les travaux ont des incidences plus ou moins fortes sur les caractéristiques énergétiques et physiques du bâtiment, sur son confort et sur son aspect intérieur et/ou extérieur. La valeur patrimoniale et énergétique des éléments de construction déterminera s’il est judicieux de les remplacer et, le cas échéant, de quelle manière. Il s’agit aussi de se demander quelles seront, à terme, les conséquences des interventions effectuées : accroîtront-elles la valeur d’usage du bâtiment ? Seront-elles réversibles et permettront-elles des adaptations ultérieures ? Les investissements nécessaires en valent-ils la peine, tant sur le plan financier qu’écologique ? S’il est en général assez facile d’enlever à nouveau l’isolation d’un plafond de cave ou d’un plancher de comble, d’autres travaux sont pratiquement irréversibles. Si l’on remplace de vieilles fenêtres ou que l’on élimine des peintures murales par ponçage pour appliquer un enduit, la perte sera défini- tive. Il en va de même lorsque la pose d’une isolation extérieure nécessite d’adapter les encadrements de fenêtres, les balcons ou l’entrée du bâtiment. La durée d’amortissement des investissements revêt une importance déterminante pour les mesures à prendre. Si les circonstances plaident en faveur d’une densification, que la substance bâtie présente des insuffisances ou que les plans appellent des améliorations, cela aura des répercussions sur la durée de vie résiduelle de certains éléments, voire de tout le bâtiment. Investir au bon endroit La plupart des bâtiments anciens ont déjà été rénovés et transformés plusieurs fois. L’entretien courant d’un immeuble d’une cinquantaine d’années a souvent demandé autant d’investissements que sa construction proprement dite. La durée de vie des divers éléments de construction – installations techniques, cuisines, revêtements, fenêtres ou maçonnerie – varie d’un cas à l’autre, et il n’est pas rare qu’un bâtiment rénové par étapes en présente de différentes époques.

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Du point de vue économique et écologique, chaque élément présente une certaine valeur. Un projet de rénovation conforme aux principes de la durabilité doit en analyser le potentiel et déterminer au cas par cas ce qu’il convient de laisser en l’état, de réparer ou de remplacer. Les réflexions doivent aussi tenir compte de facteurs non quantifiables comme la qualité artisanale de l’existant. Il est bien plus respectueux de rénover dans les règles de l’art des parquets ou des portes historiques que de les remplacer par des produits standardisés actuels – même si ceux-ci assurent une isolation thermique et phonique un peu meilleure. Dans certains cantons, les rénovations sont soumises à des prescriptions énergétiques très strictes. Le fait de se focaliser sur l’isolation thermique en imposant le respect de valeurs-cibles (valeurs Qh ou U*) entrave souvent l’élaboration de concepts de rénovation subtils, et ne tient aucun compte de l’énergie grise investie et dans le bâtiment existant, et dans les nouveaux éléments à mettre en œuvre. En fin de compte, il s’agit de veiller à ce que les mesures d’optimisation prises restent économiques. Concrètement, cela implique d’intervenir là où l’on peut réaliser un maximum d’économies avec un minimum de moyens. Pour les vieux bâtiments dont les façades et les aménagements intérieurs présentent un certain intérêt, il est judicieux d’envisager des mesures dites de compensation. Ces dernières peuvent par exemple consister à isoler au maximum la cave et les planchers et à optimiser les installations techniques, de sorte que les économies obtenues rendent superflue toute intervention sur les façades. Il importe également de prévoir un système de production de chaleur efficace, qui réduise autant que possible les émissions de CO2. Même s’il ne s’agit que d’une solution intermédiaire, l’installation d’une nouvelle chaudière à gaz ou à mazout abaisse déjà considérablement la consommation de ressources. Les systèmes de chauffage à combustibles non fossiles sont particulièrement porteurs. La question de savoir à quel système – chauffage autonome ou raccordement à un réseau de chauffage à distance –

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et à quel agent énergétique – soleil, bois, chaleur issue de l’environnement, déchets, boues d’épuration, etc. – recourir, dépend de l’objet concerné et de sa localisation. Un système de chauffage optimisé pourra avec profit être complété par un dispositif de régulation automatique de la température ambiante. Rénover en une fois ou par étapes ? La question de savoir si l’optimisation énergétique d’un bâtiment doit s’effectuer en une fois ou par étapes, dépend notamment des fonds disponibles. Les ménages n’ont souvent pas les moyens de financer d’un coup des travaux de grande ampleur. Par ailleurs, le système fiscal suisse permet de déduire les frais d’entretien des immeubles, ce qui incite à échelonner les travaux sur plusieurs années. Du fait de la progressivité de l’impôt, les économies réalisées peuvent facilement s’élever à plusieurs milliers de francs. D’un autre côté, les programmes d’encouragement et de subventionnement requièrent en général un investissement minimal. Quelle que soit l’option retenue, il est primordial d’établir une planification globale, qui permette de maîtriser le déroulement des opérations. De ce point de vue, une rénovation en une fois facilite sensiblement la coordination et nécessite un investissement moindre dans la préparation et le suivi des travaux. En cas de rénovation lourde, toutefois, il faut s’accommoder du fait que les locaux ne puissent pas, ou que difficilement, être utilisés pendant un certain temps. Un échelonnement des travaux implique moins de restrictions dans l’utilisation du bâtiment. Il permet en outre d’intégrer les expériences précédemment faites par les propriétaires, les concepteurs et les artisans, ce qui se révèle particulièrement bienvenu dans les vieux bâtiments susceptibles de réserver des surprises. Une réalisation trop fragmentée comporte toutefois le risque que le résultat relève du rapiéçage et que les artisans doivent être sollicités plusieurs fois pour des travaux similaires.

VALEUR Qh ET VALEUR U Les besoins en énergie de chauffage (Qh) correspondent à la quantité d’énergie nécessaire pour chauffer un bâtiment. L’indice de dépense d’énergie (IDE) indique quelle quantité d’énergie est nécessaire par mètre carré de surface de référence énergétique et par année. Il s’exprime en kWh/m2 par an. La surface de référence énergétique correspond à la somme des surfaces isolées et chauffées d’un bâtiment. Le coefficient de transmission thermique (valeur U) indique la quantité de chaleur qui traverse l’élément de construction considéré par mètre carré de surface et pour une différence de température d’un degré Kelvin entre intérieur et extérieur. Il s’exprime en W/m2K. Plus la valeur U d’un élément est faible, moins les déperditions thermiques correspondantes sont importantes. Le schéma ci-contre montre les déperditions thermiques moyennes pour une maison individuelle standard non rénovée. 100 % correspondent à la quantité d’énergie fournie.

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SERVICE DE CONSEIL DE LA VILLE DE ZURICH EN MATIÈRE DE RÉNOVATION Mi-2009, la Ville de Zurich a lancé un programme de conseil subventionné baptisé « Energie-Coaching », comme on en trouve de comparables dans d’autres villes. Les propriétaires d’immeubles d’habitation nécessitant rénovation bénéficient dans ce cadre de bases de décision solides, spécifiques à l’objet concerné. Une telle offre permet d’éviter les investissements inopportuns. Le programme « Energie-Coaching » présente un excellent rapport coût/utilité. Les subventions ne portent que sur le conseil, et non sur les travaux de rénovation entrepris. La plupart des propriétaires désireux de rénover leur immeuble ne disposent pas des connaissances nécessaires à l’élaboration de solutions durables. Le principal intérêt du service proposé réside dans la vision d’ensemble qu’il permet d’obtenir (par opposition aux foires et salons de la construction, où les offreurs ont en général pour objectif de vendre des systèmes spécifiques, sans lien avec d’autres aspects). Les moyens financiers limités des propriétaires et le régime de la propriété par étages restent cependant un obstacle majeur. Dans de tels cas, les conseillers doivent mettre en évidence que les mesures énergétiques servent aussi à maintenir la valeur des immeubles à long terme. Plus d’informations sous : www.stadt-zuerich.ch/energie-coaching

ÉNERGIE GRISE Déperditions via installations de chauffage 9%

Murs extérieurs 25%

Combles / toiture 17%

Electricité 8%

Eau chaude 9%

Radier / sous-sol 9%

Source : Canton d’Argovie, Département des travaux publics, des transports et de l’environnement

Fenêtres 13%

Défauts d’étanchéité / aération 10%

On appelle énergie grise la quantité d’énergie nécessaire pour la fabrication, le transport, le stockage, la vente et l’élimination d’un produit. Sont aussi pris en compte les produits intermédiaires et l’extraction des matières premières, ainsi que l’énergie consommée par tous les processus de production concernés. Dans le domaine de la construction, l’énergie grise est celle que requièrent la réalisation, l’entretien et la démolition d’un ouvrage. Elle se compose de l’énergie dépensée sur le chantier, ainsi que de celle nécessaire au transport de biens et de personnes, à la production des matériaux et à leur élimination au terme de leur cycle de vie.

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Les limites des labels Dans le bâtiment, il existe de nombreux labels et certificats qui n’évaluent que certains aspects de la durabilité. Cette réduction de la complexité permet les comparaisons, mais elle ne répond pas à la nécessité d’une approche globale. De nouveaux standards tentent d’y remédier.

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a certification de la durabilité des produits est en vogue. Pour conserver un label, les fabricants doivent remplir certains critères. Or, la multiplication desdits labels – et des critères correspondants – suscite un désarroi croissant parmi les consommateurs. Dans certains domaines, des guides apportent la transparence nécessaire. Ainsi celui qu’a élaboré le WWF pour les labels alimentaires n’évalue-t-il pas seulement les critères écologiques appliqués, mais aussi des aspects comme le bien-être des animaux, l’équité des salaires et la consommation de ressources. Minergie : un modèle à succès En Suisse, il y a des années que les standards Minergie se sont imposés. Les différents labels de l’association privée du même nom jouissent d’une large adhésion de la part des pouvoirs publics comme des investisseurs et des propriétaires privés. Autour de ces labels s’est développée toute une série de produits et de services. Des entreprises spécialisées bénéficient du statut de « partenaire spécialiste Minergie ». L’association se révèle très influente sur le plan politique, nombre de communes et de cantons exigeant que les rénovations et nouvelles constructions dont ils sont maîtres d’ouvrage répondent aux standards Minergie. Dans l’intervalle, les dispositions légales relatives à l’isolation thermique des bâtiments se sont beaucoup rapprochées des directives Minergie. Seule la ventilation contrôlée avec récupération de chaleur – obligatoire pour tous les labels Minergie – ne s’est pas encore imposée comme standard officiel. Le bâtiment sans contexte Du point de vue quantitatif, Minergie est sans conteste un modèle à succès : plus de 30 000 bâtiments – soit près de 30 millions de mètres carrés de surface de référence énergétique – ont aujourd’hui été certifiés. Une grande partie d’entre eux sont des maisons individuelles nouvellement construites. Minergie repose sur l’étanchéité de l’enveloppe des bâtiments, ainsi que sur des systèmes de ventilation sophistiqués. Comme le traitement architectural et le choix des matériaux ne font pratiquement l’objet d’aucune prescription, le label est apprécié aussi bien par les maîtres d’ouvrage que par les concepteurs. Les standards Minergie se révèlent toutefois assez difficiles à mettre en œuvre dans le cadre des transformations et des rénovations. La mise en place d’une ventilation contrôlée et d’une isolation thermique suffisante requièrent en général des interventions onéreuses et irréversibles sur la substance bâtie. Lors du processus de certification, le bâtiment est considéré comme un système clos. Cela permet certes de comparer l’efficacité énergétique des différents objets, mais ne tient pas compte du

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fait qu’un bâtiment est ancré dans un lieu et qu’il requiert des infrastructures et suscite des pratiques de mobilité qui varient en fonction du contexte. Dans le cadre du label Minergie simple, l’énergie grise et le caractère écologique des matériaux utilisés n’ont aucune importance. Seul le label Minergie-Eco, beaucoup plus strict et, partant, bien moins répandu, prend en considération ces aspects de la durabilité. Le CECB : l’étiquette énergétique pour les bâtiments Toute voiture et tout réfrigérateur neufs portent aujourd’hui une étiquette énergétique. Cela permet de comparer la consommation et l’efficacité énergétique des différents produits. Cette transparence a beaucoup contribué à sensibiliser le public à l’intérêt des appareils économes en énergie. Désormais, l’efficacité énergétique fait partie intégrante des critères de choix d’un produit. L’étiquette énergétique n’indique toutefois pas combien d’énergie grise a été nécessaire à la fabrication de l’appareil, ni pour quelle durée d’utilisation il est conçu. Le Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB) propose une telle étiquette pour les bâtiments. Mis en place par la Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie, cet instrument sera sans doute de plus en plus utilisé dans le cadre de l’imposition et du subventionnement des immeubles et des travaux de construction. Le CECB reprend la présentation des étiquettes énergétiques : une efficacité élevée se signale par la note A et une flèche verte, une faible efficacité, par la note G et une flèche rouge. Le document d’évaluation CECB compte quatre pages. En plus des données traitées et d’une description du bâtiment, il propose des mesures énergétiques spécifiques. Le certificat entend ainsi servir de guide pour les travaux à venir. Dans sa conception, le CECB présente de fortes similitudes avec le standard Minergie et le système de subventionnement du Programme Bâtiments, qui reposent tous deux sur des valeurs caractéristiques exclusivement liées à l’isolation thermique et aux installations techniques. Les autres aspects de la durabilité – énergie grise, localisation, consommation de sol, etc. – n’entrent pas dans l’analyse. Selon la grille d’évaluation du CECB, un bâtiment qui a été complètement isolé après-coup, mais présente encore des ponts thermiques, se verra attribuer la note C et une flèche jaune, même s’il se situe au centre-ville et ne dispose d’aucune place de stationnement. En revanche, n’importe quelle maison individuelle neuve aura droit à la note B et à une flèche verte, même si elle n’est accessible qu’en voiture et qu’elle possède une piscine.

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De nouveaux labels à l’horizon Au niveau mondial, il existe de nombreux modèles de certification des bâtiments. Dans le domaine des grands immeubles de bureaux offrant des locaux à des groupes actifs à l’échelle internationale, des standards tels que LEED, DGNB ou BREEAM revêtent une importance croissante, y compris en Suisse. A la différence de Minergie, ces labels évaluent, en les pondérant, tous les aspects de la durabilité. L’analyse tient ainsi compte de facteurs comme la pollution environnementale, les coûts liés à la mobilité, la consommation de sol, la densité d’occupation des bâtiments et la gestion des ressources. L’adoption d’une approche globale des bâtiments est aussi envisagée en Suisse : depuis 2013 se déroule la phase pilote du « Standard de Construction Durable Suisse » (SNBS). Jusqu’à mi2014, ce standard a été testé dans le cadre de 28 projets de rénovations ou de nouvelles constructions. Le SNBS intègre divers instruments existants, ainsi que des aspects aussi importants pour la Suisse que la biodiversité, le mitage du paysage, la commercialisation des biens immobiliers ou l’intégration des bâtiments dans le contexte local. Par ailleurs, la voie SIA vers l’efficacité énergétique et les stratégies politiques de la société à 2000 watts traduisent un changement dans les comportements. Les experts tendent clairement à se distancier de l’idée selon laquelle la mise en œuvre de technologies efficaces réduirait automatiquement la consommation d’énergie. Des notions comme celles de sobriété et de renouvelabilité prennent toujours plus d’importance.

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réduire les besoins en énergie sans baisse de performance et de confort. On observe au contraire que les mesures en question induisent souvent un confort accru. Exemples : - Bonne isolation thermique des bâtiments - Installations techniques énergétiquement efficaces (p. ex. chauffage à bon rendement) - Appareils ménagers énergétiquement efficaces (p. ex. réfrigérateur haute efficacité) - Système d’éclairage énergétiquement efficace (p. ex. lampes économes en énergie et LED au lieu d’ampoules à incandescence) La notion de renouvelabilité renvoie à l’utilisation d’énergies et de matières premières renouvelables, ainsi qu’au bouclage du cycle de vie des matériaux. Exemples : - Utilisation de sources d’énergie renouvelables pour la production de chaleur (p. ex. biogaz, bois, chaleur issue de l’environnement) et d’électricité (p. ex. hydraulique, solaire, éolien) - Utilisation de matières premières renouvelables (p. ex. bois) - Bouclage du cycle de vie des matériaux à travers la réutilisation des éléments de construction ou l’utilisation de matières premières secondaires (p. ex. béton recyclé) Sources : Grundlagen zu einem Suffizienzpfad Energie – Das Beispiel Wohnen, Ville de Zurich 2012 ; voie SIA vers l’efficacité énergétique (cahier technique SIA 2040)

SOBRIÉTÉ, EFFICACITÉ, RENOUVELABILITÉ La notion de sobriété désigne la parcimonie et la retenue dont il s’agit de faire preuve en matière de consommation de ressources (biens et services). La sobriété requiert un changement de comportement. Se restreindre implique en général de renoncer à un certain confort – étant entendu que la notion de confort est subjective. Dans ce contexte, une difficulté réside dans le fait que les développements techniques et économiques ont tendance à susciter constamment de nouveaux besoins. En matière d’habitat, le principe de sobriété peut notamment s’appliquer dans les domaines suivants : - Espace habitable (surface habitable par personne) - Exigences de confort, concernant en particulier la température ambiante en hiver et en été - Consommation d’eau chaude (p. ex. pour la douche ou le bain) - Acquisition et utilisation d’appareils La sobriété peut être encouragée, par exemple à travers des prescriptions relatives à l’occupation des logements, à travers la décision de ne pas construire de places de stationnement dans certains ensembles, ou encore à travers des taxes d’orientation. En ce qui concerne la consommation d’électricité, les ménages peuvent agir aussi bien au niveau de l’utilisation des appareils que de leur acquisition – notamment dans le domaine de l’éclairage et des équipements d’exploitation. Il importe de bien faire la distinction entre sobriété, efficacité et renouvelabilité. Les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique des appareils et bâtiments visent à

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SOCIÉTÉ À 2000 WATTS

En moyenne mondiale, chaque être humain consomme chaque jour environ 2200 watts d’énergie primaire. En Suisse, ce sont 6300 watts, dans certains pays encore plus, dans ceux en voie de développement beaucoup moins. La société à 2000 watts permet un développement durable et équitable à l’échelle globale. Le Conseil fédéral a inscrit l’objectif de la société à 2000 watts dans sa Stratégie énergétique 2050. Pour la conception et la réalisation de bâtiments conformes à la société à 2000 watts, la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) a défini une voie vers l’efficacité énergétique (cahier technique SIA 2040). Celle-ci se caractérise par une approche énergétique globale, qui ne tient pas seulement compte de l’énergie d’exploitation, mais aussi de l’énergie grise, de la mobilité liée au site, du contexte bâti et de la densité d’occupation des locaux. Un bon raccordement au réseau de transports publics est impératif. Une certification n’est pas possible pour des bâtiments isolés, mais seulement pour des sites entiers. La Ville de Zurich a procédé à une analyse systématique du potentiel de développement de son portefeuille immobilier actuel, qui comprend 53 ensembles d’habitation et quelque 6500 logements. Elle en a présenté les résultats dans une étude très détaillée. Plus d’informations sous : www.2000watt.ch, www. stadt-zuerich.ch/nachhaltiges-bauen

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Commandez nos attrayants guides ! Je commande ____ ex. « Les plus beaux musées de Suisse – Savoirs et histoires » SECRÉTARIAT Patrimoine suisse Villa Patumbah Zollikerstrasse 128, 8008 Zurich T 044 254 57 00, F 044 252 28 70 info@patrimoinesuisse.ch, www.patrimoinesuisse.ch

À PROPOS DE PATRIMOINE SUISSE Patrimoine suisse est la plus importante organisation suisse sans but lucratif active dans le domaine du patrimoine bâti. L’association, qui compte 27 000 membres et donateurs, a été créée en 1905 en tant qu’organisation faîtière de 25 sections cantonales. Nous nous engageons pour éviter la démolition de monuments de différentes époques et les faire revivre. Lors de la construction de nouveaux bâtiments, nous prônons une architecture contemporaine de qualité.

Geschäftsleiter/Secrétaire général: Adrian Schmid

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Nous décernons chaque année le Prix Wakker à une commune pour ses prestations exemplaires dans l’aménagement de son territoire. Le Prix Schulthess des jardins récompense des réalisations de qualité dans le domaine de l’art des jardins. Avec le produit de la vente de l’Ecu d’or, nous soutenons depuis des décennies des projets exemplaires de protection du patrimoine bâti et de la nature. 2

Le «patrimoine à fleur de peau», c’est l’expérience proposée par la Maison du patrimoine dans la Villa Patumbah de Zurich. Nous louons aussi des logements de vacances aménagés dans des bâtiments historiques soigneusement sélectionnés dans toute la Suisse par notre fondation Vacances au cœur du Patrimoine. Nos publications vous informent sur nos activités et présentent les trésors du patrimoine bâti en Suisse. Les membres de Patrimoine suisse bénéficient d’un rabais à l’achat de nos titres.

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1 Prix Wakker 2015: Commune de Bregaglia (GR) 2 Prix Schulthess des jardins 2015: plantages communautaires de la Ville de Lausanne (VD) 3 Vente de l’Ecu d’or de Patrimoine suisse et de Pro Natura 4 La Maison du patrimoine dans la Villa Patumbah de Zurich 5 Fondation Vacances au cœur du Patrimoine: Huberhaus à Bellwald (VS)

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COMITÉ CENTRAL Bureau Président: Philippe Biéler, 1613 Maracon philippe.bieler@patrimoinesuisse.ch Vice-président: Severin Lenel, St. Gallen Daniela Saxer, Zürich Autres membres: Benedetto Antonini, Muzzano TI Christian Bischoff, Genève Beat Schwabe, Ittigen BE Andreas Staeger, Brienz BE Secrétariats Présidents de section Aargauer Heimatschutz Präsident: Christoph Brun, Brugg Geschäftsstelle: Henri Leuzinger, Kapuzinergasse 18, Postfach 358, 4310 Rheinfelden, G 061 831 70 05, P 061 831 69 67 Heimatschutz Appenzell A.-Rh. Präsidentin: Eva Louis, Langenegg 877, 9063 Stein AR, G 071 367 21 12 Heimatschutz Basel Präsident: Christof Wamister, Basel Geschäftsstelle: Paul Dilitz, Hardstrasse 45, Postfach, 4010 Basel, G 061 283 04 60 Baselbieter Heimatschutz Präsident: Ruedi Riesen, Liestal, G 061 921 07 56 Geschäftsstelle: Markus Vogt, Hauptstrasse 6 4497 Rünenberg, G 061 981 44 46, F 061 981 44 18 Berner Heimatschutz Präsidentin: Dorothée Schindler, Bern Geschäftsstelle: Kramgasse 12, 3011 Bern, G 031 311 38 88, F 031 311 38 89 Bündner Heimatschutz Geschäftsstelle: Ludmila Seifert-Uherkovich, Lürlibadstrasse 39, 7000 Chur, G 081 250 75 72 Protecziun da la patria d’Engiadina Ansprechperson: Patrizia Guggenheim, 7606 Promontogno, G 081 822 13 27 Patrimoine suisse, section Fribourg Président: Pierre Heegaard, Stalden 20, 1700 Fribourg, B 032 654 91 26, F 032 654 91 08, P 026 322 61 36 Patrimoine suisse, section Genève Président: Robert Cramer, Genève Secrétariat: ruelle du Midi 10, case postale 3660, 1211 Genève 3, B 022 786 70 50, F 022 786 78 07 Glarner Heimatschutz Präsident: Thomas Aschmann, Bankstrasse 20 8750 Glarus, G: 055 640 39 72 Patrimoine Gruyère-Veveyse Président: Jean-Pierre Galley, Au village, 1669 Lessoc Secrétariat: Denis Buchs, case postale 161, 1630 Bulle 1, B 026 916 10 10 Innerschweizer Heimatschutz Präsident: Conrad Wagner, Stansstaderstrasse 28 6370 Stans Geschäftsstelle: Andreas Stäuble, Schirmertorweg 6, 6004 Luzern Patrimoine suisse, section Jura Président: Antoine Voisard, Porrentruy Administrateur: Georges Daucourt, CP 2202, 2800 Delémont 2, T/F 032 422 73 89 Patrimoine suisse, section neuchâteloise Coordination: Delphine De Pretto Président ad interim: Jean-Marc Breguet, route des Gouttes-d’Or 9, 2000 Neuchâtel Oberwalliser Heimatschutz Präsident: Giuseppe Curcio, Terbinerstrasse 11, 3930 Visp, T 027 946 02 83 Schaffhauser Heimatschutz Postfach 3121 8201 Schaffhausen, info@heimatschutz-sh.ch

Schwyzer Heimatschutz Präsident: Walter Eigel, Zwygarten 11, 6415 Arth, P 041 855 51 66 Solothurner Heimatschutz Präsident: Philipp Gressly, Solothurn Geschäftsstelle: Tanja Baumberger, Ravellenweg 12, 4702 Oensingen, G 032 622 12 26 Heimatschutz St. Gallen/Appenzell I.-Rh. Präsidentin: Kathrin Hilber, St. Gallen Geschäftsstelle: Natalia Bezzola Rausch, Davidstrasse 40, Postfach 931, 9001 St. Gallen, G/F 071 222 07 20 Thurgauer Heimatschutz Präsident: Uwe Moor, Oberhofen bei Kreuzlingen Geschäftsstelle: Gianni Christen, altes SBB-Stellwerk Weinfelden, Schützenstrasse 28, Postfach 299, 8570 Weinfelden, G 071 620 05 10 Società ticinese per l’arte e la natura (STAN) Presidente: Antonio Pisoni, Ascona STAN: Via Borghese 42, CP 1146, 6601 Locarno, U 091 751 16 25, F 091 751 68 79 Patrimoine suisse, section Valais romand Présidente: Magali Reichenbach, rue de Savoie 108 1962 Pont-de-la-Morge Patrimoine suisse, section vaudoise Président: Denis de Techtermann, Morges Secrétariat: chemin des Bulesses 154, 1814 La Tour-de-Peilz, B 021 944 15 20, F 021 944 15 89 Zuger Heimatschutz Präsident: Dr. Meinrad Huser, Zug Geschäftsstelle: Postfach 4641, 6304 Zug, G 041 711 13 18, F 041 711 13 19 Zürcher Heimatschutz Präsident: Martin Killias, Lenzburg Geschäftsstelle: Eichstrasse 29, 8045 Zürich G 044 340 03 03, F 044 340 03 35 Conseillers Consulter le secrétariat de Patrimoine suisse Commission technique: Christoph Schläppi, Bern (Präsident) Christian Bischoff, Genève Hansjörg Stalder, Basel Patricia Schibli, Wettingen Service juridique: Lic. iur. Rudolf Muggli, Bern Représentants des milieux officiels Dr. Raimund Rodewald (Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage) Prof. Dr. Georg Mörsch Gerold Kunz (Conférence Suisse des Conservatrices et Conservateurs de Monuments) Lic. iur. Lukas Bühlmann (Association suisse pour l’aménagement national) FONDATION VACANCES AU CŒUR DU PATRIMOINE Villa Patumbah, Zollikerstrasse 128, 8008 Zürich G 044 252 28 72, info@magnificasa.ch www.magnificasa.ch PC 85-778179-9 Directrice: Kerstin Camenisch ÉCU D’OR Villa Patumbah, Zollikerstrasse 128, 8008 Zürich G 044 262 30 86, info@schoggitaler.ch, www.ecudor.ch PC 80-4943-5 Direction: Eveline Engeli

IMPRESSUM

____ ex. « Les plus beaux bâtiments 1960–75 »

Edité par: Patrimoine suisse Villa Patumbah Zollikerstrasse 128 8008 Zürich

____ ex. « Les plus beaux hôtels de Suisse » ____ ex. « Les plus beaux cafés et tea rooms de Suisse » ____ ex. « Les plus beaux bains de Suisse »

Rédaction Patrick Schoeck-Ritschard, Sabrina Németh

____ ex. « Les plus belles promenades de Suisse »

Traduction de l’allemand Léo Biétry, Lausanne

Prix: CHF 16.–/CHF 8.– pour les membres de Patrimoine suisse, frais de port non compris

Photos James Batten, Berne Impression Stämpfli AG, 3001 Berne

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Conception graphique Stillhart Konzept und Gestaltung, 8003 Zurich

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Zurich, novembre 2015

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____ ex. Prise de position « Pour une densification de qualité » ____ ex. Prise de position « L’aménagement du territoire face à de grands défis » ____ ex. Edition actuelle de la revue « Heimatschutz/Patrimoine » Prix: gratuit

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Patrimoine suisse Villa Patumbah Zollikerstrasse 128 8008 Zürich

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Die schönsten Bauten 1960–75 Les plus beaux bâtiments 1960–75

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Die schönsten Bauten 1960–75

Seepromenade und Centre Le Corbusier ZÜRICH ZH

Von Otterlo zur Ölkrise

Seepromenade / Willi Neukom, 1963 Centre Le Corbusier / Le Corbusier, 1960–67 posthum fertiggestellt Höschgasse 8 www.centerlecorbusier.com

Les plus beaux bâtiments 1960–75 D’Otterlo à la crise pétrolière

Der Prototyp eines idealen Ausstellungsraums im Landschaftspark

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Am Zürichhorn führt der beliebte Seeuferweg die Spaziergänger direkt am Wasser entlang. Willi Neukom entwarf das Projekt im Nachklang der Gartenbauausstellung G59. Die grossen Natursteinplatten erinnern an lokale Seeuferbefestigungsmethoden und gleichzeitig an japanische und moderne schwedische Landschaftsgestaltung. Mit dem Wunsch, die Landschaft in die

Laissez-vous inspirer par les idées révolutionnaires et les détails marquants de la période qui va de l’euphorie de la croissance à la crise pétrolière. De la station satellite à la cabane de montagne, en passant par le grand ensemble, un bouquet de 50 œuvres magistrales et peu connues de toute la Suisse vous est présenté.

120 Seiten, Format A6, zweisprachig D/F Verkaufspreis: CHF 16.—, Heimatschutzmitglieder: CHF 8.— ISBN: 978-3-9523994-4-6, Bestellnummer: DSC017D

120 pages, format A6, bilingue F/D Prix de vente: CHF 16.— Membres de Patrimoine suisse: CHF 8.— ISBN: 978-3-9523994-4-6 Numéro de référence: DSC017F

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Seldwyla nächst

Die schönsten Bauten 1960–1975

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––– Objekt Seldwyla Architekt Willi Neukom Jahr 1963 Objekt Centre Le Corbusier Mit ihren Themengärten und Begleitveranstaltungen öffnete die erste schweizerische Gartenbauausstellung, G59, im April 1959 ihre Tore an den

Die schönsten Bauten 1960–1975

Themen Am 21. Juli 1969 betritt Neil Armstrong als erster Mensch den Mond. Es herrscht der Kalte Krieg. Was passierte in der Schweiz und wie schlugen sich die Ereignisse in der Architektur nieder? Stöbern Sie über den Bruch der Massstäbe, die Aufhebung von Grenzen und die Emanzipierung von veralteten Traditionen.

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Lassen Sie sich inspirieren von revolutionären Konzepten und sinnlichen Details aus der Zeit zwischen Wachstumseuphorie und Ölkrise. Von der Satellitenbodenstation über die Grosssiedlung zur Berghütte: Ein Strauss von 50 Meisterwerken und Unbekanntem aus der ganzen Schweiz erwartet Sie.

Die schönsten Bauten 1960–1975

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Au Zürichhorn, la très populaire promenade du lac longe directement la rive. Willi Neukom la dessina dans le sillage de l’exposition horticole G59.

D’O erlo à la crise pétrolière

Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation

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Un prototype dans le paysage

Les grandes dalles en pierre naturelle rappellent à la fois les méthodes locales de consolidation des rives et les aménagements paysagers japonais traditionnels et suédois modernes. C’est avec l’ambition de faire entrer le paysage dans l’architecture que Le Corbusier conçut à la même époque, avec Jean Prouvé, la «Maison de l’Homme», un pavillon d’exposition composé d’éléments préfabriqués colorés dont les dimensions, conformes au Modulor, sont de 226 × 226 cm. Le concept de toiture «parasolparapluie» de l’architecte trouva ici sa première application concrète. L'historien d'architecture Sigfried Giedion décrivait avec enthousiasme comment le vaste paysage – arbres, lac et ciel – s’engouffre sur la terrasse en toiture couverte et comment l’on sent, assis sur un banc d’allure antique, que Le Corbusier a, dans ce bâtiment, intégré l’infini.

Von O erlo zur Ölkrise

Série Patrimoine — Cahier 2

PATRIMOINE BÂTI ET ÉNERGIE

Architektur einzubeziehen, entstand damals auch das nahe gelegene Ausstellungshaus «Maison de l’Homme». Le Corbusier plante mit Jean Prouvé einen Pavillon aus bunten Fertigelementen im Modulor-Mass von 226 x 226 Zentimetern. Le Corbusiers Bedachungskonzept Parasol-Parapluie wurde hier erstmals gebaut. Der Architekturhistoriker Sigfried Giedion beschrieb fasziniert, wie die weite Landschaft – Bäume, See und Himmel – auf der überdeckten Dachterrasse hereinströmt und wie man auf der fast antik anmutenden Bank sitzend spürt, dass Le Corbusier in diesen Bau die Unendlichkeit einbezogen hat.

VON OTTERLO ZUR ÖLKRISE In den Jahren 1960-75 wurde das Potenzial der Stadt deutlich, sich zu einem ein Ort der emanzipierten urbanen Gesellschaft und der Differenzen zu entwickeln. Die Stadt wurde zum Zentrum einer Vielfalt von einander befruchtenden, wenngleich scheinbar gegensätzlichen, Perspektiven...

Seldwyla 1963

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VOTRE FAVORI Envoyez-nous votre bâtiment préféré! patrimoinesuisse.ch/1960-75


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