Série Patrimoine — Cahier 2
PATRIMOINE BÂTI ET ÉNERGIE Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
SCHWEIZER HEIMATSCHUTZ PATRIMOINE SUISSE HEIMATSCHUTZ SVIZZERA PROTECZIUN DA LA PATRIA
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ERLEBEN SIE GESCHICHTE
VIVEZ L’HISTOIRE
TABLE DES MATIÈRES
ÉDITORIAL
3
Investir de manière durable
Du bon usage de la règle à calcul Bâle BS
7 Des logements abordables avec une histoire et un avenir Schaffhouse SH
11 Habiter et travailler sous un même toit Locarno TI
▲ T Ü R A L I H U S , VA L E N D A S (G R)
15 De la ferme à la maison de vacances Boltigen BE
19
▲
Une maison familiale redevient la maison d’une famille Wettingen AG
23
▼ S T Ü S S I H O F S TAT T, U N T E R S C H Ä C H E N ( U R)
Deux immeubles réunis pour plus de mixité sociale Zurich ZH
Machen Sie Ferien im Baudenkmal Stiftung Ferien im Baudenkmal Fondation Vacances au cœur du Patrimoine Fondazione Vacanze in edifici storici
29 Une ancienne écurie transformée en logement Satigny-Choully GE
33 Déconstruction, transformation et extension d’un monument moderne Mörigen BE
Passez des vacances au cœur du Patrimoine Die Stiftung des Schweizer Heimatschutzes La Fondation de Patrimoine suisse
Photo de couverture: Ancienne écurie transformée à Satigny-Choully GE Olivier Zimmermann
Le premier cahier de notre collection « Série Patrimoine » propose quelques réflexions de fond sur la manière dont il est possible d’adapter le parc immobilier helvétique aux exigences du tournant énergétique tout en tenant compte des enjeux liés au patrimoine bâti. Il est urgent d’adopter une approche globale de la problématique : les centaines de millions de francs de subventions dont bénéficie chaque année l’assainissement énergétique des bâtiments, sont trop exclusivement destinées aux mesures d’isolation thermique, sans que ne soient traitées les questions d’aménagement du territoire, de mobilité, d’utilisation du parc immobilier et de responsabilité culturelle. Ce deuxième cahier complète le premier en montrant, à travers huit exemples issus de toutes les régions de Suisse, comment le bâti existant peut être appréhendé dans un souci de durabilité. Dans tous les cas présentés, maîtres d’ouvrage et architectes ont fait preuve d’une attitude responsable en abordant la rénovation énergétique comme un problème non seulement technique, mais aussi social et culturel. L’article introductif de Reto Bieli, du Service des monuments historiques du Canton de Bâle-Ville, souligne l’importance de procéder à une analyse précise de l’existant et de son potentiel avant d’élaborer un projet. Il s’agit en dernier ressort de savoir quels effets peuvent produire, à long terme, les mesures retenues. La durabilité ne saurait être réduite à la diminution des besoins en énergie de chauffage : elle inclut aussi la rentabilité des investissements, le respect du patrimoine et les répercussions qu’ont les travaux pour les locataires. Si l’on pose les bonnes questions et qu’on en tire les conséquences, on peut obtenir des résultats surprenants et économiser beaucoup d’argent. Sont ensuite présentés sept exemples concrets, qui concernent tous des bâtiments d’habitation ayant subi des interventions à l’intérieur du volume bâti existant et/ou de légers agrandissements. Leur diversité en termes de construction, de localisation et de date de réalisation montre qu’en matière de rénovation, il n’existe ni recettes, ni concepts standardisés. Puissent ces projets stimuler la réflexion. Patrimoine suisse Sabrina Németh et Patrick Schoeck-Ritschard
2 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 3
BÂLE BS
Du bon usage de la règle à calcul Réalisée dans les années 1950, la cité coopérative digne de protection « Zum Blauen » sera mise en conformité avec les objectifs de la société à 2000 watts. Des études approfondies montrent que la démarche ne sera couronnée de succès que si elle repose – en plus du respect de certaines exigences quantitatives – sur des analyses économiques, écologiques, sociales et culturelles. Eclairage sur les données complexes d’une opération durable et respectueuse du patrimoine.
C
onçue entre 1952 et 1954 par Martin H. Burckhardt, la cité coopérative « Zum Blauen » offre des logements abordables et de qualité dans un quartier bien centré, mais elle consomme beaucoup d’énergie. En 2008, elle a été inscrite à l’inventaire des bâtiments dignes de protection – en même temps que se posait la question de savoir si une densification serait judicieuse et acceptable et, dans l’affirmative, quelle forme elle devrait prendre. Cette situation complexe a incité le comité de la coopérative à lancer en 2010, avec les autorités cantonales et les hautes écoles spécialisées de Lucerne et du Nord-ouest de la Suisse, un processus d’investigation et d’arbitrage participatif. Il s’agissait d’élaborer les bases nécessaires pour prendre une décision réfléchie. Une étude d’approfondissement, dont le suivi a été assuré par les services de l’environnement et de l’énergie, de l’aménagement du territoire et des monuments historiques du canton de Bâle- Ville, a analysé quatre scénarios : travaux de maintenance, réhabilitation, rénovation complète et démolition-reconstruction. Ont à cet égard servi d’instruments d’évaluation et de listes de critères, le cahier technique SIA 2040 « La voie SIA vers l’efficacité énergétique » et la recommandation SIA 112/1 « Construction durable – Bâtiment ». Aperçu des quatre scénarios 1 – Travaux de maintenance Mesures : Entretien normal des bâtiments avec travaux de construction mineurs. Economie : Le loyer à prix coûtant d’un logement de trois pièces serait compris entre CHF 770.– et 950.– par mois, soit bien moins que les loyers pratiqués dans le quartier. Environnement : L’importante consommation énergétique de la cité a déjà été légèrement réduite, dans les années 1980, grâce à l’isolation des combles et du plafond des caves, ainsi qu’au renouvellement des fenêtres. Malgré une énergie grise limitée au minimum, cependant, les objectifs de la société à 2000 watts ne pourraient pas être atteints. Société : Aujourd’hui, les habitants de la cité se composent à 56 % de ménages d’une personne. Les personnes âgées de 60 à 100 ans occupent une surface habitable moyenne de 70 m2, soit près de
40 % de plus que celles âgées de 40 à 65 ans. La répartition des surfaces habitables pourrait être améliorée sans travaux, par de simples mesures d’organisation consistant par exemple à encourager des changements d’appartement plus fréquents, à attribuer les logements à des familles et à réserver les appartements situés au rez-de-chaussée aux personnes d’un certain âge. Culture : Ce scénario permettrait de respecter le caractère digne de conservation de la cité. 2 – Réhabilitation Mesures : L’isolation intérieure existante serait remplacée par une nouvelle isolation intérieure efficace, dimensionnée avec soin. Les combles seraient aménagés et en partie rattachés aux logements de l’étage supérieur. Economie : Ce scénario nécessiterait des investissements de l’ordre de CHF 13 millions. Les appartements existants connaîtraient une hausse de loyer supportable. Environnement : Les exigences de la société à 2000 watts pourraient être remplies. La consommation d’énergie primaire serait inférieure à la valeur-cible correspondante. Celle relative aux gaz à effet de serre pourrait être respectée grâce au chauffage à distance et à la réalisation d’une installation photovoltaïque. L’énergie grise serait réduite au minimum. Société : Ce scénario pourrait être mis en œuvre de manière progressive, sans inconvénients majeurs pour les habitants. La création de nouveaux logements plus grands rendrait par ailleurs la cité plus attractive pour les familles et les formes de cohabitation alternatives. Culture : La valeur patrimoniale de la cité serait sauvegardée. 3 – Rénovation complète Mesures : Les combles seraient aménagés et les plans modifiés. En outre, les bâtiments seraient entièrement isolés par l’extérieur. Les balcons actuels seraient remplacés par de nouveaux, désolidarisés des façades. Deux volumes supplémentaires abriteraient de nouveaux logements. Economie : Les investissements nécessaires s’élèveraient à environ CHF 24 millions. Les loyers des appartements existants augmen-
Photos: Klaus Spechtenhauser, Service des monuments historiques du Canton de Bâle-Ville
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
4 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
teraient pour atteindre le niveau habituel dans le quartier. Le loyer mensuel d’un trois pièces de 72 m2 serait estimé à CHF 1224.–. Environnement : Ce scénario permettrait d’atteindre les valeurscibles en matière d’énergie primaire non renouvelable et de gaz à effet de serre. Société : Comme l’isolation se ferait par l’extérieur, les locataires n’en seraient que peu incommodés. Les logements de 4.5 pièces situés dans les nouveaux volumes pourraient accueillir des familles. L’indice d’utilisation du sol passerait de 70 à 84 %. Culture : Les mesures prévues modifieraient sensiblement l’aspect et la substance de la cité, qui perdrait ainsi son caractère digne de protection. 4 – Démolition-reconstruction Mesures : La cité existante serait remplacée par de nouveaux bâtiments. Economie : Ce scénario se base sur un loyer à prix coûtant minimal de CHF 240.– par mètre carré et par année, incluant la rente du droit de superficie. Ce loyer serait supérieur à ceux des autres cités coopératives du quartier. La démolition impliquerait l’abandon d’un patrimoine d’environ CHF 20 millions. Environnement : Les exigences de la société à 2000 watts seraient remplies. La pose d’une installation photovoltaïque permettrait d’atteindre aussi les valeurs-cibles en matière de gaz à effet de serre. La quantité d’énergie grise nécessaire est surprenante ; elle correspond presque à l’énergie que consommeraient les bâtiments pendant 60 ans d’exploitation selon le scénario 2. Société : Les nouveaux immeubles pourraient être construits par étapes. Sur la parcelle centrale, la densité bâtie atteindrait 91 %. L’offre d’appartements modernes mais plus chers conduirait à un renouvellement des locataires ; un certain nombre de logements économiques disparaîtrait du marché. Culture : Ce scénario soulèverait moins des questions de conservation du patrimoine que des questions urbanistiques. Comparaison des quatre scénarios Le but de la coopérative est d’offrir des logements de qualité et bon marché. Le bon état de la substance bâtie, le fait que les appartements aient été dès le départ dimensionnés avec générosité et l’attrait du site, ont valu à la cité un succès jamais démenti. Une démolition-reconstruction (scénario 4) impliquerait d’abandonner sans nécessité des valeurs économiques et sociales développées sur plusieurs décennies. De simples travaux de maintenance (scénario 1) seraient socialement acceptables, mais peu recommandables sur le plan écologique. Du point de vue de la conservation du patrimoine, les travaux que nécessiterait une rénovation complète (scénario 3) seraient problématiques. Une réhabilitation de l’ensemble de la cité (scénario 2) permettrait en revanche de concilier les exigences écologiques, économiques et culturelles. Une telle opération pourrait être complétée par la réalisation de deux nouveaux volumes bien conçus. Mise en perspective de l’étude Les nouveaux enjeux globaux que sont la protection du climat et la préservation des ressources ont bouleversé le débat lié aux intérêts sociaux et économiques locaux dans le domaine de la conservation des monuments historiques et des sites construits. Dans le cadre des lents processus en cours doivent être élaborés de nouveaux ins-
Série Patrimoine — Cahier 2
truments et méthodes pour identifier et évaluer les divers facteurs en jeu. Le vide qui est apparu a généré de l’incertitude et laissé le champ libre aux intérêts particuliers, aux approches techniques étroites et aux polémiques politiques. S’est ainsi largement répandu le préjugé selon lequel les bâtiments et ensembles des décennies ou siècles passés ne peuvent fournir aucune contribution au développement durable. Une focalisation excessive sur les seuls aspects énergétiques a fait planer sur les propriétaires et institutions s’engageant en faveur du patrimoine le soupçon d’agir de manière inique et de ne pas se soucier des grands défis globaux. Quant aux services des monuments historiques, ils sont eux aussi confrontés à des déficits méthodologiques. Dans le cadre des prises de décision politiques en matière de classements, ils se contentent souvent, conformément à la loi, de fournir aux décideurs des argumentaires historiques et des échelles de valeurs culturelles. Font dès lors défaut, pour une pesée globale des intérêts en présence, des données quantitatives en matière économique, sociale et environnementale – comme les répercussions des travaux envisagés sur les loyers, la consommation de surface habitable, la consommation énergétique effective, les émissions de gaz à effet de serre ou la quantité d’énergie grise liée à une démolitionreconstruction. Dans de tels cas, le politique est inutilement placé en position de choisir, sur la base d’une vision lacunaire des choses, entre protection de l’environnement, conservation du patrimoine et restriction des droits de propriété. Grâce à la « Voie vers l’efficacité énergétique » (SIA 2040), à la recommandation « Construction durable – Bâtiment » (SIA 112/1) et aux mesures effectuées, l’étude « Zum Blauen » a démontré que les scénarios ambitieux en matière de conservation du patrimoine peuvent répondre à des exigences à la fois écologiques, économiques, sociales et culturelles. Recourir à la règle à calcul était en l’occurrence indispensable.
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 5
PRÉSENTATION SYNOPTIQUE DES QUATRE SCÉNARIOS
1. Travaux de maintenance
2. Réhabilitation
3. Rénovation complète avec nouveaux volumes
4. Démolition-reconstruction
Entretien des bâtiments et mesures de modernisation dans les 112 logements; indice d’utilisation du bien-fonds: 70 %
Assainissement énergétique de l’enveloppe des bâtiments (isolation par l’intérieur; isolation extérieure des façades pignon); aménagement des combles; 124 logements au total; indice d’utilisation du bien-fonds: 70 %
Rénovation énergétique standard (isolation périphérique); aménagement des combles; modification des plans; deux nouveaux volumes; 142 logements au total; indice d’utilisation du bienfonds: 84 %
Remplacement par étapes des bâtiments existants par de nouveaux, conformes au standard Minergie P; 112 logements spacieux au total; indice d’utilisation du bien-fonds: 91 %
800 700 600 500 400
*
300 200 100 0 W/m2a
Valeurs standard
Valeurs effectives
Valeurs standard
Valeurs effectives
Valeurs standard
Valeurs effectives
Valeurs standard
Valeurs effectives
Texte: Reto Bieli Comparaison des variantes : énergie primaire selon SIA 2040
ÉTUDE SANSTRAT. STRATÉGIES GLOBALES POUR LES BÂTIMENTS ET ENSEMBLES D’HABITATION DES ANNÉES 1940 À 1970 – Haute école de Lucerne – Technique & Architecture, Centre de compétences « Typologie & Planung in Architektur » (CCTP) – Haute école spécialisée du Nord-ouest de la Suisse (FHNW) – Haute école d’architecture, de construction et de géomatique, Institut « Energie am Bau » (IEBau) Etude d’approfondissement concernant la cité « Zum Blauen » à Bâle – Service des monuments historiques du Canton de Bâle-Ville (responsable : Reto Bieli, reto.bieli@bs.ch) – Service de l’environnement et de l’énergie du Canton de Bâle-Ville – Service de l’aménagement du territoire du Canton de Bâle-Ville
*Chiasme: valeurs effectives
Entre les scénarios « Réhabilitation » et « Démolition-reconstruction », le rapport entre exploitation ■ et énergie grise ■ est inversé.
Valeur-cible: 440 W/m2a (ligne noire) Valeurs standard: valeurs de projet calculées sur la base de la consommation d’énergie et des facteurs d’énergie primaire en Suisse . Valeurs effectives: Valeurs de projet des consommations énergétiques, tenant compte de la production énergétique
■ Construction (énergie grise) ■ Exploitation (chauffage, eau chaude, électricité) ■ Mobilité
35 30 25 20
*
15 10 5 0 kg CO2eq/ m2a
Valeurs standard
Valeurs effectives
Comparaison des variantes : gaz à effet de serre selon SIA 2040
Valeurs standard
Valeurs effectives
*Chiasme: valeurs effectives
Valeurs standard
Valeurs effectives
Valeurs standard
Valeurs effectives
Entre les scénarios « Réhabilitation » et « Démolition-reconstruction », le rapport entre exploitation ■ et énergie grise ■ est inversé.
Valeur-cible: 15,5–16,5 kg CO2eq/m2a (ligne noire) Valeurs standard: valeurs de projet, équivalents CO2 par m2 de surface de référence énergétique et par année Valeurs effectives: valeurs de projet, équivalents CO2, tenant compte de la situation effective
■ Construction (énergie grise) ■ Exploitation (chauffage, eau chaude, électricité) ■ Mobilité
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6 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 7
SCHAFFHOUSE SH
Des logements abordables avec une histoire et un avenir La cité « Bocksriet », à Schaffhouse, est un pur produit de la Deuxième Guerre mondiale, avec sa pénurie de logements et de matériaux de construction. Les modestes maisons en rangées de cet ensemble coopératif offrent, depuis, des logements abordables dans un quartier bien centré. Une stratégie globale intelligente a permis de maintenir des loyers avantageux, de conserver la qualité architecturale de la cité et d’en améliorer l’efficacité énergétique.
L
a cité de l’Arbeiter-Baugenossenschaft Schaffhausen, dans le quartier de Bocksriet, fut construite en trois étapes, entre 1942 et 1943, par l’architecte schaffhousois Willi Vetter. Située sur un versant bien exposé, descendant en pente douce vers le sud-est, elle comprend 52 maisons familiales réparties en trois rangées composées de groupes de 4 ou 6 unités chacun. Chaque maison dispose d’un jardin d’environ 150 m2 qui servait, à l’origine, à la production alimentaire. Les deux niveaux habitables, qui comptent quatre pièces au total, sont érigés sur une cave avec atelier et buanderie, accessible directement depuis le jardin. Le rationnement des matériaux – en particulier du fer – durant la guerre appelait des solutions pragmatiques et économiques. Ainsi les maisons se composent-elles d’un soubassement et de murs mitoyens en maçonnerie, entre lesquels sont insérés des éléments préfabriqués en bois. Ce parti constructif caractéristique, qui conciliait parfaitement qualité architecturale, qualité d’habitat, possibilités techniques et impératifs d’économie, faisait à l’époque figure de modèle. Au fil du temps, la coopérative rénova et modifia de façon peu heureuse certains éléments. Ainsi un bardage en Eternit fut-il posé contre les façades en bois entre 1962 et 1965. Au début des années 1970, l’ensemble fut complété par 32 garages qui altéraient quelque peu l’aspect général de la cité et la qualité des jardins de la rangée supérieure. La rénovation progressive des cuisines et des salles de bains fut engagée en 1983. La valeur architecturale de la cité fut redécouverte lors de la rénovation complète des façades réalisée, en 1996/97. Le revêtement en Eternit fut remplacé par un bardage en cèdre semblable à celui d’origine et les portes et fenêtres, changées sans que les maisons ne cessent d’être occupées. L’aspect extérieur de la cité et deux des maisons – aménagements intérieurs compris – furent mis sous protection. Le but premier de la coopérative restait par ailleurs d’offrir à long terme des logements économiques sous la forme de maisons familiales avec jardin.
Afin d’accroître l’espace offert par ces modestes habitations, la coopérative procède depuis 2010, à une transformation intérieure lors de laquelle sont éliminés les ajouts malencontreux des dernières décennies. La cave est réaménagée pour pouvoir accueillir une nouvelle salle de bains et, au rez-de-chaussée, séjour et salle à manger sont réunis en un seul et même espace plus vaste. Une grande importance est attachée aux aspects écologiques. En 2003/04 avait déjà été installé un nouveau chauffage au gaz avec production d’eau chaude. En collaboration avec le Service cantonal des monuments historiques, la coopérative a procédé, en 2011/12, à une rénovation complète des toitures, avec la pose de panneaux photovoltaïques sur les versants sud. Pour ce faire, les fenêtres de toit qui s‘y trouvaient ont été deplacées sur les versants nord. Les panneaux intégrés se présentent ainsi comme des éléments architecturaux à part entière, dont la répétition ne dépare pas l’aspect de la cité. La collaboration entre maître d’ouvrage, concepteurs et responsables des monuments historiques a permis de développer des solutions durables, aptes à concilier différentes demandes sociales. Il a notamment été possible de garantir à long terme des loyers qui se révèlent avantageux par rapport à la situation et à la valeur d’usage de la cité : habiter une maison rénovée coûte environ CHF 1400.par mois, ce qui reste accessible pour des ménages à faible revenu. Et comme les travaux effectués ont permis de réduire sensiblement les charges, le loyer mensuel d’une maison rénovée n’est que de CHF 150.- plus élevé que celui d’une maison non rénovée. Si la cité a pu, grâce à son statut protégé et malgré sa localisation favorable, échapper à la densification, elle n’en répond pas moins, au final, aux objectifs du développement du milieu bâti vers l’intérieur et du tournant énergétique. Grâce à l’aménagement des sous-sols, en effet, les maisons restent attractives pour les familles, qui consomment moins de surface habitable – et moins d’énergie – par personne que les ménages plus petits. Rénovation des façades: Peter Sandri Architekten, Schaffhouse
Photo: Stefan Hartmann
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
8 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 9
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE
Toitures
Murs extérieurs
Fenêtres et portes extérieures
Planchers, sols
Chauffage / eau chaude
Subsides
A l’exception des charpentes, les toits à deux pans ont été refaits et isolés entre chevrons avec de la laine de roche (18 cm). Grâce à cette mesure, la cité consomme 9 % de gaz en moins en hiver.
Les vides des façades en bois ont été remplis avec 10 cm d’isolation thermique, devant laquelle a ensuite été posé le nouveau bardage ventilé en cèdre.
Les fenêtres ont été remplacées par de nouvelles à châssis en bois et double vitrage isolant (valeur U = env. 1.8). Toutes les portes extérieures ont aussi été remplacées, encadrements compris. Les petits auvents surmontant les portes d’entrée ont été remplacés par de nouveaux présentant, comme les originaux, une couverture en zinc.
En cas d’aménagement du sous-sol, le sol de la cave est muni d’un pare-vapeur et, pour ne pas réduire trop la faible hauteur de plafond existante (2.10 m), d’une mince couche d’isolation thermique.
Le remplacement du chauffage au gaz à air pulsé a permis d’en optimiser la puissance. Les encombrants chauffeeau des salles de bains ont été enlevés. Chaque maison est désormais raccordée à un chauffage au gaz central par une conduite longeant les plafonds des sous-sols. L’installation photovoltaïque intégrée, à peine visible, ne porte nullement atteinte au site. Les 666 modules dont elle se compose présentent une puissance totale de 130 kWc, ou 120’000 kWh/ an, et alimentent en électricité la moitié des 52 ménages de la cité.
Conformément à la convention relative à la mise sous protection de la cité, la Confédération, le Canton et la Ville ont participé à la rénovation des façades effectuée en 1997 à hauteur de CHF 300’000.- au total.
Photo: Edwin Hablützel
PLAN DU NIVEAU D’ENTRÉE Surfaces et volumes Volume total par maison (balcon non compris) Nombre de personnes Nombre de garages Surface brute de plancher habitable Surface de terrain Locaux annexes (sous-sol)
Production de chaleur (chauffage + eau chaude) 359 m
3
1–6 0.6 86 m2 / 235 m3 env. 227 m
2
Avant Chauffés : 86 m2 / 235 m3 Gaz : chauffage à air pulsé avec poêle et chauffe-eau dans chaque maison Après Chauffés : 86–129 m2 / 235–332 m3 Chauffage au gaz optimisé + panneaux photovoltaïques
43 m2 / 97 m3
Consommation de chaleur
Coûts d’investissement (par maison)
Rénovation des toitures et panneaux photovoltaïques
Rénovation des façades nord et sud en cèdre (y c. isolation thermique)
20’805.–
Nouvelles fenêtres et portes extérieures
15’865.–
Panneaux photovoltaïques
38’000.–
Total façades
36’670.–
Total toiture
57’700.–
Economies d’énergie: env. 15 %
Total rénovation (rénovations intérieures et aménagement du sous-sol non compris)
Série Patrimoine — Cahier 2
1:100
132’370.–
Cahier 2 — Série Patrimoine
10 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 11
LOCARNO TI
Habiter et travailler sous un même toit Un tissu dense et bien équipé, où tout est à quelques pas : la vieille ville de Locarno remplit tous les critères d’un aménagement du territoire moderne. En y transformant avec soin un bâtiment historique, un architecte tessinois a pu réaliser son rêve d’habiter et travailler sous un même toit.
L
a structure de cette maison mitoyenne remonte sans doute au XVIe siècle. Au milieu du XIXe siècle, le bâtiment fut utilisé, avec les autres constructions situées dans l’arrièrecour, comme relais pour la poste régionale. Il prit sa forme actuelle au début du XXe siècle, lorsqu’il fut surélevé. Le rez-de-chaussée fut longtemps occupé par une fabrique de limonade; les premier et deuxième étages abritaient un petit logement. Les latrines communes de la cour ne furent remplacées que durant la seconde moitié du XXe siècle par des salles de bains installées aux étages. Très respectueuse de la substance existante, la rénovation réalisée en 2006 se basait sur l’usage traditionnellement mixte des bâtiments de la vieille ville. La façade principale respecte l’alignement sur rue ; la façade arrière s’ouvre sur une cour lombarde semiprivée avec jardin. Les étages de ce bâtiment assez étroit sont desservis par une cage d’escalier ouverte avec coursives. En hiver, les épais murs de pierre de la façade sud emmagasinent la chaleur du soleil ; en été, ils rafraîchissent le bâtiment. Cour intérieure et coursives permettent de se reposer à l’ombre durant la saison chaude. Le projet de transformation visait à tirer parti de cette substance intacte pour y aménager un logement pour une famille et un bureau d’architecture. Cuisine et salles de bains furent modernisées, et les deux appartements préexistants, réunis en un seul. Le premier étage abrite les chambres à coucher et la bibliothèque, le deuxième, les pièces de jour. Au rez-de-chaussée, on ne produit plus de la limonade, mais de l’architecture. La maison reste desservie par l’escalier extérieur ouvert et les coursives – ce que permet la douceur du climat. L’aspect typique de la façade sur cour a ainsi pu être conservé. Un escalier intérieur aurait du reste pris beaucoup de place et coûté cher. Pour des raisons esthétiques, on a renoncé à isoler par l’extérieur les façades nord et sud. Toute isolation supplémentaire des murs mitoyens se révélait superflue. Le plafond en bois du deuxième étage fut, lui, isolé et revêtu de plâtre cartonné, et toutes les fenêtres des étages supérieurs furent remplacées et complétées par une isolation intérieure au niveau des allèges. Fut également doté d’une couche d’isolation le plancher à entrevous en terre cuite couvrant le passage semi-public menant dans la cour. Du fait de la forte compacité du revêtement en ciment et de l’absence d’humidité, on a renoncé à isoler le sol du rez-de-chaussée, destiné au travail et non à l’habitat. Les deux vitrines historiques ont en revanche été rénovées dans les règles de l’art.
Les propriétaires ont recouru à des matériaux traditionnels et naturels. Côté rue, la peinture minérale foncée rend moins visible les salissures dues au trafic et accroît l’effet chauffant du soleil. Quant à la peinture à base de chaux des cloisons intérieures, elle permet d’éviter la formation de moisissures dans les zones thermiquement faibles. Le nouveau système de chauffage, composé d’une pompe à chaleur air-eau et de radiateurs dans les chambres, sert aussi à la production d’eau chaude. Pour économiser de l’énergie, il est aussi possible de désactiver les radiateurs en été. Les travaux effectués, le nouveau système de chauffage installé et le comportement attentif des habitants ont permis de réduire la consommation d’énergie d’environ deux tiers. En hiver, le séjour et l’espace de travail sont chauffés à 20 °C, les chambres à 18. Durant les jours les plus froids, la cheminée rénovée du bureau procure l’appoint de chaleur nécessaire. Quoi que situé dans un site protégé, ce projet de transformation répond à toutes les exigences du futur. Les interventions réalisées, douces et ciblées, ont permis de limiter l’énergie grise au strict minimum et de préserver le caractère de la maison. La combinaison entre habitat et travail et la proximité des services urbains et de la gare réduisent l’énergie nécessaire aux déplacements. Le fait que l’immeuble ne comporte pas de place de stationnement est emblématique des avantages d’une localisation en plein centre-ville. Rénovation et transformation: Gilberto von Allmen, gas.arch, Locarno
Photo: Sebastian Heeb, Patrimoine suisse
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
12 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 13
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE Surfaces et volumes Volume total (y c. cage d’escalier ouverte, mais sans balcon ni coursives)
Production de chaleur (chauffage + eau chaude) 1120 m
3
Toitures
Murs extérieurs
Fenêtres et portes extérieures
Planchers, sols
Chauffage / eau chaude
Nombre de personnes partie habitable
Le toit à deux pans non isolé se trouvait encore en bon état ; il n’a fait l’objet d’aucune intervention.
Pour des raisons esthétiques, il n’était pas possible d’isoler par l’extérieur cette maison située dans un site protégé. A l’intérieur, les allèges, plus minces que le reste des murs extérieurs, ont été revêtues de panneaux de styrofoam (10 cm), puis enduites.
Aux premier et deuxième étages ont été posées de nouvelles fenêtres en bois-métal à double vitrage (valeur U = 1.0). Toutes les portes extérieures ont aussi été remplacées (valeur U = 1.0).
Le plancher couvrant le passage menant à la cour intérieure a été isolé contre les chambres à coucher chauffées. Le plafond du deuxième étage a été doté, contre les combles, de laine minérale (20 cm) entre solives ainsi que d’un pare-vapeur.
En l’absence de cave, un petit local technique a dû être aménagé au rez-de-chaussée. La nouvelle pompe à chaleur a été installée dans le débarras existant, dans la cage d’escalier. La chaleur est distribuée dans les chambres par de nouveaux radiateurs et sert aussi à la production d’eau chaude. En été, la puissance de chauffage peut être fortement réduite. Pour des raisons de protection du site, aucun panneau solaire n’a pu être posé en toiture.
Nombre de personnes partie bureau
1
Nombre de places de parc
0
AVANT
APRÈS
Surface brute de plancher partie habitable Surface brute de plancher partie habitable par personne Surface brute de plancher partie bureau
2–4
40–80 m2 49 m2 / 178 m3 49 m2 104 m2
Surface de terrain par personne Locaux annexes
Après Chauffés 216 m2 / 731 m3 Pompe à chaleur air-eau + cheminée optimisée
160 m2 / 553 m3
Surface brute de plancher partie bureau par personne Surface de terrain
Avant Chauffés 216 m2 / 731 m3 Electricité : radiateurs muraux + 4 petits chauffe-eau Cheminée au rez-de-chaussée
52 m2 4 m / 12 m3 2
Consommation de chaleur
Coûts d’investissement
Avant 21’000 kWh/an = CHF 4’200.–/an env. 4 habitants
Isolation thermique (allèges + plafond 2e étage + sol 1er étage), y c. revêtements
Après + 7’500 kWh/an = CHF 1’500.–/an = 10 kWh/an/m3 2–4 habitants Economies d’énergie : env. 64%
PLAN DU REZ-DE-CHAUSSÉE
6’000.–
Nouveau système de chauffage (pompe à chaleur + radiateurs + conduites + accessoires électriques)
50’000.–
Nouvelles fenêtres et portes (y c. restauration des vitrines du rez-de-chaussée)
30’000.–
Total mesures énergétiques Total rénovation
PLAN DU DERNIER ÉTAGE
86’000.– 320’000.–
1:200
Photo: Gilberto von Allmen
Photo en haut: Sebastian Heeb, Patrimoine suisse Photo en bas: Gilberto von Allmen
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
14 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 15
BOLTIGEN BE
De la ferme à la maison de vacances Grâce à un concept énergétique mûrement réfléchi, basé sur l’utilisation du bois et du soleil et sur l’ajout d’une isolation sur mesure, cette construction en madriers protégée, datant de 1566, a pu être transformée en une maison de vacances adaptée aux exigences de confort actuelles. Si le bâtiment est désormais bien chauffé, une politique de location active permet d’assurer que les lits restent chauds aussi.
S
Photo en haut: Christoph Tschanz, Bühler Architekten AG Photo en bas: Sebastian Heeb, Patrimoine suisse
Série Patrimoine — Cahier 2
ituée dans le hameau de Schwarzenmatt, sur un versant bien exposé, cette petite ferme, dont l’édification remonte à 1566, est l’un des plus anciens bâtiments de Boltigen. Cette construction en madriers typique de la région, dotée d’une cave semi-enterrée, était jadis habitée par des bergers d’alpage. On y entreposait le fromage, denrée précieuse pour l’alimentation comme pour le commerce. Dans la cave, une tour à fromage à l’abri des souris évoque encore ces temps anciens. La ferme a traversé les siècles sans subir de grandes modifications. La principale intervention fut, en 1705, l’adjonction, dans le prolongement du faîte, d’une partie comprenant étable à petit bétail et fenil. Vers 1900, une pièce fut ajoutée au rez-de-chaussée ; plus tard, les fenêtres de l’étage furent agrandies et la cuisinefumoir, subdivisée par un plancher intermédiaire. C’est en 2011, après que le bâtiment fut resté vacant pendant six ans, que celui-ci fut transformé en maison de vacances. La modernisation de la ferme – qui se situe dans un site protégé – s’inscrit dans les efforts entrepris, dans la région, pour promouvoir un tourisme doux, tirant parti des atouts locaux : un paysage culturel intact, des produits du terroir et un grand nombre de bâtiments de valeur. Grâce à un système de production d’énergie à la fois simple et efficace, basé sur une chaudière combinée assurant chauffage et production d’eau chaude à partir du poêle à bois du séjour ou des panneaux solaires thermiques installés en toiture, la ferme a pu être transformée sans interventions lourdes sur la substance existante. Les vieilles fenêtres ont été remplacées par des fenêtres combinées produites dans la région. La façade sud, qui, en tant que façade principale, devait rester visible, a été isolée par l’intérieur. En façade ouest, l’ancien revêtement en Eternit a été remplacé, pour couvrir l’isolation extérieure, par un bardage en bois, de sorte que les parois en madriers apparents procurent, à l’intérieur, une sensation agréable. Dans la cadre de la rénovation, les interventions peu respectueuses réalisées au cours du XXe siècle ont été éliminées. Grâce à la suppression du plancher intermédiaire susmentionné, la cuisine d’origine, si typique, a retrouvé sa double hauteur. A l’étage, les chambres à coucher, desservies par une mezzanine, ont été débarrassées de leurs revêtements peu esthétiques. Des éléments de mo-
bilier intégrés contemporains permettent une utilisation pratique de ces pièces assez exiguës. La nouvelle salle d’eau, aménagée dans la partie agricole de 1705, se présente comme un bloc autonome. La maison de vacances est surtout occupée entre juin et octobre, ainsi que durant les vacances de février et d’avril. Le concept de production de chaleur adopté permet de réagir à cette occupation variable. Durant la saison chaude, l’installation solaire suffit ; il n’est pas nécessaire d’utiliser le poêle. Le stock de bois à disposition permet à chaque hôte de régler la température du rez-de-chaussée comme il l’entend. Du fait de la compacité du bâtiment, des mesures d’isolation prises et du rétablissement de la double hauteur de la cuisine, où l’air chaud monte librement, on a pu renoncer à poser des radiateurs à l’étage. La transformation de la ferme en maison de vacances a permis d’en assurer la sauvegarde à long terme. Le projet, très respectueux de l’existant, a requis relativement peu d’énergie grise et produit peu de gravats. Grâce à la politique de location active menée par la fondation Vacances au cœur du patrimoine, l’ancienne ferme de Schwarzenmatt correspond aux objectifs de l’initiative sur les résidences secondaires acceptée par les citoyens suisses. Les hôtes contribuent de diverses manières à soutenir l’économie et le tourisme locaux dans cette région un peu à l’écart. Enfin, la restauration soigneuse du bâtiment représente, en soi, une plus-value culturelle et touristique pour le paysage unique du Simmental. Rénovation et transformation: Bühler Architekten, Thoune
Cahier 2 — Série Patrimoine
16 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 17
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE Surfaces et volumes
Production de chaleur (chauffage + eau chaude)
Nombre de personnes
Toitures Le toit à deux pans a été en grande partie refait et, à cette occasion, isolé avec des panneaux de fibres (6 cm) sous et des flocons de cellulose (16–30 cm) entre les chevrons. Valeur U = 0.2.
Murs extérieurs Tous les murs extérieurs ont été isolés soit par l’extérieur, soit par l’intérieur, en fonction de leur état. L’aspect de la façade sud a pu être intégralement préservé. Sur les autres façades, les bardages en bois existants ont été en partie remplacés. A l’est, à l’ouest et au nord, l’isolation se compose de panneaux de fibres (10 ou 12 cm) dont la valeur U est de 0.28. L’isolation intérieure se compose de laine de mouton (14 cm).
Fenêtres et portes extérieures
Planchers, sols
Toutes les fenêtres ont été remplacées par de nouvelles fenêtres associant vitrage isolant et vitrage simple, dont les châssis en mélèze sont produits dans la région. Valeur U = 1.3. Les portes extérieures ont été remises en état et dotées de nouveaux joints.
Au rez-de-chaussée, la zone en contact direct avec le terrain naturel a été dotée d’un sol isolant (10 cm) à base de polyuréthane. Sous la zone habitable située audessus la cave, le plafond de cette dernière a été isolé avec des panneaux de fibres (16 cm). Valeur U = 0.28.
Chauffage / eau chaude
Subsides
2–5
Nombre de places de parc
1
Surface brute de plancher
113 m2 / 345 m3
Surface brute de plancher par personne Dans le séjour a été érigé un nouveau poêle en maçonnerie qui, en hiver, assure à la fois le chauffage et la production d’eau chaude. Sur le toit a été posée une installation solaire thermique de 5.2 m², destinée à la production d’eau chaude. Chaleur ambiante et eau chaude sont ainsi entièrement produites à partir d’énergies renouvelables.
Le bâtiment est classé monument historique digne de protection. Il a bénéficié d’une subvention du Service cantonal des monuments historiques. La fondation Vacances au cœur du patrimoine l’a intégré dans son offre de maisons de vacances. La réhabilitation a été financée par des contributions issues de différents fonds de Patrimoine suisse.
22–56 m2
Surface de terrain
275 m2
Surface de terrain par personne
Avant Chauffés 121 m² / 317 m³ Poêle à bois Après Chauffés 113 m² / 345 m³ Poêle à bois (nouveau) Panneaux solaires
55–137 m2
Locaux annexes
70 m2 / 126 m3
Consommation de chaleur
Coûts d’investissement
Avant Non renseigné (maison inhabitée pendant six ans)
Isolation thermique toiture
10’000.–
Isolation thermique murs extérieurs
15’000.–
Après Valeur moyenne calculée pour une maison individuelle occupée par deux personnes + 11’060 kWh / an + 1’530 kWh / an – 1’800 kWh / an = 10’790 kWh / an = 31 kWh / an /m3
Isolation thermique sols
7’000.–
Nouveau poêle + chauffe-eau
20’000.–
Installation solaire
12’000.–
Nouvelles fenêtres
18’500.–
Total mesures énergétiques
82’500.–
Total toiture: 80’000.– Total rénovation: 530’000.–
AVANT
APRÈS
Photo: Christoph Tschanz, Bühler Architekten AG
Photo: Sebastian Heeb, Patrimoine suisse
COUPE TRANSVERSALE
PLAN DU NIVEAU D’ENTRÉE
BOLTIGEN BE Schwarz // Série Patrimoine — Cahier 2
VERANTWORTLICH
// AL
1:200
1:200 FORMAT A4 DATUM 25 . 02 . 2014
Cahier 2 — Série Patrimoine
18 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 19
WETTINGEN AG
Une maison familiale redevient la maison d’une famille Après le départ de leurs enfants, les maîtres d’ouvrage vivaient seuls dans leur grande maison. A la faveur d’un changement de génération, ce bâtiment en béton apparent fut modernisé et mieux isolé. Depuis, ce ne sont plus deux, mais sept personnes qui y vivent – en consommant bien moins d’énergie.
E
rigée en 1970 par l’architecte Hans Kuhn sur un versant bien exposé, dominant la vallée de la Limmat, cette maison individuelle s’ouvre par de grands vitrages vers le sud-est. Elle était toujours occupée par les maîtres d’ouvrage, qui n’avaient pas entrepris de travaux depuis. Lorsqu’un changement de génération s’annonça au sein de la famille, en 2004, les architectes Kohler + Ilario élaborèrent un projet de modernisation complète du bâtiment, qu’il s’agissait d’adapter aux besoins d’une jeune famille et aux exigences énergétiques actuelles. Les concepteurs conférèrent à la maison un caractère lumineux et ouvert. L’ancienne moquette fut remplacée par un parquet en noyer, et l’escalier fut doté d’un éclairage zénithal naturel. Cuisine et locaux sanitaires furent entièrement réaménagés. Désormais, la cuisine et le séjour forment ensemble un espace de vie fluide, desservi directement par l’escalier central. Afin de préserver l’aspect caractéristique des façades en béton apparent, l’isolation fut posée du côté intérieur dans toutes les pièces chauffées. Le toit plat fut rénové, étanchéifié et isolé, et les plafonds des locaux non chauffés du sous-sol furent, eux aussi, munis d’une isolation destinée à réduire les déperditions thermiques des pièces situées au-dessus. Une exception dut être consentie dans la pièce arrière du niveau inférieur, à laquelle sa faible hauteur de plafond ne permettait pas d’ajouter une couche d’isolation supplémentaire. Au niveau des fenêtres furent réutilisés des éléments qui avaient déjà été remplacés ou remis en état antérieurement. Seules la chambre à coucher principale et la cuisine furent dotées de nouvelles fenêtres. Cette approche pragmatique permit d’économiser argent et énergie grise. Les caissons des volets roulants, qui n’étaient pas isolés et représentaient donc d’importants ponts thermiques, furent garnis de laine minérale. En matière de chauffage, les propriétaires n’ont rien entrepris de particulièrement innovant. La chaudière à mazout existante, qui était relativement récente, a été conservée. Quant à la cheminée située au milieu du séjour, elle sert surtout à subdiviser l’espace, et n’est utilisée que sporadiquement comme source de chaleur d’appoint. Le fait d’isoler le bâtiment de façon systématique – sans pour autant porter atteinte à son aspect extérieur – a permis de réduire
la consommation d’énergie de moitié. Un tel résultat surprend car, depuis le changement de génération intervenu, les pièces sont davantage utilisées, le nombre d’habitants étant passé de deux à sept. Par ailleurs, les mesures d’amélioration énergétique ont été mises à profit pour accroître le confort de la maison avec, notamment, une augmentation de la température ambiante d’un à deux degrés. Depuis que le bâtiment est à nouveau occupé par une famille, le bilan énergétique du ménage s’est sensiblement amélioré. L’effet de levier lié à l’accroissement du taux d’occupation de la maison est étonnant : l’énergie de chauffage consommée par habitant ne se monte plus qu’à un septième de ce qu’elle était en 2004. Les maîtres d’ouvrage ont su faire en sorte que leur maison reste judicieusement utilisée au sein de la famille. Le bon état du bâtiment, ses dimensions généreuses et sa situation attractive et bien exposée, entre les centres de Baden et de Wettingen, ont permis de le moderniser sans l’agrandir. Toutes les maisons individuelles n’offrent toutefois pas des conditions aussi favorables. Celles des quartiers résidentiels de l’après-guerre sont souvent assez petites, et beaucoup n’ont fait l’objet d’aucun investissement depuis leur réalisation. Sont dès lors requises des solutions permettant d’accélérer le changement de génération. Car l’accroissement volontaire du taux d’occupation des habitations représente le meilleur moyen d’en améliorer l’efficacité énergétique, tant sur le plan économique que social. Rénovation et transformation: Kohler+Ilario Architekten, Zurich
Photos: Nicolas Hunkeler, Patrimoine suisse
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
20 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 21
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE
Toitures
Murs extérieurs
Fenêtres et portes extérieures
Planchers, sols
Chauffage / eau chaude
Le toit plat a été isolé avec des panneaux de mousse de polyuréthane rigide (12 cm) et doté d’une nouvelle étanchéité.
Afin de préserver l’aspect et les proportions des façades en béton apparent, les murs des locaux chauffés des deux niveaux habitables ont été isolés, du côté intérieur, avec des panneaux de polystyrène extrudé (8 cm). Le long des murs, le bord des chapes a été rogné pour faire descendre l’isolation jusqu’à la dalle. Les cloisons intérieures en brique ont été séparées thermiquement des murs extérieurs en béton.
A l’étage supérieur, la portefenêtre de la chambre à coucher principale a été remplacée par une nouvelle, plus grande et dotée d’un double vitrage isolant. Les fenêtres de la cuisine ont elles aussi été remplacées par de nouvelles à double vitrage isolant. Les caissons des volets roulants ont été isolés avec de la laine minérale (3 cm). Dans la cage d’escalier et la salle de bains, les nouveaux vitrages zénithaux ont été spécialement conçus et correspondent aux derniers développements technologiques.
Les plafonds du garage, de la zone d’entrée extérieure et de la cave ont été isolés avec de la laine minérale.
Le système de chauffage au mazout existant, assez récent, a été conservé.
Photos: Nicolas Hunkeler, Patrimoine suisse
COUPE TRANSVERSALE Surfaces et volumes Volume chauffé total (y c. cage d’escalier ouverte)
760 m
320 m3
3
Nombre de personnes
7
Nombre de places de parc
5
Avant Chauffés 271 m² / 760 m³ Chauffage au mazout, par le sol. Cheminée au rez-de-chaussée Après Pas de changement
271 m2 / 760 m3
Surface brute de plancher habitable par personne
39 m2
Surface de terrain
859 m2
Surface de terrain par personne Locaux annexes
122 m2 111 m / 291 m3 2
Consommation de chaleur
Coûts d’investissement
Avant 3’500 l /an = 35’000 kWh /an = CHF 3’675.–/an 2 habitants
Isolation thermique par l’intérieur (murs extérieurs)
25’000.–
Toit plat (y c. étanchéité)
48’000.–
Après 2’000 l /an = 20’000 kWh /an = ca. CHF 2’100.–/an = 26 kWh /an / m3 7 habitants
Fenêtres
Economies d’énergie : env. 43 %
Nouveaux vitrages zénithaux (escalier + salle de bains) Total mesures énergétiques Total rénovation
8’000.– 18’000.– 81’000.– 450’000.–
EFH WETTINGEN Schwarz // VERANTWORTLICH
Série Patrimoine — Cahier 2
1:200
Production de chaleur (chauffage + eau chaude)
Volume non chauffé total (locaux annexes, balcon)
Surface brute de plancher habitable
PLAN DU PREMIER ÉTAGE
// AL
1:200
FORMAT A4 DATUM 25 . 02 . 2014
Cahier 2 — Série Patrimoine
22 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 23
ZURICH ZH
Deux immeubles réunis pour plus de mixité sociale Un plus un font parfois plus que deux : la réunion de deux immeubles contigus a permis de les moderniser et de promouvoir la mixité sociale en pleine ville de Zurich – même sous le régime de la propriété privée. Responsabilité écologique et sociale et respect du patrimoine ont présidé à l’élaboration du projet.
E
n 2002, les propriétaires de l’immeuble 72, Bertastrasse, érigé en 1911, avaient pu acquérir le bâtiment contigu, qui faisait partie du même îlot ouvert. Ils avaient alors organisé un concours d’architecture privé, en vue d’obtenir un concept convaincant pour les deux immeubles, qui comptaient dix logements au total. Le bureau lauréat, Huggenbergerfries Architekten, avait ensuite été chargé de développer son projet de transformation/rénovation. Tant les propriétaires que les architectes souhaitaient conserver au maximum le volume et la substance bâtie existants, tout en exploitant la possibilité de gagner de l’espace pour améliorer l’ensemble. Ils parvinrent, en transformant le moins possible la structure, à faire en sorte que les logements donnent, non plus sur la rue, mais, côté cour, sur le vaste espace vert formé par l’Aemtlerwiese et le cimetière de Sihlfeld. Ce retournement fut rendu possible par un léger agrandissement des appartements côté cour et l’adjonction d’un balcon en porte-à-faux reprenant la forme de l’îlot, resté inachevé. Une grande attention fut portée à l’optimisation des plans, qui devait permettre une utilisation flexible des logements. Dans le cadre de l’agrandissement de l’espace habitable, la salle de bains fut déplacée et de petits WC séparés furent installés à côté du nouvel ascenseur. Ces transformations généraient un hall polygonal avec penderie, desservant toutes les pièces. Comme l’ancien numéro 72 présentait déjà des plans polyvalents, il ne fut pas nécessaire d’y effectuer de gros travaux. Dans les deux parties du complexe, le cœur des logements est constitué par une cuisine habitable communicant avec l’espace extérieur, qui peut accueillir une table de huit personnes et répond ainsi parfaitement aux besoins des colocations. D’entente avec le Service des monuments historiques de la Ville, les façades en brique apparente du bâtiment d’angle furent conservées. A titre de mesures de compensation, les planchers des combles et du rez-de-chaussée furent isolés au maximum, et des fenêtres à triple vitrage furent posées. Si le chauffage au gaz préexistant continue d’assurer la production de chaleur en période de pic, les besoins sont désormais en grande partie couverts par une nouvelle pompe à chaleur air-eau. Malgré les interventions effectuées, l’immeuble issu de la réunion a été, du fait de sa qualité globale, mis sous protection par la Ville.
La transformation/rénovation n’était pas motivée – comme souvent dans les quartiers à la mode – par la volonté d’augmenter les loyers, mais par celle de servir les habitants en place. Ainsi le projet de réaménagement du jardin fut-il développé en collaboration avec les locataires, qui purent d’ailleurs aussi prendre part à certains choix en matière d’aménagement intérieur. Si l’immeuble n° 72 put rester habité durant le chantier, le n° 70 dut être vidé. Deux des cinq ménages concernés ont ré-emménagé dans leur logement au terme des travaux, deux autres ont échangé les leurs. A travers leur engagement en faveur de l’immeuble et de ses usagers, les propriétaires, qui y occupent eux-mêmes deux logements, entendent lutter contre l’embourgeoisement insidieux du quartier, qui contraint de nombreux habitants de longue date à partir. Le rendement de l’immeuble est modeste, le but premier étant d’assurer une bonne mixité sociale. Ainsi les dix logements sont-ils occupés aussi bien par des parents célibataires que par des personnes à l’AI, des retraités, des couples et des communautés d’habitation. Le sous-sol comporte aussi un local de répétition pour groupes de musique et un local communautaire. Durant la belle saison, les locataires se retrouvent dans le jardin collectif, où sont aussi aménagées des places de stationnement pour vélos. Afin de soustraire l’immeuble à la spéculation, les propriétaires ont institué un droit de préemption en faveur des locataires ou de coopératives. Ainsi la pérennité de ce projet exemplaire, qui répond à toutes les dimensions de la durabilité, devrait-elle être assurée. Rénovation et transformation: huggenbergerfries Architekten, Zurich
Photos: Beat Bühler, Zurich
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
24 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 25
Photo: Beat Bühler, Zurich
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
26 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 27
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE
Toitures
Murs extérieurs
Fenêtres et portes extérieures
Planchers, sols
Chauffage / eau chaude
Le plancher des combles a été isolé avec 24 cm de laine minérale. Valeur U = 0.12
Les façades ont fait l’objet d’un simple rafraîchissement.
Afin de préserver l’aspect de la maçonnerie apparente et les proportions des façades, les mesures se sont limitées à la pose de nouvelles fenêtres à triple vitrage, présentant une valeur U de 0.7.
Les sols en contact avec des locaux non chauffés ont été isolés avec 20 cm de laine minérale. Valeur U = 0.12
L’ancien chauffage au gaz a été remplacé par un système bivalent avec chauffage au gaz et pompe à chaleur air-eau.
Surfaces et volumes
Production de chaleur (chauffage + eau chaude)
Volume total (y c. locaux non chauffés)
4600 m
Volume non chauffé
620 m3
Nombre de personnes par logement
2–5
Nombre de places de parc Surface brute de plancher habitable Surface brute de plancher par logement
3
0
Après Système bivalent avec chauffage au gaz + pompe à chaleur air-eau
973 m / 3980 m3 2
93 m2
Surface de terrain
481 m2
Locaux annexes non chauffés (caves, locaux techniques)
167 m2
Total terrasses
250 m2
PLAN
Avant Chauffage au gaz
1:200
Photos: Beat Bühler, Zurich
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
28 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 29
SATIGNY-CHOULLY GE
Une ancienne écurie transformée en logement Au cœur du vignoble genevois, la réaffectation d’anciens bâtiments d’exploitation agricoles a permis de conserver un domaine abandonné. Dans ce projet mariant le neuf et l’ancien, sauvegarde du patrimoine et améliorations énergétiques sont allées de pair.
L
a plus grande commune viticole de Suisse ne s’étend qu’à quelques kilomètres de Genève. A Satigny, le paysage est marqué par les vignes et des hameaux composés de belles exploitations agricoles historiques. Le recul de l’agriculture a conduit nombre de propriétaires à réfléchir à la réaffectation de ce patrimoine. Comme les bâtiments concernés se trouvent à la fois en pleine campagne et à proximité de la ville et qu’ils bénéficient d’une vue s’étendant jusqu’aux Alpes, ils sont souvent transformés en habitations de haut standing. C’est précisément le cas du domaine de Choully, dont la création remonte aux années 1700–1715, et dont les différents corps de bâtiments – grange, écurie, pressoir, habitation et couvert – s’organisent autour d’une cour fermée. En 2008, les propriétaires ont chargé le bureau d’architecture ar-ter d’élaborer un concept de réhabilitation de cet ensemble classé. En 2010, une première étape a consisté à transformer l’écurie et le couvert en habitation et à rénover le grand toit à deux pans de la grange attenante. L’ancienne écurie abrite aujourd’hui deux chambres et deux salles d’eau, ainsi qu’une cuisine habitable avec accès direct au jardin. Le séjour, qui communique par une baie avec la cuisine, est aménagé entre les murs de pierre du couvert, qui tombait en ruine. Dans le passage couvert situé entre la cour et le jardin, les anciennes latrines ont fait place au local technique abritant le nouveau chauffage. Le projet devait répondre aux exigences d’une maison moderne à faible consommation d’énergie tout en respectant la substance bâtie existante. A l’intérieur, l’ancienne écurie se présentait comme une grande halle aux murs grossièrement crépis, couverte par un comble à charpente apparente – ce qui laissait une grande liberté dans l’agencement de l’espace. Quant aux mesures énergétiques, elles n’ont pas non plus nécessité d’interventions notables sur la substance historique. La charpente et la couverture de tuiles traditionnelle ont été sauvegardées et reconstituées. Du fait de la hauteur disponible, il a été possible d’insérer un nouveau plancher isolé sous la charpente et, ainsi, de réduire considérablement le volume chauffé sans modifier la toiture, qui continue de fonctionner comme un espace « froid » ventilé. Le fait que le sol ait été, comme le plancher supérieur, doté d’une isolation optimale, a permis de renoncer dans une large mesure à isoler les murs. Là où cela se révélait indispensable, cela s’est fait du côté intérieur, afin de préserver, à l’extérieur, la texture irrégulière de la maçonnerie.
Architectes et maîtres d’ouvrage se sont attachés à établir une distinction subtile entre éléments restaurés et ajoutés. Ont été mis en œuvre des matériaux naturels tels que bois, béton brut et crépi à la chaux. Le séjour a été couvert d’un toit plat moderne et ses menuiseries sont, elles aussi, de facture contemporaine. Les façades restaurées l’ont été à l’aide de matériaux traditionnels. Les baies à encadrement de pierre d’origine ont été conservées, et celles qui ont été ajoutées présentent des proportions analogues. Le fait que cette réaffectation très mesurée n’ait pas entraîné de forte hausse du taux d’occupation des bâtiments, se révèle tout à fait judicieux du point de vue de l’aménagement du territoire. Le domaine, desservi par une ligne de bus aux horaires irréguliers et situé à environ 1.5 kilomètre du centre de Satigny, assume, en tant qu’espace de détente proche de la ville, une importante fonction récréative. Dans la région, la protection et l’entretien du paysage rural revêtent une importance prioritaire. De fait, l’insertion d’un programme de logement dans le domaine agricole de Choully visait avant tout à sauvegarder cet ensemble de valeur. Le développement urbain de la commune – et de la région en général – se fait, lui, dans des zones spécialement délimitées à cet effet. Rénovation et transformation: ar-ter atelier d’architecture-territoire, Carouge
Photos: Olivier Zimmermann
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
30 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 31
Surfaces et volumes
Coûts d’investissement
Volume chauffé total Nombre de places de parc Surface brute de plancher habitable Surface de terrain Locaux annexes (local technique, sans local polyvalent)
560 m
3
4–8 (dans la cour) 180 m / 560 m 2
3
820 m2 17 m2
Sols (y c. combles)
20’000.–
Toit à deux pans + nouveau toit plat du séjour
50’000.–
Fenêtres et portes
38’000.–
Chauffage Chauffage à pellets Panneaux solaires Poêle à bois
45’000.– 11’000.– 5’000.–
Total transformation (sans la toiture de la grange)
1’000’000.–
Production de chaleur (chauffage + eau chaude) Avant L’ancienne écurie n’était pas chauffée. Après Chauffage à pellets, panneaux solaires et poêle à bois. Total des besoins en chaleur / an
5 tonnes de pellets = env. CHF 1750.–
COUPE TRANSVERSALE
PLAN
1:200
Photos: Olivier Zimmermann
CHOULLY SATIGNY GR Schwarz // VERANTWORTLICH // AL
CHOULLY SATIGNY GR Schwarz // VERANTWORTLICH // AL
Série Patrimoine — Cahier 2
1:200
FORMAT A4 DATUM 25.02.2014
1:200
FORMAT A4 DATUM 25.02.2014
Cahier 2 — Série Patrimoine
32 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 33
MÖRIGEN BE
Déconstruction, transformation et extension d’un monument moderne Construite par Fritz Haller au début des années 1970, cette maison individuelle a fait l’objet d’une rénovation complète. Afin d’améliorer l’efficacité énergétique de ce bâtiment classé et, ainsi, d’en assurer la sauvegarde à long terme, des interventions lourdes se sont révélées nécessaires.
U
n coup d’œil suffit pour rattacher cette maison à la modernité des années de haute conjoncture. Le concepteur de ce bâtiment érigé en 1971, n’est autre que Fritz Haller, l’un des grands architectes suisses du XXe siècle. Celui-ci recourut ici à son propre système de construction métallique MINI, qu’il avait – comme ses célèbres meubles USM – développé en 1967 en collaboration avec la société u.schärer söhne à Münsingen. Ses qualités esthétiques et sa valeur de témoin des accomplissements techniques et conceptuels des années 1960 et 1970, en font sans conteste un important monument. Aussi le Canton de Berne a-t-il procédé, en 2005, au classement de la propriété, qui comporte également une maison d’hôtes réalisée bien plus tard, mais dans un style similaire. Le bâtiment principal trahit l’idée qui prévalait à l’époque, selon laquelle l’énergie et le sol étaient disponibles en quantités illimitées. On a le sentiment de se trouver en présence d’un objet qui aurait atterri par hasard dans le paysage et qui, toute subtile que soit son intégration dans son environnement, n’aurait guère tenu compte de la proximité ou de l’accessibilité des infrastructures. Et s’il ne faut que quelques minutes de marche pour rejoindre, depuis ce quartier de villas avec vue sur le lac, la gare ferroviaire locale, elle-même située à une vingtaine de minutes de train de Bienne, la voiture reste le principal moyen de déplacement des habitants. Bien que la maison eût été en partie rénovée en 1994, elle avait subi les outrages du temps. L’enveloppe du bâtiment présentait des dommages dus à la corrosion, et ni l’importante consommation d’énergie, ni les déficits en matière de confort ne correspondaient plus aux exigences actuelles. En 2011, les propriétaires ont chargé le bureau 2bm architekten d’élaborer un projet de rénovation. Le mandat consistait à préserver l’aspect général et les principes constructifs de la maison, tout en l’adaptant à l’évolution des besoins. Il apparaissait clairement que ces objectifs ne pouvaient être atteints qu’au prix d’interventions assez lourdes. Il a ainsi fallu déconstruire le bâtiment jusqu’à sa structure de base, pour le reconstruire ensuite dans sa forme initiale. Pour des raisons de conservation du patrimoine, le concept de matérialisation et de mise en couleurs d’origine a été respecté, mais la salle de bains, la cuisine et la buanderie ont été entièrement modernisées.
Cette expérience témoigne du fait qu’il est possible d’adapter même les bâtiments construits selon les principes et méthodes les plus exigeants et spécifiques. Cela requiert toutefois beaucoup de méticulosité dans la conception et l’exécution, ainsi qu’une grande sensibilité pour les recherches architecturales de l’époque. Et il faut, bien sûr, que les maîtres d’ouvrage soient prêts à emprunter une telle voie, en dépit des obstacles prévisibles. Grâce à la modularité du système élaboré par Fritz Haller et aux adaptations effectuées dans le cadre de la rénovation, il restera possible d’utiliser la maison de façon flexible. Des interventions légères suffiront désormais pour y apporter les modifications nécessaires. Initialement conçu comme une habitation de cinq pièces, le bâtiment en compte aujourd’hui quatre, mais pourrait tout aussi bien en comporter huit. Cette souplesse compensera, du moins en partie, la grande surface de terrain occupée par la maison, ainsi que l’énergie grise nécessitée par la rénovation. Les propriétaires ont par ailleurs profité de l’occasion pour rendre possible, à long terme, la densification de ce vaste terrain. Erigée en 2005 dans l’esprit du concept initial, la maison d’hôtes délimite la propriété tout en permettant la réalisation d’une autre construction dans la partie nord-est du site. Grâce à son implantation judicieuse, ce volume forme une barrière visuelle entre les bâtiments existants et celui qui pourrait voir le jour ultérieurement. Ainsi une future densification n’impliquera-t-elle aucune perte d’intimité et ne portera-t-elle – si les concepteurs font preuve du doigté requis – aucune atteinte au bâtiment protégé. Rénovation et transformation: 2bm architekten, Soleure
Photos: Hansruedi Riesen, Zuchwil
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
34 Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation
Patrimoine bâti et énergie — Amélioration énergétique des bâtiments d’habitation 35
MESURES D’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE
Toitures
Murs extérieurs / façades vitrées
Aménagements intérieurs : plafonds, sols, cloisons
Chauffage / eau chaude
Subsides
Le toit plat a été rénové et doté de chéneaux du côté intérieur, ce qui a permis d’atteindre une valeur U de 0.16 sans augmenter la hauteur des acrotères.
La pose de triples vitrages à hautes performances isolantes (valeur U = 0.6) a nécessité de remplacer les organes de fixation des verres en EPDM par des profilés à coupure thermique. Pour préserver l’aspect extérieur d’origine, les profilés Wicona standard ont été modifiés et couverts par des cadres extérieurs en caoutchouc.
Tous les éléments contaminés ou contenant des substances nocives, comme les panneaux de particules contenant du formaldéhyde utilisés dans les sols et les cloisons modulaires, ont été éliminés. A l’intérieur aussi, on a veillé à ce que les modes de construction et l’aspect d’origine soient respectés.
Toutes les installations techniques (électricité, chauffage, ventilation, sanitaires et stores extérieurs) ont été adaptées aux exigences actuelles. Le concept de chauffage et de ventilation initial a été optimisé. Au niveau inférieur, la distribution de chaleur reste assurée par un chauffage par le sol et, en appoint, par l’air pulsé par le plafond (l’air vicié étant extrait par le sol). L’enveloppe du bâtiment ayant été sensiblement améliorée, il a été possible d’abaisser les températures de chauffage et de limiter le taux de renouvellement d’air au minimum requis à des fins d’hygiène. Un système de récupération de chaleur permet de réduire les déperditions thermiques. L’ancien chauffage au mazout a été remplacé par des sondes géothermiques.
Le Service cantonal des monuments historiques a octroyé à la rénovation un subside de CHF 122’000.–.
Photo: Hansruedi Riesen, Zuchwil
PLAN DU PREMIER ÉTAGE Surfaces et volumes Volume total maison principale (y c. garage et terrasse couverte)
1200 m3
Nombre de places de parc Surface brute de plancher habitable (maison principale) + terrasse de 35 m²
4 295 m / 892 m3 2
Surface brute de plancher maison d’hôtes
98 m2
Surface de terrain (sans la maison d’hôtes)
1258 m2
Locaux annexes (y c. garage)
1:200
Production de chaleur (chauffage + eau chaude) Avant Chauffage au mazout : chauffage par le sol + air pulsé Après Sondes géothermiques et pompe à chaleur pour le chauffage (chauffage par le sol + air pulsé) et l’eau chaude
101 m2
Coûts d’investissement La maison ayant dû être déconstruite jusqu’à la structure, les coûts de rénovation et de transformation ont pratiquement atteint ceux d’une construction neuve.
Série Patrimoine — Cahier 2
Cahier 2 — Série Patrimoine
Commandez nos attrayants guides ! Je commande ____ ex. « Les plus beaux musées de Suisse – Savoirs et histoires » SECRÉTARIAT Patrimoine suisse Villa Patumbah Zollikerstrasse 128, 8008 Zurich T 044 254 57 00, F 044 252 28 70 info@patrimoinesuisse.ch, www.patrimoinesuisse.ch
À PROPOS DE PATRIMOINE SUISSE Patrimoine suisse est la plus importante organisation suisse sans but lucratif active dans le domaine du patrimoine bâti. L’association, qui compte 27 000 membres et donateurs, a été créée en 1905 en tant qu’organisation faîtière de 25 sections cantonales. Nous nous engageons pour éviter la démolition de monuments de différentes époques et les faire revivre. Lors de la construction de nouveaux bâtiments, nous prônons une architecture contemporaine de qualité.
Geschäftsleiter/Secrétaire général: Adrian Schmid
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Nous décernons chaque année le Prix Wakker à une commune pour ses prestations exemplaires dans l’aménagement de son territoire. Le Prix Schulthess des jardins récompense des réalisations de qualité dans le domaine de l’art des jardins. Avec le produit de la vente de l’Ecu d’or, nous soutenons depuis des décennies des projets exemplaires de protection du patrimoine bâti et de la nature. Le «patrimoine à fleur de peau», c’est l’expérience proposée par la Maison du patrimoine dans la Villa Patumbah de Zurich. Nous louons aussi des logements de vacances aménagés dans des bâtiments historiques soigneusement sélectionnés dans toute la Suisse par notre fondation Vacances au cœur du Patrimoine.
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Nos publications vous informent sur nos activités et présentent les trésors du patrimoine bâti en Suisse. Les membres de Patrimoine suisse bénéficient d’un rabais à l’achat de nos titres. 3
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SCHWEIZER HEIMATSCHUTZ PATRIMOINE SUISSE HEIMATSCHUTZ SVIZZERA PROTECZIUN DA LA PATRIA
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1 Prix Wakker 2015: Commune de Bregaglia (GR) 2 Prix Schulthess des jardins 2015: plantages communautaires de la Ville de Lausanne (VD) 3 Vente de l’Ecu d’or de Patrimoine suisse et de Pro Natura 4 La Maison du patrimoine dans la Villa Patumbah de Zurich 5 Fondation Vacances au cœur du Patrimoine: Huberhaus à Bellwald (VS)
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COMITÉ CENTRAL Bureau Präsident/Président: Philippe Biéler, 1613 Maracon philippe.bieler@patrimoinesuisse.ch Vizepräsident/Vice-président: Severin Lenel, St. Gallen Daniela Saxer, Zürich Übrige Mitglieder/Autres membres: Benedetto Antonini, Muzzano TI Christian Bischoff, Genève Beat Schwabe, Ittigen BE Andreas Staeger, Brienz BE Secrétariats Présidents de section Aargauer Heimatschutz Präsident: Christoph Brun, Brugg Geschäftsstelle: Henri Leuzinger, Kapuzinergasse 18, Postfach 358, 4310 Rheinfelden, G 061 831 70 05, P 061 831 69 67 Heimatschutz Appenzell A.-Rh. Präsidentin: Eva Louis, Langenegg 877, 9063 Stein AR, G 071 367 21 12 Heimatschutz Basel Präsident: Christof Wamister, Basel Geschäftsstelle: Paul Dilitz, Hardstrasse 45, Postfach, 4010 Basel, G 061 283 04 60 Baselbieter Heimatschutz Präsident: Ruedi Riesen, Liestal, G 061 921 07 56 Geschäftsstelle: Markus Vogt, Hauptstrasse 6 4497 Rünenberg, G 061 981 44 46, F 061 981 44 18 Berner Heimatschutz Präsidentin: Dorothée Schindler, Bern Geschäftsstelle: Kramgasse 12, 3011 Bern, G 031 311 38 88, F 031 311 38 89 Bündner Heimatschutz Geschäftsstelle: Ludmila Seifert-Uherkovich, Lürlibadstrasse 39, 7000 Chur, G 081 250 75 72 Protecziun da la patria d’Engiadina Ansprechperson: Patrizia Guggenheim, 7606 Promontogno, G 081 822 13 27 Patrimoine suisse, section Fribourg Président: Pierre Heegaard, Stalden 20, 1700 Fribourg, B 032 654 91 26, F 032 654 91 08, P 026 322 61 36 Patrimoine suisse, section Genève Président: Robert Cramer, Genève Secrétariat: ruelle du Midi 10, case postale 3660, 1211 Genève 3, B 022 786 70 50, F 022 786 78 07 Glarner Heimatschutz Präsident: Thomas Aschmann, Bankstrasse 20 8750 Glarus, G: 055 640 39 72 Patrimoine Gruyère-Veveyse Président: Jean-Pierre Galley, Au village, 1669 Lessoc Secrétariat: Denis Buchs, case postale 161, 1630 Bulle 1, B 026 916 10 10 Innerschweizer Heimatschutz Präsident: Conrad Wagner, Stansstaderstrasse 28 6370 Stans Geschäftsstelle: Andreas Stäuble, Schirmertorweg 6, 6004 Luzern Patrimoine suisse, section Jura Président: Antoine Voisard, Porrentruy Administrateur: Georges Daucourt, CP 2202, 2800 Delémont 2, T/F 032 422 73 89 Patrimoine suisse, section neuchâteloise Coordination: Delphine De Pretto Président ad interim: Jean-Marc Breguet, route des Gouttes-d’Or 9, 2000 Neuchâtel Oberwalliser Heimatschutz Präsident: Giuseppe Curcio, Terbinerstrasse 11, 3930 Visp, T 027 946 02 83 Schaffhauser Heimatschutz Postfach 3121 8201 Schaffhausen, info@heimatschutz-sh.ch
Schwyzer Heimatschutz Präsident: Walter Eigel, Zwygarten 11, 6415 Arth, P 041 855 51 66 Solothurner Heimatschutz Präsident: Philipp Gressly, Solothurn Geschäftsstelle: Tanja Baumberger, Ravellenweg 12, 4702 Oensingen, G 032 622 12 26 Heimatschutz St. Gallen/Appenzell I.-Rh. Präsidentin: Kathrin Hilber, St. Gallen Geschäftsstelle: Natalia Bezzola Rausch, Davidstrasse 40, Postfach 931, 9001 St. Gallen, G/F 071 222 07 20 Thurgauer Heimatschutz Präsident: Uwe Moor, Oberhofen bei Kreuzlingen Geschäftsstelle: Gianni Christen, altes SBB-Stellwerk Weinfelden, Schützenstrasse 28, Postfach 299, 8570 Weinfelden, G 071 620 05 10 Società ticinese per l’arte e la natura (STAN) Presidente: Antonio Pisoni, Ascona STAN: Via Borghese 42, CP 1146, 6601 Locarno, U 091 751 16 25, F 091 751 68 79 Patrimoine suisse, section Valais romand Présidente: Magali Reichenbach, rue de Savoie 108 1962 Pont-de-la-Morge Patrimoine suisse, section vaudoise Président: Denis de Techtermann, Morges Secrétariat: chemin des Bulesses 154, 1814 La Tour-de-Peilz, B 021 944 15 20, F 021 944 15 89 Zuger Heimatschutz Präsident: Dr. Meinrad Huser, Zug Geschäftsstelle: Postfach 4641, 6304 Zug, G 041 711 13 18, F 041 711 13 19 Zürcher Heimatschutz Präsident: Martin Killias, Lenzburg Geschäftsstelle: Eichstrasse 29, 8045 Zürich G 044 340 03 03, F 044 340 03 35 Conseillers Consulter le secrétariat de Patrimoine suisse Commission technique: Christoph Schläppi, Bern (Präsident) Christian Bischoff, Genève Hansjörg Stalder, Basel Patricia Schibli, Wettingen Service juridique: Lic. iur. Rudolf Muggli, Bern Représentants des milieux officiels Dr. Raimund Rodewald (Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage) Prof. Dr. Georg Mörsch Gerold Kunz (Conférence Suisse des Conservatrices et Conservateurs de Monuments) Lic. iur. Lukas Bühlmann (Association suisse pour l’aménagement national) FONDATION VACANCES AU CŒUR DU PATRIMOINE Villa Patumbah, Zollikerstrasse 128, 8008 Zürich G 044 252 28 72, info@magnificasa.ch www.magnificasa.ch PC 85-778179-9 Directrice: Kerstin Camenisch
IMPRESSUM
____ ex. « Les plus beaux bâtiments 1960–75 »
Edité par: Patrimoine suisse Villa Patumbah Zollikerstrasse 128 8008 Zürich
____ ex. « Les plus beaux hôtels de Suisse » ____ ex. « Les plus beaux cafés et tea rooms de Suisse » ____ ex. « Les plus beaux bains de Suisse »
Rédaction Patrick Schoeck-Ritschard, Sabrina Németh
____ ex. « Les plus belles promenades de Suisse »
Traduction de l’allemand Léo Biétry, Lausanne
Prix: CHF 16.–/CHF 8.– pour les membres de Patrimoine suisse, frais de port non compris
Impression Stämpfli AG, 3001 Berne Conception graphique Stillhart Konzept und Gestaltung, 8003 Zurich Zurich, novembre 2015
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____ ex. Prise de position « Pour une densification de qualité » ____ ex. Prise de position « L’aménagement du territoire face à de grands défis » ____ ex. Edition actuelle de la revue « Heimatschutz/Patrimoine » Prix: gratuit
ÉCU D’OR Villa Patumbah, Zollikerstrasse 128, 8008 Zürich G 044 262 30 86, info@schoggitaler.ch, www.ecudor.ch PC 80-4943-5 Direction: Eveline Engeli
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Die schönsten Bauten 1960–75 Les plus beaux bâtiments 1960–75
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Die schönsten Bauten 1960–75
Seepromenade und Centre Le Corbusier ZÜRICH ZH
Von Otterlo zur Ölkrise
Seepromenade / Willi Neukom, 1963 Centre Le Corbusier / Le Corbusier, 1960–67 posthum fertiggestellt Höschgasse 8 www.centerlecorbusier.com
Les plus beaux bâtiments 1960–75 D’Otterlo à la crise pétrolière
Der Prototyp eines idealen Ausstellungsraums im Landschaftspark
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Am Zürichhorn führt der beliebte Seeuferweg die Spaziergänger direkt am Wasser entlang. Willi Neukom entwarf das Projekt im Nachklang der Gartenbauausstellung G59. Die grossen Natursteinplatten erinnern an lokale Seeuferbefestigungsmethoden und gleichzeitig an japanische und moderne schwedische Landschaftsgestaltung. Mit dem Wunsch, die Landschaft in die
Laissez-vous inspirer par les idées révolutionnaires et les détails marquants de la période qui va de l’euphorie de la croissance à la crise pétrolière. De la station satellite à la cabane de montagne, en passant par le grand ensemble, un bouquet de 50 œuvres magistrales et peu connues de toute la Suisse vous est présenté.
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120 pages, format A6, bilingue F/D Prix de vente: CHF 16.— Membres de Patrimoine suisse: CHF 8.— ISBN: 978-3-9523994-4-6 Numéro de référence: DSC017F
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Seldwyla nächst
Die schönsten Bauten 1960–1975
–––
––– Objekt Seldwyla Architekt Willi Neukom Jahr 1963 Objekt Centre Le Corbusier Mit ihren Themengärten und Begleitveranstaltungen öffnete die erste schweizerische Gartenbauausstellung, G59, im April 1959 ihre Tore an den
Die schönsten Bauten 1960–1975
Themen Am 21. Juli 1969 betritt Neil Armstrong als erster Mensch den Mond. Es herrscht der Kalte Krieg. Was passierte in der Schweiz und wie schlugen sich die Ereignisse in der Architektur nieder? Stöbern Sie über den Bruch der Massstäbe, die Aufhebung von Grenzen und die Emanzipierung von veralteten Traditionen.
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Au Zürichhorn, la très populaire promenade du lac longe directement la rive. Willi Neukom la dessina dans le sillage de l’exposition horticole G59.
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Un prototype dans le paysage
Les grandes dalles en pierre naturelle rappellent à la fois les méthodes locales de consolidation des rives et les aménagements paysagers japonais traditionnels et suédois modernes. C’est avec l’ambition de faire entrer le paysage dans l’architecture que Le Corbusier conçut à la même époque, avec Jean Prouvé, la «Maison de l’Homme», un pavillon d’exposition composé d’éléments préfabriqués colorés dont les dimensions, conformes au Modulor, sont de 226 × 226 cm. Le concept de toiture «parasolparapluie» de l’architecte trouva ici sa première application concrète. L'historien d'architecture Sigfried Giedion décrivait avec enthousiasme comment le vaste paysage – arbres, lac et ciel – s’engouffre sur la terrasse en toiture couverte et comment l’on sent, assis sur un banc d’allure antique, que Le Corbusier a, dans ce bâtiment, intégré l’infini.
Von O erlo zur Ölkrise
Série Patrimoine — Cahier 1
PATRIMOINE BÂTI ET ÉNERGIE
Architektur einzubeziehen, entstand damals auch das nahe gelegene Ausstellungshaus «Maison de l’Homme». Le Corbusier plante mit Jean Prouvé einen Pavillon aus bunten Fertigelementen im Modulor-Mass von 226 x 226 Zentimetern. Le Corbusiers Bedachungskonzept Parasol-Parapluie wurde hier erstmals gebaut. Der Architekturhistoriker Sigfried Giedion beschrieb fasziniert, wie die weite Landschaft – Bäume, See und Himmel – auf der überdeckten Dachterrasse hereinströmt und wie man auf der fast antik anmutenden Bank sitzend spürt, dass Le Corbusier in diesen Bau die Unendlichkeit einbezogen hat.
VON OTTERLO ZUR ÖLKRISE In den Jahren 1960-75 wurde das Potenzial der Stadt deutlich, sich zu einem ein Ort der emanzipierten urbanen Gesellschaft und der Differenzen zu entwickeln. Die Stadt wurde zum Zentrum einer Vielfalt von einander befruchtenden, wenngleich scheinbar gegensätzlichen, Perspektiven...
Seldwyla 1963
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