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PRéPARATION PHYSIQUE ET MENTALE LES CONSEILS DE PASCAL BLANC

FInIshER à CInQ REPRIsEs

DU GR anD RaID, EntRE 2005

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E t 2013, avEC DEUx PoDIUms à la Clé, PasC al BlanC Connaît l’éPREUvE sUR lE

BoUt DEs DoIGts DE PIEDs. oFFICIant éGalEmEnt le plus gros du volume, c’est juillet-août. Et ce qui est primordial à cette période-là, c’est de bien respecter les temps de récupération. Parfois l’erreur qu’on peut faire quand on sent que ça va bien, c’est qu’on en rajoute et on en rajoute encore... Jusqu’à ce que le cerveau enregistre qu’il a subi une fatigue. Ce qui fait que la fois d’après, il va développer moins de capacités car il sait qu’il va produire un effort qui risque de le mettre en danger. alors qu’en intégrant des phases de repos dans les blocs de travail, ça va lui permettre de s’adapter à ce qu’on lui demande. Et il faut que le coeur se repose aussi. Quatre jours de récups dans un bloc de travail, c’est nécessaire et pourtant certains ont tendance à penser qu’ils perdent tout en le faisant. Ils se trompent. Ce n’est pas forcément facile à accepter, c’est sûr. tout dépend des personnes. Certains encaissent très bien les descentes par exemple et doivent en profiter car c’est là qu’on gagne beaucoup de temps. D’autres sont plus à l’aise pour trottiner que pour marcher vite. après il faut tout simplement regarder la vitesse sur les deux modes et conserver celui qui est le plus économe en termes d’énergie. à chacun de s’adapter en fonction de ses propres capacités.

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Depuis les Pyrénées, où il effectue actuellement une reconnaissance intégrale par tronçons de la traversée de 900 km (60 000 D+) à laquelle il compte se frotter à partir du 24 juillet sur le GR10, Pascal Blanc a bien voulu offrir quelques minutes de son temps aux lecteurs du Quotidien. Entre prépa physique et prépa mentale, il décrypte pour vous ce fin équilibre à trouver entre conscience et inconscience.

Pascal Blanc, pour un coureur lambda qui souhaiterait préparer le Grand Raid de la meilleure façon possible, quelles sont les étapes principales par lesquelles il va devoir passer selon vous ?

De manière générale, il faut habituer le corps à ce qu’il va rencontrer pendant la course en termes de durée d’effort et de gestuelle. Donc ça passe beaucoup par de la marche car sur une épreuve comme le Grand Raid, on marche beaucoup. Il ne faut pas simplement courir toute l’année. Il faut faire du spécifique en montagne mais sans fatiguer les articulations. C’est là que le point d’équilibre est un peu délicat à trouver. Dans cette optique, le vélo est un très bon complément car ça permet de faire du volume avec un sport porté.

Et en parallèle, on peut pratiquer une activité type crossfit avec un cardio qui monte assez haut, en faisant travailler des fibres qu’on n’a pas l’habitude de faire travailler en course à pied. Un renforcement en profondeur.

L’utilisation de bâtons pour soulager les articulations pendant la préparation est-elle une chose que vous préconisez également ou pas du tout ? moi, pas du tout non. sur d’autres épreuves, peut-être, mais vu que c’est interdit sur le Grand Raid, je n’y vois pas d’intérêt. Par contre, dans les montées, il faut s’habituer à pousser avec les mains sur les cuisses, le plus proche possible du genou, pour vraiment envoyer le corps vers l’avant. Et ça, ça se travaille. Pour gagner du temps, il faut aussi travailler l’alternance marche/course.

À quelle période de l’année estil conseillé d’axer l’essentiel de ses efforts en vue de cette échéance située en octobre ?

On a coutume de dire que sur un ultra comme le GRR, il faut être capable de marcher vite et de courir lentement. Êtes-vous d’accord avec ça ?

En ce qui concerne la préparation mentale à proprement parler, quels conseils donneriez-vous ?

Il faut favoriser le dialogue entre le conscient et l’inconscient. Il y a énormément de choses en nous qui sont automatisées et l’inconscient renvoie donc en permanence plein d’informations à notre cerveau qui font qu’il comprend, ou pas, certaines choses. Et en fonction de l’interprétation qu’il en fait, il va nous dicter d’agir, ou de ne pas agir. la préparation mentale permet de réaccorder tout ça. si par exemple, un coureur décide de faire le Grand Raid en trente heures et que son corps sent qu’il n’en est pas capable, il aura toutes les chances de se planter.

De quelle façon entame-t-on cette prépa mentale ?

Ça commence par la détermination des objectifs. o n dit souvent qu’il faut être à l’écoute de son corps. m ais ce n’est pas aussi simple que ça. toute la difficulté est plutôt de parvenir à expliquer à son corps ce qu’on attend de lui. l’insconscient est souvent bienveillant mais parfois, il ne comprend pas. Donc il faut se poser les bonnes questions. C’est pour ça que les gens que je décide de préparer, je leur fais d’abord remplir un formulaire de motivations. Et quand tu n’es pas maître de tes propres motivations, comme celle d’avoir une meilleure reconnaissance sociale par exemple, là ça devient compliqué.

C’est un équilibre assez fin à trouver... oui. Pour résumer, l’inconscient est extrêmement puissant. C’est lui qui va gérer tout ce qui est fonctionnel. Et le conscient, lui, est très évolué mais par contre, il est moins influent car il peut traiter peu d’informations à la seconde. le conscient, c’est un Playmobil et l’inconscient c’est la tour Eiffel en gros. Donc on ne peut pas faire le Grand Raid juste à la volonté. Il faut embarquer son inconscient. Et lui fournir des clés en temps réel. la gestion de la douleur, des émotions... Pour toutes ces choses, les deux doivent être en accord. Pour moi, c’est primordial. Entretien : Emmanuel

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