La formation professionneLLe prEND SA DISTANCE

La Covid-19 a obligé le monde de la formation professionnelle à développer en urgence une offre ‘‘ distancielle ’’. La Préparation Opérationnelle à l’Emploi organisée par GEM Formation pour l’enseigne E.-Leclerc est une bonne illustration de ce tournant.

Quand, en 2019, une Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective est mise sur pied à la demande de l’enseigne E.-Leclerc, en vue de l’ouverture de l’hypermarché de Sainte-Marie, le mot Covid-19 n’existe pas encore. En mars dernier, quand le confinement est décidé, la formation au long cours – près de 400 heures – n’est pas terminée. Tous les partenaires se mobilisent alors pour ne pas laisser les 58 stagiaires sans solution. GEM, l’organisme de formation, a su en peu de temps s’organiser pour assurer la continuité pédagogique à distance, en activant sa plate-forme de e-learning qui était jusqu’alors en rodage. Répartis en sous-groupes, les stagiaires se retrouvent à l’écran, avec leurs formateurs, via le logiciel Zoom.

‘‘ Nous avons également utilisé cet outil pour échanger régulièrement avec les stagiaires, d’abord pour les rassurer quand à la poursuite de l’opération et à l’ouverture de notre hypermarché, explique le service formation de Leclerc. Nous avons bien sûr dû revoir le planning des stages d’immersion en entreprise, pour les repositionner uNI v E r SIT é après le déconfinement. De même, nous avons mis en œuvre un protocole Covid dédié : mise à disposition de masques, protocole sanitaire remis à chaque stagiaire, consignes de strict respect des gestes barrières… ’’.

Les circonstances exceptionnelles ont également exigé de la flexibilité de la part des financeurs : Pôle Emploi, vie le Plan d’Investissement dans les Compétences, et Agefos, devenu l’Opco-EP entre temps. ‘‘ Nous avons pu continuer à financer la formation en distanciel, explique Florence Khodara (ex-Agefos) mais nous avons dû trouver des solutions pour qu’elle se poursuive au-delà de la date prévue, après le déconfinement : du retard avait tout de même été pris et certains contenus, comme la formation de secouriste, exigeaient une présence physique. L’Etat nous a donné rapidement le feu vert et notre réseau national a pu débloquer une enveloppe supplémentaire pour mener l’opération à son terme, en juillet ’’. En quelques mois, la formation professionnelle a indiscutablement pris le tournant de la digitalisation et de l’enseignement à distance ; la persistance de l’épidémie ne semble autoriser aucun retour en arrière.

D ISTANCIE l : CE qu’I lS EN pENSENT

‘‘ Le confinement a confirmé que l’on peut travailler à distance. GEM Formation ne partait pas de zéro et nous avons accéléré la digitalisation de notre offre, en bénéficiant de l’appui de la Fédération de la Formation Professionnelle. Il n’est pas question de passer au tout distanciel : sans regroupement pédagogique, on perd les apprenants. Nous constatons en revanche des résultats parfois meilleurs en formation à distance, quand l’apprenant peut revenir sur son cours, accessible sur une plate-forme. De plus, le télétravail va prendre de l’importance dans nombre d’entreprises : il faut préparer les formés à cette modalité. ’’

Thierry Fayet, cogérant de GEM Formation

‘‘ Dans le mois qui a suivi le début du confinement, le nombre d’actions de formation proposées en distanciel à La Réunion est passé de 5 à 150. Les entreprises et les salariés ont pris goût à la formation à distance, au sujet de laquelle circulaient finalement beaucoup d’idées fausses. Maintenant, l’offre doit suivre. Le distanciel n’est pas une finalité, mais une modalité pour laquelle certains organismes de formation doivent encore monter en compétences, ne pas se contenter d’utiliser Teams pour faire défiler des PowerPoint. ’’ François Haquin, directeur régional d’Akto (ex-Opcalia)