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INTERVIEW TARIK AITRI, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES, MÉCANIQUES ET ÉLECTROMÉCANIQUES FIMME
ENTRETIEN
Propos recueillis par Sarah MAACHE
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Tarik Aitri, Président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME) « Mes ambitions pour ce secteur sont grandes, car c’est un secteur qui a énormément de potentiel et qui a une longue histoire.»
Tarik Aitri (Prominox) a été nouvellement élu pour un mandat de trois ans à la tête de la FIMME et succède ainsi à Abdemhamid Souiri. Najib Cherai a quant à lui été élu 1 er viceprésident et Abdeslam halouani, 2 e vice-président. À seulement 37 ans, ce diplômé d’un Bachelor en management de la prestigieuse Université de Columbia (New York), est le plus jeune président d’une fédération sectorielle nationale.
IDM : En tant que nouveau président à la tête de la FIMME, quelles sont vos ambitions pour le secteur des IMME durant votre mandat ? Ma décision et celle de mes viceprésidents à nous présenter aux élections de la FIMME est motivée par la volonté de donner à ce secteur sa vraie valeur et son vrai rôle dans l’économie nationale. Le secteur des IMME est l’épine dorsale du développement socio-économique visé par la Maroc. En effet, aucun état ne peut se développer et se hisser au rang des états émergents ou développés sans avoir une industrie forte. Mes ambitions pour ce secteur sont grandes, car c’est un secteur qui a énormément de potentiel et qui a une longue histoire. Il suffit d’organisation, de mise à niveau et de moyens pour en faire une des premières richesses du pays.
IDM : Dans un contexte économique difficile, marqué par le retour au protectionnisme initié par les EtatsUnis et une surcapacité nationale en matière de production sidérurgique, comment percevez-vous le contexte général et les défis qui vous attendent? Le protectionnisme initié par les U.S est assez spécial, car c’est un protectionnisme total et de toutes les branches du secteur industriel, il est efficace tout d’abord parce que le marché intérieur est conséquent, la main d’œuvre est qualifiée et le consommateur américain est patriote. Or dans les autres pays et notamment
le Maroc, le protectionnisme est partiel, ce qui déséquilibre le marché et crée des inégalités voir pousser à la faillite d’entreprises. Le marché marocain est très petit et si l’on opte pour le protectionnisme il faut alors être complètement hermétique pour que cela fonctionne et bénéficie à tout le monde. Mais en optant pour le protectionnisme, il faut alors oublier l’export, ce qui n’est pas possible pour un pays comme le Maroc. Aujourd’hui le seul protectionnisme réel est entre les mains du consommateur et surtout des grands donneurs d’ordre marocains qui peuvent, en favorisant les entreprises marocaines et le produit local, contribuer au développement du pays, à la création d’emplois permanents et surtout à garder la richesse dans le pays. Le défi est très grand, et nécessite l’implication de toutes les parties : Industriels, l’Etat, les donneurs d’ordre et le consommateur. Tout est possible si la vraie volonté est là.
IDM : En matière de formation, le secteur sidérurgique accuse un manque de profil « adaptés ». Avezvous prévu des mesures correctives dans ce sens ? Un sujet aussi vieux que le secteur ! Nous avons conscience de la problématique, qui est d’ailleurs applicable à tous les domaines au Maroc. Parmi les mesures urgentes, nous sommes en train de mettre en place un observatoire des métiers au sein de la fédération, cet observatoire permet d’abord le recensement des lacunes, besoins et identification des métiers morts, ensuite nous devrions élaborer un cahier des charges au profit des instituts de formation (OFPPT, Universités, Ecoles…) afin que les lauréats répondent aux besoins des entreprises. Le rôle de l’observatoire ne se limite pas seulement à cette tâche, car nous souhaitons aussi identifier précocementles nouveaux métiers, les métiers en extinction et aux mesures de reconversion des employés. Toutes les fédérations sectorielles doivent être parties prenantes dans les plans et stratégie nationale de formation, car elles sont les consommatrices du produit final et sans leur implication et input, les stratégies sont vouées à l’échec.
IDM : Comment, à votre avis, estil possible de rallier l’ensemble des intérêts des acteurs du secteur ?
D’abord par un grand ménage interne au secteur, cela facilitera alors la tâche, car tous les intérêts sont liés. Nous avons tendance à oublier que nous faisons partie tous du même écosystème. Il faut avouer que dans le secteur ce qui crée les divergences c’est d’abord l’égoïsme de certains acteurs, l’existence d’une partie d’informelle, et le manque d’intégrité de certains opérateurs. En combinant ces faits, les intérêts divergents entre les opérateurs sérieux et les fauteurs de troubles. Dans tous les cas, la fédération soutenue par ses membres est en train de faire un travail de fond pour d’abord rétablir un climat de confiance et des règles déontologiques pour assurer un environnement de travail sain, ce qui ne fera que converger les intérêts de tout le monde.
IDM : Quelles sont les perspectives du secteur pour l’année 2019 ? Contrairement à 2018, où tous les grands projets n’ont pas vus le jour, 2019 promet une reprise de l’activité dans toutes les branches. Je suis très confiant que 2019 sera le début d’un quinquennat prospère pour le secteur, sauf mauvaises surprises. Aussi, le ministère de tutelle est à l’écoute et nous a confirmé sa volonté de coopération avec le secteur, ce qui nous met en confiance. 2019 connaitra aussi le lancement effectif des écosystèmes IMME et les opportunités sont là, il suffit de les saisir. J’ai aussi l’ultime conviction que le travail acharné paye toujours et nous devons forcer le sort et non pas le subir. Je souhaite à tous les membres et à toute l’économie nationale une excellente année 2019.