Hildegarde
Yin et Yang
Peinture en couverture : Aurélie Lanchais
Sommaire Editorial de Populie / p. 3 Claire Morel, dessins / p.4 et p.7 Sora Aros, Les Singes de l'espace / p. 8 Evelyne Postic, Le voyageur céleste / p. 10 Amandine Zulma Poloudenny, Sein2nid / p.11 A.P, Les docus-cata / p.13 Photo Marine Aïello, Les Gardiennes / p.17 JR Lefebvre, Impressions Romaines / p.18 Christophe Vaydie, peintures / p.19 et 23 Marina Zwetaïa, Orbite / p.24 Dates favorables en Janvier / p.25 Kofi and Woozmoon, dessin / p.26 Jérémy Platey, Aux moniales... / p.27 Andersen, Les habits neufs de l'empereur / p.28 Junio Bombo, Entraînement Karaté Cat / p.35 Marylise Frecheville, Simone, un chant... / p. 37 Chroniques audio/video / p. 40 Violaine de l'Estoile, littérature/ p. 41 Simone Weil, la pesanteur et la grâce / p.43 Chloe Schuiten et Lucas Boute, dessin / p. 43-44
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Editorial Dépaysons-nous des chemins de pensée cartographiés par l'habitude et le fil de la lame du langage commun. Jouons sérieusement, s'il vous plaît, à deviner ce qu'est le Monde. Hoaxes, fakes, chills, entourloupes, autodissimulations, rejets et dénis de réalité ; Nous nous demandons tous (ou presque) :
Où débusquer le réel ?
-Par-delà les mille illusions qui entrecroisent leurs mortels traits ! Où se situe l'absolue réalité, la vérité unique que certains entrevoient ? Que comprendre du Royaume des apparences, dont le mystérieux manteau ne se perce qu'à travers les yeux du nouveau né ou de l'homme éprouvé ? L'endroit de cet envers présenté comme endroit... L'endroit, la situation, le lieu. De quoi vous parle-je ? Je vous parle du Présent : l'immuable poitrine de roc, la constante promesse de refuge, l'assurance tous risques. Plus vrai que l'idée du vrai, plus résistant que l'idée de résistance. Eclatant de tangibilité, plus-que-perceptible, absolument expérimentable, sensationnel, sensuel, sensoriel : voici le présent qui crée le réel. Implacablement ici : Rien n'a de plus grande présence que le présent lui-même, somme de toutes les présences.
Le Saint Réel. Malheureusement, peu importe la force intrinsèque d'une présence. Face à une conscience semi-absente et (dé)tournée vers des objets imaginatoires, face à une conscience divertie par mille reflets : même la présence la plus envahissante peut tout aussi bien devenir invisible. Le présent souvent se fait éclipser par des excitations nerveuses délocalisées.
Faut-il présenter le présent ?
Nous sommes tentés de répondre que toute tentative de présenter le présent serait une médiation ou une médiatisation. Or, la caractéristique principale du présent est d'être im-médiat.
La médiatisation (du présent ou de n'importe quoi d'autre) nous éloigne de facto de la présence du réel. Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Claire Morel / http://clairemo.blogspot.fr/ Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Pour raccourcir ces longues équivoques, nous pourrions dire que l'opposé du présent, ce n'est pas le passé ou le futur, mais
l'absent. Ce pourrait être une façon de présenter les choses, après tout. Ce qui nous permettrait de ranger une bonne fois sans vergogne les potentiels, les virtuels, les prédictions, les projections, les souvenirs, l'histoire et les ratiocinations dans la colonne du non-être et enfin parler sérieusement.
Pourtant, nous nageons dans le bocal des mythes et des mystifications. Ressassant des expériences passées qui s'éloignent de
plus en plus du vécu réel pour se transformer en archétypes directeurs de nos vies, ou se projetant dans une réalité filtrée par des inquiétudes liées à l'avenir et des colères déraisonnables, amplifiées par notre système nerveux, le sensorium1.)
A cela il n'y a rien à faire. Nous ne sortirons jamais entièrement des mythes puisque nous sommes des êtres humains, mais il y a de vrais mythes et de faux mythes. Les mythes authentiques rapportent véridiquement notre condition humaine; les autres, non. (En vérité il existe très 1
"Le sensorium est la résultante des environnements physique, biologique, social et culturel d’un organisme individuel et de ses relations en tant qu’être dans le monde. Ce qui est considéré, à partir d’une perspective donnée, comme un étrange brouillage des sensations l'est, à partir d'une autre perspective, comme une façon normale et naturelle de percevoir le monde. Et, de fait, beaucoup d’individus et de cultures développent des sensoria fondamentalement différents de la modalité visiocentrique propre à la grande majorité des sciences et cultures occidentales. Le point de vue d’un individu originaire de Russie est éclairant à cet égard : « Le dictionnaire de la langue russe définit le sens du toucher comme suit : « En réalité, les cinq sens peuvent être réduits à un seul, le sens du toucher. La langue et le palais sentent la nourriture; l’oreille, les ondes sonores; le nez, les émanations; les yeux, les rayons de lumière. » C’est pourquoi dans tous les manuels le sens du toucher est toujours mentionné en premier. Il signifie se rendre compte, percevoir, par le corps, la main ou les doigts. »
— (Anonyme, 1953) entre les cultures, même celles qui appartiennent à une même tradition, en l’occurrence celle de l’Occident. » (2003, p. 12-13) " Wikipedia, article "sensorium"
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peu de gens qui veulent tuer leur père et faire l'amour à leur mère, comme le prétendent certains) Bref, sauf moment d'exception, passé un certain âge nous vivons continuellement dans des fictions, le tout est de savoir si nous vivons
dans notre propre fiction ou dans celle de quelqu'un d'autre. Pour en avoir le coeur net : Il n'y a rien à faire, il faut être. La seule fenêtre de sortie que nous offre ce piège à âmes qu'est l'illusion du réel, la seule porte infaillible, c'est d'être l'instant présent. Le présent, toujours neuf, où chaque instant (vécu authentiquement) rebat les cartes du possible par la main de l'évidence.
Le présent, interpénétration de coordonnées locales et du filtre d'un sensorium personnel : Que dites-vous de cette
définition ? Nous sommes les interprètes du scénario cosmique. Notre date de naissance était la coordonnée de l'instant qui fut le moule de notre psyché : c'est ce que dit l'astrologue. Mais notre âme fut formée dans un endroit a-local, c'est ce que dit le mystique. Pour la connaître, cette âme, il nous faut la somme de tous ses présents. A commencer par celui-ci : Tenu en mains, mains tenant, aussi souvent que possible.
Astuce : Vivre le présent comme un souvenir chéri. Populie
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Claire Morel http://clairemo.blogspot.fr/ Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Sora Aros Les singes de l'espace La vie est insupportable un moment, et magnifique un moment seulement. La vie n’est qu’une seconde. Une seconde en dehors du temps. Un jour j’ai trouvé un ballon dans une poubelle où des chats du quartier cherchaient de quoi survivre. Alors je l’ai gonflé pour le lâcher ensuite. Et il s’est envolé dans ciel ! Tu sais que les larmes de joie et de tristesse tombent toutes les deux. Tu l’ignorais sûrement mais un accident te mènera à ta destination, la vraie, celle que tout ton inconscient espérait depuis si longtemps. Un jour je signerai mon vandalisme ! Il m’est déjà arrivé de brûler un d’mes livres ; toute la sémantique contenue dans la fumée, il fallait bien la donner à lire aux pigeons, aux étoiles… On trahit toujours trop l’enfant qu’on a été. On se protège au lieu de s’insécuriser ! La vie aurait un goût bien plus puissant si une fois par an on s’faisait une bonne petite séance de roulette russe, mais on n’ose pas assez frôler l’existence... Le ciel est bien inatteignable. Si les poissons crèvent dans l’eau, les mammifères terrestres sur terre, les oiseaux en revanche ne reposent pas à côté des nuages ! Je sais et j’aime pour ça me placer près des grandes mosquées les jours de pluie pour en regarder d’autres, des pluies de prières remonter et entrecroiser la tombante et transparente… Celle qui s’élève est multicolore et invisible ! Dans cet espace les blessures ne sont plus secrètes. Le trésor est déterré. C’est l’eau et le feu amenés à danser ensemble… L’arme à feu en phase de sommation a ce sillon salin sous l’œil-revolver pour reflet ! Il y a des signes à Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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déchiffrer sans savoir compter même sur les doigts d’une main. On ne donne de nom à soi et aux choses que pour se repérer. Mais quand on veut se perdre, et vivre dans la confusion la plus totale, l’incompréhension ? Moi je veux rien comprendre, je veux ressentir ! Ressentir la puissance de vie ! Atteindre cette lumière qui se touche, pas uniquement celle transvasant par l’oculaire. L’homme qui ressort de ses défaites sera toujours plus beau que le grand gagnant ! Pourquoi Dieu ne serait-il pas au moins un peu vulnérable sachant que la beauté a toujours une part de fragilité en elle ? Peut-être même que dans toute sa défaite l’homme représente la force de Dieu. Je l’imagine dans sa grâce sans fin se laisser juger par des fourmis et des moustiques ! Exactement de la même manière que nous regardons les étoiles si lointaines en jugeant leurs compositions, leurs positions, leurs influences, etc. Juste pour la beauté de la chose… Nous sommes censés regarder les singes de haut, mais tu as déjà observé la beauté éthérique des éternités spatiales observée par les singes de l’espace ? Peut-être que le singe témoignera à la place de l’Homme… Voilà, j’en suis presque sûr oui : l’Homme n’est pas l’espèce témoignant finalement. Non, l’Enfant est celui qui racontera ce qui n’a pas de description possible. L’Enfant sera l’unique espèce-témoin ! L’enfant sérieux comme un singe, explorateur de l’espace dans son pied à terre. ./.
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Evelyne Postic, Le voyageur céleste 128 x102 cm, encre sur toile, 2015
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Docus-cata : Des mensonges qui arrangent
Al Gore / une vérité qui dérange
Business de l'apocalypse
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Yann Arthus Bertrand/ Terra
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Léonardo Di Caprio / La 11ème heure
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Nicolas Hulot / le syndrome du Titanic
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Marine Aïello, Les Gardiennes
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JR Lefebvre
Impressions romaines Tant de fois j’ai médité sur le banc de mon jardin que j’en ai oublié la méditation même. Depuis que la place a été trouvée, l’objet de la méditation a été tout de suite localisé. Le regard panoramique que je porte sur lui le donne pour étant un petit massif d’hortensias élégamment dressés sous la ramure d’un magnolia exubérant. De là je tente de voir le jardin en son essence, de le résumer en quelques notes fleuries montant du sol, tout comme à Rome en l’église Saint Ignace, on voit en son essence le trompe-l’œil du père Andréa Pozzo surjouer la théâtralité de l’espace. Si le plafond de Saint Ignace est le théâtre de la transcendance, le sol de mon jardin est celui de l’immanence, mais sol et plafond sont des solutions imaginaires. Seul est réel le point d’où je vois, c’est de là que je fixe des vertiges pour finalement abandonner l’idée même de point et dépasser l’opposition de la transcendance et de l’immanence. Ce qui reste alors c’est la force du vide après évidement, force qui fait tenir la matière pour illusoire, seul comptant en définitive les phosphènes qui font exister tout cela pour le plaisir. Les formes sont vides de réalité et la pensée qu’elles produisent est leur seule raison d’être. Ainsi dans une pièce de la villa Borghèse le groupe d’Apollon et Daphné du Bernin m’apparaît plus matériel dans son élan vital que le marbre qui le compose dans les détails. Apollon saisit Daphné, ses doigts s’impriment dans sa chair mais ce n’est déjà plus Daphné et ce n’est pas encore un laurier, c’est l’idée qu’il se fait du désir qu’il a d’elle. Rome est une ville qui produit des idées Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Christophe Vaydie
matérielles, l’idée que l’Occident se fait de Dieu. Rome est la ville d’un Dieu matériel. Rome est la ville des désirs matériels, des miracles, des apparitions, des ravissements, des assomptions. Dans l’église sainte Marie Majeure pas très loin de la gare Roma Termini, on fait tomber depuis la voûte des pétales blancs tout comme la Vierge fit tomber de la neige sur Rome au mois d’août. Je ramasse une poignée de pétales que me tend dans une corbeille un homme habillé comme un petit fonctionnaire besogneux. Autour de moi des femmes âgées prient, les pétales n’ont pas d’odeur particulière, c’est leur texture qui est intéressante, veloutée, presque comestible, c’est une manne qui tombe du ciel, une sainte communion donnée par la Vierge en personne. A Rome Dieu réalise son humanité jusque dans le cœur des fleurs, moi-même je deviens fleur d’humanité, comme le lotus dont on ne voit que la splendeur sans apercevoir ses racines plongeant dans la boue. Tout cela est du baroque à l’état pur, c’est une
certaine profondeur de l’apparence, une mise en abyme de l’image primordiale. De ce théâtre j’ai besoin, que le fond boueux ne soit pas remonté, exhibé. Que l’essentiel demeure caché, telle est l’essence de toute vie montrée. La représentation n’est rien qu’un peu de bruit sur les planches, il est possible de s’en retirer en son cœur même et à tout moment. Les images me libèrent de tout fanatisme, elles m’allègent de la pensée qui pèse, de la bile noire, de l’acédie. Avec elles je m’envole réellement pour le miracle de la rose constamment rejoué, la Vierge, la rose, la maternité étant ici préférées au Père, au Fils et au saint Esprit. Mais il ya un fil, fil du rasoir, fil d’Ariane, il y a un dieu matériel qui va en moi à la rencontre de son immatérielle substance pour s’unir à elle et réaliser l’Esprit. Même si je dis qu’en cet instant je ne suis plus rien, cela ne signifie pas pour autant que je suis un autre ou Lui, cela veut dire que je réalise le non ego, que je le dissipe comme mirage et que je laisse, en ses lieu et place, advenir la divinité à la rencontre d’ellemême. Je deviens ainsi le lieu de la félicité et ce n’est plus moi qui vis, c’est le Soi qui vit en moi. Le lendemain à saint Pierre de Rome l’idée d’occuper le centre politique et spirituel du monde chrétien, avec son trop d’histoire, me distrait d’une concentration que j’eusse voulue sereine au milieu de toutes ces envolées eschatologiques. Je me laisse alors emporter par la visualisation de la gloire coruscante qui est au-dessus de l’autel. Encore le Bernin qui fait de mon moi une fumée entourée d’anges musiciens, toute une symphonie de putti dorés et de raies lumineuses. Il est fort simple d’accepter cette théâtralité sans renoncer à l’Absolu et de reconnaître ma vraie nature, composée Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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donc décomposable en ses divers éléments par le théâtre-prisme. Je suis toujours en situation d’être sur des planches et d’y jouer quelque chose du rapport de moi aux choses. C’est ma condition humaine. Même si je peux atteindre au divin, je me dois surtout d’être humain. Telle est la tâche que s’est fixée l’Eglise et qu’elle a assignée aux hommes d’accomplir pour la gloire de Dieu fait homme. Ce désir d’histoire m’est assez opaque, ou plutôt tout dans la réalité semble le contredire où je vois beaucoup de répétitions de comportements toujours les mêmes. L’enfer et le paradis sont sur terre quoique les paradis se réduisent de plus en plus, âge de fer, destruction du Dharma luimême. Ils sont les reflets de notre dualité. Dieu qui Est Un – « Je suis ce que Je suis » – est en-dehors de ces images et ne saurait les produire. C’est notre vision dualiste qui les engendre. L’histoire ne protège pas les hommes de l’inhumain, c’est au sacré qu’est dévolue cette tâche, à condition qu’il soit lui-même protégé, par exemple en un lieu d’un temple où l’on ne songerait accéder que rempli d’effroi. Ainsi me trouvé-je en l’église santa Maria della vittoria, devant la sculpture du Bernin dite « transverbération de sainte Thérèse ». Accède-t-on à la jouissance supposée de la sainte ? Y songe-t-on seulement ? Elle est à son affaire et nous à la nôtre d’avoir à refaire cela, la jouissance toujours différée, remise à plus tard, quand nous serons enfin humains, comme elle, Thérèse. Ici je ne me soumets pas à un absolu innommable, irreprésentable, mais je joue avec l’Absolu qui joue lui aussi à s’emparer de ma jouissance, et nous voilà pris dans un manège tournoyant sans dehors ou dedans, vertige de l’amour, pas de prise. Déprise, tel est l’exigence du jouir. Et Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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l’ego est mort, transpercé par le dard de l’ange, et je vieillis sous le regard bienveillant de la statue, libéré de la folle dépense. Et voilà que je songe à la représentation, dans l’art tibétain, du Bouddha Samanthabadra en posture yab yum, en union mystique avec sa parèdre. Il n’est pas question ici d’activité sexuelle, on parlerait plutôt de passion sexuelle, le mot s’entendant ici comme synonyme de passivité. Pas d’émission de substance, celle-ci étant tout de suite réabsorbée dans le canal central qui conduit au chakra sommital, celui de la réalisation de l’Esprit. Sainte Thérèse c’est l’Esprit réalisé dans son corps de lumière transcendante, elle émane la lumière tout en la recevant, échange parfait au sein du corps de gloire, le sambhogakaya, celui « qui se manifeste dans les champs purs pour guider les êtres ayant déjà atteint de très hauts niveaux spirituels ». Je veux bien croire qu’il existe à Rome des champs purs au sein desquels se révèlent à des êtres réalisés des secrets sur l’art amoureux. On est alors très loin de la jouissance profane, on est avec les anges, avec les messagers, on est dans la parole de corps parlants. Rome parle immensément, la ville résonne de paroles qui ne sont audibles qu’à celles et ceux qui les veulent bien entendre. C’est ainsi que sur la place saint Pierre j’accueille la bénédiction papale dans laquelle j’entends la parole charnelle, enveloppante et protectrice de Jésus se répéter depuis le début des temps, une parole qui ne passe pas, qui ne se fane pas, une parole qui passe très haut au-dessus de l’histoire, une parole qui triomphe de la mort matérielle. 13 août 2006
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Christophe Vaydie
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Il y a des marins dans chaque port et il y a des femmes en orbite. Elles ne s'ancrent pas, c'est exotique. Cette épopée, pour celui qui la voit, prend la forme d'un cercle. Distance respectée, à jamais prévisible, comme un diamètre autour. L'excitation née d'une possibilité de liberté sans abandon. Une magie maternelle protectrice et abondante. Se poster et plein milieu devient plaisir pour celui qui se sait non-nécessaire. Immobile pour une fois, il s'installe et regarde tourner la lune, s'amuse à la voir conquérir le ciel. Ainsi il pourrait l'aimer pour l'éternité. Mais alors cette étoile se doit de rester en voyage, si elle accorde une importance à ses amours. C'est sa petite malédiction, sa joie terrible, elle ne peut jamais s'approcher. Il reste encore une astuce, pour coller à l'infini elle n'a qu'à faire le lemniscate. Ainsi elle dispose d'un point de contact très léger pour mordre le monsieur, parce que ça compte vous savez, le goût de la bave, le poids des os. Il faut peser, presser, écraser, un temps très court, mais être sur. On ne joue pas à l'éternité pour des plumes. M. Zwetaïa, Orbite, 2013 Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Calendrier lunaire Raphi Deschamps
Jours quand éviter de faire des choses trop importantes (prévoir du repos ou une activité méditative, rencontre en petit comité, ne pas jardiner, éviter les grosses réunions, rendez vous importants) : -2, 10, 15, 24, 31 Janvier Coupe des cheveux : -13, 14, 16, 17,19, 22, 23 Janvier : plus de vitalité, force -7, 8, 13, 14, 16, 17 Janvier : prévenir la chute -2, 10, 15, 24, 31 Janvier : jours défavorables pour une coupe Première coupe de cheveux d’un bébé (déterminerait la force de ses cheveux pour la vie): -14 janvier après 9h Coupe des ongles : -Du 16 au 19, du 25 au 27 janvier: ongles plus forts et moins cassants. Epilation : -Du 13 au 24 janvier avec un pic d’efficacité les 13, 14 et 15 janvier : retarder la repousse des poils Rendez vous chez le dentiste : Jours à éviter : le 2, 15 et 31 Janvier Plus de détails (quand jardiner, quand récolter, etc. dans le calendrier lunaire annuel de Michel Gros (calendrier lunaire diffusion)
José-Carlos Folgado
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Jeremy Platey Aux moniales de Panagia Ipseni Vierge la plus haute, Mère du cosmos Veille sur tes hôtes Si loin du colosse Retirées du monde A jamais fécondes Préférant l’offrande Perdues dans la lande Couvertes de noir Refusant de croire A tout désespoir, Rien n’est dérisoire De l’aube à la lune, A travers les âges Où rien n’importune Ce lieu d’ermitage Vous êtes des femmes Qui gardez la flamme Vous sauvez vos âmes Repoussant l’infâme Vierge la plus haute, Mère du cosmos Veille sur tes hôtes Si loin du colosse Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Il y avait autrefois un empereur qui aimait tant les habits neufs, qu'il dépensait tout son argent à sa toilette. Lorsqu'il passait ses soldats en revue, lorsqu'il allait au spectacle ou à la promenade, il n'avait d'autre but que de montrer ses habits neufs. À chaque heure de la journée, il changeait de vêtements, et comme on dit d'un roi : - Il est au conseil, on disait de lui : - l'empereur est à sa garde-robe. La capitale était une ville bien gaie, grâce à la quantité d'étrangers qui passaient, mais un jour il y vint deux fripons qui se donnèrent pour tisserands et déclarèrent savoir tisser la plus magnifique étoffe du monde. Non seulement les couleurs et le dessin étaient extraordinairement beaux, mais les vêtements confectionnés avec cette étoffe possédaient une qualité merveilleuse : ils devenaient invisibles pour toute personne qui ne savait pas bien exercer son emploi ou qui avait l'esprit trop borné. - Ce sont des habits impayables, pensa l'empereur, grâce à eux, je pourrai connaître les hommes incapables de mon gouvernement : je saurai distinguer les habiles des niais. Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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H. Andersen Les Habits neufs de l'empereur
Oui, cette étoffe m'est indispensable. Puis il avança aux deux fripons une forte somme afin qu'ils pussent commencer immédiatement leur travail. Ils dressèrent en effet deux métiers, et firent semblant de travailler, quoiqu'il n'y eût absolument rien sur les bobines. Sans cesse ils demandaient de la soie fine et de l'or magnifique, mais ils mettaient tout cela dans leur sac, travaillant jusqu'au milieu de la nuit avec des métiers vides. - Il faut cependant que je sache où ils en sont, se dit l'empereur. Mais il se sentait le cœur serré en pensant que les personnes niaises ou incapables de remplir leurs fonctions ne pourraient voir l'étoffe. Ce n'était pas qu'il doutât de lui-même, toutefois il jugea à propos d'envoyer quelqu'un pour examiner le travail avant lui. Tous les habitants de la ville connaissaient la qualité merveilleuse de l'étoffe, et tous brûlaient d'impatience de savoir combien leur voisin était borné ou incapable. - Je vais envoyer aux tisserands mon bon vieux ministre, pensa l'empereur, - c'est lui qui peut le mieux juger l'étoffe, il se distingue autant par son esprit que par ces capacités. L'honnête vieux ministre entra dans la salle où les deux imposteurs travaillaient avec les métiers vides. - Mon Dieu ! pensa-t-il en ouvrant de grands yeux, - je ne vois rien. Mais il n'en dit mot. Les deux tisserands l'invitèrent à s'approcher, et lui demandèrent comment il trouvait le dessin et les couleurs. En même temps ils montrèrent leurs métiers, et le vieux ministre y fixa ses regards, mais il ne vit rien, par la raison bien simple qu'il n'y avait rien. - Bon Dieu ! pensa-t-il Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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- serais-je vraiment borné ? Il faut que personne ne s'en doute. Serais-je vraiment incapable ? Je n'ose avouer que l'étoffe est invisible pour moi. - Eh bien ? qu'en dites-vous ? dit l'un des tisserands. - C'est charmant, c'est tout à fait charmant ! répondit le ministre en mettant ses lunettes. Ce dessin et ces couleurs… oui, je dirai à l'empereur que j'en suis très content. - C'est heureux pour nous, dirent les deux tisserands. Et ils se mirent à lui montrer des couleurs et des dessins imaginaires en leur donnant des noms. Le vieux ministre prêta la plus grande attention, pour répéter à l'empereur toutes leurs explications. Les fripons demandaient toujours de l'argent de la soie et de l'or, il en fallait énormément pour ce tissu. Bien entendu qu'ils empochèrent le tout, le métier restait vide et ils travaillaient toujours. Quelques temps après, l'empereur envoya un autre fonctionnaire honnête pour examiner l'étoffe et voir si elle s'achevait. Il arriva à ce nouveau député la même chose qu'au ministre, il regardait toujours, mais ne voyait rien. - N'est-ce pas que le tissu est admirable ? demandèrent les deux imposteurs en montrant et expliquant le superbe dessin et les belles couleurs qui n'existaient pas. - Cependant je ne suis pas niais ! pensait l'homme. C'est donc que je ne suis capable de remplir ma place ? C'est assez drôle, mais je prendrai bien garde de la perdre. Puis il fit l'éloge de l'étoffe, et témoigna toute son admiration pour le choix des couleurs et le dessin. - C'est d'une magnificence incomparable, dit-il au grandduc, et toute la ville parla de cette étoffe extraordinaire. Enfin, l'empereur lui-même voulut la voir pendant qu'elle Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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était encore sur le métier. Accompagné d'une foule d'hommes choisis, parmi lesquels se trouvaient les deux honnêtes fonctionnaires, il se rendit auprès des adroits filous qui tissaient toujours, mais sans fil de soie et d'or, ni aucune espèce de fil. - N'est-ce pas que c'est magnifique ! dirent les deux honnêtes fonctionnaires. Le dessin et les couleurs sont dignes de Votre Altesse. Et ils montrèrent du doigt le métier vide, comme si les autres avaient pu y voir quelque chose. - Qu'est-ce donc ? pensa l'empereur, - Je ne vois rien. C'est terrible. Est-ce que je ne serais qu'un niais ? Est-ce que je serais incapable de gouverner ? Jamais rien ne pouvait arriver de plus malheureux. Puis tout à coup il s'écria : - C'est magnifique ! J'en témoigne ici toute ma satisfaction. Il hocha la tête d'un air content, et regarda le métier sans oser dire la vérité. Toutes les gens de sa suite regardèrent de même, les uns après les autres, mais sans rien voir, et ils répétaient comme l' empereur : - C'est magnifique ! Ils lui conseillèrent même de revêtir cette nouvelle étoffe à la première grande procession. C'est magnifique ! c'est charmant ! c'est admirable ! exclamaient toutes les bouches, et la satisfaction était générale. Les deux imposteurs furent décorés, et reçurent le titre de gentilshommes tisserands. Toute la nuit qui précéda le jour de la procession, ils veillèrent et travaillèrent à la clarté de seize bougies. La peine qu'ils se donnaient était visible à tout le monde. Enfin, ils firent semblant d'ôter l'étoffe du métier, coupèrent dans l'air avec de grands ciseaux, cousirent avec une aiguille sans fil, après quoi ils déclarèrent que le vêtement était achevé. Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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l'empereur, suivi de ses aides de camp, alla examiner, et les filous, levant un bras en l'air comme s'ils tenaient quelque chose, dirent : - Voici le pantalon, voici l'habit, voici le manteau. C'est léger comme de la toile d'araignée. Il n'y a pas danger que cela vous pèse sur le corps, et voilà surtout en quoi consiste la vertu de cette étoffe. - Certainement, répondirent les aides de camp, mais ils ne voyaient rien, puisqu'il n'y avait rien. - Si Votre Altesse daigne se déshabiller, dirent les fripons, nous lui essayerons les habits devant la grande glace. Le grand- duc se déshabilla, et les fripons firent semblant de lui présenter une pièce après l'autre. Ils lui prirent le corps comme pour lui attacher quelque chose. Il se tourna et se retourna devant la glace. - Grand Dieu ! que cela va bien ! quelle coupe élégante ! s'écrièrent tous les courtisans. Quel dessin ! quelles couleurs ! quel précieux costume ! Le grand maître des cérémonies entra. - Le dais sous lequel Votre Altesse doit assister à la procession est à la porte, dit-il. - Bien ! je suis prêt, répondit l'empereur. Je crois que je ne suis pas mal ainsi. Et il se tourna encore une fois devant la glace pour bien regarder l'effet de sa splendeur. Les chambellans qui devaient porter la queue firent semblant de ramasser quelque chose par terre, puis ils élevèrent les mains, ne voulant pas convenir qu'ils ne voyaient rien du tout. Tandis que l'empereur cheminait fièrement à la procession sous son dais magnifique, tous les hommes, dans la rue et aux fenêtres, s'écriaient :
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- Quel superbe costume ! Comme la queue en est gracieuse ! Comme la coupe en est parfaite ! Nul ne voulait laisser voir qu'il ne voyait rien, il aurait été déclaré niais ou incapable de remplir un emploi. Jamais les habits de l'empereur n'avaient excité une telle admiration. - Mais il me semble qu'il n'a pas du tout d'habit, observa un petit enfant. - Seigneur Dieu, entendez la voix de l'innocence ! dit le père. Et bientôt on chuchota dans la foule en répétant les paroles de l'enfant :
Enrico Robusti
- Il y a un enfant qui dit que l'empere ur n'a pas d'habit du tout ! - Il n'a pas du tout d'habit ! s'écria enfin tout le peuple. L'empereur en fut extrêmement mortifié, car il lui semblait qu'ils avaient raison. Cependant, sans perdre son sangfroid, il se raisonna et prit sa résolution : - Quoi qu'il en soit, il faut que je reste jusqu'à la fin ! Puis, il se redressa plus fièrement encore pour en imposer à son peuple, et les chambellans continuèrent à porter avec respect la queue qui n'existait pas. /.
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Dessin Junio Bombo Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Marylise Frécheville Simone, un chant de Bataille
ACR- Lettre de Simone à Félix
(Recette sensuelle, légère et goutteuse .Pas de tristesse, ni d'agressivité, ni de colère. Ne pas jouer la folie. Savourer les mots. Se laisser aller dans l'accélération et le crescendo.) Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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Cher Félix, Les longues heures quotidiennes à m'exercer à être femme au foyer ont stimulé ma créativité. Aussi ai-je concocté une recette moderne en pensant à toi. Elle se nomme «Prince Amer». «Prenez un gros oignon, mon prince charmant, bien rond, sec et lisse de préférence. Prenez un couteau fraîchement affûté, tout chargé d'adrénaline. Prenez aussi une planchette en bois multifonctions. Ne la rincez pas. Coupez l'oignon en deux petits seins, mon prince charmant, posez-les pointant vers le haut, caressez-les, puis sectionnez les tétons, et ôtez leur pellicule brune. Ôtez aussi leur première couche de peau violacée, doucement. Et puis, d'un geste plus lent encore, émincez, en très fines lamelles, comme on fait lorsqu'on n'a qu'un seul légume pour la soupe. Tout en morcelant la chair juteuse de l'oignon entre vos doigts, doucement, avec lui, pleurez, mon prince, pleurez. Pleurez les larmes que votre condition de mâle arrogant réclame depuis votre mariage. Pleurez votre réquisition. Pleurez la guerre. Pleurez la défaite de la guerre. Pleurez car toutes les guerres sont des défaites. Pleurez votre couteau et pleurez vos armes. Pleurez toutes les armes. Toutes ces armes absurdes. Portez de l'oignon émincé au creux de vos mains, regardez-le, et Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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pleurez encore. Pleurez toutes les larmes interdites de l'enfant blasé, l'enfant qui a déjà vu trop de souffrance. Pleurez les morts qui s'écrasent encore par centaines, grâce à votre absurdité, dans un terrible orage, pleurez. Inondez la terre. Pleurez les migrants qui fuient cet orage, des trous dans les semelles, des écorchures aux pieds, de l'acier dans la tête, des écorchures dans le cœur, le cœur émincé qui saigne au milieu de sa perte, et qui supplie qu'on le jette dans l'eau bouillante de la soupe pour qu'on en finisse une bonne fois pour toute. Pleurez, mon prince. Pleurez jusqu'au bout du bouillon. Ne laissez pas refroidir. Ne versez pas dans un bol. Buvez d'un seul trait à même la soupière. Sans autre condiment que le sel de vos larmes. Nous discuterons à votre retour.» Voir aussi page 40 chronique n°3
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Vidéo, Audio, Lecture 1) ARTS PLASTIQUES Mathieu OPHANIN / RADIO PALETTES Super Série de mini-docu faite à la maison sur des artistes inoubliables. Une voix parfois hésitante et touchante, des commentaires érudits qui partent en tous sens. (Pour introduire Odilon Redon, par exemple, nous voilà partis sur les traces du concept d'inconscient, ou alors on se retrouve mêlés aux services secrets avec Rothko.) Sur la chaîne, on trouve aussi une playlist consacrée aux compositions musicales dites contemporaines de l'auteur des "radio palettes", Mathieu Ophanin. Il met notamment en musique le "City Girl" de Murnau (visible en entier depuis sa chaîne). https://www.youtube.com/channel/UCR6B3g3NGepceRxph01uBiA
2) POESIE PERFORMANCE / A.C. HELLO / REVUE FRAPPA De la radicalité en veux-tu en voilà. Virginie Grahovac, Antoine Boute, Martin Gosset, A Tel Quel...performance vidéo ou captation de perf, au plus près du jus du suc de la pointe de la recherche expérimentale actuelle. Un très beau travail explosif de l'artiste A.C. Hello. Sur youtube :
Sur le web : http://www.poesie-frappa.com/ 3) PIECE RADIOPHONIQUE / Marylise FRECHEVILLE SIMONE, UN CHANT DE BATAILLE
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Lors de la vérification du dépôt de mon libretto «A l'Abri des regards indiscrets» à la Bibliothèque nationale de France, j'ai remarqué que mon nom de famille (Frécheville) apparaissait dans des documents relatifs aux sphères de la musique d'excellence du début du XX ème siècle. De cette famille musicienne, compositrice, cheffe d'orchestre, dont ma grand-mère Simone, je ne sais presque rien. Non pas à cause d'une mort précoce qui aurait pu lui être un soulagement, mais parce qu'elle vivait dans l'ombre, et qu'on n'avait pas le droit d'en parler, ni à table, ni ailleurs. https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/simone-unchant-de-bataille Plus de détails: http://fr.vialka.com/simone/ Voir aussi ici la page 37 4) LITTERATURE, par Violaine de l’Estoile Hymne à l’errance, à la contemplation et à l’étrangeté. L’hiver est presque là ! Certes, il est encore un peu vert, encore incertain, mais prometteur. Voici donc venu le temps de lire, de rêver, chaudement emmitouflé dans un plaid. Aussi, que diriez-vous d’une échappée belle, au pays du père Noël ? Allons, venez ! Cap sur les terres lointaines et ourlées de mystère d’Arto Paasalinna et de son bestial serviteur ! Un « road book » qui nous emmène jusqu’à Malte, en passant par Odessa et la mer Noire. Un style unique, contrasté et attachant Ma première rencontre avec Arto Paasalinna s’est faite au fil des pages du Lièvre de Vatanen, son ouvrage le plus connu. Je n’ai pas tout de suite perçu en quoi son style était si particulier. Très vite toutefois, je fus conquise ; réalisant avec émerveillement et le sourire aux lèvres, que derrière un genre cru, parfois à la limite du prosaïsme, se dessinait une poétique. Il en est de même avec « Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen ». L’auteur se livre à de longues descriptions réalistes -quoique contemplatives- de scènes de l’ordinaire, qui nous permettent d’entrer progressivement dans le récit. Le temps se dilate, au fil de la merveille. Le pas s’allonge. Le charme de la plume de Paasalinna, repose sur une alternance de descriptions de scènes du quotidien, et de commentaires aussi drôles que profonds, sur les personnages et les situations qu’ils rencontrent. Le verbe se fait à la fois tendre et distancié, pragmatique et poétique, drôle et grave, voire même parfois définitivement caustique. Autant de paradoxes qui fécondent son œuvre, et sa prodigieuse capacité à faire de l’insignifiant un événement. Très vite, l’auteur plante le décor et nous introduit dans une ambiance parfaitement dépaysante. Nous sommes en Finlande, certes. Mais le lieu du récit plonge ses racines en terres oniriques, à la manière d’un conte. Voici donc un endroit où les animaux sont formidablement humains, et les hommes Fanzine Hildegarde n°7 Janvier 2017
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engagés dans une longue épopée, quasi migratoire. Du reste l’ouvrage repose sur ce drôle d’attachement entre un pasteur, s’enfonçant dans une profonde fatigue de soi, et l’ourson que ses paroissiens lui ont offert, pour son cinquantième anniversaire. S’ensuivent alors des aventures et des rencontres toutes plus rocambolesques les unes que les autres, au rythme des turpitudes intérieures du pasteur et du biorythme de l’ours, le bien-nommé Belzéb (diminutif de Belzebuth). Deux compagnons inséparables, que l’auteur décrira, comme « Un homme et un ours devenus loups de mer ». Savoureuse expression ! A travers les terres et les mers. Du vague à l’âme à la quête de sens. De ses compatriotes, Paasalinna écrit, avec la même tendresse lucide et acerbe : "Les Finlandais ne sont pas pires que les autres, mais suffisamment mauvais pour que j’aie de quoi écrire jusqu’à la fin de mes jours". Aussi, derrière un ton apparemment léger, l’auteur porte un regard incisif et sans concession sur la société. À tel point que finalement, l’humanité nous semble être parfaitement incarnée par un pasteur alcoolique et défroqué, et un ours qui danse le Gopàk et repasse des chemises. Tous les personnages croisés dans le livre sont du reste tout à fait attachants. Des originaux, souvent en quête de sens, à l’instar du pasteur Huuskonen. Sens qui ne sera donné à ce dernier, qu’au terme du long voyage initiatique qu’il entreprend avec Belzèb. La rédemption finira par le rattraper. Toutefois, même cette dernière sera donnée avec ce mélange d’humour rocambolesque et de profondeur, que Paasalinna manie à la perfection. Drôle, voilà probablement le qualificatif le plus approprié pour décrire cet ouvrage. L’humour étant fondamentalement associé au style de l’auteur, qui parvient toujours à rebondir -non sans génie- sur des situations parfois désespérantes, souvent graves et picaresques. Enfin, avec Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, l’auteur traite du sens de l’existence, sur un fond d’absolu passé au tamis du quotidien. Escale après escale, le pasteur plonge en lui-même, cherchant à éclaircir sa foi, et s’interroge sur la nature des religions, qui lui apparaissent toutes désuètes. Il se tourne alors vers les étoiles, tant il ne conçoit d’autre échelle acceptable que l’Univers pour contenir le message divin. Si bien que c’est sous une forme souvent déroutante, voire ésotérique, que le pasteur prend le chemin de l’exil intérieur, de l’errance et de l’incertitude spirituelle, afin de redécouvrir la vie mystique. Arto Paasalinna, Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, Denoël, coll.Folio, 2007 ./.
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Violence et Non violence La mort est ce qui a été donné de plus précieux à l'homme. C'est pourquoi l'impiété suprême est d'en mal user. Mal mourir. Mal tuer. (Mais comment échapper à la fois au suicide et au meurtre?) Après la mort, l’amour. Problème analogue: ni mauvaise jouissance, ni mauvaise privation. La guerre et Eros sont les deux sources d'illusion et de mensonge parmi les hommes. Leur mélange est la plus grande impureté. S'efforcer de substituer de plus en plus dans le monde la non-violence efficace à la violence. La non-violence n'est bonne que si elle est efficace. Ainsi, question du jeune homme à Gandhi concernant sa sœur. La réponse devrait être : use de la force, à moins que tu ne sois tel que tu puisses la défendre, avec autant de probabilité de succès, sans violence. À moins que tu ne possèdes un rayonnement dont l'énergie c’està-dire l'efficacité possible, au sens le plus matériel) soit égale à celle contenue dans tes muscles. (...) S'efforcer de devenir tel qu'on puisse être non-violent.
Simone Weil, La pesanteur et la grâce. (1947)
Dessin page suivante : Interprétation du chapitre "bourrique caveau veille" du livre Inspectant, reculer d'Antoine Boute paru chez Onlit (bxl) cette année. Par Chloé
Schuiten et Lucas Boute
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