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I+N StoryLab

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LONGS MÉTRAGES

FEATURES

BEYTO

GITTA GSELL | SUISSE / SWITZERLAND | 2021 | 98 MIN V.O. SUISSE ALLEMANDE+TURQUE S.-T.A. / SWISS GERMAN+TURKISH S.-T.EN.

Les parents de Beyto (Burak Ates) ne pourraient pas être plus fiers: leur fils unique est brillant au travail, à l’école et en natation. Sauf que les parents de Beyto ne sont pas juste des parents. Ce sont des immigrants turcs en difficulté. Très attachés à leurs traditions, et essayant, tant bien que mal, de gagner leur vie en Suisse tout en aidant les membres de leur famille resté.es dans leur village natal. Alors, lorsque leur fils unique chéri est aperçu à la parade de fierté en train d’embrasser Mike (Dimitri Stapfer), son entraîneur de natation (et amant très bien sculpté), leur monde est totalement chamboulé. Il faut à tout prix les séparer. Un mariage soudainement arrangé avec Narin (Beren Tuna), l’amie d’enfance de Beyto, met en danger sa relation florissante et son désir de réussir, plongeant tout le monde dans les profondeurs du faux-espoir. Inspiré d’un roman par Yusuf Yesilöz, Beyto couvre continents et cultures, alternant entre Suisse et Turquie, entraînements en salle et transpiration sous la couette, étreinte amoureuse des traditions et leurs extrêmes rigides; chaque personnage forcé de maintenir à flot responsabilité et respect, quitte à se noyer.

Based on a novel by Yusuf Yesilöz, Beyto spans continents and cultures, as “clever boy” Beyto juggles

his responsibilities and swimming abilities to try and make his conservative Turkish parents proud, while falling for his swimming coach − and equally hunky lover − Mike. Beyto (Burak Ates) has the good job, stellar English marks, and athletic talent to make any parent proud. But Beyto’s parents aren’t just any parents. They are struggling immigrants trying to make a living in Switzerland while supporting family members in their former village, and their prejudiced views on homosexuality turn to full-on panic when their only child is spotted at a Pride Parade kissing Mike (Dimitri Stapfer). A swiftly arranged marriage to Beyto’s childhood friend, Narin (Beren Tuna), puts his burgeoning relationship and drive for success in jeopardy, plunging everyone into the deep end of “false hope.” As the story shifts between Switzerland and Turkey, workouts in the gym and sweat sessions in the bedroom, and the loving embrace of tradition and its inflexible extremes, each character is forced to keep responsibility and mutual respect afloat, or sink trying.

BLISS

GLÜCK

HENRIKA KULL

ALLEMAGNE / GERMANY | 2021 | 90 MIN | V.O. ALLEMANDE S.-T.A. / GERMAN S.-T.EN.

Bliss nous transporte dans les coulisses d’un bordel berlinois et des espaces domestiques où Maria (Adam Hoya, artiste de scène et travailleur·euse du sexe) et Sascha (Katharina Behrens) ont toute la liberté d’explorer leur propre définition du plaisir bien que le leur soit souvent relégué au second plan derrière les fantasmes spécifiques de leurs clients. Bliss débute avec Maria, les yeux rougis de larmes. Soudain frappée d’inspiration, elle se met à courir à en perdre haleine jusqu’à ce qu’elle se retrouve à hurler sous les fenêtres de Sascha. Nous sommes alors transporté.es dans le passé, où l’attrait du corps de l’autre mène au territoire nettement plus épineux de l’esprit, et à l’enchevêtrement des vies professionnelles et personnelles qui devient de plus en plus difficile à démêler. À la fois scénariste et réalisatrice, Henrika Kull complexifie le récit en y ajoutant la perspective de ses personnages. Ce film candide emprunte aux codes conventionnels du drame se déroulant sur le lieu de travail, mais d’une perspective tout à fait novatrice dans les chambres des travailleuses du sexe, et fait preuve d’une grande poésie en présentant des scènes d’amour tournées de manière plus «documentaires», nous menant à nous interroger sur les diverses manières de voir et d’être vu.e.

Bliss takes us behind the closed doors of a Berlin brothel and inside private, domestic spaces where

Maria (performance artist and sex worker Adam Hoya) and Sascha (Katharina Behrens) are free to define pleasure on their own terms. However, used to catering to the specific needs of clients, they

are less adept at articulating their own. Bliss opens with Maria’s eyes red with tears. Hit with an

epiphany, she begins to run with breathless purpose until she is standing, yelling up toward a closed window for Sascha. We are then brought into the past, where the lure of one another’s bodies leads to the thornier territory of one another’s minds, and their professional and personal lives intersect in increasingly hard to disentangle ways. Writer-director Henrika Kull complicates the filmic gaze with those of her characters. And her candid vision is at once a conventional workplace drama (in the refreshingly unconventional − for cinema − chambers of sex work) as well as a poetic fever that encapsulates the seesawing affections of ‘unscripted’ love and the many ways of being seen.

CELTS

KELTI

MILICA TOMOVIĆ SERBIE / SERBIA | 2021 | 90 MIN | V.O. SERBE S.-T.A. / SERBIAN S.-T.EN.

1993. Alors que les batailles des guerres de Serbie en Croatie et Bosnie n’apparaissent pas à l’écran, elles se font sentir concrètement et figurativement lors de ces 24 heures passées dans la banlieue Borča de Belgrade. Plus précisément au party de fête d’une petite de huit ans à thème Tortues Ninjas adolescent mutant, où se mêlent angoisses et sens du jeu infantiles aux discussion politiques, à l’alcool et aux drogues des adultes. La liste d’invité.es est un mélange de classes et de tempéraments, allant de la grande artiste rousse du théâtre national à l’anarchiste punk, en passant par trois femmes prises dans un triangle amoureux et deux hommes affamés, juste d’un baiser. Toutes et tous à la recherche d’une émotion, «un peu de divertissement». Toutes et tous souhaitant désespérément exister aux yeux de quelqu’un.e. La scénariste et réalisatrice Milica Tomovic comprend et parvient à transmettre remarquablement comment la dynamique d’une soirée peut changer lentement, à coups de petits bouts et commentaires. Chaos général ou euphorie pour un temps, introspection individuelle pour un autre, les personnages flottant de pièces en pièces. Des relations complètes traduites par une phrase, parfois même seulement par un regard. Ce qui pourrait paraître à une folie collective inintelligible est capturée par des moments et arcs incisifs, alors que la communauté amoureusement lâche réinterprète les conflits géopolitiques et tentent désespérément de garder la tête haute.

A lovingly loose-lipped community acts out geopolitical strife and stumbles toward coping over the course of an eight-year-old girl’s Teenage Mutant Ninja Turtles-themed birthday party in the Belgrade

suburb of Borča. The sprawling guest list is a melange of social classes and temperaments. Each

looking for “some excitement.” Each desperate to be seen. It’s 1993, and as Serbia’s wars in Croatia and Bosnia are being fought off-screen, they are felt figuratively and concretely at the party, which combines youthful angst and gamesmanship with adult drinking, drugging, and political discussion. The partygoers include everyone from a fiery-haired National Theatre actress to an anarcho-punk, three women in a love triangle to two men both hungry, simply, for a kiss. Writer-director Milica Tomovic is remarkably attuned to how a party’s dynamics shift in little movements. Communal chaos or elation one minute, individual introspection another, the partygoers flowing in and out of the tightly quartered rooms. Entire relationships conveyed in a sentence or look. Collective insanity captured in incisive moments and arcs.

A DISTANT PLACE

정말 먼 곳

KUN-YOUNG PARK

CORÉE DU SUD / SOUTH KOREA | 2020 | 117 MIN | V.O. CORÉENNE S.-T.A. / KOREAN S.-T.EN.

Sur une ferme coréenne, deux amis de jeunesse, dont l’un est père d’une petite fille, tentent de vivre leur histoire d’amour sans trop faire de dégâts autour d’eux. Un film aux images majestueuses sur le prix à payer pour vivre sa vie. Poignant. Parti de Séoul avec sa petite fille, Jin-woo travaille sur une ferme de moutons, y vivant comme s’il faisait partie de la famille. Il retrouve un ami, venu dans la région pour y donner des cours de poésie. Les deux hommes renouent l’idylle clandestine qu’ils avaient noué dans leur jeunesse. Tout se passe bien jusqu’à ce que la mère de la petite, qu’elle n’a pas vue depuis des années, débarque à l’improviste. Que veut-elle? Jin-Woo devra-t-il choisir entre son amant et sa fille? La famille recomposée, les relations de couple, les choix de vie, la confiance en l’autre, être ouvertement gay ou pas : les thèmes abordés par ce film puissant et doux sont d’autant plus sensibles dans le contexte policé de la Corée du Sud. Superbement filmé, A Distant Place les décline avec une grâce magnifique.

Hwacheon, in South Korea’s Gangwon province, is a land of sheep. Docile, but disobedient. A strain of stubbornness that comes to define its human inhabitants after a farmhand’s “sulky” sister and “handsome” partner arrive from Seoul and an ensuing custody battle disturbs the careful balance he has achieved with his young niece. Long-time lovers Jin-Woo (Kang Gil-Woo) and Hyun-Min (Hong Kyung) look for peace when they are reunited in Hwacheon, where Jin-Woo spends his days tending to farm duties and his niece, Seol (Kim Si-Ha), and Hyun-Min finds work teaching the art of poetry to locals, guiding them to unburden their feelings. Along with the ranchers with whom they share a home, they forge an unconventional family. That is, until Eun-Young (Lee Sang-Hee), Seol’s mother, somehow discovers their whereabouts and comes to reclaim her once abandoned daughter. Kun-Young Park’s film matches its bucolic setting and deceptively gentle storyline: restrained and poetic, its absence of soundtrack and lingering long takes hinting at the truths kept repressed deep in the heart of the farmers, villagers, and visitors of the remote South Korean countryside, its autumnal colours aflame. Insides bursting to the surface.

DOWN IN PARIS

ANTONY HICKLING

FRANCE | 2021 | 102 MIN | V.O.F.+A. / FRENCH+ENGLISH

Un réalisateur en crise d’inspiration erre toute une nuit dans Paris où, de café en sexclubs, il fait de surprenantes rencontres. Cinéaste et acteur principal, Antony Hickling porte le film sur ses épaules et signe un long métrage au ton unique. Fuyant le tournage de son cinquième film, Richard (Antony Hickling), réalisateur en crise, erre dans Paris pour trouver des réponses à ses questions existentielles et artistiques. Il croisera un ancien amant avec qui il se battra, il se fera tirer les cartes par une fascinante cartomancienne, il renouera avec son meilleur ami qu’il avait laissé tomber, il lévitera dans une église, il baisera à couilles rabattues avec un couple et il aidera un petit garçon à trouver des poissons dans le canal Saint-Martin, en pleine nuit. Derrière et devant la caméra, Hickling assume pleinement cette mise à nu d’un homme déboussolé, tantôt agaçant, tantôt touchant, parfois banal, souvent très beau. Ce Huit et demi queer pour le 21e siècle a de belles envolées et sublime la beauté mélancolique du Paris nocturne. Un ton unique pour un beau voyage.

Midnight in Paris meets Alice in Wonderland in this rewarding, wildly imaginative redemption tale.

Overwhelmed by directorial duties and unnerved by a recent death and corrosive relationship, a panic attack sends Richard fleeing onto the nighttime Paris streets, where he convenes with sages and lost souls across the social and generational spectrum. Born in Britain, a fact continually thrown at him due to a hint of an accent, Richard (played by writer-director Antony Hickling) jokes early on that he is “being French.” He is “moody” and “self-critical,” yes, but also explosively creative. His imagination is fired by those he meets, such as a fortune teller whose tears flow along with her readings, and the places he goes: a peculiar church honouring “the night of remembrance”; the apartment of an estranged, hostile friend; the depths of a sex club. Richard continues to wander, unsure of what tomorrow will bring; if, perhaps, he won’t only turn the page, but change the book.

Infused with a fairy-tale quality − truth and dreams and symbolism colliding − Down in Paris slips

further and further into its measured, surrealistic madness. A first step to clarity.

FIREBIRD

PEETER REBANE

ESTONIE / ESTONIA | 2021 | 107 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Inspiré d’une histoire vraie, Firebird raconte la liaison aussi passionnelle qu’interdite entre un soldat et un pilote, dans les années 70, en Estonie, en pleine guerre froide. Un mélodrame intense et prenant. En 1977, dans une Estonie sous l’emprise soviétique, Sergei finit son service militaire et rêve secrètement de devenir acteur. Il voit bien que son amie Luisa a des sentiments pour lui mais lorsque Roman, un séduisant pilote débarque à la base, le jeune homme est sérieusement troublé. Et Luisa l’est tout autant. Les deux hommes entament une liaison aussi torride qu’illégale puisque les homosexuels risquaient, à l’époque, cinq ans de travaux forcés. Ce triangle amoureux inégal et la répression homophobe laisseront les protagonistes marqués à vie… Coscénariste du film avec le cinéaste, Tom Prior a adapté les mémoires du vrai Serguei Fetisov et, en incarnant ce dernier avec fougue et passion, il porte le film sur ses épaules. Un mélodrame dans la veine de ceux des années 40, avec la guerre froide en toile de fond.

Based on Sergey Fetisov’s memoir The Story of Roman and co-written by Tom Prior, who plays the protagonist, Firebird has the real-life drama of Cold War-era history and the swooning romance of

a love relegated to the shadows, always threatening to burn through the dark. On Haapsalu Air Force Base in Soviet-occupied Estonia, Sergey is swept off his feet by Roman (Oleg Zagorodnii), a dashing and kind lieutenant, while fending off the romantic assumptions of his female comrade and friend, Luisa (Diana Pozharskaya). Clandestine encounters risk more than expulsion, as sinister forces remind the two that five years imprisonment in a hard labour camp await those who engage in homosexuality − the pliability of flesh juxtaposed with the implacability of military rule. The KGB, a malfunctioning plane, Roman’s career aspirations, and Sergey’s “fantasy world”: all threaten to down the lovesick couple, as their need for one another is tested by the passage of time and whisks them to urban Moscow, sun-drenched shores, and beyond. Shakespeare reminding us, “It is not in the stars to hold our destiny, but in our selves.”

THE HILL WHERE THE LIONESSES ROAR

LUANESHAT E KODRËS

LUÀNA BAJRAMI | KOSOVO FRANCE ÉTATS-UNIS / KOSOVO FRANCE USA 2021 | 83 MIN | V.O. ALBANAISE S.-T.A. / ALBANIAN S.-T.EN.

Complices et révoltées, trois jeunes Grâces kosovares rêvent de lendemains qui chantent. Un premier long métrage remarquable de maîtrise sur les errances adolescentes. Dans une petite ville du Kosovo, trois jeunes désœuvrées traînent leur spleen, crient leur révolte et tournent en rond. La blonde, la brune et la rousse rêvent de former un gang de filles mais aussi d’université comme seul moyen honorable de fuir ces lieux sans avenir. La blonde s’amourache d’un gentil garçon, qui s’intégrera naturellement au trio, tandis que les deux autres exploreront d’autres plaisirs. Mais où les mènera cet été sans horizon? Actrice dans Portrait de la jeune fille en feu, Luàna Bajrami signe, à 20 ans, un remarquable premier film qui ressemble à son âge. Les scènes solaires succèdent aux accès de rage, l’euphorie suit l’ennui, l’apathie se nourrit d’idéalisme et la vie coule dans les veines de ces trois belles rebelles, espoir et fatalisme mêlés. Les images sont superbes et les trois jeunes comédiennes incarnent avec force et sensualité ce trio soudé comme on peut l’être à l’âge où tout est possible.

This beguiling, tactile film is the directorial debut of now 20-year-old actress Luàna Bajrami (Portrait of a Lady on Fire), who briefly plays a French visitor to a Kosovar village tucked in foggy, green

hills. There, the three female protagonists lounge in the suspended animation of their coterie, until thievery unleashes their inner roar. With the unforced confidence of Sofia Coppola, Bajrami trains her rarely blinking camera on three fluid young women: Li (Era Balaj), Jeta (Urate Shabani), and Qe (Flaka Latifi). Each is ambivalent about the love-hate relationship they have with their deceptively serene hometown, never quite certain of the freedoms it affords. When hopes for their future are dashed by institutional prejudice, they double-down on their criminal activities. In the process, Li falls for the sole male member of their gang, Zem (Andi Bajgora), and Jeta and Qe grow closer, bonded by their long-time friendship and the unspoken violence of their male family members, as well as the warmth of one another’s bodies. Their emotional and monetary coffers filling, the gang finds themselves in a high-stakes game of chicken: who will stay behind and who will follow through?

I CARRY YOU WITH ME

TE LLEVO CONMIGO

HEIDI EWING

MEXIQUE ÉTATS-UNIS / MEXICO USA | 2020 | 111 MIN | V.O.ESPAGNOLE S.-T.A. / SPANISH S.-T.EN.

Il y a plus de 25 ans, à Puebla, au Mexique, Ivan et Gerardo tombent amoureux l’un de l’autre. Un amour impossible à vivre chez eux. Ils partent à New York. Entre documentaire et fiction, la réalisatrice a mis en scène l’histoire de leur vie, douloureuse et magnifique. En 1994, Ivan, gay dans le placard, est séparé de la mère de son petit garçon et tombe amoureux de Gerardo qui, malgré l’homophobie ambiante, s’affiche ouvertement gay. La vérité éclate quand la mère du petit découvre la vraie nature de son ex-mari. Déchiré mais rêvant d’être chef, Ivan part pour New York, immigrant illégal. Gerardo le rejoint et, après des années de dur labeur, ils ouvrent un restaurant. Mais que faire du pays qui les habite encore et où ils ne peuvent retourner? Touchée par l’histoire des deux amants, la cinéaste les a filmés aujourd’hui, jouant leurs propres rôles, et elle a engagé des acteurs pour les incarner plus jeunes. Des scènes de leur amour naissant à celles des vrais Ivan et Gerardo actuels, en passant par le passage haletant de la frontière américaine, ça donne un film unique, fiction et réalité mêlées, superbement filmé.

The instant chemistry in an underground gay bar between Iván Garcia and Gerardo Zabaleta (embodied by the real-life men in the present and actors Armando Espitia and Christian Vazquez in flashbacks) turns into a harrowing tale of complicated timing and seizing opportunity, which eventually ‘crosses over’ from Puebla, Mexico to New York City. Iván must make the painful choice of leaving Gerardo and family members behind in pursuit of his American Dream of culinary success, taking his childhood best friend, Sandra (Michelle Rodríguez), with him in a harrowing attempt at illegally entering the United States. Eventually, 14 years turns to 20, and Iván is still separated from some of those he left behind, leading him to the precipice of making yet another gut-wrenching

choice. With blockbuster visuals honed by Mexican cinematographer Juan Pablo Ramírez, I Carry You with Me slides through time in stunning elisions and subtly shifting genres, from romance to

thriller to documentary realism. This is a groundbreaking piece of epic cinema employing a canvas large and assured enough to capture the whole broad sweep of the immigrant experience, with unforgettable protagonists who want, simply, to “just live.”

JUMP DARLING

PHIL CONNELL

CANADA | 2020 | 89 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Tout juste séparé, un jeune acteur qui survit en faisant du drag à Toronto se réfugie chez sa grand-mère, très fragile mais encore très vive d’esprit. Un film touchant qui donne son dernier grand rôle à l’extraordinaire Cloris Leachman. Un jeune acteur quitte son chum, qui ne supporte pas qu’il gagne sa vie en drag queen, et se réfugie chez sa grand-mère, vieille dame encore pleine d’esprit et de verve. Ces deux éclopés de la vie, dissemblables au possible, formeront une étonnante équipe : lui, faisant des numéros de drag au bar local (où un beau serveur lui tombera dans l’œil), elle, protégée de sa fille qui veut la placer par ce petitfils queer. Ils s’adorent mais les fragilités de l’une et les carences de l’autre auront-elles raison de leur entente? Sur un canevas classique, le cinéaste mène son récit avec tendresse pour chacun de ses acteurs: Thomas Duplessie, évanescent le jour et magnifiquement flamboyant la nuit, surtout lorsqu’il fait High School Confidential en drag de cuir. Et Cloris Leachman qui, à 94 ans, «vole le show» dans chaque scène où elle apparaît. Une actrice exceptionnelle.

The über-talented Thomas Duplessie plays Russell, a “tempestuous” Pisces with a family history of giving up and an enduring love of drag performing, opposite the legendary Cloris Leachman as his ailing grandmother, who might be more lucid than her senility implies. Grandma, and a queer-friendly townie bar, could end up redeeming Russell when he needs it most. Filmed on location

in Toronto and picturesque Prince Edward County Jump Darling is an endlessly entertaining showcase for top talent, including Leachman in her final starring role, Canada’s Drag Race’s Tynomi Banks, and

Montreal-born Linda Kash, (a.k.a. the Philly Cream Cheese Angel), not to mention Duplessie burning down the house with tip-worthy lip syncs to a sizzling string of hits from Scissor Sisters, Robyn, and Rough Trade, to name a few. Naturalistic acting and moving plotlines focusing on self-worth, ambition, and end-of-life care perfectly balance out the performance pyrotechnics. The heart of the film underscoring how family − and drag − can save your life, even as it seems to be ending.

KISS ME KOSHER

KISS ME BEFORE IT ALL BLOWS UP

SHIREL PELEG | ALLEMAGNE ISRAËL / GERMANY ISRAEL 2020 | 101 MIN | V.O. HÉBREUE+ALLEMANDE S.-T.A. / HEBREW+GERMAN S.-T.EN.

Avec le poli d’une superproduction et un scénario politiquement réfléchi à la manière du cinéma indépendant, cette comédie dramatique suit l’histoire d’une Israélienne, de sa copine allemande et de leurs deux familles radicalement différentes mais qui, ensemble, grandissent − et se confrontent. Shirel Peleg dresse à l’écran un portrait familial et géographique rempli de subtilités et de complexité qui révèle les réalités et les romantismes avec lesquels nous structurons nos identités. Shira (Moran Rosenblatt, au sourire nacré et à la personnalité pétillante) est propriétaire d’un bar en Israël et complètement éprise de sa nouvelle copine allemande, Maria (Luise Wolfram, maître indéniable de dignité). Le problème, que Maria découvre après une demande en mariage faite par accident, c’est que beaucoup de femmes ont été à sa place: Shira a l’habitude d’aimer fort et de quitter facilement. Leur histoire se mêle à une foule d’autres histoires, tant personnelles que sociétales, dont la famille de Shira n’hésite pas de discuter autour des repas du vendredi soir et que son frère Liam (Eyal Shikratzi) tente de capturer pour un documentaire, le tout embrouillant des situations déjà bien tendues. Cette œuvre à mille à l’heure mettant en scène un ensemble quadrilingue est aussi audacieuse qu’elle est astucieuse et offre au public un équilibre enchanteur qui souligne le thème principal du film: la résolution des différences; tout en offrant suffisamment de fous rires et de scènes touchantes pour faire sourire même le cinéphile le plus blasé… alors que tout autour implose.

With the polish of a blockbuster and the thoughtfully political script of an indie film, this dramedy about an Israeli woman, her German girlfriend, and their two very different families growing − and clashing − together reveals the realities and romanticisms with which we structure our identities. Israeli bar owner Shira (Moran Rosenblatt, of the pearly smile and sparkling personality) is besot with her new German girlfriend, Maria (Luise Wolfram, a master of flustered dignity). The trouble is, as Maria finds out after accidentally proposing, many women have been in her shoes. It turns out that Shira has a history of loving hard and leaving easily. This history becomes entangled in a mess of others, from the personal to the societal, which Shira’s family hashes out over meals and that her bungling brother, Liam (Eyal Shikratzi), tries to capture for his school documentary, muddling already edgy situations. This fast-talking, quadrilingual ensemble piece is as bold as it is astute, offering audiences an enchanting balance that underscores the film’s main theme of resolving differences, while offering enough belly laughs and touching scenes to make even the most jaded moviegoer smile…as it all implodes.

LEADING LADIES

RUTH CAUDELI

COLOMBIE / COLOMBIA | 2021 | 84 MIN | V.O. ESPAGNOLE S.-T.A. / SPANISH S.-T.EN.

Cinq actrices, chacune donnant son nom au personnage queer qu’elle interprète; cinq perspectives radicalement différentes, une soirée. Ana (María Otálora) l’impulsive, Diana (Wiswell) la politicienne accroc au travail, Ana María (Cuellar) l’incohérente germaphobe, Marcela silencieuse et méfiante (Robledo) et enfin Silvia (Varón), la téméraire de la bande. À la manière du roman policier classique, toutes se rejoignent pour un souper, sournoises et sexy, coupables et nerveuses. Alors que l’on revit la soirée perspective après perspective, chaque commentaire un brin désinvolte prend une toute autre tournure, chaque débat, chaque geste ou contact égaré, chaque verre de vin, tout les mènera à un point de non-retour. Les prises de vue rapprochées, limites claustrophobiques, de la cinéaste Ruth Caudeli, mêlées aux nuances improvisées des actrices ajoutent de l’intensité à cette étude libérée de genre des relations hargneuses et fragiles et de leur amour profond sous-jacent. Confession après confession, la confusion du début du film s’éclaircit. Qui mérite réellement le blâme? Comment vivre avec la culpabilité sans qu’elle ne nous dévore de l’intérieur? Reste-t-il quelque chose à sauver par la suite?

Five queer, female protagonists named after the actresses who play them; five very different perspectives: impulsive Ana (María Otálora), workaholic politician Diana (Wiswell), inconsistent germaphobe Ana María (Cuellar), cagey Marcela (Robledo), and reckless Silvia (Varón). Like a classic murder mystery, they all descend upon a single house, sly and sexy, edgy with guilt. As we relive the party through each woman’s eyes, every offhand comment takes on new colour, every fact up for debate, every stray touch and wine glass tipped back careening them toward a possible point of no return. Director Ruth Caudeli’s tight, claustrophobic camerawork and the actress’ improvisational nuances add intensity to this genre-eliding study of fractious, wavering relationships and the deep love that undergirds them. The confusion that begins the film coming into focus, confession by confession. Who truly deserves the blame for bad actions? How does one harbour guilt without it devouring them from the inside? And is there anything left to salvage once you find out?

LOVE, SPELLS AND ALL THAT

AŞK, BÜYÜ VS

ÜMIT ÜNAL

TURQUIE / TURKEY | 2019 | 96 MIN | V.O. TURQUE S.-T.A. / TURKISH S.-T.EN.

Eren (jouée par Ece Didzer avec la grâce rigide d’une ballerine) est de retour sur la magnifique île turque où elle a grandi − et d’où elle a été exilée − par la découverte de lettres issues de son passé avec Reyhan (Selen Ucer). C’est du moins ce qu’elle croit. Bien qu’elle ne soit pas habituellement encline aux superstitions, Reyhan attribue son attirance à Eren à un sort jeté par un insulaire aux « pouvoirs incroyables », et elle ne reculera devant rien pour annuler ce sort afin de pouvoir retourner à sa vie conventionnelle avec Gökhan (Uygar Özçelik), son copain. Alors que la prose romantique des lettres de Reyhan est partagée en voix hors champ et que les deux femmes se disputent dans les rues de ce paradis vallonné, l’ampleur du traumatisme de leur passé apparaît au grand jour. Et sous l’œil vigilant et invisible de Gökhan, une réconciliation semble à la fois impossible et prête à s’épanouir. Ümit Ünal prend l’histoire classique de « la fille riche tombant amoureuse de la fille pauvre » et l’injecte de dialogues pétillants, de deux actrices étonnantes et d’une fascinante toile de fond, créant un film aussi envoûtant que sa citation d’ouverture : « Deux filles découvrent le secret de la vie dans une ligne de poésie soudaine.»

Eren (played by Ece Didzer with the stiff grace of a ballerina) is drawn back to the gorgeous Turkish island where she grew up − and was exiled from − by a trove of discovered letters from her past with Reyhan (Selen Ucer). Or so she thinks. Though not usually prone to superstition, Reyhan blames Eren’s attraction on a spell cast by an islander with “incredible powers,” and she will stop at nothing to reverse it so she can go back to her conventional life with her boyfriend, Gökhan (Uygar Özçelik). As the romantic prose of Reyhan’s letters is portioned out in voiceover and the two women argue through the streets of the hilly paradise, the full traumatic breadth of their past comes into focus. And under the watchful, unseen eye of Gökhan, a reconciliation seems both impossible and ready to blossom. Ümit Ünal takes a classic tale of “rich girl falls for poor girl” and injects it with crackling dialogue, two astonishing leads, and a riveting back story, weaving a film as spellbinding as its opening quote: “Two girls discover the secret of life in a sudden line of poetry.”

MA BELLE, MY BEAUTY

MARION HILL

ÉTATS-UNIS / USA | 2021 | 93 MIN | V.O.A.+F. S.-T.A. / ENGLISH+FRENCH S.-T.EN.

Bertie est-elle plus entière lorsqu’elle ne partage son cœur qu’avec son mari dans leur maison de campagne du sud de la France? Ou bien la présence de leur ex, Lane, renforce-t-elle leur relation? Pour répondre, ce film ensoleillé ne cesse de surprendre; il aborde les réalités superposées de l’attraction, de la connexion et du polyamour. Il entrelace les passions, les questions, la recherche incessante de l’authenticité, la vraie. Le titre de ce film fait écho tant à son charme multilingue dans lequel les personnages passent de leur langue maternelle à une autre en un instant, qu’aux dualités frappantes de la vie amoureuse de Bertie et de sa conception d’elle-même. Est-elle faite pour être chanteuse? Lane, et sa nouvelle rencontre bruyante et lascive avec une Israélienne libre et sexy aidera-t-elle réellement à résoudre les problèmes? Tout comme ses personnages principaux, la réalisatrice Marion Hill originaire de la Nouvelle Orléans ajoute une bandeson aux airs jazzy et une direction en riff à la magnifique toile de fond déjà peinte. Alors que l’eau se déverse des colonnes ioniques du village pittoresque et que les gens se rassemblent sous les feuilles de vigne au coucher du soleil, Bertie est tiraillée entre ses dons musicaux et relationnels, à la recherche d’elle-même.

Is Bertie more whole when she shares her heart solely with her gorgeous husband (Lucien Guignard) in their country house in the south of France? Or is their relationship improved with their former ex, Lane, in the picture? The answers continually surprise in this sun-soaked film tackling the layered realities of attraction, connection, and polyamory. The film’s title speaks both to its multilingual charm – characters dipping in and out of their native and borrowed tongues – as well as the dualities in the love life and personal conception of Bertie (a golden-voiced Idella Johnson). Is she meant to be a singer? Will Lane (Hannah Pepper) entering into an audibly lustful tryst with an Israeli woman (Sivan Noam Shimon) actually help solve things? Like her lead protagonists, filmmaker Marion Hill hails from New Orleans, and she brings a jazz-infused soundtrack and riffing directorial style to the beautifully backdropped sparring. As water spills from Ionic columns in the picturesque village and people gather underneath vine leaves at sunset, Bertie struggles with her musical and relational gifts, in search of her authentic voice.

THE MAN WITH THE ANSWERS

O ANTHROPOS ME TIS APANTISEIS

STELIOS KAMMITSIS | GRÈCE CHYPRE ITALIE / GREECE CYPRUS ITALY | 2020 | 80 MIN V.O.A+GRECQUE+ALLEMANDE+ITLALIENNE S.-T.A. / ENGLISH+GREEK+GERMAN+ITALIAN S.-T.EN

Tous les road trips sont initiatiques. Celui de Victor, de l’Italie à l’Allemagne, aux côtés de Matthias, passager aussi séduisant que mystérieux, l’est tout particulièrement. Un film imprévisible et envoûtant. À la mort de sa grand-mère, dont il s’occupait, Victor, ancien champion de plongeon renfermé, part de Grèce en traversier puis en auto pour aller voir sa mère, partie vivre en Allemagne avec le père de son petit garçon. Le Grec taciturne embarque un beau Teuton en vadrouille qui lui fera découvrir deux ou trois choses sur sa vraie nature… Pour son premier long-métrage, le réalisateur Stelios Kammitsis mène son récit avec beaucoup d’assurance, faisant totalement confiance au charisme et au talent de ses deux acteurs et déroulant sans se presser, mais sans temps morts, le fil de cette belle histoire qui prouve, une fois de plus, que le voyage est plus important que la destination. Un récit d’apprentissage qui a la force d’un film de cinéaste accompli et la fraîcheur, la vigueur, et le charme fou d’un premier film.

On a long-distance road trip from Greece to Bavaria, Victoras and Mathias become absorbed in their duelling loneliness and the jaw-dropping natural sights, entering a zone where it may be harder than they thought to leave one another behind. At the start, Victoras (an adorably curt Vasilis Magouliotis) wants to fly, soaring and tumbling above the ground in trampoline acrobatics, but is always forced to return to earth. Six years prior, Victoras’ mother met a German man in Greece and departed for Bavaria, leaving him to care for his grandmother alone. Upon the hospital-bound woman’s death, and disoriented by this new form of gravity, Victoras sets off in an old clunker with no other plan but to get to Bavaria. Along the way, he sees a man stealing a sandwich, and soon the man has wheedled his way into hitching a ride. Mathias (Anton Weil) is a German student with a sense of adventure, convincing Victoras to forego his single-mindedness and meander along “beautiful provincial routes.” With cutting, but flirtatious banter and playing question games to pass the time, they find that some queries are too complex for simple answers.

MASCARPONE

MASCHILE SINGOLARE

ALESSANDRO GUIDA & MATTEO PILATI

ITALIE / ITALY | 2021 | 101 MIN | V.O. ITALIENNE S.-T.A. / ITALIAN S.-T.EN.

De beaux Italiens, des histoires d’amour, des scènes chaudes et les rues de Rome : Mascarpone est aussi goûteux que le célèbre fromage du titre, onctueux et acidulé comme un tiramisu aux couleurs de l’arc-enciel. Après 12 ans de vie commune, Antonio se fait plaquer par son mari, Lorenzo. Il loue une chambre chez Denis, gay flamboyant, et, pour la première fois de sa vie, il part à la chasse sur les applications de rencontres. Entre deux one night stands, le bel Antonio découvre les joies du célibat, travaille pour Luca, un boulanger-ami avec bénéfices, et prend des cours de pâtisserie, sa grande passion. Mais rencontrera-t-il l’amour dont il rêve depuis sa rupture? Imaginez une comédie romantique avec un jeune Tom Hanks romain (en beaucoup plus sexy) et une intrigue pleine de rebondissements, aussi crédible qu’idéalisée, dans un décor de rêve et vous avez un délicieux film d’évasion qui ne prend pas le spectateur pour un idiot. Un feel good movie à l’italienne!

In this sensual journey, a freshly dumped Antonio (Giancarlo Commare) is guided by his very sex positive roommate (Eduardo Valdarnini) and very sexy boss at a bakery (Gianmarco Saurino). As hot

as it is heartwarming, Mascarpone is a Rome-flavoured treat that celebrates unexpected bonds and

the special taste of making it on your own. In the art of making pastry, one must be dedicated, as well as passionate. After fully committed Antonio is dropped by his husband of 12 years for another man, he bends towards passion, giving in to his physical urges in ways he has never allowed himself to experience. The whiff of independence wakes Antonio up to many delicious possibilities (and the film’s delightful diversions). However, his hookup app experience also causes distortion, and he begins to lose sight of who he truly is, and who he could be. Unable, even, to notice the ways his boss, Luca, is loosening up on his “only once” rule. Does Antonio need a palate cleanser – or a whole new palate?

METAMORPHOSIS

J.E. TIGLAO

PHILIPINES | 2019 | 98 MIN | V.O. TAGALOG S.-T.A. / TAGALOG S.-T.EN.

Adam a été élevé comme un garçon mais quand il a ses premières règles, à 14 ans, il ne sait plus qui il est. Un regard intime et franc sur la vie d’un adolescent intersexe. Adam est un adolescent comme les autres, né d’une famille aimante et religieuse, dans une petite ville des Philippines. Quand il a ses premières règles, il passe une série d’examens qui détermine que, physiologiquement, il est intersexe. Son père veut donc le faire opérer pour qu’il devienne ce que «Dieu a voulu faire de lui». Mais l’ado, déjà bouleversé par son identité confuse et troublé par les désirs qu’il ressent pour une amie et pour un beau médecin, menace de fuguer. Dans le monde, 1,7 % des humains naissent intersexués. C’est le même pourcentage que les personnes rousses. Pourtant, leurs histoires sont très rarement montrées au grand écran. C’est la principale qualité de ce film aussi délicat qu’audacieux et qui donne à Gold Azeron le rôle de sa vie.

Jose Enrique Tiglao’s boundary-pushing feature debut finds an intersex high schooler in the wake of menstruation, trying out different forms and various sexualities, feeling for what fits and pursuing pleasure. Caring, but religiously motivated parents and a new transfer student exploring her own path hinder and help during this tough transitional period. Hippolyte Flandrin’s often-reproduced painting Study (Young Male Nude Seated beside the Sea) hangs on the bedroom wall of the crotchscratching, punch-throwing, bubble-blowing Adam (Gold Azeron), speaking volumes about this film’s compelling subject matter. Like Adam, who spends any free time drawing alone or visiting the Filipino village’s “breathtaking waterfalls,” the man in the painting seems withdrawn and meditative beside the water. Ready to be shown new ways of being by someone like the twenty-four-year-old sex worker Angel (Iana Bernardez), who transfers to Natividad from Manila, nearly a decade older than most of her classmates. Their unlikely friendship, the seeming affections of an attractive male doctor, and Adam’s father’s single-minded insistence on an operation teach Adam about the infinite complexity of “real gender” and the power of choice.

MY FIONA

KELLY WALKER

ÉTATS-UNIS / USA | 2020 | 86 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Meilleure amie de Jane, femme de Gemma et mère du petit Bailey, Fiona se suicide. Comment ceux qui survivent vont-ils reconstruire leurs vies brisées? Un regard inédit sur le deuil au féminin et la fluidité sexuelle. Amie de jeunesse de Jane, Fiona vit avec sa femme, Gemma, et Bailey, leur fils de sept ans. Sans que personne ne l’ait vu venir, Fiona se suicide. C’est le choc. Jane se propose comme baby sitter du garçon, avec qui elle a une vraie complicité. Peu à peu, les deux femmes se rapprochent l’une de l’autre, unies par leur peine commune. Mais parviendront-elles à surmonter ce deuil qui bouleverse leur désir de s’inventer un avenir? Bien loin des clichés des cinq étapes du deuil, My Fiona expose avec sensibilité ce sinueux et douloureux parcours au cours duquel il faut rebâtir sa vie. Sans réduire son film à une histoire lesbienne, la cinéaste embrasse pleinement la dimension féminine de cette situation unique dans laquelle deux femmes et un garçon doivent retrouver leurs repères. Un regard au plus près des émotions, déchirantes ou salvatrices.

A wife. A mother. A best friend. All three die when Fiona (Sara Amini), without explanation, commits suicide. Those she leaves behind are left to process their grief and cobble together a family, leading to unforeseen attraction, emotional expansion, and outcomes both beautiful and tragic. After Fiona’s death, Jane (Jeanette Maus), her long-time bestie, begins to act as a substitute for her in increasingly discomfiting ways, leading Jane to question many things, including her sexuality as

she becomes enmeshed in the life of Fiona’s widow, Gemma (How to Get Away with Murder’s Corbin

Reid). As Jane and Gemma clash over the care of Fiona’s son and desperately look for someone to blame, a paradox emerges: they are growing both closer and further apart. Seeking “unethical” advice from Alec (Ryan W. Garcia), her ex-boyfriend and Bailey’s psychiatrist, Jane thinks she can solve every mystery plaguing her. But no matter what she does, Fiona hangs, like a ghost, over her

choices. Its compelling intensity softened by its charm and sense of humour, My Fiona depicts loving

relationships pushed to the brink, probing for what comes after despair.

NIMBY - NOT IN MY BACKYARD

TEEMU NIKKI

FINLANDE / FINLAND | 2021 | 94 MIN | V.O. FINLANDAISE S.-T.A. / FINNISH S.-T.EN.

Le célèbre scénariste et réalisateur Teemu Nikki propose un film tendu, loufoque et d’actualité dans lequel il ne mâche pas ses mots. Deux tabous de la société s’entrechoquent: la religion et la politique. Une «Troisième Guerre mondiale » est sur le point de se déclencher chez un couple polyamoureux, au grand désarroi de leur fille qui s’apprête à faire son coming out. Mervi (Susanna Pukkila) pense que la chose la plus scandaleuse qui se produira lors de son voyage de retour sera de présenter ses parents « rustauds » à sa petite amie musulmane, Kata (Almila Bagriacik). Elle ne s’attendait pas à ce que son ex (Elias Westerberg) soit devenu nazi (Matti Onnismaa d’Euthanizer) et à ce que l’arrivée inattendue de la mère de Kata, une éminente politicienne musulmane, déclenche une dangereuse prise d’otage. Les agresseurs et les détraqueurs sont présents autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison d’enfance de Mervi, dans un mélange explosif d’idéologies et de préjugés qui s’affrontent et qui sont capturés par des dialogues tapageurs. Pendant que le temps passe, chacun se pose la question : Qui passera à l’acte en premier ?

Celebrated writer-director Teemu Nikki’s topical and tense film pulls no punches when it comes to those two taboos of polite company: religion and politics. “The Third World War” comes to the doorstep of a polyamorous couple to the dismay of their daughter on the occasion of her coming out. Mervi (Susanna Pukkila) thinks that the most outrageous thing to happen on her trip home will be introducing her “hillbilly” parents to her Muslim girlfriend, Kata (Almila Bagriacik). She didn’t count

on her ex (Elias Westerberg) being taken under the wing of a local Nazi (Euthanizer’s Matti Onnismaa)

and for the unexpected arrival of Kata’s mother, a prominent Muslim politician, to spark a life-ordeath hostage situation. Aggressors and side-switchers present both inside and outside of Mervi’s childhood home, a powder keg of clashing ideologies and prejudices slung by all sides is captured through raucous dialogue and engrossing split screens. All while the clock counts down and each involved asks themselves: Who will take action first?

POPPY FIELD CÂMP DE MACI

EUGEN JEBELEANU

ROUMANIE / ROMANIA | 2021 | 82 MIN | V.O. ROUMAINE S.-T.A. / ROMANIAN S.-T.EN.

Alors qu’il vient d’accueillir son amant de Paris pour quelques jours, un policier dans le placard doit ramener l’ordre dans un cinéma LGBTQ+ assailli par des manifestants antigays. Un suspense psychologique subtil et bien mené. Cristi est policier à Bucarest, complice avec ses collègues mais gay dans le placard. Alors qu’il accueille son jeune amant, qui arrive de Paris, pour quelques jours, son équipe doit calmer le jeu dans un cinéma envahi par des manifestants antigays parce qu’on y projette un film LGBTQ+. Cristi frappe un spectateur, un ancien amant qui l’a reconnu. La vérité explosera-t-elle ou Cristi ira-t-il jusqu’au bout pour cacher sa vraie nature? Donnant le beau rôle aux silences et aux regards, Poppy Field déroule avec précision et force le chemin tortueux de la peur, de la honte de soi-même et de ses conséquences sur tous les aspects de la vie de ceux qui sont concernés, surtout dans un pays où, malgré les avancées légales, l’homophobie est encore assez répandue. En homme tourmenté et secret, Conrad Mericoffer porte le film sur ses épaules.

A visit from his openly gay, French Muslim boyfriend and an escalating homophobic incident while at work as a gendarme (a specialized Romanian officer who deals with high-risk situations) sends Cristi into a tailspin. Risking his career, Cristi gives in to his impulses and paces the edge of danger,

like a tiger in a cage. Inspired by real-life protests at a Bucharest cinema, Poppy Field contrasts the

lustful, laughing chemistry between Cristi (Conrad Mericoffer) and Hadi (Radouan Leflahi) with the strict duties of a gendarme. Numbed to triggering conversation, Cristi’s reserve starts to buckle when he is identified as a former fling by a man caught up in an ultra-national religious backlash. Intense long takes rove restlessly, like Cristi’s emotional life, while close-ups investigate the crumbling calm on his face and the heated exchanges with his comrades. Attuned to the complexity of the at turns tender and toxic stew of the force, filmmaker Eugen Jebeleanu interrogates the concepts of recognition and discretion, and the subtle ways the needle gets pushed.

POTATO DREAMS OF AMERICA

WES HURLEY

ÉTATS-UNIS / USA | 2020 | 95 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Un adorable film autobiographique sur l’incroyable parcours du cinéaste, garçon délicat malmené dans sa Russie natale puis ado gay à Seattle lorsque sa mère épouse un Américain par correspondance. Touchant et drôle comme du Wes Anderson version camp. Dans la Russie d’avant la chute du Mur, Potato, petit garçon trop sensible, et Lena, médecin dans une prison d’État, rêvent d’Amérique. Lorsque Lena découvre qu’elle peut épouser un Yankee par correspondance, elle s’engage avec le premier qui se présente, un rigoriste pro-vie, homophobe et ultrareligieux. Potato et sa mère déménagent à Seattle, où leurs vies prendront une tournure tout à fait inattendue… Difficile de croire qu’il s’agit d’un film autobiographique mais c’est bien la vie rocambolesque de Wes Hurley que raconte Potato Dreams of America, film loufoque et follement camp, avec un Jésus en drag barbu, une Vierge Marie de club qui ressemble à Wonder Woman et un ton qui fait penser à du Wes Anderson en moins coincé. La grande réussite du cinéaste, c’est de parvenir à être aussi touchant, grâce, entre autres, à de formidables acteurs qui jonglent habilement entre le cocasse et l’émouvant.

In one of its infinitely clever cinematic tricks, this semi-autobiographical tour de force transforms suffering into the grinning melodrama of old American movies. Film-obsessed Potato and his depressed but self-possessed mother tangle with communism, exoticism, and sexuality on the way to their Hollywood ending. We begin in Vladivostok, USSR, in 1985, where the sketchiness of memory is reflected in painterly sets and theatrical acting, as if the inspired zaniness of Michel Gondry fused with the compositional precision of Wes Anderson. After a young, awkward Potato (Hersh Powers) and his mother (Sera Barbieri) secure two tickets to America when she becomes a mail-order bride, the film’s style and main actors shift, and now we are in a hyper-realized Seattle, where an eyecatching Potato (Tyler Bocock) and his mother (Marya Sea Kaminski) must outmaneuver her strict

new husband (Dan Lauria), who is harbouring an unexpected secret. Boasting Orange is the New Black’s Lea DeLaria (as Potato’s acerbic grandmother), Mean Girls’ Jonathan Bennett (as a fey, TV-

obsessed Jesus Christ), and one of the most delightful coming out scenes in the LGBTQ+ catalogue, this darkly comedic, erotic, and warm-hearted Potato has all the fixings.

STUPID FOR YOU

JUDE KLASSEN

CANADA | 2021 | 83 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Les hauts et les bas de la vie de la fille queer d’une ex-chanteuse punk de Toronto qui sort avec la plus belle fille de l’école et tente de s’affirmer en musique. Un film qui ne se prend pas au sérieux, avec une bande sonore composée d’excellentes chansons. Timide mais passionnée de musique, Kat tente de trouver sa voix et sa voie, entre sa mère, ancienne chanteuse punk, sa meilleure amie, avec qui elle crée des chansons originales, et la plus belle fille de l’école, dangereusement rousse, qui fait tout pour la séduire. Sur le ton décalé d’une teen comedy des années 60 réalisée par John Waters, Stupid for You mêle des chansons (toutes excellentes), des séquences familiales douces-amères et des répliques euphoriques ou assassines comme on en lance à l’adolescence. Dans le rôle de Kat, l’acteur trans Mikhael Klassen-Klay est touchant de sensibilité et sa mère-cinéaste, avec ses airs de Debbie Harry au foyer, joue avec aplomb le rôle de la cool mom, auparavant chanteuse d’un groupe punk des années 90 intitulé Polyamorous Diatribe!

Like mother, like daughter. Punk rock one-hit wonder Dani Destroyer and her punk-playing daughter Kat (played by real-life mother-daughter duo Jude Klassen and Mikhael Klassen-Kay) transform their angst into lyrics, as they navigate intimacy issues and the tendency to ruin perfect moments in their search for true loves they can fully be themselves around. This Toronto-set, music-inflected scramble towards the most epic Spring Fling possible centers around two twisty love triangles. Kind-hearted and quirky Kevin and Dani’s flirty, “cockblockin’” ex Sid Savage (Ed Robinson and Michael Coughlan) vie for her affections, as “bestie” Stevie and the scheming Eden (Mia Rodne and Caylin Turner) pine for Kat’s. All “thin-skinned” in their own ways, these nostalgia-obsessed dreamers pile on the mistakes as they find newer, better ways of being human. Flowing between

earnest, heightened dialogue, narrative-progressing music videos, and madcap montages, Stupid for You is Canadian feel-good comedy for misfits of all ages.

SWAN SONG

TODD STEPHENS

ÉTATS-UNIS / USA | 2021 | 105 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Quelque part en Ohio, un vieil excentrique s’échappe de sa maison de retraite et traverse à pied la petite ville où il a vécu pour aller coiffer sa cliente la plus riche et la plus fidèle… à ses funérailles! Udo Kier trouve ici le rôle de sa vie. Stupéfiant. Autrefois coiffeur chic de Sandusky, Ohio, Monsieur Pat est aujourd’hui confiné dans une maison de retraite. Lorsque l’avocat d’une de ses richissimes clientes lui propose 25 000$ pour la coiffer à ses funérailles, Pat traverse la ville à pied pour rejoindre le salon funéraire. En chemin, il retrouvera sa flamboyance d’antan et croisera quelques connaissances, dont la coiffeuse qui a volé sa place au soleil, et quelques fantômes, entre autres son chum, mort du sida. Véritable road movie pédestre, Swan Song est principalement une ode à Udo Kier. Acteur allemand qui a tourné plus de 250 films, entre autres avec Warhol, Fassbinder et Gus Van Sant, il trouve ici un rôle à la mesure de son talent. Tour à tour flamboyant, déchirant ou drolatique, il porte littéralement le film sur ses épaules. Un impressionnant tour de force.

Leaving behind his nursing home pastime of folding napkins – but keeping the Velcro shoes – “true

icon” Pat Pitsenbarger (Udo Kier) embarks on a Wizard of Oz-like quest. He must gather beauty

supplies in time to style his estranged friend and “demanding Republican monster,” Rita Parker

Sloan (Dynasty star Linda Evans), before her funeral to secure a $25,000 commission. Along the way,

Pat will contend with rivals (including Dee Dee Dale, played by the inimitable Jennifer Coolidge), convene with Dickensian ghosts of the past, and bear witness to the incredible kindness of strangers in heatwave-afflicted Sandusky, Ohio. Confronted with changing times and the stark reminder of his partner’s death from AIDS, Pat must learn to see growth even in the ashes. Filled with delightful

cameos by the likes of Ugly Betty alum Michael Urie, this huge-hearted film about loves lost and

More cigarettes fabulously smoked is the most remarkable kind of feel-good film: one that keenly observes life’s shades, as well as its radiant light.

SWEETHEART

MARLEY MORRISON

ROYAUME-UNI / UNITED KINGDOM | 2021 | 94 MIN | V.O.A. / ENGLISH

AJ, 17 ans, se retrouve en vacances forcées au Freshwater Beach Holiday Park avec sa mère, ses deux sœurs et le partenaire dévoué de sa sœur. Au programme: une ado en crise existentielle et peu à l’aise avec la vie qui découvre l’amour, une première brosse, un beau-frère compréhensif et aimant, une mère s’efforçant de renouer avec sa fille mais qui se heurte à ses propres peurs et une grande sœur légèrement égoïste. Le séjour sur la côte britannique s’annonce électrique. AJ se pose trop de questions: le futur de la planète, les raisons tacites du divorce de ses parents, le genre, les garçons et les filles. Ses barrières de défense sont simple: trop anxieuse de tout, elle préfère prétendre être supérieure aux autres et pas aimable. Même pour Isla, sauveteuse du camp aux boucles dorées, au teint d’été et au sourire foudroyant, AJ ne manque pas à ses principes, cachée derrière ses aviators fumées, son bob et son style vestimentaire à la Billie Eilish. Il lui faudra combattre ses démons sur plusieurs fronts car Isla, pour une fois, la trouble et la touche. Le premier long métrage de Marley Morrison c’est le cynisme absolu tout en douceur, déballant la relation paradoxale qui existe entre grandir et changer et demandant: et si vous et ceux que vous aimez pouviez être plus que les limites que vous vous êtes fixées?

A dysfunctional family descends upon Freshwater Beach Holiday Park where snarky, 17-year-old AJ learns that her lifeguard crush, Isla, isn’t the fembot she deems her to be. And that attraction – like a neon Flamingo sign in the night – has a way of seeping in. AJ (Nell Barlow), her mother (an extraordinary Jo Hartley), her two sisters of vastly different ages (Tabitha Brown and Sophie Di Martino), and her older sister’s infinitely supportive partner (a charming Samuel Anderson) arrive to enjoy the British seaside. The family vacation has come at a time of AJ questioning everything: the future of the planet, the unspoken reasons of her parent’s divorce. Gender. The anxiety causes her to rely on unlikability and a superiority complex as her defences. Even when it comes to Isla (EllaRae Smith), with her sun-kissed curls and killer smile, AJ hides behind her tinted aviators, bucket hat, and Billie Eilish-aloofness, shunning the patterns of others. Marley Morrison’s feature debut serves arch cynicism with its sweetness, unpacking the paradoxical relationship between growth and change, and asking: what if you and those you love can be more than the limitations you set?

THE SWIMMER

HASAHYAN

ADAM KALDERON

ISRAËL / ISRAEL | 2021 | 84 MIN | V.O. HÉBREUE S.-T.A. / HEBREW S.-T.EN.

Un jeune nageur qui participe à un camp d’entraînement est profondément troublé par un de ses camarades. Sur une prémisse assez conventionnelle, The Swimmer surprend et séduit. Sans parler du plaisir des yeux! Jeune nageur surdoué et ambitieux, Erez débarque dans un camp d’entraînement intensif où cinq jeunes s’affrontent pour savoir lequel d’entre eux sera sélectionné pour l’équipe olympique israélienne. Erez est le favori mais tout va déraper quand il s’enflammera pour le beau Nevo, lui aussi avide de gagner la place tant convoitée. Ira-t-il aux Olympiques ou succombera-t-il à ses désirs? Dans des paysages majestueux et désertiques, The Swimmer a la sensualité et la dureté des célèbres tableaux de David Hockney. Le cinéaste expose finement la cruauté de ce huis clos brûlant où la testostérone explose, où l’avidité de la victoire a raison des meilleurs sentiments et où les corps, superbes et malmenés par l’effort, jouent au chat et à la souris au risque de se perdre. Un film qui nous emmène là où on ne l’attendait pas.

Erez is one of an elite group of chiseled, competitive “dreamers” powering through a gruelling three-month training camp under the hot Israeli sun. Each swimmer hoping to be the one to nab a ticket to the Olympics. All practicing the art of “psychological warfare.” For Erez (Omer Perelman Striks), swimming runs in the family and his father is old friends with his homophobic coach (Igal Reznik). This legacy – and Erez’s latent homosexuality – adds undue pressure. He’s teased about his intense relationship with Nevo (Asaf Jonas) and veers between infatuation and sabotage, flesh and glory beckoning everywhere he looks. Immersed in the tinted red of his goggles, he channels Madonna, but the sport is asking him to change. Many lanes stretch before him – giving in to what the sport demands, pursuing what he desires, going solo – and there is plenty of shower horseplay, ruins under starlight, and sanity-tearing mind games between him and the other side, the finish line slipping away with every brutal, beautifully shot lap. What Darren Aronofsky did for ballet and

wrestling in Black Swan and The Wrestler, here writer-director Adam Kalderon does for swimming.

TOVE

ZAIDA BERGROTH

FINLANDE SUÈDE / FINLAND SWEDEN | 2020 | 100 MIN | V.O. FINLANDAISE S.-T.A. / FINNISH S.-T.EN.

Dans ce biopic impeccablement conçu se ressent chaque texture émotionnelle de l’expérience vécue par la créatrice des Moomins, Tove Jansson, qui passe du statut de peintre en difficulté à celui de célèbre créatrice de bandes dessinées pour le plus grand journal du monde, tout en brûlant de désir pour la metteuse en scène Vivica Bandler. Bien que les années passent rapidement – de 1944 à 1947 à 1952 – Tove est tout sauf un biopic classique. L’actrice Alma Pöysti, dans une performance scintillante, dépeint, avec une remarquable gentillesse,l’indomptable énergie créatrice et les humeurs changeantes de l’artiste suédofinlandaise. Même lorsque Tove teste l’ouverture d’esprit de son prétendant (Shanti Roney) avec son histoire d’amour avec Vivica Bandler (Krista Kosonen), ce « dragon à la beauté irrésistible », elle le fait avec une tentative honnête d’être fidèle au moment, ainsi qu’à elle-même. Déchirée par l’insécurité, Tove est aussi suffisamment confiante pour affirmer que « l’ingéniosité, c’est sa signature », et il est fascinant de voir une femme s’efforcer de s’approprier chaque aspect de son existence non conventionnelle. Grâce à un scénario qui peut être cité à l’infini, il est difficile de résister au récit chaleureusement humain de Tove à propos de ces favoris du public, d’abandon hédoniste et du « langage secret » de l’amour.

In this impeccably designed biopic, we can feel every emotional texture of Moomins creator Tove Jansson’s lived experience as she goes from struggling painter to a celebrated comics strip creator for the biggest newspaper in the world, while burning with desire for worldly theatre director Vivica

Bandler. Although the years slip by – a war-ravaged 1944 to 1947 to 1952 – Tove is anything but a

by-the-numbers biopic. Actress Alma Pöysti, in a scintillating performance, portrays the indomitable creative energy and changeable moods of the Swedo-Finnish multi-hyphenate with a remarkable kindness. Even when Tove is testing the openness of her would-be suitor (Shanti Roney) with her love affair with “irresistibly beautiful dragon” Vivica Bandler (Krista Kosonen), she does so with an honest attempt to be true to the moment, and to herself. Wracked by insecurity, Tove is also confident enough to profess, “ingenuity is my hallmark,” and it is spellbinding to watch a woman work to own every aspect of her unconventional existence. Backed by an endlessly quotable script,

it is hard to resist Tove’s warmly humane account of hippopotamus-shaped page and stage darlings,

hedonistic abandon, and the “secret language” of love.

TWO

SHTAIM

ASTAR ELKAYAM

ISRAËL / ISRAEL | 2020 | 75 MIN | V.O. HÉBREUE S.-T.A. / HEBREW S.-T.EN.

Les hauts et les bas de la vie d’Omer et Bar, deux jeunes femmes qui décident de fonder une famille par le biais d’un donneur anonyme. Un film très juste, porté par deux actrices au charisme indéniable. Omer et Bar sont jeunes, belles et follement amoureuses. Quand elles décident d’avoir un enfant avec un donneur anonyme, elles ne savent pas encore qu’une fois passé l’exaltation des débuts, le chemin sera ardu, euphorique, éprouvant, souvent tendre et même parfois hilarant. Un vrai marathon émotionnel, sans parler des démarches administratives! Leur couple survivra-t-il à ce désir de famille? Écrit et réalisé par Astar Elkayam, Two a la flamme et la fraîcheur d’un premier long métrage. Épousant au plus près ses deux protagonistes, incroyablement vivantes, la cinéaste les montre sous tous leurs angles et toutes leurs facettes. Avec beaucoup de réalisme et de justesse, elle signe une comédie dramatique dont les accents de vérité séduiront toutes celles (et ceux) pour qui avoir un enfant n’est pas simple. Les deux comédiennes principales ont un charme fou et leur complicité à l’écran est palpable.

Former depressive Bar (Agam Schuster) and her feisty Moroccan partner, Omer (Mor Polanuer), are one another’s “lovey”s, amorous and aligned both in and out of the bedroom and wanting to grow their family by one. Opting to conceive, they must contend with the knotty ramifications of their wish. With an initial frisson of humour, we find Omer becoming “totally stressed out.” The absurdities of the sperm bank, where they are promised an Aviv Alush look-alike and inundated with information about “diseases and mutations,” is only the first step on a conception journey that will involve crushing disappointments, credit cards swiped, and dredged up traumas. Together, they must face the possibility of failure and the percolating notion that there might be some other way… Astar Elkayam’s unpredictable directorial debut is about what happens when passion becomes practicality, focusing equal attention on two fascinating women – their aspirations and worries, their individual career trajectories – as they continue to wonder: will two ever become three?

WET SAND

ELENE NAVERIANI | GÉORGIE SUISSE / GEORGIA SWITZERLAND 2021 | 115 MIN | V.O. GÉORGIENNE S.-T.A. / GEORGIAN S.-T.EN.

Une jeune fille géorgienne arrive de la capitale dans un village côtier de la Mer Noire pour y enterrer son grand-père. Il avait des secrets. Elle en a aussi. Un film surprenant, lancinant et prenant. Les habitant·e·s d’un petit village traditionnel sur les bords de la Mer Noire sont déconcerté·e·s lorsqu’un des leurs est retrouvé pendu. Sa petite-fille débarque de Tbilissi pour organiser les funérailles. Peu à peu, elle découvrira que son grand-père, vieil homme bourru, avait une vie secrète. Un peu comme elle, loin de là, dans la capitale. Quand la vérité éclatera au grand jour, le village ne sera plus jamais le même. Pour le meilleur ou pour le pire? Bien que ce soit son deuxième long-métrage, la cinéaste fait preuve d’une indéniable maîtrise. Rythme lancinant et prenant, cadrages précis et justes, direction d’acteurs impeccable, récit mené sans précipitation et sans temps morts : Wet Sand est un film superbe, qui nous séduit en douce et surprend par l’émotion qui, sans qu’on s’en rende compte, nous emporte. Remarquable.

Considered a “plague” by their ultra-conservative neighbours, the repressed queer occupants of a seaside Georgian village, who span genders and generations, begin to pursue their true passions in the wake of a “lonely,” “soft” man’s suicide. When fashion-forward Tbilisian Moe (Bebe Sesitashvili) arrives in the little Black Sea village, she is labelled as “just like Eliko,” her grandfather whom she is there to bury when few others deign to do so. She is assisted by the close-lipped Amnon (played with devastating stillness by Gia Agumava), the owner of the Wet Sand bar, and his one employee, Fleshka (Megi Kobaladze), who laments that she was “born in the wrong body.” To maintain their personal and relational dignities, these misfits must challenge the insidious hatreds of the townspeople and contend with a handsome police officer (Giorgi Tsereteli, a standout in last year’s festival opener,

And Then We Danced) whose allegiances are yet to be determined. With undertones of Antigone in its foregrounding of unwanted burials that shake society, Wet Sand vibrates with tragedy, as well as

something deeper: the hope that a new generation can torch the rotten scaffolding of the old.

WILDHOOD

BRETTEN HANNAM

CANADA | 2021 | 103 MIN | V.O.A.+MI’KMAQ / ENGLISH+MI’KMAQ

Après une escapade brûlante loin de son père abusif, un bel ado bispirituel Mi’kmaw décide de prendre la route, avec son demi-frère, pour retrouver sa mère Autochtone disparue. Un road-movie initiatique sur la recherche d’identités. Aussi intemporel qu’actuel. Délinquant et perdu, Link est un ado farouche qui, après avoir été une nouvelle fois battu par son père, fugue sur les routes de Nouvelle-Écosse avec son petit demi-frère. Il part à la recherche de sa mère, une jeune Micmac que son père lui avait dit morte. En chemin, les deux vagabonds rencontrent Pasmay, un jeune Micmac qui tombera sous le charme de Link. Celui-ci trouvera bien plus que ce qu’il pensait chercher… Pour son premier long-métrage, le cinéaste mêle l’exploration des identités queer et autochtone avec une délicatesse qui séduit. Célébrant autant la beauté de la nature que la fluidité de la nature humaine, Wildhood ne prêche jamais mais illustre avec authenticité cette quête aussi spirituelle que sensuelle. De plus, avec ses airs à la River Phoenix, Phillip Lewitski incarne avec une fougue charnelle ce beau rebelle qui se découvre des racines et des envies qu’il ne soupçonnait pas.

A fiery getaway from an abusive home sends a Two-Spirit Mi’kmaw teen and his younger half-brother onto the open road and into the Eastern Canadian woods with the help of the charismatic Pasmay, a generous and resourceful companion. Nature as their bedroom. One another as burgeoning chosen family. Link (Phillip Lewitski) is rude and quick to anger. Raw, like a wound never quite healed. But along with his increasing closeness with Pasmay (Joshua Odjick), who unlike Link is proud of his Mi’kmaw identity, comes an awareness of his self and sexuality. A wryly cheerful, yet reluctant Travis (Avery Winters-Anthony) in tow, they follow clues on the trail of Link’s long absent mother – a “proud” woman who might not want to be found. All the while, poisonous past lessons still cling.

Approached with restorative vigour by Two-Spirit filmmaker Bretten Hannam, Wildhood’s themes

of belonging, brotherly love, and self-knowledge culminate in an ending of incredible poignancy. Though, it’s the journey that will linger. Link and Pasmay’s furtive looks (and a showstopping waterfall sex scene). The propulsive hip hop and thoughtful moments of connection. An untamed soulfulness as vast as the Canadian wilderness.

LILIES

LES FELUETTES

JOHN GREYSON

CANADA | 1997 | 95 MIN | V.O.A. / ENGLISH

Au début du siècle, un amour fou entre deux adolescents de Roberval met le feu à la ville. Une adaptation magistrale et intemporelle du classique du théâtre québécois de Michel-Marc Bouchard. En 1952, un évêque se présente en prison pour recueillir la confession d’un prisonnier. Celui-ci est, en fait, l’homme qu’il a rendu responsable, 40 ans plus tôt, de la mort de celui qu’ils aimaient tous les deux. Ils étaient alors tous les trois jeunes et beaux et cette passion interdite avait mis le feu aux esprits et à la ville. Les prisonniers jouent cet épisode exaltant et douloureux sous les yeux de l’évêque pour lui arracher une confession... Œuvre magistrale, Les Feluettes a marqué le théâtre québécois au fer rouge. L’adaptation à l’écran, en anglais, est une réussite totale et conserve, 25 ans plus tard, toute son intemporalité. Le passé et le présent ne font qu’un, le rêve et la réalité se confondent pour ne garder que l’essence de l’âme humaine, la vérité de chaque être et la recherche d’absolu qui nous habite tous. Magnifique.

Greeted with acclaim upon its 90s release, Lilies has lost none of its luster. Summoned by a

supposedly dying prisoner, a local bishop (Marcel Sabourin) is confronted by his childhood friend, Simon (Aubert Pallascio), and transported through the power of theatre and a Romantic imagination to rustic Roberval, Quebec in 1912 to witness his past misdeeds. Theatrical re-enactments bloom into fleshed out flashbacks as we are brought to a town of mysterious fires, fallen aristocrats, and an epic love triangle, with inmates portraying the denizens, including Simon (Jason Cadieux), his “lily white” lover, Vallier (Danny Gilmore), and the bishop, Bilodeau (Matthew Ferguson). When Simon is thrust from his trajectory with Vallier by his vicious father, a Parisian aristocrat with a penchant for grand entrances (a phenomenal Alexander Chapman) threatens to whisk him away to the land of heteronormativity with the help of a scheming Bilodeau. An adaptation of award-winning, Quebec-

born playwright Michel Marc Bouchard’s stage version, Lilies retains its campy, gender-blind casting

and thoroughly erotic spark. This is gripping entertainment with a poetic streak. An unforgettable, homegrown masterpiece about “the tyranny of the Truth” and the shape of true atonement.

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