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OMBRES LIQUIDES
En couverture : Sans titre, pigment et acrylique sur toile, 163x143, 2013
Hassan ECHAIR 28 mai 2015 – 27 juin 2015
Entretien avec l’artiste
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L’intrigue à travers le noir « Le noir c’est le noir de l’asphalte, du pétrole, il évoque la pollution. En tant qu’humain, si on ne se lave pas, la crasse s’accumule sur nos vêtements, il imprègne le tissu et s’immisce jusque dans les plis de notre peau. Mais la saleté a ce pouvoir de faire de nous des êtres identiques, sans distinction aucune. Ici, la pierre représente l’homme. La pierre a toujours été au cœur de notre histoire, nous l’avons constamment manipulée, déplacée, façonnée. Je badigeonne la pierre de noir qui subit ainsi une anomalie ; de fait, une fois la pierre peinte, celle-ci n’est plus naturelle, elle perd son identité tout comme le clandestin qui brûle ses papiers pour ne pas que l’on puisse l’identifier une fois arrivé en Europe. En la peignant, la pierre devient encore plus lourde, mystérieuse, intrigante. L’intrigue est un élément essentiel de mon travail, je la cultive. »
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7 Sans titre, pigments et technique mixte sur toile, 123x123, 2014
Le peu qui explique le beaucoup « Suspendue à un fil, la pierre représente l’homme rattaché à sa terre et évoque l’être qui retrouve ses racines. En la suspendant, la pierre est comme tenu par un fil venant du ciel. Cela contraste avec le sol, le bas, là où vivent les êtres, un socle débordant de vie. Abdellatif Laabi ne disait-il pas en parlant de mon travail que les balançoires attachées aux étoiles étaient plus solides? Je m’intéresse à l’image de l’ombre alors que l’on vit à une époque où tout est véhiculé par l’image. L’image que l’on a de nous est une image construite par autrui. Mon travail est assez représentatif de la litote du peu qui explique le beaucoup. Mes travaux sont composés de peu de choses et forment un ensemble hétérogène. Cette simplicité est extrêmement évocatrice et porte à chaque fois un message universel ; universel car ce ne sont pas seulement des représentations de nomades maghrébins ou d’autres individus du Nord de l’Afrique, il est ici question de la race humaine toute entière. »
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9 Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 153x103, 2014
Une succession d’événements Le blanc employé par l’artiste évoque la chaux d’origine calcaire. Dans la culture arabe, la chaux est utilisée pour purifier et permettre de peindre de nouveau par-dessus. Cette juxtaposition de couches évoque une succession d’événements. Hassan Echair efface et recrée continuellement : le travail de l’artiste ne s’arrête jamais, chaque nouvelle toile s’inspirant de l’actualité afin de nourrir une Œuvre globale. Le gris représente la neutralité, c’est également une autre couleur de l’ombre. Le blanc est translucide, transparent, faisant ainsi surgir le noir. Le gris s’affirme très naturellement et représente la cendre.
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11 Sans titre, technique mixte et acrylique sur toile, 123x93, 2014
La condition humaine « La condition humaine a toujours été au centre de mon Œuvre. Plus le temps passe plus je me dis que celle-ci se dégrade avec le temps. Je continue malgré tout à représenter cette condition humaine de plus en plus sombre car il est selon moi du rôle de tout artiste de peindre la réalité, d’interpeller les foules. Je suis très affecté par le sort des femmes et des hommes cherchant à se réfugier en Europe. »
Sans titre, acrylique sur toile, diptyque, 100x200, 2013
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L’homme déséquilibré « Dans cet environnement morne, la ficelle représente l’espoir, une corde qui viendrait d’en haut, comme pour se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un. Les courbes dans le métal symbolisent quant à elles les barques rudimentaires flottant sur la Méditerranée. Une mer agitée, polluée, une mer morte. D’après moi, tout homme est comme tout objet destiné à tomber, par la force de la gravité d’une part, de la perte d’équilibre surtout. Mécaniquement, toute chose doit donc être tenue, attachée. A travers mes toiles, j’aspire à représenter le déséquilibre, la fragilité, l’homme flottant, perdu, sans repères. »
Sans titre, technique mixte et acrylique sur papier collé sur contreplaqué, 10 boîtes de 100x30, 2014
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L’omniprésence de la matière liquide « Il y a de moins en moins de choses concrètes autour de soi. Le liquide inspire bien des univers. Le liquide ici représente les catastrophes naturelles, de la pluie diluvienne qui inonde nos villages aux vagues qui emportent tout sur leur passage. Des faits de la nature contre lesquels nul homme ne peut résister, ne peut réussir à tenir debout. Le liquide noir ce n’est pas juste une nappe de pétrole flottante, c’est une anomalie. L’anomalie est culturelle puisque c’est l’homme qui la produit. C’est l’homme qui a par exemple extrait le pétrole de la terre ; le pétrole seul ne peut jaillir naturellement de la terre, c’est forcément de la responsabilité de l’homme. Petit à petit, l’homme se condamne et sera continuellement puni par sa propre faute. »
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Sans titre, technique mixte et acrylique sur toile, 3x183x63, 2014
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L’Homme réduit à l’état d’homme « Il y a aussi un rapport de contenant-contenu qui n’est plus à dimension humaine. L’homme n’est plus au centre de l’évolution ; l’homme en est aujourd’hui à un état de zombie. Il ne pense et ne contribue plus à l’amélioration de son environnement. L’homme semble être réduit à un bulletin de vote, à l’état de mouton de société ou réduit à un objet - cf. le lien que j’évoque plus haut entre le crayon et l’homme qui chutent tous deux inévitablement. Le marketing est pour moi un autre exemple d’invention destructrice d’un monde devenant de plus en plus consumériste. Le marketing se sert de l’homme plus qu’il ne le sert. L’Homme avec « H » majuscule devient l’homme minuscule, insignifiant, étouffé par ce qu’il a lui-même construit au fil des générations. »
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19 Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 153x130, 2015
L’artiste nous confie se sentir un peu malheureux à la contemplation du résultat de son travail. Il peint un tableau sombre de la condition humaine. Ce qui est représenté est difficile à accepter, pourtant c’est une réalité. Il faut affronter cette problématique, l’artiste y est très sensible. Cinq années se sont écoulées depuis sa première exposition à la galerie Loft. Pour ce troisième accrochage, il invite le public à se poser ces questions. Aux yeux d’Hassan Echair, chacune de ses peintures est un engagement vis-àvis de soi-même comme de l’humanité qui se consume aveuglément, étouffée dans ses propres cendres.
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21 Sans titre, technique mixte et acrylique sur toile, 153x93
Sans titre, pigments et technique mixte sur 9 toiles assemblĂŠes, 153x153, 2013
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Sans titre, acrylique sur toile, triptyque 83x159, 2014
Sans titre, acrylique et technique mixte sur toile, 183x265, 2014
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Sans titre, acrylique sur toile, quadriptyque 4x83x63, 2015
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Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 100x100, 2014
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Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 100x100, 2014
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Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 123x93, 2011
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Sans titre, pigments et acrylique sur toile, 123x93, 2011
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Sans titre, acrylique sur toile, diptyque 70x180, 2014
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Remerciements Nous souhaitons remercier le Ministère de la Culture du Maroc d’avoir soutenu l’édition de ce catalogue
Catalogue édité par Loft Art Gallery Casablanca, mai 2015
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13, rue Al Kaissi - Triangle d’or - Casablanca - Maroc Tél. : 05 22 94 47 65 / 05 22 36 31 14 - Email : laila.loft@hotmail.fr - www.loftartgallery.net
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