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Interview
A quelques mois du lancement des Jeux olympiques de la jeunesse 2020, l’équipe du Comité d’organisation est dans les starting-blocks. A sa tête, Ian Logan, un directeur général aussi charismatique qu’énergique.
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— Propos recueillis par Joëlle Loretan
C’ est à Lausanne, là même où le baron Pierre de Coubertin a établi il y a plus d’un siècle le Mouvement olympique moderne, que se tiendront, en janvier prochain, les 3es Jeux olympiques de la jeunesse. Et c’est à Ian Logan qu’a été confiée la mission de diriger le Comité d’organisation de ces Jeux. Pilote de chasse de métier, il est bien décidé à offrir au public une fête sportive de haut vol. Fort d’une solide expérience de la gestion d’événements d’envergure, c’est avec un réel enthousiasme qu’il mène une équipe affichant une moyenne d’âge de 32 ans. «Aller vers le meilleur, voilà un aspect qui me passionne. Je déteste répéter ce qui a déjà été fait, j’aime penser différemment et innover.»
REGARDS Qui êtes-vous, Ian Logan?
IAN LOGAN Tout petit déjà, je voulais être pilote, ça ne m’a jamais lâché. A 20 ans, j’ai intégré l’armée et passé mon grade de caporal, puis celui d’officier, avant d’obtenir à 21 ans mon brevet de pilote de chasse. J’ai poursuivi avec les cours d’instructeur et ceux d’état-major général pour ensuite devenir colonel. En 2007, je suis devenu responsable pour la gestion de l’espace aérien suisse. Parallèlement à mes attributions professionnelles, j’ai toujours répondu présent pour l’organisation d’événements, parfois très importants, dont le plus marquant a été Air’14, un meeting aérien qui s’est tenu à Payerne 2014 et qui a réuni 400000 spectateurs, soit aujourd’hui encore l’un des plus grands du monde.
Comment avez-vous été amené à prendre la direction des JO de la jeunesse 2020?
En 2015, le secrétaire général de la candidature m’a approché. Lausanne n’avait pas encore remporté les Jeux, mais il voulait connaître ma position. J’ai dit oui, évidemment: j’ai toujours rêvé que des Jeux olympiques se déroulent en Suisse. Lorsque la ville a remporté la candidature, j’ai été sélectionné parmi 56 autres dossiers.
En tant que directeur général, quel a été votre plus grand défi?
Fédérer, puisqu’au départ j’étais seul. J’ai dû véritablement monter une petite PME. Et si le dossier de candidature intégrait les grandes lignes, il restait beaucoup à faire. A l’époque, on ne parlait pas de la participation des Grisons ou du Valais, par exemple, ni de compétitions de bob, de luge ou de skeleton. C’était difficile et j’avoue que j’ai été surpris par la complexité des multiples interactions. Mais depuis le jour où j’ai pris la direction des JOJ et jusqu’à aujourd’hui, je vis un rêve éveillé.
Combien attendez-vous de visiteurs pour ces Jeux?
Il s’agira d’accueillir environ 1900 sportifs et plus de 1000 accompagnants (famille
Du 9 au 22 janvier 2020, Lausanne accueillera les 3es Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), un événement sportif réservé aux athlètes de 15 à 18 ans en provenance d’une septantaine de pays. Hormis la cérémonie d’ouverture, les accès aux différents sites seront gratuits. Et pour la première fois, les athlètes auront un ski en France (Les Tuffes, au-dessus des Rousses, dans le massif du Jura) et l’autre en Suisse (Vallée de Joux, Villars-sur-Ollon, Champéry, Leysin, Les Diablerets, Saint-Moritz et Lausanne pour les cérémonies officielles). Pour accueillir ces Jeux, la Capitale olympique peut compter sur ses atouts: un héritage riche de plus de 100 ans d’histoire commune avec l’olympisme et une expertise unique grâce à la présence sur son territoire de 50 organisations sportives et fédérations, ainsi que celle de nombreux centres de formation et écoles réputés, garanties de synergies pour répondre pleinement à la dimension éducative des Jeux olympiques de la jeunesse.
www.olympic.org/fr/lausanne-2020
et amis), mais également 2000 personnes provenant des fédérations sportives internationales (personnel technique, juges). Quant au nombre de spectateurs, c’est difficile à savoir. On s’attend à beaucoup de monde, mais nous restons humbles;
il s’agit de compétitions olympiques de jeunes de 15 à 18 ans. Le plus grand hommage qu’on puisse faire à ces jeunes athlètes, c’est d’aller les voir, de leur montrer qu’on croit en la jeunesse et en l’avenir.
Aucune installation n’a été construite pour les Jeux, tout était existant ou à mettre à jour, est-ce exact?
Effectivement, nous avons réfléchi dans ce sens. Pour exemple, le dossier de candidature mentionnait la construction d’un anneau de vitesse sur le terrain de sport de l’Université de Lausanne pour les compétitions de patinage de vitesse; elles sont aujourd’hui prévues en plein air, sur le lac gelé de Saint-Moritz. En fait, la plupart des régions avec lesquelles nous avons travaillé souhaitaient se repositionner pour l’avenir et ont profité des Jeux pour rénover certaines de leurs installations. Beaucoup de projets étaient déjà agendés; les JOJ ont permis qu’ils se fassent plus rapidement.
Vous menez un partenariat avec les Jeux olympiques de Paris 2024. Pourquoi cet échange et sur quoi porte-t-il?
Nous avions une belle entente avec le directeur des JO de Paris et cherchions à collaborer depuis longtemps. Aujourd’hui, nous échangeons sur comment inclure les étudiants dans ce genre d’événements, par exemple. Ils sont d’ailleurs impressionnés de voir comme les écoles et les universités s’engagent en Suisse. Mais il s’agit également d’un transfert de savoir: des volontaires de Paris s’engageront pour les JOJ, et vice versa. Ce ne sont pas les mêmes Jeux, mais l’esprit olympique est similaire.
Quelle est la différence entre des JO et des JOJ?
L’un des points essentiels des JOJ est l’axe pédagogique et éducatif appelé Athlètes 365 (conférences et modules sur la santé, la nutrition ou encore les performances), destiné aux athlètes et qui se tiendra au Village olympique (bâtiment Vortex). Pour mener à bien ce projet, des partenariats ont été créés entre le Comité international olympique, l’Université et l’Ecole polytechnique de Lausanne, l’hôpital universitaire (CHUV) et l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance. Une belle aventure!
Pour vous, que sont des Jeux olympiques réussis?
Je rêve que tout le monde dise «waouh!». Mais je sais la chose complexe, puisque chacun aura des désirs différents: les fédérations internationales attendent la perfection au niveau des installations sportives, les athlètes seront heureux s’ils ont des conditions idéales pour bien concourir, le public et les sponsors seront peut-être plus sensibles à la cérémonie d’ouverture, alors que les médias demanderont une communication parfaite.
Et votre «waouh» à vous, ce sera quoi?
Pour moi, le waouh, ce sera de le voir chez les autres. Et si j’en vois un qui ne l’a pas, je ne vais pas être content! (Rires.)
Lausanne en Jeux!
Pendant deux semaines, le centreville de Lausanne vivra au rythme d’un riche programme d’animations et célébrera la rencontre du sport et de la culture. Initiations aux sports d’hiver, concerts, spectacles, ateliers pédagogiques, espace numérique: c’est toute la ville qui fera écho aux JOJ 2020 avec Lausanne en Jeux!, une manifestation gratuite ouverte à tous pour concrétiser la vocation sportive, culturelle et éducative des Jeux. Le point d’orgue sera la création du spectacle BodyCity, une rencontre entre arts et sports urbains. Un mapping vidéo sera réalisé par l’ECAL et projeté sur une rampe géante de 280 m2 implantée sur la place Centrale. L’œuvre musicale sera quant à elle créée par la Haute Ecole de musique de Lausanne. BodyCity fera interagir une troupe d’une cinquantaine de jeunes performeurs recrutés au sein d’associations et d’écoles lausannoises, à l’intérieur d’un décor physique et numérique à ciel ouvert.
A few months ahead of the 2020 Youth Olympic Games, the Organising Committee’s team is in the starting blocks. In charge is Ian Logan, a CEO who is charismatic and energetic in equal measure.
Lausanne, the very place where Baron Pierre de Coubertin established the modern Olympic movement over a century ago, will be hosting the 3rd Youth Olympic Games next January. And Ian Logan has been chosen to lead the Organising Committee for these Games. A fighter pilot by profession, he is determined to offer the public a first-rate celebration of sport.
With solid experience in managing major events, he brings genuine enthusiasm to leading a team with an average age of 32. “Striving for the best, that’s an aspect I’m passionate about. I hate repeating what’s already been done, I like to think differently and to innovate.”
REGARDS Who are you, Ian Logan?
IAN LOGAN Even as a little boy, I wanted to be a pilot and I never gave up on the idea. At the age of 20, I joined the army and rose to the rank of corporal, then officer, before qualifying as a fighter pilot when I was 21. After that, I took the instructor and general staff officer courses, later becoming a colonel. In 2007, I became Switzerland’s head of air traffic management. Alongside my professional duties, I’ve always been happy to help organise events, some very important. The most memorable was Air’14, an air show in Payerne in 2014 that drew 400,000 spectators, still one of the biggest such events in the world to date.
How did you end up in charge of the 2020 Youth Olympics?
In 2015, before Lausanne had been awarded the Games, the Secretary General for the bid approached me to find out my position. I said yes, of course, I’d always dreamed of Switzerland hosting the Olympic Games. When the city won the bid, I was selected among 56 other applicants.
As CEO, what was your biggest challenge?
Bringing people together, because I was alone at first. I really had to set up a little SME. And although the bid provided a rough outline, there was still a lot to do. At the time, people weren’t talking about the Grisons’ or Valais’ participation, for example, or about the bob sleigh, luge or skeleton competitions. It was difficult and I admit I was surprised by the complexity of the many different interactions. But ever since becoming leader of the YOG, I’ve been living the dream.
How many visitors are you expecting for these Games?
We will be welcoming around 1,900 sportspeople and over 1,000 accompanying guests (family and friends), but also 2,000 people from the international sports federations (technical staff, judges). As for the number of spectators, it’s hard to say. We are expecting big crowds, but we are staying humble: these are Olympic competitions for young athletes aged 15 to 18. The biggest tribute you can pay them is to go and watch them, to show them we believe in young people and in the future.
No new facilities have been built for the Games – everything was already there or just needed updating, is that right?
Indeed, we thought about it in this way. For example, the bid mentioned the construction of a speed ring at the University of Lausanne’s sports field for the speed skating competitions; now we’ve decided they are going to be outdoors, on a frozen Lake St. Moritz. In fact, most of the regions we worked with wanted to reposition themselves for the future and took advantage of the Games to renovate some of their facilities. Many projects were already scheduled, the YOG just enabled them to happen faster.
You are in partnership with the 2024 Paris Olympic Games. Why this dialogue, and what are you discussing?
We have a wonderful understanding with the director of the Paris Olympics and have been looking to collaborate for a long time. Today, we are discussing how to include students in this kind of event, for example. In fact, they are impressed by how the schools and universities are getting involved in Switzerland. But this is also a knowledge transfer: volunteers from Paris will be involved in the YOG, and vice versa. They are different Games, but the Olympic spirit is similar.
What is the difference between the OG and the YOG?
One of the essential points of the YOG is the learning and educational aspect called Athlete365 (conferences and course units about health, nutrition and performance), intended for athletes and due to take place at the Olympic Village (Vortex building). To make this project a success, partnerships have been formed between the International Olympic Committee, the University and Polytechnic School of Lausanne, the university hospital (CHUV) and the National Institute of Sport, Expertise and Performance. A great adventure!
For you, what makes a successful Olympic Games?
I dream of everyone going “Wow!” But I know it’s a complex matter, since everyone will want different things: the international federations expect perfection from the sporting facilities, the athletes will be happy if they have ideal conditions for competing, the public and sponsors might be more sensitive to the opening ceremony, whereas the media will expect perfect communication.
And what would “wow” you?
I will be wowed by seeing other people being wowed. And if I see someone who isn’t, I won’t be happy! (Laughter.)
From 9 to 22 January 2020, Lausanne will be hosting the 3rd Youth Olympic Games (YOG), an event for athletes aged 15 to 18 from seventy or so countries. Apart from the opening ceremony, access to the various sites will be free of charge. And for the first time, the athletes will have one ski in France (Les Tuffes, above Les Rousses, in the Jura Massif) and the other in Switzerland (Joux Valley, Villars-sur-Ollon, Champéry, Leysin, Les Diablerets, Saint-Moritz and Lausanne for the official ceremonies). To host these Games, the Olympic capital can count on its many advantages: a rich legacy of over 100 years’ history in common with Olympism, and the unique expertise of its 50 sports organisations and federations, as well as many renowned training centres and schools, guaranteeing synergy in order to reflect fully the educational dimension of the Youth Olympic Games.
www.olympic.org/fr/lausanne-2020
Lausanne en Jeux!
For two weeks, the heart of Lausanne’s city centre will beat to the rhythm of a full programme of events, celebrating a meeting of sport and culture. Introduction to winter sports, concerts, shows, educational workshops, a digital space: the whole city will be celebrating YOG 2020 with Lausanne en Jeux!, a complimentary event designed to help fulfil the Games’ sporting, cultural and educational mission. The high point will be the creation of the BodyCity show, a meeting between the arts and urban sports. A video map will be created by ECAL and projected onto a giant 280 m2 ramp set up on Place Centrale. Music will be provided by the University of Music Lausanne. BodyCity will feature a troupe of about fifty young performers recruited from associations and schools in Lausanne, on an open-air physical and digital set.