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Story
La passion selon Valmont
Née sur les hauteurs de Montreux en 1985, la marque suisse est une référence dans le cercle très exclusif de la cosmétique cellulaire. Mais l’histoire de Valmont, c’est surtout celle d’un couple de passionnés qui mêlent avec habileté art et beauté. Rencontre.
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— Texte Elodie Maître-Arnaud / Photo Pierre Vogel
Al’instar de l’horlogerie, la cosmétique suisse est reconnue dans le monde entier comme étant synonyme de tradition et d’excellence. Si Valmont s’appuie sur un grand savoir-faire en matière de cosmétique cellulaire, la marque, propriété de Sophie et Didier Guillon, se distingue aussi par un discours fortement imprégné par l’art. Rencontrés dans leurs bureaux à Morges, c’est à l’unisson qu’ils racontent comment ils ont, au fil du temps, façonné l’univers de Valmont. Un univers qu’ils ont concentré dans les «Maisons Valmont», des lieux uniques à la fois espaces de vente, de soins et d’expositions, accueillant les piliers de la marque: la cosmétique, les parfums et l’art. Des lieux où ils aiment rassembler la «communauté Valmont» autour d’émotions et de valeurs essentielles. A commencer par la passion. Une passion habitée par ce couple à la ville comme à la scène, qui a bâti ses complicités sur des intérêts partagés. Parmi ceux-ci, l’art contemporain. Depuis toujours. Même si c’est surtout lui qui donne la coloration artistique à la marque. «Avec une arborescence immense», selon elle. La dimension familiale de l’entreprise est également très importante pour le couple, animé d’un profond désir de passer le témoin à la génération suivante.
DISTRIBUTION DE NICHE
La ligne de cosmétiques Valmont a vu le jour en 1985, au sein de la clinique du même nom, sur les hauteurs de Montreux. A l’époque, Didier Guillon travaille pour le groupe familial Expanscience, dont la marque phare est Mustela. Il acquiert Valmont en 1996. Passionnée par la cosmétologie et les innovations scientifiques, sa femme le rejoint cinq ans plus tard, après un parcours professionnel dans le monde de la mode et de la beauté, chez Balmain et Yves Saint Laurent Parfums entre autres. Valmont est aujourd’hui présente dans 52 pays. Sophie et Didier Guillon ont fait le choix d’une distribution de niche, avec un accompagnement ultra-personnalisé. On compte ainsi un peu plus de 1800 points de vente – grands magasins et Maisons Valmont –, animés exclusivement par les équipes de la marque. Dans la famille Valmont, on préfère d’ailleurs parler de «relais». Des lieux dans lesquels on ressent une «vraie âme». Et puis on n’aime pas trop ces recensements quantitatifs. La croissance est maîtrisée; on affirme que la logique du volume tuerait la marque.
L’ESSENCE, C’EST ELLE, LE FLACON, C’EST LUI
Les formules initiales, développées dans les années 80 par Nadja Avalle, grande prêtresse de la cosmétique cellulaire, sont régulièrement remises au goût du jour afin de s’adapter aux attentes d’une clientèle toujours plus exigeante. De nouveaux produits sont ainsi lancés chaque année, au rythme d’une «hyperactivité maîtrisée». Sophie et Didier Guillon ont par ailleurs imaginé la ligne L’Elixir des Glaciers, symbole de toutes les richesses naturelles de la Suisse et «quintessence de l’expertise Valmont». Fin nez, Sophie Guillon crée également des parfums. Les femmes sont ses muses. Elle les observe, les décrypte, les imagine et choisit les ingrédients de ses jus en fonction de ce ressenti. Un savoir-faire quasi intuitif, basé sur son propre répertoire sensoriel. Et toujours sur la passion, pour le produit et pour la femme qui va le porter. Si l’essence, c’est elle, le flacon, c’est lui. C’est ainsi que Sophie et Didier Guillon composent Storie Veneziane: quatre mains pour une série de parfums. Pour poursuivre l’écriture de leurs histoires vénitiennes, ils peuvent désormais s’inspirer du Palazzo Bonvicini, dont ils ont acquis un étage, à un jet de pierre de la Fondation Prada.
UNE FONDATION POUR L’ART
Cette présence dans la cité lacustre, c’est Didier Guillon qui l’a désirée. Inauguré cette année à l’occasion de la 58e Biennale, le Palazzo Bonvicini devrait accueillir deux expositions d’art par an. De la beauté à l’art, il n’y avait donc qu’un pas. Esthète, collectionneur et artiste luimême, Didier Guillon a souhaité se distinguer de la communication des autres marques de cosmétiques dès le début de l’aventure Valmont. A l’époque, il fait notamment le choix de ne pas s’appuyer sur une égérie à la mode. Les modes passent; l’art est intemporel. L’art chez Valmont, ce sont d’abord des éléments visuels qu’il dessine lui-même pour les packagings des produits. Puis des éditions limitées pour attirer le regard des clientes. De fil en aiguille, à la faveur de l’ouverture des Spas puis des Maisons Valmont, les accrochages, expositions et autres rendez-vous arty se multiplient, au gré des coups de cœur du couple. L’idée d’une fondation s’impose alors pour faire vivre la collection de ces passionnés et soutenir la communication artistique de la marque. Créée en 2015, la Fondation Valmont a également une vocation philanthropique. Plus de 300 œuvres d’art, près de 30 artistes et autant de talents ont ainsi été découverts et soutenus par la Fondation Valmont, qui apporte également son soutien financier à diverses associations caritatives.
Passion according to Valmont
Born in the heights of Montreux in 1985, the Swiss brand is a leader in the very exclusive circle of cellular cosmetics. Yet the story of Valmont is above all that of a passionate couple who skilfully combine art and beauty. We went to meet them.
Just like its watches, Switzerland’s cosmetics are synonymous with tradition and excellence all over the world. While Valmont relies on its expertise in cellular cosmetics, the brand owned by Sophie and Didier Guillon also stands out thanks to the influence of art in all its communications. When we met them at their office in Morges, they told us in unison how they gradually built the world of Valmont. A world embodied by their “Maisons Valmont”, a unique combination of shop, treatment centre and exhibition space, based on the pillars of the brand: cosmetics, perfume and art. Places where they love to bring the “Valmont community” together around emotions and essential values. It all starts with passion. A passion that drives this couple at work and at home, since they have built their relationship on shared interests. One of these is contemporary art. It always has been. This is the main thing that gives the brand its artistic quality. “It’s been a huge influence,” Sophie says. The family aspect of the business is also very important to the couple, who are very keen to pass the baton to the next generation.
NICHE DISTRIBUTION
The Valmont cosmetics line emerged in 1985, at the clinic of the same name in the heights of Montreux. Back then, Didier Guillon was working for Expanscience, a family firm whose flagship brand was Mustela. He acquired Valmont in 1996. Passionate about cosmetology and scientific innovations, his wife joined him five years later, after a career in fashion and beauty at Balmain and Yves Saint Laurent Parfums among others. Today, Valmont operates in 52 countries. Sophie and Didier Guillon have chosen to favour niche distribution with ultra-personalised customer service. So, there are just over 1,800 sales outlets, department stores and Maisons Valmont staffed exclusively by the brand’s teams. In the Valmont family, they prefer the term “relais”, a French word meaning a hospitable place to stop by. Places where you feel an “authentic spirit”. And they don’t really like bean-counting. They prefer controlled growth and affirm that a volume-focussed approach would kill the brand.
THE ESSENCE IS HER JOB, THE BOTTLE IS HIS
The initial formulas, developed in the eighties by Nadja Avalle, high priestess of cellular cosmetics, are regularly updated in order to meet the expectations of an increasingly demanding clientele. New products are therefore launched each year, in a process of “controlled hyperactivity”. Sophie and Didier Guillon also came up with the L’Elixir des Glaciers line, a symbol of all the natural riches of Switzerland and the “quintessence of Valmont expertise”. A skilled nose, Sophie Guillon also creates perfumes. Women are her muses. She observes, deciphers and imagines them, drawing on this perception when choosing the ingredients for her potions. Her expertise is virtually intuitive, based on her own sensory repertoire. And always based on passion, for the product and for the woman who will be wearing it. While the essence is her job, the bottle is his. Sophie and Didier Guillon make up Storie Veneziane: four hands for a series of perfumes. To continue writing their Venetian stories, they can now take inspiration from the Palazzo Bonvicini, having acquired a floor there, a stone’s throw from the Prada Foundation.
A FOUNDATION FOR ART
This presence in Venice was Didier Guillon’s choice. Inaugurated this year for the 58th Biennale, the Palazzo Bonvicini is due to host two art exhibitions a year. So the brand easily crossed over from beauty to art. An aesthete, collector and artist himself, Didier Guillon wanted its communications to stand out from other cosmetics brands as soon as the Valmont adventure began. Back then, he made the choice not to use a fashionable spokesmodel. Fashions change, art is timeless. At Valmont, art is above all about the visual elements which he designs himself for the product packaging. Then came limited editions to attract customers’ attention. One thing led to another, and Spas opened, followed by Maisons Valmont. Exhibitions and other artistic gatherings ensued, reflecting the couple’s tastes. These art lovers decided to set up a foundation in order to bring their collection to life and support the brand’s artistic communication. Created in 2015, the Valmont Foundation also has a philanthropic mission – it has discovered and supported over 300 works of art, nearly 30 artists and an equal amount of talent, and also provides financial support to various charity associations.