Journal l'influx spécial noël

Page 1

L’!n

Le journal par des étudiants de médecine pour les étudiants

Fl x

Spécial Noël.


Table des matières

2

Mot des rédactrices

p.3

Mot du président AGÉÉMUS

p.4

Nouveau curriculum en médecine

p.7

Vivre sur le Chemin de Compostelle

p.8

Aventure de Plume blanche

p.10

L’hypersensibilité aux champs électromagnétiques

p.12

Résultats «Envoie ta lettre au Père Noël

p.16

Humour

p.22


Mot des rédactrices Bonjour à tous nos lecteurs! Cette année, la toute nouvelle équipe de l’influx vous a préparé un spécial Noël pour sa première parution de l’année scolaire 2016-2017. Après cette session chargée pour tous, vous pourrez enfin relaxer et en apprendre davantage sur de nouveau sujet et même sur vos collègues. Vous trouverez, dans cette édition de Noël, de quoi démystifier le nouveau curriculum qui attend la cohorte de 2021, de l’information de qualité sur l'hypersensibilité aux champs électromagnétiques, même l’originalité sera de mise avec des lettres aux Père-Noël plus que spéciale et j’en passe. Simplement vous rappelez que l’influx est le journal des étudiants en médecine. Il est fait par vous et pour vous, donc n’hésitez pas à nous faire parvenir vos articles sur un sujet qui vous intéresse, qu’il soit ou non en lien avec la médecine. Par ailleurs, l’influx est disponible autant en format électronique que papier. Vous pouvez toujours récupérer votre copie au local de l’AGÉÉMUS. Sur ce, nous vous souhaitons un très beau temps de fêtes! Profitez-en pour passer du temps en famille et entre amis pour nous revenir plus en force que jamais en janvier. Bonne lecture! Laurence Leblond & Sarah Fréchette-Bouffard Corédactrices en chef

3


Mot du président AGÉÉMUS

4




Nouveau curriculum En ce début de décembre, plusieurs étudiants du CÉGEP songent déjà à leur souhait pour la venue de l’année 2017 et rêvent surtout d’être admis en médecine. Plusieurs offres universitaires s’étalent devant eux. Toutefois, cette année, celle de l’Université de Sherbrooke sera différente et encore la meilleure d’entre toutes.

• • • • •

S’il y a une chose dont nous pouvons tous être certains, c’est que le Programme 2017 débarquera cet automne, comme prévu. Devant cette arrivée remarquée, ce Programme apporte de grands changements tant au niveau de la pédagogie de la médecine, qu’au sein même de la philosophie médicale. Parce qu’on est en 2017!

80% des situations présentées aux étudiants seront de l’ordre de la SPT soins, cœur de l’éducation médicale. Les autres SPT se grefferont tout au long du parcours pour parfaire une formation médicale de premier ordre.

❦ Mais qu’est-ce que le Programme 2017 ?! Après une longue réflexion facultaire s’étant échelonnée de 2010 à 2013, de grandes orientations curriculaires furent tracées pour guider de futures modifications au curriculum actuel:

1. 2. 3. 4. 5.

L’agir avec compétence Une philosophie de soin centrée sur une approche globale du patient Un décloisonnement disciplinaire Une collaboration intra et interprofessionnelle Un parcours flexible de formation

Ces lignes directrices ont été le Fil de Thésée permettant de sortir du Dédale du Programme 16-20, complication inattendue d’une curriculite aiguë affligeant la FMSS depuis quelques années. Le Programme 2017 est né, prenant les formes d’un parcours de professionnalisation axé sur l’agir avec compétence en situation professionnelle authentique. L’objectif final d’un tel programme est de former des étudiants, actifs dans leur apprentissage, en des résidents 1 jour 1. L’acquisition de connaissances et d’habiletés se fera, comme pour le Programme 16-20, grâce à l’APP. Le Programme 2017 introduit aussi l’APÉ [apprentissage par équipe] qui permettra aux étudiants de décontextualiser les notions théoriques, biomédicales et anatomiques par une confrontation des idées de 4 équipes d’APP. Le tout animé par des professeurs-mentors spécialistes et fondamentalistes pour permettre une intégration rapide et prolongée de la matière souvent plus aride. Les habiletés cliniques regroupées sous le nouveau sigle HCPC [habiletés cliniques, professionnelles et de collaboration] seront enseignées hebdomadairement en fonction du problème vu et répondu la même semaine. Cette nouvelle tactique d’apprentissage permettra aux étudiants de relier théorie [anatomie, sciences biomédicales, etc.], la clinique [pathologies, traitements] et la pratique [examens physiques, questionnaires et mises en situation authentiques].

SPT Soins SPT Formation SPT Promotion SPT Gestion SPT Recherche

Les SPT soins seront regroupées en des thèmes durant 2-3 semaines. Par exemple, santé de la femme, douleurs abdominales, santé mentale, etc. S’éloignant du dogme de l’éducation médicale par organes-systèmes, le Programme 2017 se base une acquisition progressive par une exposition à des situations authentiques de plus en plus complexes permettant de construire et de pratiquer une médecine avec une approche globale de la santé du patient. Cette application pédagogique permet d’intégrer et de mobiliser les connaissances acquises en APP et APÉ de façon efficace et longitudinale. Au final, les étudiants qui entreront dans la Promotion 2021 ne seront pas de meilleurs médecins ou de meilleurs étudiants. Ils apprendront la médecine différemment, c’est tout. ❦ Et nous dans tout cela ? Les « bébés premières » entreront dans un programme inconnu de nous. Nous allons tous et chacun avoir un rôle conseil et de guide devant ce nouveau Dédale. La FMSS de l’Université de Sherbrooke propose encore un programme teinté d’innovation et axé sur l’excellence de la pratique médicale pour répondre aux besoins changeants d’une population en constante évolution. Sa mission ne pourrait être plus juste. « Former de futurs médecins compétents, empreints d’humanisme, investi dans leur formation actuelle et future, et engagés à répondre aux besoins changeants de leurs communautés »

Par Cédrik Gignac, LL.B., M.B.A,

Vice-président aux affaires pédagogiques Corédacteur en chef du Petit Guide de l’Étudiant en Médecine de l’Université de Sherbrooke Promotion 2019

Le parcours sera englobé d’une sphère réflexive, encadrée et en lien avec le parcours de professionnalisation pour permettre un apprentissage personnel et professionnel de la médecine pour chacun des étudiants. ❦ Situations professionnelles types Le Programme 2017, un parcours de professionnalisation, est basé sur l’apprentissage actif devant des situations professionnelles types [SPT]et l’agir avec compétence en réponse à celles-ci. Ces SPT se divisent en 5 sphères codépendantes et représentant les attentes de la société quant à un médecin en pratique :

7


«Vivre» sur le chemin de Compostelle En 2010, à l’âge de 14 ans, j’ai découvert le film français SaintJacques la Mecque abordant le Pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Cette comédie, aussi triste et profonde, a apparemment fait chemin en moi, puisque j’ai aussitôt commencé à me poser des questions: qu’est-ce qu’un pèlerinage? Où mène-t-il? Quelles sont les raisons qui poussent quelqu’un à marcher plus de 800 kilomètres pour traverser un pays alors que la voiture et l’avion sont aujourd’hui à notre disposition? Bref, pourquoi et pour quoi? J’ai été inspiré par l’idée de simplicité, de liberté, d’autonomie et de recherche de soi. Je savais que j’étais encore trop jeune (physiquement et spirituellement) pour accomplir une telle expérience, mais je me suis promis qu’un jour j’accomplirais le Camino de Santiago de Compostella. Et me voici six ans plus tard. Comme on le dit souvent sur le Chemin, ce n’est pas toi qui décides quand tu devras marcher le Camino (chemin), c’est le Camino qui décide pour toi quand tu devras le marcher. On appelle ça l’appel du Chemin.

Imaginez… Vous vous réveillez chaque matin auprès de ces gens qui marchent tous comme vous vers la même destination : Santiago. Vous vous habillez, finissez de préparer votre sac et prenez soin de vos pieds. Vous vous assurez évidemment de manger un petit déjeuner, que ce soit la banane achetée la veille à la tienda (épicerie) ou votre croissant acheté au restaurant des pelegrinos (pèlerins). L’air frais du matin fouette votre visage; vous relevez la fermeture éclair de votre manteau jusqu’au cou à la hauteur de votre cartilage cricoïde, vous attachez convenablement votre sac à dos sur vos hanches au-dessus de vos crêtes iliaques, enfilez les ganses de vos bâtons sous l’os scaphoïde et prenez une profonde inspiration pour bien oxygéner vos alvéoles; et vous voilà prêts pour amorcer une nouvelle journée sur le Camino!

8

Devant vous, l’inconnu. À vos côtés, une famille. Derrière vous, votre histoire. Bref, pas bien différent de ce qu’est la vie. Et c’est justement ça le Camino : la vie à l’état pur. Vous commencez à marcher. Une vilaine ampoule sur votre pied, apparue il y a un certain temps, vous oblige à freiner pour les premiers kilomètres, puis tranquillement la douleur s’estompe et votre rythme devient constant; il devient votre rythme. Le soleil ne perd pas de temps à projeter votre ombre devant vous, puisque votre destination est franc ouest. Certains jours, vous serez trop

occupés à discuter avec un ou une nouvelle amie à propos du pèlerinage ou encore des différences entre vos cultures, alors qu’à d’autres moments vous prendrez une pause. Vous vous retournerez et verrez cette éclatante lumière du soleil levant qui vous éblouira. Vous fermerez les yeux et tout en levant la tête, vous remercierez le Chemin de cet appel. Vous saurez alors pourquoi vous êtes là. Ce que j’ai trouvé magique sur le chemin est l’idée d’être seul devant l’inconnu, portant ma maison sur mon dos, mes pieds pour seul moyen de transport en accueillant la vie comme elle vient. Il est en effet étonnant d’observer le déroulement du Chemin. Qu’est-ce que j’entends par là? Je parle évidemment de l’environnement physique : montagnes, forêts, champs de blé…, mais aussi de ce que le chemin m’apporte intérieurement. Ma vision du Camino tout comme celle que j’avais de moi-même étaient en constante évolution : les rencontres faites, les expériences vécues et ma manière de vivre chacune d’entre elles m’aidaient à répondre à cette question qui surgissait en moi : qui suis-je? Cette question abordait d’une part la notion de force physique, à savoir si j’étais apte à accomplir un tel défi, et d’autre part, le sens de mon existence. Que ce soit pour des raisons spirituelles, religieuses ou pour une quête de soi, la motivation pour entreprendre un tel pèlerinage doit aller au-delà de la forme physique, sans quoi vous perdrez rapidement la flamme qui vous poussait à marcher…croyez-moi! À travers ce pèlerinage, ma vision de la médecine s’est transformée. Comme pèlerins, nous avons droit à toutes ces douleurs articulaires, ampoules, courbatures et j’en passe! Mais le Chemin permet d’aller au-delà des maux physiques. Il fait prendre conscience des blessures au fond de nous qui deviennent, au fil des jours, à la fois fardeau et motivation. Nous faisons enfin ce que nous oublions ou négligeons de faire si souvent : prendre du temps pour soi : manger, dormir, se reposer, contempler, bref de vivre pleinement. Par ces simples activités quotidiennes, nous parvenons enfin à faire la paix avec des pensées envahissantes. C’est ainsi que le pèlerinage est devenu pour moi une médecine qui soigne une autre part de nous-mêmes. À celles et ceux qui entreprendront ce périple, je vous dis : « Buen Camino »! Un pèlerin parmi tant d’autres

par Antoine Dumas



Aventure de Plume blanche Recette : 1-Allez à la chasse 2-Tuez un castor 3-Détachez délicatement les couilles et faites les infuser 4-Buvez le « jus de couilles de castor » et profitez de ses propriétés aphrodisiaques! Commentaires : « Ça goûte le formol. » -Louis-Pierre Bélanger-Fleury « Ce n’était pas des QUEUES de castor??? » -Charles Alain « Allez, goûtes-y! Tu vas voir, c’est bon. » -Roxanne St-PierreAlain, avec un sourire malicieux Nous sommes une vingtaine d’étudiants en médecine des sites de Sherbrooke et de Chicoutimi à avoir eu la chance de participer à l’Aventure Plume Blanche, qui s’est déroulée à Roberval les 22 et 23 octobre derniers. Cette activité de sensibilisation à la culture autochtone nous était offerte par le Comité d’intérêt en santé autochtone, en clôture de la semaine de sensibilisation qu’ils avaient organisée. Nous avons donc décidé de prendre une pause de notre rythme d’étude effréné afin d’enrichir notre bagage culturel à travers différentes activités animées par M. Claude Boivin et Mélanie, que nous remercions d’ailleurs pour leur hospitalité et leur passion. Après une première nuit dans le chapitoine pour la plupart des étudiants, nous avons entamé notre fin de semaine avec un atelier sur les plantes médicinales. Comme les coureurs des bois et les chamans (j’aimais bien la comparaison), nous nous sommes donc promenés sur le terrain et dans la forêt avec l’autorisation de manger des champignons, d’arracher des feuilles pour les faire infuser et de percer les « petites bulles »

10

sur l’écorce des sapins dans un but d’analgésie buccale. Les septiques ont été confondus, car dans l’excitation de découvrir le goût de la forêt, on se rappelle que la plupart des ingrédients médicinaux sont extraits des plantes. La spiritualité occupe une très grande place dans la culture autochtone, et elle s’exprime entre autres lors de cérémonies dans une tente à sudation, ou « sweat lodge ». L’expérience est relativement intense : être assis par terre pendant deux ou trois heures, collés les uns sur les autres, dans ce qui ressemble à un sauna, mais en plus chaud. Ajoutez la noirceur totale et des enseignements spirituels, et vous aurez une idée de ce que nous avons vécu. Je crois que c’est ce qu’on appelle méditer et prendre du temps pour soi. Je terminerai mon récit de fin de semaine en disant que, lorsqu’on chauffe une tente avec un poêle à bois, on se rend compte à quel point c’est long de retrouver de la chaleur une fois le feu éteint. Je crois que les Autochtones se levaient pendant la nuit pour entretenir le feu.

Par Sara Boily



L’hypersensibilité aux champs électromagnétiques Investigation d’une pathologie émergente et méconnue Le passage au Québec du Dr. Dominique Belpomme, cancérologue français et expert sur l’hypersensibilité, a été l’occasion en novembre dernier de suivre les pistes d’une pathologie émergente, aussi méconnue qu’elle est polémique. Ce médecin, qui est aussi président de l’Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (Artac) et directeur à Bruxelles de l’ECERI, l’Institut européen de recherche sur le cancer et l’environnement, est venu donner plusieurs conférences pour le public québécois, notamment sur l’étiologie environnementale de nombreuses maladies contemporaines. Or, sa visite fut également l’occasion d’amorcer quelques tables rondes sur de récentes découvertes sur l’hypersensibilité, tables rondes auxquelles sont venus siéger médecins, chercheurs, environnementalistes et, même, cinéastes québécois. Cette communauté éclectique, s’intéressant à l’avantgarde des enjeux de santé publique, est venue découvrir les travaux du Dr. Belpomme afin de mieux comprendre l’énigme de l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques. Les patients qui vivent avec cette condition ont été longtemps, et sont encore relégués aux soins du psychiatre, ce qui n’est pas sans rappeler la lutte des patients atteints de fibromyalgie. Or, les patients hypersensibles pourraient bénéficier éventuellement d’une reconnaissance sur les plans scientifique et médical. En effet, permettant peut-être de rompre avec le préjugé stigmatisant de leur nature « psychosomatique », les travaux du Dr. Belpomme mettent plutôt en évidence une pathologie réelle, supportée pour la première fois par une symptomatologie claire, une évolution prévisible et des biomarqueurs consistants. Notre sensibilité électromagnétique Mais d’abord, pourquoi les champs électromagnétiques (CEM) ? Et pourquoi un cancérologue s’y serait intéressé, considérant tout ce qui est réputé être « probablement » cancérigène aujourd’hui ? D’abord, réalité mieux connue aujourd’hui des oncologues, le Dr. Belpomme rappelle qu’à l’inverse de la croyance populaire, les ondes dîtes ionisantes (rayons X, rayons gamma) ne sont pas les seules ondes du spectre à pouvoir déréguler l’activité cellulaire. En fait, c’est l’ensemble du spectre des fréquences, si nous y sommes exposés en amplitude ou période de temps suffisante, qui est susceptible d’avoir un impact toxique sur l’organisme. Ainsi, alors que sur le plan scientifique on réalise que l’émission d’ultrasons est capable de causer des lésions des poumons et de l’intestin chez les souris, certaines armes à basses fréquences sont pour leur part déjà utilisées par certaines brigades policières afin de disperser les manifestants. Par ailleurs, nous savons aujourd’hui que nos tissus sont sensibles aux fréquences, par le biais notamment d’ions de magnétite et de maghémite sécrétés par les cellules qui les composent, et qui captent l’environnement électromagnétique. C’est ce qui permet, entre autres, aux oiseaux migrateurs de visualiser les CEM terrestres pour suivre, invariablement, la même trajectoire migratoire chaque année. Or, l’être humain a introduit au 20e siècle un tout nouvel environnement électromagnétique qui, à l’opposé des ondes terrestres naturelles non pulsées, émet des ondes « pulsées ». Ces ondes artificielles, générées par des émetteurs, auraient une capacité modulatoire inédite et encore peu étudiées sur notre métabolisme cellulaire.

12

Un bref tracé historique de la pathologie «électromagnétique» Chaque poussée technologique du domaine de l’émission des ondes, avance le Dr. Belpomme, a été accompagnée d’une symptomatologie propre qui, sans avoir obtenu un statut épidémiologique, a néanmoins été corrélée aux CEM et à ce qu’on a baptisé « l’électro-smog » des villes modernes. Le récit débute à l’avènement de l’électrification vers les années 1900s. Sa conséquence cytotoxique, bien connue de tous, est l’électrocution. Par la suite des choses, il y a eu l’exposition aux ondes radios sans fil qui, dans les années 1920s, ont été associé à certains cancers; les radars, dans les années 1940s, qui auraient induit la « radio wave sickness »; les ordinateurs, depuis les années 1970s, qui auraient entrainé chez certains des « dermatites d’écran » et la provocation de fausses couches; et enfin, depuis les années 1980s, l’utilisation des téléphones cellulaires serait un facteur dans le développement de l’Alzheimer et de tumeurs cérébrales, bien que ce lien soit toujours sous étude. Or, les CEM des cellulaires ont été classifiés « cancérigènes possibles » par l’OMS, qui reconnait aujourd’hui officiellement les risques associés aux CEM, et est actuellement en cours d’investigation sur les effets épidémiologiques à long terme de leur présence dans notre environnement. Le Parlement Européen appelle pour sa part, depuis 2009, à l’abaissement du seuil d’activité électromagnétique, et a mis sur pied, depuis 2013 un cadre de protection des travailleurs exposés aux CEM. Plus récemment, il a été admis qu’en Europe, un dispositif règlementé sera mis en place pour protéger les travailleurs à risque au plus tard en février 2017. Quelle origine à «l’hypersensibilité» aux champs magnétiques ? Si nous sommes tous sensibles aux champs électromagnétiques, qu’entend-on alors par une « hypersensibilité » ? Cliniquement parlant, il faut faire une distinction d’abord avec l’intolérance, qui est une absence de seuil de tolérance - des conséquences sont alors vécues, peu importe le degré d’exposition, tel est le cas avec l’électrocution - et la sensibilité, qui témoigne pour sa part d’un processus biologique d’abaissement du seuil de tolérance. Ainsi, l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques se définit d’abord par une diminution du seuil de tolérance de l’organisme vis-à-vis des fréquences émises dans l’environnement : antennes satellites, radars, réseaux cellulaires et Wi-Fi, notamment. L’amorce de cette « sensibilisation », cependant, demeure méconnue, et les recherches actuelles penchent sur un croisement de variables génétiques et environnementales, et vraisemblablement un profil épigénétique. Nombreux patients montrent dans leur passé un évènement d’électrocution, alors que d’autres ont en commun d’avoir exercé un métier où ils étaient exposés, pour une durée significative, à un environnement à fortes fréquences électromagnétiques (tels une ingénieure en aérospatiale, ou un ouvrier des télécommunications). Pour la majorité, les premiers symptômes ont pris une vingtaine, sinon une trentaine d’années à se manifester; ainsi, les patients d’aujourd’hui signeraient l’environnement technologique des années 1980s, et le milieu électromagnétique actuel ne se ferait surtout sentir que dans les décennies à venir. Or, des individus plus jeunes, voire des adolescents et même, récemment, des nourrissons, se seraient montrés symptomatiques d’une hypersensibilité aux CEM.


Vers une reconnaissance clinique : prévalence, critères d’inclusion, symptômes, évolution et marqueurs biologiques de l’hypersensibilité aux CEM Depuis 2009, le Dr. Belpomme s’est bâti une clientèle de plus de 1,500 patients hypersensibles aux CEM, ce qui a permis à son équipe de conduire l’étude la plus extensive menée à présent sur les gens atteints de cette pathologie émergente. Voici donc les grandes lignes retenues d’une pathologie qui, dans le futur, pourrait bénéficier d’une reconnaissance sur le plan clinique. Prévalence. Selon les données disponibles actuellement, des dizaines de milliers de gens souffriraient sans doute d’hypersensibilité à divers niveaux. L’importante limitation de spécialistes nuit à la reconnaissance de cette condition en dehors de l’Amérique et de l’Europe. Il est estimé que 1 à 3% de la population serait électrohypersensible. Pour des raisons encore inconnues, mais qui selon le Dr. Belpomme pourraient être liées à leur profil endocrinien ou génétique, le 2/3 des patients vivant avec cette condition sont des femmes. En proportion, la majorité des cas (60%) serait hypersensible aux ondes générées par leur téléphone cellulaire, suivi par le Wifi et les routeurs (20% des cas) et, enfin, des lignes haute tension, transformateurs et outils de géolocalisation (20% des cas). Notons la particularité qu’au Québec, l’installation de compteurs intelligents, des puissants émetteurs de radiofréquence à domicile, aurait été un facteur d’exacerbation important pour une grande partie des patients dits hypersensibles aux CEM. Critères d’inclusion. Pour être reconnue hypersensible aux CEM, l’individu doit montrer une pathologie (1) d’origine inconnue, (2) reproductible en présence de CEM, et (3) atténuée ou asymptomatique en absence de CEM. Symptomatologie : une évolution en trois phases. Les symptômes se déclineraient pour leur part en trois phases. Tout d’abord, pour 99% des patients, une « phase inaugurale » montrerait, de sévérité variable : des céphalées, symptômes de TDAH, altération de l’état mental et, caractéristiquement, des symptômes cortico-temporaux tels une hyperacousie, des troubles de sensibilité superficielle et/ou profonde, une altération du goût, et des hallucinations liées à l’odorat. L’émergence d’intolérances alimentaires, ainsi que des symptômes inflammatoires des muqueuses du système ORL, sont également particulièrement fréquents à ce stade. Ensuite, une « phase d’état » traduirait une atteinte plus marquée du système nerveux central avec l’ajout d’une triade d’insomnie, de fatigue et de dépression. Enfin, une dernière phase dîte « d’évolution » présenterait des symptômes de neurodégénérescence similaires à ceux de l’Alzheimer. La progression n’est pas linéaire, et nombreux patients peuvent ressentir longtemps un inconfort en présence d’ondes électromagnétiques, réponse qui serait caractéristique d’une réaction inflammatoire à bas bruit, et « décompenseront » suite à une exposition aigue. Marqueurs biologiques. Les marqueurs associés à l’hypersensibilité aux CEM orientent celle-ci vers une maladie de type inflammatoire, et plus précisément neuro-inflammatoire. En terme d’activité inflammatoire, 70% des patients hypersensibles montreraient, suite à une exposition aux CEM, une élévation d’histamine et de nitrotyrosine (NTT), marqueurs d’inflammation, ou une augmentation de la protéine S100B, un marqueur de toxicité neuronale. D’autres marqueurs associés à la condition sont une élévation de la protéine C réactive (CRP) et des immunoglobulines IgE, une baisse de la mélatonine, et une diminution presque complète des vitamines D2 et D3. En vertu de ce profil

inflammatoire, le Dr. Belpomme utilise comme analogie pour l’exposition aiguë aux CME, chez ces patients, d’un « coup de soleil » sur le cerveau. La barrière hémato-encéphalique et l’hypothèse thalamolimbique Il est théorisé à ce jour que la modulation magnéto-sensible des cellules influencerait la perméabilité de la barrière hématoencéphalique, induisant un contact entre des molécules toxiques (tel le mercure, les organochlorés, et autres polluants) et les neurones et la névroglie du cerveau. Les symptômes peuvent donc varier selon le site d’atteinte cérébrale. Or, l’existence d’un portrait symptomatique type, ainsi que l’origine sans doute neuroinflammatoire de ceux-ci témoigne, selon le Dr. Belpomme, d’une prédominance thalamo-limbique à ces effets toxiques. Il pointe particulièrement le rôle du rhinencéphale, centre des odeurs et important relais pour les émotions, la mémoire et la cognition. Le rhinencéphale, par ailleurs, correspond au foyer de la maladie d’Alzheimer, dont la symptomatologie est typique également de l’électrosensibilité dans sa dernière phase. Enfin, le thalamus étant une voie de relais pour les stimuli sensoriels, son atteinte serait responsable notamment des troubles sensoriels superficiels et/ou profonds rencontrés chez nombreux patients.

Dr. Dominique Belpomme

Témoignages de la communauté électrosensible québécoise La table ronde avec le Dr. Belpomme s’est terminée avec un entretien à distance (l’hypersensibilité oblige), par téléphonie, avec des patients vivants avec cette condition. Pour l’occasion, madame Hélène Vadeboncoeur (PhD), chercheure dans le domaine de la santé, électrohypersensible et présidente du « Rassemblement Électrosensibilité Québec » (RESQ), a réunit une dizaine de québécois et québécoises vivant avec cette condition pour offrir l’opportunité à ceux-ci de partager leurs récits de vie ainsi que le défi substantiel qu’est devenu leur quotidien. Aux dires de Mme Vadeboncoeur, ces personnes souffrent hélas d’une nonreconnaissance de leur condition par la santé publique, et ce malgré une abondante littérature scientifique appuyant leur condition. Parmi ce bassin québécois, nous comptons majoritairement des individus âgés entre 40 et 70 ans, surtout des femmes, qui ont dû quitter leur travail et souvent leur logis pour même se retrouver, parfois, sans domicile. Par le fardeau de cette condition, certains ont perdu leur conjoint, et d’autres ont dû compromettre et quitter leur famille en vue de trouver un milieu de vie où ils ne sentent pas leur santé menacée. Pour reprendre une analogie de la présidente, « c’est comme si 1 à 3% de la population était allergique aux arachides, et que celles-ci étaient absolument partout ». À défaut de pouvoir faire leur rencontre en personne, voici quelques portraits de vie retenus des québécois électrosensibles qui sont venus témoigner le 2 novembre dernier (les noms ont été modifiés par souci de confidentialité).

13


Maryse. 65 ans. 1ère femme ingénieure aérospatiale au Canada, a travaillé pour les forces armées, où elle a été exposée notamment aux technologies sans fil du contrôle aérien lors de nombreux essais militaires. À 35 ans, elle contracte une mononucléose, mais poursuit néanmoins le programme de vols d’essai. Cette expérience l’épuise profondément. Elle n’en récupère pas, et commence par la suite à développer des intolérances alimentaires. Dix ans plus tard, son médecin en Ontario la diagnostique électrohypersensible. Elle se débarrasse de son microonde, retire la lampe qui est près de son lit, et sa santé s’améliore. Or, suite à la prolifération du sans-fil, ses symptômes reviennent et elle déménage dans un petit village, puis blinde sa maison. Elle ne possède alors qu’un téléphone sans fil, qu’elle doit laisser débranché. Ses souffrances reviennent en 2013, et elle apprend l’installation des compteurs non communicants d’Hydro-Québec au village. Elle veut refuser le compteur, mais Hydro-Québec menace de lui couper l’électricité. Elle ne peut aujourd’hui fréquenter ni son travail, ni un hôpital. À l’ouverture d’un élément électrique, elle décrit le sentiment d’une herniation du cerveau. Jonathan. Technicien en télécommunications et informatique, il a fait de la radio amateur toute sa jeunesse. Depuis 2006, il ressent une douleur tympanique, un acouphène ainsi qu’une sensation thermique à l’utilisation de son téléphone cellulaire, puis lors des installations d’antennes pour son métier. Sa santé s’améliore alors qu’il prend des vacances sans ses microtechnologies, mais se détériore dès son retour au travail. Il peut alors ressentir des douleurs dès la seconde précédant la sonnerie de son téléphone. Apparaissent graduellement une perte de vision, des paresthésies faciales, voire des saignements du nez et des yeux, qui peuvent durer des jours suite à une exposition. Il doit quitter son travail. En 2013, il y a installation de compteurs intelligents dans sa demeure : il adapte et blinde celle-ci avec une toiture de métal et des fenêtres en aluminium. Aujourd’hui, il ne peut sortir de celle-ci sans se vêtir de vêtements et lunettes de blindage. Des passants l’apostrophent parfois dans la rue pour l’interroger sur son accoutrement, mais il a le sentiment de passer pour un aliéné chaque fois qu’il partage sa situation. Jocelyne. Dans la cinquantaine. Avocate. Elle prend conscience qu’elle est électrosensible en 2013 alors qu’on lui conseille de diminuer son exposition aux ondes suite à des problèmes de sommeil qui perdurent depuis des années. Elle mentionne une exposition aux moisissures pendant longtemps, et réalise avoir vécu longtemps dans une maison « réceptacle », distribuant le courant pour son quartier. Suite à l’installation des compteurs intelligents, ses symptômes sont exacerbés, et elle déménage dans une petite ville. Malheureusement pour elle, cette ville venait de suivre le tournant des « villes intelligentes » et a déployé un large réseau WiFi pour ses citoyens. Elle doit désormais redéménager, mais ne sait plus où aller vivre. Josée. 52 ans. Dessinatrice industrielle de formation. Elle manifeste des symptômes de vertige, perte d’acuité visuelle, dyspnée, tachycardie et difficulté à se concentrer. Elle prend conscience de son électrosensibilité lors d’un séjour en forêt, où ses symptômes s’estompent, et établit un lien avec les lampes à néons de son milieu de travail et ses symptômes. Suite à l’installation d’une tour

14

d’antenne près de son domicile, elle devient paralysée. Elle quitte sa famille pour une vie en camping, se construit un bâtiment isolé, et sa santé s’améliore. Or, ce mode de vie en isolement, séparé de sa famille, lui cause une souffrance psychologique. Pour un débat public et des mesures de santé : un appel à l’action Enfin, récemment, un appel de 55 Québécois réunissant patients électrohypersensibles, médecins, chercheurs en sciences de l’environnement et autres professionnels lançait le défi d’examiner cet enjeu qui pourrait s’avérer au long terme un problème de santé publique significatif pour notre population. Surtout, ce collectif se prononçait sur l’urgence d’appliquer les recommandations de santé du Comité permanent de la santé de la Chambre des Communes, intitulé le rayonnement électromagnétique de radiofréquences et la santé des Canadiens. Pour clore ce dossier, voici un extrait de la lettre, adressée à la ministre de la santé Mme Jane Philpott, ainsi qu’au premier ministre Justin Trudeau. « Nous nous inquiétons du fait qu’en raison de la croissance et de la popularité sans précédent des technologies sans fil, jamais les Canadiens n'ont été exposés quotidiennement à des doses de radiations non ionisantes si élevées et couvrant une aussi large bande de fréquences électromagnétiques artificielles. […] Compte tenu des liens suggérés dans la littérature scientifique entre le développement de la technologie sans fil et des problèmes de santé, il importe de valider ces résultats et mieux en comprendre la nature et les mécanismes. Il est donc urgent que, pour limiter l’exposition aux radiofréquences, Santé Canada révise son Code de sécurité 6 qui sert de ligne directrice aux provinces, car il ne protège que des effets thermiques des expositions alors qu’il devrait tenir compte aussi des effets biologiques non thermiques à moyen et à long terme. […] Parallèlement, il faut, comme en Ontario et en Nouvelle-Écosse, que des associations médicales et des cliniques de santé environnementale puissent partout au Canada diagnostiquer l’électrohypersensibilité et traiter convenablement les électrosensibles. »

Par Charles-Antoine Barbeau-Meunier Étudiant en médecine



« Envoie ta lettre au Père Noël » Pour notre édition spéciale Noël, nous nous sommes laissés inspirer par l’esprit des fêtes et avons décidé de revenir en enfance pour vous demander de nous écrire votre plus belle lettre au Père-Noël. Chaque participant y a donné sa couleur, une touche d’humour ou une tournure plus profonde. Merci à tous les participants, nous avons eu beaucoup de plaisir à vous lire

16


Mireille Turbis Étudiante 2ème année, Sherbrooke Cher Père-Noël, Cette année j’aimerais ça avoir une poupée. Si tu parles à ma maman elle va dire non parce qu’elle est fâchée contre moi, mais c’est que j’ai pas fait exprès. Elle est pas contente et elle dit que j’aurai pas mon cadeau que j’ai demandé à Noël, alors c’est pour ça que je le demande à toi Père-Noël. Parce que moi ma poupée ça fait super de super longtemps que j’en rêve. Je la veux avec les cheveux blonds comme les miens, mais beaucoup plus longs que les miens. Des longs cheveux que je peux brosser et faire des tresses. Annie du service de garde elle a dit qu’elle m’apprendrait à tresser les cheveux pour que je puisse tresser les cheveux à ma poupée, Père-Noël, c’est pour ça qu’il lui faut des cheveux longs sinon on peut pas faire des tresses dedans. Et il lui faut les yeux qui ferment comme ça que quand je vais la bercer elle va fermer les yeux et aller dormir. Parce qu’elle peut pas dormir si elle ferme pas les yeux, c’est évident, et si elle dort pas elle va se fatiguer, donc il faut que ses yeux ferment absolument. C’est trop trop important Père-Noël, il faut que tu promettes de pas oublier. Et pis il faut pas qu’elle ait peur des ours ma poupée, parce que Monsieur Poilu c’est quand même mon préféré toutou et il faut qu’ils s’aiment comme ça je peux les avoir les deux tout le temps avec moi. Annie elle dit que je peux pas amener plus qu’un jouet à la sieste, mais je peux les amener à des jours différents et ils seront pas jaloux si ils sont amis. Une dernière chose Père-Noël; il faut qu’elle soit gentille ma poupée, parce que sinon ma maman elle va la jeter c’est certain. Elle est pas toujours méchante ma maman, même qu’elle me fait tout le temps des becs mouillés et des chatouilles et elle me dit qu’elle va me donner toutes les autos que je veux, pis tous les dragons que je veux. Elle est juste pas fine quand je demande une poupée ou des robes ou des choses qu’elle dit que les garçons ont pas le droit d’avoir. Alors il faut pas être fâché contre ma maman Père-Noël, même si des fois moi ça me fâche aussi. Je pense que si elle voyait comment que je l’aime gros gros comme la Terre ma poupée, elle finirait par l’aimer elle aussi. C’est ma maman quand même. Merci beaucoup beaucoup Père-Noël Nicolas, 6 ans

17


Virginie Allarie Étudiante 2ème année, Sherbrooke Très cher Père Noël, Cette année j’ai plusieurs demandes spéciales. Depuis le début de mes études en médecine, il y a eu beaucoup de changements dans ma vie et mes demandes seront un peu différentes des années précédentes. Puisque je prends toujours des notes, j’ai de la difficulté à faires des phrases complètes, donc ma lettre sera sous forme « bullet point ». Pour Noël je désire : 1 diplôme en médecine (Éventuellement, un jour, dans un futur lointain…) 2 minutes de plus durant les ECOS (Non mais là, comment veux-tu que je fasse en 4min l’examen cardio, pneumo et pis si j’ai le temps l’examen de dépistage neuro!?) 3 bouteilles de vodka (3 sessions/année = 3 bouteilles. Ah pis, si ça te tente, tu peux même doubler… ou tripler.) 4 paires de bas de compression (L’externat arrive bientôt et avec ça, les stages en chirurgie. Je ne veux pas finir dans les pommes comme durant les labos d’anato.) 5 bouteilles de mélatonine (5mg PO) (Mes examens s’en viennent et je dois dormir.) 6 kg de café (Faut ben je me réveille après la mélatonine. Et que je résiste à l’appel du lit quand j’étudie.) 7 nouveaux Litmann (Rouge, bleu, vert, noir, marine, gris, rose pâle. Un pour chaque scrub de couleur.) 8 paquets de Kraft Dinner (Mon meilleur ami en fin de session et en mi-session, et en quart de session et... ouin, n’importe quand dans le fond. J’ai dit 8, mais libre à toi d’augmenter la quantité, d’un coup que c’est en spécial au Costco) 9 pattes de cochon (Je dois pratiquer mes points pour l’externat, vois-tu!) 10 lbs de moins (Ouin, mon jogging a pas mal pris le bord depuis le début de la médecine. Et après on dit de nous que l’on est des modèles pour la santé. Bref!) 11 chats (Pour gérer mon stress, tsé zoothérapie.) 12 h de sommeil (SVP !!!) Sur ce Père Noël, je te souhaite une bonne tournée. Fais attention de bouger les jambes durant ton voyage et même de marcher entre les arrêts pour éviter une trombophlébite. Avec ton âge et ton IMC élevé, tu dois faire attention. Je te laisse un verre de lait écrémé (pour ta bedaine) avec une pilule de Lactaid pour ton intolérance au lactose. Le biscuit est au blé entier pour ta constipation et il y a des raisins, c’est meilleur pour la santé. Il y a un pot d’aspirine à côté. Tu peux partir avec, ça peut pas faire de tort. Sur ce, à l’année prochaine! H. T-A Étudiante en médecine P.S. Dis à Mère Noël de prendre ses pilules pour le cholestérol! Elle doit faire attention à son cœur elle là! Virginie

18



Anass Chraibi Étudiant 3ème année, Saguenay Père Noël J’ai aujourd’hui 22 ans. Jamais je ne t’ai envoyé́ de leƒre. Jamais je ne t’ai demandé de cadeau. En fait, je n’ai même jamais cru en ton existence. Même durant mon enfance, mes parents me le rappelaient chaque année. J’entends encore ma mère me crier : « T’auras pas de cadeau parce que t’es la fille la plus laide qu’on aurait pu avoir! ». Je vois encore mon père renchérir : « Anyways, le Père Noël existe juste dans les rêves. Icitte c’est la vraie vie. Une grosse vie de misère! ». Je me vois encore me diriger vers mon lit à chaque soir, alors que mes parents, intoxiques plus souvent qu’autrement, continuaient leur vacarme habituel. À chaque soir, je me couchais en pensant à ce qui m’attendait le lendemain. Laquelle des filles se moqueraient de mes cheveux ou de mes vêtements? Lequel des garçons me bousculeraient ou me volerait mon sandwich? Pourtant, à chaque soir, je m’endormais consolée; blottit contre elle, à la poursuite de mes rêves, je pouvais finalement être heureuse. Elle, la seule qui me comprenait. Même si elle avait tout pour elle et que je n’avais rien pour moi, elle était toujours là. Elle me suivait et savait me rassurer. Elle ne me parlait jamais, mais ses yeux me disaient tout ce qu’il fallait que je sache. Puis, sans m’avertir, un soir, elle cessa de se blottir contre moi. Comme si je ne méritais plus sa présence. Elle voyait toujours mes souffrances, mais ses yeux ne me parlaient plus. Mes rêves commençaient à se transformer en cauchemars. Je cessai de me lever le jour. Je perdis le peu de mo„va„on que j’avais à entamer mes journées. Je perdis toute envie de quoique ce soit. Un soir de décembre, alors que je me réveillai en sursaut d’un mauvais rêve, elle se précipita sur moi, me prit violement à la gorge et me secoua si fort que je ne pus plus respirer. Toute l’admiration et la gratitude que je ressentais pour elle s’écroula. Je criai si fort et la suppliai d’arrêter. Elle cessa et se recula lorsque mon père entra furieusement dans ma chambre et me frappa en me jurant qu’il me baƒrait encore plus fort s’il entendait à nouveau le son de ma voix. Retenant mes larmes et ma souffrance au plus profond de mon cœur, je me tournai vers elle et vis ses yeux fixer les miens. Ils me disaient d’un air glacial: « Tu ne mérites pas de vivre ». J’ai aujourd’hui 22 ans. Jamais je ne t’ai envoyé́ de lettre, ni de demandes. Jamais je n’ai cru en toi, mais aujourd’hui, il n’y a plus personne. Personne qui veuille de moi. Personne qui puisse m’écouter. Personne qui puisse me comprendre. Personne qui veuille m’aimer. Alors je t’en supplie, pour Noël, j’aimerais m’endormir. Rêver. Et ne plus jamais me réveiller

20


Émile Dubuc

Étudiant 1ère année, Sherbrooke Cher Père Noël, Cela fait quelques temps déjà que j'ai très hâte de vous écrire. Je veux vous dire, avant toute chose, que j'ai remarqué la grande diversité des noms et des actions que les gens vous attribuent. Certains vous appellent Papa Noël, d'autres Saint Nicolas, et, beaucoup plus rarement, Papa Nicolaou, ou encore Père Kinase, qui, chaque nuit de Noël, fait le tour du monde avec son traîneau rempli de groupements phosphate, avec le mandat magique de phosphoryler tous les enfants sages. Malgré la grande générosité illustrée par la quantité élevée de cadeaux présentée dans cette dernière description, j'oserai dire qu'elle n'est pas exacte. Quoi qu'il en soit, pour ma part, j'ai choisi le nom traditionnel de Père Noël. Cette année, je crois avoir été très sage. Pour Noël, j'aimerais vous demander la racine carrée de -1. J'imagine aisément la surprise se dessiner sur votre visage! Même en considérant votre immense puissance magique, il est vrai que ma requête peut vous sembler farfelue. Mais, imaginez-vous, Père Noël, que de nombreuses personnes croient davantage en la racine carrée de -1 qu'en vous! Cet objet peut évoquer a priori une abstraction froide et barbante, mais il renferme en fait une très grande beauté, doublée d’une force prodigieuse. Je suis conscient que plus d'un de vos lutins trouverait complexe de fabriquer une telle chose. Certes, Père Noël, je crois que votre nature raisonnablement cartésienne, mais majoritairement polaire par votre localisation géographique, vous fera facilement saisir les implications de ce nombre particulier. Voyez-vous, la racine carrée de -1 peut créer beaucoup plus qu'un simple radical inopportun, car, par une multitude de fonctions, elle peut donner naissance à une myriade de formes mirobolantes, qui incarnent moult fractales de toutes les couleurs des aurores qui savent orner les cieux de votre patrie. Si les nombres réels ne peuvent être qu'un axe, la part dite imaginaire des objets produits par la racine que je vous demande cette année, Père Noël, peut constituer un axe perpendiculaire, engendrant tout un plan, un nouvel espace où peut exister une nouvelle et fantastique infinité de nombres. Et la constante e, l’une des notes centrales de la musique de notre univers, vient merveilleusement faire son apparition pour donner une voix aux caractéristiques polaires de ces nombres nouveaux-nés! En somme, Père Noël, la racine de carrée de -1 montre à quel point l'harmonie peut apparaître de manière insoupçonnée. N’est-il pas captivant d’observer, par exemple, que dans la démarche pour obtenir les solutions de certaines équations polynomiales, ce nombre – en définitive, faussement qualifié d'imaginaire – peut fournir des solutions réelles, si différentes de lui, et s’estomper des équations d'une manière aussi abracadabrante qu'il y a initialement apparu? Ce nombre n'est pas qu'un nombre, il montre la créativité, la beauté de la nature et l'ouverture d'esprit. Il évoque la résolution de problèmes par des voies inventives, que permettent la rationalité, le respect et la collaboration. Cela n’est-il pas cette lumière, cette magie, bref, l’esprit de Noël? Émile Dubuc

21


3

HUMOUR idées cadeaux pour un étudiant de médecine

Du café… beaucoup de cafés

Du concerta… mais non, des vitamines suffisent

Une imprimante... commerciale 22


MERCI ! On se voit en

2017

Joyeuses fĂŞtes XXX

Laurence & Sarah

23



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.