LOGEMENTS SOCIAUX À LILLE - SOPHIE DELHAY ARCHITECTE
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DOM : 22 € - CANADA : 31 $ CAN - NLLE CALÉDONIE : 2350 CPF MAROC : 172 DH - POLYNÉSIE : 2800 CPF
N°234 - WWW.LEMONITEUR.FR
LE MONITEUR ARCHITECTURE JUIN-JUILLET 2014
Placoplatre S.A. au capital de 10 000 000 € - R.C.S. Nanterre 729 800 706 - 34 avenue Franklin Roosevelt - 92150 Suresnes - Crédits photos : Studio l’Annexe.
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É D I T O LE MONITEUR ARCHITECTURE
17, rue d’Uzès, 75108 Paris Cedex 02 Tél. : 01 40 13 30 30. Télécopie : 01 40 13 32 02. Pour joindre un membre de la rédaction : prénom.nom @groupemoniteur.fr DIRECTEUR ÉDITORIAL : Dominique Errard, 31 74.
RÉDACTION RÉDACTEUR EN CHEF : Gilles Davoine, 31 85. RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE :
Catherine Séron-Pierre, 33 83. CHEF DE RUBRIQUE ET PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Alice Bialestowski, 34 66. REDACTRICE : Margaux Darrieus, 32 90. ICONOGRAPHIE : Karine Guilbert, 50 15. CHEF DE STUDIO : Ricardo Toscano, 36 49. RÉDACTEUR GRAPHISTE : Thierry Doré, 32 18. RÉDACTEUR EN CHEF TECHNIQUE :
Franck Vacle, 30 39. CE NUMÉRO A ÉTÉ RÉALISÉ AVEC LA COLLABORATION DE
Marie-Douce Albert, Anne-France Berthelon, JeanFrançois Cabestan, Laure Carsalade, Bénédicte Chaljub, Eric Sfar, Marc Héneau, Rémy Imbert, Pauline Malras, Jean-Pierre Ménard, Manon Pierre, Maud Saget, Karine Thilleul, Valérie Thouard, Jean-Louis Violeau
La revue n’est pas responsable des envois non sollicités.
GESTION-DÉVELOPPEMENT DIRECTEUR COMMERCIAL MARQUE AMC : ANTON KEIL, 34 74. DIRECTEUR COMMERCIAL : Tony Bonilla, 38 03. BÂTIMENT : Sophie Drugeon, 30 67 ;
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AMC Le Moniteur Architecture est édité par GROUPE MONITEUR Société éditrice. S.A.S. au capital de 333 900 € Siège social : 17, rue d’Uzès, 75108 Paris Cedex 02. R.C.S. PARIS B 403 080 823. CODE APE 5814Z N° Siret : 403.080.823.00012 N° TVA Intracommunautaire : FR 32 403.080.823 Principal actionnaire : INFO SERVICES HOLDING PRÉSIDENT-DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
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IDENTITÉS NATIONALES Tous les deux ans, la question lancinante revient. Faut-il aller à la biennale de Venise ? Ne risque-t-on pas d’être déçu par une thématique fourre-tout, interprétée aléatoirement par des expositions prétentieuses et approximatives ? Par des pavillons nationaux concoctés à la sauvette proposant un discours obscur, une pseudo-installation « artistique » ou la collection de maquettes d’une gloire locale ? Tant on sait bien la difficulté, voire l’impossibilité d’exposer l’architecture et de rendre intelligible toute démarche un tant soit peu complexe dans les quinze minutes que le visiteur ambitieux consacre en moyenne à chacun des 65 pavillons. Alors, disons-le tout net : oui, cette année, il faut aller à Venise. Bien sûr, le commissaire général s’appelle Rem Koolhaas, probablement le personnage qui a eu le plus d’influence sur la pensée architecturale des vingt dernières années. Et on peut compter sur lui, une fois de plus, pour prendre à contre-pied le ban et l’arrière-ban de la profession (cf. son portrait sociologique p. 10). S’attend-t-on à ce qu’il choisisse pour cette biennale d’explorer un de ses thèmes favoris, par exemple les mégastructures de l’architecture mondialisée qui se substituent progressivement à la ville ? Au contraire, c’est à un retour sur le métier – au sens XIXe siècle du terme – qu’il nous convie, en exposant un catalogue des « éléments » basiques de l’architecture : plancher-porte-mur-cave-toilettes-façade-balcon-fenêtre-toit-escalier. Un fabuleux cabinet de curiosités qui traverse toutes les époques et tous les continents. Croit-on qu’il va inciter les pavillons nationaux à livrer leur production ou leurs recherches les plus pointues en matière de formes ou de matières ? Au contraire, il leur propose de porter un regard rétrospectif sur les 100 dernières années en prenant à bras-lecorps la question quasi taboue – voire ringarde – des identités nationales. Et de la confronter à la modernité, telle qu’elle a été absorbée, sinon digérée, par chaque pays. Ce que chaque pavillon s’est efforcé de faire, à sa manière. Dans le genre pessimiste pour le français (cf. p. 20), mais en maniant l’humour et l’autodérision pour le russe : le constructivisme ou le néoclassicisme stalinien y sont passé à la moulinette des grandes foires immobilières internationales de type Mipim, avec stands et hôtesses d’accueil. Gilles Davoine, rédacteur en chef
ISSN 0998-4194 Composition : Groupe Moniteur Imprimé en France chez Rotofrance rue de la maison rouge 77258 Lognes, France Dépôt légal : 2e trimestre 2014 Commission paritaire : 0319 T 84754
AMC - n° 234 - juin-juillet 2014
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N° 234 - JUIN-JUILLET 2014
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Paul Raftery
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P.
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Jesus Granada
Michael Nagl Odeongasse
P.
38 RÉALISATIONS
P. 6
TROMBINOSCOPE
P. 8
ARRÊT SUR IMAGE
P. 10
ÉVÉNEMENT BIENNALE 2014 KOOLHAAS, L’HOMME-ÉPOQUE
P. 14
ÉTUDE POURQUOI EN FRANCE LES LOGEMENTS SONT-ILS PETITS ET CHERS ?
P. 46
P. 18
DISPARITION HANS HOLLEIN
P. 50
P. 20
ACTUALITÉS AGORA 2014 LES PRIX D’ARCHITECTURE LE PAVILLON FRANÇAIS À VENISE
P. 26
TRIBUNE LA SAMARITAINE N’EST PAS QU’UNE FAÇADE
P. 28
REVUE DE PRESSE
P. 30
CONCOURS SALLE DE SPORT CALAIS
P. 38
P. 54
P. 58
DOMINIQUE PERRAULT TOUR DC I VIENNE LA NOUVELLE AGENCE 21 LOGEMENTS BORDEAUX VILLEGAS BUENO AMÉNAGEMENT DE LA PLACE D’ARMES EL REAL DE LA JARA LAN TOUR DE BUREAUX LILLE AGENCE ARBA MAISON INDIVIDUELLE VENEUX-LES-SABLONS
Photo de couverture : Sophie Delhay Ce numéro comporte un encart abonnement broché entre les pages 2/3, un encart de 4 pages pour Rieder Smart Elements et Le petit Journal de la cité broché à partir de la page 139. Et un horssérie Maison individuelle de 184 p. routé à destination des abonnés.
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n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
Wolfgang Thaler
P.
73
P.
DOSSIER P. 63
P. 64
HABITAT ET EXPÉRIMENTATION USAGES ET MODES DE VIE, DE NOUVELLES VOIES POUR LA CONCEPTION DU LOGEMENT
SOPHIE DELHAY 53 LOGEMENTS SOCIAUX À LILLE P. 67 STUDIO UEK, KÖB & POLLAK / SCHMOEGER, GOYA 319 LOGEMENTS À VIENNE P. 68 GAYET ROGER 14 LOGEMENTS SOCIAUX À SAINTE-EULALIE P. 69 LAN 32 LOGEMENTS À HAMBOURG
P. 73
P. 83
P. 84
RÉHABILITATION THERMIQUE TANK UN MANTEAU DE CAISSONS BOIS PRÉFABRIQUÉS ATELIER DU PONT UNE PEAU MÉTALLIQUE TRIDIMENSIONNELLE
P.88
HILD UND K UNE NOUVELLE FAÇADE UNITAIRE EN BRIQUE
P. 90
ATELIER KEMPE THILL UNE PEAU DE VERRE POUR UN GRAND ENSEMBLE
P. 92
VIRIDEN + PARTNER CRÉATION D’UNE ENVELOPPE SOLAIRE
P. 94
ACTUA DANS UN ORDONNANCEMENT SIGNÉ POUILLON
104
INTÉRIEUR & DESIGN P. 104
AFRIQUE DU SUD ENTRE ART, ARTISANAT ET INDUSTRIE
P. 106
ZAGO ARCHITECTURE BUREAUX ARUP À LOS ANGELES
P. 110
REPÉRAGES
À
S U I
V R E
EXPOS LES ARCHITECTES SUR LE FRONT P. 120 LIVRES P. 125 PRODUITS P. 133 AGENDA P. 116
MATÉRIAUTHÈQUE P. 97
AMC - n° 234 - juin-juillet 2014
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P. 86
ROBERT ANXIONNAT PENSER L’ESPACE DEPUIS L’INTÉRIEUR
P.
DÉTAILS
P. 66
RÉFÉRENCE
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Brice Tual
63 Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle fds R. Anxionnat/AMAL
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TRANSPARENTS TRANSLUCIDES
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T R O M B I N O S C O P E
P. 27 et 50 CATHERINE SÉRON-PIERRE
Catherine Séron-Pierre, rédactrice en chef adjointe d’AMC, quitte la rédaction après 25 années de journalisme. D’un aménagement de bureau signé Jean Nouvel – son premier article dans Techniques & Architecture – à celui d’une place en Espagne – son dernier dans AMC –, de la rubrique « détails » aux « spécial intérieur », elle a traité toutes les échelles de projet. L’équipe retient sa bienveillance, son efficacité et sa garderobe architecturée mais s’inquiète de qui déchiffrera Bauwelt désormais… Trois nouvelles formules et 11 déménagements n’ont pas eu raison de son plaisir d’écrire. Elle poursuit sa route journalistique et souhaite diffuser la création française à l’étranger à travers de nouvelles collaborations éditoriales. Souhaitonslui bon tweet et bon voyage. catherinepierre.pro@gmail. com
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P. 30 FACE B
P. 46 LA NOUVELLE AGENCE
P. 67 STUDIO UEK
P. 92 VIRIDEN + PARTNER AG
Camille Mourier et Germain Pluvinage fondent Face B à leur sortie de l’école d’architecture de Lille en 2008. Lauréats du concours d’idées « les bureaux de demain » lancé par BNP Paribas Immobilier, ils ont réalisé pour le compte du maître d’ouvrage (en association avec Ateliers 2/3/4/) un immeuble de bureaux de 17 500 m² à Nanterre, livré en 2013. Jeune agence, Face B n’en est pas moins forte de l’expérience de ses partenariats avec des architectes expérimentés comme Béal & Blanckaert pour la réalisation de 32 logements à Lille. L’agence vient de remporter le marché pour la réalisation d’un équipement sportif à Calais et travaille actuellement à réhabilitation de la gare de Bruay-La-Buissière (Pas-de-Calais) avec l’agence BplusB.
Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau créent La nouvelle agence peu après avoir obtenu leur diplôme à l’école d’architecture de Bordeaux. Leur pratique se distingue par de nombreuses collaborations avec des plasticiens. Ils ont notamment invité l’artiste Nicolas Milhé à participer à la conception des aménagements sportifs de plein air du parc Saint-Michel à Bordeaux en 2009, et réalisé les pièces de divers artistes comme celle d’Ilya et Emilia Kabakov dans le cadre du 1 % artistique du projet de tramway de la ville. Après avoir livré une aire d’accueil des gens du voyage en 2007 et un gymnase en 2008 toujours à Bordeaux, La Nouvelle Agence vient d’achever 11 logements sociaux à Sainte-Eulalie et travaille à la réalisation d’une autre aire d’accueil à Nantes.
Fondé en 2008 à Vienne par les architectes Katharina Urbanek, Benni Eder et Theresa Krenn, le studio UEK intervient à diverses échelles, de l’aménagement d’espaces publics aux opérations de logements et à la planification urbaine. La mise en œuvre de leur proposition lauréate d’Europan 9 pour Vienne-Neustadlau (élaboration d’un projet urbain et réalisation d’une opération de logement social) a permis au studio de formaliser sa vision des espaces partagés comme support d’une diversification des usages dans le logement. Les projets du studio ont fait l’objet de publications et d’expositions en Autriche et à l’étranger. L’équipe, dont les trois membres enseignent à la Technische Universität de Vienne, a reçu le prix de la Ville de Vienne pour la promotion de l’Architecture en 2013.
Karl Viridén a fondé son agence en juillet 1990. Celle-ci concentre son acticité sur la réhabilitation de bâtiments urbains selon des critères écologiques. L’efficacité des solutions développées progresse régulièrement et les projets les plus récents sont « à énergie positive », à l’instar de l’immeuble présenté dans ce numéro, pour lequel l’agence a reçu pour la 3e fois le Prix solaire suisse. Viridén + Partner compte une dizaine de salariés œuvrant au sein d’un vaste réseau de spécialistes. L’architecture reste l’activité de base, mais l’agence assure aussi des prestations de conseil et d’expertise. En collaboration avec sa filiale Evo Renova, elle s’occupe même de l’administration d’immeubles.
http://bureaufaceb.com
la-nouvelle-agence.com
viriden-partner.ch
studio-uek.com
n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
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PAVILLON DU CHILI BIENNALE DE VENISE, 5 JUIN 2014
Distingué au palmarès de la biennale de Venise (Lion d’argent), le pavillon du Chili nous replonge au début des années soixante-dix, sous la présidence de Salvador Allende. Le panneau de béton a été produit en 1972 par l’usine chilienne de Quilpué, selon le procédé de préfabrication soviétique connu sous le nom de KPD, pour un vaste programme de logements sociaux (maquettes à gauche) lancé par le gouvernement d’Union Populaire. (Photo Paul Raftery)
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n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
ARRÊT SUR IMAGE
AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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Philippe Barré Agnès Lambot
Documents Rem Koolhaas
ÉVÉNEMENT
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1 ET 2.« Absorbing Modernity » collage OMA, biennale 2014. 3, 4 ET 5. « Elements of architecture » , scénographie Rem Koolhaas, pavillon central, biennale 2014.
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BIENNALE 2014
KOOLHAAS, L’HOMME-ÉPOQUE Commissaire de la biennale de Venise (7 juin-23 novembre), Rem Koolhaas s’attaque aux « fondamentaux » de l’architecture au prix de contre-pieds parfois déroutants. Celui qui incarne aujourd’hui l’ensemble de la discipline n’aura en effet cessé depuis ses débuts de remettre en question la nature même et les raisons de son mode d’exercice. Impossible pourtant d’excommunier ce défroqué qui détient aujourd’hui les clés de l’autonomie de sa sphère d’activité. Façonné par le postmodernisme autant qu’il l’aura lui-même façonné, il comprend son champ – au double sens du mot. Portrait sociologique. Jean-Louis Violeau
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Koolhaas lui-même est devenu à bien des égards un mot de passe. Aujourd’hui, il ne choque plus et il devient presque choquant qu’il pût choquer. Dernière étape en date, la biennale d’architecture de Venise qui a ouvert ses portes le 7 juin dernier. L’esprit de cette manifestation se trouve condensé dans l’un de ces collages dont l’OMA a le secret, Absorbing Modernity, qui est aussi le thème proposé aux pavillons nationaux. On y voit une collection d’architectures « nationales » à la veille de la Grande Guerre recouvertes d’une béchamel de verre et d’acier un siècle plus tard, une fois consacrée la sérialité de masse. Par sa division en pavillons (qui n’ont accueilli l’architecture qu’en 1990), le site de la Biennale se prête bien au fond à un agencement par séquences, comme autant de passages originaux d’un discours général interrogeant le caractère normalisateur de notre mondialisation. En témoigne le pavillon français (cf. p. 20) où Jean-Louis Cohen a réactivé cette année nos fantômes des Trente Glorieuses en nous conviant à n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Naoya Hatakeyama
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4 Philippe Ruault
nous interroger sur la modernité : promesse ou menace ? Ayant construit sur le tard, après 40 ans, et atteint aujourd’hui l’âge respectable de 70 ans (comme Christian de Portzamparc ou Dany Cohn-Bendit, tous enfants de la guerre), Koolhaas a donc décidé de revenir aux « fondamentaux ». Réactionnaire ? S’attaquer à la fenêtre, à la porte, au toit, et du sol au plafond… En somme, cette biennale est consacrée à l’architecture plutôt qu’aux architectes. On ne savait pas Koolhaas passionné par le vernaculaire. Mais, c’est bien connu, on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens. Il lui est revenu soudain en mémoire l’idée d’une architecture « nationale », et pourquoi pas d’un style du même nom – même s’il conçut naguère en europhile convaincu un projet de drapeau pour l’Union européenne alliant codes-barres multicolores et jeté d’étoiles antitechnocratiques.
Esthétique et politique Le style est un piège. Il sous-entend la répétition. Comment l’esquiver ? En 2012 déjà, à l’occasion de la précédente biennale, Koolhaas avait frappé les esprits en présentant 15 édifices remarquables conçus à Londres, Amsterdam, Berlin, au tournant des décennies 1960-70 par des architectes salariés d’un secteur public (encore) dynamique. Public Works du Greater London Council, du Senatsbauverwaltung de BerlinAMC - n° 234 - juin - juillet 2014
5 Photos Sergio Grazia
Ouest ou du Dutch Rijksgebouwendienst : une architecture anonyme conçue par des fonctionnaires inspirés. Ceux-là même qui avaient été déjà exposés 30 ans plus tôt aux Beaux-Arts par Paul Chemetov dans le cadre de La modernité, un projet inachevé. Alors qu’à cette époque, Koolhaas optait pour le camp de Jean Nouvel avec sa Modernité ou l’esprit du temps, privilégiant l’informatique et le « rétro », le cinéma et les bords de route plutôt que la longue tradition du logement social pour les masses. Mais en arrière-plan, c’était du brutalisme dont souhaitait parler Koolhaas à Venise en 2012, et là le débat prenait une autre dimension. C’est d’ailleurs tout son talent : transposer des questions sociales en enjeux esthétiques. Qu’est-ce qu’était le brutalisme à ses origines sinon une bataille autour de la question – politique – des matériaux et de leurs qualités montrées telles quelles, bref leur « franchise » ? À l’aune de la brutalité du béton (et de la guerre), se distinguerait la finesse de la sensibilité… Koolhaas ressuscitait donc à Venise le brutalisme alors que se tenait au même moment à Londres l’exposition OMA/Progress, dans la granuleuse cathédrale putative du brutalisme anglais au cœur de la City, le Barbican Center. Les trois critères « brutalistes » définis en 1955 par Reyner Banham collent à l’architecture de Koolhaas : mémorabilité en tant qu’image ; exhibition sans fard de la structure ; mise en 11
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Rem Koolhaas
ÉVÉNEMENT
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3 The Guardian
valeur des matériaux « tels quels »(1). Et comment lire Bigness, ce texte sur la ville non triée, non étiquetée et non répertoriée, sans penser au Non-Plan (2) et à ses aires de probabilité totale ? Non sans quelque hiatus cependant : le « non-plan » était en effet une ode à la liberté et non une apologie du libéralisme. Cette manière de conjuguer les intérêts et les projets à la manière d’un grand enfant polymorphe est la première qualité de Koolhaas (comme de Le Corbusier), à n’en pas douter. Les mauvaises langues parleront de stratégie de communication, nous y verrons la définition d’un intellectuel entretenant une intime familiarité avec l’histoire de son champ, incorporée à l’état pratique dans son œil et dans ses projets : des brutalistes aux métabolistes avec en chemin un arrêt à la station mégastructures. Et toujours ces étonnants raccourcis avec sa propre vie et sa trajectoire sociale. On peut ainsi lire le texte d’ouverture de son ouvrage sur les métabolistes japonais paru en 2011 comme une mise en abyme du rapport que Koolhaas entretient avec son pays natal et avec la scène hollandaise(2). Jusqu’à ce retour, pour la biennale 2014, le grand âge venu, à la question des architectures « nationales ». Entre-temps, le même avait posé en plein Pékin son slip-boxer à 5 milliards de Yuans pour y accueillir le siège de la CCTV, la télévision chinoise : landmark building ? Il faut se souvenir aussi que Koolhaas, pris dans l’élan conceptuel de cet édifice, avait prétendu « kill the skyscraper »(3) , ce qui n’empêcha pas son auteur d’accepter dix ans plus tard en novembre 2013, précisément pour ce siège de la CCTV, le prix du meilleur gratte-ciel « worldwide » décerné par le CTBUH (4). Roi de l’esquive, Koolhaas n’est jamais à l’abri du pied de nez mais toujours rafffiné, car inscrit dans un projet intellectuel tissé sur le long terme.
L'homme et l'époque Avec des matières brutes, établir des rapports émouvants, c’était le credo du Brutalisme qui impliquait l’anonymat relatif et l’identité collective : les choix de Koolhaas ont toujours été légèrement pionniers sur leur époque. L’architecture générique, l’effort de théorisation le plus 12
marquant probablement de ces 20 dernières années aura ainsi été mené par un architecte cumulant tous les quartiers de noblesse, mais adoptant une perspective sur l’architecture sans auteur ! L’architecture générique, disait-il pour théoriser cet effacement. Non pour en faire un thème militant à la manière d’un Bernard Rudofsky 30 ans plus tôt sous l’égide du Moma, mais pour regretter son avènement sous l’égide du capitalisme financiarisé et désormais mondialisé. Comme un retour aux sources, c’est à l’occasion d’une autre biennale de Venise, en 1966, il y a près d’un demi-siècle, que Koolhaas publia l’un de ses premiers textes consacrés à l’architecture, un long échange avec celui qui présentait son (obsessionnelle) New Babylon dans le pavillon néerlandais. Il était depuis 1963 chroniqueur culturel pour l’hebdomadaire de la droite libérale néerlandaise De Haagse Post [HP]. Koolhaas débuta très tôt dans le métier de journaliste, à 19 ans, après avoir raté son bac. Un peu comme si Jean Nouvel était au même moment rentré à L’Express au lieu de s’inscrire aux Beaux-Arts. Éviter tout jugement moral sur le réel, chercher seulement à le restituer tout en l’intensifiant : c’est en travaillant là, dans ce journal, qu’il fit sienne cette maxime héritée du chef de la rubrique culturelle, l’écrivain et peintre Armando. Écrire à chaque fois comme si l’on descendait de la lune ! Toujours s’étonner du réel en se méfiant de tous les « -ismes ». En somme, le New Journalism à la manière dont le comprendra bientôt Tom Wolfe. Et pour Koolhaas, la sociologie ramène à la description intensifiée de ce qui a lieu, à l’image de la « ville générique » qui le fascine au même titre que les studios d’Hollywood par sa superficialité et sa capacité à se recréer une nouvelle identité « tous les lundis matins ». Il a d’ailleurs laissé entendre à plusieurs reprises que le générique suggérait une forme de libération pour l’architecte au regard des identités fortement affirmées des villes historiques classiques. Contre le musée, mais toujours fourré dans les musées… L’intérêt avec Koolhaas – mais l’on pourrait en dire autant de Nouvel, et bien entendu de Le Corbusier – c’est qu’en étudiant sa trajectoire, on croise autant la sphère des producteurs que celles des médiateurs. Mais comment être architecte n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
5 Frans Partesius
Couverture de l'Architecture d'aujourd'hui, Madelon Vriesendrop, août 1976. 2. Proposition pour un drapeau européen, R. Koolhaas, 2001.
1.
4 Kleinefenn
comme on a été auparavant journaliste ? Journaliste, un destin d’« idiot de la famille » pour un fils d’écrivain célèbre et petit-fils d’architecte pas méconnu du tout ? Koolhaas a réalisé depuis longtemps que face aux soubresauts du monde, « l’architecture ne pourra jamais réagir au diapason »(5). Son célèbre Junkspace a été prononcé puis écrit quelque part entre l’euphorie et la répulsion mais toujours sous contrôle – d’où, pour une part, l’inclination native de Koolhaas pour le récit rétrospectif. Pour reprendre la distinction de Peter Eisenman qui a fait du rapport de l'architecte-intellectuel aux médias l'un de ses sujets de réflexion, on pourrait dire qu’un Philip Johnson aura eu le pouvoir tandis que d'autres auront eu le contrôle. Le pouvoir d'influer sur l'histoire en train de se faire tandis que d'autres (Rem Koolhaas, dans l'esprit d'Eisenman) contrôlent par avance l'histoire qui sera faite de ce présent. Retour aux fonfamentaux L’exposition consacrée à Perret l’hiver dernier sous l’égide du couturier Prada au Palais d’Iéna à Paris l’a en tout cas une fois de plus montré : Koolhaas a toujours su présenter le travail de ses aînés, d’abord américains, puis russes, puis japonais, et enfin européens, et il s’intéresse depuis ses débuts à l’histoire de sa discipline. Il a toujours été attentif à la mémoire – en premier lieu lorsque l’heure était au « retour à l’Histoire », celle du XXe siècle lui permettant d’échapper aux références pastichantes du XVIIIe. Du reste, lorsqu’il a défini la « culture de la congestion » dans son Delirious New York, il regardait en arrière pour voir plus loin, empruntant la veine surréaliste alors que s’initiait la déprise théorique consécutive à l’affaiblissement du structuralisme. En écrivant, il avait commencé par définir l’espace qu’il souhaitait occuper. Mais par la suite, à travers ses projets pour La Villette, Euralille, Congrexpo, Jussieu, etc., Koolhaas a préféré accélérer, en quête d’un ethos de l'hybride, pensant que le collage et le montage suffiraient à insuffler la vie. L’hybridation invite en effet à juxtaposer scènes et récits, ambiances et moments, et d’une manière générale à coaguler des formes les unes aux autres plutôt qu’à les composer. AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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Illustration du siège de la télévision chinoise, The Guardian, 17 oct. 2013.
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Exposition Auguste Perret à Paris, nov. 2013, scénographie R. Koolhaas.
Public Works : Architecture by civils servants, scénographie R. Koolhaas, Venise 2012.
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Bigness fuck context ! Par cet aphorisme désarmant et les formes simples qu’il suggère, l’architecte aura donc fasciné et façonné les imaginaires. La planification apparaissait dès lors dérisoire, les pouvoirs autoritaires douteux mais somme toute utiles (surtout en Chine, ou à Singapour et Dubaï), l’identité un piège à souris et l’utopie la source de douleurs aiguës. Des pôles et des axes plutôt qu’une continuité spatiale, des articulations soignées et une communication de proche en proche. Une grille, neutre, simple, et puis une ville pour circuler – et accélérer : Bigness, or the problem of Large. Quelque part entre people et culture de la célébrité, peuple et choix des masses, populaire et culture démocratique, la ville se dessine en fonction du temps et les quartiers se découpent en « unités marchables ». Mais aujourd’hui, alors, retour aux fondamentaux ? Koolhaas a retenu des radicaux italiens l’idée de vérifier jusqu’où pouvait aller le « système », prolongeant les pointillés plutôt qu’imposant un nouveau projet. Dégagé ? Furtif plutôt. Mélancolique aussi. Une question cependant : quand a-t-il dit non à l’environnement au sein duquel il agissait ? Fuck context est une légende scotchée au réel. NB : ce portrait de Rem Koolhaas s’inspire d’un volume qui vient de paraître aux éditions B2 (http://editions-b2.com) sous le titre REM. Le Bon, la Brute…
1. Cf. Reyner Banham, « Le Nouveau Brutalisme », The Architectural Review, n° 708, décembre 1955. Repris dans Marnes, documents d’architecture, n° 1, École d’architecture de la ville & des territoires/ Éd. de la Villette, Paris, 2011. 2. Cf. « Movement (1) », in Rem Koolhaas et Hans Ulrich Obrist (dir.), Projetc Japan. Metabolism Talks…, Taschen, Köln, 2011 3. OMA, « Kill the Skyscraper. Beijing CBD Core », in Content, Taschen, Cologne / Londres / Paris, 2004 4. Council on Tall Buildings and Urban Habitat. Le prix fut décerné à Chicago et le résultat proclamé par Wiel Arets, doyen de la faculté d’architecture de l’IIT. 5. Rem Koolhaas, entretien avec Hans Ulrich Obrist, Interviews. Volume 1, Charta éditeur, Milan, 2003
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ÉTUDE
POURQUOI EN FRANCE LES LOGEMENTS SONT-ILS PETITS ET CHERS ? « Argent Logement Autrement » est le thème de l’exposition de l’atelier MAE actuellement présentée à la fondation d’entreprise ANMA. Fruit d’une étude qui dissèque le prix du logement, elle propose à partir d’une analyse des postes de dépenses, une recherche d’économies qui permettraient de réaliser des surfaces habitables généreuses et à un coût abordable. C’est une évidence, les prix de l’immobilier se sont envolés au cours des 10 dernières années. L’analyse historique de l’évolution du prix du logement permet de resituer cette phase spectaculaire entre 2000 et 2008 en regard des événements du siècle dernier – guerres, krach boursier, 30 Glorieuses, etc. C’est un constat, les appartements proposés aujourd’hui dans les nouvelles opérations urbaines sont souvent petits et très onéreux. Comment expliquer que les logements soient si chers en France, alors que dans d’autres pays européens, ils sont abordables et de grandes dimensions ? Le prix de vente d’un logement urbain peut représenter plus de deux fois et demie le prix de construction. Ce rapport varie d’une ville à l’autre, et l’élément le plus souvent évoqué pour l’expliquer est celui du foncier. Ce n’est pourtant pas le seul puisque l’analyse du coût des logements collectifs neufs proposés par la promotion immobilière classique permet d’identifier
cinq postes : TVA 17 % ; frais de portage (promotion et banque) 25 % ; honoraires (architectes, maîtrise d’œuvre d’exécution, BET etc.) 3% ; travaux de construction 40 % ; foncier 15 %. Faire baisser le prix d’un logement nécessite que chacun des acteurs reconsidère ses méthodes, recettes, marges ou profits. Ainsi, la réduction de la TVA pourrait être un choix très fort de l’Etat français qui se rapprocherait ainsi de ce qui se pratique chez ses voisins européens. Le coût du portage peut être fortement diminué par l’autopromotion, les acheteurs se regroupant pour assurer eux-mêmes le montage de l’opération. La diminution des honoraires architectes-ingénieurs n’est en revanche pas souhaitable car c’est la phase de conception architecturale et technique qui permet d’optimiser les prix du projet. Des procédés constructifs peuvent être développés par les entreprises du bâtiment pour abaisser les coûts de construction. De même, les opérations de logements « prêts
à finir » laissent à l’habitant l’exécution et le financement des finitions. Enfin, le bail emphytéotique qui permet d’occuper un terrain pour une durée déterminée est une solution plutôt anglo-saxonne qui impliquerait une évolution de la mentalité française. Les tentatives actuelles sont sans doute les prémices d’une nouvelle économie immobilière. Mais il existe un domaine tout aussi important que les autres, qui est celui de la finance. Lors de l’achat d’un logement il faut considérer les frais financiers du prêt bancaire supportés par l’acquéreur, ceux supportés pendant le portage par le promoteur, les taux de rentabilité de l’investisseur, et les marges exigées par leurs actionnaires. On comprend alors que le logement est un produit qui s’inscrit dans une logique capitaliste, où chacun tire profit de l’opération. Il serait pourtant opportun de considérer en France le logement non plus comme un produit financier, mais comme un bien d’intérêt général. Suzie Delhay et Nicolas Michelin, architectes.
COMPARATIF PRIX DU LOGEMENT - INDICATEURS COURANTS La comparaison des différents indices (revenu disponible des ménages, coûts de construction, etc.) montre une nette distinction entre l’indice du prix du logement et les autres indicateurs courants de société. On remarque que la dépense des logements par ménage augmente beaucoup plus vite que les ressources disponibles des ménages, ce qui diminue considérablement le pouvoir d’achat. Or la faible hausse du prix de construction ne peut expliquer que marginalement la hausse du prix du logement. On constate donc une logique immobilière propre, déconnectée des facteurs concrets et traduisant la réalité de la spéculation immobilière.
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n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
INDICE DU PRIX DU LOGEMENT EN FRANCE ET À PARIS DE 1900 À NOS JOURS Ce document est basé sur le travail que mène Jacques Friggit au sein de CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable). Cette courbe logarythmique transcrit l’évolution de l’indice du prix du logement en France et à Paris au cours des années. Elle montre un effondrement dans la prériode des deux guerres et un redressement spectaculaire dû à la loi de 1948 qui libère les loyers. Une stabilité s’établit à partir de 1965 avec une courbe qui reprend la progression séculaire de 0,6 %. L’envolée soudaine entre 2000 et 2008 correspond aux krachs boursiers et au phénomène des bulles spéculatives dans l’immobilier. Cette courbe est illustrée afin d’en saisir les éventuelles concordances, avec le contexte historique et l’évolution architecturale des logements parisiens. Les opérations de logements sont sélectionnées pour l’avancée technologique qu’elles illustrent (introduction du béton préfabrication, réhabilitation) pour l’époque qu’elles incarnent (entre deux-guerres, reconstruction), ou encore pour le mouvement stylistique qu’elles représentent (modernisme, green building, style international).
AMC - n° 234 - juin-juillet 2014
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ÉTUDE
RÉPARTITION DU COÛT DES TRAVAUX PAR LOTS La part du clos couvert, comprenant le gros œuvre, la toiture et les façades, est prépondérante dans le coût de construction. Pour réduire ce coût, il faut impérativement optimiser cette part en développant des procédés de préfabrication et de standardisation. Ainsi la plupart des grandes entreprises mettent au point des systèmes constructifs qui permettent de gagner du temps dans les mises en œuvre. La tendance actuelle est au principe de prémur béton et de façades panneaux à ossature bois qui sont relativement souples et évitent la répétitivité (qui a stigmatisé les constructions industrialisées des barres des années cinquante). Il est à noter que ces procédés de préfabrication sur mesure ont un impact direct sur la conception architecturale qui doit désormais adopter la maquette numérique 3D (BIM - Building Information Model). Les finitions qui représentent la deuxième partie du coût de construction peuvent aussi être allégées en adoptant le principe sur prêt à finir. Ce principe consiste à laisser au futur habitant le soin d’exécuter lui-même les prestations du second œuvre. Il en supporte la charge financière et peut ainsi choisir lui-même matériaux et couleurs. Il est surprenant de constater qu’en France le prix de certains matériaux, notamment en gros œuvre, est très supérieur à celui pratiqué dans d’autres pays européens. Cela a une incidence directe sur le coût de construction et donc sur le prix des logements. Le surcoût cumulé des réglementations (accessibilité, parasismiques, thermiques, acoustiques et électriques) est estimé à environ 3,8 % du coût de construction et le poids financier actuel de la RT2012 pourrait enchérir la construction de 5 à 7 %.
RÉPARTITION DES SOMMES POUR L’ACHAT D’UN LOGEMENT Ce graphique met en évidence l’économie engendrée par l’optimisation de chaque poste de dépense. La comparaison des cinq graphiques montre « l’élasticité » des postes de dépenses, c’est-àdire leur économie potentielle. Plus cette élasticité est grande et plus il y a d’enjeux économiques. On découvre ainsi que les marges de manœuvre sont très importantes pour les frais de portage, puis suivent dans l’ordre : la TVA, le prix du foncier, et enfin le montant des travaux. Les honoraires ont en revanche un impact marginal. Les pourcentages de chaque bilan sont établis sur la base du prix de l’opération, avant économies. On voit donc que chaque poste optimisé engendre des économies sur les autres postes notamment ceux calculés sur le montant total de l’opération (TVA et frais de portage).
Argent / logement / autrement, exposition jusqu’au 19 juillet 2014. Commissariat : atelier MAE - Suzie Delhay et Nicolas Michelin, architectes, avec Ingrid Avot - agence A-typic pour le thème de l’autopromotion. Fondation ANMA-F, La Manne 11, rue des Petites Ecuries 75010 Paris. http://blog.anma-f.fr
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n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
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PARTENAIRE DU PRIX DE L’EQUERRE D’ARGENT ET DE L’EXPOSITION “30 ANS D’EQUERRE D’ARGENT”
- 04/2014 - © X. Boymond, Pedro Guarddon
ENDESA À BARCELONE Architectes : ALOTARK Koldo Crespo et Marquitect Mar Gallardo
DISPARITION
Sebastian Camboulive
cathédrale Saint-Étienne. On lui doit en Auvergne le centre Vulcania, objet fétiche de l’ancien président Giscard d’Estaing que l’architecte se plaît à enterrer au cœur de la chaine des Puys. Tout est architecture, car s’il est bien entendu que l’on peut parler à juste titre d’un style post-moderniste (pour en être sorti désormais) cela ne signifie en rien que nous ayons quitté la période postmoderne. L’architecte est donc un sismographe de la société – thème qu’il choisit pour la Biennale de Venise dont il est chargé en 1996) qui le délègue à l’avant-garde pour choquer ses contemporains – et l’on a bien peu de chances en effet de voir à nouveau un jour un porte-avions sereinement émerger dans la campagne autrichienne… Quant à la postérité d’Hans Hollein, artiste du photomontage, elle subit encore les cycles d’appréciation et de rejet du style qu’il a contribué à faire naître. Jean-Louis Violeau
Haas House, 1990, Vienne (Autriche).
Yohan Loubier
Hans Hollein et Joseph Beuys, 1982.
Vulcania, Saint-Ours-les-Roches, 2002.
Moma, New York/Scala, Florence
Hans Hollein, décédé le 24 avril à Vienne restera comme celui qui aura osé rompre le cercle des initiés en déclarant que « tout est architecture ». Il ne fut pas le premier à le penser, mais peut-être le premier à le dire aussi lapidairement, frontalement et sans ambages, en titrant ainsi un texte paru dans la revue autrichienne BAU, (« construction »), dont il fut le fondateur et le rédacteur en chef de 1964 à 1970. Le tout au moment même où le postmodernisme architectural entamait un court règne sans partage. Auparavant, son parcours est celui d’un jeune architecte curieux et pluridisciplinaire, étudiant d’abord à Vienne, puis travaillant en agence aux Etats-Unis, diplômé de l’IIT (Illinois Institute of Technology) de Chicago et de Berkeley en 1960. Voyageur, il côtoie Wright et Neutra, avant de rentrer au pays en 1964 pour y fonder son agence. Hollein devient alors l’une de ces figures incarnées d’architectes-intellectuels qui ont fait les beaux jours du postmodernisme : homme de revues et de campus, enseignant multicarte, il se cantonne d’abord à de petits projets expérimentaux, à l’image des officines du bijoutier Schullin qu’il remodèle à Vienne à deux reprises, en 1974 et en 1982. La quarantaine passée, il intègre tardivement le monde des bâtisseurs « sérieux » en livrant deux musées, à Mönchengladbach (1980) puis à Francfort (1991), tout en recevant le Pritzker au milieu du gué (1985). C’est donc tout armé de lauriers qu’il affronte la polémique à Vienne, dans sa ville natale, en y édifiant l’effrontée Haas Haus dont les façades commerciales vitrées et le lourd appareil décoratif toisent depuis 1990 la prestigieuse
Uwe Riedel / Museum Abteiberg
HANS HOLLEIN 1934-2014
« Aircraft carrier city in landscape », photomontage, 1964. 18
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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ACTUALITÉS
Photos Sergio Grazia
Fds Lods. Acad. d’arch/CAPA/Arch XXe s.
LE PAVILLON FRANÇAIS À VENISE, LES ESPOIRS DÉÇUS DE LA MODERNITÉ
Maquette de la villa Arpel du film Mon Oncle réalisé par Jacques Tati (1958), et la cité de la Muette, à Drancy, photographiée par son architecte aviateur, Marcel Lods (1934).
Edmond Remondino/ courtesy Dominik Remondino
EN HAUT.
Le cours de Jean Prouvé au Conservatoire des arts et métiers et un échantillon de ses panneaux de façades métalliques.
CI-CONTRE.
Jean-Louis Cohen, commissaire du pavillon français de la biennale de Venise, propose une version sombre de la modernité, confrontée aux réalités politiques, sociales et économiques des années trente à soixantedix. « La Modernité, promesse ou menace ? » interroge-t-il, en se gardant bien d’apporter une réponse définitive. Mais en sortant de la visite, l’impression domine qu’il penche fortement pour la deuxième proposition. Menace ? Le mot, appliqué à la modernité architecturale, pourra être interprété une fois de plus comme l’expression d’une peur typiquement française, du même ordre que celle ressentie aujourd’hui face à la mondialisation. « La France a peur », disait déjà dans les années soixante-dix le présentateur du journal télévisé, même si c’était au sujet d’un serial killer… Jean-Louis Cohen, en professeur averti et prestigieux (*), propose un pavillon didactique qui met en scène, si ce n’est la menace, en tout cas la déception que la modernité a générée, par rapport à des lendemains qui se sont révélés moins enchanteurs que prévus. En guise d’intro20
duction, le pavillon s’ouvre sur un clin d’œil, avec la maquette au 1/10e de la villa Arpel, celle du film Mon Oncle réalisé par Jacques Tati en 1958 (Jacques Lagrange, décorateur). Cette villa blanche à la géométrie rigoureuse, emblème de la modernité d’alors, prend sans cesse ses habitants en défaut, qui ne parviennent pas à maîtriser tous ses automatismes : le chien déclenche sans cesse l’ouverture de la porte du garage, la fontaine du jardin fonctionne de façon incontrôlable… Après cette entrée en matière ludique, les choses sérieuses arrivent. La deuxième salle affiche plutôt des promesses avec le travail de Jean Prouvé et l’exposition d’un échantillonnage de ses murs-rideaux métalliques conçus dans les années cinquante et soixante. Mais c’est pour faire le constat de son échec commercial, l’industrie française du bâtiment rejetant les solutions légères qu’il préconisait. Et c’est la préfabrication lourde de panneaux de béton comme celui mis au point par l’ingénieur Raymond Camus – objet de la troisième salle – qui va triompher dans l’après-guerre et déterminer
pour plusieurs décennies l’esthétique des cités d’habitat social en France. L’exposition se termine par la maquette d’un quartier précurseur des grands ensembles, la cité de la Muette à Drancy, en banlieue parisienne, construit en 1934 par Eugène Beaudoin et Marcel Lods, qui connaîtra un destin funeste puisqu’elle sera transformée en camp d’internement pour les familles juives avant leur transfert dans les camps d’extermination nazis… Ce qui certes ne concourt pas à atténuer le pessimisme ambiant. Vision exagérément tragique de la modernité ou lucidité clairvoyante ? On ne pourra pas en tout cas reprocher au commissaire du pavillon français de n’avoir pas développé un point de vue personnel. Gilles Davoine (*) Jean-Louis Cohen, historien de l’architecture et professeur à l’Institute of Fine Arts de New York, est actuellement invité au Collège de France pour donner une série de conférences. Biennale d’architecture de Venise, du 7 juin au 23 novembre 2014. Pavillon français : commissariat Jean-Louis Cohen, avec Vanessa Grossman ; scénographie, Projectiles ; Film, Téri Wehn-Damisch.
n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
Celui qui crée, innove !
Architecte: JP architecture
Architecte: Genarchi
Crédit photo : Quabbe & Tessmann Architecte : Augustin und Franck
Architecte: Gonin
Conception et photgraphe: Baumit
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ACTUALITÉS
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MENTION LOGEMENT COLLECTIF SOCIAL
Maître d’œuvre : Atelier Provisoire Maître d’ouvrage : Aquitanis 18 maisons locatives à ossature bois
Franck Hammoutène
PRIX LOGEMENT COLLECTIF SOCIAL
Arthur Pequin
Maître d’œuvre : Atelier d’architecture Franck Hammoutène. Maître d’ouvrage : Aquitanis 95 logements
PRIX ÉQUIPEMENT PUBLIC
Maître d’œuvre : Label ArchitecturesMaître d’ouvrage : Ville du Haillan Gymnase Henri-Arnould – Le Haillan
Sébastien Hommes
PRIX LOGEMENT COLLECTIF PRIVÉ
Maître d’œuvre : La Nouvelle Agence, Architectes Associés Maître d’ouvrage : Bouygues Immobilier 21 logements
Brochet/Lajus/Pueyo/
Proclamé à la suite des délibérations du jury après la visite des bâtiments, le palmarès des prix Agora d’architecture 2014 comporte pour cette session cinq prix et six mentions qui seront officiellement remis à Bordeaux le samedi 13 septembre lors de la biennale. Le jury du prix Agora d’architecture, qui s’est réuni à Bordeaux au printemps dernier sous la présidence d’Eduardo Souto de Moura, a examiné près d’une centaine de projets réalisés depuis moins de deux ans dans la métropole bordelaise. Après une première session de discussions, les membres du jury sont allés visiter les différents bâtiments retenus dans leur sélection, et la poursuite des débats a permis d’affiner les choix et d’établir le palmarès définitif. Ainsi, dans la section Logement collectif social, le prix a été décerné à Franck Hammoutène pour l’opération Botanica (95 logements), et une mention à Atelier Provisoire pour 18 maisons à ossature bois à Bordeaux. Dans la section Logement collectif privé, le prix a été décerné à La Nouvelle Agence pour l’immeuble de 21 logements de l’îlot Canopée dans le quartier Ginko (lire p. 46). Deux maisons ont également été récompensées d’une mention : la maison Hausu Meian, d’Oliver Carcaly, et la maison de Blaise-Pessac, de Brachard/de Tourdonnet et Carole Massé. Dans la catégorie Équipement public, Label Architectures a remporté le prix pour le gymnase Henri-Arnould au Haillan, et une mention est décernée à Elua pour l’extension de l’école maternelle d’Eysines. Parmi les constructions tertiaires, le siège d’Aquitanis dans le quartier Ginko réalisé par Platform Architecture associé à Reichen et Robert & Associés a reçu le prix, et une mention a été attribuée au siège de CDiscount, par CCG Architecture. Un prix Batiment industriel a été attribué à la chaufferie de l’écoquartier Ginko de l’agence Brochet/Lajus/Pueyo. Enfin, une mention Réhabilitation récompense l’opération Darwin-Bastide qui concerne la réhabilitation des magasins généraux de l‘ancienne caserne Niel (voir AMC n° 224), par Virginie Gravière et Olivier Martin. Tous ces projets, ainsi que ceux du prix Design, de l’Appel à idées « Habiter les toits », du prix Photographie et du prix des Associations, seront exposés au Hangar 14 dans le cadre de la biennale Agora du 11 au 14 septembre à Bordeaux. C. S.-P.
Atelier Provisoire
AGORA 2014 LES PRIX D’ARCHITECTURE
PRIX BÂTIMENT INDUSTRIEL
Maître d’œuvre : Brochet/Lajus/Pueyo Maître d’ouvrage : Cofely Chaufferie biomasse n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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En mettant au point cette gamme, Millet met la couleur à l’honneur en offrant une large palette et la possibilité de les associer entre intérieur et extérieur. Autre avancée, le contrôle solaire avec les stores intégrés qui permettent de moduler l’éclairage et de garder la chaleur du soleil dedans ou dehors selion les saisons. Les produits répondent parfaitement aux normes d’isolation thermique, d’étanchéité à l’air et d’isolation acoustique. Les systèmes ingénieux facilitent leur utilisation, preuve en est avec l’intégration du store dans la fenêtre, le mécanisme de la porte-fenêtre serrure sur ouvrant caché, le coulissant à déboîtement avec un seuil plat aux normes PMR et le coulissant à galandage. Enfin Millet crée des produits respectueux de l’environnement (le bois est issu de forêts gérées durablement et éco-certifié FSC et PEFC, le recyclage est largement pratiqué dans la chaîne de production).
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Photo : Eric Sander
Craig Watson
Pirak Anurakyawachon
ACTUALITÉS
LA GLASGOW SCHOOL OF ART EN PARTIE DÉTRUITE
SIXIÈME ÉDITION DU PRIX WIENERBERGER
PÉCHÉS CAPITAUX À CHAUMONT-SUR-LOIRE
Chef-d’œuvre Art Nouveau de l’architecte et designer écossais Charles Rennie Mackintosh (1868-1928), la célèbre School of Art de Glasgow a été endommagée par un incendie le 23 mai dernier. Si 90 % de cet édifice historique datant de la fin du XIXe siècle et 70 % de son contenu ont pu être sauvés, l’aile ouest en revanche a été en grande partie détruite. Bâtie entre 1907 et 1909, soit dix ans après le reste de l’école, celle-ci abritait notamment la précieuse bibliothèque, la galerie vitrée « hen run » ainsi que le studio contenant les travaux de fin d’études. Célèbre pour son architecture devenue emblématique du « style écossais », le bâtiment possède un design intérieur sophistiqué, dont une part du mobilier et des éléments décoratifs en bois, dessinés par Charles Mackintosh et sa femme Margaret MacDonald, ont malheureusement disparu dans le sinistre. M. P.
Organisés tous les deux ans depuis 2004, le Wienerberger Brick Award récompense des bâtiments pour leur utilisation pertinente de la brique. Pour leur sixième édition, ils ont été remis le 8 mai dernier à Vienne où plus de 300 bâtiments en provenance de 26 pays ont été présentés au jury présidé par l’architecte chinois Wang Shu, Prix Pritzker 2012. Tous les types de briques de terre cuite sont pris en compte, des formes les plus industrialisées aux plus artisanales, comme celles utilisées dans le bâtiment qui a reçu le Grand Prix 2014, un centre de formation aux métiers du cinéma situé près de Bangkok, en Thaïlande. Celui-ci est composé de 600 000 briques moulées à la main produites sur place. Il a également été construit par des chômeurs formés pour l’occasion. La brique y est utilisée à la fois en structure et comme élément d’expression plastique. G. D.
Dans le cadre du 23e Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire organisé du 25 avril au 2 novembre 2014, concepteurs et paysagistes du monde entier ont été invités à travailler sur le thème des péchés capitaux. Aux vingt-six projets retenus par le jury présidé par William Christie, fondateur des Arts Florissants, s’ajoutent cinq « cartes vertes » données à Betty Bui, Marc Nucera, Jean-Philippe Poirée-Ville, Camille Muller et Fumiaki Takano, offrant autant d’interprétations originales et de représentations de la biodiversité. Conjuguant architecture, paysage et botanique, les projets combinent tour à tour topologies atypiques, essences inattendues, parfums capiteux et audaces végétales, invitant à explorer et repenser l’art des jardins. M. P.
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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TRIBUNE
Sergio Grazia
LA SAMARITAINE N’EST PAS QU’UNE FAÇADE Que les 73 mètres de la façade ondulante du projet de Sanaa puissent occuper l’essentiel du débat sur la reconversion de la Samaritaine – suite à l’annulation du permis de construire de l’îlot Rivoli le 13 mai dernier par le tribunal administratif de Paris –, est à la fois dérisoire et déconcertant. Dérisoire du point de vue de l’impact de cette façade sur une portion ingrate de la rue de Rivoli. Et déconcertant par l’indifférence des protagonistes aux véritables enjeux de la recomposition de deux îlots du centre de Paris. Par Jean-François Cabestan, architecte et historien
L’histoire de la Samaritaine depuis ses débuts est celle d’une reconversion qui, par étapes successives, a fini par inscrire l’entreprise des époux Cognacq-Jaÿ au nombre des phénomènes urbains parmi les plus significatifs du renouveau de Paris au début du XXe siècle. Pris en étau entre les Halles et le Pont-Neuf, ce territoire fait l’objet à partir de 1886 d’un accaparement stupéfiant de quatre îlots redéfinis par l’haussmannisation alors récente du quartier*. Adaptation singulière du principe de l’architecture sur dalle, le dessus et le dessous des rues sont annexés aux intérêts du négoce. En 1932, l’entreprise est interrompue par la crise mondiale mais la fusion des îlots est quasi opérée. Au début des années 2000, le morcellement de l’emprise foncière et la mise à l’écart des magasins 1 et 3 conditionnent la redistribution des magasins 2 et 4, imaginée par l’agence Sanaa. À l’esprit populaire de la cité commerciale des origines se substitue l’idée d’un shopping mall orienté nord/sud, inspiré des passages parisiens, surmonté d’un programme de bureaux. Dans un second temps, un hôtel de luxe, des logements sociaux et une crèche apportent une dose de complexité à la réhabilitation de l’ensemble. Qu’on adhère ou non à cette nouvelle
donne, sa mise en œuvre représente un défi architectural. Nécessairement condamné par le caractère unitaire de cette nouvelle campagne, l’immense palimpseste que représentent les magasins 2 et 4 n’a aucune chance de salut. Corollaire de l’adaptation de ses immenses plateaux à un usage contemporain, leur désenclavement au moyen de deux gigantesques patios entraîne des bouleversements majeurs. L’évidement de la masse bâtie cause une perte d’un huitième de la surface utile (env. 10 000 m2). Le filet de hauteur exhaussé à titre compensatoire aboutit à l’assujettissement des parties hautes des deux magasins à un gabarit unique et à la dissolution de l’univers prodigieux des toitures de la Samaritaine. En dépit d’une intention héroïque de restitution au voisinage des grands halls, les centaines de milliers de pavés de verre des planchers de Saint-Gobain, incompatibles avec la réglementation pompier, partiront à la benne.
Créer une séquence urbaine On ne peut que former le vœu que ce qui faisait la valeur intrinsèque de cet héritage trouve une forme de contrepartie dans l’intervention et le savoir-faire de l’agence Sanaa. La création du passage et de halls
contemporains susceptibles d’entrer en résonance avec les halls de Jourdain restaurés, et de former une séquence urbaine de qualité sont l’un des paris du projet. Sur la rue de Rivoli, le démantèlement des intérieurs est ancien, et les façades d’immeubles de tous âges dans lesquels il s’est installé ont été conservées par défaut. Privées de leur soubassement et endommagées par d’importantes surélévations, elles ne correspondent pas à la structure intérieure, par ailleurs sans qualité. La reconstruction de tout l’îlot explique qu’on ait eu l’ambition de composer sur la rue de Rivoli une façade manifeste de la reconquête de l’ensemble des deux magasins réinvestis. C’est une tradition française, et l’usage admet qu’une marge d’appréciation prévale entre l’emblème et le contenu. Contestée, la façade ondulée est pourtant d’une élégance urbaine à laquelle le connaisseur ne peut guère rester insensible. Respectueuse des alignements et des gabarits voisins, elle ne s’oppose guère, dans sa texture et sa contemporanéité, qu’à ces masques de pierre qui grimacent une légitimité sans rapport avec la pauvreté architecturale des opérations récentes qu’ils dissimulent. Elle ne fait que s’inscrire dans la continuité de ces façades inventives dont les commanditaires de la Samaritaine ont enrichi l’espace public. L’enjeu de cette affaire gît en réalité bien davantage dans cette reconfiguration volontaire d’un morceau de ville qu’il est urgent de faire renaître. Le retrait en mai dernier du permis de construire accordé en 2012 peut faire craindre un repli frileux, l’abandon d’un projet qui est loin de n’être qu’une façade, et la demi-mesure d’une architecture d’accompagnement sans style, sans saveur et sans parfum, qui ne ferait qu’ajouter à la décrépitude de ce secteur de la rue de Rivoli.
* Frantz Jourdain plus tard secondé par Henri Sauvage sont les maîtres d’œuvre de la Samaritaine. Voir «La Samaritaine, un palpseste urbain», Jean-François Cabestan in AMC n° 209.
Projet de l’agence Sanaa sur la rue de Rivoli. 26
n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
REVUE DE PRESSE Par Jean-Louis Violeau
Christian de Portzamparc : « La Samaritaine se transforme » Pourquoi pourrait-on ici exiger de conserver quatre immeubles aux façades hasardeusement accolées qui forment un ensemble composite agglomérant plusieurs dimensions de fenêtres répétitives, sans recherche d’aucune ligne unificatrice ? Pour leur pittoresque ? Il serait bien sérieux, triste et lourd. On ne pourrait non plus invoquer la beauté, ni même l’unité de la rue : jouxtant cet îlot, le bel immeuble de métal et de verre de la Belle Jardinière montre une architecture ancienne totalement différente. La seule raison serait de décréter l’autorité absolue du passé. On proférerait que tout ce qui est vieux et ancien est sacré et intouchable, et qu’aucune place n’existe pour notre époque et les générations qui viennent. Lettre de Christian de Portzamparc publiée sur le site, Le Monde.fr, 14 mai 2014
LA PHILHARMONIE, DES TRILLES ET DES VRILLES L’implantation dans un parc de loisirs a été pour Jean Nouvel un instant d’inspiration majeure. Par son aspect poétique, la Philharmonie doit susciter un désir de promenade. Son dôme est une éminence qu’on gravit à pied et sur laquelle on déambule. Lors du concert inaugural, quel mélomane ne rêvera pas d’être le premier homme, ou la première femme, qui a marché sur la Philharmonie ? Sophie Bourdais et Gilles Macassar, Télérama, 21 mai 2014
Quand Wilmotte redessine Paris « Bureaux, hôtels, hôpitaux, sièges sociaux, lieux culturels… Nos projets tous azimuts, qui sont le fruit d’une intense et minutieuse étude en amont, collent avant tout à l’ADN de leurs commanditaires. Je refuse l’extravagance et ne fais aucune concession aux effets de mode », assume ce véritable homme d’affaires, aujourd’hui à la tête d’une agence qui emploie pas moins de 200 personnes exerçant leurs talents dans le monde entier. Bruno Monier-Vinard, Le Point, 24 avril 2014
archi-lectures Car éditer semble être lié à l’exercice même de l’architecture, à l’ethos de la discipline. Selon Samuel Hoppe, de la librairie Volume : « Quel que soit leur niveau d’expérience, les archis “ produisent ” en permanence du contenu. Ils n’hésitent pas à faire des livres, à s’autoéditer. Un peu comme les psychanalystes. » Clément Ghys, Next, 3 mai 2014 28
Et Orpi voulut torpiller l’encadrement des loyers
Jamais les professionnels de l’immobilier n’ont déployé un lobbying aussi intense et mis autant de moyens que lorsqu’ils ont voulu faire barrage à la loi Duflot sur l’encadrement des loyers : embauche à grands frais de cabinets de com chargés de torpiller le dispositif, publication de communiqués de presse alarmistes sur les conséquences de la mesure, divulgation de « statistiques » émanant des cercles de l’immobilier laissant entendre que la hausse des loyers s’était calmée. Pas besoin de légiférer donc… Tonino Serafini, Libération, 21 mai 2014 n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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CONCOURS
SALLE DE SPORT CALAIS Margaux Darrieus
LAURÉAT FACE B Arène couverte
E
ngagée depuis plusieurs années dans la réappropriation de ses berges industrielles et dans la construction de programmes de loisirs pour palier aux besoins de ses quartiers, la Ville de Calais fait régulièrement confiance à la « jeune » création architecturale pour s’équiper. Un dynamisme appréciable doublé d’exigence, vue la qualité des dernières livraisons calaisiennes comme le gymnase et le skateparc réalisés par les agences parisiennes Remingtonstyle et Bang Architectes (voir AMC n° 211 et 214). Poursuivant en ce sens, la ville a chargé les Lillois de Face B (Camille Mourier et Germain Pluvinage) de la réalisation d’un équipement sportif de 4 500 m2 sur les quais du canal de Saint-Omer, offrant ainsi à l’agence son premier marché en son nom propre. Projet confirmé au lendemain des élections municipales, cette salle de sport consacrée au basket doit satisfaire les besoins du club de la ville autant que ceux d’un public scolaire. Entre pratiques de haut niveau et activités de loisirs, c’est un équipement performant et adaptable, capable d’accueillir 1 500 spectateurs, qui doit voir le jour sur une parcelle triangulaire faisant face au centre-ville. Enserré entre les voies ferrées et l’eau, le site est cadré physiquement et visuellement par les « monuments » de Calais : les bassins et les écluses à ses pieds, le beffroi et le phare à l’horizon. L’implantation d’un équipement sur ce terrain doit être l’occasion de relier – au moins symboliquement – des morceaux de ville séparés par de grandes infrastructures et de redéfinir leur relation aux quais. Que se passera-t-il autour de ce terrain de sport de 54 mètres par 34 ? Chaque équipe a interprété à sa manière les
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enjeux d’insertion urbaine du projet, magnifiant le passé industriel du site ou traitant la ville comme le fond de scène de l’activité sportive. Et, face au cahier des charges suggérant la création d’un « bâtiment-paysage », les equipes ont façonné des propositions formelles fortes induites par des choix techniques décomplexés – l’audace de la jeunesse ? Autant de partis pris poétiques pour amorcer la création du paysage contemporain de Calais.
MAÎTRISE D’OUVRAGE : Ville de Calais PROGRAMME : équipement sportif dédié au basket ball, gradins fixes de 1 000 places, gradins mobiles de 500 places, salle polyvalente de 100 m2, aménagement des espaces publics extérieurs SURFACE : 4 351 m2 Shon, bâtiment ; 7 600 m2 SU, espaces extérieurs COÛT PRÉVISIONNEL (ÉTUDES ET TRAVAUX) :
5,3 M € HT CALENDRIER : études, avril 2014 ; OS chantier, juin 2015 ; livraison, novembre 2016
Précision : la société VPEAS (économie de la construction) était associée à l’équipe Snøhetta sur le concours pour la restructuration du Grand Palais à Paris (AMC n°232, p 31).
C’est parce qu’elle tire parti des conditions du site pour théâtraliser la pratique sportive, à l’intérieur comme à l’extérieur, que la proposition lauréate se distingue. Il y a d’abord cette géométrie hexagonale, reflet de l’organisation en « chaudron » des gradins. Leur inclinaison intensifiée et leur dessin en demi-courbe créent des vues entre les spectateurs d’une même tribune, dans une mise en scène censée favoriser une ambiance animée les soirs de match. Question fonctionnalité, ce projet est le seul à s’approprier la très légère déclivité du site – 2,50 mètres de différence entre le niveau bas à l’ouest de la parcelle et le niveau haut à l’est – pour rationaliser la répartition des espaces et organiser des accès de plain-pied aux programmes. Côté voies ferrées, l’entrée principale du public en lien avec le parvis et le parking est glissée sous les gradins. Le terrain est situé 3 mètres plus bas, au même niveau qu’une esplanade végétalisée longeant les quais, sorte de prolongement vert au plateau sportif d’où peut se faire l’accès aux vestiaires. Mais une fois l’arène créée, comment l’ouvrir sur la ville ? Une solution technique complexe permet de vitrer au maximum les faces de l’hexagone : l’utilisation des gradins comme éléments structurels débarrasse les parois extérieures de tout rôle porteur. Des articulations assurent le transfert des charges de la toiture métallique vers les poutres en béton armé des tribunes et des tirants longeant les façades. Une solution convaincante mais risquée, qui a conduit l’équipe à ajouter un détail technique à son dossier de concours. Puisque c’est de cette audace que la proposition tire son intérêt, espérons que la réalité soit à la hauteur des ambitions exprimées.
ÉQUIPE : Bureau Face B, architectes ; Bollinger & Grohmann, BET structure ; SNC Lavalin, BET fluides, économie ; VS-A, BET façade ; Peutz, acoustique ; FOZR, perspectives n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
CONCOURS
A
B
B A PLAN DU RDC
0
5
15 m
PLAN R-1
Poutre de rive Bac acier Mur rideau Rotule
Struture béton armé
Tirant acier
COUPE AA
0
5
15 m
Soubassement béton Dalle armée
COUPE BB
AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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CONCOURS
A
B
B
PLAN DU RDC
DAMIEN SURROCA
0
5
15 m
A
Monumentale minéralité Avec ces poteaux de béton qui dansent, supports d’une toiture délicatement courbée, l’image suggère un monument dont la force formelle serait au service d’une intégration poétique de l’équipement à son environnement. On imagine alors une filiation avec le gymnase sculptural de Vacchini à Losone. Mais ici, derrière la peau vitrée, le second plan est habité et bloque parfois le regard. Si l’ensemble se tourne judicieusement vers l’eau, impossible depuis les quais d’apercevoir la ville à travers l’épaisseur de l’édifice comme on devine les montagnes du Tessin à travers celui de l’architecte suisse. À l’intérieur, le minimalisme de cette proposition est donc amoindri par l’agencement en rez-de-chaussée des programmes. Un premier volume, calé à l’est face au parvis, héberge l’accueil et la salle polyvalente. Les vestiaires sont glissés sous les gradins fixes, tandis que les tribunes mobiles leur font face. Si les ouvrages intérieurs sont également conçus en maçonnerie, la charpente de la toiture à double courbure est métallique, atténuant un peu les beaux effets du travail sur la massivité en façade. Pour les espaces publics, la minéralité prime. Une austérité courageuse qui aurait assurément servi la mise en scène du bâti.
COUPE AA
0
5
15 m
COUPE BB
ÉQUIPE : Damien Surroca, architectes ; C. Derly, A. Mazand, assistants ; Siretec ingéniérie, BET ; Impact QE, BET HQE ; L. Gaillet, économiste ; Serga, acoustique ; Stéphane Buret Architecture, perspectives 32
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
CONCOURS A
B
B
0
PLAN REZ DE QUAI
DUMONT CAUDRON
5
15 m
A
Jardin suspendu Puisqu’il fallait concevoir un « bâtiment-paysage », les architectes mettent en œuvre, dans une interprétation plutôt littérale du cahier des charges, une construction végétalisée à arpenter. Adossé à la voie ferrée à laquelle il offre une façade aveugle, l’équipement se tourne vers les berges dans une volonté « d’ouverture de la salle de sport sur le paysage urbain maritime », expliquent les concepteurs. L’espace public préservé le long des quais est doublé d’une promenade qui s’élève progressivement pour atteindre le premier niveau de toiture du bâtiment, transformé en jardin suspendu. Dessous, le hall d’entrée, une zone de déambulation – sorte de terrasse couverte ? – et la salle polyvalente bordent la salle de sport, ellemême cadrée d’une enfilade d’espaces servants (réserves, sanitaires, vestiaires). Contrairement aux ambitions annoncées, il découle de cette mono-orientation du programme une ouverture bien réduite des intérieurs sur le paysage maritime. L’espace majeur de l’équipement se voit ainsi privé de la vue sur l’eau par l’épais volume d’entrée, qui en profite grâce au mur-rideau qui l’encadre. Le hall et la salle polyvalente sont donc baignés de lumière naturelle quand le plateau sportif doit se contenter d’un bandeau de polycarbonate couronnant ses murs de béton.
0
COUPE AA
5
10 m
Local technique Vestiaires
COUPE BB
ÉQUIPE : Cabinet Dumont Caudron, architectes mandataires ; ETNAP, BET tous corps d’état ; OPTERE, BET thermique ; Flandres analyse, acoustique ; ETAC, économie ; Infograph, perspectives AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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CONCOURS
B
A
A
0
PLAN DU RDC
MUOTO
5
15 m
B
Hangar précieux Empruntant son vocabulaire structurel aux constructions industrielles qui l’entourent, ce monolithe carré (60 mètres de côté) joue le mimétisme pour engager la mutation du site sans en effacer l’histoire. Une mise en œuvre soignée du colombage d’acier et de son remplissage de briques aurait été cependant indispensable pour que le bâtiment se distingue dans la succession de hangars qui bordent le canal et qu’il offre l’attractivité nécessaire à un équipement public. Cette mise en scène extérieure de la structure en suggère une autre à l’intérieur, où les poutres treillis de la toiture s’assemblent tel un gril technique gigantesque. De ces choix formels audacieux découle une réponse efficace aux exigences d’ouverture et de flexibilité du programme. Vitré sur ses quatre côtés, le rez-de-chaussée est poreux de toutes parts. Il offre, par l’intermédiaire d’une galerie ceinturant la salle de sport, des accès peu hiérarchisés depuis les quatre espaces publics ménagés autour du bâtiment. Surplombant les volets de gradins, deux plateaux libres reprennent les dimensions de la galerie du rez-dechaussée. Ces salles polyvalentes sont accessibles indépendamment depuis les espaces publics.
COUPE AA
0
5
10 m
COUPE BB
ÉQUIPE : Muoto, architectes ; Bollinger & Grohmann, BET structure ; Fabrice Bougon, économiste ; EspaceTemps, BET fluides ; Alternative, BET acoustique ; Artefactorylab, perspectives 34
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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DOMINIQUE PERRAULT TOUR DC I VIENNE, AUTRICHE Marie-Douce Albert
DOMINIQUE PERRAULT TOUR DC I
Cette tour mixte de 220 mètres, édifice le plus haut du pays, est un nouveau totem pour la capitale autrichienne. Elle signale aussi l’entrée du nouveau quartier de Donau City, sur la rive nord du Danube. Un rôle qu’elle ne remplira parfaitement que lorsque sa petite sœur de 160 m sera construite. La tour DC I est un nouvel emblème pour Vienne. Dans la capitale autrichienne, il est bien des endroits d’où l’on peut désormais apercevoir la silhouette plissée, racée, de cette dame en noir, construite sur la rive nord du Danube par l’architecte Dominique Perrault en association avec l’agence Hoffmann & Janz Architectes. Et si cela ne suffisait pas encore, l’immeuble s’arroge, avec ses 220 mètres (250 mètres, antenne comprise), le titre de plus haute tour du pays. Mais comme l’indique son nom ponctué d’un numéro 1, l’édifice est une œuvre encore inachevée. C’est en effet un duo de tours qu’a dessiné l’architecte français en 2002, dans le souci de marquer l’entrée du quartier de Donau City. Par-delà le fleuve, le secteur, qui a commencé à se développer dès les années 1960, fait face au Vienne historique. C’est là que s’est construit notamment le grand centre des Nations Unies, sous la direction de l’architecte Johann Staber. La chute du mur de Berlin en 1989 et l’ouverture vers l’Europe de l’Est ont donné à la ville un poids stratégique nouveau nécessitant de doubler son centre-ville. La mission en a été confiée à une société d’aménagement, la Wiener Entwicklungsgesellschaft für den Donauraum AG (WED), dont sont notamment actionnaires les principales banques et compagnies d’assurance du pays. En 2002, Dominique Perrault remportait le concours international lancé pour esquisser la poursuite de l’aménagement de Donau City. « Il s’agissait d’établir un schéma urbain. Mais le lauréat était aussi missionné pour réaliser le bâtiment significatif du nouveau quartier », se souvient l’architecte parisien. Dominique Perrault a proposé de créer une succession d’espaces libres et d’immeubles positionnés perpendiculairement au fleuve, pour mieux laisser pénétrer les vues jusqu’au cœur du quartier. Dans ce même souci d’ouverture, il a imaginé, en matière d’étendard, une porte d’entrée monumentale pour Donau City. Plutôt qu’un édifice unique, il a décidé d’en élever deux, deux tours de 220 et 160 mètres de haut. Fausses jumelles, elles doivent symboliser le passage vers le nouveau Vienne en se présentant comme les deux pièces d’un même bloc qui se serait fracturé sous l’effet d’une 40
secousse tellurique. L’illusion est renforcée par les plis des façades principales. Cette forme ondoyante est obtenue grâce à un jeu de décalage des planchers en porte-à-faux. La structure en béton module ainsi les avancées et les retraits de la peau de verre et de métal. Ce mouvement et le vitrage sérigraphié bleu encre sont autant de moyens d’accrocher la lumière. Sur les esquisses, les tours DC I et DC II semblent pouvoir s’imbriquer. Et dans ce quartier sur dalle, le dispositif doit permettre « la création entre les deux immeubles d’un grand parvis en belvédère », explique Dominique Perrault. À nouveau, l’architecte cherche à créer un de ces « vides qualifiés » auxquels il est attaché. « Ce système urbain est doté d’une force unique, explique l’architecte. Il apparaîtra dans son évidence lorsque la deuxième tour sera achevée. La programmation de celle-ci devrait être lancée en 2015 pour une mise en chantier l’année suivante. Sans doute accueillera-t-elle majoritairement des logements. » Belle mais encore solitaire, la DC I, inaugurée en février dernier, a au contraire un programme très mixte. Elle abrite un hôtel multi-étoilé de 253 chambres, des bureaux et des appartements en duplex. « La structure du bâtiment est régulière avec des étages de hauteurs équivalentes qui correspondent à un standard de bureaux. Elles sont donc un peu plus élevées que dans du logement classique », note Dominique Perrault. Le tout est couronné par un restaurant, un sky-bar et une terrasse publique. Si le monolithe sombre est désormais un des bâtiments les plus visibles de Vienne, il est assurément celui qui offre aussi les plus belles vues.
Sur le parvis, des ombrelles métalliques s’élèvent progressivement et redonnent une échelle humaine au site.
PAGE PRÉCÉDENTE.
La tour « fracturée » est l’emblème du nouveau quartier de Donau City.
EN HAUT.
Le plissement de la façade est d’autant plus remarquable que les trois autres sont restées lisses.
À DROITE.
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Photos : Michael Nagl Odeongasse
PLAN DE MASSE DU SITE
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n째 234 - juin - juillet 2014 - AMC
DOMINIQUE PERRAULT TOUR DC I
LE CONCEPT : UN BLOC FRAGMENTÉ DONNE NAISSANCE À DEUX TOURS
CI-CONTRE À GAUCHE.
Le hall principal.
Le dernier niveau de la DC I a été aménagé en terrasse publique.
CI-CONTRE.
Avec Gaëlle Lauriot-Prévost, designer associée, Dominique Perrault a laissé la structure de béton s’exprimer dans les espaces de bureaux.
CI-DESSOUS.
AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
43
DOMINIQUE PERRAULT TOUR DC I
PLAN NIVEAU 58 (TERRASSE ET RESTAURANT)
PLAN NIVEAU 53 (LOGEMENTS)
PLAN NIVEAU 24 (BUREAUX)
COUPE GÉNÉRALE
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PLAN NIVEAU 4 (HÔTEL)
0 3
10 m
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
COUPE HORIZONTALE DÉTAIL B
DÉTAIL C
DÉTAIL B
COUPE DE DÉTAIL SUR FAÇADE
COUPE HORIZONTALE DÉTAIL C
LIEU : Donau-City, Vienne (Autriche) MAÎTRISE D’OUVRAGE : WED (Wiener
Entwicklungsgesellschaft für den Donauraum AG) MAÎTRISE D’ŒUVRE : Dominique Perrault Architecture, France ; Hoffmann & Janz Architectes, Autriche, architectes associés. BET : Perrault Projets, ingénierie architecturale ; Bollinger & Grohmann, Gmeiner Haferl Zivilingenieure ZT GmbH, structure ; Werner Sobek Ingenieure, façades ; ZFG Projekt, fluides ; Dr Pfeiler GmbH, Bauphysik, TB Eipeldauer & Partner GmbH, électricité ; AXIS Ingenieursleistungen ZT GmbH, VRD ; Wacker Ingenieure, étude des vents SURFACE : 90 400 m2 (dont 40 000 m2 de bureaux)
DR
CALENDRIER : lancement des travaux, 2010 ; livraison, février 2014
AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
COÛT : 194 M € HT (construction) 45
LA NOUVELLE AGENCE 21 LOGEMENTS BORDEAUX Margaux Darrieus
Pour intervenir dans le plan dense de l’écoquartier Ginko, les architectes ont façonné un bâtiment compact, dont l’épure formelle et matérielle calme le jeu des architectures diversifiées qui l’entourent. Faciliter l’accès à la commande des jeunes architectes est une action louable. Dans l’écoquartier Ginko à Bordeaux, Bouygues Immobilier – aménageur et principal promoteur de la ZAC – a confié la conception de quelques-uns des 2 200 logements à de jeunes professionnels, aidés de maîtres d’œuvre expérimentés. Ainsi, l’architecte Olivier Brochet, qui assure la maîtrise d’œuvre urbaine de la ZAC en association avec Christian Devillers, a délégué à deux de ses anciens élèves la conception de 21 des 120 logements que comprend l’îlot Canopée dont il a la charge. Cette répartition du travail doit par ailleurs assurer la variété des écritures architecturales le long de la promenade bordant le canal sud de l’écoquartier. L’occasion pour les deux associés de La Nouvelle Agence, Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau, de se frotter pour la première fois, et dans des conditions privilégiées, à la commande privée. « En tant qu’architecte mandataire de l’îlot, Olivier Brochet était certes un interlocuteur de plus, mais en tant que co-urbaniste de la ZAC, il était également un filtre entre le promoteur et nous », confient les architectes. Finalement toute relative, leur liberté de conception s’est vue bornée par quelques impératifs formels : reprendre le vocabulaire esthétique développé sur l’îlot Canopée, en utilisant du bois et la couleur blanche, et concevoir un hall d’entrée en double hauteur. Le maître d’ouvrage a également circonscrit leur mission au seul suivi architectural, comme pour les autres architectes de la ZAC. Toutes les bonnes volontés ont leurs limites… Malgré ces contraintes et après six mois d’études seulement, le petit bâtiment s’affirme dans la collection d’architectures de l’écoquartier par une épure formelle et matérielle bienvenue.
Une forme complexe à l’intérieur de laquelle les concepteurs parviennent à proposer, grâce à une résolution géométrique simple, diverses typologies de logements (du T2 au T5) aux plans rationalisés : quatre rectangles, disposés le long des grands côtés de l’hexagone et correspondant chacun à une habitation, s’organisent autour d’un noyau central de circulation. Des terrasses sont ensuite ménagées dans les interstices laissés vacants entre les volumes habités. Ainsi, chaque logement dispose de deux espaces extérieurs, associés au séjour et aux chambres et tournés vers le canal, le cœur d’îlot végétalisé ou le parc de l’écoquartier. « Varier les possibilités d’intimité en diversifiant les espaces extérieurs participe à la qualité d’usage d’un logement », expliquent les architectes. Labellisé BBC, le bâtiment est isolé par l’intérieur et relié à la chaufferie bois qui alimente tous les édifices de la ZAC. Bardé de briques mates pour souligner la massivité des volumes pleins, l’ouvrage en béton banché est habillé de mélèze non traité lorsqu’il se creuse pour abriter les terrasses. D’ailleurs, en laissant croire à l’utilisation de sections de bois massif, la grande dimension des panneaux de parement fait regretter qu’une véritable structure bois n’ait pas été mise en œuvre. En tout cas, c’est parce qu’ils ont opté pour une peau rugueuse, qui va se patiner avec le temps, que les architectes sont parvenus à singulariser leur petit bâtiment dans cet écoquartier un peu lisse.
Interstices habités Composant avec la densité du plan de la ZAC, les architectes ont modelé le gabarit de leur bâtiment pour maximiser le temps d’ensoleillement de chaque façade et offrir des échappées visuelles originales dans les habitations. De multiples inflexions en négatif des immeubles voisins conduisent à la production d’un plan hexagonal irrégulier. 46
L’utilisation de briques d’angle dans les encadrements de fenêtre et le coffrage des poteaux béton par des planches de mélèze renforce l’aspect monolithique du bâtiment.
CI-CONTRE.
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
LA NOUVELLE AGENCE 21 LOGEMENTS
PLAN DU RDC
PLAN DU R+2 / R+3
COUPE TRANSVERSALE
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PLAN DU R+5
PLAN DU R+6
COUPE LONGITUDINALE
n째 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Photos Benoît Cary
3 21
4 5
6
10 COUPE DE DÉTAIL SUR LA TERRASSE DU DERNIER NIVEAU
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.
Platine en acier galvanisé Équerre en acier galvanisé Poutre en mélèze Lame de mélèze Couvertine Poutre en mélèze sur pergola Garde-corps Dalle béton Habillage sous-face en panneaux trois plis finition mélèze 10. Retour bardage bois en sous-face et tableau 11. Pièce de bois de calage pour rupture de pont thermique 12. Dalles sur plots en bois 13. Étanchéité 14. Isolation
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9 COUPE DE DÉTAIL SUR LA TERRASSE DU 6E ÉTAGE
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14
8 0
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11 2m
LIEU : Écoquartier Ginko, Bordeaux MAÎTRISE D’OUVRAGE : Bouygues Immobilier MAÎTRISE D’ŒUVRE : La Nouvelle Agence, architectes mandataires ; Brochet Lajus Pueyo, architectes mandataires îlot Canopée ; Math Ingénierie, BET PROGRAMME : 21 logements en accession, labellisés BBC SURFACE : 2 663 m2 Shob, 2 150 m2 Shon CALENDRIER : 2010-2013 COÛT : 2,5 M € HT AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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VILLEGAS BUENO améNaGEmENT DE La PLacE D’aRmES EL REAL DE LA JARA Catherine Séron-Pierre
Livré tout récemment, le réaménagement de la place d’armes du château de Real de la Jara permet au site d’accueillir en toute sécurité visiteurs et manifestations publiques. Sans dénaturer l’extrême simplicité du lieu, à la limite de l’austérité. Cette forteresse bâtie au XIVe siècle est située sur la ligne stratégique de défense galicienne, édifiée pour protéger la région sud des invasions portugaises. Dominant le paysage, elle est en relation visuelle avec les châteaux voisins, Cal et Santa Olalla des Cala. Le projet de réaménagement de la place d’armes – la cour intérieure définie par les murs d’enceinte – s’inscrit dans un ensemble de contraintes : un budget extrêmement réduit, la préservation du caractère patrimonial du château, classé monument historique, et l’ouverture du lieu à un usage public, pôle de rencontres et accueil de manifestations. Le programme initial portait sur un espace scénique à ciel ouvert, mais en raison du peu de moyens financiers alloués, il était impossible de réaliser tous les aménagements réglementaires pour de telles activités. C’est pourquoi les architectes ont proposé un projet qui, sans afficher officiellement cette fonction, conserve à la cour intérieure son image et en fait un lieu flexible aisément exploitable. Le projet est constitué d’une série de murets de soutènement qui déterminent les terrasses qui accueilleront des événements, et de parois plus hautes qui organisent les rampes assurant l’accessibilité de l’ensemble des espaces de la cour. Les terrassements exploitent la déclivité naturelle du terrain, limitant les excavations au plus juste afin de minimiser l’impact sur le lit rocheux naturel qui est presque affleurant. La hauteur des terrassements leur permet de servir d’assises et les dalles de béton constituent les banquettes. De plus, la profondeur de chaque emmarchement est conçue de manière à pouvoir accueillir deux rangées de sièges, des tables, ou encore des étals temporaires ou des dispositifs d’exposition.
qui portait sur la restauration des murailles et l’installation d’un chemin de ronde complet protégé par un garde-corps filant. Les architectes ont préféré éviter tout contact avec cette phase antérieure et donc tout conflit. Ainsi, leur projet, enchâssé dans la ceinture des murailles, affiche une totale autonomie, une complète réversibilité et une grande liberté d’usage. Ils assument leur démarche comme la création d’un espace public à partir des murailles considérées comme des bâtiments, des portes assimilées à des rues menant à la place, et de l’espace intérieur conçu comme lieu de flânerie. C’est alors un nouvel espace urbain qui apparaît au sein de l’environnement naturel.
autonomie et réversibilité La gamme des matériaux mis en œuvre est volontairement réduite pour ne pas interférer avec le caractère essentiellement minéral du site : béton armé, dalles de béton préfabriquées, plaques d’acier Corten et gravier blanc en provenance d’une carrière locale. Le château, bien que classé monument historique, avait déjà subi une intervention 50
L’intervention, invisible depuis l’extérieur, offre un nouvel usage à la cour intérieure du château. n° 234 - juin - juillet 2014 - amc
VILLEGAS BUENO améNaGEmENT DE La PLacE D’aRmES
C A B
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couPE a
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couPE D
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couPE SuR muRET avEc GaRDE-coRPS
1. Plaque d’acier Corten 3 mm d’épaisseur avec pli supérieur pour former gardecorps avec nervures extérieures de raidissage 2. Chape de gravier avec feuille géotextile 3. Muret béton armé et acier de 8 mm de diamètre 4. Drain PVC 5. Couche de gravier avec feuille géotextile
couPE SuR TERRaSSEmENT
1. Dalle de béton préfabriquée 2. Gravier, feuille géotextile et terre compactée 3. Béton armé avec fers de 8 mm de diamètre 4. Plaque d’acier Corten de 3 mm d’épaisseur 0 10
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50 cm
n° 234 - juin - juillet 2014 - amc
Acier Corten et gravillons blancs attestent de l’intervention contemporaine, sans altérer l’espace de la cour intérieure.
LiEu : El Real de la Jara, Séville, Espagne maîTRiSE D’ouvRaGE : gouvernement provincial de Séville
Photos Jesus Granada
maîTRiSE D’œuvRE : Villegas Bueno Arquitectura – Miguel Villegas Ballesta, Lourdes Bueno Garcia, architectes ; Ignacio Hornillos Cardenas, José M.R. Sanchez Tello, Jose Manuel Cruz Camunez, architectes collaborateurs
amc - n° 234 - juin - juillet 2014
PRoGRammE : réaménagement de la place d’armes pour l’accueil du public SuRfacE : 1 409 m2 caLENDRiER : livraison fin 2013 coûT : 147 578 euros soit 104,74 euros/ m2 53
LAN TOUR DE BUREAUX LILLE Margaux Darrieus
Épilogue à Euralille, cette nouvelle tour de bureaux a été finement ciselée pour s’intégrer au mieux à son contexte et y diversifier l’offre locative. Ou quand les enjeux économiques d’un projet tertiaire rencontrent les enjeux urbains d’un projet d’architecture. Faut-il considérer cette élégante tour de bureaux comme un oiseau de bon augure ? Complétant l’offre de surface dans la « turbine tertiaire » de Lille, elle marque l’achèvement de la ZAC Euralille créée en 1990 à la faveur de l’arrivée de l’Eurostar dans la ville. Mais si elle constitue le petit épilogue – à peine 3 500 m2 – d’un vaste projet urbain, elle en annonce également le renouveau, car la SPL Euralille s’est désormais engagée dans la densification et l’« humanisation » du quartier conçu par Rem Koolhaas. Issue d’un concours concepteur-promoteur, la petite tour imaginée par LAN (Benoit Jallon et Umberto Napolitano) est inaugurée dans un territoire dont l’aménageur s’apprête à éprouver la résilience. Dès lors, l’enjeu formel de sa conception était double : il s’agissait autant de s’inscrire dans le récit conçu par Koolhaas pour ce quartier d’entre-deux gares (Lille Flandres et Lille Europe) que de répondre aux objectifs de sa réinvention, qui vise notamment à améliorer la connexion des quartiers Euralille et Saint-Maurice, séparés par les voies ferrées et le boulevard périphérique. Située justement à l’articulation de ces deux quartiers, l’intervention des architectes parisiens transforme habilement un résidu foncier dont personne ne voulait – la tranchée France Télécom courant sous la parcelle contraint les sous-sols – en une rotule symbolique et physique à la mesure de l’intensité du quartier.
Retournement conceptuel C’est d’abord l’évidence de la silhouette qui marque. Le volume extrudé de la parcelle a été ciselé pour répondre spécifiquement aux échelles et aux caractéristiques programmatiques des grands axes qui la cadrent. Côté Euralille, la tour élancée achève la perspective visuelle reliant les deux gares. Les effets d’optique aidant, elle forme une vigie suffisamment haute – elle mesure pourtant à peine 30 mètres – pour camoufler son voisin disgracieux, un ensemble de logements des années 1980. Au nord, le volume du rez-dechaussée gère la liaison avec l’enceinte d’un cimetière. Côté Saint-Maurice, la construction s’empâte gracieusement, ajustant son volume sur celui des immeubles voisins pour 54
s’intégrer au tissu faubourien. Mais c’est sûrement depuis le périphérique en contrebas que la tour prend tout son sens, en se pliant au projet de Koolhaas comme si elle en complétait les intentions originelles. « Le site était important non seulement parce qu’il faisait partie intégrante de la ville, mais parce qu’il ne serait qu’à une heure de Londres ou de Paris. La ville elle-même ne serait qu’une annexe, un accident, presque un décor », peut-on lire dans S, M, L, XL à propos d’Euralille. Vue d’en bas, cette ultime tour est un signal de plus dans la narration cinétique qui accompagne le flux des voyageurs. De cette réponse sophistiquée naît une juxtaposition de plateaux libres aux surfaces réduites (de 200 à 600 m²) et aux formes complexes, organisés autour d’un noyau en béton regroupant espaces servants et circulations verticales. Mais si la forme semble dicter l’usage, la proposition programmatique répond en réalité aux besoins du quartier, en manque de petites surfaces locatives à proximité des gares pour le personnel mobile des grandes entreprises. Enfin, alors qu’il était prévu que la construction soit bardée de bois, c’est finalement une peau de cuivre oxydé – sa teinte est donc stabilisée – qui enveloppe la structure poteauxpoutres. Un choix heureux qui accentue la préciosité du petit objet sculpté. Largement vitrée, cette tour, qui achève le décor imaginé par Rem Koolhaas, devient alors le meilleur lieu pour le contempler. C’est dans ce retournement conceptuel que ce bâtiment, si petit soit-il, puise la force critique nécessaire à son affirmation dans un « hyperterritoire ».
Des baies en verre clair, des cassettes lisses et des panneaux à créneaux perforés de cuivre pré-oxydé alternent en façade selon une trame de 1,35 mètre.
EN HAUT.
EN BAS. La tour n’en est pas toujours une. Son volume est ciselé pour répondre aux échelles des grands axes qui la cadrent.
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
LAN TOUR DE BUREAUX
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PLAN DU RDC
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PLAN DU R+1
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COUPE AA
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n째 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Photos Julien Lanoo
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COUPE ET PLAN DE DÉTAIL SUR LA FAÇADE
1. Double vitrage isolant feuilleté avec fonction garde-corps, acoustique et contrôle solaire 2. Joint creux en tôle pliée aluminium thermolaqué noir 3. Vêture en créneau avec perforation aux taux de 40 % 4. Tablette bois 5. Châssis aluminium finition laquée 6. Châssis aluminium thermolaqué
LIEU : Lille, Nord MAÎTRISE D’OUVRAGE : Sogeprom, Projectim INVESTISSEUR : groupe IRD MAÎTRISE D’ŒUVRE : LAN Architecture, architecte mandataire ; Egis, MOE exécution ; Act Environnement, consultant HQE ; Iosis, BET TCE ; Elioth, façades ; Flandres Acoustique, acousticien PROGRAMME : immeuble de bureaux et commerces SURFACE : 3 486 m2 Shon CALENDRIER : 2010-2014 COÛT : 5,9 M€ HT
AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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AGENCE ARBA MAISON INDIVIDUELLE VENEUX-LES-SABLONS Pauline Malras
Abritée du regard des passants par une clôture de pierres, cette maison de bois s’intègre habilement dans un ancien verger où subsistent les vestiges des murs à pêches employés autrefois. Les architectes l’ont conçue comme une véritable invitation à « pratiquer le jardin ». La maison peut surprendre au premier regard. Située en limite de zone inondable entre la gare de Moret - Veneuxles-Sablons et la rivière Loing, elle semble bien éloignée des pavillons franciliens et de leurs façades de moellons, croisés plus tôt sur le chemin. La silhouette de ce volume à double pente et sa peau de mélèze évoquent plutôt ces bâtiments aux formes archétypales et à la matérialité continue. En découvrant le site sur lequel ils s’apprêtaient à construire, les architectes de l’agence Arba – Jean-Baptiste Barache et Sihem Lamine – ont compris que la force de ce projet tiendrait dans la mesure de leur geste : « un équilibre certain entre notre intervention et le verger ». Autrefois, la parcelle était décomposée en plusieurs lanières dessinées par les murs à pêches, le long desquels s’épanouissaient de nombreux arbres. Conservés et parfois raccourcis, ces murs délimitent maintenant quatre jardins, ayant chacun un usage différent, un peu comme les pièces d’une maison : le potager, le verger, la contemplation, etc. C’est en s’approchant que l’on distingue peu à peu les nuances et les inspirations qui font la singularité de cette demeure.
Éloge de l’entre-deux Surélevée sur des plots de béton, elle semble aujourd’hui délicatement posée entre deux rangées d’arbres sans altérer ni le sol, ni la végétation de cet écrin. Au rez-de-jardin, la peau est composée de modules formés de caissons de 15 cm d’épaisseur rapportés aux murs à ossature bois. Ils sont recouverts de panneaux de mélèze décomposés en planches, afin de donner du relief à la façade et d’approcher « l’échelle de la main ». En se superposant aux lisses des caissons, les traverses de mélèze donnent à lire la structure que le bardage dissimule. La partie supérieure, contenant les deux étages, est recouverte d’une succession homogène de tasseaux qui compose une forme plus abstraite « pour se fondre dans la canopée ». En traversant la parcelle – directement sur l’herbe puisqu’aucun chemin n’a été dessiné –, on accède à la maison. Des marches de tôle pliée galvanisée ou des rondins de bois placés au droit des huit portes vitrées – deux ouvertures par façades 58
disposées selon un plan quasi-symétrique – forment le premier seuil. Une fois entré dans la maison, il est difficile de dire si l’on se trouve dedans, entre-deux ou dehors, tant le jardin paraît omniprésent. Procédant par étapes, de l’opacité vers la transparence et à la manière de la maison japonaise traditionnelle, le dispositif qui entoure les baies atténue le contraste entre les pleins et les vides et participe ainsi à troubler les limites entre les espaces de la maison et ceux du jardin. S’il est plus commun au Japon d’utiliser des cloisons en papier, ici c’est le verre sérigraphié qui sert d’intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, tout en rappelant dans son motif la verticalité du parement. À l’étage, les fenêtres de la salle de lecture – une pièce commune distribuant deux chambres surmontées de mezzanines – sont dissimulées derrière les claires-voies formées par le bardage. Ainsi, d’un espace à l’autre, le rapport au jardin et l’intensité de la lumière varient selon les besoins et l’ambiance attendue. Si la forme traditionnelle à double pente est en grande partie le résultat de la réglementation d’urbanisme de la commune, elle rappelle surtout l’architecture vernaculaire, si chère aux deux concepteurs : « une architecture sans architecte, ou presque ». L’omniprésence du jardin trouble les limites entre les espaces extérieurs et ceux de la maison. n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Photos Hervé Abbadie
AGENCE ARBA MAISON INDIVIDUELLE
L’espace de lecture sous la toiture bénéficie de toute la hauteur donnée par les fermes en sapin lamellé-collé.
COUPE TRANSVERSALE
PLAN DU RDC
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PLAN DU R+1
LIEU : Veneux-les-Sablons MAÎTRISE D’OUVRAGE : Dominique Jacquot MAÎTRISE D’ŒUVRE : agence Arba – Jean-Baptiste Barache et
Sihem Lamine PROGRAMME : maison individuelle SURFACE : 130 m2 CALENDRIER : livrée en 2013 COUPE LONGITUDINALE
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COÛT : 230 000 € HT n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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HABITAT
ET EXPERIMENTATION
Expérimenter des formes d’habiter en adéquation avec l’évolution des modes de vie et les nouvelles pratiques de la ville constitue un défi crucial mais difficile à relever pour les professionnels du logement. Les maîtres d’ouvrage et d’œuvre – mais aussi d’usage dont le rôle va croissant – sont pris en étau entre une accumulation de paradoxes normatifs, sociétaux et économiques. Il leur faut concevoir des ensembles bâtis qui prennent en compte les changements à l’échelle de la cellule et du contexte urbain, tout en développant du lien social, un enjeu dont la nécessité semble plus que jamais partagée par tous. Hormis quelques opérations manifestes qui intègrent sciemment la désynchronisation des comportements et des activités à l’intérieur de l’habitat, la majorité des projets exploratoires se concentre sur le développement des espaces extérieurs. Créer une interactivité entre le dedans et le dehors, rétablir l’existence d’une communauté de résidents est aujourd’hui la tendance la plus significative. Une évolution qui s’appuie aussi sur le rôle moteur des habitants et qui remet la question fondamentale de l’usage au cœur des débats.
DOSSIER
Dossier réalisé par Alice Bialestowski
DOSSIER HABITAT ET EXPÉRIMENTATION
USAGES ET MODES DE VIE, DE NOUVELLES VOIES POUR LA CONCEPTION DU LOGEMENT Alors que le logement a été le grand sujet d’architecture du XXe siècle, un laboratoire dont se sont emparés les créateurs les plus célèbres afin d’explorer de nouvelles voies typologiques et constructives susceptibles de répondre au plus grand nombre, comment justifier la standardisation qui caractérise aujourd’hui la grande majorité de la production ? En pleine mutation, la vie contemporaine ne correspond plus ou très peu à l’archétype familial et idéal du siècle dernier. Au délitement et à la complexification des foyers, s’ajoutent des façons inédites de vivre et de s’approprier l’espace résidentiel qui sont pourtant loin d’être prises en compte dans la conception des logements courants. À l’exception d’opérations pilotes, d’ailleurs largement médiatisées, peu d’exemples récents échappent en effet à la banalité et à la pétrification du plan type établi par le MRU * dans les années 50. Et si on assiste à l’émergence d’un grand carnaval dans nos rues, rendu notable à travers l’étalement d’une débauche de vêtures, ces dernières n’en restent pas moins – pour la plupart – l’expression outrancière d’un maquillage mal posé sur des habitations atones. Des logements qui, aussi confortables et réglementaires soient-ils, constituent l’aboutissement d’une logique étatique et prescriptive. Bien sûr, tout n’est pas noir, car d’indéniables changements sont perceptibles, notamment avec la mise en place d’un vocabulaire constructif qui se cristallise sur les « espaces en plus », qui cherche à établir une liaison entre le dehors et le dedans, entre l’intime et le collectif. Mais qu’en est-il vraiment de la radicalité ces dernières années ? Jean Nouvel, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal – pour ne citer que les plus emblématiques – sont déjà passés par là, il faut chercher les projets d’une telle envergure avec une dimension expérimentale. Au fond, la question du logement est tellement vaste qu’il s’agit d’abord de définir à partir de quels critères on peut dire qu’une opération est expérimentale, qu’elle éprouve et élargit un champ de la connaissance jusque-là inusité. Parce qu’elle
Nemausus, Nîmes, 1987, plan du RDC, Jean Nouvel architecte 64
répond aux nouveaux usages des résidents en leur apportant un confort sensible ? Qu’elle fait appel à des matériaux nouveaux et invente des techniques constructives modulaires avec un mode de production innovant prenant en compte la cause environnementale ? Qu’elle propose une échelle inédite dans son rapport à la ville ou est l’expression d’une démarche citoyenne et participative ? C’est un peu tout cela à la fois et à des degrés divers, car ces problématiques se rejoignent et s’additionnent en fonction de la spécificité de chaque projet et de son coût. Il ne faut pas se méprendre sur le sens souvent donné au qualificatif expérimental, car si l’on caricature un peu, pour salvateur qu’il puisse être, l’étendard du « durable » qui lui est volontiers associé ne suppose pas forcément révolution typologique et confort d’usage – nombre d’écoquartiers nous le prouvent. Un bâtiment peut être expérimental sans être radical dans son entièreté ; la difficulté essentielle est d’aboutir à une conception établie sur une réciprocité entre la forme et l’usage. La finalité ultime résidant dans le passage du stade de l’expérience aléatoire à celui de l’innovation à part entière, celle qui deviendra la « norme » de demain.
À la limite du collectif et de l’individuel Objet symbolique et politique par excellence, catalyseur de contradictions sociales qui se reflètent dans l’interaction entre le chez-soi et l’espace collectif, l’habitat ne se réduit pas – ou plus – au logement stricto sensu mais à tout ce qui le prolonge. Si chaque individu investit son appartement à l’envi, il reste relié à l’immeuble qu’il occupe, au quartier et à la ville qui l’entourent, et qui participent pleinement à son intégration des lieux. Le logement ne peut plus se faire sans la ville, c’est à l’évidence le premier constat, dont la répercussion est aujourd’hui la plus immédiate et la plus visible sur la conception des habitations. Dans un contexte de plus en plus densifié, on ne peut plus décemment concevoir un logement – qu’il soit collectif ou intermédiaire – sans prendre en compte les environs qui sont inséparables de la cellule. On crée une perméabilité où l’intimité doit être protégée, mais qui forme le support d’une dynamique communautaire : le fameux « vivre ensemble ». Avec l’augmentation des normes, le cadre de vie devient un terrain à investir pour sortir des standards et expérimenter de nouveaux usages. En témoignent la multiplication et la diversité de traitement des espaces extérieurs (aires de stationnement, parties communes, coursives, terrasses, loggias, balcons, etc.). Des évolutions qui ne vont cependant pas de pair avec la typologie des cellules qui continuent de faire les frais du conformisme de la partition jour/nuit et d’un appauvrissement des surfaces dû à la raréfaction et au coût du foncier. Dans cette perspective d’articulation entre le dehors et le dedans, l’importance accordée par les bailleurs à la petite échelle dans les quartiers anciens ou à l’habitat intermédiaire en milieu rural ou périurbain afin de combiner les avantages n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Renverser les codes Polyvalence et évolutivité des pièces, réorganisation de la distribution, augmentation surfacique sont pourtant, plus que jamais, au cœur des problématiques engendrées par l’extension de la monoparentalité et de la recomposition familiale. Bâtiment fondateur à Nîmes, le Némausus de Jean Nouvel (1987) avec ses 35 % de surface supplémentaire par rapport à un logement social classique a bousculé en son temps les habitus en abordant frontalement la question de la quête d’espace. Aux antipodes de la nécessaire densité actuelle, cette recherche d’espace en plus passe aussi par la manière dont on configure la cellule et le sentiment d’espace que peut en retirer l’usager par rapport à son mode de vie et à son évolution. D’autres architectes, secondés par des maîtrises d’ouvrage courageuses, se sont depuis fort heureusement risqués à explorer des voies nouvelles. Témoignant des évolutions notables en cours et des alternatives typologiques possibles, des opérations manifestes ont vu le jour : entre autres la Cité de Mulhouse avec la Somco (2005) ; l’agence Boskop à Nantes avec la Nantaise d’habitation (2009) ; Les Diversités à Bordeaux avec Domofrance (2009) ; les opérations de Lacaton Vassal à Saint-Nazaire avec Silène et l’OPH de la ville (2004-2011). La faisabilité de ces opérations atypiques et exemplaires repose néanmoins sur la persévérance et l’imagination des commanditaires et concepteurs qui ont su AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
Philippe Ruault
du collectif et de la maison individuelle est également symptomatique. Car c’est bien à ce désir – « vivre ensemble d’accord, mais séparément » –, partagé par la grande majorité des gens, que se confrontent les concepteurs. Une hybridation typologique et sociale, qui prend le pas sur les autres formes d’habitation, devient un ferment expérimental à travers les usages qui en découlent. À l’heure du « vivre ensemble », quand le président de la République François Hollande s’engage à construire 500 000 logements par an et à renforcer la loi SRU, approcherions-nous en France d’un monde idéal ? Les concepts de « mieux vivre », de « confort d’usage pour tous » sonnent comme des labels infantilisants et ne sont que l’expression d’une société individualiste à laquelle il faudrait réapprendre à vivre à coup de slogans marketing. Il n’y a pas que des « belles personnes » prêtes à « réenchanter leur vie » et par voie de conséquence leur logement. C’est néanmoins là, à la limite du collectif et de l’individuel, dans la frange intangible du vivant, qu’est en train d’opérer le changement, d’ailleurs indissociable de la mise en place d’une mixité sociale, urbaine et intergénérationnelle. On invite les résidents à partager des situations, à avoir des espaces de services et de loisirs en commun. L’habitant devient moteur et sa prise en compte instrument d’une expérimentation sociale visant à stimuler et à laisser libre cours à son potentiel d’appropriation.
Cité manifeste, Mulhouse, 2005, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal architectes
dialoguer entre eux et détourner l’arsenal réglementaire tout en renouvelant conjointement la définition programmatique des logements. En apportant des réponses différenciées, elles ont en commun de ne pas dissocier le mode de production et les aspirations des usagers, de traduire dans l’organisation spatiale la mobilité, mais aussi la flexibilité de leurs comportements. Qu’il s’agisse du décloisonnement de Lacaton-Vassal, de la réversibilié du plan neutre de Boskop ou de la réorganisation interne de pièces relativement standard de Raphaëlle Hondelatte et Mathieu Laporte aux Diversités, ces manières de faire s’assurent de l’articulation des usages, autant pour y répondre que pour les révéler. Dans un autre registre, en s’appuyant sur la participation active des habitants pour une reconquête de leur logement via le chantier, Patrick Bouchain fait de la méthodologie qu’il applique un champ expérimental. Il remet la vie au cœur du processus de construction, réconcilie réalité organique et notion d’habiter : l’usager n’est plus un être théorique. Et c’est bien cette dimension-là, cette possibilité donnée aux habitants de prendre part en tant qu’acteurs à l’élaboration d’un projet, qui constitue aujourd’hui en France l’expérimentation la plus flagrante dans le logement. « L’usage est une conception prolongée », souligne Bernard Blanc dans le n° 5 d’Urbanité (voir p. 71) . Plutôt que de faire un produit que l’habitant adapte a posteriori, mieux vaut en amont et à travers la mise en place d’une chaîne collaborative aboutir au sur-mesure. « L’habitation est une action et non un objet », avait déjà dit Lucien Kroll et, à ce titre, la vague d’habitat participatif qui déferle actuellement en France est significative. Si elle répond d’abord à la nécessité de rationaliser les coûts, elle engage indubitablement une nouvelle configuration entre les citoyens, les pouvoirs publics et les bâilleurs. Le partage des espaces y prend tout son sens et le « vivre ensemble » – rêvons un peu – aussi. Alice Bialestowski.
* Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, créé en France fin 1944 ** « The Soft Zone, La Mémé », Lucien Kroll, AA Quaterly, vol. 7, 4, Londres, 1975
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DOSSIER HABITAT ET EXPÉRIMENTATION
SOPHIE DELHAY 53 LOGEMENTS SOCIAUX LILLE
Sophie Delhay
Julien Lanoo
Le Machu Pichu est un projet qui aborde la question du « vivre ensemble » en intégrant la création de mises en situation et de partage entre les habitants. Bien au-delà de la simple échelle des cellules, ce sont plus largement celles de la résidence et du territoire alentour qui sont interprétées pour accroître le lien social et le confort d’habiter. Enserrant un jardin ouvert sur la rue, les deux immeubles bas et haut abritent des logements traversants et desservis par un système de coursives. C’est la proposition de réaliser des espaces partagés non prévus dans le programme initial du concours qui a d’ailleurs retenu l’attention du bailleur, une initiative qui représentait pour lui l’opportunité d’expérimenter une nouvelle forme d’appropriation des locataires. Si les deux bâtiments se font écho, c’est néanmoins l’immeuble haut qui constitue le prolongement du premier via la présence de six espaces aménagés en plein air et couverts comme de grands porches accessibles à tous. Différents d’étage en étage et conçus selon une configuration en diagonale, ces espaces publics traversent toute l‘épaisseur de l’édifice et s’inscrivent dans la continuité des coursives qui font office de véritables rues suspendues. Bénéficiant de points de vue multiples, chaque habitant peut se saisir au quotidien d’un panorama insoupçonné qui repousse les limites de la cellule. Ces unités développent des parcours de voisinage, mais se déclinent aussi pour être investies par des usages spécifiques (cinéma, exposition, etc.) avec l’adjonction de pièces de stockage, de sanitaires selon les niveaux. Chaque habitation bénéficie d’une fenêtre panoramique avec un garde-corps vitré donnant sur le jardin ou le paysage urbain. La typologie des plans s’organise à partir d’une grande pièce traversante avec une cuisine-bar au milieu et des espaces aménageables à l’envi de part et d’autre.
MAÎTRISE D’OUVRAGE : SIA Habitat MAÎTRISE D’ŒUVRE : Sophie Delhay, architecte; Marlène
Galland, chef de projet ; Taktyk, paysage ; Louis Choulet, BET fluides SURFACE : 5 085 m2 Shon
AXONOMÉTRIE DE L’ENCHAÎNEMENT DES ESPACES PARTAGÉS
COÛT : 6,1 M € HT CALENDRIER : concours 2010 ; livraison 2014 66
PLAN COURANT D’UN T3
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
En périphérie de Vienne, la construction de l’îlot Oase 22 est la concrétisation du concours Europan 9 remporté par le studio UEK en 2008 sur la zone en développement de Neustadlau. Le projet pilote a été mis en œuvre et divisé en trois parties avec la participation de deux autres équipes d’architectes – Köb & Pollak/ Schmoeger, Goya. Au total, il comprend la réalisation de 319 logements, d’un centre gériatrique et de divers équipements publics allant de la crèche au club de sports en passant par les aires de jeux et des buanderies. Grâce à la mise en place d’une urbanité fragmentée misant sur le mélange des fonctions sociales et spatiales, il montre que la massivité d’un grand ensemble n’est pas synonyme de fermeture, mais d’interactivité entre les habitants et le territoire alentour. En développant les bâtiments sur les franges extérieures du terrain de 25 800 m2, les concepteurs ont pris le parti de libérer un espace central généreux et propice à la création d’une multiplicité de situations spatiales. Afin de briser le caractère insulaire de la parcelle, ils ont volontairement plié les lignes bâties en plusieurs points. Elles sont par endroits interrompues par des zones communes qui ouvrent autant sur l’extérieur que sur l’intérieur. Rien ne vient obstruer la zone centrale tandis que les locaux sociaux et publics prennent place en rez-de-chaussée, favorisant les échanges entre les habitants. Sur les toits, une promenade architecturale relie tous les bâtiments et intègre les environs. Ce « skywalk » est accessible à tous les résidents et combine des terrasses, des jardins et des aires communes. À la mixité du programme et aux multiples espaces communs et de circulation répond une variété de typologies de logements adaptées aux différentes configurations familiales d’aujourd’hui. En outre, une politique d’accompagnement assure la continuité du processus social d’appropriation participative.
Photos Wolfgang Thaler
STUDIO UEK, KÖB & POLLAK /SCHMOEGER, GOYA 319 LOGEMENTS VIENNE
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PLAN DU RDC
SYSTÈME DES CIRCULATIONS PARTAGÉES
MAÎTRISE D’OUVRAGE : Gesiba, Buwog, ÖSW MAÎTRISE D’ŒUVRE : Studio Uek, Arge Köb & Pollak/
Schmoeger ; Goya
SURFACE : 14 575 m2 (studio UEK) ; 5 557 m2 (Arge Köb
& Pollak/ Schmoeger ; 7 280 m2 (Goya) COÛT : 40,17 M € CALENDRIER : livraison 2013 AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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DOSSIER HABITAT ET EXPÉRIMENTATION
L’opération de la Sabalette constitue le premier exemple sorti de terre conçu à partir du procédé Sylvania développé par Aquitanis, l’OPH de la communauté urbaine de Bordeaux, dans le cadre d’une recherche d’industrialisation d’une partie de sa production neuve. Mis au point par les architectes de l’Atelier Provisoire, ce système constructif modulaire à ossature bois est adapté à des programmes individuels groupés et à des petits collectifs (du T2 au T5). Il s’apparente à une boîte à outils reposant sur un module de base de 3,70 m x 3,70 m qui se décline en pièces élémentaires qui s’assemblent dans de multiples combinaisons et mises en situation urbaines. Tout en tirant profit des atouts d’un procédé industriel reproductible (coût, délais, performance) auquel s’ajoutent différents habillages possibles des modules qui sont « customisés », le concept évite les écueils de la standardisation et génère une grande variabilité en termes d’écriture architecturale et d’usages. À Sainte-Eulalie, les architectes Gayet et Roger ont réparti le programme en trois bandes orientées nord-sud avec deux rangées de maisons individuelles et une autre, semi-collective au centre. Contraints par le PLU qui imposait des toitures à double pente et de tuiles plates, ils ont dessiné des maisons mitoyennes et traversantes dont les séjours sont ouverts au sud sur des jardins privatifs. D’une grande simplicité, les volumes des bâtiments sont animés par des éléments rapportés comme des auvents ou des pergolas. Les différentes typologies permettent de jouer avec la ligne des toits organisée en sheds sous laquelle s’identifie chaque habitation. Avec ses huit logements individuels (trois T3 et cinq T4) et ses six logements collectifs (cinq T2 et un T3), ce projet est emblématique d’une maîtrise d’ouvrage soucieuse de qualité. C’est la valeur ajoutée des architectes qui commandent un mode de production qui est privilégiée, et non pas l’inverse.
Julien Fernandez
GAYET ROGER 14 LOGEMENTS SOCIAUX SAINTE-EULALIE
PLAN DU RDC
0 2 5m
MAÎTRISE D’OUVRAGE : Aquitanis MAÎTRISE D’ŒUVRE : Gayet-Roger architectes mandataires, Pepitomicorazon (collectif). Math Ingénierie Bet ; Michel Sarazin, économiste
1 MODULE = 4 AMÉNAGEMENTS POUR 4 FONCTIONS
SURFACE : 1 113 m2 COÛT : 1,5 M€ HT CALENDRIER : octobre 2013 68
APPLICATION DU MODULE EN R+1
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Initié par l’IBA Hamburg 2013, ce projet de logements individuels et collectifs, organisé en quatre îlots en U, est l‘aboutissement d’un premier concours d’urbanisme remporté par Lan en 2008 sur le quartier de Wilhelmsburg. Il présente le double intérêt de revisiter le modèle des Terrassen – les maisons ouvrières locales –, et d’avoir été réalisé en concertation directe avec les habitants à travers la mise en place d’un accompagnement pédagogique qui s’apparente à une expérience sociale à part entière. C’est à l’issue d’une présentation publique que les futurs résidents ont choisi les architectes et se sont constitués en Baugruppen, à savoir ici un groupement de 80 particuliers désirant construire ensemble leur habitation et assurant le rôle de maîtrise d’ouvrage. Afin de répondre à l’hyperspécificité des familles tout en se mesurant à l’échelle du quartier, les concepteurs ont choisi de tirer parti des avantages du type de la Terrasse qui se caractérise par son homogénéité et une allée centrale piétonnière, et d’y associer les principes de la maison en bande. Pris dans un tout harmonieux, chaque bâtiment conserve son identité propre tandis que les logements aux multiples variations sont aménagés sur mesure (programmes, surfaces, finitions). Sans qu’aucune clôture ne vienne les interrompre, trois types d’espaces ont été définis : public avec le front sur rue, collectif et privé dans les cours intérieures avec des jardins partagés et privatifs ainsi que des terrasses individuelles. D’un impact limité, les places de parking sont closes et ont été réparties aux angles des bâtiments. Chacun des îlots compte six à dix logements et l’un d’entre eux abrite des celliers et une salle commune. Si elle procède d’une manière de faire qui n’est pas nouvelle en Allemagne, la qualité obtenue au final pour cette opération interroge sur le coût objectif du logement comparé à celui induit par une maîtrise d’ouvrage classique et unilatérale.
Photos Julien Lanoo
LAN 33 LOGEMENTS HAMBOURG
RDC
RDC
R+1
R+1
R+2
R+2
MAÎTRISE D’OUVRAGE : IBA Hamburg 2013 (concours, masterplan), Neue Hamburger Terrassen GmbH (logements) MAÎTRISE D’ŒUVRE : LAN, Umberto Napolitano et Benoit Jallon architectes SURFACE : 3 500 m2 COÛT : 5,7 M € TTC, soit 1 630 €/m² SHAB (hors
RDC
aménagements extérieurs CALENDRIER : livraison 2012-2013 AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
RÉPARTITION DES TYPOLOGIES
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DOSSIER HABITAT ET EXPÉRIMENTATION
BERNARD BLANC, DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AQUITANIS, OPH DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE DE BORDEAUX
«Il faut repenser la question de la rationalité à l’œuvre dans la réalisation du logement »
Jean-Christophe Garcia
L’expérimentation dans le logement exige un détour de production. Si l’on remet en jeu la valeur d’usage du logement, alors il faut que notre attention se porte sur la chaîne de valeur de fabrication. On parle de maîtres d’ouvrage alors que nous sommes, au-delà de ce statut particulier, des gestionnaires d’entreprises productrices modernes. Intéressons-nous à nos processus de production et faisons du « reengineering ». C’est déjà le cas dans l’univers entrepreneurial quand on se préoccupe de la qualité du produit-service en mettant en œuvre une démarche qui s’intéresse aux modalités du processus de production. Déplaçons notre regard du « produit » fini que nous nommons logement pour nous intéresser aux modes de production, aux modalités concrètes d’agencement des activités qui sont aujourd’hui définies, chez les promoteurs-bailleurs sociaux comme dans la plupart des entreprises, sur un modèle taylorien : élaboration du programme, conception du projet, réalisation de l’ouvrage, livraison-installation du logement. Les étapes de fabrication sont extrêmement découpées, les compétences distribuées sur de multiples opérateurs (monteur d’opération, architecte, bureau d’étude, entreprise du bâtiment, gestionnaire et pour finir utilisateur et habitant). Le processus s’étire dans une longue durée (2 à 3 ans), ajoutant des risques supplémentaires de pertes en ligne, d’allers et retours, de reprises, d’aléas de diverses natures, de conflits, etc. L’énergie de chaque opérateur se concentre sur l’affirmation de son rôle et de sa vision du projet, nécessairement en conflit avec l’opérateur situé en
Chantier en cours de 25 logements construits avec le système Sylvania (voir p. 68), Villenave-d’Ornon, Atelier Provisoire architectes. 70
amont ou en aval. Chacun étant armé de ses propres outils-instruments de production : cahier de prescriptions, programme, instruments de financement, plans, dessins, tracés, ratios, etc. La chaîne, censée produire une certaine valeur-logement au final, n’est qu’une juxtaposition, plus ou moins heureuse selon les projets (on dit bien que tel projet s’est bien passé et tel autre non), d’activités disjointes conduites par des opérateurs enfermés dans leur univers d’expert-propriétaire d’un morceau du processus qui pour chacun est l’élément clé du projet ! Cette « chaîne » d’activité, de par sa configuration sur un mode industriel, ne peut produire, in-fine et mécaniquement, qu’un logement standardisé.
Opter pour un processus en boucle Fort de ce constat, deux types d’expérimentations, nécessairement organisées selon la logique du « détour de production » (je détourne mon regard du logement pour le faire porter sur les modalités concrètes de sa fabrication) peuvent remettre en jeu la « chaîne de valeur » et avoir probablement un impact sur la « valeurlogement ».D’une part, il faut fusionner certaines phases du processus, ce qui exige de se doter de nouveaux artefacts (instruments) et, d’autre part, plus radicalement, passer d’un processus linéaire à un processus en boucle. On peut, en restant dans le séquencement actuel du processus, fusionner les moments de programmation et de conception, comme c’est le cas à Aquitanis dans le cadre de notre projet « Villas Métropole » avec l’agence d’architecture Atelier Provisoire. L’énonciation du programme et de la commande du maître d’ouvrage au maître d’œuvre et la première intention du concept-projet « logement » (souvent bâtiment) se fait dans un même mouvement. Les artefacts mobilisés sont de même nature pour les deux opérateurs : un moment de réunion fondé sur la narration. Ce moment conjoint est celui de la fabrication, au vrai sens du terme, d’un récit commun qui incorpore deux dimensions : celle de la production des visées partagées du projet et celle cherchant, par itérations successives, les voies et les moyens possibles pour « tenir » le projet. Les grands groupes du bâtiment adoptent une démarche similaire en faisant une offre globale aux maîtres d’ouvrage selon une logique de « conception-réalisation ». Ils fusionnent plusieurs activités du processus de fabrication de l’ouvrage et réduisent le nombre d’acteurs-producteurs au nom de l’efficience. On peut aller plus loin encore, comme c’est le cas avec notre projet « Locus Solus » d’habitat locatif participatif, et réunir dès la première phase, celle de l’intention, tous les acteurs, y compris les futurs occupants des lieux, en leur qualité de producteurs du projet. Cette « communauté pédagogique de production » avançant ensuite dans un processus de fabrication qui, à chaque étape, devra s’organiser en « boucle » pour faire tenir ensemble matérialité et idéalité du projet. n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
SOPHIE DELHAY, ARCHITECTE
JEAN-MICHEL LÉGER*, SOCIOLOGUE, CHERCHEUR ET ENSEIGNANT
« Je ne peux imaginer le “ vivre ensemble ” que si l’intimité est rendue possible »
« La relation habiter-architecture renvoie à une demande plurielle non satisfaite par la normalisation »
La fabrication du logement est aujourd’hui stimulée par l’aspect pluriel du regroupement domestique. Ce que nous appelions autrefois la famille est aujourd’hui devenu multiple, mouvant, protéiforme et le logement doit pouvoir rendre possible une multitude de réalités évolutives qui nous font sortir de la standardisation. À cet effet, je cherche des dispositifs, des systèmes ouverts, non finis, fertiles, qui puissent créer des possibles, des réceptacles de l’imprévisible. J’aime que les logements soient interprétables par les habitants, qu’ils déclenchent quelque chose qui s’appellerait l’appropriation, l’invention, la rencontre, le multiple pour soi et avec les autres.Quelque chose qui déclencherait le désir et la liberté d’habiter. Puisqu’il faut resserrer les logements sur le territoire, comment faire aussi pour que la densité devienne une valeur positive pour l’habitant ? Selon moi, en faisant en sorte qu’elle produise des proximités, des partages, de l’imprévu, de l’improbable, de l’« autre ». Je vois ces nouvelles conditions moins comme des contraintes que comme des leviers de projet. La petite échelle (celle de l’usage) et la grande échelle (celle du territoire) intimement liées forment les projets. Il n’y a pas deux situations à habiter, la ville d’un côté, le logement de l’autre, mais une seule, continue. En architecture, faire en sorte que cette continuité puisse être assumée est un acte politique. C’est pourquoi la décision des partages, plutôt que des limites, fonde à mon sens les projets. Le mot partage désigne à la fois ce qui rassemble et ce qui sépare : l’un ne va pas sans l’autre. Je ne peux imaginer le « vivre ensemble » que si l’intimité est rendue possible, mais j’aime brouiller la lisibilité, me dire que les limites du logement ne sont pas identifiables dans un ensemble, qu’on ne puisse dire si elles relèvent du collectif ou de l’individuel. J’aime quand les projets proposent une combinatoire de situations offertes aux habitants, les plus libres et inattendues possibles.
Les habitants de logements sociaux sont-ils des agneaux sacrifiés sur l’autel de l’expérimentation, ce que la représentation commune laisse entendre ? Nombre d’entre eux l’ont certes été, surtout lors des débuts endiablés du Plan Construction (1971), mais les habitants sont aussi pluriels que l’expérimentation, dont chaque dispositif nouveau devrait être examiné au cas par cas. En effet, bien que le mot d’ordre des architectes ne soit plus celui d’« apprendre à habiter », certains persistent à vouloir extirper des habitants leurs mauvaises habitudes (la quête d’intimité, de chezsoi, d’entre-soi, etc.). Il convient en réalité de distinguer les vieux démons et l’interrogation sincère issue de la relation habiter-architecture, quand elle renvoie à une demande plurielle non satisfaite par une réponse normalisée, dramatiquement appauvrie depuis la période 1950-1970. Car si les Trente Glorieuses ne l’ont pas toujours été, elles le restent en architecture, tout particulièrement dans la conception du logement, lorsque tant de projets intelligents et bien dessinés expérimentaient une nouvelle forme d’habitat destinée à de nouvelles manières d’habiter. On ne lancera plus de nouvelles politiques expérimentales en dehors de celles des performances environnementales, qui occultent toutes les autres. Dans ces conditions, l’inépuisable poudrière de l’imagination des architectes a d’autant plus besoin de l’étincelle des maîtres d’ouvrage. Or, d’une part, on les dit de moins en moins éclairés, de plus en plus aveuglés par la gestion de leurs affaires ; d’autre part, si elle n’est pas une ligne droite, la démarche expérimentale n’en suppose pas moins la poursuite d’une direction de recherche avec le soutien régulier d’un maître d’ouvrage, ce qui est certes peu compatible avec les conditions de la commande aujourd’hui. À cet égard, contrairement à ce que leur succession suggère, chaque projet de Lacaton & Vassal est autant un coup de dés qu’une capitalisation des expériences précédentes. Pour gagner, encore faut-il savoir risquer. Marche en avant et recul sur l’expérience sont bien le paradoxe du ballet de l’expérimentation.
EXPÉRIMENTATION D’UN MODULE TYPOLOGIQUE
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*Jean-Michel Léger est l’auteur d’« Usage », Éditions de La Villette, Paris, 2011
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Photographes : Dominique Gauthey / Laure Vasconi Création : boschyserret.com The world looks better® (Et le monde est plus beau)
Technal et Anne Démians L’îlot M9D4 est un immeuble de 55 logements qui s’inscrit dans un quartier en complète renaissance, dans le 13ème arrondissement de Paris. L’architecte Anne Démians, a mis à l’épreuve la frange ténue entre l’espace public et l’espace privé et donné une réponse appropriée, avec un élégant voile de métal tendu qui habille l’ensemble des façades. Pour les zones d’accès aux terrasses, la solution choisie a été celle des coulissants de la ligne LUMEAL de Technal, parfaitement adaptés à la philosophie du projet : opérer une fusion entre le logement et la ville qui l’entoure. Avec son module de 100 mm, LUMEAL offre un design de lignes pures et minimalistes, avec 68 et 77 mm d’aluminium visible sur le périmètre du châssis. Œuvre : Logements M9D4. Cabinet d’architecture : Architectures Anne Démians. Maîtrise d’ouvrage : Vinci Immobilier. Fabricant installateur Aluminier Agréé Technal : France2000. Solutions Technal utilisées : coulissants Lumeal.
www.technal.fr
The world looks better
ROBERT ANXIONNAT PENSER L’ESPACE DEPUIS L’INTÉRIEUR
Encore méconnu, l’architecte nancéien Robert Anxionnat a pourtant conçu l’aménagement intérieur de nombreux bâtiments administratifs dont les plus emblématiques sont les préfectures de Metz et de Bobigny, ainsi qu’une vingtaine de projets de maisons individuelles. Marqué par l’optimisme qui caracté-
REFERENCE
risait l’essor économique des Trente Glorieuses, il n’a eu de cesse d’explorer la notion de confort pour tous. Des constantes définissent ses projets, qu’ils soient uniques ou destinés à la production en série. Le mobilier est toujours produit par l’entreprise d’ébénisterie familiale. Un système architectural total intègre l’aménagement intérieur et le mobilier comme des éléments déterminants de l’agencement de l’espace. Très attaché à une pratique collaborative, il s’entoure tout au long de sa carrière de grands noms de l’architecture, qu’il s’agisse André Wogenscky, des frères Prouvé ou encore de Michel Folliasson. Par Karine Thilleul*
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R É F É R E N C E ROBERT ANXIONNAT
L
e fait que l’architecte Robert Anxionnat développe un mode de conception privilégiant l’aménagement intérieur est sans doute une spécifité inhérente à sa formation initiale dans la section « Volumes architecturaux » de l’École des beaux-arts de Nancy. De même qu’il a forcément été imprégné par l’esprit de l’entreprise d’ébénisterie familiale, la SADEM, dédiée au dessin et à la fabrication de meubles et d’éléments d’agencement intérieur. « Je ne crois pas au processus de pensée qui consiste, dans l’ancienne formule, à partir d’une esquisse à très petite échelle, pour aboutir aux détails (le fameux ‘parti choisi‘). Je crois au processus de pensée inverse grâce à l’industrialisation et au système des composants : on établit le projet d’ensemble à partir des détails pour progresser vers la ‘grande idée’» écrit-il vers 1977 dans un essai non édité intitulé Demain l’architecture. Cette conception, développée sous différentes formes pour des édifices publics, des maisons individuelles particulières ou des projets d’habitats préfabriqués, aboutit à des bâtiments dont l’intérêt ne réside pas uniquement dans les objets en eux-mêmes, mais également dans leurs rapports avec le contexte socioculturel dans lequel ils prennent place. Ils sont représentatifs d’une architecture originale marquée par les conditions économiques des Trente Glorieuses, qui tente de concilier les échelles humaines et industrielles, le singulier et la répétition.
Un héritier de l’École de Nancy Robert Anxionnat a d’abord exercé en tant qu’architecte d’intérieur, puis en tant qu’architecte inscrit à l’Ordre. La plupart de ses réalisations se situent en Lorraine, en Alsace, en Île-de-France, au Luxembourg, en Belgique et au Maroc. Diplômé de l’École des beaux-arts de Nancy en 1951, il devient par la suite directeur technique et artistique
du bureau d’étude de l’entreprise de son père, ébéniste, qui réalise notamment des vitrines et des aménagements intérieurs pour des magasins. En 1958, il crée sa propre entreprise, domiciliée à Laxou puis à Nancy, avant d’ouvrir en 1967 une seconde agence à Paris, rue de Surène, dans le 8e arrondissement. Il est alors sélectionné sur concours pour de grands projets publics, comme les préfectures de SeineSaint-Denis et de Moselle. Il préside également des jurys et siège notamment en tant que vice-président de la consultation d’architectes organisée par la Maison de Marie-Claire et Print international. Dans les années 70, il remporte plusieurs prix : lauréat du concours Western Union pour l’Hôtel d’Orsay en collaboration avec Alain Richard (1971), il est sélectionné pour l’exposition « Design en France » avec une publication dans le catalogue du même nom pour la « maison container » (1971) et remporte le label français d’esthétique industrielle pour la maison MAM (1974). En 1976, il obtient son inscription à l’Ordre des architectes pour laquelle il bénéficie d’une dispense de diplôme. Il remporte de nombreux concours, conçoit et construit beaucoup, des logements avec le soutien du Plan construction du ministère de l’Équipement et du logement (1972-1977), des villages de vacances, des maisons individuelles, des bâtiments administratifs. Les années 80 verront un ralentissement progressif de l’élan créatif des années 70, mais elles seront également marquées par des réalisations et des collaborations importantes, comme l’INRS de Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle) avec André Wogensky (1987). En 1990, à la fin de sa carrière, Robert Anxionnat ouvre une dernière agence à Montpellier. Parallèlement à ses activités d’architecte, il mène aussi une carrière d’enseignant, de 1953 à 1960, dans les écoles des Beaux-arts de Nancy et de Dijon, ainsi qu’à l’École nationale des arts appliqués de Metz, dans la section « Bâtiments et décoration » en tant que spécialiste de l’« esthétique industrielle ». Bien que les références de Robert Anxionnat semblent plutôt issues des écoles californiennes et finlandaises, son travail se révèle profondément imprégné d’un certain esprit régional. À l’instar de Jean Prouvé, fils de Victor Prouvé et filleul d’Émile Gallé, il peut être considéré comme un héritier direct de l’École de Nancy. Son père était ouvrier chez Louis
Publicité pour l’entreprise créée par le père de Robert Anxionnat, la SADEM, « Société d’aménagement, décoration et équipement mobilier ».
CI-CONTRE.
EN HAUT.
Parlement européen à Luxembourg, 1966.
Préfecture de Seine-Saint-Denis, Bobigny, 1971, en collaboration avec Michel Folliasson. EN BAS.
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R É F É R E N C E ROBERT ANXIONNAT
Majorelle avant de créer sa propre société de conception et de production de meubles et d’éléments de décor intérieur. Robert Anxionnat est très tôt sensible à la décoration et à l’esthétique industrielle, un domaine bientôt qualifié en France, au milieu des années 60, par le terme de « design ». Les recherches menées par Jean Prouvé illustrent bien l’influence qu’a pu avoir ce mouvement sur les générations qui sont encore en contact avec les créateurs de cette époque, laissant planer le rêve d’un art total qui soit aussi un « art pour tous ». Dans la continuité de ce courant d’idée, et en admirateur de Jean Prouvé, il poursuivra comme lui le rêve de la « grande série ». Il ne pourra d’ailleurs le concrétiser sous sa forme première innovante, basée sur l’industrialisation par composants, qu’à Blénod-lès-Pont-à-Mousson dans un projet de logement expérimental soutenu par le Plan construction. Robert Anxionnat participera cependant à différents projets de lotissements de maisons individuelles, mais dans un contexte plus commercial où les aspects techniques expérimentaux seront évacués. La seule collaboration tangible entre Jean Prouvé et Robert Anxionnat a lieu à l’occasion de l’exposition Eurodesign, « la première exposition d’esthétique industrielle organisée dans le cadre d’une foire ouverte au grand public », qui se tient en juin 1968 à Nancy, sous l’égide du ministère de l’Industrie. Robert Anxionnat est membre du comité d’organisation présidé par Jean Prouvé. À travers cette manifestation, tous deux entendent bien populariser le concept de « design » dans leur ville d’origine et contribuer par la même occasion à y faire renaître son éclat culturel (1). Les collaborations seront beaucoup plus nombreuses avec
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le frère de Jean, Henri Prouvé, qui construit durant la même période, à Nancy et en Lorraine, plusieurs villas d’une très grande qualité architecturale, faisant preuve des compétences acquises à l’École des beaux-arts de Paris et dans les ateliers de son frère, de 16 ans son aîné, qui lui confie très jeune de petites missions à ses côtés.
Des programmes publics prestigieux La réflexion sur l’espace intérieur menée par Robert Anxionnat trouve l’une de ses meilleures expressions dans des programmes prestigieux, pour de grands édifices publics ou commerciaux. Il remporte en 1965 le concours pour l’aménagement du Parlement européen à Luxembourg. Il collabore avec Louis Fleck pour celui de la tour des coopérateurs de Lorraine à Nancy, édifice qui reçoit l’Équerre d’argent en 1970. L’année suivante, en 1971, c’est en collaboration avec Michel Folliasson qu’il signe l’architecture
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intérieure de la préfecture de Seine Saint-Denis à Bobigny. Il achève également à cette période le siège du journal « Dernières nouvelles d’Alsace » à Strasbourg. Par ailleurs, les architectes en charge du projet de rénovation de la Préfecture de Moselle, Roger Zonca et Roger Gaertner, font appel à lui pour une mission de conception et d’exécution de l’aménagement intérieur de plusieurs salons prestigieux. Le programme de réfection et d’agrandissement de la préfecture de Moselle est ambitieux et sera achevé en 1974. Il comprend la salle du Conseil, des cabinets du préfet et du Conseil général, des salles de délibération, des bureaux et des locaux d’accueil du public. L’agence de Robert Anxionnat conçoit l’architecture intérieure, la décoration et l’étude complète du mobilier, ainsi que l’intégration des œuvres d’art. Il développe ainsi le système d’une architecture intégrant meubles et aménagements intérieurs comme éléments déterminants de l’agencement de l’espace. Un soin minutieux est apporté à la conception des détails, ainsi qu’au choix du mobilier et des revêtements muraux qui conjuguent harmonieusement matériaux précieux et industriels, palissandre et aluminium. Par la suite, les locaux d’accueil du public et plusieurs bureaux sont modifiés, mais les salles du Conseil, le bureau du préfet, et les salons demeurent inchangés, témoins d’une réflexion sur l’esthétique fonctionnelle où le luxe est traduit par la sobriété de la ligne.
La qualité de l’architecture de Robert Anxionnat trouve l’une de ses origines premières dans le souci constant qu’a l’architecte de répondre aux besoins des commanditaires. L’usage et la fonctionnalité apparaissent comme de véritables moteurs de sa conception architecturale.
La maison comme système total Dans ses projets pour des particuliers, la maison est généralement conçue comme un dispositif dans lequel le mobilier est partie prenante de l’architecture intérieure, laquelle détermine l’enveloppe extérieure. Les rangements, tablettes et niches sont présents à chaque niveau et conçus en fonction de l’usage de chaque espace. La cuisine, toujours très fonctionnelle, est dotée de multiples rangements, d’une table dépliante et d’un meuble passe-plat. Le mur n’est jamais une simple paroi et recèle toujours plusieurs fonctions. En 1955, dans ce qui est probablement la première résidence que l’on peut attribuer à Robert Anxionnat (2), la maison Morvan, rue du Carmel à Nancy, ce principe est déjà appliqué ; par la suite il sera répété dans de nombreuses réalisations. Les rangements se font paroi. La cuisine, de grandes dimensions, est séparée en deux parties : l’une est un espace « servi » où l’on mange, l’autre, un espace « servant » où se trouvent les équipements où sont préparés les repas. Ces deux parties sont séparées par un
Maison Brajzblat à Nancy,1957, en collaboration avec Henri Prouvé (en haut) ; tour des Coopérateurs de Lorraine, 1970, en collaboration avec Louis Fleck (en bas).
PAGE DE GAUCHE.
Centre administratif régional, Metz, 1974, vue d’une salle de réunion et plan du premier étage.
EN HAUT.
EN BAS. Maison Morvan, Nancy, 1956, vues de la façade sur jardin et de la cuisine.
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R É F É R E N C E
Lucie Pierron
ROBERT ANXIONNAT
Unicité et multiplicité L’idée d’un chalet métallique est née de l’association d’Anxionnat avec un industriel vosgien, entrepreneur de construction métallique à Rambervillers dans les Vosges. Ensemble, ils décident de concevoir et de réaliser un produit destiné à la série, mais qui soit également marqué par un signe de reconnaissance régional. Ils optent alors pour une typologie vernaculaire, celle du chalet. La première forme du projet est assez classique, puis Anxionnat choisit de supprimer les angles saillants. Le gabarit est ainsi mieux adapté au transport, qu’il soit routier ou ferroviaire, les dimensions du module (2,4 x 9 m en plan et 2,50 m en hauteur) correspondant aux dimensions maximales autorisées. Un convoi de deux modules placés bout à bout est donc de dimension légèrement inférieure à la longueur maximale de 18,75 m et à la largeur maximale de 2,55 m. Par ailleurs, cette nou-
Photos Karine Thilleul
meuble passe-plat dont les nombreux rangements sont accessibles des deux côtés. Le même système est repris dans la chambre parentale qui se présente comme un petit appartement privatif. Une fois passée la porte, on accède à un corridor dont l’une des parois est un grand dressing accessible également depuis la salle de bains située de l’autre côté. Par la suite, ces systèmes sont développés : cuisines, bureaux et chambres recèlent de nombreux dispositifs escamotables, plans de travail dépliables inclus dans l’épaisseur des parois. La majeure partie du mobilier est dessinée lors de la conception de la maison ; le soin apporté aux détails, aux parois, au rapport entre architecture et agencement intérieur est visible sur le plan. Les lits sont toujours équipés de petites tablettes latérales et la tête est incluse dans la paroi. La cheminée est l’élément central du plan, autour duquel s’organisent le salon, les espaces de circulation et les différentes ailes de la maison qui, disposées en deminiveau sur un site en forte pente, ouvrent chacune sur une terrasse. La même composition, privilégiant le foyer comme élément générateur des dispositions spatiales, est retenue pour la maison de Lunéville. Les matériaux sont très variés, presque hétéroclites, juxtaposés et combinés, révélant l’influence sous-jacente de maisons californiennes et de Richard Neutra. Les baies
vitrées, dont les menuiseries sont généralement réalisées sur mesure par l’entreprise familiale, sont de grandes dimensions. Tantôt horizontales, tantôt verticales, elles cadrent des vues sur le paysage qui s’offre au regard de l’habitant lors du parcours dans la maison, lequel est toujours dynamique, grâce aux espaces de circulation larges, bien éclairés et des liaisons fluides entre les différentes pièces. La fin des années 1960 voit la consécration du concept de série, célébré au travers de la culture pop, des travaux d’Andy Warhol, ou de la XIVe Triennale de Milan en 1968. Les Trente Glorieuses sont à leur apogée, et le rêve d’une consommation sans cesse renouvelée et transcendée par le biais de la grande série semble devenu réalité. Dans ce contexte, l’architecte commence à s’intéresser aux maisons industrialisées, et deux premiers prototypes sont présentés lors de l’exposition Eurodesign de 1969 : le chalet MAM et la maison en béton qui ne sera pas développée par la suite. Le chalet MAM – dont l’acronyme signifie « Maison modulaire » selon l’architecte – occupe une place à part dans la production d’Anxionnat. Conçu hors commande, il sera décliné sous différentes formes et de multiples versions, de 1968 jusqu’au décès de l’architecte en 1995, donneront lieu à plusieurs tentatives de commercialisation.
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velle forme, plus cellulaire, permet d’envisager l’imbrication des objets les uns dans les autres ; les cellules peuvent se développer au-dessus ou autour d’une cellule-mère, par juxtaposition, ou par superposition. De nombreuses variantes sont donc possibles et seront explorées sans relâche par l’architecte. Au-delà du procédé technique et de la stratégie commerciale, la série est présentée comme une solution urbanistique, comme le montrent les plans d’implantation à échelle territoriale où les systèmes de cellule se développent sans limite. Afin d’exploiter au mieux les dimensions réduites du module, et pour offrir un meilleur confort d’usage, l’intérieur est libre de tout élément porteur. La surface habitable est ainsi maximisée. Le salon, complété par une salle de séjour ou une salle de jeux dans la version duplex, offre un vaste espace libre. La structure est réalisée en acier et le bardage extérieur est également métallique ; les intérieurs sont travaillés en bois. La majeure partie du mobilier est incluse dans les parois des murs périphériques et des cloisons intérieures, tandis que le bloc salle de bains délimite les différents compartiments. Le travail sur la paroi équipée et la volonté d’offrir un maximum d’espace et de fonctions dans un module compact sont des constantes à toutes les versions du chalet. La complexité du mur impose de nombreuses recherches et des dessins de détails à l’échelle grandeur nature. Derrière la paroi d’apparence lisse et unitaire se dissimulent un bureau, un bar, des étagères, etc.Le chalet offre un espace où rien n’est clos, figé et déterminé, où l’usager à tout loisir d’exploiter à l’envi les possibilités multiples des parois. Dans le livret publicitaire qui le présente, Anxionnat explicite sa vision de l’architecture en empruntant une citation à Le Corbusier(4) : « Un édifice est comme une bulle de savon, cette bulle est parfaite et harmonieuse si le souffle est bien réparti, bien réglé de l’intérieur, l’extérieur est le résultat d’un intérieur.» Il complète cette référence par sa propre description du chalet : « Résolument pensée de l’intérieur vers l’extérieur, l’architecture de la maison modulaire concilie esthétique et fonction. Démontable et mobile, elle s’adapte à n’importe quel sol […]. Son architecture nouvelle prépare la transition qui va s’opérer entre l’habitat classique
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et celui de l’an 2000. » La maison MAM s’affirme comme un projet pédagogique à usage du grand public, une réalisation transitionnelle destinée à préparer les usagers non spécialistes au passage des traditions passées vers la modernité radicale espérée dans le futur. Ses auteurs veulent en faire une architecture accessible à tous : le chalet métallique serait une version hybride de la maison préfabriquée, conciliant passé et présent, et échappant ainsi au risque de rejet dont sont victimes les architectures dites modernes. « Il s’agit autant d’esthétique que de fonction ; cette maison est placée sous le signe du mouvement dans l’espace, et aussi dans le temps. […] Par cette résidence, la compréhension de l’architecture moderne va s’accélérer », écrit alors Anne-Marie Raimond dans la revue Elle (5). Le chalet MAM est conçu en quelques mois : les premiers plans datent du début de l’année 1968 et le brevet est déposé dès juillet. Dans les années 1970, en dépit de plusieurs projets de commercialisation montés avec des industriels et des promoteurs immobiliers, le chalet MAM reste cependant à l’état de prototype. On sait que l’un d’entre eux a été réalisé avant le mois de juin 1969, puisqu’il est exposé à cette date à l’exposition Eurodesign de Nancy. En 1974, le jury
Maison à Nancy, 1975, plan du rez-de-chaussée et vue de la façade sur rue.
CI-DESSUS.
PAGE DE GAUCHE.
Maison à Sarrebourg, 1968. Maison à Lunéville, 1966, vues de la façade sur rue et du salon. EN HAUT. EN BAS.
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Maison MAM, vue extérieure d’un prototype, plan de la version trois modules, photographie du montage lors de la manifestation Eurodesign à Nancy (1969), vues intérieures de la cuisine et du salon.
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1. « Eurodesign. Au parc des expositions de Nancy, nouveaux succès du salon-colloque de l’esthétique industrielle », L’usine Nouvelle, n° 37, 11 septembre 1969, p.44. 2. Une autre réalisation antérieure à cette date est connue : il s’agit de la maison Herr (1954), rue du Dr Bernheim à Nancy, dans laquelle Anxionnat est chargé uniquement de l’architecture intérieure. 3. Il est également possible que le nom ait été choisi pour représenter le nom de l’architecte et de deux entreprises pressenties pour participer à sa fabrication, les
Photos et documents Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle fds R. Anxionnat/AMAL
de l’Institut français d’esthétique industrielle (ministère de l’Industrie) attribue à la maison modulaire le label français d’esthétique industrielle « Formes et Industries ». En définitive, seuls quatre exemplaires seront réalisés. Le coût annoncé en 1969 dans Elle pour l’achat d’un chalet MAM est de 72 000 F pour 60 m2 et ne laisse à la charge supplémentaire de l’acquéreur que les frais de préparation du terrain et de raccordement aux réseaux. Le délai de montage prévu est de 2 à 6 jours. Le prix restant raisonnable au vu des tarifs pratiqués à l’époque, il est probable que l’échec du projet soit à chercher dans la coordination des différents fabricants. De nombreux partenariats sont ébauchés, plusieurs filières de construction expérimentées successivement, mais ne se révèlent pas de taille à finaliser une production en série. Par ailleurs, en dépit des expositions et des publications qui présentent le prototype au public, la clientèle intéressée par ce produit hybride ne semble pas se manifester en grand nombre. L’idée de mobilité, de mouvement dans l’espace et dans le temps, a davantage de sens dans un pays comme les ÉtatsUnis où la culture du voyage et de l’automobile est plus ancrée qu’en France. Un projet ultérieur pour une maison réalisée sur la base de modules en matières plastiques transportables par container rencontrera des difficultés de commercialisation similaires. Pour Robert Anxionnat, l’esthétique de la répétition ne peut être conçue qu’en hommage à l’individualité, à l’unicité de chaque personne et de chaque mode de vie. Si les poncifs de la série sont intégrés dans sa production, ils donnent paradoxalement lieu à des compositions uniques, où les objets préfabriqués s’adaptent en fonction du topos. La série n’est donc finalement pas recherchée comme un but en soi, mais comme un moyen d’offrir à moindre coût l’accès au confort et à l’expression individuelle, à travers une multiplication des possibilités. Depuis les maisons conçues pour des commanditaires privés jusqu’aux projets de lotissements et d’urbanisme, la réflexion autour du composant change d’échelle sans que certains principes, nés d’une réflexion autour de l’usage, ne varient. Mais si la répétition des éléments d’agencement intérieur produits par la SADEM présente un intérêt économique et aboutit à des habitats individuels d’une qualité architecturale honorable, la transition vers la grande série et l’industrialisation ouverte se révèle plus délicate, étant dépendante d’un certain nombre de contingences extérieures. Imprégné par l’optimisme économique des Trente glorieuses, Robert Anxionnat fait ainsi partie d’une génération nouvelle, associée à la consommation de masse, celle des architectes d’intérieur qui expérimentent la notion de confort pour tous.
Croquis pour l’aménagement intérieur d’une maison.
ROBERT ANXIONNAT (1928-1995) 1928 : naissance à Nancy 1946 : début des études à l’École des Beaux-arts de Nancy, dans la section spécialisée en architecture intérieure, « Formes et Volumes ». 1951 : diplôme de l’École des Beaux-arts de Nancy 1952 : premier prix des fonderies de Pont-à-Mousson pour un stand d’exposition itinérant 1953-1958 : directeur technique et artistique du bureau d’étude de la SADEM, l’entreprise d’ébénisterie et d’installation de magasins de son père 1956 : maison Morvan à Nancy 1958 : création de son entreprise d’architecture intérieure, domiciliée à Laxou puis à Nancy 1966 : aménagement intérieur du Parlement européen à Luxembourg ; maison à Lunéville 1967 : création d’une seconde agence à Paris 8e 1968 : maison à Sarrebourg 1968-1969 : participation aux deux sessions de l’exposition Eurodesign à Nancy, présidée par Jean Prouvé 1970 : aménagement intérieur de la Tour des Coopérateurs de
Lorraine à Nancy, avec Louis Fleck 1971 : aménagement intérieur de la préfecture de Seine-Saint-Denis à Bobigny, avec Michel Folliasson 1973 : maison à Malzéville 1974 : aménagement intérieur du centre administratif départemental de la Moselle à Metz avec Roger Zonca et Roger Gaertner ; la maison MAM remporte le label français d’esthétique industrielle 1975 : maison à Nancy 1976 : Inscription à l’Ordre des architectes pour laquelle il bénéficie d’une dispense de diplôme 1977 : lotissement « Les longues Rayes » à Blénod-lèsPont-à-Mousson, avec le Plan Construction ; aménagement intérieur du Palais des Congrès à Nancy 1981 : clos du Cardinal Mathieu à Nancy 1987 : centre de formation et de recherche INRS à NeuvesMaisons, avec André Wogensky 1990 : création d’une dernière agence à Montpellier 1995 : décès à Nancy
entreprises Millet (Château-Salins, Moselle) et Munch (Frouard, Meurthe-et-Moselle). 4. Le Corbusier, citation présentée dans le document publicitaire, CEPRO, La maison modulaire, une architecture nouvelle pour le mieux vivre de la famille, Grenoble (vers 1975) 5. Robert Anxionnat cit. par Anne-Marie Raimond, « Les architectes réinventent la maison individuelle », Elle, n° 1235, 18 août 1969, p. 80-83, p. 100-102.
* Karine Thilleul est titulaire du diplôme d’architecte DPLG, docteur en Histoire de l’architecture (ENSA-Versailles), chercheur associé au LHAC et enseignante à l’ENSA-Nancy.
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RÉHABILITATION THERMIQUE
La surconsommation d’énergie et l’inconfort thermique affectent de nombreux immeubles anciens, notamment ceux construits trop vite dans les années 1950-1970. Des interventions techniques, telles que le remplacement des équipements obsolètes (chaudière, VMC, etc.), celui des menuiseries, et une bonne isolation, si possible par l’extérieur, permettent de remédier à ces défauts. Mais l’enjeu d’une réhabilitation thermique se situe aussi au-delà des kilowatts/heure économisés et de la température ambiante. Il s’agit de rendre des bâtiments dégradés habitables (c’est le minimum), voire attractifs (c’est mieux). C’est donc l’ensemble du bâti qu’il faut traiter, y compris la structure qui doit fréquemment être renforcée. De même, il est parfois utile de reconfigurer les espaces pour les adapter à des modes de vie et des exigences qui, en cinquante ans, ont évolué en profondeur. Enfin se pose la question de l’identité, du statut et de l’image du bâtiment. Dans un passé récent, quelques rénovations hâtives, à grand renfort de pignons habillés de polystyrène caché sous un enduit bariolé, trahissaient une intervention superficielle. Dans les exemples de ce dossier, les façades ont été restaurées, voire transfigurées, afin de conférer au bâtiment une dignité lui permettant de connaître une nouvelle vie qui durera plusieurs décennies.
DETAILS
Dossier réalisé par Jean-Pierre Ménard
DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE TANK
UN MANTEAU DE CAISSONS BOIS PRÉFABRIQUÉS Construit en 1976, ce groupe scolaire de 19 classes présentait une architecture banale et son bâti était quelque peu défraîchi. Le maître d’ouvrage a souhaité se montrer exemplaire en programmant une réhabilitation relevant du label Passivhaus. L’ensemble du site, y compris les espaces extérieurs, a été requalifié selon une démarche HQE. Les deux bâtiments d’origine, autrefois séparés, sont maintenant réunis dans un volume à l’équerre entièrement recouvert d’un « manteau » de caissons bois préfabriqués. Une première phase de déconstruction a révélé la présence d’une ossature béton sous-dimensionnée ayant subi d’importants dommages. Seuls les composants de base – poteaux, poutres, hourdis – ont été conservés, en bénéficiant de nombreux renforcements. La nouvelle enveloppe est constituée d’un squelette de bois fixé de dalle en dalle. Des panneaux OSB (12 mm) et des panneaux pare-pluie (22 mm) viennent fermer des caissons dans lesquels sont insufflés 300 mm de ouate de cellulose. Conçue sur le même principe, une nouvelle toiture est portée par une charpente en lamellé-collé. La vêture extérieure est un bardage de lames verticales en mélèze de section 20 x 70 mm. Ces lames sont rabotées sur trois faces, mais leur surface apparente reste brute de sciage. Cette technique autorise une pose ajustée qui confère aux façades un rendu bois brut le plus naturel qui soit. Les menuiseries extérieures sont également toutes en bois. Exacerbant la notion de façade épaisse, les caissons sont disposés en applique des façades, se substituant au remplissage brique d’origine.
1 2 3 4 5 6 7
COUPE VERTICALE SUR LA FAÇADE D’UNE CLASSE
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Bardage bois mélèze Tasseaux horizontaux Tasseaux verticaux Pare-pluie rigide fibres de bois 20 mm Ossature bois avec remplissage 300 mm ouate de cellulose Panneau OSB contreventement 20 mm + frein vapeur (jonctions) Chassis bois Montants bois verticaux Protection solaire bardage bois ajouré sur structure bois
LIEU : Roubaix (Nord) MAÎTRISE D’OUVRAGE : Ville de Roubaix ; ADA
8650
Environnement, AMO HQE et Passif MAÎTRISE D’ŒUVRE : Tank Architectes, Olivier Camus & Lydéric Veauvy architectes ; Most, BET structure ; Sodeg ingénierie, BET TCE ; LeblancVenacque, paysagiste PROGRAMME : restructuration extension, selon le
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2110
6160
2740
6010
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label Passivhaus, du groupe scolaire Buffon COUPE HORIZONTALE AVEC LES MENUISERIES BOIS DANS LE PROLONGEMENT DE L’ISOLATION
SURFACE : 4 160 m² SHON ; 2 486 m² SU COÛT : 9,2 millions d’euros HT 84
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2m
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Toitures végétales
Capteurs solaires
Local vélos
Des matériaux écologiques
Protection solaires
Julien Lanoo
Récupérateur des eaux de pluie
La physionomie du bâtiment est totalement transfigurée par la nouvelle enveloppe et ses brise-soleil en bois.
EN HAUT.
La structure d’origine en béton a été dénudée et renforcée, avant d’être habillée d’une enveloppe isolante.
CI-DESSUS.
Les caissons bois préfabriqués de la nouvelle enveloppe intègrent 300 mm de ouate de cellulose insufflée in situ.
Photos : TANK Architects
À GAUCHE.
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Atelier Dupont
DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE ATELIER DU PONT
UNE PEAU MÉTALLIQUE TRIDIMENSIONNELLE Cet immeuble R+4 était représentatif du « style » d’une certaine architecture du logement social dans les années 1970, avec une structure béton sur dalle et des façades rideaux superposant menuiserie à simple vitrage et allège préfabriquée. Sa rénovation s’inscrit dans le GPRU (Grand Projet de Renouvellement Urbain) du nord de Paris. Un réaménagement de l’intérieur avait débuté quand l’Atelier du Pont fut sollicité pour réfléchir à la réhabilitation des façades. Le cahier des charges fixait comme objectif d’atteindre le niveau de performances énergétiques requis par le Plan climat de la Ville de Paris, soit 80 kWh/m²/an, ce qui représentait un vrai défi sur un bâtiment décrit par ses occupants comme une véritable « passoire thermique ». Trois grands principes se sont imposés : créer une enveloppe légère afin de ne pas surcharger le bâti, intervenir de l’extérieur et privilégier les filières sèches pour limiter les désagréments pour les résidents et le voisinage. La solution retenue va au-delà d’une simple réhabilitation thermique. La moitié de la façade principale, celle épargnée par l’ombre portée d’un immeuble de grande hauteur, reçoit des balcons agrandissant l’espace vital des logements qui en bénéficient. Ces balcons métalliques, qui se retournent sur le pignon ensoleillé, sont suspendus à des plots et poutres béton situés en terrasse. L’ensemble des façades reçoit une vêture associant 15 cm d’un isolant à base de laine de roche et un bardage acier fortement nervuré (ondes de 54 mm), prélaqué d’une couleur métallisée dorée.
LIEU : square Vitruve, Paris XXe arrondissement PROGRAMME : réhabilitation lourde en site occupé d’une barre de 56 logements sociaux construits sur dalle dans les années 1970 MAÎTRISE D’OUVRAGE : France Habitation ;
Semaest, aménageur MAÎTRISE D’ŒUVRE : Atelier du Pont, AnneCécile Comar, Stéphane Pertusier, Philippe Croisier, architectes ; EVP, BET structure ; Plan 02, BET HQE ; RPO, économiste SURFACE : 3 285 m² SHON (dont 227 m² créés) COÛT : 1,8 million d’euros HT 86
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Photos : Luc Boegly
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La façade isolante rapportée et les balcons sont suspendus à des poutres en acier et des plots en béton ancrés sur le toit terrasse.
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COUPE VERTICALE SUR FAÇADE
1. 2. 3. 4.
Poutre profilé acier IPE 360 Caillebotis acier galva Rive de balcon profilé acier UPE 160 Suspente structure de balcons plat acier 50 x 20 5. Persienne fixe alu 6. bardage nervuré vertical acier laqué 7. Pare pluie 8. Isolant 9. Précadre 10. Volet roulant 11. Porte-fenêtre menuiserie alu bois AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
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12. Châssis existants déposés 13. Suspente structure de balcons plat acier 50 x 20 14. Persienne fixe alu 15. Garde-corps : cadre plat acier + barreaudage vertical acier 16. Séparatif tôle perforée 17. Rive de balcon profilé acier UPE 160 18. Platelage bacs tôle acier lamé 19. Profilé acier HEA 140 20. Traverse structure de balcons profilé acier UPE 160
SCHÉMA STRUCTUREL
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DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE HILD UND K
UNE NOUVELLE FAÇADE UNITAIRE EN BRIQUE Cet immeuble appartient à un ensemble de bâtiments universitaires de styles et d’époques variés. Il a été construit en 1963 sur les plans de l’architecte Franz Hart. Ses façades urbaines se distinguaient par la superposition d’un socle haut de deux niveaux et de trois étages, relevant de deux géométries différentes. Le socle était caractérisé par une succession de colonnes, alors que les baies en retrait des étages s’inscrivaient dans une sorte de damier. Le tout était édifié en béton brut, avec des remplissages préfabriqués. Le cabinet Hild und K donne une cohérence inédite à ces volumes au moyen d’un système de double mur intégrant une isolation par l’extérieur. La structure d’origine a été dégagée et renforcée, avant la mise en place de 160 mm de laine minérale. Le parement de cet isolant constitue une nouvelle façade ventilée. Alors que le bâti ancien s’est avéré assez frêle pour un immeuble de cette taille, l’épaisseur de la façade neuve en brique atteint ponctuellement 42 cm d’épaisseur. Cette paroi est construite à partir d’un unique module de terre cuite de 240 x 115 x 40 mm. Elle est solidarisée avec la structure béton par des équerres en inox. La composition actualise le rythme vertical des colonnes sous la forme de contreforts qui s’élèvent jusqu’à R+3. De nouvelles fenêtres en aluminium sont posées au nu extérieur vertical de la nouvelle façade d’épaisseur constante à leur endroit, soit 115 mm. Une certaine unité d’aspect des matières (briques de couleur grise miroitantes, aluminium, vitrages) et la modénature, à la fois aléatoire dans ses courbes et régulière par sa hauteur, des contreforts confèrent à l’édifice une dignité intemporelle. La création d’une nouvelle entrée en relief et la rénovation des vitraux du hall toute hauteur sont programmés. LIEU : Munich (Allemagne) MAÎTRISE D’OUVRAGE : Freistaat Bayem MAÎTRISE D’ŒUVRE : Hild und K, Andreas Hild et Dionys Ottl, architectes PROGRAMME : reconversion et réhabilitation d’un immeuble de l’Université technique de Munich SURFACE : 8 300 m² COÛT : N. C. 88
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Photos : Michael Heinrich
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K
Hild Hund K
K
Auparavant marquée par la superposition de deux expressions architecturales différentes, la façade est maintenant unifiée par une véritable muraille et ses contreforts en briques de couleur grise miroitante.
EN HAUT.
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COUPE VERTICALE SUR FAÇADE
1. Matériaux de façade : brique de parement (240 x 115 x 40 mm), vide d’air de 90 mm, isolation thermique en laine minérale (160 mm), structure existante en béton armé (140 mm) 2. Fenêtres menuiseries aluminium 3. Double vitrage (8/10/24 mm) AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
EN BAS. La structure d’origine a été dégagée et renforcée pour reconfigurer les espaces et permettre la création d’une enveloppe isolée par l’extérieur.
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DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE ATELIER KEMPE THILL
UNE PEAU DE VERRE POUR UN GRAND ENSEMBLE
Cette cité compte neuf barres en R+10 de 125 m de longueur chacune, abritant quelque 1 100 logements, non loin de l’aéroport d’Amsterdam. Conçus sans architecte, ces bâtiments ont été construits en fonction des possibilités techniques et de l’intérêt économique de l’entreprise. En dehors d’une surface correcte des appartements, traversants et vitrés de part et d’autre, ce grand ensemble n’avait guère d’atouts à faire valoir. Un rez-de-chaussée entièrement opaque, puisque réservé à des locaux de stockage, rendait ces immeubles peu accueillants, avec leurs entrées à peine visibles dans une « muraille » peinte en brun. Un motif de lignes horizontales de couleur marquant les planchers tentait de façon dérisoire d’égayer des pignons aveugles. À la fin des années 1990, en raison notamment de l’absence d’isolation, du dysfonctionnement 90
de nombreux équipements techniques et de divers problèmes sociaux, le maître d’ouvrage a organisé trois concours d’architecture qui n’ont pas eu de suite. Dix ans plus tard, l’Atelier Kempe Thill est donc le premier à tenter de donner une seconde chance à ce grand ensemble, avec la volonté de l’inscrire rétrospectivement dans la perspective d’un « modernisme classique ». Un diagnostic approfondi a conclu que l’état de ces constructions était « bien pire qu’attendu ». Après une longue période de réflexion et de concertation, un budget acceptable fut enfin dégagé et la démolition définitivement exclue. Ironie de l’histoire, le projet recourt à des solutions constructives relevant d’une taylorisation méthodique. La majorité des interventions ont été réalisées de l’extérieur au moyen de composants préfabriqués. Seul dérangement réel pour les
résidents, ils ont été logés à l’hôtel pendant les deux jours nécessaires pour le remplacement des anciens murs-rideaux par des éléments tridimensionnels entièrement vitrés. Les pignons ont été isolés par l’extérieur et habillés d’un parement en brique. Le pari semble gagné d’offrir à ces bâtiments une image moderne et des prestations au goût du jour.
LIEU : Uithoorn (Pays-Bas) MAÎTRISE D’OUVRAGE : MAÎTRISE D’ŒUVRE : Atelier Kempe Thill, architecte PROGRAMME : transformation d’un grand ensemble de 1 100 logements sociaux COÛT : N. C. n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
Solar thermal collectors for water heating
Additional termal insulation layer New brick facade Additional new entrance hall Renovation of all straircases
Kempe Thill
Photos : Ulrich Schwarz
New fasade structure New glass ballustrades
Axonométrie montrant les quatre interventions majeures : nouveaux halls d’entrée en relief, façades vitrées avec balcons, pignons isolés par l’extérieur revêtus de briques, capteurs solaires pour l’ECS en terrasse.
EN HAUT.
DR
EN BAS. À la composition un peu archaïque des façades anciennes a été substituée une enveloppe « moderne » presque intégralement vitrée.
BEFORE
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AFTER
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DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE VIRIDEN + PARTNER
CRÉATION D’UNE ENVELOPPE SOLAIRE Cet immeuble d’angle en R+5 en centreville a été édifié en 1962. Il abritait alors trois commerces et six logements. Les commerces ont été rénovés en profondeur et l’aile sud partiellement rehaussée de R+1 à R+5 pour créer un volume homogène. La surface habitable a augmenté de 56 % et une réorganisation spatiale a permis de porter le nombre de logements sociaux à 22. Outre ces transformations portant sur la volumétrie, l’intervention la plus spectaculaire est la création d’une enveloppe dédiée à l’exploitation des apports solaires : gains directs par les baies vitrées sud et ouest, panneaux photovoltaïques et capteurs thermiques pour l’ECS. Les murs et la toiture ont reçu une importante isolation, de respectivement 28 et 32 cm d’épaisseur. Les baies sont équipées de cadres en aluminium portant des menuiseries bois à triple vitrages et des stores extérieurs à lamelles. Les surfaces opaques des façades et les garde-corps des balcons sont revêtus de 295 m² de panneaux photovoltaïques monocristallins. Cette centrale photovoltaïque verticale se déploie également en toiture sur 146 m², jouxtant 69 m² de capteurs thermiques. Ces derniers alimentent un énorme stockage de 60 000 litres, haut de 7 m, installé dans la cage d’un ancien monte-charge. Une PAC air-eau réversible garantit un bon confort en toute saison. L’ensemble de ces dispositions se traduit par une réduction de 70 % de la consommation globale d’énergie et la centrale photovoltaïque pourvoit à 107 % des besoins en électricité de l’immeuble. L’architecture solaire du bâtiment renouvelle radicalement l’image d’un immeuble de logement urbain, en préservant quelque chose de l’indéfinissable « qualité suisse ».
LIEU : Romanshorn (Suisse) PROGRAMME : rénovation extension d’un immeuble
de centre-ville MAÎTRISE D’OUVRAGE : Eco Renova MAÎTRISE D’ŒUVRE : Viriden + Partner AG, Photos : Reto Martin
architecte SURFACE : 2 361 m², dont 844 pour la surélévation
partielle COÛT : 7,3 millions de francs suisses 92
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Wärmedämmung
Hinterlüftungsöffnung Aluminiumzarge einbrennlackiert
Viriden
Rafflamellenstoren
PV-Fixierklemme PV-Modul Fassadenkonstruktion PV-Unterkonstruktion
Viriden
Hinterlüftungsebene
COUPE SUR FAÇADE RECOUVERTE DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES
0
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25 cm
Vue du chantier pendant l’agrandissement du bâtiment vers le sud par surélévations de R (commerces) ou R + 1 à R + 5.
EN HAUT.
EN BAS. Les façades reçoivent quelque 28 cm d’isolation par l’extérieur, qui seront recouverts de panneaux photovoltaïques.
PLAN D’ÉTAGE MONTRANT L’EXTENSION
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DÉTAILS RÉHABILITATION THERMIQUE ACTUA
Christian Lauthier
Les 980 chambres de cette cité universitaire sont réparties dans sept pavillons. Une première tranche de travaux a porté sur les bâtiments 1 et 5, respectivement conçus par Fernand Pouillon en 1957 et par Levasseur et Brunschivo, « à la façon » de Pouillon, en 1962. Une concertation avec l’ABF a défini le programme d’une réhabilitation devant à la fois répondre à des exigences thermiques et acoustiques actualisées, offrir aux résidents un confort aux standards actuels et moderniser en la respectant une architecture répertoriée au Patrimoine architectural contemporain. En dépit d’une hauteur plafonnant à R+2 ou R+3, ces bâtiments en imposent par leur « solide » composition orthogonale, matérialisée dans la masse de la pierre ou du béton et dans une écriture typique du style de Pouillon. Afin de préserver cette composition, les architectes ont prescrit une isolation par l’intérieur des façades en pierre apparente. La trame structurelle carrée des chambres en béton a aussi été respectée. Les principales interventions ont concerné un réaménagement interne complet et un changement des remplissages. Les « séquelles » de rénovations antérieures ont été démontées. Les remplissages existants ont été remplacés par des modules à ossature bois isolés par 10 cm de ouate de cellulose insufflée. Un parement mince (8 mm) en fibre ciment réintroduit une matière minérale pérenne dans une façade bois se prêtant à une préfabrication et à une mise en œuvre propre et rapide. Dans le bâtiment 5, les panneaux de façade sont fixes, alors que des volets pliants extérieurs équipent le pavillon 1. Les architectes ont ensuite procédé dans le même esprit à la réhabilitation des bâtiments 2 et 3, mais avec des panneaux coulissants. Des surfaces colorées rajeunissent la cité des Gazelles, sans compromettre sa dignité structurelle.
Actua
DANS UN ORDONNANCEMENT SIGNÉ POUILLON
Autrefois divisées visuellement en quatre parties, les alvéoles inscrites dans une structure orthogonale sont maintenant « animées » par des panneaux coulissants verticaux pastel.
EN HAUT.
COUPE SUR FAÇADE
LIEU : Aix-en-Provence MAÎTRISE D’OUVRAGE : Crous d’Aix-en-Provence MAÎTRISE D’ŒUVRE : Actua, architecte ; P3G, BET TCE PROGRAMME : réhabilitation de pavillons universitaires SURFACE : 5 743 m² SHON (pavillons 1 et 5) COÛT : 3,8 millions d’euros HT 94
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1. Rail de coulisse engravé. Fixation à 120 mm du nez béton 2. Ba13 3. Placomur TH38 20 mm 4. Tasseau horizontal bois 30 mm 5. Pare vapeur 6. Montant bois vertical 7. Ouate de cellulose projeté 100 mm 8. Pare pluie 9. Panneau OSB 10. Bardage extérieur fibro ciment 11. Panneau coulissant fibro ciment sur ossature métal 12. Rail de guidage bas 13. Bavette de protection 14. Polystyrène extrudé 60 mm 15. Goutte d’eau 16. Habillage tableau tôle alu laquée 17. Menuiserie alu – allège fixe sablée. Partie ouvrante à la française n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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TRANSPARENTS TRANSLUCIDES
La transparence et la translucidité sont des propriétés que l’on attribue d’emblée au verre, au plastique, au polycarbonate ou encore à l’acrylique, mais désormais grâce aux nouvelles technologies et aux assemblages composites, on peut associer cette qualité à des produits très compacts. Ainsi, avec la microperforation ou l’ajout de fibres optiques, le bois n’est plus forcément synonyme d’opacité. Fines feuilles de béton ou de quartz, LED intégrées dans la mélamine, résille de cuivre, papier texturé, voile de polycarbonate et dalles en gel polyuréthane sont autant d’innovations qui recèlent la translucidité là où on ne l’attendait pas. Combinés à une lumière ponctuelle ou naturelle, ces matériaux aux épaisseurs et textures très variées se prêtent à de multiples applications en intérieur comme en extérieur. Dans cette sélection, les panneaux décoratifs côtoient ainsi des dispositifs de confidentialité, des brise-soleil et des absorbeurs acoustiques. Architectes, designers et scénographes ont dorénavant à leur disposition une large palette de matériaux et procédés pour mieux maîtriser la lumière et jouer avec elle.
MATERIAUTHEQUE
Manon Pierre
Rubrique réalisée en collaboration avec
de FCBA
MATÉRIAUTHÈQUE
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KOOSHADE Écran de protection extérieur constitué d’un tissage de microlamelles de bronze tendu dans un cadre en profilé d’aluminium extrudé anodisé ou protégé par une peinture époxy. L’écran génère une ombre portée même avec un soleil rasant (50 % d’arrêt) et supprime l’éblouissement tout en assurant une lumière naturelle à l’intérieur et une parfaite visibilité vers l’extérieur.
acoustiques (NRC 0.45 à 0.55) en acrylique / PETG, pourvus de micro-fentes taillées au laser. Lorsqu'une onde sonore rencontre une plaque absorbante, l'air entre les micro-fentes se met à vibrer, causant une perte d'énergie. Contrairement aux matériaux poreux, ces absorbeurs acoustiques ont l'avantage de diminuer les risques d'allergie et d'occuper peu d'espace. Disponibles en plusieurs coloris dans des dimensions standard 600 x 600 mm et 1 200 x 600 mm.
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PLASTIQUES PANEL ABSORBER
INCLUSION NIDALU
1 KOOLSHADE®
DEAMP Gamme d’absorbeurs
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LAMELLUX Panneau composite associant une résine à
un panneau nidd’abeilles aluminium. La résille métallique laisse aisément passer la lumière, tout en floutant les formes, résolvant les problématiques de confidentialité. Le produit existe en lissé ou gougé, et des résines de couleur, translucides ou opaques, peuvent être envisagées. Une finition satinée effet givré est également possible. 4 LIGHTBEN ACOUSTIC™
BENCORE Panneau acoustique composé d’une âme alvéolaire (avec cellules cylindriques) translucide en polycarbonate, protégée par une résine en co-polyester
micro-perforée, de 1 mm d’épaisseur. Le produit combine de bonnes qualités acoustiques (NRC : 0.45) et de transmission lumineuse. Il présente les caractéristiques suivantes : épaisseur : 17 mm ; largeur : 1 000 mm ; longueur : 3 015 mm ; poids : 3,9 kg/m2. 5 SENSITILE JALI
SENSITILE Inspirés des traditionnels écrans indiens en pierre perforée, ces panneaux de polymères transmettent la lumière tout en créant des jeux d’ombres variables, en fonction des cinq modèles proposés. Très résistants, ils peuvent
cependant être découpés et mis en œuvre pour épouser une courbe. Disponibles en finition mate ou brillante, dans des dimensions minimales 100 x 200 x 13 mm et maximales : 1 900 x 2 400 x 25 mm. 6 DÉCO
FLORENT BOISSONNET Verre transparent, teint dans la masse ou en surface avec des reliefs en forme de vagues sur fond émaillé blanc ou coloré. Ces verres ont une surface d'aspect changeant en fonction de l'angle de vue. Largeur des lignes : 6,5 – 12 – 20 mm. Profondeur : 1 à 5 m, sui-
vant la largeur de ligne. Pas de limite d'épaisseur du verre. Chaque plaque est unique mais se traite comme du verre ordinaire. 7 PIXEL
NATHAN ALLAN GLASS STUDIOS Marche antidérapante en verre triple épaisseur. Durable et facile à nettoyer, chaque type de surface est agrémenté d’un revêtement traité à l’acide pour assurer une opacité légère. Le produit dépasse les exigences de l’ADA en matière d’antidérapant. Panneaux disponibles en verre transparent ou à faible teneur en fer, jusqu’à 100 x 300 cm. n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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LIGHTBLOCKS
GEMSTONE
M.B. WELLINGTON STUDIO Plaques en acrylique ou polycarbonate, colorées translucides. Des plaques bicolores peuvent être réalisées. Offrant une très bonne résistance aux intempéries et aux UV, elles peuvent être utilisées en intérieur ainsi qu'en extérieur. Ces plaques, 50 % plus légères que le verre, présentent une résistance à l'impact trois fois supérieure au verre Sécurit et six fois supérieure à celle du verre classique. Disponibles dans des épaisseurs de 1,6 à 101,6 mm.
NATHAN ALLAN GLASS STUDIOS Carreaux de verre texturé obtenu par thermoformage du verre. Son relief, sa couleur et son iridescence lui confèrent une esthétique unique. Cette dalle est composée de verre dont 30 % sont issus du recyclage. Elle est résistante à l’eau.
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3 VIEWPAN RADIANT
WACOTECH Panneaux translucides en acrylique (PMMA) renforcés d’une âme alvéolaire en nid d'abeilles PET. La référence Radiant offre
un fini miroir aux couleurs changeantes selon l’angle de vue tout en laissant passer la lumière. Dimensions minimum 2 400 x 1 200 x 19 mm et maximum 3 000 x 1 000 x 76 mm.
offrant une translucidité partielle ou totale. Hermétiques à l'eau, ces panneaux sur mesure jusqu’à 4 m2, protègent des UV. 5 BARCODE
4 TRANSLUCIDES
ATELIER NAKAMURA / LETELLIER Papiers d’ombres destinés à l'inclusion dans le verre ou dans la résine Dacryl. Extrêmement fin, le papier est assemblé dans un feuilletage de verre grâce à un film d’Evasafe, ou coulé dans du Dacryl pour garder le relief des fibres. Les dessins abstraits ou figuratifs filtrent la lumière,
INTERSTYLE Panneau de verre (99,5 %) et céramique (0,5 %) issus de matériaux recyclés. Les émaux de céramique sont fondus avec le verre sélectionné, créant ainsi des motifs colorés dans la masse. Disponible en quatre variations. Résistant à l’humidité, il est applicable tant en intérieur qu’en extérieur, en revêtement de mur ou de sol.
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TECHNOGEL
CRISTALLINE PC®, OPALINE PC®
TECHNOGEL Gel polyuréthane viscoélastique permettant une répartition des pressions optimale, une absorption des chocs et une atténuation des effets de pesanteur. Ce gel à mémoire de forme présente un allongement de 500 % ainsi qu’une grande élasticité. Translucide, il permet des effets impossibles à obtenir avec les mousses traditionnelles en polyuréthane. Disponible dans des épaisseurs allant de 1,5 à 8 mm.
CP CONCEPT Gamme de panneaux en polycarbonate (PC) constitués d’une âme en nid-d’abeilles transparent de taille variable entre deux plaques rigides et légères, sans collage visible. Recyclables, ils offrent de bonnes performances en isolation thermique et acoustique (affaiblissement : 40 dB). Disponibles en modèle Cristalline PC® (totalement transparent) et Opaline PC® (version dépolie). Ces deux panneaux peuvent être utilisés en extérieur et en intérieur.
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tuant la surface permettent de créer des jeux de lumière et de couleur en l’associant à d’autres matériaux.
des dimensions standard de 3 050 x 1 300 x 3 mm. 5 FLEXSANDSTONE
3 LUMINE
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1 LUCCON VEENER
MATERIAL ART Feuille constituée de fines particules de béton, de quartz et de fibres optiques encollées sur support souple. La finesse du matériau confère au béton une translucidité et un aspect filigrane. Le matériau peut être mis en forme tri-dimensionnellement et créer des effets rétroéclairés impossibles à obtenir avec un béton classique. Disponible en finitions brossé,
non-traité, verni et poli dans des dimensions minimum de 1 000 x 500 mm. 2 VERRE CAPITONNÉ
LAMELLUX Panneau de bois décoratif composé d’une succession de lamelles de bois parallèles entre lesquelles sont collées des fibres optiques permettant à la lumière naturelle comme artificielle de passer au travers. Le panneau peut être rétroéclairé à l’aide d’une source lumineuse alimentée en basse tension. Disponibles dans de nombreuses essences de bois avec différents types de finitions. 4
ATELIER BERNARD PICTET Panneau de verre feuilleté décoratif à effet capitonné. Le façonnage par sablage modèle le relief de sa surface tout en l’opacifiant et lui confère un aspect velouté. Son apparence laiteuse et translucide et les cercles évidés ponc-
PLEXIGLAS® STRUKTUR RADIANT
EVONIK INDUSTRIES Plaque acrylique polychroïque avec une face structurée associée à un film décoratif. Ces plaques changent de couleur selon le point de vue de l'observateur. Le produit est disponible en trois structures différentes, avec
FLEXTONE Matériau décoratif constitué d’une fine couche de sédiments à 95 % de quartz, encollée sur un support en coton. Tout en possédant un aspect minéral et une surface rugueuse, sa translucidité permet des systèmes de rétroéclairage. Souple et résistant, ce matériau s’adapte à tout type de surface, en intérieur comme en extérieur.
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6 GLASSWOOD® WOOD DENTELLES
DALBERGIA Panneaux décoratifs composés de deux plaques de verre et d'un placage bois (de 0,3 à 0,7 mm d'épaisseur) qui confère plus ou moins de transparence au matériau. L’effet « dentelle » est réalisé à la main par perforation sur le placage. Glasswood® peut être inséré dans toute composition en verre feuilleté.
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TEX GLASS
OKALUX Matériau isolant transparent en polycarbonate ou en PMMA, composé de tubes capillaires de 2,5 mm de diamètre. Filtre lumineux, il permet une transmission maximale de l'énergie solaire, sans radiations directes. Intégré dans des doubles ou triples vitrages, il améliore l'isolation. Disponible dans des épaisseurs de 40 à 200 mm (polycarbonate) et 20 à 160 mm (PMMA).
SAINT-GOBAIN GLASS SOLUTIONS Verre feuilleté décoratif composé de verre extra-blanc, de films intercalaires en EVA et d’un tissu sélectionné parmi les 21 modèles au degré de tamisage de la lumière naturelle variable. La technique brevetée de TEX GLASS a pour particularité de garder l’aspect matelassé des tissus après assemblage. Applications intérieures comme extérieures.
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IMEL POSTFORM
VARIA
JUAN ANTONIO IBAÑEZ-JAI Gamme de panneaux mélaminés post-formables. Disponibles en 250 décors et finitions, ils offrent la possibilité d’intégrer un système d’éclairage LED dans l’épaisseur de la plaque, diffusant alors un motif lumineux à travers le matériau. Le format standard est de 2 850 x 2 100 mm, avec une épaisseur comprise entre 8 et 38 mm.
3FORM Panneaux décoratifs avec inclusions de matières diverses – organiques, textiles, métalliques ou plastiques –, placées en sandwich entre deux plaques de résine polyester transparente. En plus du choix des inclusions, ce produit est proposé en 16 textures et 39 couleurs. Dimensions minimum 1 200 x 2 400 x 1,6 mm et maximum 1 200 x 3 000 x 25 mm.
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KAEFER CONSTRUCTION Voile en polycarbonate (0,1 mm) microperforé (diamètre : 0,2 mm) translucide. Le principe se situe dans les microperforations qui assurent une absorption acoustique autorégulée. Résistant au chlore et antistatique, il offre également une bonne flexibilité dimensionnelle et une stabilité aux UV. Applications : montage en système à tendre, écran mobile, etc.
CHROMA
3FORM Panneaux en PMMA, colorés par application d'une couche de peinture sur l'une des faces du panneau, la rendant opaque (gamme Chroma applied), ou par infusion de pigments par trempage sur l'une des faces (gamme Chroma infused). Le produit convient pour des applications horizontales et verticales. Dimensions minimum 1 200 x 2 400 x 6 mm et maximum : 600 x 3 000 x 50 mm.
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Photos Brice Tual
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FINITION MATT
POUR UN EFFET NATURE LA LIBERTÉ DE CREATION QU’OFFRENT LES DECORS TRESPA® METEON® S’ENRICHIT DE 6 WOOD DECORS ET 5 NATURALS. L’ASSOCIATION DE CES DÉCORS AVEC LA NOUVELLE FINITION MATT SUBLIME LE DESIGN DE FAÇADE EN ACCENTUANT L’AUTHENTICITÉ ET L’ESPRIT NATURE. L’HISTOIRE CONTINUE : NEW.TRESPA.COM/FR
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INTERIEUR & DESIGN AFRIQUE DU SUD ENTRE ART , ARTISANAT ET INDUSTRIE ZAGO ARCHITECTURE BUREAUX ARUP LOS ANGELES
AFRIQUE
DU SUD
ENTRE ART, ARTISANAT ET INDUSTRIE
Auréolée du label World Design Capital 2014, la AUDREY ESCA
ville du Cap, qui accueille tous les ans depuis 1995
PORKY HEFER Porky Hefer/Guild
la conférence Design Indaba – think tank dédié au design –, met aujourd’hui la création sud-africaine en bonne place sur le devant de la scène internationale. Anne-France Berthelon
NDEBELE
RONEL JORDAAN Ronel Jordaan
BEDSIDE CABINETS
CONRAD BOTES Guild
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L’ICSD – International Council of Societies of Industrial Design – décerne tous les deux ans depuis 2003, le label « World Design Capital » à une ville qui envisage le design non seulement comme un enjeu culturel, mais également comme un outil de développement social et économique, via divers projets souvent qualifiés « d’acupuncture urbaine ». Après Turin, Séoul et Helsinki, c’est aujourd’hui Le Cap (Afrique du Sud) qui entend démontrer que le design ne se fait et ne s’expose pas qu’à Milan, Paris ou Stockholm ! Trevyn et Julian McGowan, les fondateurs de la galerie Southern Guild au Cap, en sont d’ailleurs convaincus. Le couple, qui dirige également une société de sourcing spécialisée dans le meilleur de l’artisanat africain (plébiscitée notamment par le Conran Shop), s’attache depuis 2008 à faire connaître les talents locaux en participant à des foires comme Design Miami/Basel ou n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
D E S I G N
SWEAT
ADRIAAN HUGO ET KATY TAPLIN Dokter and Misses
BUCKET SEATS
LUKE PEDERSEN ET JAMES LENNARD Pedersen + Lennard
KASSENA
ADRIAAN HUGO ET KATY TAPLIN Dokter and Misses
WIID & LIONEL SMIT
LAURIE WIID VAN HERDEN Wiid.design
Design Days Dubai ou en assurant le commissariat d’expositions comme « Graphic Africa », chez Habitat à Londres en septembre dernier. Coïncidant avec le lancement officiel du programme World Design Capital Cape Town 2014, le salon Guild qu’ils ont initié – et qui vient de tenir sa première édition début mars, à deux pas du silo appelé à devenir le futur musée d’art africain contemporain (MOCAA) – a permis de mettre en avant le nom des designers sudafricains, certes discrets, mais avec lesquels il faudra dorénavant compter. Parmi eux, citons Gregor Jenkin, Pedersen + Lennard ou Laurie Wiid van Herden et leur mobilier en acier, coloré ou non, aux formes extrêmement sobres. Ou encore Conrad Botes et Dokter and Misses qui proposent, chacun à leur manière, une relecture graphique contemporaine des traditionnels motifs africains, le premier avec de petits meubles de chevet façon imprimés boubou qui AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
auraient rencontré l’univers de la BD, et les seconds avec « Kassena », un buffet à la fois sculptural et minimaliste en bois peint. Association de formes pures, matériaux bruts et/ou industriels, couleurs primaires avec « Sweat », la lampe au pied massif en bloc de béton sur lequel est simplement fixé un bras en acier laqué porteur d'un réflecteur, également chez Dokter and Misses. Pionnière des sièges en feutre, Ronel Jordaan (dont les poufs galets ont été beaucoup copiés ces dernières années) offre avec « Lalibela » ou « Ndebele » une variation artisanale très séduisante de l’archétypal Sacco. Porky Hefer enfin imagine pour sa part des nids de sieste à taille humaine en bois tressé ou pétales de cuir, qui ne dépareilleraient pas dans la collection petit h d’Hermès. Et si l’avenir du design reposait en partie sur les territoires des Brics (Brésil-RussieInde-Chine-Afrique du Sud ) ? 105
ZAGO ARCHITECTURE BUREAUX ARUP LOS ANGELES Manon Pierre
Servant à la fois les modes de travail collaboratifs actuels et l’image de l’entreprise, l’aménagement dynamique du bureau d’Arup à Los Angeles affiche originalité et complexité d’un savoir-faire reconnu.
Poursuivant son développement aux États-Unis, Arup, bureau international d’ingénierie de la construction dont le siège historique est situé à Londres, a récemment ouvert une nouvelle antenne de sa filiale à Los Angeles. Situé dans un imposant immeuble commercial du centre-ville, ce bureau « satellite », complétant les bureaux existants d’Arup dans l’ouest de la ville, constitue un local relais pour les employés travaillant sur des projets dans le centre de Los Angeles et les réunions avec les clients. Ce nouveau bureau, qui ne dispose que d’un employé permanent, est conçu et équipé de manière à pouvoir accueillir quinze à vingt personnes. L’entreprise a chargé l’agence locale Zago Architecture de la conception d’un environnement de travail basé sur le modèle américain ABW (activity-based working). Ce type d’aménagement, qui repose sur la prépondérance de l’espace partagé sur les espaces individuels, associe zones de travail en groupe, salles de réunion, postes de travail mutualisés et locaux calmes pour la concentration. Conçue en collaboration avec Arup, la nouvelle antenne offre sur un peu plus de 200 m2 un environnement connecté, interactif et modulable sur un niveau, adapté au travail d’équipe, aux présentations formelles et informelles, à l’organisation d’événements et aux visioconférences. Cette flexibilité est rendue possible à la fois par l’intégration d’outils numériques et par une série de grandes pièces de mobilier combinant plans de travail, assises et rangements. Les architectes proposent ainsi un cadre dynamique, encourageant l’interaction des collaborateurs et favorisant leur créativité. Dans le bureau principal, deux éléments sculpturaux d’échelle monumentale surgissent du plafond. Ainsi, l’espace de travail s’organise autour de ces deux îlots asymétriques à partir desquels se déploient des tables, des assises et des étagères à hauteur variable. Les différents composants de ces pièces proliférantes multicolores à structure bois et acier habillées de panneaux de contreplaqué laqué sont assemblés selon une géométrie complexe, entre pliage origami et jeu de construction. Le logo de l’entreprise gravé sur le panneau renforce l’identité visuelle du projet. 106
PLAN DE NIVEAU
Pour des raisons environnementales, toutes les surfaces de travail sont réalisées en Richlite, un matériau composite ultra résistant à base de fibres de papier en partie recyclé et de résine. Afin de masquer les branchements, les tables sont dotées de boitiers d’alimentation électrique et de câblage réseau permettant l’implantation de postes de travail temporaires en fonction des besoins. L’aspect brut du local existant est volontairement conservé : le sol en béton est simplement nettoyé et protégé d’une lasure transparente, tandis que le faux-plafond d’origine du volume principal est supprimé pour révéler le grill technique. Un profil suspendu en aluminium équipé de sources LED court sur le périmètre du plafond, formant un halo lumineux, son parcours est repris au sol dans les lignes de couleurs du revêtement en linoléum. Les salles de réunion aux larges portes en verre et cadre aluminium sont équipées de tables de conférence à piétement acier et plateaux Richlite, et bien sûr d’écrans numériques. Ces pièces aux tons neutres font contrepoint au design complexe et coloré du plateau et offrent ainsi un environnement de travail équilibré.
Une vaste salle centrale sert de pivot aux petits volumes abritant des fonctions spécifiques.
CI-CONTRE.
n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
ZAGO ARCHITECTURE BUREAUX ARUP
Photos Joshua White
3'-4"
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À la fois rangement, plateau de travail et banquette, le meuble se déploie dans différents plans. 3'-9
1/2"
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1/4"
17'-1 3/4"
" 3'-4
13'-3"
3'-4
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"
LIEU : Los Angeles, Californie 4'-3"
MAÎTRISE D’ŒUVRE : Zago Architecture – Andrew Zago, Laura Bouwman, Dale Strong – architectes ; Arup – Jon Phillips MAÎTRISE D’OUVRAGE : Arup 3'-4"
SURFACE : 232 m2
15'-10 3/4"
ÉLÉVATIONS ET PLAN DU MEUBLE MULTIFONCTION
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PRODUITS : mobilier MOC Woodworking ; luminaire suspendu Farrage & Company ; sol lino Armstrong ; lampes LED Architectural Lighting Works ; panneaux acoustiques Fabricmate Systems ; tables de réunion CL Innovative Design ; sièges Steelcase n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
IL EST SILENCIEUX MAIS SON TIMBRE EST UNIQUE.
Quand c’est un contre-châssis pour intérieur Scrigno, les faits parlent d’eux-mêmes. Scrigno signifie espace garanti: chaque produit est garanti à vie sur les composants du caisson et 20 ans sur le système de coulissement. Par ailleurs, la marque originale gravée sur le contre-châssis et sur le rail de coulissement permet toujours d’en reconnaître la qualité. Un contre-châssis Scrigno est très silencieux: la qualité, en revanche, elle se fait entendre. Modèle: Granluce
www.scrigno.fr info@scrigno.fr
R E P É R A G E S Potence murale C’est dans sa version en applique murale, plus encore qu’en plafonnier, que le luminaire Rondà, de Lucifero’s, se singularise. La source Led accorde une finesse à son disque diffuseur en PPMA (16 mm). L’association du bois et du câble coloré assure un bel équilibre visuel à cet éclairage direct. luciferos.it
Bureau et couchage Matali Crasset a imaginé un kit ludique pour le fabricant italien de mobilier Campeggi, spécialiste du gain d’espace. Ce set d’appoint intitulé Deep Attention and Sleep se résume à trois pièces : une arche avec tablette, une assise pouf et un matelas. campeggisrl.it
Échelle de séchage Le designer Elisa Giovannoni a conçu une échelle portative chauffante, Scaletta pour Tubes Radiadori. Elle s’adosse contre un mur dans sa version freestanding en 100 cm de hauteur. Le câble électrique à rallonge s’enroule dans une poulie suspendue par un crochet. tubesradiatori.com
Disques acoustiques Le duo italo-danois GamFratesi a imaginé pour Offecct un écran léger, Wheel, qui interagit avec un environnement en termes spatial et acoustique. Il se compose de deux tubes circulaires habillés de textile. offecct.se
Trapèze de soutien Barra, dont le design est inspiré de l’acrobatie aérienne, est signé Monica Graffeo pour Gambol et distribué par Ever. Barre de support à linge ou de soutien – acceptant jusqu’à 150 kg –, cet objet peut aussi servir d’agrès pour un entraînement physique, selon son montage et son positionnement. Le modèle est disponible avec des lanières de 125 à 250 cm, en version trapèze ou anneau (Anello). thermomat.com/ever 110
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w w w bil .ce let rs gra ai tu e. it o it/ n on -lin lin e eb oo th
ARMANDO TESTA
Valentina Algeri for Cersaie 2014 Civica Scuola Arte & Messaggio Milan - Visual Design
22-26 SEPTEMBRE 2014 www.cersaie.it
Organisé par EDI.CER. spa
Promu par CONFINDUSTRIA CERAMICA
En collaboration avec
Secrétariat: PROMOS srl - P.O.Box 37 - 40050 CENTERGROSS BOLOGNA (Italie) - Tél. +39.051.6646000 - Fax +39.051.862514 Bureau de presse: EDI.CER. spa - Viale Monte Santo 40 - 41049 SASSUOLO MO (Italie) - Tél. +39.0536.804585 - Fax +39.0536.806510
Campagne publicitaire réalisée avec le cofinancement du
R E P É R A G E S Pixels céramiques Dot-to-dot est constitué de pièces tridimensionnelles en céramique conçues par Tagina Ceramica d’Arte. Points, croix ou hexagones à reliefs permettent de produire un dessin à l’image d’une photographie. tagina.it
Applique coudée Curva est un luminaire d’allure sobre signé Massimo Broglio pour Antonio Lupi. Conçu à l’origine pour accompagner un miroir de bain, son positionnement Up ou Down le dédie à toutes les pièces de l’habitat, pour un effet d’ambiance (haut) ou un éclairage tangentiel (bas). Le support aluminium se révèle aussi technique qu’esthétique, puisqu’il intègre la fonction de dissipateur de chaleur. antoniolupi.it
Salon de bain Carlo Colombo a développé deux lignes sous le nom Autoritratti pour Teuco, qui croisent références classiques et traits contemporains. Baignoire à pieds en Duralight d’Accademia, série Colore, finition laquée mate cerise. teuco.fr
Plaques de chauffe Yin et Yan désigne pour K8 Radiadori un duo complémentaire de radiateurs en aluminium extrudé imaginé par l’architecte Marco Pisati. Leur encadrement trapézoïdal est apparent ou masqué en sous face : l’épaisseur du biseau est de 8 mm. k8radiatori.com
Métal à plier Le revêtement métallique Cemile de Giles Miller Studio, finition cuivre, laiton ou acier inox est un support d’expression. Le travail très précis de découpe des pièces délivre des plaques au dessin structuré. Elles sont composées d'onglets pliables autorisant un jeu de lumière et d’ombre pour la personnalisation du motif. gilesmiller.com 112
Sélection réalisée par Laure Carsalade
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Crédit photos : Laurent Blossier et Patrick Eoche. Conception-réalisation-illustrations :
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E X P O S
LES ARCHITECTES SUR LE FRONT La Seconde Guerre mondiale, source d’inspiration et de créativité architecturale : c’est le propos de l’exposition « Architecture en uniforme » présentée à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Orchestrée par l’incontournable Jean-Louis Cohen, elle comble une lacune historique en examinant les travaux et les projets des architectes actifs dans les principaux pays engagés dans le conflit.
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Fds H. Bernard/CAP/AA/ADAGP
Fds G.-H.Pingusson/ENSBA/CAP/AA
Marc Héneau
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Le processus de modernisation induit par la préparation de la Seconde Guerre mondiale, la mobilisation totale des territoires et des villes, leur occupation, leur destruction et leur reconstruction a constitué le support de nombreuses explorations architecturales. « L’exposition aborde ce qui était jusqu’alors une période blanche et non discutée des grands livres d’histoire de l’architecture », pointe le commissaire Jean-Louis Cohen. Les 17 étapes qui en ponctuent le parcours montrent l’ampleur et la variété des questions posées par le conflit aux architectes et l’ingéniosité, la précision voire le raffinement criminel de leurs réponses. Dès le couloir d’entrée, une longue galerie présente 40 portraits d’architectes de tous pays, soulevant au passage, le dilemme moral posé par leur participation au conflit et la diversité des attitudes observées. Entre deux pôles extrêmes, celle de la soumission à la barbarie, dont la figure emblématique est Albert Speer, ministre d’Hitler et criminel de guerre condamné en 1946 ou celle de la résistance, avec le Polonais Szymon Syrkus qui sera déporté à Auschwitz, se trouve toute une gamme d’engagements, et celle d’un entre-deux plus ambigu. Le Corbusier héros du modernisme, est d’emblée présenté comme ayant courtisé le Maréchal Pétain pendant 18 mois. Quant à l’attitude des architectes français, elle recouvre une réalité très diverse selon Jean-Louis Cohen. « Certains se lancent dans la résistance, d’autres ne peuvent plus travailler, d’autres encore participent aux premiers travaux de reconstruction sous Vichy sans forcément soutenir le régime : les architectes ne sont ni pire ni meilleurs que les autres français. »
Économie des matériaux et recyclage Le parcours commence par des images de destruction urbaines d’un conflit qui se caractérise par l’ampleur des zones de combat : les villes et les populations civiles deviennent des cibles de choix, comme en témoignent les photos des ruines de Cologne par August Sander. Plus rares sont les images des mesures de protection prises pour les monuments historiques français. Le portail du château de Fontainebleau et la nef de la cathédrale d’Amiens sont envahis de curieux châteaux de sacs de sable érigés sur plusieurs mètres de hauteur, censés les protéger des bombardements. On s’étonne ensuite devant les affiches nombreuses faisant la promotion des économies de matériaux et du recyclage. A une campagne américaine en faveur de l’isolation thermique répond une affiche française d’un clochard faisant les poubelles ou une autre annonçant l’offre d’un savon ou d’un paquet de lessive en échange d’un kilo d’os ! Matériaux de construction et matières premières doivent désormais être en priorité réservés à l’effort de guerre : les fabricants d’ustensiles de cuisine troquent d’ailleurs le métal pour le verre. Cette période d’inventivité sans limites peut se voir comme le premier laboratoire de l’architecture durable !
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Georges-Henri Pingusson, 1946 2.Henry Bernard en habit d’officier en captivité, vers 1942 3. Marcel Lods, n.d. 4. Gaston Bardet, vers 1940 CI-DESSUS. 1.
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Fds M.Lods/Ac. A/ENSBA/CAP/AA
Impératifs logistiques Surtout, le caractère global d’un conflit se situant simultanément sur quatre continents, entraîne d’intenses déplacements de troupes et de matériel, et l’apparition d’une nouvelle discipline : la logistique. Les exemples d’architectures modulaires et démontables ou de préfabriqués sont nombreux, et ce des deux côtés. Chez les alliés, le
EN HAUT.
Cathédrale d’Amiens, protection des stalles, vers 1940
Vue du Pentagone ,Washington, George Edwin Bergstrom, David Witmer architectes et usine de tanks Chrysler, Warren Township, Michigan Albert Kahn Associates architectes, 1940-1942 EN BAS.
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Bill Hedrich/Chicago History Museum
National Archives and Records Administration, Washington Emmanuel-Louis Mas/Ministère de la culture et de la communication/RMN Ggrand Palais
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Affiche de Paul Colin.
Affiche de Jean Picart-Ledoux.
principe du pont artificiel Mulberry, constitué par une série de composants assemblés au dernier moment, sera décisif lors du débarquement de Normandie. De leur côté, les Allemands mettent au point le système Mero en 1943, assemblage de barres métalliques et de nœuds polyédriques facilement transportables par avion. Dans le même registre, l’exposition présente les recherches de Jean Prouvé sur les préfabriqués ou la baraque Quonset, mis au point par l’architecte allemand émigré aux USA, Otto Brandenberger et qui remportera un grand succès.
Chantiers démesurés Autre élément-clef de cette période : l’échelle sans précédent des chantiers engagés, notamment aux Etats-Unis. Dans le Michigan, Albert Kahn bâtit une imposante usine de Bombardiers pour la Ford Motors Compagny, un espace de 100 000 m2 qui fera dire à Charles Lindberg, « c’est le grand canyon du monde de la machine. » C’est le même Kahn qui édifie le Chrysler Tank Arsenal à Warren Township (Michigan) entre 1940 et 1942, bâtiment ceinturé d’une enveloppe vitrée longue de 400 m et large de 100 m. Cette tendance à la très grande échelle, qui nécessite des équipes d’envergure (l’agence Kahn compte 600 salariés dans une organisation de type fordiste), se retrouve dans d’autres types de projets, où l’organisation industrielle et urbaine se mêle au service de desseins politiques. L’exposition revient ainsi en détail dans une série de pièces dédiées, sur quatre macroprojets : Le Pentagone à Washington, le camp de concentration de Birkenau, la ville d’Oak Ridge (lieu de production de la bombe atomique) aux Etats-Unis, et la base de fusées de Peenemünde sur les bords de la Baltique.
Construire pour mieux détruire Si certains aspects de l’architecture guerrière, comme le mur de l’Atlantique (15 000 ouvrages de béton programmés sur les 2 685 km de côte), sont bien connus, d‘autres se révèlent très surprenants tant l’ingéniosité criminelle le dispute au raffinement. Estampillés « Confidentiel », plusieurs plans et photos révèlent le projet du polygone de 118
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Archives nationales
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Max Mengeringhausen, système Méro, 1943.
tirs de Dugway en Utah. En 1943, l’armée américaine commande à une prestigieuse équipe à laquelle participa Éric Mendelsohn, la reproduction dans le moindre détail (mobilier et literies inclus) de deux villages allemands et japonais, qui seraient soumis au napalm afin d’étudier les effets de la combustion de ce nouvel explosif. Tout un chapitre de l’exposition est par ailleurs dédié aux techniques de camouflage destinées à soustraire les édifices stratégiques à la sagacité des pilotes de bombardiers. Des professionnels d’Hollywood seront même sollicités pour reconstituer de faux quartiers résidentiels construits à échelle réduite et disposés sur des filets, au-dessus des usines d’aviation de Californie. Ces techniques de camouflage, qui deviennent des enseignements à part entière dans certaines écoles d’architecture, seront même appliquées à l’échelle d’une ville, comme en témoigne les exemples de Moscou et Hambourg. D’une grande richesse thématique, « Architecture en uniforme » nécessite du temps pour apprécier la diversité des thèmes abordés et la qualité du matériel iconographique. A souligner le souci d’équilibre des exemples qui montrent combien les dérives destructives des architectes furent présentes des deux côtés. Au final et s’il fallait résumer le principal héritage de la seconde guerre mondiale, c’est selon Jean-Louis Cohen, « la transformation du goût et la triple victoire technologique, typologique et esthétique de la modernité ». Une suprématie qui marquera longtemps l’après-guerre. Marc Héneau
ARCHITECTURE EN UNIFORME, Cité de l’architecture et du patrimoine, Palais de chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris 16e Jusqu’au 8 septembre 2014 ARCHITECTURE EN UNIFORME. PROJETER ET CONSTRUIRE POUR LA SECONDE GUERRE MONDIAL, Jean-Louis Cohen, coédition CCA Hazan, 2011, 448 p., 38,55 € n° 234 - juin-juillet 2014 - AMC
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POÉTIQUE DU MUR
TOYO ITO THÉORICIEN
Dans les villes de l’Orient arabe – Le Caire, Beyrouth, Damas, Alep, Sanaa –, le mur trace les frontières poreuses de l’espace domestique ; à travers le mur on regarde sans être vu, on surveille la rue ; l’air, les sons le traversent. Loin du cliché d’une habitation fermée sur elle-même, les échanges entre le dehors et le dedans se caractérisent au contraire par leur diversité. Ils passent par les ouvertures – portes, balcons, kiosques, fenêtres et moucharabiehs – et les espaces qui s’y rattachent : l’entrée, le seuil, la terrasse, la cour. Le livre de Jean-Charles Depaule en explore les variantes et les déclinaisons, selon les lieux et au fil des époques. Mais au-delà de la typologie, il cherche surtout à rendre compte « de la manière que la vie quotidienne a d’y définir des territoires, de contrôler leurs limites, de négocier des passages ». L’auteur, traducteur de l’arabe et poète, directeur de recherche au CNRS en anthropologie urbaine, observe les réponses apportées par l’usage à travers des productions courantes, souvent ignorées, s’attachant « à de petites choses, et à de moins petites ». Son approche, étayée par les dessins d’une grande finesse de Jean-Luc Arnaud, est toujours subtile et nuancée. Il rappelle ainsi qu’une architecture physiquement close sur elle-même peut être vécue de façon ouverte, et vice versa. Publié pour la première fois en 1985 par le Centre Pompidou, devenu une référence mais épuisé, ce livre a été actualisé au regard de la réalité contradictoire qu’offrent aujourd’hui les villes de l’Orient arabe. Le monde traditionnellement protégé et discret de la maison connaît lui aussi une tendance à l’individualisation et à l’ostentation. Dans l’habitat populaire du Caire, le balcon conserve ses usages traditionnels mais, en réponse au manque de place, il devient une extension du logement, « une version bricoleuse de la logique du moucharabieh ».Pour éviter les explications réductrices ou globalisantes, l’auteur pratique un art du détour extrêmement stimulant. Détour par « le vêtement à fonction de voile féminin » qui, entretenant avec le mur un rapport métonymique, joue le rôle d’une limite mobile permettant à la femme de se déplacer d’un territoire à l’autre. Détour par la poésie et la littérature (de Naguib Mahfouz à Adonis et Mahmoud Darwich), la photographie, ancienne ou contemporaine, et même les arts plastiques, avec cette installation de l’artiste d’origine palestinienne Mona Hatoum inspirée d’une râpe d’époque victorienne, dont les trois éléments orientables forment une sorte de paravent, déclinaison minimaliste et ironique du moucharabieh. L’un de ces détours passe par l’étymologie et le langage, et notamment par les proverbes qui permettent d’appréhender toute la portée symbolique, mais aussi métaphorique, des ouvertures de la maison. Car il s’agit dans ce livre, autant que d’arts de faire et de solutions constructives, « de gestes, de mouvements, de regards et de mots ».
Dans cet ouvrage Toyo Ito relate avec pudeur et empathie son expérience de la reconstruction du Tohoku suite au Tsunami du 11 mars 2011(cf. entretien avec Toyo Ito, AMC n°233). C’est pour lui l’occasion de remettre en cause ses précédents travaux et de réfléchir à la nécessité d’un nouveau statut pour les architectes, souvent perçus par la population comme des praticiens pétris d’autosatisfaction. Il les engage à ne plus considérer leur projet dans un espace abstrait coupé du territoire et des communautés locales. Bien au contraire, il les enjoint d’englober leur propre créativité personnelle dans un ensemble plus large, de suspendre temporairement leur jugement critique afin de placer la totalité de leurs savoirs au service des populations. S’il appelle les architectes à travailler dans le cadre d’une conception et d’une esthétique négociée avec les habitants, il revendique dans un mouvement inverse l’extension du domaine de l’architecture à l’ingénierie VRD. Devenu un spécialiste de l’abolition des limites spatiales et arbitraires, l’architecte se révèle le professionnel le plus apte à intervenir dès l’origine sur la qualité des espaces publics qui sont couramment cloisonnés par des résolutions techniques mal évaluées d’un point de vue spatial. Littéraire, personnel et agréable à lire, ce livre est un vivant essai théorique qui propose une sortie explicite de l’architecture de la modernité. Les projets de maison pour tous « Minna no Ie » bâties au milieu des logements provisoires décrits dans cet ouvrage en sont les premières expérimentations pratiques, des exemples à suivre et à adapter selon les situations…E.S. L’ARCHITECTURE DU JOUR D’APRÈS, Toyo Ito, Traduit du japonais par Myriam Dartois et Corinne Quentin. Éditions les Impressions nouvelles, 192 pages, 20 €.
Valérie Thouard À TRAVERS LE MUR, Jean-Charles Depaule, avec la collaboration de Jean-Luc Arnaud. Coll. « Eupalinos », Parenthèses, 2014, 224 pages, 16 €. 120
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LES PIONNIERS DE COURCHEVEL Avec Courchevel, naissance d’une station, les éditions du Linteau poursuivent l’ambition de faire connaître la contribution d’acteurs importants des Trente Glorieuses. Il s’agit ici du collectif de l’Atelier d’Architecture de Courchevel, devenu en 1960 l’Atelier d’Architecture en Montagne. Cette équipe pionnière de jeunes architectes tout juste diplômés se constitue en 1946 autour de la figure de Laurent Chappis (1915-2013), rejoint par Denys Pradelle (1913-1999), Jean-Marc Legrand, et se trouve à l’origine de la création de Courchevel 1850, prototype de la première station de ski. Laurent Chappis témoigne du fait que leur savoir-faire s’acquiert à partir d’une pratique assidue de la montagne : « J’arrivais sur un terrain absolument vierge. Il n’y avait aucune remontée mécanique, aucune piste tracée. J’ai voulu le connaître, mais vraiment le connaître. Le rapport de l’homme avec la montagne. J’y suis allé quand il y avait du soleil, quand il y avait de la neige, quand il y avait du vent, quand il y avait de la pluie. J’ai donc ainsi, à pied ou à skis, connu le terrain, j’ai fait corps avec lui ». Parce qu’ils vivent et exercent sur place, aux côtés des paysans, qu’ils observent avec humilité leurs modes de vie, leurs constructions, ils affirment avoir « cherché la cohérence du lieu et du temps ». Courchevel fait école. Ils y ambitionnent une « montagne pour tous », y définissent non seulement « un habitat contemporain adapté aux situations insolites de citadins du XXe siècle en altitude » mais une implantation du bâti qui respecte au mieux le milieu naturel pour offrir une « station, skis aux pieds ». Le présent ouvrage est le résultat d’un long travail d’investigation mené depuis 1987 par l’équipe « Architecture et montagne » de l’École d’architecture de Grenoble, dirigée par Jean-François Lyon-Caen qui en dresse la préface. Il complète les récentes parutions* en présentant le contenu d’entretiens réalisés avec les acteurs de Courchevel. De ces propos recueillis entre 1994 et 1996, on comprend leur engagement, la nécessité de la pratique collective, tout autant que les références au mouvement moderne (le Bauhaus, Le Corbusier). On saisit les singularités de la conception architecturale en haute montagne guidée par des conditions climatiques extrêmes : l’aspect fondamental que représentent l’orientation, le rythme des saisons, la pente des toitures et la présence de la neige, les techniques de construction et le chauffage. Denys Pradelle décrit une démarche de recherche, le fait qu’ils ont essayé de « faire de l’architecture sans architectes comme […] vu dans les chalets des montagnards », et qu’ils se sont inspirés des résolutions spatiales de l’Europe du nord. Accompagnée d’une bibliographie et de notices biographiques sur cette « poignée de montagnards idéalistes », architectes mais aussi hommes politiques, fonctionnaires, cette publication livre les témoignages précieux des pionniers de Courchevel au moment même où une partie de leur bâti tend à disparaître. On retiendra surtout de ces paroles écrites que « la montagne est un lieu de formation pour les architectes ».Bénédicte Chaljub
HISTOIRES DE PONTS Après les maisons et les gratte-ciel, voici les ponts ! La maison d’édition Hélium fait de nouveau appel aux talents du dessinateur et professeur de design Didier Cornille pour faire de l’architecture un sujet qui puisse s’adresser aux enfants mais aussi aux grands… Avec l’élégance de son propre dessin, qui s’appuie sur des plans, photos et documents d’époque, l’auteur porte un regard précis sur un choix exhaustif d’ouvrages d’art iconiques. Des matériaux choisis (la fonte ou le béton plutôt que le bois) aux architectes et ingénieurs investis dans les projets les plus fous, c’est une histoire des ponts ancrée dans la réalité économique, sociale et artistique qui est ici judicieusement présentée. En joignant l’utile à l’agréable, c’est une bonne manière de réviser ses classiques, du premier pont métallique de Coalbrookdale au Royaume-Uni de Thomas Farnolls Pritchard jusqu’à la passerelle de béton du Mucem de Rudy Ricciotti.A.B. TOUS LES PONTS SONT DANS LA NATURE, Didier Cornille. Éditions Hélium, 2014, 14,90€.
COURCHEVEL, NAISSANCE D’UNE STATION, Laurent Chappis, Denys Pradelle, Guy Rey-Millet. Éditions du Linteau, 2013, 149 p., 20 €.
*STATIONS DE SPORTS D’HIVER - URBANISME ET ARCHITECTURE - RHÔNE ALPES, Maryannick Chalabi, Jean-François Lyon-Caen. Éditions Lieux Dits, 2012, 272 p, 40 €. 122
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ÉNERGIES RENOUVELABLES Intersolar exposait du 4 au 6 juin à Munich les solutions photovoltaïques, solaires thermiques, et les dispositifs hybrides. Les technologies qui s’appuient sur le soleil et le vent cherchent à offrir plus d’autonomie de consommation au bâtiment. Laure Carsalade
Le secteur des énergies renouvelables dans le bâtiment – photovoltaïque, solaire thermique et petit éolien –, après avoir reçu en France des aides d’État, a traversé avec le retrait de ce dernier une période de tri sélectif sévère. Le marché s’est resserré autour d’un certain nombre d’acteurs spécialisés et, pour s’affranchir des incitations fiscales ou d’une logique de revente de sa production, s’oriente vers l’autonomie de la consommation énergétique. L’agence d’architecture Mikou Studio, qui œuvre dans la recherche HQE et BBC, note que « le photovoltaïque n’est pas un acquis, il sert un objectif zéro énergie ou énergie positive ». « Notre projet d’école situé sur les docks de Saint-Ouen (93), poursuit Selma Mikou, a inscrit la part du renouvelable dans de grands préaux de verre et elle coiffe de photovoltaïque les toitures en casquette. Terrasses en gradins et jardins intérieurs exposés plein sud ont permis de créer de véritables incubateurs d’énergie solaire. » Salwa Mikou précise que « la figure architecturale se nourrit d’une réflexion objective, tenant compte en amont de l’orientation, du sens des vents, d’un contexte environnant et du programme fonctionnel qui cristallise l’ensemble des données ; le but n’étant pas la mise en scène de la technologie ». La conception en écoquartier est souvent un élan favorable à ce type d’équipements, offrant des parcelles vierges de bâti ouvrant sur une démarche globale. En amont du programme, les études sont essentielles, car un donneur d’ordres peut vouloir souhaiter une éolienne dans un milieu non propice. L’installation a également une importance capitale pour garantir une intégration au bâti sans nuisance. Le déroulement de ces phases peut exiger de 12 à 24 mois. Un art du compromis se met alors en place pour proposer l’association des différentes solutions. D’un point de vue technique, il s’agit de choisir pour les flux le chemin le plus court, en évitant au maximum le stockage qui nécessite l’usage de batteries, des équipements toujours difficiles à recycler. Le temps du Smart-Grid est amorcé, suivant l’idée que les appareils consommateurs peuvent être connectés et lancés à distance, automatiquement, dès que le réseau a une charge disponible. Un cercle vertueux de consommation peut alors se déployer. AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
FILM SOLAIRE ORGANIQUE HELIATEK Le principe de film solaire organique semi-transparent d’Heliatek s’avère une réponse PV aux contraintes de toitures à faible capacité de charge ou aux applications mobiles. L’encapsulation dans le verre par déposition de nanomolécules à basse température permet au final d’obtenir une grande légèreté, avec 0,5 kg seulement par mètre carré. L’efficacité du produit demeure stable malgré des changements de température extérieure. D’un point de vue architectural, il s’intègre librement, à une fenêtre, un garde-corps de balcon, une façade, et peut être coloré. Le fabricant a signé des partenariats avec notamment AGC pour le verre et Reckli pour une application sur béton. www.heliatek.com 125
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DESIGNBLACK INNOTECH SOLAR Les panneaux PV DesignBlack d’Innotech Solar ont une face arrière à film noir qui leur confère un aspect homogène esthétique. Leur rendement est amélioré grâce à un verre en face avant anti-reflet ainsi qu’au tri positif, qui affiche un potentiel de puissance supplémentaire jusqu’à 10 Wc sur une base de 240/250 ou 260 Wc. Démarche environnementale, le constructeur emploie des cellules neuves non utilisées (à l'origine non optimales) qu’il remet en état. Le modèle, qui mesure 1 665 x 991 x 43 mm pour 19 kg, existe en versions mono ou polycristallin. www.innotechsolar.com
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EDDY IMEX La ligne d’éoliennes à axe vertical de type Darrieus Eddy par Imex, de conception discrète, convient aux milieux où les vents sont perturbés, comme en ville. Grâce à un démarrage dès une vitesse de vent très faible (9 km/h), elle atteint sa production nominale rapidement (43 km/h). Ses pales sont en fibre de carbone et en fibre de verre, allant de 1,38 à 3,20 m de diamètre, avec une vitesse de rotation allant jusqu’à 300 t/min. Elle s’installe sur un mât ou en toiture, le fabricant annonçant une absence totale de vibrations, une construction robuste et un taux d’usure très faible sur 20 ans. www.imex-cgi.fr
EASY ROOF IRFTS La ligne Easy Roof System d’IRFTS est un système d’intégration ventilé pour toiture qui s’adapte à la plupart des modules PV. Ce dispositif de montage en polypropylène avec fixation aluminium optimise la rentabilité énergétique des cellules par la création d’entrées et de sorties d’air. Son procédé d’emboîtement précis des pièces sans découpe ni joint assure une solution fiable. Pose en portrait, paysage (1 685 x 1 001 mm), ou en formes libres. Les déformations de toitures sont absorbées entre10° et 50°. http://fr.irfts.com
PANNEAU HYBRIDE DUALSUN Comme un module PV exposé émet 85 % de chaleur pour 15 % d’électricité, DualSun a développé un panneau hybride pour toiture. Il présente un aspect classique, aux dimensions 990 x 1 660 mm, en faible épaisseur (4 cm). Le système contient un échangeur thermique joint derrière les cellules monocristallines à haut rendement refroidies par la circulation d’eau. La chaleur est récupérée pour l'ECS. Avec une puissance nominale de 250 Wc, il offre un gain potentiel x 4 pour un bâtiment collectif. www.dualsun.fr 126
ZELIOS VDF 15/20 CHAFFOTEAUX Le capteur à tubes sous vide Zelios VDF 15/20 de Chaffoteaux permet une installation sur toiture terrasse. Le dispositif à haut rendement assure la production d'ECS en logement collectif. L’absorbeur à revêtement se veut sélectif et l’exposition solaire est optimisée grâce à l’orientation des tubes et absorbeurs à près de 30°. Les modules existent en 1 910 mm de long par 1 380 et 1 840 mm, contenant selon le modèle soit 15 soit 20 tubes, pesant de 51 à 68 kg www.chaffoteaux.fr n° 234 - juin - juillet 2014 - AMC
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AA110 KAWNEER ET BP SOLAR Le mur-rideau pour façades et verrières AA110 de Kawneer est un système structurel aluminium développé avec BP Solar. Adapté aux projets de bureaux, d’écoles, etc. il intègre du double vitrage équipé en face extérieure de cellules solaires PV et entend apporter une haute performance thermique tout en limitant les apports en lumière à l'intérieur du bâtiment. Dimensions au plus étendu de 3 x2 m en mur-rideau, et hauteur possible jusqu’à 6,40 m sans appuis intermédiaires en façade. Une surface de 10 m² produit 1kWc pour une occultation en surface de 70 % environ. www.kawneer-france.com - www.bpsolar.fr
SYSTÈME SOLTERRE TH2 TERREAL Solterre TH2 de Terreal est une solution solaire thermique intégrée au bâti optimisant performance thermique, étanchéité et esthétique. Les innovations développées sur ce capteur le classent parmi les plus puissants du marché. Il se pose en intégration sur toiture à faible pente (jusqu’à 11°, en zone sismique ou à forte exposition au vent. Reliée à une chaudière à condensation, l'ECS obtenue est économique en application collective ou tertiaire.
MODULE HIT PANASONIC SOLAR HIT est une cellule hybride qui combine des couches silicium spécifiques afin de réduire la zone de faible rendement pour un gain d’énergie, même en cas de faible luminosité. La texture pyramidale des cellules (qui fait se réfléchir plusieurs fois le soleil) et un verre antireflet élèvent le rendement sur toiture d’habitation familiale. Son encombrement est de 798 x 1 780 mm pour un poids de 16 kg. Noter que sa déclinaison en modèle Hit Double annonce une production additionnelle d’énergie jusqu’à 20 % par mètre carré. www.eu-solar.panasonic.net
www.terrealcouverture.com
ONDULEUR 3.6 IMEON L’onduleur Imeon 3.6 soutient l’autoconsommation en application résidentielle ou petit tertiaire, avec une gestion du surplus (stockage ou revente). Il oriente l’énergie en fonction des conditions de production et des besoins. Simple à installer, il assure plusieurs fonctionnalités dans un boîtier : onduleur, régulateur de charge, commutateurs de sources. Il connecte l’ensemble des systèmes de production d’énergie renouvelable, même à distance. www.imeon-energy.com AMC - n° 234 - juin - juillet 2014
S-DOME K2 SYSTEMS Le système de montage solaire S-Dome de K2 Systems est destiné à une pose en toiture-terrasse en paysage et s’adapte aux modules PV en général. Sa fixation, non intégrée au bâti, s’effectue en appui sans percement, dans un angle d’inclinaison de 10°, suivant une orientation variable du sud-est au sud-ouest. De structure aluminium avec connecteurs inox, conçu avec un nombre réduit de composants, il pèse 4 kg. Il peut se compléter d’un coupe-vent en face arrière pour une optimisation aérodynamique. www.k2-systems.com 127
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THERMOSLATE CUPA Le principe du Thermoslate TSV6.X de Cupa associe un panneau de capteurs solaires thermiques à de l’ardoise naturelle. Il a été pensé pour l’harmonisation esthétique de la couverture d’une d’habitation individuelle, en intégration de toiture ou façade. Il peut assurer 60 % des besoins annuels en eau chaude sanitaire, pour un foyer de quatre personnes (réf. Ademe) : cinq panneaux d’ardoise (5,6 m2 environ de capteurs) prévoient de restituer une puissance au mieux de 3 000 W. Le rendement des panneaux est certifié Solar Keymark.
MARQUI’SOL CLIPSOL Avec Marqui’sol, équipement dédié à l’autoconsommation domestique, Clipsol entend remplir une double fonction : brise-soleil et production électrique. Le dispositif, disponible en un ou deux modules, se compose d’une structure en inox brossé à fixer en façade et de modules PV semitransparents (de 250 Wc), reliés par micro-onduleurs. La production annuelle d’une unité, aux dimensions 1 644 x 984 x 362 mm, en orientation plein sud avec inclinaison à 15°, a été évaluée à Lyon à 283 kWh et jusqu’à 672 à Perpignan. Garanties de la production sur 25 ans à 80 %.
EVOLUKIT IMERYS Le pack photovoltaïque pour le particulier Evolukit d’Imerys est positionné en faveur de l’autoconsommation tout en assurant l’étanchéité, avec une promesse d’économies en électricité annuelle jusqu’à 30 %. La surface d’un module de tuiles est de 0,5 m2, contenant une technologie de capteurs monocristalline, d’une puissance crête nominale de 66 Wc (vendu par 10, soit 660 Wc). Il inclut la console Plug & Play, un dispositif précâblé avec protection DC, un onduleur et la production AC. Garanties Imerys Toiture de 25 et 30 ans.
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MÉTRONOME 55 EOLYS RESSOURCES ET ÉNERGIES L’éolienne d’Eolys RE, Métronome 55, est équipée d’un rotor 3 pales en époxy et carbone de 16,4 m de diamètre, monté sur un mât de 18, 24, ou 30 m. Sa vitesse de rotation maximale est de 75 t/min, pour une puissance nominale estimée à 52 kW (potentiel 55 kW sur mât le plus haut). Pilotée par variateur de fréquence, son orientation est accessible à distance. Un écran tactile optimise la production en fonction du site. La vitesse rotative des pâles est régulée par le système Smart Active Stall Control, une gestion de couple associée à un ralentisseur électromagnétique.
SUNEWAT XL AGC Le fabricant verrier AGC propose une ligne de panneaux destinés à l’intégration architecturale, avec un produit en verre feuilleté de sécurité qui encapsule les cellules photovoltaïques polycristallines. Le SunEwat XL laisse la programmation libre, autorisant une fabrication sur mesure, déclinant plusieurs puissances électriques et tailles (de 400 x 400 à 2 000 x 4 000 mm). Il est disponible selon des modes de pose distincts, en vitrage de vision, en zénithal ou en allèges (pour façade, verrière, balustrade, etc.). Pour une meilleure isolation thermique, il peut être assemblé en double vitrage. Son rendement nominal est garanti sur 10 ans à 90 % et sur 20 ans à 80 %.
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R-VOLT SYSTOVI Le principe de centrale aérovoltaïque R-Volt de Systovi utilise les deux faces des modules pour fusionner les fonctions de production PV et d’ECS. L’air chaud produit pendant le fonctionnement du photovoltaïque est collecté pour le chauffage ou le rafraîchissement. La moyenne d’efficacité des panneaux obtient près de 45 % de rendement contre 15 % en standard. Performance maximale : 620 W, dont 245 Wc électrique. www.systovi.com
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HELIOS SYSTEMS RP+ MARCHEGAY TECHNOLOGIES Système de mise en œuvre de panneaux solaires, Helios RP+ de Marchegay Technologies assure une intégration au bâti simplifiée (BIVP) dans les secteurs résidentiels, en verrières, auvents, façades vitrées. Il est adapté à la majorité des modules photovoltaïques sans cadre du marché. Le montage, facilité par la technique Easy Clip, se fait sur toiture dans une pente minimale de 15°, en mode portrait ou paysage. Une ventilation en sous face de plus de 20 mm permet d’obtenir un meilleur rendement des cellules. www.marchegay.fr
INDEPBOX COMWATT Positionné sur le marché de l’autoconsommation, Comwatt conçoit des solutions smart-grid. Elle propose le pilotage et l’optimisation électrique, pour réaliser jusqu‘à 20 % d’économies sur sa facture. Un logiciel – à configurer selon les habitudes du logement – a été développé pour un fonctionnement en réseau des capteurs aux appareils consommateurs (gros électroménager par exemple) qu’il faut brancher aux prises actionneurs. L’idée consiste à parvenir à une consommation vertueuse en limitant le stockage par un usage qui suit au plus juste la production.
S-CLASS INTEGRATION CENTROSOLAR Le S-Class Integration (SCI) de Centrosolar apporte une solution photovoltaïque de toiture pour l’intégration au bâti. Il présente un renfort d’étanchéité par des abergements spécifiques. Les modules polycristallins sont antireflets (sur la face avant), ultra-transparents et auto-nettoyants. Les panneaux ont des dimensions de pose de 1 663 x 831 mm, font un poids de 17,5 kg à 0,5 kg près. La version Deluxe, à face arrière noire, aux conditions d‘essai standard, présente une puissance nominale de 210 Wc. Garantie de performance linéaire jusqu’à 26 ans.
ÉOL IMEX La ligne d’éoliennes à axe horizontal Éol d’Imex vise à procurer une indépendance électrique résidentielle, par la consommation directe de sa production ou via stockage. Elle s’intègre en environnements à vents réguliers en zones dégagées, ici sur mât basculant. La conception de la génératrice avec transmission directe, sans asservissement mécanique, favorise le silence du produit. Le constructeur propose un système complet de petit éolien dans des gammes de puissances étendues de 640 W à 55 kW.
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E X P O S I T I O N S F R A N C E AMIENS CES ARCHITECTURES QUI NOUS EMBALLENT L’artiste Eric Monin a collectionné des sacs plastiques illustrés de bâtiments, tantôt emblématiques tantôt banals, de notre univers construit. Jusqu’au 22 juillet 2014. À la Maison de l’architecture de Picardie. ma-lereseau.org/picardie ARC-ET-SENANS JARDINS NOMADES Dans l’enceinte de l’arc de cercle des anciens potagers des ouvriers, quinze jardins thématiques sur le thème du Citoyen du Monde pour la 14e édition de ce festival des jardins. Jusqu’au 19 octobre 2014. Dans le Parc de la Saline Royale. salineroyale.com
BEAUVAIS LE CABANON VERTICAL Géométries variables. Un architecte, une scénographe et un plasticien se sont réunis pour concevoir des microarchitectures, les disséminer dans trois lieux de la ville et ainsi faire dialoguer la création contemporaine avec des lieux historiques. Jusqu’au 30 septembre 2014. À la Maladrerie Saint-Lazare. beauvais.fr CARCASSONNE CONNAÎTRE LE CORBUSIER Une exposition réalisée par la fondation Le Corbusier développant de l’architecte Charles-Édouard Jeanneret-Gris. Jusqu’au 1er août 2014. À la Maison de l’architecture de l’Aude. caue-lr.fr/caue-aude fondationlecorbusier.fr CLICHY ARCHITECTURES D’URGENCE Les maisons démontables de Jean Prouvé dans les années cinquante et le Paper Log House de Shigeru Ban sont deux exemples de réponses architecturales et opérationnelles dans le cadre de situations critiques comme une guerre ou une catastrophe climatique. Jusqu’au 27 juillet 2014. Au Pavillon Vendôme. ville-clichy.fr lamarechalerie.versailles.archi.fr GÉNÉRARGUES UNE IDÉE DU PARADIS. La maîtrise du bambou. Une exposition sur l’architecte colombien Simon Velez, ses structures complexes et assemblages savants de tiges de bambou. Jusqu’au 15 novembre 2014. À la Bambouseraie du Domaine de Prafrance. bambouseraie.com
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RATP
ATHIS-MONS COMME UNE MAISON COMMUNE Mairies et sièges d’intercommunalité en Essonne. L’architecture de ces bâtiments raconte l’histoire des villes et de leurs banlieues au XXe siècle. Jusqu’au 9 juillet 2014. À la Maison de banlieue et de l’architecture. maisondebanlieue.fr
PARIS.
Tramway, une école française.
LONS-LE-SAUNIER LES CONSTRUCTEURS INSATIABLES Le plaisir de la construction des petites architectures. Cette exposition qui est aussi un projet pédagogique et éditorial présente parmi d’autres « The Cloud Collective » ou encore « Petit Cabanon », des constructions et expérimentations à échelle réduite. Jusqu’au 7 septembre 2014. constructeurs-expo-mvqr.fr LYON UTOPIES PARTAGÉES Une présentation du travail du photographe français George Rousse entre 1982 et 2014 ; des clichés de bâtiments voués à la démolition ou encore une étude récemment faite dans un bidonville de Bombay. Jusqu’au 26 juillet 2014. Dans l’Espace d’exposition du Plateau. rhonealpes.fr TRENTE ANS DE L’ÉQUERRE D’ARGENT Présentation des lauréats du célèbre Prix du Moniteur, ces trois dernières décennies. Jusqu’au 31 août 2014. À Archipel, Centre de culture urbaine. archipel-cdcu.fr MALAKOFF ARCHITECTURES D’URGENCE Présentation des projets à l’étude ou réalisés des architectes Shigeru ban, Franck Cardinal ou encore Alain Declercq pour répondre à des contextes d’urgence pour la société. Jusqu’au 13 juillet 2014. À la Maison des Arts. maisondesarts.malakoff.fr. lamarechalerie.versailles.archi.fr
MONTPELLIER ARCHI-COLLECTIFS, ABRÈGE, COLOCO, LE COLLECTIF ETC. « Ni pour, ni contre bien aux contraires » : les réflexions des trois équipes d’architectes sur la démolition de la Halle Laissac et son projet de reconstruction. Jusqu’au 28 juin 2014. Au Centre d’art la Fenêtre. la-fenetre.com ORLÉANS REGARDS SUR ORLÉANS : ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE DE LA VILLE Naissance en Gaule, disparition sous l’empire romain et renaissance au Moyen-Age, trois grandes étapes dans l’histoire de la ville. Jusqu’au 6 juillet 2014. Au Musée des Beaux-Arts. orleans.fr/mes-loisirs/expositionsmusees CHRONOMANIFESTES C’est l’architecte Bernard Tshumi qui a lui-même fait la sélection des œuvres présentées dans cette exposition, des projets d’artistes ou architectes défendant une position précise et déterminée sur la ville ou l’architecture. Jusqu’au 10 août 2014. Au Frac Centre. frac-centre.fr DOUBLE-JEU Présentation de douze architectes des années 60-70, chacun choisi par un artiste et réinterprétation de leur production. Jusqu’au 17 août 2014. Au Frac Centre. frac-centre.fr
PARIS AÉROPORT Exposition des étudiants en master. Jusqu’au 14 juin 2014. À l’Ecole d’architecture de Paris-La Villette. paris-lavillette.archi.fr PROXIMITÉ(S) À travers des tissus urbains de plus en plus étendus, quels sont les liens tissés et les nouvelles façons de pratiquer la ville ? Jusqu’au 29 juin 2014. À la Cité de l’architecture et du patrimoine. citechaillot.fr LA HALLE FREYSSINET (PARIS), INCUBATEUR NUMÉRIQUE Présentation du futur projet pour la pépinière d’entreprises dans l’enceinte de la structure en béton précontraint existante, par l’agence Wilmotte & Associés. Jusqu’en juillet 2014. Au Pavillon de l’Arsenal. pavillon-arsenal.com AMOS GITAI, ARCHITECTE DE LA MÉMOIRE Documents papier, photographies, documents audiovisuels et sonores retracent la carrière du cinéaste passionné d’architecture. Jusqu’au 6 juillet 2014. À la Cinémathèque. cinematheque.fr TRAMWAY, UNE ÉCOLE FRANÇAISE Un moyen de transport en commun en vogue depuis quelques décennies en France qui fait l’objet de nombreuses innovations Jusqu’au 12 juillet 2014. Au Lieu du Design. lelieududesign.com
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A G E N D A
ARGENT, LOGEMENT, AUTREMENT Une exposition de la Fondation d’entreprise ANMA de l’agence Nicolas Michelin & Associés, sur l’histoire du marché de l’immobilier en France et son état des lieux aujourd’hui avec des prix toujours en hausse pour des surfaces de plus en plus petites et étude de solutions alternatives. Jusqu’au 19 juillet 2014. À la Manne dans le 10e arrondissement. blog.anma-f.fr anma.fr NAISSANCE D’UN MUSÉE, LOUVRE ABU DHABI Aperçu de la collection d’œuvres récemment acquises pour le musée émirien et présentation du projet architectural et culturel de l’architecte Jean Nouvel qui ouvrira ses portes en décembre 2015. Jusqu’au 28 juillet 2014. Au Musée du Louvres. louvre.fr BERNARD TSCHUMI L’architecte et théoricien a lui-même réalisé la scénographie de cette première exposition rétrospective consacrée à son œuvre et à sa vision de l’architecture qu’il aime confronter à d’autres disciplines telles que le cinéma, la littérature, la photographie ou encore la philosophie. Jusqu’au 28 juillet 2014. Au Centre Pompidou. centrepompidou.fr PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE Le faste de la capitale à la Belle Époque. Jusqu’au 17 août 2014. Au Petit Palais. petitpalais.paris.fr
SPORT & VILLE Cette exposition dévoile notamment comment les sujets du sport et de l’hygiène de vie s’invitent de plus en plus dans nos modes de vie au quotidien et s’intègrent peu à peu à nos espaces publics. L’exposition s’accompagne d’un programme sportif pour cet été dans la capitale. Jusqu’au 31 août 2014. Au Pavillon de l’Arsenal. ARCHITECTURE EN UNIFORME – PROJETER ET CONSTRUIRE POUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE Une période sombre du XXème siècle qui marqua de grands bouleversements pour l’architecture et tout l’univers de la construction : recherche, innovation et modernisation. Jusqu’au 8 septembre 2014. À la Cité de l’architecture et du patrimoine. citechaillot.fr CHARLES GIRAULT ET LE PETIT PALAIS, UN ARCHITECTE EN 1900 Hommage à l’architecte du bâtiment et à la précision avec laquelle il maria références classiques et Art Nouveau mais aussi à la technicité nouvelle qu’il parvint à mettre en œuvre (le béton armé). Jusqu’au 9 septembre 2014. Au Petit Palais. petitpalais.paris.fr SOUS PRESSION LE BOIS DENSIFIÉ Présentation de la technique de densification du bois et de ses diverses possibilités d’exploitation notamment par le design d’objets et de mobilier, par l’Ecole Polytechnique de Lau-
sanne et l’Ecole cantonale d’Art de Lausanne. Jusqu’au 14 septembre 2014. Au Musée des Arts Décoratifs. lesartsdecoratifs.fr
TOULOUSE CHACUN SA MAISON. PAUL CHEMETOV Présentation avec maquettes et documents graphiques de 16 projets de maisons et ateliers conçus par l’architecte entre 1962 et 2011. Exposition produite par la Cité de l’architecture & du patrimoine et présentée par le CAUE31. Jusqu’au 26 juillet 2014. Au Centre méridional de l’architecture et de la ville. cmaville.org.
NOUVELLES ACQUISITIONS, AÉROLANDE (1968-1976) Les structures gonflables et démontables, architectures légères et éphémères du groupe fondé par les architectes Jean Aubert, Jean-Paul Jungmann et Antoine Stinco. Jusqu’au 30 septembre 2014. Au Musée des monuments français. citechaillot.fr
ZOOM SUR LES PETITS PROJETS EN MIDI-PYRÉNÉES, 2014 Présentation de 18 projets de moins de 300m² réalisés dans la région et sélectionnés à l’issu d’un appel à projets. Jusqu’au 29 août 2014. À la Maison de l’architecture. maisonarchitecture-mp.org.
RÉENCHANTER LE MONDE. ARCHITECTURE, VILLE ET TRANSITIONS Une exposition-manifeste conçue par les 40 lauréats du Global Award for Sustainable Architecture (2007-2014) qui mène un discours d’engagement pour l’avenir par la profession à travers un certain nombre de projets innovants que cela soit dans leur approche, dans leur matérialité ou dans leur programme. Jusqu’au 6 octobre 2014. À la Cité de l’architecture et du patrimoine. citechaillot.fr
É T R A N G E R ALLEMAGNE MUNICIPALITY BUILTS Vienna Housing from 1920 to 2020. L’histoire du développement du logement social dans la capitale autrichienne à travers une politique sociale-démocrate. Jusqu’au 5 juillet 2014. À la Galerie Aedes, à Berlin. aedes-arc.de.
RAYOL-CANADEL-SUR-MER JARDINS D’UN TEMPS PRÉSENT Le Parque de la Juventud à Sao Paulo, la vallée Stolac en Bosnie et le Landschaftspark à Duisburg sublimés par les photos de Michel Corbou. Jusqu’au 21 septembre 2014. Au Domaine de Rayol. domainedurayol.org
AUTRICHE THINK GLOBAL, BUILD SOCIAL! ARCHITECTURES FOR A BETTER WORLD Cette exposition révèle plusieurs projets à la fois novateurs et créatifs ayant amélioré les conditions de vie dans des quartiers défavorisés et pourtant construits avec des budgets réduits. Jusqu’au 30 juin 2014. Au Architekturzentrum de Vienne. azw.at. BELGIQUE ONTWERPEN VOOR DE WERELD. VERWILGHEN ET LE PAVILLON BELGE À PARIS EN 1937 Une exposition monographique sur la vie et l’œuvre de l’urbaniste Raphaël Verwilghen, ingénieur de formation et qui contribua pour l’Exposition Internationale de Paris en 1937 à ce projet de pavillon auprès d’Henry Van de Velde et de Jean-Jules Eggericx. Jusqu’au 25 juin 2014. À la bibliothèque centrale de Louvain. cvaa.be.
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PRIX D’ARCHITECTURE 2013 DE LA PROVINCE DE FLANDRE-ORIENTALE Présentation des 7 réalisations sélectionnées parmi lesquels le gagnant est celui de l’architecte Wim Depuydt avec la reconversion d’une ancienne école en logements écologiquement responsables à Gand. Jusqu’au 28 juin 2014. A la Bibliothèque municipale de Gand. visitgent.be.
ITALIE.
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GLASS SCULPTURES & ARCHITECTURAL PHOTOGRAPHY Exposition in situ proposant un echo entre les œuvres de l’artiste Etienne Leperlier et les clichés de Nicolas Georges. Jusqu’au 30 août 2014. À Bruges. artonivo.be.
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PARIS-BRUXELLES. ART DÉCO EXPRESS L’exposition des arts décoratifs à Paris en 1925 marque l’apogée des échanges de style en terme de mobilier et d’aménagement intérieur entre les deux capitales mais aussi avec Vienne et les colonies. Jusqu’en septembre 2014. Aux Archives d’architecture moderne à Bruxelles. aam.be. ITALIE RENZO PIANO BUILDING WORKSHOP. PIÈCE PAR PIÈCE Une exposition monographique sur l’agence RPBW qui emploie plus de 150 personnes dans ses antennes entre Paris, Gênes et New-York. Jusqu’au 15 juillet 2014. Au Palazzo della Ragione à Padoue. barbaracappochinfoundation.net. CANDIDA HÖFER : IMAGES OF ARCHITECTURE La Fondation Bisazza pour le design et l’architecture contemporaine met à l’honneur le travail de la photographe allemande à travers une sélection de 20 grands formats tous concentrés sur des lieux liés à la connaissance et tous vides de personnages, révélés dans leur expression spatiale la plus brute. Jusqu’au 27 juillet 2014. À la Fondation Bisazza, à Vicence. fondazionebisazza.it. PRIX W 2014 – LES PROJETS LAURÉATS L’exposition présente les trois projets primés et les huit ayant reçu des mentions à l’issue du jury réuni en avril dans la Tour de Londres et qui a examiné 153 rendus. Jusqu’au 26 août 2014. À la Fondation d’entreprise Wilmotte à Venise. wilmotte.com/fr. ROMA INTERROTTA Premier volet de l’exposition « Tra/ Between, Arte e architettura », avec des œuvres de Piero Sartogo, Antoine Grumbach, James Stirling ou encore Aldo Rossi. Jusqu’au 3 septembre 2014. Au MAXXI, à Rome. fondazionemaxxi.it. ROMAN STRUCTURES. MONTUORI, MUSMECI, NERVI Présentation de structures en béton précontraint témoins d’une maitrise parfaite entre un travail de haute ingénierie et la recherche d’une esthétique nouvelle avec par exemple la Stazione Termini par Eugenio Montuori ou le grand hall d’audience du Pape par Pierluigi Nervi. Jusqu’au 10 octobre 2014. Au MAXXI, à Rome. fondazionemaxxi.it.
PURE VEERKRACHT La biodiversité en ville avec une analyse de la présence de la faune et de la flore dans nos centres urbains. A l’occasion de la 6ème Biennale d’architecture internationale de Rotterdam. Jusqu’au 24 août 2014. Au Natuurhistorisch Museum de Rotterdam. museumrotterdam.nl ROYAUME-UNI EMPIRE BUILDERS : 1750-1950 Dessins, aquarelles, maquettes et photos révèlent les origines de ce courant anglais en architecture. Jusqu’au 15 juin 2014. Au Victoria and Albert Museum. vam.ac.uk DREAM, DRAW, WORK Les dessins d’architecture de Norman Shaw. Jusqu’au 26 octobre 2014. À la Royal Academy of Arts. royalacademy.org.uk SUISSE FRITZ HALLER (1924-2012) La vie et l’œuvre de cet architectechercheur suisse représentant de la « Solothurn School ». Jusqu’au 24 août 2014. Au SAM, à Bâle. sam-basel.org
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VILLE, ÉNERGIE ET TRANSITION ÉCOLOGIQUE : QUELLES INNOVATIONS ARCHITECTURALES, URBAINES ET PAYSAGÈRES ? Un colloque interdisciplinaire sur l’empreinte écologique de l’humanité, avec de nombreux intervenants en tables rondes et conférences, parmi lesquels : Paola Vigano, Mohamed Benzerzour et Diébédo Francis Kéré. Les 10 et 11 juillet 2014. À L’Ecole nationales supérieure d’architecture de Versailles. versailles.archi.fr
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M A N I F E S T A T I O N S 14E BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE « Fundamentals » est le thème de cette édition présidée par Rem Koolhaas, pour laquelle l’identité des pavillons s’exprime par leur rapport à la modernité. À partir du 7 juin jusqu’au 23 novembre 2014. A Venise. www.labiennale.org
C O L L O Q U E S RE-THINKING URBAN IDEOLOGY IN POST-IDEOLOGICAL TIMES 2e conférence internationale du cycle New Urban Languages. Du 25 au 27 juin 2014. À l’Université polytechnique de Lausanne. newurbanlanguages.eu
CONCOURS [AC-CA] SUR PARIS Un bar à champagne en bordure de la Seine, c’est le sujet de ce concours d’idées ouvert aux étudiants, aux architectes et ingénieurs, mettant en avant les thèmes de l’eau, de la convivialité et du développement durable. Inscriptions avant le 3 juillet 2014. ac-ce.org
L’URBANITÉ DE L’AGRICULTURE Dans le cadre du cycle « les matinées du CGEDD », des professionnels, historiens et chercheurs s’interrogent sur les notions de fertilité et de solidarité appliquées à la ville. Le 25 juin 2014. À la Grande Arche de la Défense. cgedd.developpement-durable.gouv.fr
CONCOURS ARCHITENDANCE 2e édition de ce concours destiné aux architectes ayant mis en œuvre de manière créative de la tuile en terre cuite de recouvrement en toiture ou bien en façade sur des programmes de maisons, logements collectifs ou bâtiment tertiaire. Inscriptions avant le 31 juillet 2014. latuileterrecuite.com
LE SOLAR DECATHLON Ouverture du site présentant les prototypes à échelle 1 des vingt équipes universitaires internationales ayant travaillé sur la conception d’un habitat fonctionnant uniquement à l’énergie solaire. Du 28 juin au 14 juillet 2014. Sur le terrain des Mortemets à Versailles. solardecathlon2014.fr
23E FESTIVAL INTERNATIONAL DES JARDINS DE CHAUMONT-SUR-LOIRE Cette année, c’est le thème des péchés capitaux qui est à l’honneur. Jusqu’au 29 octobre 2014. Au Domaine de Chaumont. domaine-chaumont.fr CABANES, FESTIVAL DE MOSELLE Cinquante-sept cabanes, abris éphémères de rencontre, sont installé à travers le département. Jusqu’au 14 juillet 2014. Dans le département de la Moselle, en Lorraine. cabanes-festivaldemoselle.fr AGORA 6e édition de la Biennale de Bordeaux autour de l’architecture, de l’urbanisme et du design. Concentrée cette année sur le thème de l’espace public avec pour commissaire l’architecteurbaniste Youssef Tohmé. Du 11 au 14 septembre 2014. bordeaux2030.fr/bordeaux-agora BELLASTOCK 2014 Deuxième événement annuel de l’association : « la ville aux mille lacs » sera un festival autour de l’installation d’architectures flottantes. A Wuhan en Chine (inscriptions en juin 2014). Du 2 au 6 octobre 2014, en Chine. bellastock.com
PAYS-BAS URBAN BY NATURE Résoudre les problèmes des métropoles et des villes pour anticiper les grandes catastrophes naturelles, c’est la thèse soutenue dans cette exposition, illustrée par des projets, des photos et des films. À l’occasion de la 6e Biennale d’architecture internationale de Rotterdam. Jusqu’au 24 août 2014. Au Kunsthal, à Rotterdam. kunsthal.nl
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FUTURS POSSIBLES : CONCOURS DU MEILLEUR FUTUR URBAIN Il s’agit de récompenser les projets (futurs, récemment réalisés ou en cours) urbains et d’aménagement les plus innovants afin de mettre en avant « les quartiers modèles du futur ». Date limite de dépôt de dossier : le 30 juillet 2014. futurspossibles.com
LES COURS D’ÉTÉ DE L’ECOLE DU LOUVRE Une série de douze cours en soirée. Première session sur Pompéi par l’architecte Jean-Pierre Adam. Du 23 au 27 juin 2014. A Paris. ecoledulouvre.fr
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GROUPE MONITEUR S.A.S au capital de 333 900 € - Siège social : 17 rue d’Uzès 75108 Paris Cedex 02 403 080 823 RCS Paris - Code APE 5814Z - N° Siret : 403 080 823 00012 - N°T.V.A : FR 32 403 080 82
OFFRES D’EMPLOI
Bureau d’Etudes et d’ingénierie spécialisé dans la Maîtrise d’œuvre
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2 Economistes de la Construction h/f Postes basés à Paris 15eme
Economiste / Chef de projet h / f
• Participer à la réalisation des notices de l’esquisse à l’APS. • Etablir les devis descriptifs des corps d’état non techniques de l’APD au DCE. • Réaliser les estimations globales ou partielles d’un projet. • Créer les quantitatifs des estimations et ceux destinés aux entreprises en phase DCE. • Participer à la gestion économique des projets au travers des estimations, tableaux de synthèse et notes financières. • Contribuer aux lancements des appels d’offres, tant publics que privés. • Analyser les offres des entreprises grâce à des tableaux de comparaison des offres et rapports d’appel d’offres. • Garantir l’application des processus méthodologiques définis par l’entreprise. • Assurer une veille technologique sur les nouveaux procédés et produits et sur la réglementation en vigueur notamment en développement durable. • Participer à la vie des économistes au travers de ces documents de base.
Poste basé à Paris / Proche Banlieue En tant qu’économiste vos missions seront : - Comprendre et analyser le projet dans sa globalité, afin d’établir les études techniques et financières les plus pertinentes. - Rédiger les CCTP des lots architecturaux. En tant que Chef de Projet, vos missions seront : - Superviser et réaliser l’étude ou le développement dédié à un projet, ainsi que le suivi d’opérations avec Maîtrise d’œuvre d’Exécution. Réf. : ECHPROJ2014
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Recrute Missions : • Avant-métrés, descriptifs, évaluations globales, estimations détaillées… • DCE, assistance à la passation des marchés publics et privés… • Vérification des travaux, facturation, certificats de paiement…
Merci d'adresser CV+ lettre de motivation à : 2BDM 68 Rue Nollet - 75017 Paris A l'attention de M. Jacques MOULIN Ou par mail à : Jacques.moulin@2bdm.fr
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