Portrait d’agence AMC / LAN
édito S’il est une agence qui a fortement émergé dans les dix dernières années en France, c’est bien Local Architecture Network, plus communément appelée LAN. Un nom de baptême anglo-saxon qui situe à la fois les ambitions internationales de ses fondateurs, le Français Benoît Jallon et l’Italien Umberto Napolitano, et leur volonté, depuis leurs débuts, de travailler en réseau en croisant différentes disciplines de création, de développer échanges, expos et débats. De leur reconnaissance « officielle » en 2003-2004 par les Nouveaux Albums des Jeunes Architectes au concours gagné en 2014 pour la restructuration totale du Grand Palais à Paris, on peut qualifier leur trajectoire de fulgurante. Le plus étonnant dans cette histoire est que ce parcours s’est effectué assez loin des mouvements de mode qui ont traversé la décennie, en misant plutôt, et avec une belle permanence, sur des convictions et des « fondamentaux » perceptibles dans l’ensemble de leur oeuvre. Notamment le recours à une certaine abstraction formelle qui n’est jamais seulement une posture plastique mais qui est vue comme la condition nécessaire pour garantir la durabilité des bâtiments dans le temps et dans l’espace, avec des changements d’affectation toujours possibles. Une abstraction qui, en entrant en interaction avec l’environnement, détermine aussi le rapport des édifices à l’urbain et au paysage. Chez LAN, la forme ne suit pas la fonction. Gilles Davoine, rédacteur en chef
LAN / Portrait d’agence AMC
invisibles vertus
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Ecrire sur LAN, c’est un peu écrire sur nous, c’est un peu écrire sur moi, donc il faut s’attendre à ce que le texte tende vers l’introspection. Le premier projet sur lequel nous avons eu à travailler ensemble est Fréquel Fontarabie. Le concours a débuté en 2006. Fichtre. C’est un des premiers projets de LAN, qui a fêté ses 10 ans il y a peu ; c’est un des premiers projets de l’agence Franck Boutté, qui fêtera ses 10 ans d’ici peu… La rencontre avec LAN a débuté par un pari. À l’époque où ils occupaient une partie (la grande quand même) du plateau au second niveau d’un bâtiment ex-industriel et charmant au 11, cité de l’ameublement, je m’y étais rendu un soir avec Jacques Moussafir. Il avait été invité à y donner une conférence, et présenter son travail et ses projets, par les deux personnages aux commandes derrière l’acronyme LAN. Fait rare parmi les architectes, Benoit et Umberto, dont on parlait peu en ces temps, étaient convaincus que la connaissance partagée et le débat étaient à la fois essentiels et salvateurs pour le métier et la pratique des concepteurs. Ils organisaient donc à domicile des présentations, des échanges et des confrontations avec des confrères (et amis) de ce milieu.
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Après la lente mais passionnante présentation de ses projets et de sa philosophie par Jacques, le dîner fût l’occasion d’échanges d’une autre nature. Benoit me faisait part de son incrédulité et de sa déception vis-à-vis des nouveaux bureaux d’études arrivés dans la place autour des questions d’efficacité énergétique et d’environnement, de HQE selon l’expression malheureusement consacrée. Il avait le sentiment d’avoir perdu un concours récent à cause entre autres de l’incapacité du bureau d’études consacré à défendre les valeurs environnementales intrinsèques du projet. Désinhibé par l’ambiance conviviale, je me lance : « si tu ne veux pas être déçu, travaille avec moi, je m’efforcerai de te convaincre que ces questions ont du sens, qu’elles sont même de nature à réinterroger le projet d’architecture. » Peu de temps après, Benoit appelait à l’agence et nous candidations ensemble pour une opération de logements en plusieurs bâtiments dans la ZAC Fréquel Fontarabie à Paris. Le maître d’ouvrage du secteur, la SIEMP, et l’AMO Terre Eco surtout, souhaitaient que l’on développe sur ce site, pour la première fois en France, des bâtiments de niveau passif, au sens allemand du terme, soit des bâtiments qui pour ne consommer quasiment aucune énergie pour le chauffage devaient être ultra tout : solarisés, isolés, étanches. J’avais l’expérience du passif allemand et de sa cohorte d’exigences aigues avec un projet de quartier résidentiel de type pavillonnaire dense et habitat intermédiaire développé en périphérie de Limoges avec ING RED (malheureusement disparu depuis) et les architectes de Périphériques. Je savais que les bâtiments devaient être compacts, pas trop vitrés, que les vitrages devaient être orientés sud, que les murs devaient être isolés de 25 à 30 cm d’isolant, que les menuiseries devaient être parfaitement étanches, etc. En surmontant pas mal de contradictions (les parcelles allouées ne voulaient pas trop jouer le jeu du passif en offrant par exemple une accroche urbaine et donc une obligation de se représenter et de s’ouvrir au nord, là où toute tentative de récupération d’apports solaires gratuits est donc vaine, ce que l’approche calculatoire du label passif n’apprécie pas du
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Par Franck Boutté, Ingénieur
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Portrait d’agence AMC / LAN
tout), en menant quelques batailles et en perdant beaucoup de temps en confrontations plus ou moins fécondes, nous avons d’abord remporté le concours et même réalisé ces bâtiments en montrant que l’on pouvait faire une réponse de synthèse entre performance passive et urbanité active, même s’il fallait pour cela tordre le cou à quelques présupposés idéologiques défendus par les tenants de l’orthodoxie du passif allemand. Un cas d’école et un passage initiatique pour le travail en commun de nos deux agences. Petite confidence au passage délivrée à l’occasion d’une réunion sur Fréquel par Umberto, à l’accent napolitain caractéristique appuyé, que la présente forme d’expression ne peut malheureusement pas rendre. À ma question sur la signification des trois lettres du nom LAN, sa réponse en deux instances : d’abord, une référence à Local Architecture Network (à l’instar des réseaux informatiques, pour parler de ceux en local, privés et appropriables, en opposition à ceux distants, publics et partagés, les WAN) pour affirmer notre attachement au contexte ; ensuite parce que «l’anarchitecture» ça exprime notre goût pour le débat contradictoire et le refus des règles préétablies. Dont acte, ce qui m’allait plutôt bien, même très bien.
Tous les projets développés en commun depuis Fréquel Fontarabie sont le résultat d’un processus critique et d’une démarche analytique, qui n’hésitent pas à interroger voire à remettre en question les idées reçues et les dogmes sur les questions urbaines, architecturales et fonctionnelles mais aussi en termes de performances des programmes et des opérations. Nous développons à l’agence des outils conceptuels et des approches matricielles qui croisent thématiques et enjeux des opérations avec les échelles et temporalités de développement des projets : urbanité, implantation, morphologie, matérialité, spatialité, systèmes. Explicitement ou implicitement, les projets avec LAN sont développés suivant ce cheminement critique. Ce n’est ni unique ni exceptionnel. Ce qui impressionne en revanche, c’est la façon dont LAN, tout en construisant une démarche projectuelle et un argumentaire unitaires et rationnels, d’une très forte cohérence tout au long de ce cheminement, sont capables d’intégrer dans le processus des données exogènes à leur propre pratique et à leur champ disciplinaire originel. Ainsi, derrière les apparences stylistiques d’une écriture affirmée et reconnaissable, les questions climatiques et énergétiques, de confort et d’ambiance, de quantité
Centre de recherches Saint-Gobain
Aubervilliers, France. 2013
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LAN / Portrait d’agence AMC
« Les performances développées avec LAN sur les projets disparaissent derrière la pertinence de leur urbanité ou de leur territorialité, l’évidence de leur morphologie, la force de leur matérialité, la sensibilité de leur spatialité. La performance se dissout dans la ville et l’architecture. »
et de qualité de matière, pour ne citer que celles-ci, sont aussi parties intégrantes et matières premières de la réflexion et de la fabrication du projet. Vertus invisibles, les performances développées avec LAN sur les projets disparaissent derrière la pertinence de leur urbanité ou de leur territorialité, l’évidence de leur morphologie, la force de leur matérialité, la sensibilité de leur spatialité. La performance se dissout dans la ville et l’architecture. On connaît la façade triptyque en briques noires de la résidence étudiante rue Pajol, mais on sait moins que, sur cette parcelle extrêmement dense, le découpage volumétrique des 143 logements en six blocs résulte d’un façonnage héliotropique fin où les volumes ont été dessinés de façon progressive 6
en scrutant attentivement la façon dont les rayons du soleil inondent la cour en cœur d’ilot et apportent lumière et chaleur à un maximum de ces chambres. On sait moins que les matériaux ont été choisis pour refléter et ré-éclairer l’espace central partagé et d’échanges. On connaît le volume iconique et envoûtant du bâtiment des archives EDF à Bure en Lorraine, mais on ne sait pas nécessairement que ce bâtiment, morphologiquement à contrepied de ce que demandait le programme, a séduit et convaincu le jury parce qu’il offrait la forme idéale qui permettait, d’une part de réduire à la source et de façon drastique les besoins en énergie du bâtiment et de répondre aux ambitions énergétiques très élevées imposées par EDF, d’autre part de simplifier les parcours et de réduire de façon importante les cheminements des véhicules pour le transport des archives. On ne sait pas que ce volume extrêmement ramassé a permis, non seulement de capter les ressources calorifiques et frigorifiques du sol pour les besoins du bâtiment, mais aussi de gérer sur le site même et en circuit autonome l’assainissement des eaux pluviales et des eaux grises ainsi réutilisées pour les usages du bâtiment. On est fasciné par la matière de ce volume quasi cubique mais on ne sait pas toujours, faute de pouvoir l’observer toute l’année, que les miroirs pointillistes incrustés dans le béton participent au rythme des saisons au camouflage de ce volume imposant dans la plate campagne.
Portrait d’agence AMC / LAN
On connaît la volumétrie aimable et la façade légère des logements de Bègles, mais on ne sait peut-être pas que ces petits bâtiments annoncent un changement de paradigme en termes de performances et d’évolutivité. De compacité variable, ces bâtiments offrent une réponse adaptée à chacune des saisons : compacts et étanches en hiver, poreux et ouverts en été, modulable le reste du temps. Architecture d’intersaison, ces bâtiments sont germaniques trois mois dans l’année, méditerranéens trois autres mois, béglais le reste du temps. Et intégrant des réserves de vide, ils offrent la possibilité de se densifier sur eux-mêmes au rythme des évolutions démographiques et organisationnelles de leurs occupants. On connaît le caractère urbain et parisien du bâtiment de Saussure, mais on voit moins que, à l’instar des immeubles de rapport et de l’architecture haussmannienne, ce bâtiment met en forme et en matière l’idée que durer c’est être capable de se transformer. Hébergeant aujourd’hui quarante logements et du commerce, ce volume et cette structure capables permettent d’accueillir demain un programme de bureaux voire une mixité d’usages. On ne connaît pas assez malheureusement, car les projets ont été arrêtés ou perdus, les dispositifs en termes de morphologie et de matérialité développés en réponse à des climats plus difficiles comme à Beyrouth voire même hostiles comme à Atacama au Chili, ou encore le cube vitré, véritable fabrique
climatique proposée pour le centre de recherche de SaintGobain à Aubervilliers, etc. Les cheminements critiques, les jeux volumétriques et de matière, les inductions programmatiques, les appropriations d’usages, etc. développés avec LAN sont nombreux, et s’il faut bien au moins provisoirement en arrêter là la liste, formons le souhait de n’en jamais arrêter l’invention et la pratique. A commencer par le Grand Palais, dont on attend impatiemment le lancement, qui offre un territoire de création certes assez contraint mais tout de même éminemment respectable. Pour finir sur les hommes. Umberto sait tout faire, et mieux que tout le monde, c’est entendu. Benoit n’est pas mauvais non plus, même s’il le dit moins souvent.
Hôtel Alma,
Atacama, Chili - 2011
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1 LAN / Portrait d’agence AMC
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un portrait en images A1. Igloo Ticino, Mario Merz, 1990
B1. Nemausus, Arch. Jean
B6. The Rumble in the
C5. Vampyros Lesbos, Jess
D6. Palazzo Monte Doria,
Nouvel, Nîmes, France, 1987
Franco, 1971
A2. Le cimetière Brion-Vega,
B2. Monument à la mémoire
Jungle, George Foreman vs. Muhammad Ali, 1974
C6. Monastère Saint-Jean-le-
Gio Ponti, Milan, Italie, 1964-70
Carlo Scarpa, San Vito d’Altivole, Italie, 1978
de Roberto Sarfatti, Giuseppe Terragni, Altopiano di Asiago, Italie, 1934-35
C1. Georges-Eugène
Théologien, Patmos, Grèce
B3. Pink Floyd - Wish You
Barragan, Mexico City, Mexique, 1958
A3. Télévision portable TV
ZEO Galaxy 36 KID, Philippe Starck, 1995
Were Here, 1975
A4. Casa Laporte, Gio Ponti,
B4. Palais des sports, Arch.
Milan, Italie, 1935-1936
Pier Luigi Nervi, Rome, Italie, 1956
A5. La Tour des Vents, Toyo Ito, Yokohama, Japon, 1986 A6. Double métamorphose
III, Yaacov Agam, 1968-1969
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B5. Fenêtre de la Villa
Malaparte, Adalberto Libera, Capri, Italie, 1937
Haussmann, 1809 - 1891 C2. Torres de Satélite, Luis
C3. Oliviero Toscani, publicité pour Benetton, 2011 C4. House of the Silver Wedding, IIe siècle av. J.-C., Pompéi, Italie
F1. Machine à écrire, Olivetti Lettera 32, 1963
G1. Cimetière San
F2. L’Oratoire de Saint
Cataldo, Aldo Rossi, Modène, Italie, 1971
Philippe Néri, Rome, 1575
G2. Sant’Ivo alla Sapienza,
F3. Diego
Francesco Borromini, Rome, Italie, 1642-1660
D1. Pitigliano, Toscane, Italie
E1. Maison de Verre, Pierre Chareau, Paris VI, 1932
D2. Amphithéâtre
E2. Shibam, Yémen
F4. Banque de Naples, Arch.
de Pompéi, Italie, 80 av. J.C
E3. New York, 2015
Marcello Canino Naples, 2013
D3. Guns N’ Roses - GNR
E4. Daft Punk
F5. Johnny Thunders (New
LIES, 1988
E5. Musée d’art moderne
York Dolls), 1991
D4. Quartier espagnol,
Naples, Italie
Louisiana, Humlebæk, Danemark, 1958
D5. Monica Vitti, actrice, 1931
E6. Still Life, Giorgio Morandi, 1946
F6. La Verrière de la Grande Nef, Grand Palais, Paris, France
H1. Sanjusangendo, temple, Kyoto, Japon, 1164 H2. Burj’el Murr, Beirut, Liban, 1975-1977 H3. Il Grande Cretto,
G3. Castello di Ama, Daniel
Alberto Burri – Gibellina, Sicile, Italie,1985-1989
Buren, Gaiole in Chianti, Italie, 2001
H4. 3.D Cities, Mona Hatoum, 2009
G4. Chair, Enzo Mari, 1974 G5. Centre d’art britannique
H5. Ken le Survivant, Toyoo Ashida, 1986
de Yale, Louis Kahn, New Haven, USA, 1977
H6. Issey Miyake, collection automne-hiver 2012
G6. Kurt Cobain
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Portrait6d’agence AMC / LAN
I
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M
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I1. Rocky I,
J1. Sonic Water Lillies, Philippe Parreno, 2012
K1. Factory club, Kevin Cummins, Manchester, 1979
L1. Cristiano Ronaldo,
John G. Avildsen, 1976 I2. Eglise Saint-Joseph du Havre, Auguste Perret, Le Havre, France, 1951-1956
J2. Pozzo di san patrizio, Antonio da Sangallo il Giovane, Orvieto, 1537
L2. Palais Spada,
Arch. Francesco Borromini, Terni, Italie, 1551-1554
M2. Rue de Rivoli, Photographe: David Brussat
I3. Logements rue Meaux,
J3. La Dimension cachée,
K2. Mémorial des Martyrs de la Déportation Georges-Henri Pingusson, Paris, France, 1962
M1. Relatum with Four Stones and Four Irons, Lee Ufan, 1978
L3. Coffee and Cigarettes ,
M3. La Maison Dom-ino,
Renzo Piano, Paris, France, 1991
Edward T. Hall, 1971
K3. Pink Floyd, Ummagumma, 1969
réal : Jim Jarmush, 2003
Arch. Le Corbusier, 1915
Province de Caserta, Italie, 1762
L4. Gare maritime,
M4. Atari Light, Pavillon
N3. Temple, Kyoto, Japon
I4. Villa La Rotonda, Andrea Palladio Vicence, Italie, XVIe siécle I5. Skyspace,
J5. Théâtre di San Carlo, Arch. Antonio Niccolini, Elisabetta Fabbri, Naples, Italie, 1737
James Turrell, 1970 I6. Renaissance, Christian
Volckman, 2006
J4. Aldo Rossi, Portrait
K4. American Bar, Arch. Adolf
FIFA 16
N1. Farnsworth House,
partie 1 de Philip Johnson / Seagram Building, New York City, USA 1956-1958 N2. Aqueduc Carolino,
Loss, Vienne, Autriche, 1908
Arch. Mario Dezzutti, Naples, Italie, 1933
français, Biennale de Venise, Pierre Huyghe, 1999
N4. The Atlas Group, Walid Raad, 1999
K5. Palais Spada,
L5. Chapelle Bruder Klaus
M5. Kasuri, imprimé coton,
N5. La basilique Saint-Pierre,
Arch. Francesco Borromini, Terni, Italie, 1551-1554
Field, Arch. Peter Zumthor, Cologne, Allemagne 2007
Japon, 1880
Vatican, Italie, 1506-1626
J6. Marcello Mastroianni,
M6. Eglise de Bagsværd,
N6. Jimmy Page
La dolce vita, 1963
K6. Gare Maritime
L6. East-West / West-East, Richard Serra, 2014
Arch. Jørn Utzon, Copenhague, Danemark, 1976
O1. Camp de prisonnier pour soldats allemands, Atlanta, Nebraska
de Naples, Italie, 1958
O2. Atelier d’Anselm Kiefer, Barjac, France, 2011-2012 O3. Flat Iron Building,
Daniel Burnham New York, USA, 1902
P1. Basilique St-François d’Assise, Assise, Italie, XIe siècle
O4. Un Recuerdo Para Ti,
P2. Invisible Cities, Italo Calvino, Editeur : Giulio Einaudi, 1972
tirage chromogénique, Kiluanji Kia Henda, 2009
P3. La Cité idéale, Piero della Francesca, 1480-1490
O5. Palazzo della Carovana, Arch. Giorgio Vasari, Pise, Italie, 1562-1564
P4. Grandi magazzini La
O6. Climat de France, Arch. Fernand Pouillon, Alger, Algérie, 1954-1957
P5. Le Monastère de Panagia Chozoviotissa, Amorgos, Grèce, XIe siècle
Rinascente, Piazza Fiume, Rome, Italie, 1957-1961
P6. Madain Saleh, Arabie
Saoudite
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LAN / Portrait d’agence AMC
Entretien avec Umberto Napolitano / LAN par Margot Guislain
Pour reprendre un fameux slogan, il se dégage des bâtiments réalisés par LAN une sorte de force tranquille, à l’opposé de ce qu’on appelle aujourd’hui “ architecture gesticulatoire “. De quelle manière les projets sont-ils abordés ? La réflexion sur la forme est au centre de notre production architecturale. Elle se situe en filiation directe de la pensée d’Aldo Rossi selon laquelle « La forme perdure et préside à la construction dans un monde où les fonctions se modifient constamment, et, à l’intérieur de la forme, la matière se modifie » (Autobio-
La forme : superposition des logements individuels
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graphie scientifique). Ce qui explique, sans doute, cette impression que produisent nos bâtiments, qui correspond à la recherche de durabilité d’une forme. Il faut bien comprendre ici que la forme est une entité abstraite comme l’avait énoncé Aristote, le premier théoricien de l’espace, et non pas le
terrain de l’expressivité. Paul Klee a développé une réflexion très intéressante, à laquelle nous nous référons souvent: « Nulle part ni jamais la forme n’est résultat acquis, parachèvement, conclusion. Il faut l’envisager comme genèse, comme mouvement. Son être est le devenir et la forme comme apparence n’est qu’une maligne apparition, un dangereux fantôme ». Cela signifie que nous travaillons avec l’objectif de créer des formes en mouvement, qui permettront de faire survivre le bâtiment au-delà de la fonction pour laquelle il a été construit initialement.
79 logements Portrait d’agence AMC / LAN
Bègles, 2009 - 2016 Compacité variable
Quels sont les projets qui pourraient illustrer le mieux cette recherche de “ forme en mouvement ” ? Je vais m’appuyer sur quelques projets dans lesquels la forme a une capacité à évoluer. Le premier concerne des logements réalisés à Bègles, près de Bordeaux. L’urbaniste Tania Concko avait donné comme directive de concevoir des bâtiments capables, par leur masse, de dessiner l’espace public. Cela impliquait donc des volumes bâtis d’une certaine ampleur. Mais, avec la crise de 2008, les investisseurs ont reculé et la surface à
construire a du être divisée par deux. À ce moment là, l’agence était en train de mener une recherche sur une typologie de logement capable de combiner les qualités de la maison individuelle (pas de voisinage direct, importance de l’espace extérieur privatif) avec celles de l’habitat collectif (partage des ressources, densité du bâti, économie du sol...). Alors, nous sommes partis sur l’idée d’un empilement de logements traversant, séparés entre eux par des
vides, c’est à dire des grandes terrasses de la taille du logement. Avec une surface habitable et un budget divisés par deux, les bâtiments ont pu alors être réalisés avec les gabarits prévus par le plan d’urbanisme. Mais ces terrasses présentent aussi le grand avantage de constituer des réserves foncières pour les habitants qui voudraient plus tard doubler la surface de leur appartement. La forme du bâtiment a donc ici a capacité d’évoluer à l’intérieur de son enveloppe pour répondre aux nouveaux besoins des habitants et, au final, aux changements de ce nouveau morceau de ville.
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LAN / Portrait d’agence AMC
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Portrait d’agence AMC / LAN 79 logements
Bègles, 2009 - 2016
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LAN / Portrait d’agence AMC
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PORTRAIT D’AGENCE AMC / LAN
40 LOGEMENTS
Paris XVII 2015
© LAN
Angle Boulevard Pereire, rue Saussure 2055, scenario potentiel d’occupation du projet
Ces formes mouvantes, flexibles, peuvent-elles néanmoins trouver un ancrage dans l’histoire d’un site ? Le bâtiment de 40 logements que nous avons réalisé sur la ZAC Clichy-Batignolles montre que cette approche permet aussi une inscription dans l’identité d’une ville. Par son implantation en limite de la ZAC, le bâtiment se trouve à l’interface entre l’urbanisme classique haussmannien et celui des ecoquartiers actuels qui se construisent un peu partout en France. Au moment où nous avons abordé ce projet, il se trouve que nous étions depuis un certain temps en train de travailler sur les
valeurs de l’héritage haussmannien, et notamment sur la grande capacité de l’immeuble de rapport à pouvoir évoluer et accueillir d’autres programmes. La conception de la façade en est l’une des raisons majeures. Malgré son aspect très minéral, elle est en réalité vitrée sur 55 à 65 % de sa surface, selon une trame très régulière. Cela autorise une grande diversité de typologies de logement mais aussi de fonctionnalités : une fenêtre pour une chambre ou pour un bureau,
deux pour une salle à manger ou pour la salle de réunion d’une entreprise, quatre pour un grand séjour ou pour une salle de classe, etc. Par ailleurs, entre le rez-de-chaussée commercial, l’entresol, l’étage noble, les étages courants et les combles, les bâtiments haussmanniens offrent une palette de hauteurs sous plafond différentes qui participe à cette flexibilité fonctionnelle. Dans le contexte urbain où se trouve l’immeuble de logements de la ZAC Clichy-Batignolles, face aux immeubles haussmanniens, nous avons donc considéré qu’il y avait une réflexion à mener à la fois sur la trame et sur les hauteurs de dalle à dalle pour assurer ce même degré de polyvalence. 15
LAN / Portrait d’agence AMC
Pour la trame, nous avons choisi celle des bâtiments tertiaires (1,35 m), qui est incontournable pour loger des bureaux, mais qui fonctionne aussi pour réaliser des logements. Pour permettre une flexibilité spatiale maximale à l’intérieur, la structure est rejetée en façade au moyen de grands panneaux préfabriqués porteurs qui libèrent les plateaux de tous poteaux ou murs de refends. Pour la hauteur de dalle à dalle, nous avons considéré que les standards actuels ( 2,80 m pour les logements, 3,50 m pour les bureaux ) sont trop figés et n’offrent pas la souplesse d’usages qu’offre l’haussmannien. Alors nous avons calibré cette hauteur à une dimension intermédiaire de 3,20 m entre bureau et logement (excepté pour le RDC en continuité de la rue) et nous avons placé toute la technique (fluides, canalisations d’eau, etc. ) à l’intérieur de ces grands panneaux de façade. Alors, si demain ou dans un siècle, les utilisateurs ont besoin de transformer l’intérieur, de déplacer les gaines pour loger toutes sortes d’autres programmes que nous ignorons aujourd’hui, il n’y aura pas besoin d’effectuer des sondages, de lancer des référés : chacun saura que tout est contenu dans la façade. La flexibilité d’usage exige cette clarté.
Immeuble d’angle, Boulevard Haussmann
© DR
Caractéristiques des éléments de langage haussmannien
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Portrait d’agence AMC / LAN
Tour 360°
Ilot Brossette, Nantes. 2013 -2018
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LAN / Portrait d’agence AMC
théâtre du Maillon
Strasbourg. 2013 - 2018. Schéma conceptuel : le théâtre-ville
Lan réalise actuellement un théâtre à Strasbourg sur un principe de flexibilité maximale de l’espace. En quoi était-il opportun de l’appliquer pour un théâtre ? Le théâtre du Maillon fait partie de ces structures culturelles qui ont fait évoluer considérablement la sphère théâtrale, parce qu’étant déplacés d’un site à l’autre, les utilisateurs en ont profité pour s’interroger sur leur projet, leurs pratiques, en fonction de l’architecture des bâtiments qu’ils occupaient. Lorsque nous avons été invités à participer au concours pour que soit réalisé un bâtiment neuf, conçu spécialement pour eux (le Maillon étant logé jusque là dans l’ancien bâtiment du Parc des expositions), nous avons tout de suite compris que la perspective d’être confinés dans une architecture rigide, qui reprendrait les codes habituels de l’archi20
tecture des théâtres, agaçaient d’avance nos interlocuteurs : La flexibilité de lieux non conventionnels était devenu l’outil qui leur permettait d’être créatifs. Alors nous avons regardé le dispositif fonctionnel classique d’un bâtiment de théâtre qui repose toujours sur la relation très hiérarchisée de ces trois éléments : l’entrée avec le foyer, la salle de représentation et les coulisses. Comme le Maillon avait l’habitude de bousculer ce système en les déplaçant d’un point à un autre du bâtiment selon les spectacles, nous nous sommes interrogés sur la forme qui permettrait de préserver cette liberté de mouvement et d’expression artistique.
Rapidement nous est venue l’idée de travailler l’espace global à la manière d’un plan d’urbanisme, parce que la ville a cette caractéristique de former des îlots qui fonctionnent indépendamment les uns des autres, entourés de rues qui sont de véritables espaces de transition et non seulement des voies de circulation. Alors, nous avons défini une trame calculée à partir de la dimension du module d’un grill technique (indispensable pour pouvoir accrocher n’importe où les équipements scéniques) jusqu’à pouvoir tracer ce réseau de rues et d’îlots. Puis, nous avons conçu un sol continu avec partout des points de connexion pour les appareils et des rails permettant de faire coulisser des murs, y compris acoustiques. Le théâtre devient donc un énorme open space où les différents éléments du programme peuvent évoluer indépendamment, comme dans une ville.
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LAN / Portrait d’agence AMC
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Le Grand Palais
Paris VIIIe 2014-2022 La FIAC en 2022 et la Grande Rue des Palais
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Décomposition du Grand Palais
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Le projet de réaménagement du Grand Palais est l’occasion de tester la flexibilité d’un bâtiment protégé au titre des Monuments historiques. Quelle malléabilité formelle offre un ouvrage monumental comme celui-ci ? Lorsque nous avons abordé le projet de réaménagement du Grand Palais, nous nous sommes rapidement aperçus que cette architecture correspondait exactement aux recherches que nous menions à l’agence. Son histoire est fascinante, car il a été construit pour l’exposition universelle de 1900 et, en plus d’un siècle, il a été mis à l’épreuve d’une manière extraordinaire, utilisé pour des foires commerciales, des expositions d’art, des concours hippiques, des manifestations événementielles, des représentations de théâtre, etc. Alors nous avons d’abord fait une étude analytique du Grand Palais pour comprendre cette
grande flexibilité d’usages qui lui permet de perdurer avec la même vivacité depuis plus d’un siècle. Nous avons découvert qu’il avait été conçu avec un dispositif très particulier. Parce qu’il fallait faire vite, trois architectes ont été sélectionnés pour réaliser chacun un des bâtiments qui composent cet ensemble appelé Grand Palais : la Nef, le Palais de la Découverte (à cette époque nommé le Palais d’Antin) et le bâtiment intermédiaire en articulation (où se situe aujourd’hui l’entrée des Galeries Nationales). Un quatrième architecte était chargé de la coordination. Comme l’architecture « Beaux-Arts » de cette époque reposait sur la
composition, nous avons précisément décomposé le plan pour faire ressortir la structure formelle qui relie ces trois entités aux styles architecturaux hétérogènes. Nous avons ainsi fait ressortir ce dispositif d’une très grande intelligence où les espaces peuvent fonctionner indépendamment les uns des autres, puisque chacun disposent de deux noyaux de circulation verticale (les rotondes), avec entrée et sortie sur rue. Lors du concours, nous avons donc présenté un projet qui a permis de mettre en valeur et d’optimiser cette structure formelle originelle qui offre une qualité d’usage incroyable. Tous les nouveaux espaces et ceux qui sont requalifiés bénéficient de ce système de connexion existant. Au final, notre projet consiste à préserver ce dispositif, à l’optimiser encore, pour rendre l’espace du Grand palais encore plus flexible. 23
LAN / Portrait d’agence AMC
À quoi correspond cette recherche d’abstraction qui marque de son empreinte tous les bâtiments de LAN ? Quand on est une jeune agence, on a tendance à puiser de manière instinctive dans des éléments de langage qui nous semblent familiers, à la fois parce qu’on les trouve beaux, cohérents, parce qu’on y trouve du plaisir, éventuellement de la facilité. Dans nos projets, nous cherchons à nous affranchir de ces codes
typologiques qui sont la représentation directe d’un programme. Car, une des plus grandes erreurs commises à partir du Mouvement moderne a été de vouloir réduire l’approche du projet à une vision scientifique qui répondrait avant tout à un besoin, à une fonction. En cela, nous nous alignons complètement sur
les recherches d’Aldo Rossi en opposition avec cette théorie fonctionnaliste – la forme suit la fonction – alors dominante et qui continue de l’être en grande partie. L’architecture doit être beaucoup plus que cette réponse, jusqu’à se dissocier de la fonction et devenir abstraite.Ce positionnement nous conduit immanquablement à la suprématie de la ville et donc au premier paramètre formel qui guide la conception d’un bâtiment, c’est à dire à son urbanité.
Bigness.
Pièce produite pour l’exposition monographique à Storefront, New York, mars 2016. Représentation de l’empreinte du bâtiment de Lille Grand Palais sur le centre historique La Tour Euravenir
© LAN
Lille. Vue depuis la passerelle Le Corbusier.
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Portrait d’agence AMC / LAN
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LAN / Portrait d’agence AMC La Tour Euravenir
Lille.
© LAN
Vue depuis le boulevard périphérique
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© LAN
Portrait d’agence AMC / LAN
N’est-ce pas une vue de l’esprit de vouloir faire disparaître les stigmates d’un programme aussi lourd que celui d’une prison pour atteindre l’abstraction architecturale ? Pour le Centre de semi-liberté de Nanterre, dont le concours correspond à une période où le gouvernement voulait augmenter le nombre de prisons, nous nous sommes posés la question de la relation entre la prison et son environnement extérieur, qui se maté-
rialise depuis toujours par le mur d’enceinte. Nous avons cherché le moyen de dépasser cette représentation en rassemblant tous les éléments du programme qui pouvaient se trouver en contact direct avec la rue et à partir de là nous avons fait du mur initial une
bande programmatique vivante. Les façades s’éclairent, s’animent à travers les fenêtres et une immense trouée établit une relation visuelle directe entre ce quartier de Nanterre et l’intérieur de la prison. Les détenus qui sortent la journée et rentrent le soir ne franchiront plus un mur d’enceinte mais pénétreront dès la porte d’entrée dans un bâtiment dont la forme permet d’abriter d’autres programmes, comme une résidence étudiante ou des entreprises.
Centre de semi-liberté
Nanterre. 2011-2017 Centre de 90 places et siège du SPIP des Hauts-de-Seine
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LAN / Portrait d’agence AMC
Les gymnases sont souvent des volumes opaques hors d’échelle et sans contact avec leur environnement, dont la forme est marquée par les normes liées aux pratiques sportives. Comment le gymnase de Chelles a-t-il réussi à combiner abstraction et urbanité ?
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La Ville de Chelles a fait le choix très singulier de construire son nouveau gymnase municipal à l’endroit le plus stratégique, la place principale, où sont rassemblés des équipements publics emblématiques, c’est à dire l’Hôtel de ville, le Centre d’art contemporain (en plus logé dans une ancienne église), un collège et un parc. Vu cette situation, il fallait absolument le faire participer à la qualification de ce lieu majeur
Portrait d’agence AMC / LAN pour la ville. Nous avons donc effectué tout un chemin pour sortir de la typologie du gymnase et en faire un objet urbain. A la place d’une enveloppe opaque, avec un bandeau vitré en partie haute pour toute transparence, les murs du gymnase sont constitués d’une double peau, avec du verre en face externe et des panneaux de cuivre en face interne. Ces panneaux en cuivre sont ouvrants, comme des
volets, et dans leur position ouverte, la lumière peut pénétrer à l’intérieur à travers les vitrages et permettre un autre usage de l’espace, comme celui d’une salle d’exposition en extension du centre d’art voisin. L’idée d’une interaction possible entre les deux équipements culturel et sportif, nous l’avions proposée au moment du concours, car il nous semblait impossible de figer un
centre-ville, quand il doit pouvoir suivre le cours du développement urbain. De plus, les bâtiments disparates qui entourent la place se reflètent sur les façades et forment un tableau général qui donne aux habitants de Chelles une nouvelle vision de ce lieu. L’image identifiable du gymnase a ainsi été évitée pour participer à la composition de la place, à égalité avec les équipements majeurs de Chelles.
Gymnase
Chelles. 2010 - 2012 Le nouveau-centre ville de Chelles recomposé
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LAN / Portrait d’agence AMC
PRISON
Dans les bâtiments « officiels », la représentation du pouvoir fait quasiment partie de la commande. La mairie de Saint Jacques de la Lande échappe à cette règle… 30
MAIRIE
Avec le maire de St-Jacques de la Lande, une personnalité très éclairée, nous nous sommes précisément demandé ce que la population attendait de ce type de bâtiment et de son rôle dans la ville. Nous avons dans un premier
Portrait d’agence AMC / LAN mairie de SaintJacques de La Lande
© LAN
© LAN
2010-2016
TRIBUNAL
temps décidé de nous affranchir de la symbolique du pouvoir incarné par un parvis sur lequel est érigé un bâtiment. Nous avons choisi de faire de ces deux éléments un lieu unique, avec un amphithéâtre
GYMNASE
qui est la partie en plein air et le bâtiment, la partie abritée. Cette mairie introduit donc un autre symbole, non plus celui du pouvoir mais celui de la ville, au sens de son territoire. Concrètement, le projet a répondu à une pro-
blématique urbaine propre à St-Jacques de la Lande, qui est en train de se constituer un nouveau centre-ville. Cette mairie est alors une forme urbaine, qui est ce qu’elle doit être : à la disposition des citoyens. 31
LAN / Portrait d’agence AMC
Centre d’Archives
Bure. 2007 - 2011
Le Centre des archives d’EDF a poussé très loin la réflexion sur la forme et la fonction, comme cela peut-être le cas pour de nombreux bâtiments utilitaires à faible activité humaine à l’intérieur. Mais à ce niveau d’abstraction est-on encore dans l’architecture ? En lançant un concours international pour son centre d’archives, EDF voulait un bâtiment qui affiche son engagement dans le développement durable, mais il voulait aussi qu’il soit le plus discret possible, car l’entreprise dépend 32
toujours très largement du nucléaire, qui est un domaine très sensible et suscite beaucoup de réactions. Alors nous nous sommes trouvés devant ce paradoxe de devoir réaliser un bâtiment ayant à la fois valeur de symbole et qui
devait ne pas être trop visible. Et quand le terrain d’implantation du futur bâtiment est situé au milieu des champs, à l’écart d’un village de la Meuse d’une petite centaine d’habitants (Bure), ce paradoxe devient encore plus grand. Le cahier des charges du concours préconisait donc la réalisation d’un bâtiment bas, de R+1 au maximum. Mais, en faisant des recherches, et notamment sur les bâtiments d’archives des Mormons, qui sont des grands spécialistes de la généalogie et de l’archivage, nous avons pu constater qu’à toutes époques confondues, les bâtiments destinés à cette fonction avaient tou-
Portrait d’agence AMC / LAN
jours été construits dans le sens de la hauteur pour le plus d’efficacité possible, au niveau des distances à parcourir par le personnel, du contrôle de l’espace, de la gestion de la lumière, de la température, de l’humidité, etc. Alors, nous avons montré à EDF qu’avec un bâtiment compact de cinq étages, les trajets pour aller de la zone de tri aux magasins seraient divisés par quatre, qu’au niveau environnemental, les consommations énergétiques seraient divisées par deux, et qu’en libérant du terrain, il devenait possible de récupérer les eaux pluviales. Le bâtiment devenait alors écologiques. De
là, nous avons choisi une forme étudiée par rapport aux dimensions d’un dossier et de l’étagère sur lequel il sera rangé, jusqu’à générer le plan général du bâtiment et ce grand volume parallélépipédique. Mais quand un tel édifice est utilisé par un si petit nombre de personnes, que les documents à archiver arrivent à un rythme aussi lent, sur quoi est-il possible de s’accrocher pour rendre une forme vivante, la mettre en mouvement et faire que ce volume soit tout de même un bâtiment et non pas une sculpture dans le paysage ? Nous en avons conclu qu’il fallait
créer par les façades une relation forte avec l’environnement. Nous l’avons rendu possible en insérant dans le béton une multitude de pastilles en Inox poli miroir qui captent la lumière et les couleurs changeantes du paysage selon les heures de la journée, les saisons, quand le ciel est gris, quand il y a du soleil, quand les champs sont verts ou recouverts de neige, etc. Avec ses façades changeantes, ce bâtiment à priori inutile et hors d’échelle pour la population se transforme en un vrai repère visuel pour le village et pour les automobilistes qui passent par la route départementale. 33
LAN / Portrait d’agence AMC
On voit aujourd’hui les fenêtres des façades devenir des éléments graphiques de toutes les couleurs, des objets en tant que tels (boîtes en relief, en creux, moucharabiehs…) et vouloir être autre chose que ce qu’elles sont. On pourrait donc en conclure qu’on se trouve ici sur le terrain de l’abstraction. Quelle est la réflexion que mène LAN sur ce sujet sensible ?
Siège social
Saint-Mesmes. 2006 - 2008.
© J-M. Monthiers
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Portrait d’agence AMC / LAN Centre d’incendie et de secours et direction départementale des services d’incendie et de secours
© LAN
Rennes. 2013 - 2018
Méthodologiquement, à l’agence, nous ne dessinons jamais de fenêtres sur un plan avant d’avoir perçu comment telle ou telle façade va qualifier l’espace public. Et c’est ainsi que nous rentrons dans le domaine de l’abstraction. Nous faisons beaucoup de recherches sur leur dimension, sur la perception qu’on en a depuis l’extérieur, l’intérieur, etc., C’est le cas pour les logements de la ZAC Clichy-Batignolles, où l’enveloppe semble très vitrée depuis l’intérieur
des logements, alors que depuis l’extérieur, le verre et le béton semblent en proportions égales sur la façade. De même, la tour de Lille paraît opaque à l’extérieur alors qu’elle est complètement transparente. L’échelle est déterminante pour atteindre abstraction. Matisse a écrit « Les détails diminuent la pureté des lignes, ils nuisent à l’intensité émotive ». Nous partageons complètement son point de vue : les détails ne doivent pas prendre le
dessus sur l’unité plastique ; on doit parvenir à les traiter de manière à ce qu’ils soient l’expression de cette unité. Par exemple, la répétition quasi obsessionnelle de la trame du Centre d’incendie et de secours de Rennes nous fait perdre l’échelle du bâtiment, ne sachant pas si la hauteur d’une fenêtre correspond à un ou trois niveaux. Et comme l’échelle d’un bâtiment renseigne sur sa fonctionnalité, si elle s’efface, l’objet devient complètement dédié à la ville.
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LAN / Portrait d’agence AMC
117 logements
Mouvaux. 2009 - 2015
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Portrait d’agence AMC / LAN
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LAN / Portrait d’agence AMC Résidence étudiante
Paris XVIII. 2007-2011
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Portrait d’agence AMC / LAN
Négatif
Pièce produite pour l’exposition monographique à Storefront, New York, mars 2016. Extrusion des vides en cœur d’ilots du tissu haussmannien
Dans la réflexion de LAN sur la ville, comment s’intègre la problématique de la densité urbaine qui prédomine, par exemple dans l’aménagement des écoquartiers ? Il se dit beaucoup de choses autour de cette notion avec, toujours, la recherche de ce qui serait la « juste » densité. En 1966, Edward T. Hall, dans « La dimension cachée » démontrait déjà la dimension subjective que revêt la distance physique entre les personnes, sa variabilité en fonction des habitudes culturelles d’un pays, d’un environnement donné,
du rapport à l’autre, etc. Des études effectuées à l’Ecole Polytechnique de Zürich ont également démontré les différences entre densité perçue et densité réelle. On a par exemple constaté que les grands ensembles étaient considérés comme des secteurs à forte densité alors que, souvent, ils sont parmi les moins denses. Au Caire, qui est très
dense, les immeubles sont bas, mais il y a plus d’occupants dans chaque logement qu’à Paris par exemple. Il faut donc observer comment la forme d’une ville engendre une certaine forme de densité, et, quels sont les modes de vie que ce type de densité génère. La densité, qui fait partie des paramètres qui définissent la forme de la ville, et donc de ses bâtiments, doit donc tenir compte de données historiques, géographiques, politiques, économiques, sociologiques, qui sont spécifiques à une ville. « La forme d’une ville est toujours la forme d’un temps de la ville, et il existe plusieurs temps dans la formation d’une ville » (Aldo Rossi, L’architecture de la ville). 39
LAN / Portrait d’agence AMC C’est donc tout un cheminement qui nous permet de reconsidérer les paramètres à prendre en compte pour construire. Ils sont mouvants dans le temps, complexes, au contraire de ceux, très simplificateurs des Zac actuelles. Si les « faits urbains » constitutifs de l’histoire et de la mémoire de la ville ne sont pas pris en compte dans leurs aspects les plus individuels, particuliers, irréguliers et donc les plus intéressants, nous finirons par construire des théories aussi artificielles qu’inutiles.
Positif
Pièce produite pour l’exposition monographique à Storefront, New York, mars 2016. Extrusion des pleins du tissu haussmannien
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La ville est une immense œuvre d’art, et souvent elle a été bâtie sur des scénarios aussi délirants les uns que les autres. Aujourd’hui,dans les nouveaux quartiers écologiques, le scénario est réduit à un modèle ludique, avec des jardins, des parcs, des îlots confiés à des architectes qui vont déployer une collection faramineuse de matériaux de façade au point de s’affranchir de l’identité de la ville. Il est d’ailleurs impossible de savoir dans ces Zac si on se trouve à Boulogne-Billancourt, à
Lyon, etc. Elles se ressemblent toutes, à base de réglementations urbaines qui sont toujours les mêmes. Alors que quand je marche dans les rues de Paris, je sais que je ne marche pas à Marseille. C’est pourquoi, dans la Zac ClichyBatignolles, nous avons voulu faire du bâtiment une sorte de rotule entre le système urbain haussmannien, qui faisait face au bâtiment, et celui de la Zac.
Portrait d’agence AMC / LAN
Résidence étudiante
Paris XVIII. 2007-2011. Vue depuis la rue Pajol
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LAN / Portrait d’agence AMC Neue Hamburger Terrassen
Hambourg, 2008 - 2013
Le processus participatif est un autre grand phénomène du moment. Lan a réalisé une opération de logements de ce type à Hambourg. Est-il possible de garder le cap sur la dimension urbaine du projet quand les utilisateurs sont aussi associés à la conception ?
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L’histoire du projet est particulière puisque nous avons d’abord conçu le plan d’aménagement urbain de ce secteur de Hambourg, avant d’être choisis par un Baugruppe (un groupe déjà constitué de futurs habitants) pour y réaliser les quatre ilots en habitat participatif. Le projet que nous leur avons proposé (appelé Neue hamburger Terrassen) a pour source
Portrait d’agence AMC / LAN
d’inspiration les anciens logements ouvriers de Hambourg, qui sont constitués de maisons en bande qui forment un front bâti homogène avec une trame régulière de fenêtres se répètant à l’identique d’un bout à l’autre d’une rue. Nous avons fait évoluer cette typologie en réalisant des bâtiments en forme de U dont la trame est régulière et les façades homogènes et qui
génèrent trois types d’espaces de socialisation, public, collectif et privé. La forme urbaine était donc déjà trouvée avant la phase participative où les habitants soumettent au vote la répartition des foyers, le choix des matériaux, l’aménagement intérieur de leur logement, etc. Grâce à cette stratégie de projet, l’opération a pu s’inscrire dans un projet
urbain, qui aurait pu se dissoudre dans ce type de processus décisionnel. Cela étant, même si cette expérience a été très positive, elle nous a aussi montré les limites de la démarche participative, basée sur le consensus, où l’architecture devient tiède, peu propice à générer des formes à partir desquelles se bâtissent les villes.
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LAN / Portrait d’agence AMC
Les 3 Tours Saint-Hilaire
Quartier Génicart, Lormont. 2009 - 2015 Extension des loggias en chantier
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Portrait d’agence AMC / LAN
Comment s’y prendre pour redonner une urbanité à des espaces où la ville, dans ce qu’elle a de plus valorisant, s’est dissoute, comme cela est le cas dans la plupart des grandes cités de logement ? Le projet de rénovation urbaine du quartier Génicart, qui est un grand ensemble de logements des années 60 situé à Lormont, en Gironde, représente l’antithèse de celui de Hambourg dont nous venons de parler. Nous avons été particulièrement directif et au final le résultat est plus convaincant notamment au niveau des espaces qui sont aujourd’hui très utilisés et respectés par la population du quartier. Car le grand problème
des cités de logement est de ne plus pouvoir distinguer ce qui est privé, collectif et public. Cela engendre ces territoires de violence où règne la loi du plus fort. Nous avons pris la décision d’envelopper les trois tours de la résidence Saint-Hilaire par une double peau en polycarbonate pour créer des jardins d’hiver en extension de chaque logement, qui constituent donc des espaces extérieurs privés ; l’espace extérieur collectif est une esplanade
minérale organisée autour d’un équipement de jeux pour les enfants ; l’espace public de toute la cité est devenu un parc urbain. Ce grand ensemble des années 60, qui était un vrai ghetto a été désenclavé, tandis que les logements de Hambourg créent au final un ghetto, du fait de la nature même d’un Baugruppe où on choisit qui sera son voisin. La beauté d’une ville, et sa valeur démocratique, c’est aussi l’aléatoire du voisinage. 45
LAN / PORTRAIT D’AGENCE AMC
ZONE DE CONFORT, SIÈGE SOCIAL BANKMED, BEYROUTH, 2011
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SIÈGE SOCIAL BANKMED
Temp. moyenne max.
Temp. sensitive
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Beyrouth, Liban 2011
Temp. moyenne
Temp. passif
Besoins de froid
Temp. moyenne min.
Gain bioclimatique
Zone de confort
Ne risque-t-on pas de voir aujourd’hui les paramètres écologiques prendre le pas sur la dimension urbaine des bâtiments ? Au contraire, l’écologie va permettre d’enrichir la dimension urbaine d’une architecture, car de nouvelles typologies et formes urbaines sont en train de naître. Depuis le projet du Centre des archives d’EDF nous avons établi une collaboration régulière avec Franck Boutté, qui dirige une agence d’ingénierie environnementale et nous avons créé un outil, c’est à dire un diagramme qui permet d’établir une zone de confort climatique dans laquelle le bâtiment, tenant compte de ses 46
M
différents usages et des paramètres du milieu dans lequel il est construit, fonctionne sur un mode passif. Ce diagramme nous aide à définir la forme du bâtiment par laquelle il se trouvera le plus de temps possible dans cette zone de confort. Lors de périodes climatiques moins favorables, la forme doit permettre de minimiser le recours aux équipements techniques actifs qui produisent de l’énergie grise.Quelque soit la forme trouvée, elle existe toujours dans
ACTIF D
l’architecture vernaculaire. Et il se trouve qu’aujourd’hui, nous pouvons avoir accès avec une facilité incroyable à une énorme base de données d’architectures de tous les pays du monde ; elle met à disposition une palette infinie de formes, de typologies, de stratégies architecturales qui arrivent instantanément sur notre bureau. À l’heure des changements climatiques, il devient donc très facile de transférer des modèles d’une région à une autre. Par exemple, le logement avec patio des régions chaudes pourra éventuellement trouver sa place dans des pays situés plus au Nord où le climat se réchauffe. On peut alors voir émerger de nouvelles typologies hybrides.
Portrait d’agence AMC / LAN
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LAN / Portrait d’agence AMC
Les logements réalisés à Bègles, près de Bordeaux, en sont un exemple. Chacun d’eux synthétise deux formes d’habitat, à la fois maison individuelle et appartement, ainsi que deux types d’architecture, celle du Nord où les bâtiments sont fermés, compacts, celle du Sud où ils sont plus aérés, avec des patios qui permettent de profiter d’éléments naturels comme le vent pour le rafraîchissement. En plein désert du Chili, l’hôtel Atacama est un autre exemple de ce processus d’hybridation en raison des différences de températures extrêmes entre le jour et la nuit (de - 40° C à
+ 40°C ). Nous avons donc utilisé différentes typologies pour que le bâtiment soit à la fois complètement hermétique et totalement ouvert. Il est constitué de deux plaques superposées entre lesquelles ont lieu des transferts d’énergie pour à la fois réchauffer et rafraîchir. De façon générale, nous nous trouvons donc actuellement en plein processus d’échanges de savoir-faire qui est extrêmement intéressant. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la construction de l’Europe de bâtir cette culture hybride et notre génération doit en être
la protagoniste. Nous devons prendre conscience que, si on invente quelque chose, on ne le fera qu’à partir d’un mélange d’éléments existants, puisqu’aujourd’hui aucune avancée technologique ne propose un nouveau dispositif conceptuel. Pour preuve, nous construisons encore de la même manière qu’à l’époque du Mouvement moderne, à quelques détails près. C’est donc du partage que viendra l’invention, et ce territoire abstrait, fait de richesses culturelles venues de partout, j’aimerais le voir grandir et savoir ce que nous en ferons.
75 logements,
ZAC de la Marine, Colombes. 2011-2015
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Portrait d’agence AMC / LAN
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LAN / Portrait d’agence AMC
Appendice
Centre de Recherche aubervilliers p. 4
40 logements Paris XVII p. 14
Programme :
Programme :
Laboratoires et chambre thermique Lieu : Aubervilliers, France Client : Saint-Gobain R&D Budget : 37, 4 M€ HT Année : 2013 SHON : 13 120 m² Équipe : LAN, Michel Forgue (économiste), Base (paysagiste), Franck Boutté Consultants (HQE)
Hôtel Alma p. 6 Programme :
Hôtel pour chercheurs de 120 chambres Lieu : Llano de Chajnantor, désert d’Atacama, Chili Client : ESO – Observatoire Européen Austral Budget : 7,7 M€ HT Année : 2011 SHON : 5 800 m² Équipe : LAN, Bollinger + Grohmann (structure), Franck Boutté Consultants (HQE), Flack & Kurtz (Fluides + SI)
79 logements Bègles p. 10 Programme :
79 logements collectifs et commerces Lieu : Bègles, France Client : Ataraxia - SAEMCIB Budget : 8 M€ HT Année : 2009 Statut : Livraison 2016 SHON : 6 980 m² Équipe : LAN, Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économie), LBE (fluides), Franck Boutté Consultants (HQE), Ingerop (OPC). Entreprises : Harribey (GO), Smac (bardage et étanchéité), Satob (ossature bois et Mex), DSA Aquitaine (enduit), Spac (serrurerie),Mainvieille (cloisons), EMA (Min), Plamursol (sols), Atelier Océan (peinture), Sere (électricité), Guysanit (plomberie, CVC), Schindler (ascenceurs)
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40 logements sociaux et commerces Lieu : Paris 17e, France Client : ICF Novedis Budget : 5,3 M€ HT Année : 2010 Statut : Livraison 2014 SHON : 2 740 m² Équipe : LAN, Bollinger + Grohmann (structure), LBE (fluides), JP Tohier & Associés (économie), Franck Boutté Consultants (HQE), Lamoureux (acoustique) Entreprise générale : Bouygues Construction
Ilot Brossette Nantes p. 18 Programme :
logements libres, abordables et sociaux, résidence étudiante, bureaux, école hôtelière Vatel, locaux d’activités, parkings. Lieu : Bd Vincent Gâche, ZAC Île de Nantes, Nantes, France M.O. : Kaufman & Broad AMENAGEUR : Samoa SPL Budget : 38 M€ HT Année : 2013 Statut : Livraison 2018 SP : 32 265m² Équipe : LAN (architecte mandataire), Abinal & Ropars (architectes lot 2), Fernandez & Serres (architectes lot 6), Base (paysagiste), ALBDO (BET fluides), BETAP et SERBA (BET structure), Franck Boutté Consultants (HQE), Bureau Michel Forgue (économiste), Burgeap (BET environnement), Safège (BET VRD)
Théâtre du Maillon p. 20 Programme :
Construction du nouveau théâtre du Maillon Lieu : Place Adrien Zeller, Strasbourg, France M.O. : Ville de Strasbourg Budget : 16, 225 M. € HT SP : 7 211 m² Année : 2013 Statut : Livraison 2018 Équipe : LAN (architecte mandataire), Terrell (BET Structures et fluides), Franck Boutté Consultants (BET HQE), Bureau Michel Forgue (économiste), Lamoureux (acoustique), Changement à vue (scénographe)
Grand-Palais des Champs-Élysées PARIS VIII p. 22 Programme :
restauration et aménagement du Grand-Palais des Champs-Élysées Lieu : Avenue Winston Churchill, Paris 8e M. O. : Réunion des Monuments Nationaux – Grand-Palais Budget : 130 M. € HT Année : 2014 Statut : Livraison 2022 SP : 70 623 m² Équipe : LAN (architecte mandataire), Franck Boutté Consultants (HQE), Terrell (structure, façades, fluides), Michel Forgue (économiste), Systematica (flux), Lamoureux (acoustique), Casso (sécurité incendie et accessibilité), CICAD (OPC), BASE (paysagiste), Mathieu Lehanneur (design)
Tour Euravenir LILLE p. 25 Programme :
Bureaux et commerces Lille, France Client : Sogeprom, Projectim Budget : 5,7 M€ HT Année : 2010 Statut : Livraison 2013 SHON : 3 475 m² Équipe : LAN, Act Environnement (HQE), IOSIS (TCE) Entreprise générale : Spie Batignolles Lieu :
Centre de semi-liberté Nanterre p. 27 Programme :
Centre de semi-liberté de 90 places et siège du SPIP des Hauts-de-Seine Lieu : Nanterre, France Client : Ministère de la Justice Budget : 9,2 M€ HT Année : 2011 Statut : Livraison 2017 SHON : 4 350 m² Équipe : LAN, Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économiste), Nicolas Ingénierie (fluides), Franck Boutté Consultants (HQE)
Gymnase Municipal Chelles p. 28
Centre d’Incendie et de Secours p. 34
Programme :
Programme :
Gymnase et aménagement de l’esplanade de l’hôtel de ville Lieu : Chelles, France Client : Ville de Chelles Budget : 5,34 M€ HT (total) Année : 2010 Statut : Livraison 2012 SHON : Gymnase 2 200 m² Esplanade 2 857 m² Équipe : LAN, BETEM (TCE), Isabelle Hurpy (HQE) Entreprises : Eiffage Seine-etMarne (entreprise générale), Pian (démolition), Eurovia - Jean Lefebvre (VRD)
Mairie / Saint-Jacques de la Lande p. 30 Programme :
Mairie Lieu : St-Jacques-de-la-Lande, France M.O. : Ville de SaintJacques-de-la-Lande Budget : 3,7M € HT Année : 2010 Statut : Livraison 2016 SHON : 2 260 m² Équipe : LAN (architecte mandataire), Agence Franck Boutté (consultant HQE), LBE (fuides), Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économie), Lamoureux (acoustique)
Centre d’Archives Bure p. 32 Programme :
Centre d’archives Bure-Saudron, France Client : EDF Budget : 10,1 M€ HT Année : 2007 Statut : Livraison 2011 SHON : 6 800 m² Équipe : LAN, Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économiste), Base (paysagiste), LBE (fluides), Franck Boutté Consultants (HQE), Setecba Ingénierie (OPC) Entreprises : Eiffage Vosges-Meuse (GO), Sodel (électricité), Michel Viard (plomberie), Forclum (CVC), Clf Satrem (protection incendie), OTIS (ascenceurs), S.L.T.P. (cloisons), Générale Peinture (peinture), Marc Rauscher (sols), Maison Parisot (Min), Meuse Paysage (espaces verts) Lieu :
Construction d’un centre d’incendie et de secours et Direction départementale des services d’incendie et de secours Lieu : Avenue François Château, Rennes, France M.O. : Conseil Général d’Ille-et-Vilaine Budget : 12.6 M€ HT Année : 2013 Statut : Livraison 2018 SP : 8 516 m² Équipe : LAN (architecte mandataire), Bureau Michel Forgue (économiste), Terrell (structure, fluides), Lamoureux (acoustique), Klein (OPC)
Siège social Saint-Mesmes p.34 Programme :
Siège Social Saint-Mesmes, France Client : Marchesini France S.A. Budget : 1,7 M€ HT Année : 2006 Statut : Livraison 2008 SHON : 1 000 m² Équipe : LAN, Batiserf Ingénierie (structure), Choulet (fluides+HQE) Entreprise générale : Dutheil Construction Lieu :
117 logements Mouvaux p. 36 Programme :
117 logements (84 logements sociaux et 33 logements privés) et commerces Lieu : Mouvaux, France Clients : Notre Logis - Nacarat Budget : 14,4 M€ HT Année : 2009 Statut : Livraison 2015 SHON : 11 035 m² Équipe : LAN, Batiserf Ingénierie (structure), Michel Forgue (économie), LBE (fluides + HQE), Egis (OPC) Entreprises : Holbat (GO), Dubois (couverture), Laurenge (charpente), Sipose (Mex), Deneuville (serrurerie), EWH (cloisons), Normovie (Min), Indigo – Duvivier (sols, peinture), CRI (carrelage), Sertec (électricité), Halbot (plomberie, CVC), Schindler – Otis (ascenceurs)