CHI 568 extraitusineschimie09 21

Page 6

rendez-vous | entretien

CHIMIE DU VÉGÉTAL

Propos recueillis par Sylvie Latieule

© pixabay

Installé en Nouvelle-Aquitaine, Patrick Maestro, directeur scientifique de Solvay, s’intéresse notamment à la recherche autour des produits biosourcés. À ce titre, il préside le club des industriels du réseau Increase. Quel bilan tire-t-il de vingt années de développements dans le secteur ? Quelles perspectives entrevoit-il ? Le scientifique s’explique dans les colonnes d’InfoChimie magazine.

«Nousavonsbesoindebioraf performantes»

© Solvay

InfoChimie magazine : Aujourd’hui, on peut affirmer que l’industrie chimique a changé dans la prise en compte de son impact environnemental et qu’elle est pleinement investie dans la lutte contre le changement climatique. En tant que directeur scientifique du groupe Solvay, et alors que vous baignez depuis de longues années dans le monde de la recherche, est-ce que vous percevez une rupture ? Patrick Maestro : Il est vrai que la chimie a changé et qu’elle se préoccupe désormais complètement de l’impact environnemental de ses produits et de ses procédés. Mais cette prise de conscience n’est pas nouvelle. Elle remonte déjà à une bonne dizaine d’années. Chez Solvay, on peut évoquer les travaux importants réalisés par Guy-Noël Sauvion pour déterminer les impacts économiques et environnementaux de nos produits, notamment au travers de la réalisation d’analyses de cycle de vie. Ce qui a pu changer récemment, c’est que nous disposons enfin de résultats très concrets qui nous permettent de fixer des objectifs précis relatifs à la diminution de notre impact sur l’environnement. Et c’est toute la chaîne de Patrick Maestro, valeur qui est interrogée : nos procédés, nos directeur scientifique de Solvay. produits, et leur devenir chez nos clients. On travaille également beaucoup sur le sujet de

06

l’énergie, celle nécessaire pour nos procédés, mais aussi sur son stockage, ou sur les matériaux permettant des économies d’énergie, l’allègement, par exemple. Solvay est membre du réseau Increase qui correspond à un rapprochement entre laboratoires académiques et un club d’industriels, afin d’accélérer le remplacement du carbone fossile par du carbone renouvelable. À ce titre, comment expliquez-vous la faible percée du biosourcé chez les grands chimistes, alors que c’est potentiellement une opportunité pour réduire l’empreinte carbone des produits chimiques ? P.M. : Le principal problème dans le domaine du biosourcé reste la disponibilité de la ressource. Un grand chimiste qui va consommer des volumes importants de matière première doit être sûr de disposer d’une ressource à la fois abondante, stable et pérenne du point de vue de sa disponibilité, de ses spécifications techniques ou de son coût. C’est justement le gros avantage de la pétrochimie que d’offrir une matière première stabilisée depuis des années. On sait exactement quels types de produits vont pouvoir sortir d’une raffinerie et à quel coût. Dans le cas du biosourcé, la ressource n’est toujours pas stabilisée. Il y a, certes, des exceptions sur quelques n°568 - Septembre 2021 - Infochimie magazine


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.