Industrie Pharma n°76

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DÉCEMBRE 2013 32 EUROS

www.industriepharma.com

31 DOSSIER TRAÇABILITÉ

L’INDUSTRIE SE PRÉPARE

À INVESTIR 16 Complix poursuit le développement des alphabodies

24 REPORTAGE Pour ses 100 ans, Innothera s’agrandit

26 ENQUÊTE Façonnage Vers une concentration ?

43 Bodet-Osys aide à mieux gérer les données techniques de production


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DOSSIER

TRAÇABILITÉ L’industrie se prépare à investir Sérialisation, inviolabilité, etc. La directive européenne sur la falsification des médicaments entre en action. Elle va impliquer des investissements sur les lignes de conditionnement et sur la partie logicielle pour la gestion des lots et des numéros de série. Les laboratoires ont débuté les études afin de mettre en œuvre sérialisation et inviolabilité. Des investissements qui devraient être plus conséquents que ceux pour la mise en place du datamatrix.

32 SÉRIALISATION Un problème international aux solutions 36 INVIOLABILITÉ Les industriels dans l’attente de précisions

© P. Guittet

variées

38 MARQUAGE Le datamatrix, un code coûteux et sous-utilisé 40 STRATÉGIE Aspapharm, nouvel acteur du conditionnement IndustriePharma N°76 Décembre 2013

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DOSSIER

Traçabilité L’industrie se prépare à investir SÉRIALISATION

Un problème international aux solutions variées Alors que la réglementation européenne se met en place, la sérialisation du médicament se généralise dans le monde. Pourtant, chaque région ou pays marque ses différences.

Europe du Sud de Cognex. De nombreuses réglementations relatives à la sérialisation des médicaments se mettent actuellement en place ou le sont déjà. À l’instar de la Turquie, la Chine, les États-Unis et l’Europe. « Trois systèmes sont mis en place. D’abord une sérialisation avec un contrôle statistique a posteriori, qui facilite les investigations mais ne protège pas les patients en temps réel (Italie, Argentine). Un contrôle systématique dans tous les points de dispensation (pharmacies), qui constitue un système fiable et présente un ratio « bénéfices/coût » optimal (prévu en Europe au plus tard fin 2017). Et enfin, un système de contrôle à différents niveaux de la chaîne de distribution : contrôle systématique à tous les niveaux de la chaîne comme en Tur© Cognex

Si, à terme, de nombreux pays ou régions du monde imposeront un numéro unique sur chaque boîte de médicament, les façons de générer ces codes, de les tracer et de les suivre jusqu’au patient ou non, diffèrent. « Ce qui va être mis en place dépend de l’objectif des gouvernements. En effet, donner un numéro de série unique par boîte de médicament peut permettre de lutter contre la contrefaçon, s’assurer qu’on dispense le bon produit au bon patient, identifier les produits non valables du fait d’un rappel de lot ou du dépassement de la date de péremption, ou enfin lutter contre les fraudes aux remboursements», constate Olivier Feraille, directeur des ventes

PLUSIEURS PAYS ONT OPTÉ POUR UNE SÉRIALISATION AVEC UN CODE DATAMATRIX.

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quie ou encore contrôle chez les grossistes seuls dans le cas de l’e-pedigree californien ou du système chinois. L’absence de contrôle systématique au point de dispensation ne permet pas, dans ce dernier cas, une protection du patient au moment de la délivrance du médicament », détaille Jean-Marc Bobée, directeur stratégie industrielle anticontrefaçon de Sanofi. Les technologies adoptées et les modalités de mise en place de cette évolution de la traçabilité varient selon la stratégie de chaque pays. « Certains pays comme l’Italie ont introduit très tôt l’identification à la boîte en exigeant la pose d’étiquettes sérialisées sur les packagings (Bollino) afin de lutter contre la fraude au remboursement. D’autres pays comme la France (2011) ou la Corée du Sud (2012) ont d’abord généralisé une traçabilité systématique au lot en imposant le marquage des étuis avec un code barre à deux dimensions (Datamatrix) lu à la Pharmacie et contenant les données de traçabilité du produit (code produit, numéro de lot et date de péremption). La sérialisation des étuis viendra dans un second temps (en 2015 en Corée et fin 2017 pour la France dans le cadre de la mise en place de la Directive européenne visant à lutter contre les médicaments falsifiés) », analyse Jean-Marc Bobée (Sanofi). En Chine depuis 2011 pour certains médicaments et au plus tard en 2015 pour tous les médicaments de prescription, un numéro de série imprimé sous forme de code-barres de type GS1-128C, est attribué à chaque boîte. De même, les caisses sont sérialisées avec un code-barres linéaire. Le gouvernement chinois fournit ainsi à chaque producteur de médicaments pour son marché une liste de codes attribués. « Le laboratoire fait imprimer ce code sur les étuis chez son fournisseur. Il réceptionne ensuite les étuis avec le code unique et effectue le conditionnement. L’industriel communique ensuite la liste de codes utilisés avec les informations associées : numéro de lot, date d’expiration et code produit », indique Eric Penne, directeur d’Atlantic Zeiser France. Il précise : « L’impression du code unique se fait sur une feuille avec plusieurs étuis en même temps, avant la découpe et la mise en forme de l’étui. Cela implique une plus grande productivité par rapport à l’impression de l’étui en fin de ligne de conditionnement ». Afin de lutter contre la fraude, le gouvernement chinois a mis en place le système d’agrégation, c’est-à-dire qu’« un lien entre les numéros de série des caisses et ceux des boîtes contenus dans ces caisses, est systématiquement établi et enregistré », précise Jean-Marc Bobée (Sanofi). Et chaque maillon de la chaîne est impliqué. « Quand le répartiteur reçoit une commande, il lit tous les codes. Puis à chaque fois qu’il sort un médi-


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Comparaison des différents systèmes de sérialisation Pays

Europe

États-Unis

Turquie

Chine

Type de code

Génération du numéro de série

datamatrix

par les laboratoires pharmaceutiques. Base de données nationales interopérables (Hub Européen)

datamatrix

par les laboratoires pharmaceutiques

datamatrix

par les laboratoires pharmaceutiques

Impression

Entrée en vigueur

Contrôles

par les laboratoires pharmaceutiques

2017 au plus tard (3 ans après publication des Delegated Acts) sérialisation (pas d'agrégation)

au point de dispensation (Pharmacies)

2015/2016 (Californie) ou par les document électronique loi Fédérale US (sérialisation grossistes (au en 2017, agrégation en 2024) lot/2015, à la (e-Pedigree) En attente signature boîte/2024)

2010 (sérialisation) 2012 (agrégation)

à toutes les étapes de la supply chain (Grossistes et Pharmaciens)

2011 => 2015 sérialisation + agrégation

grossistes (1er et 2e niveau)

par les laboratoires pharmaceutiques

par les imprimeurs code-barre EAN par le ministère de la Santé d'étuis (ou d'étiquettes 128 jusqu'en 2015)

Argentine

code-barres linéaire ou datamatrix

par les laboratoires pharmaceutiques

par les imprimeurs d'étiquettes ou les laboratoires pharmaceutiques

2011-2012 Sérialisation (+ agrégation)

grossistes (facultatif/ ponctuel)

Brésil

datamatrix

par les laboratoires pharmaceutiques

par les laboratoires pharmaceutiques

2016 (pilote) - 2017 (sérialisation + agrégation)

par les grossistes

Source Sanofi - sous réserve de modifications réglementaires

cament, il envoie les informations au ministère de la Santé », ajoute Eric Penne (Atlantic Zeiser). « Ce contrôle des différents niveaux d’agrégation témoigne d’une volonté de sécuriser la chaîne de distribution plus que de résoudre un problème de sécurité du patient », note

Olivier Feraille (Cognex). « La mise en place de cette agrégation nécessite des investissements très importants, (de l’ordre de 2,5 à 3 fois plus élevés que pour la sérialisation des étuis seule) car elle nécessite l’installation de caméras à tous les stades de la ligne de packa-

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Traçabilité L’industrie se prépare à investir © Cognex

DOSSIER

ropean medicine verification ging et peut aussi impacter la prosystem (EMVS). Les laboratoires ductivité des lignes. Et pourtant, elle travaillant pour le marché franne protège pas le patient en temps çais ont déjà mis en place une réel si aucun contrôle systématique partie des équipements nécesde ces numéros n’est fait en aval de saires à la sérialisation. Pourtant, la chaîne de distribution », déplore le passage au code unique sur Jean-Marc Bobée (Sanofi). Le sysles boîtes de médicaments tème chinois se met néanmoins peu s’avère complexe. L’impression à peu en place et devrait permettre du code datamatrix et sa vérifià terme un contrôle des numéros de cation seront généralisées à série par les patients (SMS ou centoutes les boîtes destinées au tre d’appel). marché européen. Ainsi, si cerAux États-Unis, la réglementation tains laboratoires ont installé évolue également avec cette idée de des systèmes d’impression et de sécuriser la chaîne de distribution. vision sur des lignes de condi« Suite à la réglementation califortionnement dédiées au marché nienne imposant le système de pedi- LES LOGICIELS VONT PERMETTRE DE GÉNÉRER, GÉRER ET CONTRÔLER LES français, ces investissements gree électronique (« e-pedigree ») NUMÉROS UNIQUES DE SÉRIALISATION. vont devoir être déclinés sur les nécessitant la mise en place d’une autres lignes. Mais c’est au niveau des syspensation ? », témoigne Jean-Marc Bobée sérialisation/agrégation de tous les produits tèmes informatiques que les investissements (Sanofi). Olivier Feraille de Cognex détaille : de prescription pour 2015/2016, un projet d’orrisquent d’être les plus importants. « Les labo« Le e-pedigree repose sur un document élecdonnance visant à harmoniser les systèmes de ratoires français ne se rendent pas compte de tronique qui identifie toutes les transactions traçabilité au niveau fédéral est en cours de l’ampleur de la tâche. Un logiciel qui code un logistiques des médicaments. Cela permet une ratification par les instances politiques améridatamatrix avec un numéro de lot, une date traçabilité complète de toute la chaîne logiscaines. L’harmonisation au niveau de tous les de péremption et un code produit n’est pas fortique. Ce système n’impose pas de vérification états américains se ferait en trois étapes. cément apte à générer des codes uniques en de conformité du produit au moment de la disD’abord, la mise en place d’un pedigree au lot accord avec les réglementations gouvernemenpensation, ce qui témoigne d’une volonté de en janvier 2015. Puis, une sérialisation des packs tales existantes et à venir mais également à plutôt sécuriser la chaîne de distribution, moins et des caisses (sans agrégation) interviendrait connaître les numéros de série utilisés en temps bien encadrée qu’en Europe ». quatre ans après la signature du texte par le réel sur les différents sites de production », souPrésident Obama, (signature attendue d’ici à La Turquie, pays précurseur ligne Eric Penne (Atlantic Zeiser). L’Europe la fin de l’année 2013). La mise en œuvre de la devrait passer à la sérialisation en 2017. sérialisation serait donc pour 2017. Enfin, dans Du côté de l’Europe, la directive sur les médiAutre pays ayant opté pour la sérialisation les 10 ans à venir, l’agrégation serait exigée, en caments falsifiés intègre la sérialisation des et qui fait figure de précurseur : la Turquie. association avec la mise en place d’un système médicaments. « Nous attendons pour fin 2014 « Il s’agit du système le plus complet avec une de contrôle des conditionnements qui reste à le décret d’application pour compléter et explitraçabilité, basé sur une sérialisation unitaire définir (e-pedigree le long de la chaîne de disciter l’obligation de sérialisation des médicades produits de prescription tout au long de tribution, avec ou sans contrôle au point de disments et des données de traçabilité. Sans la chaîne de distribution », indique Jean-Marc surprise, le code datamatrix va être adopté en Bobée. Mis en place en 2010 pour la sérialiEurope », indique Jean-Marc Bobée (Sanofi). sation, puis en 2012 pour l’agrégation, le sysLe contrôle de ce code tout au long de la chaîne tème comprend un contrôle à tous les stades de distribution mais aussi au point de dispende la chaîne de distribution, y compris au sation a été adopté. « Au sein de l’EFPIA {ndlr, point de dispensation. « En Turquie, la mise Fédération européenne des industries et assoen place de la sérialisation avait le double ciations pharmaceutiques}, et avec les autres objectif de lutter contre la fraude au rembouracteurs de la supply chain, (Grossistes, pharsement et de prévenir la contrefaçon. L’agrémaciens, repackagers), nous construisons le gation, du fait de sa complexité et de son système de vérification appelé « European impact sur les centres de distribution, a été Medicines Verification System », et notamment très difficile à mettre en place, et cela dans un le Hub européen qui permettra aux fabricants temps très court. Elle présente surtout l’avande communiquer les numéros de série des protage de rendre la supply chain plus transpaduits fabriqués. Le Hub européen assurera aussi rente et permet la localisation en temps réel l’interopérabilité des informations entre les difd’un produit dans la chaîne logistique», souférentes bases de données nationales qui perligne le directeur de la stratégie industrielle mettront aux pharmaciens d’officine de anti-contrefaçon de Sanofi. Ainsi, différents contrôler les numéros de série des médicaments niveaux de sérialisation sont adoptés en foncau moment de leur dispensation », détaille tion des problématiques propres à chaque Jean-Marc Bobée (Sanofi). L’EFPIA et les orgapays ou région. Outre ces grands exemples, nismes représentant les autres maillons de de nombreux autres pays ont mis en place la chaîne du médicament ont signé, en avril ou réfléchissent à des systèmes de sécurisa2013, un contrat avec Solidsoft, une société tion de leur chaîne du médicament. ■ britannique de services de technologies de l’information, pour la mise en place de l’EuAURÉLIE DUREUIL

En Europe, le passage au code unique sur les boîtes de médicaments s’avère complexe.

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DOSSIER

Traçabilité L’industrie se prépare à investir INVIOLABILITÉ

Les industriels dans l’attente de précisions

« Aujourd’hui, nous ne savons pas trop comment interpréter la réglementation », constate Françoise Saunier, responsable achats industriels d’Innothera. Elle ajoute : « j’ai récupéré la directive 2011/62 qui concerne l’inviolabilité des étuis, c’est-à-dire les dispositifs de sécurité et qui est retranscrite en droit français. Elle couvre un champ très large et flou ». Les industriels sont aujourd’hui dans l’attente de précisions concernant l’application de la directive européenne sur les médicaments falsifiés sur le sujet de l’inviolabilité des étuis. La directive précise : « Ces dispositifs de sécurité devraient permettre de vérifier l’authenticité et d’identifier les boîtes individuelles, ainsi que d’apporter toute preuve d’effraction ». Si tous les industriels connaissent cette directive, ils sont plus sensibilisés à la partie concernant la sérialisation, c’est-à-dire l’ajout d’un numéro de série unique sur chaque boîte de médicaments. « Il est intelligent d’associer les deux technologies de la sérialisation et de l’inviolabilité. En effet, il faut garantir que la boîte est bien la vôtre mais aussi garantir que ce qui est à l’intérieur l’est aussi. Pourtant, les industriels sont peu au courant de cette deuxième partie. On parle plus de projets sur la sérialisation que sur comment on va rendre les boîtes inviolables », constate Christophe Ettviller, président du groupe de travail Distribution du Leem. Il faut ensuite connaître le champ d’applications de ce texte. Selon la directive, les médicaments concernés devraient être ceux soumis à prescription. « Toutefois, au vu du risque de falsification et

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© LGR

Alors que la directive européenne sur la falsification des médicaments devrait entrer en application en 2017, les laboratoires pharmaceutiques se penchent sur une des mesures : l’inviolabilité des étuis. De nombreuses questions sont pour le moment sans réponses.

la directive européenne. Difficile alors de savoir si tel ou tel médicament sera concerné par cette sécurisation des étuis. « Nous devons attendre les actes délégués en 2014 pour connaître le périmètre des produits concernés et des technologies autorisées. Nous devons être sûrs qu’il n’y aura pas de recommandations sur les systèmes. Cela rend compliquée l’anticipation pour des investissements qui devront être opérationnels en 2017 », souligne Christophe Ettviller (Leem). Il ajoute : « Il est urgent d’attendre et urgent de se mettre en position de savoir ce qu’on pourra faire ». Une position adoptée par Françoise Saunier chez Innothera. « Nous avons commencé à regarder les solutions existantes, à questionner nos fournisseurs d’étuis. Nous menons une réflexion sur ce que nous pourrions mettre en place suivant nos formats d’étuis et nos lignes de conditionnement. Cependant, comme pour le moment, ce n’est pas encore très clair au niveau du champ d’applications, nous n’allons pas nous lancer dans des investissements trop importants, si cela n’est pas efficace, notamment concernant l’impact sur la productivité et la qualité », précise-t-elle. Pas question d’investir sans certitude. L’ajout de système d’inviolabilité sur les étuis de médicament devrait en effet impliquer des modifications sur les lignes de conditionnement. « L’inviolabilité sera largement plus chère que le datamatrix qui a déjà nécessité un investissement de 400 millions d’euros pour les industriels français. Nous ne pourrons pas le faire au dernier moment. Il est important de connaître rapidement le champ d’applications », souligne Christophe Ettviller.

Connaître les technologies autorisées

LES LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES ÉTUDIENT LES OPTIONS DISPONIBLES ET LES INVESTISSEMENTS NÉCESSAIRES.

du risque résultant de la falsification des médicaments ou catégories de médicaments, il devrait être possible d’exempter certains médicaments ou catégories de médicaments soumis à prescription de l’obligation de porter les dispositifs de sécurité, par voie d’acte délégué, après avoir réalisé une évaluation du risque. Les dispositifs de sécurité ne devraient pas être mis en place pour les médicaments ou catégories de médicaments non soumis à prescription, sauf par exception, si une évaluation révèle un risque de falsification susceptible d’entraîner des conséquences graves », indique

En termes de technologies, les industriels attendent également des clarifications. « Les laboratoires ne sont pas du tout au même niveau sur ce sujet. Certains mettent déjà des témoins d’inviolabilité sur les boîtes », indique le président du groupe de travail Distribution du Leem. Même pour ceux qui ont déjà des étuis inviolables, l’application de la directive européenne peut sembler compliquée. « Aujourd’hui, nous avons une destination pour laquelle nous ajoutons des pastilles d’inviolabilité en haut et en bas du conditionnement. Seule une ligne de conditionnement est concernée. Nous y avons ajouté un module. Nous ne serons peut-être pas capables de faire de même sur toutes nos lignes », témoigne François Saunier. Elle pose de nombreuses questions : « comment répondre à la directive ? L’étui doit-il être totalement verrouillé (par colle ou système de découpe) ? Doit-on voir si l’étui a été ouvert avec un témoin d’effraction ? Doit-on voir si quelque chose a été insérée dans l’étui ? ». Outre le choix de la


DES SOLUTIONS DIVERSES POUR LES ÉTUIS

© LGR

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« Il existe aujourd’hui de nombreuses techniques différentes pour assurer l’inviolabilité des conditionnements de médicaments. Les problématiques ne sont pas les mêmes entre les boîtes et les flacons, par exemple. Sur le flacon, ces systèmes sont assez répandus. Sur les étuis, les systèmes de pattes collées ou de stickers sont proposés. D’autres techniques plus compliquées concernent l’étape de pliage du carton », cite Christophe Ettviller, président du groupe de travail Distribution du Leem. Du côté des fournisseurs de cartons, plusieurs types de solutions sont proposés. Ainsi, Claudine Poncet, responsable marketing de LGR, constate « les laboratoires sont intéressés pour voir nos solutions, mais tous ne sont pas encore en phase de mise en œuvre de ces dispositifs ». L’entreprise spécialisée dans les étuis cartons propose des étuis collés, des étuis non collés mécanisés ou des solutions externes comme la pose d’étiquettes d’inviolabilité. « Certaines entreprises privilégient des étuis collés, tandis que d’autres n’ont pas toujours la place ou l’envie d’ajouter un poste de collage. Dans ce cas, nous allons jouer sur des prédécoupes à différents endroits de l’étui, l’ajout de pattes spéciales crantées pour bloquer l’ouverture de l’étui, etc. », souligne Claudine Poncet. Du côté de Chesapeake,

Fabien Chenudeau, directeur commercial France détaille deux solutions : « La première est une solution mécanisable. Elle repose sur un système de crochets sur les pattes rentrantes. Quand on ferme l’étui, l’emballage se verrouille. Les laboratoires n’ont rien à ajouter sur leurs lignes. Néanmoins, nous ne garantissons pas à 100 % le témoin d’effraction. La deuxième solution consiste en un étui avec un rabat supplémentaire pour fermer avec un point de colle. Nous garantissons la fermeture à 100 % ». Il confie par ailleurs que la société travaille actuellement avec ses « fournisseurs de colle à une solution complète et garantie à 100 % ». Pour ces différentes solutions, la société est en phase de mise au point ou de test chez ses clients de l’industrie pharmaceutique. « Nous avons des clients qui partent en test avec nous sur la première solution. Nous n’avons pas encore le recul pour connaître l’impact sur les cadences, par exemple », note Fabien Chenudeau. De même, Claudine Poncet de LGR cite des impacts à la fois sur le process du laboratoire et sur le coût de l’étui pliant. L’ajout d’un point de colle ou un système de fermeture de l’étui plus complexe demandera en effet une adaptation de la ligne de conditionnement du laboratoire.

« Concernant le coût de l’étui, certaines solutions nécessitent une surface (et donc une consommation) de carton supérieure, une modification de l’outillage et/ou du graphisme ou encore une vitesse de transformation inférieure, du fait de prédécoupes qui doivent être manipulées avec précaution », détaille-t-elle. Les fournisseurs d’étuis présentent ainsi leurs solutions afin que les industriels puissent mener leurs études et choisir pour chacun de leur cas particulier.

technologie permettant de répondre à la directive européenne, les industriels devront également avoir la possibilité de modifier leurs lignes de conditionnement, souvent déjà très longues. « Il faut intervenir de façon lourde sur la chaîne de conditionnement. Il n’est pas du tout évident que les industriels avec des lignes classiques soient capables d’ajouter un système. De plus, pour des chaînes

déjà longues, tout le monde n’aura pas 10 m supplémentaires pour l’ajout de devices », détaille Christophe Ettviller. Et une fois le système choisi, il faudra donc aménager les lignes puis prévoir des phases tests des technologies. La question des cadences de production se pose également. L’ajout d’une étape sur la chaîne de conditionnement serat-elle sans impact sur la cadence des lignes ?

L’ajout de systèmes d’inviolabilité sur les étuis de médicaments nécessite encore de nombreuses réflexions et études chez les industriels. « Nous sommes tous d’accord avec cette sécurisation des produits, mais il ne faut pas que les pouvoirs publics oublient que cela représente un coût considérable pour les exploitants », conclut Christophe Ettviller. ■ AURÉLIE DUREUIL

LES FOURNISSEURS D’ÉTUIS PRÉSENTENT LEURS SOLUTIONS.


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DOSSIER

Traçabilité L’industrie se prépare à investir MARQUAGE

les niveaux, de l’arrivée des produits jusqu’à leur expédition vers les pharmacies. Dès 2008, les réceptions des agences (32 en France, 4 en Belgique) ont été équipées avec « cinq à dix nouveaux lecteurs par site (à 250 euros pièce) et des imprimantes dédiées, permettant un étiquetage spécifique traçabilité pour suivre les cartons et les contenants sur leurs emplacements de stockage. Il a, par ailleurs, fallu effectuer des modifications structurantes des programmes pour traiter ces informations ». Pour la partie picking, autrement dit préparation des commandes, le projet d’ingénierie (développement d’un programme capable de faire à la fois du vocal et du scanning), plus récent, a coûté environ 3 millions d’euros : « la lecture du DM sert ici à vérifier que ce sont les bons lots qui sont distribués aux pharmaciens ». À ces gros investissements, désormais achevés, s’ajoutent les services informatiques, le temps humain, les consommables, le matériel amorti sur plusieurs années, etc. Chez les labos, la première difficulté a été la prise en main par les équipes opérationnelles. Pour les médicaments 20 000 euros par an de cartouches d’encre), C’est ce qu’explique Simon Jalade, qui ajoute humains, l’obligation de trales mises à jour de logiciels (8 000 euros par que « les problématiques étaient liées au çabilité et les conditions de an) et les formations des collaborateurs, manque de formation et de connaissances du mise en œuvre - archivage Corinne Ramone-Dupré, aujourd’hui Portfosystème, qui font partie des difficultés qui peudes données concernant lio Optimization Lead, estime à environ 1,8 vent paraître anodines mais qui durent assez chaque transaction d’entrée et de sortie dans million d’euros le coût global pour la mise longtemps ». D’où la nécessité de formations un système d’informations - sont décrites en œuvre du DM à Évreux. Pour les 60 lignes tant initiales que continues. Il souligne aussi dans un avis aux fabricants et aux distribude production équipées chez GSK (tous les un problème lié au très haut niveau de quateurs paru au Journal officiel du 16 mars 2007, sites livrant le marché français doivent avoir lité d’impression exigé pour le marquage du avec date d’effet au 1er janvier 2011. le DM), l’investissement global en machines DM : « nous nous retrouvons avec des diffide production a été compris entre 10 et cultés pour maintenir ce niveau, qui va auEnviron 11 600 références sont concernées 15 millions d’euros. delà de la nécessité du simple décodage et qui par le datamatrix (DM), norme de marLes grossistes répartiteurs, de leur côté, ont pénalise la productivité des lignes ». quage sous forme de code barre matriciel à dû se doter de lecteurs pour capturer les inforIl est vrai que la technique de marquage du deux dimensions sur lequel au moins trois mations contenues dans le DM. Anne-Claude DM est complexe, avec un cahier des charges éléments doivent figurer : le code CIP 13 du Mare, directrice Développement et des rigoureux, tant sur les techniques d’impresmédicament, le numéro de lot, la date de Études métiers, explique que CERP Rouen sion que sur le contenu de l’information. Des péremption. s’est attaché à faire cette traçabilité à tous problèmes de lecture peuvent survenir, liés Les laboratoires présents sur le marché franà une moindre qualité d’impresçais ont investi pour doter leurs sion. CERP Rouen s’est doté de boîtes de médicaments du lecteurs hauts de gamme, très marquage DM. Le Leem estime puissants, mais d’autres peul’investissement à 400 millions vent ne pas lire aussi bien. En d’euros pour les industriels outre, au-delà d’un très rare français. Chez GlaxoSmithmauvais codage du produit, Kline, Simon Jalade, chef de d’autres problèmes peuvent surprojet équipement et process, venir ; ainsi, la taille du numéro explique que huit lignes et un de lot varie et un caractère indiéquipement de fabrication hors quant la fin de la zone à lonligne ont dû être équipés sur le gueur variable doit être apposé site d’Évreux, pour un coût unipar le laboratoire : tout oubli taire de 200 000 à 250 000 entraîne des erreurs de lecture. euros. Si l’on ajoute les équipeMadame Mare explique cepenments de contrôle hors ligne dant que « sur les 11 600 réfé(5 000 à 10 000 euros par ligne), rences tracées, la majorité passe les modifications de compobien et conformément. Les prosants pour l’impression, les resblèmes rencontrés concernent sources humaines sollicitées, LE CODE DATAMATRIX EST APPOSÉ SUR TOUTES LES BOITES DE MÉDICAMENTS souvent les mêmes usines. Cela les consommables (environ DEPUIS 2011.

Le datamatrix, un code coûteux et sous-utilisé

© CERP

Laboratoires pharmaceutiques et grossistesrépartiteurs ont lourdement investi dans le code datamatrix, dont l’objectif est d’améliorer la traçabilité des médicaments sur la chaîne de distribution. Bilan, trois ans après sa mise en œuvre.

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© CERP

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LA TRAÇABILITÉ COMPLÈTE PASSE PAR LA SÉRIALISATION

LE CODE AMÉLIORE LA QUALITÉ DE PRÉPARATION ET LA PRODUCTIVITÉ CHEZ LES GROSSISTES.

Au-delà de permettre une meilleure traçabilité des lots de médicaments, un autre des intérêts du datamatrix (DM) est qu’il permet d’appréhender l’étape suivante, celle de la sérialisation (numéro unique par boîte), qui permettra une traçabilité à la boîte. Pour Jacques Morenas, directeur adjoint au sein de la Direction de l’inspection de l’ANSM, le DM permettra à terme de répondre à une attente de l’Europe (directive 2011-62 sur la lutte contre la falsification des médicaments) imposant une traçabilité de la distribution des médicaments, avec un objectif de traçabilité à la boîte au-delà de 2020 : « le code DM, tel qu’il est conçu aujourd’hui, permettra dans le futur d’in-

clure une codification à la boîte. On pourra alors connaître exactement la distribution d’un lot de médicaments, à la boîte. Les pharmaciens, à ce moment-là, devront être équipés d’un lecteur de code DM : la lecture sera alors faite jusqu’au bout, avec une traçabilité allant jusqu’aux patients ». Rien de simple pour autant : au-delà de la méthode choisie pour la sérialisation, AnneClaude Mare rappelle que « nous sommes dans la problématique de la contrefaçon : s’il y a un lot contrefait ou des boîtes interdites, le fait de déclarer la boîte à chaque fois qu’on la délivre à un patient implique un contrôle supérieur capable de dire si elle est autorisée ou pas ».

reste marginal mais il faut rester vigilant ». Au bout du compte, contenu des données, contexte de la lecture, qualité du lecteur et du marquage sont quatre critères essentiels pour éviter d’être en échec de lecture. Finalement, quels sont les avantages du DM ? Pour Anne-Claude Mare, si la traçabilité rajoute une tâche, elle améliore surtout la qualité de préparation et la productivité chez CERP Rouen : « le DM permet de faire de la traçabilité fiable et sécurisée à grande échelle, sur de larges volumes, par simple lecture ». Chez GSK, Corinne Ramone-Dupré estime

que, d’un point de vue industriel, le DM a apporté de la complexité. Elle ajoute qu’il s’agit un très bon outil… sous-exploité : « c’est dommage de ne pas avoir une maximisation de cette chaîne de valeur ajoutée, d’un point de vue supply chain global. L’intérêt du DM était d’avoir une meilleure traçabilité du produit, notamment au niveau du distributeur. Quand le pharmacien le lit, c’est enregistré en informatique et il est ensuite plus facile de faire une recherche par boîte, grâce au numéro de lot… » Elle regrette de ne pas savoir combien de pharmaciens utilisent le DM.

En fait, si ceux-ci ne l’utilisent pas (ou très peu), c’est parce que la traçabilité n’est pas encore une obligation à l’officine : les pharmaciens n’ont pas à enregistrer le numéro du lot qu’ils vendent à leurs patients. Difficile de savoir quand la lecture du DM sera imposée aux 22 000 officines françaises, même si chacun s’accorde à penser que, tôt ou tard, le pharmacien sera intégré dans cette chaîne de traçabilité. L’arrivée de la sérialisation en Europe devrait constituer une date butoir pour cela. ■ VALÉRIE MOULLE


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DOSSIER

Traçabilité L’industrie se prépare à investir STRATÉGIE

Aspapharm, nouvel acteur du conditionnement Créée en début d’année, la société Aspapharm a pour objectif de proposer des solutions pour le conditionnement des produits pharmaceutiques. Son dirigeant et fondateur Henri du Bos détaille sa stratégie.

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cons, seringues et poches de perfusion. Le Industrie Pharma : premier m’a confié la représentation en Pourquoi avoir créé France et en Suisse pour les marchés pharAspapharm en début macie et cosmétique alors qu’ils ont une d’année 2013 ? filiale en France qui se concentre sur leurs Henri du Bos : J’ai comautres marchés. Je leur apporte ma connaismencé ma carrière dans le secteur du condisance du marché. Ils proposent des systèmes tionnement pharmaceutique en tant pour répondre à des problématiques qu’associé d’une société familiale. Je travailmodernes en termes d’impreslais pour les grands groupes allesion, de vision et de suivi de mands. Cette société a été production. Bausch, que je achetée par Romaco pour devereprésente en France et en Belnir la filiale française. J’ai ensuite gique, est un constructeur trapoursuivi ma carrière en tant ditionnel de machines de que patron de filiale, chez conditionnement. Cependant, Romaco et Körber Medipak alors que les constructeurs sont notamment, dans le secteur du de moins en moins flexibles conditionnement pharmaceupour personnaliser leurs tique et cosmétique. Après 25 machines, Bausch est ouvert à ans d’expérience, j’éprouvais le besoin de retravailler pour mon HENRI DU BOS, DIRIGEANT la flexibilité. C’est ce qui fait sa force. De même, les construcpropre compte. J’ai donc proposé D’ASPAPHARM. teurs traditionnels se tournent à des constructeurs que je vers la seringue en délaissant les ampoules. connaissais de me confier la représentation Bausch se démarque de ses concurrents en de leur offre pharma en France, ainsi qu’en maintenant ces deux expertises. Bref, il s’agit Suisse et en Belgique. J’interviens, des essais d’un constructeur traditionnel, souple et flexicliniques à la production classique en pasble. D’autres constructeurs sont en passe de sant par les biotechs, les produits vétérinaires rejoindre Aspapharm. Pour cela, je prévois et le conditionnement hospitalier. le recrutement de techniciens pour augmenter le support aux utilisateurs, notamment Vous avez actuellement deux la formation, le dépannage et la fourniture constructeurs dans votre portefeuille. de pièces détachées. Sont-ils complémentaires ? H. du B. : Je représente Atlantic Zeiser, qui Dans votre précédent poste au sein de propose des solutions liées à la traçabilité, Körber Medipak, vous aviez développé ainsi que Bausch Advanced Technology qui des thèmes liés aux évolutions des fabrique des machines de conditionnement problématiques du conditionnement primaire pour les ampoules, carpules, fla-

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pharmaceutique. Comment les abordezvous au sein d’Aspapharm ? H. du B. : Aujourd’hui, le secteur du conditionnement pharmaceutique travaille sur plusieurs thèmes : la sérialisation, la personnalisation retardée, l’écoconception et le remplissage aseptique. Pour ces thèmes, je développe une approche en amont. Ainsi, je discute avec les responsables du packaging, de la production, du marketing, de la protection des marques, de la logistique, etc. Il ne faut pas attendre que le cahier des charges existe, mais travailler avec les différentes parties, par du conseil notamment. Pouvez-vous détailler le principe de la personnalisation retardée ? H. du B. : On a coutume de dire que la taille des lots a été divisée par dix en dix ans. Il y a toujours des volumes à produire mais leur diffusion est ensuite très segmentée. Ainsi, pour une même molécule, les laboratoires déclinent une présentation senior, une enfant, etc., en étui, en wallet, etc. Ces présentations sont souvent différentes et adaptées à chaque segment de marché. C’est le marketing qui fait le choix des conditionnements finaux. Pour chaque présentation, la production se retrouve avec des lots très petits, ce qui impacte fortement l’efficacité des lignes de conditionnement. Se pose alors la question de savoir si cela a encore du sens de tout produire en ligne, par exemple pour les lignes de blisters. La personnalisation retardée consiste souvent à découpler le primaire du secondaire, c’est-à-dire à produire le blister avec un aluminium neutre puis à le stocker sous forme d’un vrac intermédiaire, par exemple en cartouches. Cela permet de réunir dans un même lot des lots qui auraient été produits séparément et indépendamment du fait des mentions linguistiques ou réglementaires sur les articles de conditionnement. L’impression de l’alu et la mise sous étuis interviennent dans un atelier séparé avec des équipements adaptés aux petites séries. Cela permet de remonter la productivité des lignes. Les cartouches de vrac de blister sont ensuite traitées soit par un atelier manuel soit avec une encartonneuse très flexible. Cela suppose également de réaliser l’impression au dernier moment des articles de conditionnement. Comment les laboratoires abordent-ils ce concept ? H. du B. : Certains grands industriels ont commencé à s’y intéresser. C’est le cas du Danois Lundbeck. Le laboratoire est confronté aux pertes de brevets. Sur un produit, il a changé la forme galénique pour passer du comprimé à la technologie orodispersible. Pour cela, il fait appel à un façonnier améri-


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cain. Cependant, le marché final étant très morcelé, le tarif demandé par le façonnier pour ces différentes formes de conditionnement était très élevé. En parallèle, un chef de projet expérimenté et le vice-président de la production de Lundbeck ont vu d’un point de vue global l’intérêt de la personnalisation retardée. Aujourd’hui, la mise sous blister est réalisée chez le façonnier américain, puis la mise sous étui se fait sur le site Elaiapharm de Lundbeck en France. Aujourd’hui, tous les laboratoires pharmaceutiques sont impactés par les petites séries. Je propose des solutions d’Atlantic Zeiser en collaboration avec Körber Medipak, chez qui j’ai développé ce concept pendant six ans, mais aussi avec les autres constructeurs du marché qui ont intégré ce processus.

péremption, etc. Aujourd’hui, c’est l’effet inverse. Les questions portent sur l’impression en quadri des mentions fixes liées aux pays et au réglementaire. Il faut souvent trouver un compromis pour que le laboratoire ne se substitue pas à l’imprimeur. De même, les industriels réfléchissent au cas par cas, à savoir si cela a encore du sens d’intégrer un système d’impression sur les lignes ou d’opter pour des systèmes off line.

Un autre thème concerne la sérialisation. Les réglementations évoluent actuellement. Comment se préparent les industriels ? H. du B. : Il y a un travail de formation à réaliser auprès du marché. Les industriels ont installé des équipements, il y a deux ou trois ans, pour répondre essentiellement à la problématique du datamatrix. Aujourd’hui, certains sont persuadés que le système actuel pourra répondre aux différentes réglementations à travers le monde. Les codes à imprimer (2D datamatrix, code 128, e-pedigree) peuvent être différents en fonction des zones de destination : Europe, Chine, États-Unis, Californie. Pour la sérialisation, il est effectivement important de bien imprimer, bien lire les codes, etc. Mais l’ajout d’un numéro LIGNE DE CONDITIONNEMENT AVEC IMPRESSION DOD D’ATLANTIC unique à la boîte ZEISER CHEZ ELAIAPHARM. implique la génération du code, la gestion des données, l’agrégation des données jusqu’à Avec la personnalisation retardée mais la palette d’expédition, etc. Pour cela, il fauaussi la sérialisation, les laboratoires dra des logiciels puissants. Les gens qui ont pharmaceutiques s’intéressent de plus fait leur assemblage en interne en associant en plus aux systèmes d’impression. le système d’impression d’un fournisseur, Quelles sont les solutions que vous celui de vision d’un autre, etc. n’ont pas forproposez ? cément pris la mesure de la future réglemenH. du B. : En matière d’impression, il faut tation. Sur un sujet comme celui-ci, je ne aujourd’hui réaliser un travail de formation représente pas un seul procédé d’impression, du marché. Spontanément les laboratoires mais j’offre du conseil afin d’apporter aux pensent aux technologies HP, etc. Cependant, clients des informations qu’ils n’ont pas forle DOD {ndlr, Drop on demand} permet une cément auprès de leurs fournisseurs sur le qualité d’impression incomparable en termes traitement des données liées à la sérialisade contraste et donc de relecture. Cette techtion. Je propose en particulier la solution nologie est vraiment très performante. Elle MedTracker d’Atlantic Zeiser qui est une plapermet d’imprimer dans toute la gamme de teforme logicielle dédiée à l’authentification laizes utiles aux articles de conditionnement et à la sérialisation des médicaments et dont de 36 mm à 350 mm environ, suivant les les données peuvent être totalement héberapplications. Dans le domaine de l’impresgées chez le constructeur, si le client souhaite sion, je constate également un changement une solution indépendante. ■ d’approches des laboratoires. Avant, les laboratoires voulaient juste imprimer les menPROPOS RECUEILLIS tions variables : le numéro de lot, la date de PAR AURÉLIE DUREUIL IndustriePharma N°76 Décembre 2013

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