VENDREDI 15 OCTOBRE 2010
La campagne « zéro prospectus » fait débat
petite édition suisse
Léo Apotheker est nommé PDG de HP
par Rodolphe Pailliez
Pour atteindre son objectif de zéro prospectus dans dix ans, Leclerc va miser sur le développement de la publicité sur Internet et via les smartphones. Une fois de plus, l’enseigne E. Leclerc, surfant sur la vague écologiste, se distingue par des prises de position qui suscitent la suspicion. Après avoir fait campagne à la fin des années 90 pour la suppression des sacs de caisse, Leclerc s’attaque aujourd’hui aux prospectus au travers d’un projet baptisé « 2020 : zéro prospectus ». Projet relayé depuis peu par un spot télé invitant les consommateurs, sur le site créé à cette occasion, à réagir à cette proposition. Prétendant répondre à une « véritable demande des consommateurs qui réclament des informations toujours plus adaptées à l’évolution de leur propre mode de vie », Leclerc entend leur offrir la possibilité d’agir en faveur d’une consommation plus responsable. Reconnaissant que le papier utilisé aujourd’hui est plus respectueux de l’environnement, Leclerc pointe
sport imprimerie
plateforme
prospectus
du doigt un process de fabrication restant impactant pour la nature : encres, transport, etc., plus les déchets qui nécessitent d’être recyclés. Le recours aux supports dématérialisés (le site internet de l’enseigne, les smartphones) sont présentés par les responsables de l’enseigne comme « des solutions alternatives innovantes ». Leclerc jette le discrédit sur toute la filière Face à cette campagne sacrilège pour le produit print, les réactions ne se font pas attendre via l’intermédiaire de professionnels mais également de bloggers. Gilles Colin, directeur commercial de Colin Frères Imprimeurs (54), en son nom propre et celui du groupement ImpriFrance, a dégainé le preSUITE >
Léo Apotheker a été élu président directeur général de HP et prendra ses fonctions le 1er novembre prochain. Il succèdera à Cathie Lesjak qui dirige l’entreprise par intérim depuis août 2010. Directrice financière depuis janvier 2007, elle continuera d’occuper ce poste et de siéger au comité exécutif. Léo Apotheker a débuté sa carrière en 1988 chez SAP, une société développant un progiciel de gestion intégré. Il a également travaillé au sein des sociétés ABP Partners, McCormack & Dodge, S.W.I.F.T. et Altex GmbH.
LE RDV À VENIR 20-22 septembre 2010 Luxe Pack Monaco • Les principaux fournisseurs de packaging pour l’industrie du luxe se réunissent la semaine prochain à Monaco. Ce rendez-vous annuel aura lieu au Grimaldi Forum.
mier. « L’attitude de Leclerc est démagogique… et fausse. Leur seul but est de réduire leurs charges et « casser » les emplois associés en interne comme en externe. Leclerc transfère ainsi les charges sur le consommateur qui paiera les connexions internet pour lire les offres sans pour autant payer moins cher les produits. Sans oublier que la consultation sur Internet ou sur tout média informatique coûte environ dix fois plus en énergie », tempête-t-il. Très impliquée sur le plan environnemental – elle a effectué son bilan carbone et réalise une impression compensée carbone pour la totalité de ses travaux –, l’imprimerie Villière (74) s’en donne à cœur joie sur son éco-blog créé en 2009. Il est alimenté par de nombreuses réactions sous le titre « Zéro prospectus : Leclerc se propose de polluer votre boîte e-mail ». « En affirmant que la dématérialisation est l’unique solution vis-à-vis de l’impression, Leclerc jette le discrédit sur toute une filière : imprimeurs, papetiers, fournisseurs de matériels d’impression », souligne l’éco-blog. Et d’ajouter : « Les efforts réalisés par notre filière en matière d’environnement sont incomparables avec d’autres domaines… et celui de la grande distribution pour commencer : la paille dans l’œil du voisin ! »
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Chiffres contre chiffres Si Leclerc rappelle être membre d’EcoFolio, imprimer ses prospectus sur papier issu de forêts gérées durablement ou sur papier recyclé et avoir réduit leur grammage et leurs dimensions, permettant de réaliser entre 2004 et fin 2009
une économie de poids de 12,5 %, la polémique ne descend pas d’un cran. Chiffres contre chiffres, Gilles Colin rappelle qu’un poste de travail bureautique avec ses périphériques consomme chaque année autant d’électricité que cinq réfrigérateurs, soit plus de 800 kWh. Et de citer une étude de Mafee/ICF indiquant qu’à l’échelle mondiale, les 62 milliards de spams consomment annuellement 33 milliards de kWh, ce qui correspond à l’électricité de 2,4 millions de foyers américains, avec des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles produites par 3,1 millions de voitures consommant 7,57 milliards de litres d’essence ! Après un temps de réflexion, « pour ne pas faire que du buzz et, in fine, apporter encore plus de visibilité à la marque concernée », comme le souligne Rémy Carteret, l’association Culture Papier et son président Laurent de Gaulle ont réagi en adressant, le 4 octobre dernier, un courrier à Michel-Édouard Leclerc. Avec à la clef, une proposition d’une entrevue pour évoquer les différents aspects de la question : écologiques, économiques, sociales et sociétales. « Une rencontre au cours de laquelle nous pourrons débattre de ces sujets avec vous et ainsi vous apporter toutes les informations utiles », précise même le président de Culture Papier. Reste que pour l’heure, 54 % des personnes ayant répondu au sondage mis en place par Leclerc affirment ne pas être favorables à la réduction du nombre de prospecn tus papier (contre 45 % d’opinions favorables). Exprimez votre opinion sur www.francegraphique.com
Le groupe Suisse Imprimerie achève sa mue
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Après avoir acquis deux nouvelles entreprises en 2009 – Corim et l’Imprimerie de l’Ouest Parisien (IOP) –, Suisse Imprimerie achève l’intégration de ses nouvelles ressources. Le site de l’IOP (92) accueille l’atelier d’impression offset, tandis que celui du 11e arrondissement à Paris se consacre à l’impression numérique. Après avoir investi dans une Indigo 7000 en 2008, le groupe dirigé par Roger Notte a acquis une Xeikon 5000. « Le secret du numérique réside dans son façonnage », précise Laurence Sahuqué, directrice commerciale. Encore à venir dans les prochains mois : l’intégration de Gamsys Partner sur les deux sites et le développement d’une solution web-to-print. G. B.
En bref LE GROUPEMENT IMPRICLUB OUVRE UNE NOUVELLE PLATEFORME D’IMPRESSION ImpriClub lance Alter Ego, un nouveau type de plateforme d’impression. L’objectif pour les 66 imprimeurs constituant
ImpriClub est de mutualiser leurs moyens et leurs expertises afin de commercialiser une offre globale de plus de 10 000 références en impression. « J’ai toujours pensé que le développement de nos entreprises passait par des associations
compétitives et c’est dans cette même optique que nous avons mis en place cette plateforme avec 90 % des membres du groupement », déclare Jean-Yves Lenormand, président d’Alter Ego qui était à la tête d’ImpriClub jusqu’au mois de juin dernier.
Remise en forme pour le magazine Sport Le magazine sportif gratuit Sport a profité de l’été pour se métamorphoser. De son ancienne formule, il n’a conservé que sa gratuité et son nom. La diffusion du titre a été requalifiée pour se recentrer sur le cœur de cible de ses annonceurs, à savoir un public « masculin, actif, urbain, CSP+ ». Nouvelle ligne éditoriale, nouvelle charte, nouvelle périodicité (mensuel), le magazine innove également par sa conception particulièrement haut de gamme, et rarement proposée par un magazine non payant. Le magazine de 84 pages est en dos carré collé pour un résultat résistant et un rendu plus sophistiqué. Il est imprimé sur un papier Burgo de 90 g et sa couverture surgrammée (200 g) a une finition avec vernis UV recto. Dans l’optique de valorisation du magazine, la couverture du prochain numéro passera en 250 g. Pour cette nouvelle formule, Sport a opté pour un changement d’imprimeur. « Nous avons changé de
partenaire au niveau de l’impression, pour des raisons de rendu et de coût. Nous avons finalement confié l’impression du magazine à
NIIAG (Nuovo Istituto Italiano d’Arti Grafiche – Arvato Print – groupe Bertelsmann). Cette imprimerie nous a été présentée par Eva Cayla Bach, seule représentante en France habilitée à vendre pour cette imprimerie », précise Rodolphe Denis, rédacteur en chef de Sport. « Ils proposent des technologies modernes, un niveau de service élevé, et sont d’un bon rapport qualité prix. Ils impriment également pour Le Figaro, Hachette, Michelin, L’indicateur Bertrand, les Éditions la Rivière, Marie Claire, etc. », déclare-t-il encore, indiquant que leur parc machines est équipé de six rotatives Lithoman et d’une Harris. Le NIIAG est un éditeur de livres d’art et de calendriers qui s’est agrandi jusqu’à devenir l’une des plus importantes entreprises européennes d’impression. Il compte ainsi 55 sociétés dans 26 pays et réalise un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros par an pour le groupe. B. J.
Une solution collaborative pour l’impression grand format La nouvelle imprimante HP Designjet T2300 eMultifonction (eMFP) repose sur le concept de partage. Elle permet en effet aux équipes de conception technique d’accéder facilement aux projets grand format en ligne, de n’importe où et à tout moment. L’imprimante est capable de numériser, de partager, d’imprimer et de copier des documents. Elle s’associe à la nouvelle plateforme HP ePrint & Share créée pour simplifier le processus d’impression des dessins techniques. Ce module, adapté au logiciel de modélisation AutoCAD, permet aux clients de simpli-
fier leur impression directement dans le logiciel. De plus, une licence pour AutoCAD Raster Design incluse avec l’imprimante permet la numérisation d’ébauches, de plans imprimés ou de modèles, lesquels peuvent être vectorisés pour une conception ultérieure. Le modèle Designjet T2300 PostScript eMFP intègre plusieurs innovations. Il dispose notamment d’une interface avec un écran tactile en couleur et permet l’utilisation de deux rouleaux en ligne. Pour optimiser la productivité, il prend également en charge de multiples projets simul-
tanément comme la copie et la numérisation aux formats JPEG ou PDF des images. Ces dernières peuvent ensuite être utilisées comme fond et réduisent à quatre heures le temps de développement d’un plan qui en aurait demandé huit. Les deux modèles HP Designjet T2300 eMFP et HP Designjet T2300 PostScript eMFP seront disponibles à partir du 1er novembre aux tarifs respectifs de 9 200 euros et 11 000 euros. La connectivité web totale pour la HP Designjet T2300 PostScript eMFP sera effective au printemps 2011. B. J.
EN CHIFFRES 3 : en pourcentage, la part du numérique dans l’impression de livres en France en 2009 contre 97 % pour l’impression dite « conventionnelle » (offset et flexo). 70 000 : le nombre de titres numérisés commercialisés en France représentant environ 1 % du chiffre d’affaires de l’édition française. 20 : en pourcentage, la baisse du tirage moyen de livres en France en 2009 par rapport à 2005. 1 000 : en exemplaires, le tirage maximum de la moitié des titres vendus en France en 2009 (littérature, essais, édition jeunesse).
Éditée par ETAI : Antony Parc 2 – 10, place du Général-de- Gaulle – 92160 Antony – Tél. : 01 77 92 92 92 – Fax. : 01 77 92 98 20 – www.groupe-etai.com • Directeur de la publication : Christophe Czajka • Directeur général adjoint pôle presse spécialisée et salons professionnels : Gilles de Guillebon • Pour joindre vos correspondants, composez le 01 77 92 suivi des deux chiffres entre parenthèses après chaque nom • Rédacteur en chef : Guillaume Bregeras (96 06) ; gbregeras@etai.fr • Rédacteur en chef adjoint : Rodolphe Pailliez (96 05) ; rpailliez@etai.fr • Rédactrice : Bakhta Jomni (93 60) ; bjomni@etai.fr • Secrétaire de rédaction : Philippe Abgrall (96 13) ; pabgrall@etai.fr • Directeur de la publicité : Véronique Durègne de Launaguet (96 59) ; vduregne@etai.fr • Assistante : Martine Fourment (96 56) ; mfourment@etai.fr • Responsable du studio : Thierry Michel (96 30) ; tmichel@etai.fr • Rédacteur graphiste : Maxime Perlemoine • Directeur de la promotion et de la diffusion : Bénédicte Hartog ; bhartog@gisi.fr • Directeur de la promotion : Marie-Sophie Leprince ; msleprince@groupe-etai.fr • Directeur des abonnements : Patricia Rosso ; prosso@gisi.fr • Responsable des abonnements : MarieChristine Soyeux (97 99) ; mcsoyeux@groupe-etai.fr •
Grand intérêt pour la petite édition Même si elle ne pèse pas bien lourd par rapport à l’activité générale de l’édition, celle que l’on désigne sous le terme de « petite », n’en suscite pas moins d’intérêt. Dernier épisode en date : une conférence de l’Association des techniciens de l’édition et de la publicité (Atep), le 7 octobre dernier, à l’École Estienne, sur le thème des éditeurs indépendants et de la microédition. Face à l’érosion de la lecture dans ce qu’elle a de plus « traditionnel » et à des taux moyens de retours de livres qui ne cessent d’augmenter (25 % en 2009), l’impression numérique et l’avènement d’Internet dans la petite édition se confirment chaque jour un peu plus. L’impression à la demande et la dématérialisation des stocks sont deux des aspects de cette nouvelle dimension. Conséquence : une réduction de la chaîne entre l’auteur et le lecteur se limitant dans bien des cas à un seul acteur, à savoir l’imprimeur. Selon Saïd Mohamed, enseignant à l’École Estienne, on revient à un schéma qui rappelle celui des premiers temps de l’édition où, entre l’auteur et le lecteur,
n’intervenait qu’un seul personnage, à la fois imprimeur, éditeur et libraire. « Est-ce le début du déclin d’un modèle économique et l’émergence d’un nouveau modèle », s’interroge-t-il. Oui, pour Joël Faucilhon, fondateur de la librairie en ligne lekti-ecriture.com qui estime que plus on se trouve sur des marchés de niche et plus Internet devient alors un vecteur de ventes important. « À condition de rester en permanence en liaison avec des libraires et des éditeurs physiques », précise-t-il. Pour Sylvain Pinaud, à la tête de l’imprimerie Atelier 2000 (78) équipée en matériels numériques Xeikon, Océ et Konica Minolta, c’est la possibilité de « travailler avec des éditeurs à taille humaine, avec une qualité égale aux procédés traditionnels et pour moins de cinq euros pour un ouvrage. » Les courts tirages – en-dessous de 500 exemplaires – se multiplient alors que, parallèlement, on assiste depuis quelques années à un élargissement de l’offre en termes de nombre de titres rappelle Michel Carassou des Éditions Non Lieu. R. P.