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51
N°
Novembre 2021
Bioéconomie
Entretien avec Bernard de Galembert, manager de BioChem Europe
Additifs BiosourCés
funCell dope les matériaux cellulosiques
Dossier
Filière viticole
Les producteurs de champagne organisent leur transition écologique
CosmétiquEs
Suivre S i
les formulations
à la loupe
COSMET’AGORA
Les Rencontres de la Formulation Cette année, 9ème édition du Prix de la Formulation Cosmet’Agora Espace Champerret Les 11 et 12 janvier 2022 75017 PARIS De 9h30 à 18h00 Pour commencer l’année cosmétique en beauté, rendez-vous sur le Salon Cosmet’Agora. Les fabricants et distributeurs de matières premières, de principes actifs et excipients, ainsi que les principaux prestataires de services partenaires des formulateurs, vous accueilleront durant ces 2 jours afin de vous faire découvrir les dernières tendances en matière de formulation. Dans une ambiance aussi bien professionnelle que conviviale, le monde de la cosmétologie, innove, propose et échange. Vous êtes chef de projet, vous travaillez dans un laboratoire, vous réalisez des tests ou vous êtes étudiant, alors ce salon vous concerne !
Vous souhaitez louer un stand ou être invité :
www.cosmetagora.fr Cosmet'Agora
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ème
ÉDITION
Éditorial
Finance
BerkemsurlechemindelaBourse
J
Sylvie Latieule Rédactrice en chef
slatieule@infopro-digital.com Suivre@SylvieLatieule
usqu’où ira le groupe Berkem? Fleuron de Nouvelle-Aquitaine en matière de chimie du végétal, il vient d’annoncer son projet de s’introduire en Bourse, sur l’Euronext Growth, à Paris. Son document d’enregistrement a été approuvé par l’Autorité des marchés financiers (AMF), en date du 9 novembre 2021. Le montant des fonds qui pourraient i être levés n’a pas été dévoilé, mais des investisseurs institutionnels se sont engagés à hauteur de 12,8 millions d’euros. De toute évidence, le groupe Berkem, qui emploie 165 collaborateurs, souhaite accélérer. Alors qu’il a réalisé un chiffre d’affaires de 41 M€ en 2020, il affiche l’objectif ambitieux d’atteindre les 65 M€ en 2024. «Un chiffre d’affaires pouvant être porté à au moins 85 M€ en cas de réalisation d’opérations de croissance externe», préciset-il. Quant à la marge Ebitda, elle pourrait faire un bond de 19 % en 2020 à près de 25 % en 2024. Cette croissance passera par une accélération du développement à l’international, le renforcement du portefeuille de produits, la conquête de nouveaux marchés à fort potentiel et toujours la réalisation d’acquisitions ciblées qui se sont accélérées sur la dernière décennie. Fondé en 1993 par Olivier Fahy, son président-directeur général, le groupe Berkem a toujours mené de front des activités d’extraction végétale et de formulation de produits de traitement du bois, qu’il s’est attelé à renforcer simultanément. Alors que son groupe était initialement installé à Gardonne (Dordogne), et doté d’un premier site de production, il a saisi, en 2015, l’opportunité de racheter une société à Blanquefort (Gironde). Connue sous le nom de Labso Chimie fine, elle avait appartenu au groupe pharmaceutique Boehringer Ingelheim qui l’avait fermée deux ans plus tôt. Le site abrite aujourd’hui le siège du groupe Berkem. Autre date clé, janvier 2017, avec le rachat de la société Lixol, spécialisée dans les résines alkydes destinées à l’industrie de la peinture, du traitement des bois et des encres. Par ce biais, un deuxième site de production, basé à La Teste de Buch, près d’Arcachon (Gironde), est venu compléter le dispositif industriel. Enfin, en 2018, le groupe Berkem s’installe à Chartres, en Eure-etLoir, avec la reprise de la société Eurolyo, qui réalise des prestations de lyophilisation à façon pour les marchés de l’agroalimentaire, de la cosmétique et de la nutraceutique. Depuis lors, le groupe est assis sur trois piliers : Berkem dans l’extraction et la production d’ingrédients actifs naturels, Adkalis dans les solutions de préservation du bois et Eurolyo dans la lyophilisation à façon. Trois activités qui contribuent à la transition écologique avec des produits biosourcés et à la volonté d’intégrer la chimie du végétal au cœur de notre quotidien. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Olivier Fahy est aussi un entrepreneur pragmatique qui a toujours veillé à ne pas opposer la chimie des végétaux et la chimie de synthèse, utilisant des matières premières fossiles. Et pour illustrer cette vision, quoi de mieux que la nouvelle technologie de «suractivateurs» que la société est en train de développer. Conçus à partir d’extraits végétaux, ces produits ont pour vocation d’améliorer l’efficacité de biocides ou de phytosanitaires de synthèse tout en diminuant leur teneur, ainsi que les risques pour l’Homme et l’environnement. Pour Olivier Fahy, le plus important est «de faire bouger les lignes sans renier ce qui a été fait dans le passé».
« Le montant des fonds qui pourraient être levés n’a pas été dévoilé, mais des investisseurs institutionnels se sont engagés à hauteur de 12,8 millions d’euros. »
FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Sommaire
N°51 - Novembre 2021
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14 Dossier
Ver V rte 06 Vitrine
Cosmétiques Suivre les formulations
08 Repères
Parabènes, silicones, filtres UV... De plus en plus de familles de molécules, même biosourcées, sont boudées par les consommateurs car elles sont suspectées d’avoir un effet néfaste sur l’environnement ou sur la santé humaine.
18 Focus © DR
BioChem euroPe Chitine
Alpha Chitin pose la première pierre de son unité à Lacq
Protéines d’inseCte
Agronutris lève 100 M€ pour son industrialisation
reCyClage
Carbios inaugure son démonstrateur
éthanol Cellulosique
Clariant termine sa première unité Sunliquid
Polyamides 11
Arkema relève à 450 M€ son investissement en Asie
matériaux
Demeta lance une nouvelle gamme de NexTene pour composites
ingrédients Cosmétiques
Plant Advanced Technologies prend part au projet InnCoCells
Biofertilisants
Novozymes s’associe à Anuvia
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FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
« Il faut repositionner la bioéconomie dans les initiatives européennes »
sofinnova
« Nous entrevoyons notre futur en regardant du côté de la pharma »
Congrès PBs
Chimie biosourcée, une réponse aux enjeux climatiques et de réindustrialisation
WeBinaire
Adebiotech a fait le point sur la difficulté à industrialiser
inauguration
Metex Nøøvista plonge Carling dans l’ère de la biotech industrielle
déChets agroalimentaires
Circul’Egg récupère les coquilles d’œuf, sources de calcium et de protéines
additifs
FunCell accroît la solidité des matériaux cellulosiques et leur fonctionnalité
innovation
Crédit couverture : Pixabay
© Hans Braxmeier
© Pimpant
à la loupe
Les prix Pierre Potier font la part belle à la chimie biosourcée
filière vitiCole
Les producteurs de champagne organisent leur transition écologique
latex
GuaTecs ambitionne de créer la bioraffinerie du guayule
38 Fournisseurs ProCédés
Haldor Topsoe démarre un démonstrateur biogas-tomethanol au Danemark
40 Carnet /
Agenda
Nominations Formations/Manifestations
41 Index
Liste des sociétés
42 Marque
durable? Swatch : Un flashback vers le biosourcé
Expertise SQ QUALANE
Sourcing local Durable Le squalane d’olive, un émollient naturel origine olive, de qualité supérieure, est au cœur de l’expertise de Sophim depuis 1996.
Economie circulaire
Fabrication européenne Sophim, votre partenaire de référence pour la fabrication de vos ingrédients cosmétiques naturels
Products designed from nature
sophim.com
- Crédit photo : iStockphoto
et biologiques, approuvés COSMOS.
Des produits ménagers naturels et rechargeables
© Pimpant
■ Qu’il s’agisse de produits ménagers (pour la maison ou la vaisselle) ou de produits pour le linge, l’entreprise Pimpant met au point des formules à base d’ingrédients naturels. Pour aider ses clients à faire un geste écologique, elle choisit des produits sains : savon d’olive, de coco, actifs d’origine naturelle issus d’huile de ricin ou de tournesol, ou encore du bicarbonate. La particularité de la marque est de fournir les ingrédients séparément avec des bouteilles réutilisables. Au client de faire le mélange et de rajouter de l’eau. Une fois le contenant vide, il suffit de le rincer et il est prêt à accueillir un nouveau mélange.
Ve Verte Vitrine les produits d’entretien et de soins corporels se font solides, voire rechargeables quand la mode tend de plus en plus vers le tout-naturel. l’écoresponsabilité s’intègre de plus en plus dans notre quotidien.
© Solide !
■ La marque Solide! lance un produit proposé sous forme solide, zéro déchet, pour faire la vaisselle à la main. Il est composé d’une base lavante, certifiée Ecocert, obtenue à partir d’ingrédients biologiques selon le référentiel Cosmos, de vinaigre blanc et d’un parfum naturel également certifié Cosmos. La marque a remplacé le SCI utilisé dans sa version précédente par le sodium coco-sulfate (SCS), un tensioactif doux d’origine végétale. Solide! a également choisi de ne plus utiliser d’huiles essentielles. Ce produit est vendu en vrac, seul ou dans un support en céramique. 6
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© Déco’smétique
Un produit vaisselle sous forme…solide
Des fruits déclassés pour se chouchouter ■ La société bretonne Déco’smétique a
imaginé des baumes «zéro gâchis» et a lancé la gamme Balsama. Ces baumes solides pour les lèvres et les mains sont fabriqués à partir de clémentines déclassées, bio et de saison, fournies par un magasin bio local. La conception des produits est 100 % artisanale : le macérat et le beurre de
clémentine sont réalisés directement par l’entreprise. Les emballages des produits sont réutilisables et recyclables : lors du premier achat, les baumes sont fournis dans des boîtes en aluminium (sans BPA et adaptées au contact alimentaire). Ensuite, les recharges sont proposées dans du papier kraft français et PEFC.
© Step One
■ L’entreprise Step One propose une alternative simple, saine, écologique, économe, made in France et solidaire aux produits d’hygiène corporelle : des produits en poudre à reconstituer avec de l’eau. Composées à 99 % de produits naturels, les poudres sont conditionnées dans des sachets compostables et les
© Karmyliege
Des produits d’hygiène à reconstituer flacons sont soit en PET recyclé, soit en verre. Ce conditionnement sans eau permet d’alléger les produits et ainsi de diminuer les émissions de CO2, lors des transports. Enfin, l’intégralité des produits de Step One sont conditionnés dans le Cantal par des personnes en situation de handicap en ESAT.
Des portefeuilles en liège et en cuir de pomme
■ La société Karmyliege fabrique de la maroquinerie artisanale, élégante et végan, répondant au principe de la mode éthique. Elle propose une gamme de portefeuilles en liège et en cuir de pomme, des bracelets pour femmes et hommes en liège ainsi que des boucles d’oreilles en liège. Le liège étant riche en subérine, il est naturellement imperméable et ne nécessite pas de traitement. Le cuir de pomme produit par la société est l’Apple-Skin : une matière obtenue à partir de déchets de pomme dont le rendu visuel et la texture rappellent le cuir animal.
Des sacs biosourcés et écoresponsables
© Bleu de Chauffe
■ L’atelier Bleu de Chauffe revendique
sa conscience écologique et fabrique des sacs à partir de matières biosourcées et écoresponsables. Les cuirs utilisés par la marque bénéficient d’un tannage végétal. Ils sont ainsi traités à l’aide de tanins naturels issus de substances telles que la sève, les feuilles ou l’écorce. Selon le résultat souhaité, la marque privilégiera certaines espèces comme le chêne, le châtaignier, le mimosa ou encore l’acacia. Pour les parties en coton, Bleu de Chauffe privilégie des toiles en coton biologique certifié GOTS (Global Organic Textile Standard), offrant ainsi l’assurance que les fibres proviennent d’exploitations agricoles entièrement biologiques et naturelles.
ZOOM
Un savon 3-en-1 pour bébés
■ L’équipementier Saucony Originals dévoile deux nouvelles versions de ses chaussures Jazz Court Run For Good. Comme les premiers modèles de cette gamme, ces deux nouveautés ne contiennent aucun plastique et sont 100 % renouvelables. Elles sont composées exclusivement de sept matériaux naturels : coton, jute, laine, caoutchouc, bois, gardénia et betterave. Les nouveaux modèles, vert et anthracite, sont teints naturellement à partir de feuilles de noix de galle et de mûrier. Enfin, les semelles sont faites à partir de caoutchouc provenant à 100 % d’hévéa.
© Saucony Originals
Des chaussures naturelles
L’expert en soins dermatologiques Neutraderm dévoile un soin pour les plus petits, intégrant son complexe breveté Active Oligo Skin. Il s’agit d’un savon 3-en-1 contenant de l’huile de noyau d’abricot bio et du lait d’amande douce bio. Il nettoie en douceur le visage, le corps et les cheveux des bébés et des jeunes enfants. Sa formule permet également de protéger la peau des effets desséchants du calcaire et respecte ainsi le microbiome cutané. La marque a également lancé une gamme complète de produits adaptés spécialement pour les bébés.
© Neutraderm
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Repères [entrePrises] chitine Le groupe Alpha Chitin a posé la première pierre de son unité de production de chitine à Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Cette installation, d’une capacité de 150 tonnes par an sera opérationnelle en 2023.
Alpha Chitin pose la première pierre de son unité à Lacq e producteur de chitine et de chitosane Alpha Chitin a démarré la construction de son site de production sur la plateforme de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Cette unité devrait être en mesure de produire 150 tonnes par an de chitines à partir de ressources végétales et animales, et ce, dès 2023. Pour ce projet, la start-up a investi 14 millions d’euros, grâce au soutien de ses actionnaires : Bpifrance, la région NouvelleAquitaine, le département des Pyrénées-Atlantiques, le bureau de développement économique et attractivité de l’Adour (BDEA), la communauté de communes de Lacq-Orthez (CCLO), les partenaires bancaires (Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, BNP, Caisse d’épargne Pyrénées-Atlantiques, Société Générale), la Financière Pouyanne et TotalEnergies Développement régional. De plus, Alpha Chitin est lauréat du Plan de relance
© DR
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pour l’industrie, ce qui va lui permettre de bénéficier d’un accompagnement pour sa mise à l’échelle industrielle, sur une superficie totale de 1,2 hectare, et la commercialisation de ses produits. Pour faire fonctionner cette unité, la société prévoit la création de 20 emplois directs d’ici à 2022. Trois ressources exploitées Pour produire des chitines et chitosanes, Alpha Chitin exploite trois espèces : l’insecte Hermetia illucens (mouche soldat noire) pour l’extraction de chitine, le krill
Protéines d’insectes
Agronutris lève 100 M€ pour son industrialisation
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a société spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes Agronutris a annoncé une levée de fonds d’un montant de 100 millions d’euros. Cette opération permettra à la société la construction de sa première unité industrielle, à Rethel (Ardennes), d’ici à la fin 2022, et de financer l’implantation d’un second site de plus grande envergure.
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FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
L
es premières productions du site industriel porteront sur l’élevage et la transformation de la mouche soldat noire à destination des marchés de l’aquaculture et du petfood. Les deux premiers sites industriels utiliseront 280000 tonnes par an de biorésidus agricoles pour nourrir les insectes, qui seront convertis en farines et huiles, ainsi qu’en engrais organique. ■F.V.
Pose de la première pierre de l’unité d’Alpha Chitin, à Lacq.
d’Antarctique pour la production de chitosanes cristallins, et enfin, un mycélium de champignons pour la production de chitosanes vegan. «Les chitosanes, avec leurs qualités antibactériennes et antifongiques naturelles, 100 % compatibles avec le corps humain, apportent des perspectives nouvelles et des solutions novatrices, en particulier dans la santé humaine. Nous entendons répondre à la demande croissante des industriels et des biotechs
français et européens en leur fournissant des chitosanes de grade pharmaceutique dont la traçabilité est totale», a déclaré Philippe Crochard, président d’Alpha Chitin. La demande européenne de chitine et de chitosanes augmente d’environ 17 % par an, notamment en raison du grand nombre d’applications possibles dans des domaines tels que le traitement de l’eau, les aliments et les boissons, les cosmétiques, l’industrie, la biomédecine ou encore l’agrochimie. C’est pourquoi la société espère démarrer sa production dès 2022 et atteindre rapidement – début 2023 – sa capacité maximale de production. Dans sa feuille de route, Alpha Chitin prévoit de démarrer une étude de travaux afin d’atteindre une capacité de 1 500 t/an en 2025. Une levée de fonds devrait donc être initiée dès le début de l’année 2023. ■
FrANCoISE DE VAUGELAS
Biocontrôle : Agronaturalis entre dans le giron de De Sangosse semble être la suite logique du ■ Le spécialiste français du biocontrôle De Sangosse a acquis l’anglais Agronaturalis. Cette société, spécialisée dans les produits à base de bicarbonate de potassium et de fongicides naturels, a été créée en 2008. Cette opération
partenariat entre les deux protagonistes, entamé à la création de la société. Ce rachat devrait permettre à De Sangosse de proposer une offre complète aux agriculteurs pour leur transition agroécologique.
Afyren réussit son entrée en Bourse ■ La société de biotechnologie industrielle Afyren est entrée en
Bourse sur le marché Euronext Growth. Cette levée de fonds de 66,5 millions d’euros a pour objectif le financement de deux usines en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est, dotées d’une capacité de production d’environ 28000 tonnes par an d’acides organiques.
[entrePrises] Carbios inaugure son démonstrateur
e spécialiste de la bioplasturgie a officialisé le lancement de son démonstrateur industriel de recyclage enzymatique à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Implantée sur le site Cataroux de Michelin, cette unité de polymérisation a une capacité de traitement de 100 à 200 tonnes de déchets en polyéthylène téréphtalate (PET par an). S‘appuyant sur le procédé propriétaire C-Zyme, elle permettra de décomposer les emballages en PET complexes (opaques, colorés, multicouches), les textiles en polyesters, ou autres PET souillés. Les monomères d’acide téréphtalique (PTA) et de monoéthylène glycol (MEG), issus du procédé de recyclage, serviront à la production de PET vierge. «Notre démonstrateur nous permettra de monter en échelle et de générer suffisamment
© Dinhill On
L
L’unité de démonstration de recyclage de PET inaugurée par Carbios.
de données afin de rendre le procédé exploitable sur le plan industriel», déclare Martin Stéphan, directeur général délégué de Carbios. Selon le dirigeant, trois candidats européens ont déjà manifesté leur intérêt pour leur future usine de recyclage à l’infini de PET. «Nous allons décider de notre future implantation dès la fin 2021, afin de pouvoir démarrer la construction, dès 2022, et la mettre en route, en 2025», indique Martin Stéphan. ■ D.o.
Valorisation du co2
CarbonWorks démarre son démonstrateur
C
arbonWorks, coentreprise entre Fermentalg et Suez, a mis en service le premier démonstrateur industriel de sa technologie de capture et de bioconversion du CO2 par biomasse algale. Installé sur un site de méthanisation agricole à Cestas (Gironde), ce premier photobioréacteur a une capacité de 10 m3. Il permettra de capter et dissoudre le CO2 produit par l’unité de biogaz, de transformer le carbone séquestré en biomasse organique par voie photosynthétique et de valoriser cette biomasse comme un traitement antifongique naturel, en substitution des pesticides de synthèse. Créé
en juillet 2021, CarbonWorks a pour objectif d’accélérer le développement et la commercialisation de la technologie de capture et de bioconversion du CO2 mise au point par Fermentalg, notamment au travers de partenariats avec Suez. Cette première installation s’inscrit dans le cadre d’un projet d’économie circulaire en association avec Immunrise Biocontrol, pour la valorisation de la biomasse algale en produits de biocontrôle, et avec Pot au Pin Energie, exploitant de l’unité de biogaz de Cestas. Cette expérimentation a une durée initiale de douze mois. ■ F.V.
Lécithine : AAK veut s’emparer de BIC Ingredients marché européen de la léci■ Le fabricant indien d’huiles thine et soutiendrait l’objectif de la société de devenir l’un des principaux fournisseurs au monde de lécithine de spécialités. BIC Ingredients produit de la lécithine, un émulsifiant naturel, à partir d’huiles végétales telles que le soja, le tournesol et le colza.
et de graisses de spécialités AAK a annoncé la signature d’un accord pour l’acquisition de BIC Ingredients, la branche lécithine de la société néerlandaise BIC International Holding. Avec cette opération, AAK augmenterait considérablement son empreinte sur le
Pla
LG Chem et ADM s’associent en coentreprise
L
e chimiste coréen LG Chem a signé un protocole d’accord pour la création d’une coentreprise avec Archer Daniels Midland (ADM), transformateur américain de céréales. L’objet de cette collaboration est la construction d’une unité de production d’acide lactique et d’acide polylactique (PLA) à base de maïs aux états-Unis.
L’accord définitif pour la construction de cette unité, d’une capacité de production de 75000 tonnes par an de PLA, devrait être signé au premier trimestre 2022 pour une fin des travaux d’ici à 2025. Avec cette opération, LG Chem prévoit de pénétrer activement le marché des bioplastiques sur la base de sa capacité de production de PLA. ■ F.V.
éthanol cellulosique
Clariant termine sa première unité Sunliquid
L
e chimiste suisse de spécialités Clariant a finalisé la construction de son unité de production d’éthanol cellulosique à Podari (Roumanie). Il s’agit de la première unité à exploiter la technologie Sunliquid permettant la conversion de la lignocellulose en éthanol. Cette unité, qui devrait être opérationnelle dès le quatrième trimestre 2021, transformera environ 250000 tonnes par an de résidus agricoles afin d’obtenir 50 000 t/an d’éthanol de deuxième génération (2G). La construction de cette unité a nécessité un investissement de plus de 100 millions d’euros. Clariant a également bénéficié du soutien du programme européen
© Clariant
recyclage
Repères
Unité de production SunLiquid de Clariant en roumanie.
BBI JU à hauteur de 24,7 M€. Implantée sur une zone de dix hectares, cette usine a employé 800 personnes, le temps de la réalisation des travaux. Le chimiste a également signé des contrats avec plus de 300 agriculteurs locaux pour assurer l’approvisionnement en matières premières. ■ F.V. FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Repères [entrePrises] lgo
Polyamides 11
Circas’associeàGazelEnergie Arkema relève à 450 M€ pourson unité flagship son investissement en Asie e groupe Circa a signé un partenariat avec l’énergéticien GazelEnergie. Cette association a pour objet la transformation d’une ancienne centrale électrique à charbon dans le cadre du projet européen ReSolute. Ce projet, bénéficiaire du programme Horizon 2020, vise à développer une unité de production de lévoglucosénone (LGO), un building-block permettant de développer des solvants biosourcés dont le Cyrène, produit phare de Circa. Ce nouveau partenariat permettra à Circa de construire son unité à proximité de la plateforme Chemesis à Carling-Saint-
Avold et du Total Chemesis Composite Park (Moselle), sur le site de la centrale à charbon émile Huchet, propriété de GazelEnergie. Le site émile Huchet accueillera donc une unité de production de LGO à partir de biomasse nonalimentaire grâce à la technologie propriétaire de Circa, FuraCell. Cette future unité produira notamment 1000 tonnes par an de Cyrène, alternative biosourcée aux solvants traditionnels tels que le diméthylformamide (DMF) ou le diméthylsulfoxyde (DMSO). L’usine de ReSolute devrait entrer en service au premier semestre 2023. ■ F.V.
Bioraffinerie
Sekab investit pour augmenter sa production
L
e groupe suédois de cleantech a fait part de son intention d’augmenter sa production de produits chimiques à usage industriel biosourcés. Pour ce faire, la société compte investir 100 millions de couronnes suédoises (près de 10 M€) pour répondre à la demande croissante d’alternatives durables aux produits fossiles. Avec cet investissement, Sekab agrandit son unité de production de biocarburants et de produits chimiques biosour-
cés à Örnskölsvik (Suède), et installe notamment une nouvelle chaudière à gaz et augmente la capacité de stockage d’acétum (solution employant de l’acide acétique dilué comme solvant). L’unité devrait être complètement opérationnelle à la fin de l’année 2022. Dès lors, Sekab sera en mesure de fournir encore plus de produits chimiques renouvelables tels que l’acétaldéhyde, l’acétate d’éthyle et l’acide acétique. ■ F.V.
L
e chimiste de spécialités français Arkema ne faisait pas mystère de ses ambitions d’augmenter ses capacités de production de polyamides 11 (PA 11 Rilsan) en Asie. Mais au lieu d’investir 300 M€, c’est maintenant une enveloppe globale de 450 M€ que le groupe va consacrer à deux projets distincts. Le premier, annoncé en 2017, porte sur la construction d’une usine à Jurong Island, à Singapour, qui produira le monomère, l’amino 11, et du granulé de polyamide 11, pour un démarrage au premier semestre 2022. Il s’agira de la «plus grande bio-usine intégrée au monde dédiée aux polymères de haute performance», à partir de graines
© Arkema
L
L’usine de Jurong Island d’Arkema devrait être opérationnelle en 2022.
de ricin issues de l’agriculture durable. Elle permettra d’accroître de 50 % les capacités d’Arkema pour ces deux produits. En parallèle, un second projet a été annoncé et donnera naissance à une ligne de production de PA 11, sous forme de poudre, sur le site de Changshu, en Chine. ■ F.V.
Bio-Polyéthylène
BraskemetSCGChemicals veulentproduireenThaïlande
L
e producteur de biopolymères brésilien Braskem a signé un protocole d’accord avec la société pétrochimique thaïlandaise SCG Chemicals pour étudier la faisabilité d’une usine de production de polyéthylène biosourcé. Elle comprendrait une unité de déshydratation de bioéthanol, utilisé par la suite pour produire du bioéthylène et
tion avec Cambium Biomaterials dans le développement de biomatériaux de nouvelle génération. Comme dans le cadre du récent partenariat signé avec Givaudan, Ginkgo mettra sa plateforme de biologie synthétique à disposition de Cambium. La collaboration entre Ginkgo et Cambium a pour objectif d’explorer un ensemble diversifié de molécules biosourcées et de développer une bibliothèque de blocs de construction biologiques pour soutenir la fabrication de biomatériaux innovants.
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© Braskem
Ginkgo Bioworks collabore avec Cambium Biomaterials ■ La société américaine Ginkgo Bioworks a annoncé une collabora-
Site de production de polyéthylène biosourcé de Braskem.
du polyéthylène (PE) biosourcé sous la marque I’m Green. Ce projet combinerait la technologie et le savoirfaire de Braskem en matière de bioplastiques avec la connaissance du marché asiatique et l’expertise dans la production de PE de SCG Chemicals. Si les études de faisabilité sont concluantes, cette future usine permettrait à Braskem de doubler sa capacité de production actuelle du PE I’m Green. Si un accord est trouvé, la future unité de production serait implantée à Map Ta Phut, dans la province de Rayong (Thaïlande). Le PE produit par Braskem est issu de canne à sucre et est déjà exploité notamment par Lego pour fabriquer les pièces végétales de ses jeux de construction. ■ F.V.
[Produits]
Repères
matériaux La société rennaise a mis au point une nouvelle gamme de résines thermodurcissables pour les composites fibres de verre. Ses propriétés lui offrant une grande résistance, elle trouve des applications dans de nombreux secteurs de pointe.
Demeta lance une nouvelle gamme de NexTene pour composites vation et de notre recherche, et répondent à la demande toujours croissante de performance, de sécurité, de rentabilité d’allègement, le tout avec une faible empreinte carbone», a déclaré Ralph Hedel, directeur commercial de Demeta.
© Demeta
emeta, spécialisé dans les catalyseurs de nouvelle génération pour la production de matériaux à haute valeur ajoutée, a lancé NexTene PCX. Il s’agit d’une nouvelle gamme de résines de la famille NexTene pour la production de matériaux composites fibres de verre aux propriétés mécaniques supérieures, présentant notamment une plus grande ténacité et durabilité que les résines époxy. Ses propriétés ont pu être améliorées grâce à un système polydicyclopentadiène (poly-DCPD) développé par Demeta. «Face à l’essor des matériaux com-
Le NexTene est utilisé dans des plateformes offshore.
posites, nous nous efforçons constamment d’améliorer la qualité de nos matériaux tout en réduisant l’empreinte carbone de l’industrie. Nos produits et nos technologies sont le résultat de notre inno-
Pha
Danimer perçoit 400000 $
L
a société privée américaine spécialisée dans le développement de produits durables Danimer Scientific a perçu une subvention du United Soybean Board. D’un montant de 400000 dollars (environ 340000 €), ce financement permettra à Danimer de poursuivre l’évaluation de l’huile de soja à haute teneur en acide oléique (HOSO), dans l’optique de l’utiliser comme matière première dans la production de polyhydroxyalcanoate (PHA). Ce biopolymère durable peut être
utilisé comme alternative biodégradable à certaines résines plastiques traditionnelles. Le PHA, produit par Danimer, est commercialisé sous le nom de Nodax et fait déjà l’objet de partenariats, notamment avec Genpak et Columbia Packaging Group. «Le HOSO est un produit facilement disponible aux États-Unis, ce qui en fait probablement une matière première viable et rentable dans la production de Nodax», a commenté Phil Van Trump, directeur scientifique et technologique de Danimer. ■ F.V.
Global Bioenergies élargit son offre de maquillage des rouges à lèvres liquides à ■ Après les yeux, ce sont les lèvres qui intéressent Global Bioenergies. La société de biotechnologie industrielle, qui a lancé sa propre marque de maquillage longue tenue en juin 2021, propose désormais
longue tenue. Comme pour la gamme d’ombres à paupières, la formulation du produit se base sur l’isododécane biosourcé produit par Global Bioenergies.
De nombreux champs d’application Cette nouvelle gamme de NexTene regroupe une famille de résines thermodurcissables qui possède une grande résistance aux chocs, une résistance thermique et chimique, ainsi qu’une résistance à l’hydrolyse, lui permettant
ainsi de répondre aux besoins de secteurs tels que l’automobile, l’énergie éolienne, la construction, le génie civil ou encore le ferroviaire. Ce lancement intervient peu de temps après l’annonce du renouvellement du programme de financement Citeph visant à développer des revêtements de pipeline permettant d’améliorer la fiabilité et la durabilité en eaux profondes d’installations opérant des fluides dans un environnement extrême. Dans ce cadre, le NexTene suscite également un vif intérêt auprès des acteurs de la filière du pétrole et gaz. ■
FrANçoISE DE VAUGELAS
Pdo
Covestro se fournit auprès de Metabolic Explorer
L
e spécialiste allemand des polymères Covestro, en collaboration avec Vaude, a mis au point une semelle intermédiaire, partiellement biosourcée, pour des chaussures de randonnée. Cette semelle est en mousse de polyuréthane thermoplastique (TPU) élaboré à partir de 1,3 propanediol (PDO) biosourcé. «Le TPU a déjà fait ses preuves en tant que matériau durable et de soutien dans les semelles intermédiaires pour les chaussures actives telles que les chaussures de montagne. Cependant, dans cette combinaison de matériaux souples et durs, il n’a jamais été produit avec des matières premières sans OGM», a déclaré Sayma Hou, Key Account Manager chaussures chez Covestro. C’était sans compter sur le
© Covestro
D
Les semelles de Covestro contiennent du PDo de Metex.
PDO de Metabolic Explorer, issu d’huile de palme et non OGM, contrairement à des sources concurrentes pouvant provenir de maïs OGM. Ainsi, Covestro a développé la mousse Desmopan EC 33000. Par rapport aux TPU d’origine fossile, cette gamme permet de réduire de 20 % l’empreinte carbone des chaussures de randonnée sans compromettre la qualité ou les performances de l’équipement. ■ F.V. FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Repères [r&d] ingrédients cosmétiques La société PAT va percevoir un financement de 750 000 € pour
prendre part à un projet de recherche visant à mettre au point des technologies de découverte d’ingrédients cosmétiques.
L
e spécialiste lorrain des biomolécules végétales Plant Advanced Technologies (PAT) a annoncé sa participation au projet de recherche InnCoCells. Coordonné par le VTT (VTT Technical Research Center of Finland), ce projet, d’une durée de quatre ans, a pour ambition de révolutionner la façon de découvrir, développer et produire des ingrédients cosmétiques validés scientifiquement. InnCoCells regroupe 17 partenaires répartis dans 11 pays européens : instituts académiques, PME, partenaires industriels, ONG ou encore organisations sectorielles
telles que la Cosmetic Valley. Ce projet bénéficie d’un budget total de 7,9 millions d’euros, et sa partie recherche est financée par la Commission européenne. La participation de PAT est financée à hauteur de 750 000 euros pour toute la durée du projet. Protéger la biodiversité de la surexploitation Le projet InnCoCells s’inscrit dans le cadre du programme de financement européen Horizon 2020. Il vise à utiliser des procédés de production innovants à base de plantes qui répondront à des exigences fortes en matière
Pha
Nenu2phar fait le point
L
e projet Nenu2phar, annoncé par le pôle IAR en octobre 2020, dresse le bilan de sa première année. Soutenu par le BBI JU à hauteur de cinq millions d’euros pour une durée de trois ans, ce programme vise à mettre en place une filière de bioplastiques à base de polyhydroxyalcanoates (PHA) à partir de ressources durables. Au cours de cette première année, les 16 partenaires du projet ont travaillé au développement d’une biomasse microalgale qui sera utilisée comme matière première
principale pour l’alimentation des bactéries accumulatrices de PHA. Les partenaires ont également travaillé à la définition du cadre réglementaire de Reach et sur les législations relatives aux matières plastiques afin de s’assurer de la conformité de leur PHA. Outre ces deux évolutions, de premières évaluations de marché des produits bioplastiques et une identification de la carte de la valeur et des besoins des consommateurs ont été réalisées, ainsi que des tests de compostabilité, de délitage et d’écotoxicité. ■ F.V.
Neste ouvre un centre de r&D à Singapour ■ Neste a annoncé l’établissement d’un centre de recherche et déve-
loppement à Singapour. Avec cet investissement, dont le montant n’a pas été communiqué, le groupe va accroître ses capacités d’innovation à l’échelle mondiale et favoriser les collaborations avec des partenaires de la région Asie Pacifique. Ce nouveau centre sera situé dans le Science Park II, dans la partie ouest de Singapour et sera opérationnel en 2023.
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© Plant Advanced Technologies
Plant Advanced Technologies prend part au projet InnCoCells
PAT extrait des molécules d’intérêt du système racinaire des plantes.
de protection de l’environnement et d’économie des ressources. Le projet va donc étudier la culture aéroponique mise au point par PAT pour étudier une voie de développement de nouveaux
ingrédients cosmétiques, pensés de manière durable. La filiale Straticell de PAT, société spécialisée dans la prestation de services d’études d’efficacité in vitro pour les produits de soins cutanés, sera également partie prenante de ce projet. La technologie de PAT devrait permettre de cultiver des plantes sélectionnées, aujourd’hui menacées par la surexploitation, de manière durable et rentable sans pour autant présenter le moindre risque pour la biodiversité. ■
FrANçoISE DE VAUGELAS
Biomédecine
Vers la production de muscles synthétiques
A
près les cultures de viandes, des chercheurs de la McKelvey School of Engineering de l’université de Washington à Saint Louis (Missouri, états-Unis) ont développé une approche permettant de produire des fibres musculaires à partir de micro-organismes. Ils font appel pour cela à des bactéries modifiées capables de reconstituer une protéine de haut poids moléculaire – en l’occurrence la titine, une des trois fibres composant les muscles – à partir de segments plus petits. Les scientifiques ont ensuite utilisé un processus de filage humide pour convertir les protéines en fibres d’environ 10 µm de diamètre. Les résultats de ces travaux ont
été publiés dans la revue Nature Communications. Ces fibres seraient plus résistantes que le kevlar, la matière utilisée dans la conception des gilets pareballes. En plus de permettre la fabrication de textiles, ce matériau peut potentiellement être utilisé dans de nombreuses applications biomédicales : étant quasiment identique aux protéines du tissu musculaire, il est vraisemblablement biocompatible et pourrait être utilisé dans les sutures, l’ingénierie tissulaire, etc. «Maintenant, ces applications peuvent se concrétiser sans avoir besoin de tissus animaux réels», a commenté Fuzhong Zhang, professeur au département de génie chimique. ■ F.V.
[r&d] Biofertilisants
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e spécialiste des enzymes Novozymes a annoncé son association avec la société spécialisée en nutriments végétaux, Anuvia Plant Nutrients. L’objectif de ce partenariat est de développer une gamme de biotechnologies combinées permettant la réduction du recours aux engrais synthétiques. En plus de réduire l’utilisation d’intrants par les agriculteurs, ces produits contribueront également à réduire l’impact environnemental en diminuant la perte de nutriments et les émissions de gaz à effet de serre sur les
exploitations. Novozymes et Anuvia travailleront de concert pour identifier des microorganismes et des enzymes susceptibles d’améliorer l’efficacité nutritionnelle et la santé des cultures. Dans un premier temps, le partenariat combinera les solutions microbiennes solubilisant le phosphate de Novozymes avec les engrais biosourcés et durables d’Anuvia. Les deux sociétés envisagent plusieurs générations de développement de cette technologie, la première devant ajouter jusqu’à dix unités de phosphore.
Bio-meg
UPM donne un coup d’accélérateur à sa R&D e papetier finlandais UPM a annoncé un plan d’accélération pour le développement de nouveaux produits biosourcés. Pour ce faire, les centres de recherche Biofore Base du groupe basés à Lappeenranta (Finlande) et à Changshu (Chine) vont augmenter leur activité. Un troisième centre de recherche est actuellement en construction à Leuna (Allemagne). Il fonctionnera en collaboration avec la bioraffinerie également en construction sur le même site, qui permettra la production de 200000 tonnes par an de biomonoéthylène glycol (BioMEG). Les centres de recherche d’UPM réalisent également des activités de pilotage et d’analyse. Le centre
© UPM
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UPM vise à développer de nouveaux produits.
de Lappeenranta se concentre sur les activités du groupe en croissance : produits biochimiques, biocarburants et emballages spécialisés, et nouvelles voies de valorisation de la pâte à papier. Le centre de Changshu vient en soutien de diverses activités d’UPM. Enfin, le centre de Leuna sera spécialisé dans le développement de produits biomoléculaires. ■ F.V.
roquette ouvre un centre d’expertise ■ Le spécialiste des protéines et des ingrédients d’origine végétale
Roquette a annoncé l’ouverture d’un centre d’expertise sur son site de Vic-sur-Aisne (Aisne, Hauts-de-France). D’une surface de 2 000 m² et représentant un investissement de 11 M¤, ce centre de R&D sera entièrement dédié aux protéines végétales. Le Français élargit ainsi son champ des possibles en termes d’innovation alimentaire, de développement de nouvelles protéines et de nouvelles technologies de production.
© Anuvia
Novozymes s’associe à Anuvia
Novozymes et Anuvia veulent développer des biofertilisants.
Les générations suivantes cibleront le remplacement d’unités supplémentaires de macro et micronutriments, tels que l’azote, le phosphore et le potassium. ■ F.V.
Repères
L’oréal et Symatese consolident leur partenariat ■ Le géant de la beauté L’Oréal a
annoncé le renforcement et l’élargissement de son partenariat avec Symatese, fabricant de dispositifs médicaux. Cette consolidation de collaboration s’est concrétisée par la signature de nouveaux accords de recherche et développement de long terme dans le domaine des biomatériaux. Les deux sociétés collaborent, depuis plus de vingt ans, dans le domaine du génie tissulaire et cellulaire. La filiale de L’Oréal Episkin se base en partie sur un savoir-faire développé en collaboration avec Symatese pour sa production de tissus humains reconstruits.
concours
Les Pays-Bas remportent le BISC-E 2021
«
Contribuer à la durabilité de la société en concevant un produit ou un procédé biosourcé.» C’était la tâche que devaient remplir les équipes d’étudiants participant à la troisième édition du Biobased Student Innovation Challenge Europe (BISC-E) 2021. La finale de cet événement, organisé par le Consortium des industries biosourcées (BIC), a été remportée par l’équipe WaterSkins des Pays-Bas. Ces étudiants ont proposé d’exploiter les eaux usées pour fabriquer un matériau. L’idée est de produire, en premier lieu, un polymère qui est ensuite traité pour obtenir un matériau semblable au cuir. Les Irlandais de l’équipe PhytoTowel ont pris la deuxième place grâce à leur projet d’extraire les nutriments des eaux usées et de les exploiter pour la production d’une biomasse verte. L’équipe Loaf Foam de Belgique est arrivée troisième avec son projet d’exploitation des déchets de pain pour pro-
duire des matériaux d’emballage à base d’amidon. Les deux autres participants de la finale étaient les équipes Eco-Lution (Portugal) et B-Most (Italie). La première équipe veut extraire des composés à haute valeur ajoutée à base de noyaux de pêche, tandis que la seconde veut combiner des levures afin de mettre au point un savon naturel pour nettoyer les polluants des sols. BISC-E cherche à promouvoir l’innovation de rupture sans le secteur biosourcé, lors d’un concours annuel entre étudiants parmi les plus prometteurs d’Europe. Cette année, ce sont plusieurs pays européens qui ont participé à ce concours dont : la Belgique, la Croatie, l’Estonie, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Roumanie, la Serbie et l’Espagne. Les cinq équipes ayant convaincu un jury, composé d’experts du secteur biosourcé, ont ensuite dû également convaincre des représentants de l’industrie biosourcée. ■ F.V. FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Dossier Cosmétiques
Suivre les formulations à la
C’
était l’inquiétude é de l’été 2021 dans d lle domaine des produits naturels : p l’huile l’h il essentielle i l de lavande, et les autres huiles essentielles dans son sillage, seront-t-elles interdites par la Commission européenne ? À l’origine de cette polémique, une révision de la réglementation européenne Reach (Registration, évaluation, Authorization and restriction of Chemicals) sur les produits chimiques. En effet, le 12 mai 2021, la Commission européenne a adopté le plan d’action «Vers une pollution zéro pour l’air, l’eau et le sol ». Autrement dit, l’Union européenne vise pour 2050 « un monde où la pollution est réduite à des niveaux qui ne sont plus nocifs pour la santé humaine et les écosystèmes naturels». Et l’un des moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif est l’interdiction des substances chimiques les plus nocives dans les produits de consommation tels que les cosmétiques. Bien que la Commission euro-
14 FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
© Hans Braxmeier
Parabènes, silicones,... De plus en plus de familles de molécules, même biosourcées, sont boudées par les consommateurs car elles sont suspectées d’avoir un effet néfaste sur l’environnement ou sur la santé humaine. Et par ce biais, elles entrent parfois dans le collimateur des autorités nationales voire européennes. Les scientifiques et les industriels appellent à examiner ces produits au cas par cas.
péenne ait démenti l’interdiction de l’huile essentielle de lavande, le doute plane parmi les producteurs et les consommateurs. Mais pourquoi une substance, utilisée depuis des années dans le domaine des produits cosmétiques, peut-elle être déclarée comme dangereuse pour l’environnement ou pour la santé humaine? « La réévaluation d’une substance se fait dans plusieurs cas : dans le cadre du règlement Reach selon son tonnage; si elle est inscrite dans une annexe du règlement cosmétique, telle que celle sur les filtres UV ou encore les conservateurs; lors de l’évaluation de la sécurité de chaque produit avant sa mise sur le marché; ou sur demande des autorités nationales », explique Françoise Audebert, conseillère scientifique et réglementaire de la Fédération des entreprises de
L’HUILE ESSENTIELLE DE LAVANDE EST SUSPECTéE D’êTrE UN PErTUrBATEUr ENDoCrINIEN.
la beauté (FEBEA). Avant de poursuivre : « Les réévaluations se font sur la demande de la Commission européenne elle-même, souvent à la demande des États membres ». Ces demandes peuvent également être le résultat de l’évolution des savoirs au sujet des différentes substances. « L’évolution des connaissances peut entraîner la validation ou l’invalidation des informations que l’on a au sujet d’une molécule », pointe JeanMarc Giroux, président de Cosmed, association professionnelle des TPE, PME et ETI de la filière cosmétique. En revanche, lorsque la remise en question de la sûreté des molécules
[Cosmétiques] Dossier
loupe
Des molécules aujourd’hui sur la sellette « Le principe de précaution est excellent, s’il est appliqué dans sa définition. Les mesures mises en place doivent être proportionnées et temporaires», pointe Jean-Marc Giroux (Cosmed). S’il y a des molécules qui illustrent parfaitement l’application de ce principe, c’est la famille des parabènes. En effet, en 2010, leur utilisation porte à controverse en raison de la capacité de certains parabènes à activer les récepteurs des œstro-
Les filtres UV, mauvais pour les coraux? Autre substance remise en question, principalement par les consommateurs : les filtres solaires. Alors qu’ils sont soupçonnés d’être responsables du phénomène de blanchissement des coraux, leur profil environnemental est souvent pointé du doigt. « Le principal problème des filtres solaires est qu’ils sont persistants dans l’environnement», signifie Sébastien Duprat de Paule, directeur innovation et développement matières premières naturelles chez Yves Rocher. La préoccupation concernant l’impact environnemental de cette molécule est d’autant plus élevée que son utilisation est souvent synonyme de
baignades, et par conséquent, d’un rejet direct dans l’environnement. « C’est pourquoi, lorsque nous élaborons un filtre UV, nous choisissons les filtres qui ont le meilleur profil environnemental associé à un excellent profil de protection de la peau car c’est un problème de santé publique», précise Sébastien Duprat de Paule. Et face aux accusations de destruction des récifs coralliens, Laurent Gilbert (L’Oréal) assure : «Les raisons du blanchissement des coraux sont le réchauffement de l’océan et son acidification. Il y a une publication récente de l’ICRI (International Coral Reef Initiative) qui synthétise ce sujet. Il faut cependant avoir beaucoup d’humilité sur ces sujets environnementaux qui sont d’une complexité sans nom». Aussi accusées d’avoir un impact néfaste sur l’environnement, les silicones sont des agents texturants utilisés fréquemment en cosmétique. «Ce sont surtout les silicones utilisées dans les produits de soins de la peau et capillaires. Il s’agit de molécules plus lourdes et il est difficile de leur trouver une alternative. Elles sont généralement non biodégradables. Depuis 2010, aucun de nos produits rincés ne contient plus de silicones, nous avons trouvé des combinaisons d’ingrédients d’origine
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© Dimitris Vetsikas
est faite par les consommateurs, et que la science et les connaissances techniques ne sont pas en mesure de fournir des certitudes au sujet des effets d’une substance sur la santé ou sur l’environnement, on applique le principe de précaution.
gènes, ce qui induit une possible action sur la fertilité et le cancer du sein. Ils sont donc suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. «Les parabènes sont des conservateurs très utilisés en cosmétique. Ce sont de petites molécules organiques, facilement biodégradables, et qui ont, pour certaines, des propriétés de modulation endocrinienne. Ce sont les parabènes à chaîne longue. C’est pourquoi on privilégie l’usage de parabènes à chaîne courte », explique Laurent Gilbert, en charge de l’innovation durable chez L’Oréal. Suite à la demande de la ministre de l’écologie, du Développement durable et de l’énergie en poste en 2014, Ségolène Royal, les parabènes sont toujours étudiés par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). « Aujourd’hui, il n’y a pas de preuve du risque de perturbateur endocrinien de ces molécules. Les parabènes se dégradent très rapidement sur la peau, comme beaucoup d’autres molécules», insiste Jean-Marc Giroux (Cosmed). Et pourtant, les produits indiquant la mention «sans parabène» sont de plus en plus nombreux.
LES CrèMES SoLAIrES SoNT PoINTéES DU DoIGT PoUr LEUr IMPACT ENVIroNNEMENTAL. FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Dossier [Cosmétiques] >
naturelle pour les remplacer avec efficacité et respect de l’environnement», raconte Sébastien Duprat de Paule (Yves Rocher). Il faut cependant noter un point important : tous les parabènes, tous les filtres UV ou toutes les
silicones ne sont pas problématiques. «Les silicones sont un terme générique qui représente une grande diversité de substances. Et elles ne sont pas toutes équivalentes», pointe Laurent Gilbert (L’Oréal). Tout comme les parabènes
avec les différences de longueur de chaînes, ou encore les filtres UV. «Il y a un nombre de filtres UV autorisés en Europe qui est assez large. Et tous ont des profils qui peuvent être différents», ajoute-t-il.
écotoxicologie
L’Oréalindustrialisesesméthodes àAulnay-sous-Bois
P
e endant la phase de développement de produits, les industriels m de d la cosmétique doivent se soumettre m à une batterie d’études. Les tests d’é d’écotoxicité – permettant de mesurer l’impact d’un produit sur les écosystèmes – en font partie. Et ce, pour une raison simple, comme l’explique Marc Léonard, directeur du laboratoire de recherche environnementale de L’Oréal basé à Aulnay-sous-Bois : «Après usage, beaucoup de produits cosmétiques rejoignent les égouts. Dans les pays industrialisés, les eaux usées sont traitées, et séparées en liquides et boues activées. Ce qui représente une possibilité de rejet indirect des molécules contenues dans les formulations cosmétiques. Dans les pays non industrialisés, il y a souvent des rejets directs des eaux usées dans l’environnement.» C’est pourquoi les marques cosmétiques s’assurent en amont que les ingrédients de leurs produits n’ont pas d’impact sur l’environnement en réalisant des tests d’écotoxicologie. Pour évaluer l’écotoxicologie d’un ingrédient ou d’une formulation, il est nécessaire d’effectuer des tests sur différents organismes, en l’occurrence des microalgues – marines et d’eau douce –, des larves d’oursin, des alevins de poisson, des bactéries et des crustacés d’eau douce (daphnies et hyalèlles). Le principe de base de ces analyses : exposer les organismes à une concentration constante de produit pendant un temps donné. Cependant, la réalisation de ces tests est très chronophage, c’est pourquoi L’Oréal développe des méthodes d’analyses à échelle industrielle afin de mieux répondre à ces besoins. - N°51 - Novembre 2021 166FormuleVerte 1
Dans un premier laboratoire se réalisent les tests sur les microalgues. «Les microalgues sont souvent les organismes les plus sensibles que nous testons», explique Marc Léonard. Pour ce modèle biologique, les scientifiques exposent des cultures d’algues à différentes concentrations de l’ingrédient à tester. Mais contrairement aux tests standard, réalisés dans des volumes de 250 ml, L’Oréal effectue ces tests dans des volumes de 2 ml, permettant ainsi de mettre en place plus de tests en moins de temps grâce à un système d’automatisation.
L’intelligence artificielle pour accélérer les processus De plus, les chercheurs du groupe réalisent des comptages par cytométrie de flux grâce au principe de restitution de fluorescence. Ce test permet de déterminer si la cellule est toujours vivante. «Ce test est plus sévère que le test standard qui compte le nombre de cellules par la technique de la cellule de Malassez (comptage au microscope, N.D.L.R), sans déterminer si la cellule est toujours vivante ou non», explique Marc Léonard. Sur une paillasse à proximité, un système automatisé permet de tester les effets d’une substance sur les larves d’oursin. La présence de produits toxiques pour les larves d’oursin aura pour effet de perturber leur développement et donc de modifier leur morphologie. Cette fois, les scientifiques ont travaillé avec l’intelligence artificielle pour mettre au point un logiciel permettant une lecture automatique de ces tests. Le logiciel va comparer la taille de chaque larve à une taille normalisée
© L’Oréal
Parce qu’il faut multiplier les expériences pour déterminer l’impact potentiel d’un nouveau produit cosmétique sur l’environnement, le groupe L’Oréal a entrepris d’optimiser ses tests.
et va ainsi pouvoir déterminer s’il y a un effet ou non. Le groupe réalise également des analyses sur les récifs coralliens, mais cellesci sont effectuées au Centre scientifique de Monaco. Dans une autre salle est analysée la bioaccumulation – processus d’assimilation et d’accumulation des substances dans un organisme. Pour ce faire, L’Oréal utilise comme modèle biologique les hyalèlles car ces crustacés vivent à la surface des sédiments et que les données actuelles montrent qu’une substance qui ne s’accumule pas chez les hyalèlles ne s’accumule pas non plus chez les poissons. Là encore, l’intelligence artificielle va se révéler très utile. L’Oréal a mis au point un système d’identification automatisé efficace à 99 %. Enfin, L’Oréal pratique des tests d’écotoxicité sur des alevins de poissons zèbres. En effet, certaines substances entraînent des malformations, des anomalies comportementales ou encore des modifications physiologiques. Pour évaluer cet impact, le test développé par l’Ineris et choisi par L’Oréal se sert d’alevins modifiés génétiquement afin de rendre fluorescents certains processus physiologiques. Ensuite, un logiciel d’imagerie permet de mesurer cette fluorescence. En combinant automatisation et informatique, L’Oréal développe des méthodes d’analyse industrielle qui répondront mieux aux besoins de l’industrie cosmétique en évolution constante. ■ FrANçoISE DE VAUGELAS
[Cosmétiques] Dossier Face à ces polémiques, les marques de produits cosmétiques cherchent des alternatives afin de proposer des produits sûrs et écoresponsables à leurs clients. « Nous avons trois possibilités pour substituer ces molécules controversées : le sourcing, le mélange ou la formulation», explique Sébastien Duprat de Paule. Avant de détailler : « Soit on trouve une molécule de remplacement «à l’identique», soit on trouve des associations efficaces de plusieurs molécules d’origine naturelle qui permettent de remplacer celle incriminée, ou bien on change la formulation du produit pour une performance et une sécurité identiques ou supérieures». Même si la nouvelle formulation ou la nouvelle molécule sont 100 % naturelles, elles devront répondre aux mêmes critères et subiront les mêmes tests. «Parfois, les substances naturelles nécessitent beaucoup plus d’analyses car leur structure est plus complexe», raconte Françoise Audebert (FEBEA).
S’assurer de la sûreté des molécules La première partie de ce travail réglementaire est la réalisation d’un travail de bibliographie. « Pour chaque produit, nous réalisons une fiche de données de sécurité. Et pour chaque matière première, nous réalisons également une carte d’identité réglementaire », explique Corinne Nawrocki, responsable du développement durable chez Seppic, filiale d’Air Liquide dédiée aux ingrédients de spécialités à destination de la beauté et de la santé. Avant de poursuivre : «Dès l’imagination d’un produit, nous réalisons cette carte d’identité afin de balayer tous les critères de toutes les étapes du cycle de vie (du sourcing à l’utilisation par le consommateur) ». « Réglementairement, quand il y a une mise sur le marché d’un produit cosmétique, son évaluation se fait sur la base d’un rapport de sécurité», rappelle Françoise Audebert (FEBEA). Les sociétés souhaitant introduire un nouveau produit cosmétique sur le marché se doivent donc de réaliser de nombreux tests en amont afin d’évaluer l’impact sur la santé humaine et l’impact environnemental (voir p16). « La cosmétique est le
L’HUILE ESSENTIELLE DE LAVANDE, «VICTIME» DE L’oPINIoN
À l’été 2021, les lavandiculteurs et l’union des producteurs de plantes à parfums, aromatiques et médicinales de France se sont mobilisés pour défendre les bienfaits de l’huile essentielle de lavande, suspectée d’être un perturbateur endocrinien. «C’est une polémique qui n’a pas lieu d’être», insiste Jean-Marc Giroux. Avant de poursuivre : «La polémique vient du linalol, une molécule présente dans la quasi-totalité des huiles essentielles. Cette molécule, quand elle est oxydée, devient plus sensibilisante». Autrement dit, ce sont les produits de dégradation des huiles essentielles, qui apparaissent lorsque celles-ci sont mal conservées, qui sont allergisants.
«Aujourd’hui, aucune étude ne prouve que l’huile essentielle de lavande est un perturbateur endocrinien. La polémique vient de l’étude de Henley en 2007», précise Jean-Marc Giroux. Il s’agit d’un clinicien qui a reçu trois jeunes garçons souffrant de gynécomastie (développement excessif des glandes mammaires). Le seul lien entre ces trois cas était l’utilisation de produits de soin à base d’huiles essentielles de lavande et de tea tree. En 2008, le Scientific Committee on Consummer Safety (SCCS) conclut que le lien de causalité entre les cas de gynécomastie et les huiles essentielles n’était pas plausible. Cependant, en 2017, cette étude ressort
seul secteur pour lequel les tests sur les animaux sont totalement interdits. Il est également interdit d’utiliser les résultats de tests sur les animaux qui auraient été réalisés pour répondre à une réglementation cosmétique dans des régions où cela est autorisé », précise Françoise Audebert. Afin de remplacer ces tests, les sociétés travaillent sur deux volets : l’approche des chemins de l’effet adverse, qui consiste à utiliser toutes les connaissances concernant le lien entre la molécule utilisée et un possible effet néfaste sur l’organisme ; ou l’approche Next Generation Risk Assessment (NGRA), qui est une évaluation des risques pertinente pour l’homme, fondée sur l’exposition et sur des hypothèses afin de prévenir les dommages en combinant toutes les données issues des méthodes alternatives disponibles et pertinentes. « Les méthodes d’évaluation sont assez variées, combinant parfois des tests in silico (simulations et tests sur ordinateur, N.D.L.R) ainsi que des tests in vitro, avec des travaux de recherche, notamment sur des peaux synthétiques », raconte Amandine Landra,
dans les médias dans le cadre d’une enquête au sujet de produits anti-poux contenant des huiles essentielles. Malgré plusieurs études réalisées depuis, démontrant l’absence d’effet de perturbateur endocrinien de l’huile essentielle de lavande, la méfiance à l’égard de cette substance subsiste à tel point que l’Union européenne va la réévaluer. «Il y a eu dans ce cas-là une véritable influence des médias sur les décideurs, et par conséquent sur la réglementation», se désole Jean-Marc Giroux. Avant de conclure : «La mise en place du principe de précaution s’appuie de moins en moins sur les connaissances scientifiques, et cela devient parfois excessif».
directrice de la business unit luxe et cosmétique d’Alcimed, société de conseil en innovation. «Le NGRA est une approche, étape par étape. On va d’abord réaliser une analyse in silico telle qu’un test QSAR* pour déterminer si la substance lève une question ou non. Ensuite, des modélisations permettront de déterminer la pharmacocinétique de la molécule, et de savoir si elle peut traverser la peau. Et ainsi de suite », détaille Françoise Audebert (FEBEA). Malgré la réévaluation fréquente des molécules par les instances réglementaires européennes, et les analyses scientifiques, le doute persiste chez les consommateurs concernant ces substances. Face à cette défiance, et à la demande de naturalité, les acteurs du secteur cosmétique sont amenés à changer régulièrement leurs formulations, et donc à réaliser des tests réglementaires. Mais Laurent Gilbert met en garde les consommateurs : «Ce n’est pas parce qu’un produit est naturel ou d’origine naturelle qu’il est sans risque pour la santé et pour l’environnement. Il faut l’analyser avec la même rigueur ». ■ FrANçoISE DE VAUGELAS
FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Focus [Chimie euroPéenne] Biochem euroPe
« Il faut repositionner la bioéconomie dans les initiatives européennes » éclipsée par l’économie circulaire dans le Green Deal, la bioéconomie n’a pas dit son dernier mot. Elle dispose désormais d’un allié de choix avec l’industrie chimique, représentée au niveau européen par le Cefic, qui commence à se saisir sérieusement du sujet. Entretien avec Bernard de Galembert, manager du nouveau groupe sectoriel BioChem Europe, au sein du Cefic.
lages renouvelables, compostables mais aussi biosourcés, de la part de grands groupes agroalimentaires comme Unilever ou Nestlé. Les entreprises membres du Cefic étant de plus en plus actives sur ce sujet du biosourcé, il fallait bien que cela se reflète dans la structure de notre organisation et dans ses prises de position.
Qu’est-ce qui motive les industriels de la chimie à se mobiliser sur ce sujet du biosourcé ? B.d.G. : Les industriels de la chimie sont soumis à une très forte pression pour réduire leur empreinte carbone, et par voie de conséquence, l’impact climatique de leurs activités. Pour cela, il leur faut intégrer des voies alternatives pour être en mesure de fournir des produits chimiques et des polymères plus vertueux, du point de vue de leur impact climatique. Il y a de plus en plus d’entreprises, et notamment de grands acteurs de la chimie pétrosourcée, qui expriment
Quelles sont vos missions au sein de BioChem Europe ? B.d.G. : BioChem est un groupe sectoriel qui a une vocation d’advocacy pour mettre en place une dynamique sur le sujet et peser sur les politiques européennes. Il ne s’intéresse pas en tant que tel à des sujets techniques. À cet effet, nous essayons de développer le groupe et de recruter de nouveaux membres en capitalisant sur les adhérents existants du Cefic. Nous travaillons sur la visibilité du groupe avec un site Internet en préparation, et une présence sur des évènements pour montrer l’engagement du Cefic sur ce sujet.
18 FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
© Cefic
Formule Verte : À quand remonte la création de ce groupe sectoriel BioChem Europe, dédié à la chimie biosourcée, au sein du Cefic ? Bernard de Galembert : J’ai rejoint le Cefic, en mars 2020, avec pour mandat de mettre en place un groupe sectoriel sur la chimie biosourcée, que nous avons appelé BioChem Europe. J’avais exercé auparavant des fonctions dans le secteur de la papeterie. Avant mon arrivée, il y avait bien un réseau d’experts sur la bioéconomie, au sein du Cefic, mais il était placé sous l’égide du programme Innovation. Le Cefic avait pris position sur le sujet en 2016, identifiant l’industrie chimique européenne comme un élément clé de la bioéconomie. Depuis lors, et malgré la révision de la stratégie européenne sur la bioéconomie en 2018, il ne s’était plus positionné sur le sujet.
Qui sont les membres de BioChem Europe ? B.d.G. : Je suis parti d’une page blanche en essayant d’identifier les acteurs les plus progressistes sur le sujet. Certains étaient déjà membres du Cefic et d’autres sont venus rejoindre l’organisation. BioChem Europe compte aujourd’hui treize membres : Allnex, BASF, Borealis, Borregaard, Clariant, Covestro, Kemira, Haltermann Carless, Novamont, Perstorp, Secab, Sappi et UPM. Ensemble, ils englobent un spectre assez large de biomasses et de produits, avec des stratégies assez diverses. Par exemple, dans l’industrie papetière, le déclin du papier graphique, amorcé depuis de nombreuses années, a poussé les acteurs à s’interroger sur l’après, ce qui les a conduits à investir dans la chimie biosourcée. Pour d’autres entreprises, il s’agit davantage de monter dans le train pour ne pas manquer une occasion qui se présenterait. Dans ce cas, le biosourcé n’est pas encore le fruit d’une réflexion stratégique.
Bernard de Galembert, manager du nouveau groupe sectoriel BioChem Europe, au sein du Cefic.
leur volonté de diversifier leurs portefeuilles d’activités dans le domaine du biosourcé. En parallèle, les industriels de la chimie subissent une forte pression des marchés qui demandent de plus en plus de produits biosourcés. Au départ, cela a commencé dans les bioplastiques avec une explosion de la demande d’embal-
[Chimie euroPéenne] À ce stade, nous n’avons pas ouvert notre adhésion à des membres associés, mais nous y réfléchissons. En revanche, nous avons noué des contacts avec de nombreuses associations, dont l’ACDV, le pôle IAR, le Lignin Club Ecosystem en Finlande et la European Bioeconomy Alliance.
Focus
toutes les peines du monde à quantifier et à valider les contributions positives que leur discipline pourrait apporter. Les seules données que j’ai trouvées concernent une étude de l’OCDE de 2011, intitulée « Industrial biotechnology and climate change ». Elle estimait que le recours à la biotechnologie industrielle et l’utilisation de matière première biosourcée pourraient permettre d’économiser entre 1 et 2,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 d’ici à 2030.
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Le Cefic s’intéresse à la bioéconomie, au moment où le Green Deal n’en parle plus… B.d.G. : Effectivement, quand Ursula von der Leyen a présenté le Green Deal, on n’a pas entendu prononcer Quelle est votre vision Le Green Deal a occulté la bioéconomie au profit de l’économie circulaire. de la France en matière une seule fois le mot bioéconomie. La bioéconomie a de bioéconomie ? pourtant été très à la mode en 2012, au une évaluation de la stratégie bioéconoB.d.G. : La France fait partie du peloton de moment de la publication de la première mie 2018 que la Commission est en train tête en Europe en matière de bioéconostratégie européenne sur le sujet. Mais de lancer. Une feuille de route, sur laquelle mie. L’ACDV est encore l’une des seules on a vu son aura pâlir, et la notion d’écoon peut apporter des contributions, a été associations consacrée exclusivement à nomie circulaire prendre le dessus. Néanpubliée. Un rapport d’évaluation est prévu la chimie du végétal. Néanmoins, le pays moins, nous pensons que la bioéconomie pour début 2022. C’est une occasion, pour pionnier reste la Finlande qui a su faire des est la « cerise sur le gâteau » de l’écononous Cefic, d’exprimer ce que l’on aimerait choix stratégiques autour de sa ressource mie circulaire et qu’il faut intégrer les voir se dessiner. forestière abondante. En France, la stratédeux notions dans un scénario idéal de De façon générale, notre groupe BioChem gie bioéconomie est encore trop vague et « bioéconomie circulaire ». D’ailleurs, Europe a pour vocation de saisir toutes les consacre tout un pan à la bioénergie, au l’une des missions de ce groupe est bien occasions pour repositionner la bioécodétriment d’une bioéconomie plus innode remettre la bioéconomie au cœur des nomie dans les initiatives européennes, vante autour de la chimie biosourcée. solutions qui permettront de mettre en comme un facteur pouvant contribuer à œuvre et d’atteindre les objectifs du Green la réalisation des objectifs du Green Deal. À quel stade de maturité placez-vous Deal. Quand on parle d’énergie abordable À terme, nous devrons sans doute travailce secteur de la chimie biosourcée ? et propre, ou de rénovation des bâtiments, ler sur des études d’impacts, un passage B.d.G. : C’est un secteur encore en phase on voit bien que la bioéconomie et la obligé pour quantifier les bénéfices de d’adolescence. Son potentiel est fort mais chimie biosourcée peuvent apporter des la bioéconomie et soutenir nos thèses et largement sous-exploité. L’intérêt du contributions positives pour atteindre ces arguments. Mais cela est encore un peu marché n’est pas encore là. J’ai récemment objectifs. prématuré. relu un rapport du programme américain Biopreferred qui donne une préférence N’est-il pas trop tard pour réintroduire Que s’est-il passé pour que la notion aux produits biosourcés dans les achats la bioéconomie au cœur du Green Deal ? de bioéconomie se trouve éclipsée ? publics. Où en serait-on aujourd’hui, si l’on avait déployé seulement la moitié d’un tel B.d.G. : Non il n’est pas trop tard. Le Green B.d.G. : Le débat qui a entouré la politique programme en Europe ? Probablement Deal est une grande déclaration qui est en européenne sur les biocarburants a écorné dans une autre dimension. Néanmoins, train d’être mise en œuvre au travers d’inil’image de la bioéconomie, y compris je vois des signaux positifs partout en tiatives, comme le Fit for 55 ou le EU Circuauprès des décideurs. Les débats food Europe : des laboratoires de recherche lar economy package. Ces programmes versus fuel, où les ONG ont rapporté que qui testent des concepts, des passages constituent des occasions pour replacer le profil carbone des biocarburants n’était en phase pilote, des organismes spéciala bioéconomie au centre du dispositif. pas aussi vertueux qu’annoncé ont eu un lisés dans l’industrialisation, comme Par exemple, il y a quelques semaines, impact non négligeable. Par extension, un ARD ou Biobased Europe. Reste que les la Commission européenne a lancé une amalgame a été fait avec tous les pans de indicateurs économiques, en termes de consultation sur le textile durable, focalila bioéconomie dont le périmètre n’était marchés et de prix, ne sont pas forcément sée sur le recyclage de la fibre en fin de vie. pas assez clair. favorables. C’est pourquoi nous pensons Nous avons pris une position sur ce sujet Au niveau de la Commission européenne, qu’une vascularisation des politiques car l’économie circulaire dans le textile il y a des commissaires extrêmement européennes par la bioéconomie serait commence par le design et le recours à des sceptiques sur les bienfaits que la bioéconécessaire pour booster le secteur. Et c’est sources de fibres alternatives qui peuvent nomie peut apporter ! D’un autre côté, il tout l’enjeu de BioChem Europe. ■ être circulaires, mais aussi biosourcées. faut bien reconnaître que, jusqu’à présent, Une autre opportunité se dessine avec les acteurs de la bioéconomie ont eu ProPoS rECUEILLIS PAr SyLVIE LATIEULE FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Focus [finanCement] Biotech industrielle
«Nous entrevoyons notre futur en regardant du côté de la pharma»
© Sofinnova Partners
Avec une vingtaine d’années de décalage, les acteurs du financement des biotechs industrielles s’inspirent des pratiques de leurs confrères de la pharma. C’est ainsi que Sofinnova Partners continue de se spécialiser et annonce la création d’un troisième fonds d’amorçage dédié à la biotech industrielle, en attendant, peut-être, de financer des étapes de développement ultérieures. Détails avec Michael Krel, partner chez Sofinnova.
Michael Krel, partner chez Sofinnova.
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Formule Verte : Sofinnova Partners est une entreprise de capital-risque reconnue à la fois dans le domaine de la santé et celui des biotechnologies industrielles. Comment s’articule cette double stratégie? Michael Krel : Sofinnova Partners fêtera ses 50 ans, l’année prochaine. Elle est à ce titre la plus ancienne société de capitalrisque française et même européenne. Au départ, sa vocation était de financer l’innovation en général. L’un de ses premiers deals a porté, par exemple, sur le financement d’une société qui avait inventé le hayon de levage pour les camions. Mais au milieu des années 2000, sous l’impulsion de Denis Lucquin, actuellement partner & senior advisor, à l’époque chairman, Sofinnova s’est recentrée sur les sciences de la vie et s’est intéressée aux applications de la biotech à d’autres domaines que la santé et les biotechs pharma. C’est ainsi que nous avons investi dans les sociétés BioAmber, Avantium et Green Biologics par le biais des fonds Sofinnova Capital VI et VII qui étaient également dédiés aux sciences de la vie pour la santé. C’est seulement en 2012 que Sofinnova a levé le premier fonds d’amorçage exclusivement dédié à ce secteur de la biotech industrielle en Europe, le Sofinnova Green Seed Fund. À l’époque, 23 M€ ont été levés, principalement auprès de Solvay, de Siclaé, de Sofiprotéol, d’Unigrains et de CDC Entreprises.
Qui sont les sociétés qui ont bénéficié du soutien de ce premier fonds? M.K. : Le fonds Sofinnova Green Seed Fund a réalisé six investissements auprès des sociétés Cellucomp, Comet Bio, DNA Script, Enobraq, MetGen et Synthace. Puis, Sofinnova Partners a continué sa stratégie d’investissement dans la chimie du renouvelable avec la levée d’un deuxième fonds plus conséquent, le Sofinnova Industrial Biotech I (Sofinnova IB I). D’un montant de 125 M€, il a su attirer un pool d’investisseurs de premier plan, principalement des institutionnels européens et des acteurs industriels internationaux issus du monde de l’énergie, de la chimie et de l’agriculture, parmi lesquels plusieurs investisseurs ayant participé au Sofinnova Green Seed Fund. Quelle est la spécialité de Sofinnova Industrial Biotech I? M.K. : Ce fonds fait essentiellement de l’amorçage et des séries A, jusqu’à 10 M€. À ce jour, nous avons réalisé dix investissementsdontquatreenFrance,troisenEurope, deux au Canada et un aux états-Unis. Nous avons déployé un peu plus de 60 % de notre fonds. En France, nous avons donc réalisé quatre deals en soutenant Afyren, Micropep, Microphyt et Protera, une société chilienne que nous avons découverte à San Francisco. Elle est spécialisée dans les ingrédients alimentaires écoresponsables à base de protéines et elle travaille notamment avec Pivert et la Station F. Au total, nous avons jusqu’à présent investi, via nos différents fonds dans le capital de 15 à 16 sociétés, dont nous devront sortir d’ici à l’horizon 2027 pour générer de la performance financière à nos investisseurs. Ce fonds va avoir une suite avec Sofinnova Industrial BiotechII,pourlequelnousvenonstoutjuste de lever 150 M€. Pensez-vous qu’il vous faudra lever des fonds encore plus conséquents pour accompagner le développement industriel des sociétés de biotech? M.K. : Dans la santé, nous avons justement levé en 2018 un fonds pionnier en
[finanCement ] Europe de 445 M€, le Sofinnova Crossover Fund. Il permet d’investir en pré ou post IPO des montants jusqu’à 40 M€ pour permettre aux entreprises de faire du scale up et de la croissance. Ce type de fonds existait déjà aux états-Unis, depuis le milieu des années 2010, et cela a pris trois à quatre ans pour que l’idée traverse l’Atlantique. Dans les biotechs industrielles, c’est un sujet auquel nous réfléchissons, même si, pour l’heure, rien n’a été décidé. Si nous entrevoyons notre futur en regardant du côté de la pharma – chez Sofinnova, de l’autre côté du couloir –, on le vit avec vingt ans de décalage. C’est pourquoi, avant toute initiative, il faudra bien vérifier que ce type de fonds cross over soit pertinent pour nos investisseurs et pour les entreprises de notre secteur. La biotech industrielle peut s’appliquer à plusieurs marchés. Quels sont ceux qui vous intéressent le plus? M.K. : Sofinnova s’intéresse à quatre domaines : l’agriculture, l’alimentaire, la chimie et les matériaux. Et pour certaines entreprises, ces secteurs se recoupent. Par exemple, avec ses ingrédients biosourcés, Afyren est à cheval sur l’alimentaire, la chimie et l’agriculture. En revanche, Micropep est uniquement positionné sur l’agriculture avec son offre de biostimulants. Ces domaines ont, par ailleurs, des dynamiques différentes. La chimie et les matériaux sont des secteurs plus anciens, très pionniers en matière de biotech industrielle. Mais ils ont déçu. Beaucoup d’entreprises ont rencontré des difficultés à arriver au bout de leurs projets. Les secteurs de l’agriculture et de l’alimentaire se sont développés plus tard, mais ils sont aujourd’hui en plein boom. L’agriculture est soumise à des pressions très fortes, en lien avec la réglementation et le changement climatique qui exercent une influence baissière sur les rendements, notamment à travers l’apparition de maladies de plantes qui étaient beaucoup plus rares auparavant. En alimentaire, on assiste à un déferlement de protéines alternatives, ainsi que d’ingrédients tels
que des colorants, des texturants, ou des arômes naturels, qui rencontrent un grand succès. Beaucoup d’argent a été mobilisé aux états-Unis dans ce domaine et cela a créé un cercle vertueux. Est-ce que cela signifie que vous entrevoyez moins de perspectives dans la chimie et les matériaux? M.K. : Pas du tout! Dans les matériaux – les polymères, les textiles, le béton… –, la dynamique provient de grands acteurs, B2B et B2C qui prennent des engagements en matière de réduction d’émissions de CO2 ou d’augmentation de contenu biosourcé, et cela peut faire intervenir des technologies biotech. Pour ce qui est de la fin de vie des plastiques, on voit que la biotech peut intervenir dans le recyclage ou le design de polymères permettant de programmer leur autodestruction, comme le propose, par exemple, Carbios. Enfin, on commence à assister au développement de polymères fonctionnels qui peuvent apporter des propriétés nouvelles, à coûts équivalents. On peut citer l’exemple d’Avantium qui a développé un polymère, le PEF, présentant une meilleure barrière aux gaz que le PET. Ce polymère pourrait permettre de s’affranchir d’un besoin de matériau multicouche dans de nombreuses applications. Et quand vous déclarez que le marché de la chimie a déçu, qu’entendez-vous par là exactement? M.K. : En fait, tout vient du coût de développement d’un procédé biotech. Quand, il y a dix ans, développer un procédé biotech coûtait au moins 100 M€, les marchés nécessaires pour absorber ces coûts devaient être très importants. Les pionniers comme Metex, ou d’autres, n’ont alors pas pu éviter de développer de grands intermédiaires biosourcés comme alternative aux intermédiaires fossiles. Aujourd’hui, les progrès de la génomique – notamment la technologie de ciseaux moléculaires Crispr-Cas9 datant de 2013 – ont probablement permis de diviser ce coût par dix. Aujourd’hui, les entreprises
SofinnovaIndustrialBiotechIvaavoirunesuite avecSofinnovaIBII,pourlequelnousvenonstout justedelever150M€.
Focus
peuvent se tourner plus facilement vers des produits de plus petit volume, à forte valeur ajoutée et plus différenciants, comme la société Pili qui développe des colorants et pigments innovants, ou Enginzyme, dans laquelle nous avons investi, qui propose de revisiter la chimie à l’aide d’enzymes, pour produire mieux, de façon plus durable, et plus économique. Et si l’on raisonne en termes de technologie, la chimie est une science du xxe siècle qui a connu son âge d’or après la Seconde Guerre mondiale, alors que la biotech présente un horizon quasi infini. En tant qu’investisseurs, nous pensons qu’il y a plus de potentiel dans la biotech que dans la chimie, même si des deals restent possibles en chimie. Dans notre portefeuille, Comet Bio et Avantium, par exemple, sont des sociétés de chimie verte qui ne font pas de biotech. Avez-vous toujours autant d’opportunités pour investir? M.K. : Depuis un an et demi, nous constatons une hausse de 30 % de notre deal flow. Auparavant, on examinait autour de 200 deals par an. Aujourd’hui, nous atteignons les 250 à 300 deals, pour finalement réaliser deux à trois investissements. Et le point positif est que la qualité des dossiers n’a pas diminué. Il y a de plus en plus de jeunes diplômés qui se lancent dans la création d’entreprises, car décrocher un CDI dans de grandes sociétés ne les fait plus rêver. Dans le même temps, on rencontre des entrepreneurs plus expérimentés qui ont déjà eu des parcours professionnels et qui se lancent dans la création de start-up. En réalité, c’est un cercle vertueux qui se crée entre des investisseurs qui financent, des entreprises qui marchent bien et des entrepreneurs qui veulent créer des entreprises. Quand un Ginkgo Bioworks atteint les 15 milliards de dollars de capitalisation aux états-Unis, beaucoup d’investisseurs vont gagner de l’argent et le réinvestiront dans le domaine. Des collaborateurs vont aussi quitter l’entreprise pour monter leur propre start-up et essaimer. Cet effet «cercle vertueux» rend d’ailleurs les deals un peu plus compétitifs qu’il y a cinq ans. À l’époque, nous étions l’un des seuls acteurs à investir dans la biotech industrielle en Europe. Aujourd’hui, nous avons davantage de confrères et concurrents pour co-investir. Cela nous oblige à être toujours meilleurs. ■ ProPoS rECUEILLIS PAr SyLVIE LATIEULE
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Focus [BioéConomie] congrès PBs
Chimie biosourcée, une réponse aux enjeux climatiques et de réindustrialisation La ville de Reims a accueilli, les 22 et 23 septembre 2021, une nouvelle édition du Plant Based Summit, congrès dédié à la chimie du végétal. Tour d’horizon des grands enjeux de cette industrie en plein développement.
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© Plant Based Summit
e à Reims, ville qui est a ambitionne de devenir l capitale de la bioécola n nomie, que s’est tenu le l d Summit (PBS), les 22 et 23 Plant Based septembre derniers. Consacré au secteur de la chimie du végétal, ce congrès a réuni quelque 500 participants, une communauté de spécialistes heureuse de se retrouver, enfin, en présentiel pour discuter d’innovation, de business et des enjeux de la profession. Le choix de Reims n’était pas anodin, puisque la communauté urbaine du Grand Reims possède une agriculture et une viticulture puissantes
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(10 millions de tonnes de biomasse sont récoltées, chaque année), mais également une industrie déjà tournée vers la bioéconomie (plus de 40 acteurs hors champagne). La bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle, qui génère 750 M€ de chiffre d’affaires et draine 1200 emplois directs et 800 indirects, fait référence en France et à l’international. Pour se développer, le territoire dispose encore de superficies mobilisables pour de nouvelles bioraffineries et veut capitaliser sur la production de champagne qui peut aussi donner accès à des coproduits utilisables, notamment en cosmétique.
Une réponse au Green Deal
François Monnet, président de l’ACDV, et Christophe rupp Dahlem, président du pôle IAr, ont ouvert le congrès, en présence de Catherine Vautrin, présidente du Grand reims.
Président du pôle de compétitivité IAR, Christophe Rupp Dahlem, qui avait œuvré à la création de PBS, dix ans plus tôt, a rappelé que la chimie biosourcée s’inscrivait dans cet ensemble plus large de la bioéconomie qui représente 2200 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Europe et 18 millions d’emplois (soit 9 % de l’emploi). Elle agrège l’alimentation humaine et animale, les bioénergies et les biomatériaux et la chimie du végétal, c’est-à-dire tous les produits issus de la transformation des produits agricoles. La France représente actuellement 15 % de la bioéconomie européenne. «Il est évident pour nous que la bioéconomie et les produits biosourcés sont une partie de la solution», a-t-il déclaré, faisant référence au Green Deal et au nouveau programme «Fitfor55», dont l’ambition est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 55 % en Europe en 2030, par rapport à 1990. Et qui constitue un point d’étape avant la neutralité carbone ambitionnée pour 2050. Cependant, Leo Mensik, directeur général du Cefic, s’est inquiété du fait que les mots «bioéconomie» et même «produits biosourcés» ou «chimie du végétal» ne soient jamais mentionnés dans les documents qui fixent les lignes directrices de ces deux programmes qui passeront
© Plant Based Summit
[BioéConomie]
Cette édition 2021 a réuni quelque 500 participants.
bientôt au stade de la législation. L’économie circulaire est pourtant bien présente. Christophe Rupp Dahlem a souligné que «la bioéconomie, c’est l’économie circulaire du carbone vivant», par opposition au recyclage de produits issus de ressources fossiles comme les plastiques, qu’il qualifie de «recyclage de carbone mort». Une pirouette qui devrait replacer le biosourcé dans la danse. Le secteur de la chimie du végétal suit également de près la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), proposé en juin 2021 par la Commission. Il s’agirait d’appliquer la même tarification carbone sur les mêmes produits européens intensifs en émissions et sur les produits importés, pour lutter plus efficacement contre les fuites de carbone. En tant que faible émetteur de carbone, la chimie biosourcée a, bien entendu, une carte à jouer. En attendant des déclinaisons législatives, cette édition de PBS a permis de constater que la chimie du végétal
continuait de gagner du terrain. Estelle pour autant en phase d’accélération? «C’est une thématique qui monte au niveau des industries chimiques, et notamment du Cefic qui a créé, en 2020, le groupe sectoriel BioChem Europe », a constaté François Monnet, président de l’Association chimie du végétal.
Bientôt 15 % de la chimie tricolore «On considère que le biosourcé est une des deux jambes de la chimie du futur. Il y aura toujours de la chimie fossile, mais le biosourcé et le recyclage qui renouvellent la ressource gagnent du terrain», a-t-il ajouté. Le cabinet Xerfi a, quant à lui, publié quelques chiffres dans une récente étude. «La filière française de la chimie du végétal, qui pèse plus de 7,5 milliards d’euros, gagne du terrain sur la pétrochimie. Son poids dans le chiffre d’affaires de l’industrie chimique tricolore montera ainsi à 14,6 % en 2025 (un peu plus de 13 % en
LE GoUVErNEMENT VEUT FAIrE ACCéLérEr LA CHIMIE BIoSoUrCéE Le gouvernement veut accélérer dans le secteur des «produits biosourcés et biotechnologies industrielles – carburants durables». Une stratégie sera d’ailleurs bientôt présentée et mobilisera le 4e Programme d’investissements d’avenir (PIA). Elle s’articulera autour de cinq axes principaux : poursuite du soutien à la recherche et à l’innovation sur les biotechnologies industrielles, les produits biosourcés et les carburants durables; anticipation des besoins de compétences; sécurisation de l’approvisionnement en biomasse; développement des marchés nationaux et à l’export des produits biosourcés ou issus de biotechnologies; aide à l’investissement productif et au développement de l’offre française. Cette annonce a été faite dans le cadre d’une
actualisation du contrat de filière «Chimie et matériaux» datant de 2018. En effet, un avenant a été signé le 8 octobre, à Lyon, en présence de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de l’Industrie, et Luc Benoit-Cattin, président de France Chimie et du comité stratégique de la filière qui regroupe les secteurs de la chimie, du papier/carton et de la plasturgie. Le secteur de la chimie biosourcée et des biotechnologies est déjà en plein mouvement dans le pays. Sur les 135 projets de la branche chimie lauréats des dispositifs de soutien à l’investissement du plan de France relance, 26 relèvent déjà de la chimie biosourcée et des biotechnologies, représentant 404 M€ d’investissements et 48 M€ d’aides. S.L.
Focus
2020), selon nos prévisions», selon Xerfi. Le cabinet d’études de marché se montre moins optimiste sur les perspectives de croissance. «L’activité des spécialistes de la chimie du végétal de notre panel augmentera certes moins vite que par le passé (4 % par an d’ici à 2025 contre près de 7 % entre 2013 et 2020), mais elle restera plus dynamique que l’ensemble du secteur de la chimie», ajoute le cabinet qui entrevoit donc un tassement de la croissance. Reste qu’une stratégie d’accélération est en train de se mettre en place au plan national. Elle a été dévoilée plus en détail, le 8 octobre 2021, à l’occasion de la signature d’un avenant au contrat de filière Chimie et matériaux. De quoi faire mentir, à terme, les pronostics?
Une industrialisation à poursuivre Mais au-delà des chiffres, la chimie du végétal commence à engranger des succès industriels. À ce titre, la société Metex Nøøvista, filiale de Metabolic Explorer, inaugurait le 23 septembre son usine de production de propanediol/acide butyrique sur la plateforme chimique de Carling, en Moselle. «C’est une industrie de temps long », a commenté François Monnet. «Il faut dix à quinze ans pour récolter les fruits d’investissements publics ou privés», a-t-il ajouté. Christophe Rupp Dahlem a rappelé le bien-fondé du Biobased Industries Joint Undertaking ou BBI JU, un partenariat public-privé (PPP) entre la Commission européenne et l’industrie, qui a mobilisé des soutiens financiers de 3,7 Mrds € sur la période 2014-2020. Il a permis la création de quatorze flagships (installations destinées à industrialiser des procédés innovants) dont quatre en France, en collaboration avec Afyren Neoxy, Ynsect, Circa et Microphyt. Une suite devrait être apportée avec le Circular Bio-based Europe Joint Undertaking (CBE JU) pour la période 20212027. Au total, l’Europe espère disposer de 300 bioraffineries de plus, à l’horizon 2030. Compte tenu du poids de la bioéconomie hexagonale, la quote-part de la France devrait être de 45 lignes de production de plus à cet horizon. En sera-t-elle capable, s’interroge le président du pôle IAR? D’où l’importance de continuer, voire d’accélérer les efforts, pour permettre à cette chimie biosourcée de se développer et de devenir une filière de premier plan pour répondre simultanément à ce double enjeu de réindustrialisation et de décarbonation. ■ SyLVIE LATIEULE FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Focus [BioteChnologies industrielles] WeBinaire
L’industrialisation de projets en chimie biosourcée rencontre des obstacles. Mais la tendance pourrait changer sous l’impulsion de réussites françaises, de l’évolution des tendances et de la volonté du gouvernement français d’accélérer le développement de ce secteur. Retour sur le webinaire du 19 octobre 2021 organisé par Adebiotech.
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Afyren construit une unité de production d’acides organiques.
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ntre le programme France Relance, le quatrième Programme d’investissements d’avenir (PIA 4) et France 2030, ill semble bl clair l que le gouvernement français a une réelle ambition d’accélérer dans le secteur des « produits biosourcés et biotechnologies industrielles – carburants durables». Car même si la France possède un savoir-faire technologique, industriel et universitaire, ce secteur peine à se développer. Comme l’a expliqué Magali Joessel, directrice du pôle investissement industriel de Bpifrance, lors d’un webinaire – organisé par Adebiotech – sur la bioproduction en France : «Dès 2015, les projets industriels innovants fourmillaient déjà dans les territoires, mais ils peinaient à se concrétiser sur le plan industriel.» L’un des constats faits par Bpifrance a été le manque d’une équipe d’investisseurs, capable de prendre du temps et des risques pour accompagner les entrepreneurs dans le passage à l’échelle industrielle de projets autour de la biotech. «Ces projets qui ont du mal à se faire entendre ont trois caractéristiques communes : ils nécessitent beaucoup d’argent, le niveau de risque est très élevé, et le temps de retour sur investissement est beaucoup plus long», explique Magali Joessel. Avant de poursuivre : «L’origine du fonds SPI se retrouve
© Afyren
Adebiotech a fait le point sur la difficulté à industrialiser
dans la volonté de contribuer à l’industrie de demain en se basant sur l’innovation française». Avec la création de ce fonds, Bpifrance a montré sa capacité à prendre des risques. Pour permettre à l’innovation française d’atteindre le stade de l’industrialisation, la banque publique d’investissement a fait le choix de suivre une «thèse» d’investissement atypique : sélectionner des projets risqués mais qui, en cas de succès, recréeront des usines en France.
Un contexte favorable Ce soutien de la bioproduction verte est d’autant plus opportun que le secteur est porté par une véritable tendance de fond. «Il s’agit d’un secteur très dynamique, porté notamment par les enjeux climatiques, la recherche de naturalité et l’innovation», ajoute Magali Joessel. En effet, la tendance actuelle est au «Consommer autrement», en relevant certains défis : substituer du biosourcé au pétrosourcé et trouver de nouveaux moyens de consommation; diversifier les sources de protéines pour l’alimentation ; remplacer le soja par des acides aminés pour l’alimentation animale en Europe; et utiliser massivement les déchets et les coproduits agricoles pour alimenter la bioéconomie. Et pour atteindre ces objectifs, les différents acteurs comptent s’appuyer sur les atouts de la
France. Selon eux, la forte tradition agricole, les friches industrielles disponibles pour accueillir de nouvelles unités de production, la capacité d’innovation et les financements ad hoc sont les clés pour faire de la France un leader européen de la bioproduction. «Il y a des réussites dans la filière qui montrent la possibilité d’un tel développement», pointe Magali Joessel. Après six ans, le fonds SPI a soutenu une dizaine de projets dans le secteur de la chimie verte, dont Microphyt, Carbiolice et Lactips. De plus, «le contexte est favorable aux niveaux européen et français, avec notamment des projets tels que Farm to Fork, ou le BBI JU», détaille Daniel Bercovici, président de Biostorming, société de conseil auprès d’entreprises de la chimie du végétal. Le partenariat européen public-privé BBI JU, doté d’un budget initial de 3,7 Mrds €, a financé un total de 12 flagships en Europe, dont quatre pour la France. Le programme a soutenu les sociétés Ynsect, Circa, Afyren et Microphyt. Même si le BBI JU s’est achevé en 2020, un nouveau programme européen lui a succédé : le circular bio-based Europe joint undertaking (CBE JU). Il s’agit du même type de programme, qui sera, cette fois, doté d’un budget de 2 Mrds €, réparti à parts égales entre les partenaires publics et les partenaires privés. Cependant, la réglementation européenne peut parfois être un frein au développement de ce secteur en France. En effet, certains aspects tels que les barrières douanières, la fiscalité ou encore le coût des émissions de CO2 peuvent encourager les entreprises à se développer à l’étranger. Les réglementations au sujet des biotechnologies et des micro-organismes génétique-
Global Bioenergies a relocalisé sa production sur le site d’ArD, à Pomacle.
ment modifiés sont également différentes d’un pays à l’autre. La différence est encore plus grande avec des pays comme les étatsUnis ou la Chine.
Des success stories françaises Malgré les difficultés à trouver des investisseurs prêts à prendre le risque de s’engager, certaines sociétés montrent que cela est possible. Le webinaire a notamment fait un focus sur la société Global Bioenergies, fondée en 2008, dont l’objectif est la production d’isobutène par fermentation de sucres. Le premier marché visé était celui des biocarburants. Mais face à la difficulté de trouver les fonds nécessaires pour son industrialisation, Global Bioenergies a dû changer de cap. En ajoutant une étape d’oligomérisation dans son démonstrateur, la société a été en mesure de produire de
LE FoNDS SPI ATTEND SA rECoNDUCTIoN Six ans après sa création, l’heure est au bilan pour le fonds public SPI (Sociétés de projets industriels) qui s’approche de sa clôture. Souscrit par le Programme d’investissements d’avenir et la Banque européenne d’investissement (BEI), et opéré par Bpifrance, il a permis l’industrialisation de 17 projets en France, avec des tickets de 10 à 85 M€. La chimie verte a été particulièrement bien lotie, représentant près de la moitié des projets. Ainsi, le fonds a soutenu les sociétés Metex Nøøvista, Afyren Neoxy, Carbiolice, Evertree, Lactips ou Microphyt. Pour l’heure, le montant total des investissements s’élève à 550 millions d’euros. Quelques autres projets devraient être bouclés d’ici à la fin de l’année pour une utilisation de l’enveloppe globale de 800 M€.
Focus
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[BioteChnologies industrielles]
Le succès a été au rendez-vous, puisque 3200 emplois directs et 17000 emplois indirects ont été créés. En 2021, SPI a démarré ses premières sorties, dont celle de Carbiolice, avec un capital repris par Carbios, déjà actionnaire majoritaire. À noter également que SPI commence à susciter un effet d’entraînement avec la création de nouveaux fonds qui pourraient prendre le relais de ce soutien à l’industrialisation, à l’image du fonds Sofinnova Industrial Biotech 1. En attendant, le fonds sera probablement reconduit avec l’instauration d’un fonds SPI2. Il pourrait être annoncé d’ici à la fin de l’année, avec une enveloppe attendue de 700 M€ à 1 Mrd € pour continuer à industrialiser l’innovation. S.L.
l’isododécane à partir de son isobutène. L’isododécane étant une molécule très recherchée pour les produits cosmétiques longue tenue, Global Bioenergies est parvenue à attirer de nouveaux investisseurs, dont son plus gros actionnaire, Bold – fonds d’investissement de L’Oréal – qui détient 15 % des parts de la société. Cet investisseur permet à Global Bioenergies de maintenir ses travaux sur le sujet des biocarburants, avec l’espoir d’être en mesure de produire des carburants d’aviation durables à partir de 2026. De plus, la société a annoncé la relocalisation de sa production d’isobutène à Pomacle (Marne). Autre exemple avec la société Afyren, qui produit des acides organiques grâce à la fermentation de coproduits de la betterave. Créée en 2011, cette start-up construit actuellement sa première unité de production, d’une capacité annuelle de 16000 tonnes par an, sur le site de Carling Saint-Avold (Moselle). La technologie mise au point par Afyren permet de produire simultanément plusieurs acides organiques, grâce à un mix de bactéries, une approche contre-intuitive qui permet de réduire de 80 % son empreinte carbone tout en la proposant à un prix compétitif. La plupart des concurrents d’Afyren ayant choisi un procédé monoproduit, les alternatives proposées sont souvent plus chères que leurs équivalents fossiles. Il est également à noter l’exemple de Metabolic Explorer qui a inauguré, fin septembre 2021, sa première unité de production de propanediol et d’acide butyrique sur le site de Carling Saint-Avold. Des exemples du savoir-faire français qui sauront probablement indiquer la marche à suivre pour développer la chimie du biosourcé en France. ■ FrANçoISE DE VAUGELAS FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Focus [Chimie du végétal]
La filiale de Metabolic Explorer et de Bpifrance a inauguré sa première unité de production de propanediol et d’acide butyrique sur le site de Carling, en Moselle. Un projet à 50 millions d’euros qui permet à la plateforme pétrochimique d’accélérer sa reconversion dans le domaine de la chimie durable. D’autres projets devraient suivre.
L «Hier,Metexétait unestart-updans larecherche etledéveloppementde procédésalternatifs àlapétrochimie. Aujourd’hui,c’estun groupeindustriel» BenjaminGonzalez, président-fondateur deMetex. 26 FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
a plateforme Chemesis, à Carling en Moselle, était en fête le 23 septembre 2021. Sous un soleil éclatant, elle inaugurait i it sa première usine de chimie verte, propriété de Metex Nøøvista, filiale de la société Metabolic Explorer (Metex). «Hier, Metex était une start-up dans la recherche et le développement de procédés alternatifs à la pétrochimie. Aujourd’hui, c’est un groupe industriel, apportant sa contribution à la transition écologique en produisant autrement par fermentation», a déclaré Benjamin Gonzalez, présidentfondateur de la société. Non seulement, le groupe a réussi à construire la première unité de production de propanediol (PDO) et d’acide butyrique (AB) biosourcés d’Europe, unité qui a déjà fourni ses premiers lots, trois mois plus tôt. Mais Metex s’est aussi porté acquéreur, en mai dernier, d’Ajinomoto Animal Nutrition Europe, une filiale du groupe japonais éponyme, spécialisée dans la production d’acides aminés, pour faire baisser l’empreinte carbone de l’alimentation animale. «Nous avons fait un grand pas en vue de devenir une ETI leader de la production par fermentation en Europe, avec l’ambition de mettre sur le marché un nouvel ingrédient biosourcé, chaque année», a ajouté Benjamin Gonzalez. En 2021, sa société va afficher plus de 170 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un effectif de
© Metabolic Explorer
Metex Nøøvista plonge Carling dans l’ère de la biotech industrielle
© Afyren
inauguration
450 collaborateurs. Le dirigeant confie qu’à ses débuts, son intention n’était pas forcément de faire de Metex une entreprise industrielle. Tout a basculé en 2016, lorsque l’entreprise a signé la vente de son procédé de production de méthionine biosourcée à l’allemand Evonik (qui ne l’a d’ailleurs toujours pas industrialisé!), pour la coquette somme de 45 M€. «Cela a été un fait majeur qui nous a donné de la crédibilité pour l’industrialisation d’un autre procédé auprès de partenaires », a-t-il ajouté.
La convergence de quatre volontés Mais pour arriver à maturité, ce projet a eu la chance de bénéficier de la «convergence de quatre volontés», selon Antoine Darbois, président du conseil d’administration de Metex Nøøvista. À commencer par la volonté de Metex de sortir de la R&D pour aller vers le stade commercial. Bpifrance est ensuite intervenue pour financer l’industrialisation en permettant la création de la coentreprise Metex Nøøvista, financée à 45 % par son fonds SPI, contre 55 % pour Metex. «On a le sentiment d’avoir joué un rôle déterminant», a déclaré Magali Joëssel, présidente du fonds SPI de Bpifrance. «On commence à entendre parler de startup industrielles. Cela montre que la réindustrialisation de la France est possible». De son côté, le groupe TotalEnergies cherchait à développer la plateforme Chemesis, à travers sa branche Relations France & développement régional (anciennement Total développement régional). Sa directrice, Isabelle Patrier, a confié que le projet Metex Nøøvista avait représenté cinq ans de travail et concrétisait un premier projet d’industrialisation de start-up sur la plateforme dont le foncier
[Chimie du végétal]
Focus
© DR
L’usine de Metex Nøøvista vient réindustrialiser la plateforme Chemesis.
restait la propriété de TotalEnergies, de même que la gestion des utilités et de nombreux services partagés. Enfin, le projet Metex Nøøvista a bénéficié de la volonté de la Casas, la Communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie, qui souhaitait dynamiser l’emploi sur son territoire. D’ailleurs, plus de 48 emplois directs ont pu être créés. Salvatore Coscarella, président de la Casas, s’est félicité de l’installation d’une usine respectueuse de l’environnement qui a su s’affranchir du pétrole. «Une orientation stratégique pour le territoire», a-t-il ajouté. Dans tous les cas, le niveau d’enthousiasme de tous ces protagonistes était à la mesure des embûches rencontrées. «C’était un projet long et difficile, mais toutes les parties prenantes se sont mobilisées», a expliqué Antoine Darbois qui a aussi rendu hommage à la société d’ingénierie qui a collaboré au projet : De Smet Engineers & Contractors (DSEC). D’ail-
La traditionnelle cérémonie de découpe de ruban autour de Benjamin Gonzalez, président-fondateur de Metabolic Explorer (3e personne en partant de la droite).
VISITE GUIDéE DES INSTALLATIoNS Les discours inauguraux ont été ponctués par la traditionnelle cérémonie de découpe de ruban, suivie d’une visite des installations. La production débute dans un imposant bâtiment blanc abritant la partie fermentation (upstream) du procédé. Dans cet ensemble sont fabriqués des milieux de culture à partir de glycérine brute, dérivée de la production de biocarburants, issus de tournesol ou de colza non OGM. Cette préparation sert ensuite à nourrir des bactéries fabriquées dans les installations de R&D de Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme). À mesure que les bactéries se développent et produisent les molécules d’intérêt, un soutirage de ce mou de fermentation permet de récupérer un mélange d’eau, de
bactéries, de PDO et d’AB. Vient ensuite l’étape de purification. Après une clarification, qui permet notamment d’isoler de la matière organique qui viendra alimenter un méthaniseur sur site, PDO et AB sont purifiés dans une seconde installation, entièrement automatisée, mais cette fois à ciel ouvert. S’enchaînent des étapes d’évaporation, distillation, polishing… au nombre de huit pour le PDO, et de cinq pour l’AB. La chaleur est apportée par une chaudière alimentée par le biogaz du méthaniseur. Un laboratoire de contrôle qualité qui vérifie la qualité des matières premières, des encours de production, des produits fins, et même des effluents, complète l’ensemble.
leurs, Metex Nøøvista doit encore faire quelques réglages pour arriver à la stabilité de sa production. Benjamin Gonzalez a fait état d’un écart de fonctionnement au niveau du système de refroidissement d’une unité de distillation, en raison de dépôts calcaires qui ont progressivement conduit à un entartrage des échangeurs de chaleur. Les appareils concernés vont être détartrés ou remplacés, et un dispositif d’adoucissement de l’eau a été installé pour un redémarrage la semaine du 4 octobre et une reprise des expéditions de produits à partir de mi-novembre 2021. Une fois stabilisée, l’unité produira donc 5000 t/an de propanediol pour des applications cosmétiques ou matériaux, 1 000 t/an d’acide butyrique pour l’alimentation animale ou l’olfaction, ainsi qu’un peu moins de 1000 t/an d’un sousproduit, le sulfate d’ammonium, qui est aussi valorisé. Au final, l’unité aura représenté un investissement de 50 M€, dont 20 M€ apportés par le fonds SPI et 12 M€ de subventions publiques.
Carling ou Amiens pour une seconde tranche? Salvatore Coscarella (Casas) a bien appelé de ses vœux la construction d’une seconde tranche qui permettrait le doublement de l’effectif et la montée en puissance de la capacité à 20000 t/an. Mais désormais Metex ne cache pas son intention de développer plus avant son site d’Amiens. Début 2022, le groupe devrait prendre la décision d’industrialiser la production d’une nouvelle molécule, l’acide glycolique, profitant d’installations existantes de fermentation (upstream), tandis que l’investissement, de facto plus restreint, portera sur les étapes de purification (downstream). ■ À CArLING, SyLVIE LATIEULE
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Focus [éConomie CirCulaire]
Circul’Egg récupère les coquilles d’œuf, sources de calcium et de protéines Jeune entreprise innovante, Circul’Egg s’est spécialisée dans la valorisation du carbonate de calcium et des protéines contenus dans les coquilles d’œuf. Des produits qu’elle adresse aux marchés de la cosmétique, des compléments alimentaires et de la nutrition animale.
© Circul’Egg
Le procédé de Circul’Egg.
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E
n 2019, Yacine Kabeche, alors étudiant à l’école d’ingénieurs AgroParisTech, se lance, avec deux camarades, dans la grande d aventure des start-up en créant Circul’Egg, qui revalorise les coquilles d’œuf. «Au début, je voulais surtout me renseigner sur l’économie circulaire à l’échelle industrielle. J’ai contacté de nombreux directeurs d’usines pour savoir ce qu’ils faisaient de leurs coproduits. De fil en aiguille, j’ai découvert l’activité des casseries, qui récupèrent les blancs et les jaunes d’œuf et jettent les coquilles. J’ai compris qu’il y avait un réel besoin de revaloriser ces coproduits. D’autant plus que les producteurs d’ingrédients sont de plus en plus demandeurs de matières premières biosourcées», explique le p-dg de la société. Après de nombreux échanges et opportunités, il est aujourd’hui soutenu par son ancienne école et son entreprise vise un marché prometteur. Chaque année, ce sont en effet 40000 tonnes de coquilles en France qui ne sont pas valorisées par
© Circul’Egg
déchets agroalimentaires
les casseries, et 160000 tonnes en Europe. Circul’Egg travaille avec une vingtaine des 53 casseries du territoire.
Un procédé mécanique Une fois collectées, les coquilles d’œuf sont transportées sur le site de Circul’Egg et broyées une première fois, afin d’être homogénéisées. Elles sont ensuite traitées mécaniquement pour séparer la coquille de la membrane qui en recouvre l’intérieur. «Nous avons testé différents procédés (mécaniques, chimiques, physicochimiques…). Au final, nous avons privilégié le mécanique pour éviter d’utiliser des produits chimiques et ainsi obtenir un clean label. Nous avons déposé un brevet pour notre procédé, qui a nécessité un an de recherche», ajoute Yacine Kabeche. Une fois séparées, la coquille et la membrane sont broyées pour être réduites en poudre et revendues à des clients. Circul’Egg récupère environ 97 % de coquilles en poudre, 3 % de membrane et une part infime de «jus de coquille», principalement des résidus de blanc d’œuf. La coquille, pour sa part, est composée à 96 % de carbonate de calcium, utilisé principalement par les industries de l’alimentation humaine et animale (petfood) pour offrir un apport de calcium. Selon le p-dg : «Notre produit est une alternative au carbonate de calcium issu des carrières de calcium. Il a donc un meilleur impact environnemental, mais aussi de meilleures propriétés. En effet, il présente une plus faible teneur en métaux lourds, une plus grande richesse en calcium et une meilleure biodisponibilité». Ce carbonate peut aussi trouver des applications en cosmétique et dans les compléments alimentaires. D’autres marchés pourraient être attirés par la démarche de Circul’Egg, qui reste ouvert à toutes propositions. La membrane, quant à elle, est riche à 90 % de protéines, dont du collagène. La membrane contient également de l’acide
Une fois collectées, les coquilles d’œuf sont broyées une première fois, afin d’être traitées.
[éConomie CirCulaire]
Focus
hyaluronique et du chondroïtine sulfate, des produits à haute valeur ajoutée. Le marché des compléments alimentaires est friand de cette matière, efficace pour le soutien articulaire, en particulier. «Auparavant, l’acide hyaluronique, le collagène ou le chondroïtine sulfate étaient récupérés sur des carcasses d’animaux, qui venaient parfois de très loin et dont la filière était moins contrôlée. Nous proposons des produits made in France, biosourcés et tout-en-un : la membrane contient les trois biomolécules directement. Nos clients n’ont pas besoin d’acheter les produits séparément. Tout cela, à des prix compétitifs», se félicite Yacine Kabeche. Au vu de la richesse de la membrane et
Une entreprise ambitieuse Détenue à 100 % par ses fondateurs, Circul’Egg est actuellement en train de finaliser un tour de table de 700000 € (en fonds propres), pour un montant total des levées de fonds de 1,5 million d’euros, avec entre autres le soutien de Bpifrance. Ces financements vont permettre de finaliser la première unité pilote du groupe, qui sera située en Île-de-France, dans une ville encore indéterminée. Courant 2022, une seconde unité verra le jour, à plus grande échelle.
© Circul’Egg
© DR
de son caractère biosourcé, de nombreux marchés s’ouvrent à l’entreprise, tels que l’alimentation animale, la nutraceutique et la nutricosmétique.
CIrCUL’EGG EN BrEF
l localisation : Paris
l activité principale : extraction de bio-
molécules à partir de sous-produits d’œuf l nombre de collaborateurs : 6 avec l’ambition de recruter 5 autres personnes d’ici à la fin de l’année l marchés cibles : cosmétiques, compléments alimentaires (2 Mrds € de marché en France), petfood (5 Mrds € en France)
La membrane est riche à 90 % de protéines.
«Notre objectif est d’avoir un site capable de traiter 300 kg par jour de coquilles. Nous n’avons pas encore choisi où nous louerons nos locaux, mais nous visons une zone proche de 80 % des casseries, c’est-à-dire entre l’Îlede-France et la Bretagne, dans le quart nordouest français» précise le p-dg. Mais Circul’Egg ne met pas tous ses œufs dans le même panier. L’entreprise souhaite, à terme, s’implanter au sein des casseries. Elle travaille ainsi à la réduction de la taille de ses procédés et espère s’installer, dès 2023, sur un premier site. «Nous avons également un partenariat de recherche avec l’Inrae pour extraire et valoriser l’acide hyaluronique présent dans les membranes. À l’avenir, nous souhaitons nous étendre en Europe et à l’international. Demain, nous irons également chercher d’autres coproduits à revaloriser», conclut Yacine Kabeche. ■ CAMILLE PASCHAL
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Focus [PaPier-Carton] additifs Biosourcés La société iséroise FunCell développe des additifs biosourcés à destination des matériaux à base de cellulose : papier, carton, fibres textiles, etc. Ils permettent d’en accroître les performances mécaniques et également de les fonctionnaliser.
FunCellaccroîtlasoliditédesmatériaux et leur fonctionnalité
«
Accroître les propriétés mécaniques par biomimétisme
© FunCell
Les fondateurs de FunCell, de gauche à droite : Henri Sors, Julien Leguy, Gilles du Sordet et Laurent Heux.
l’objet d’une maturation et d’une incubation au sein de la SATT Linksium, en 2018, et aboutissant ainsi à un dépôt de brevet », raconte Julien Leguy, directeur technique de FunCell. Comptant cinq collaborateurs dans ses rangs, la start-up, hébergée au sein du Cermav, a été désignée lauréate des concours d’innovation i-PhD en 2019 et Grand prix i-Lab en 2020.
Il s’agit d’un bel exemple de transfert de technologie, démontrant ainsi les synergies possibles entre la recherche fondamentale et la création d’entreprise ». Ce sont en ces termes que Gilles du Sordet résume la fondation de l’entreprise dont il est le président. Bien que tout juste créée en 2020, la société FunCell – pour Functionalization for Cellulosic Materials – trouve ses origines plusieurs années auparavant, au sein du Centre de recherche sur les macromolécules végétales (Cermav/ CNRS), à Gières (Isère). « Tout a commencé par des travaux de thèse sur les matériaux composites, en 2014, au cours desquels un renfort mécanique de produits cellulosiques a été mis au point. Les développements réalisés à cette époque n’ont pas immédiatement trouvé de suite. Ils ont été exploités quelques années plus tard, faisant
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L’entreprise a mis au point une gamme d’additifs biosourcés et biodégradables (BioWet et BioWet+) s’adressant en premier lieu au secteur du papiercarton. « Notre produit BioWet est une hémicellulose, un polymère naturel, qui est fonctionnalisé chimiquement. Nous renforçons ainsi sa capacité d’adsorption sur la cellulose tout en ajoutant des liaisons covalentes. Ce qui permet d’accroître les performances mécaniques globales du papier, alors que d’autres additifs ne parviennent généralement à améliorer qu’une propriété donnée : tenue à l’éclatement, résistance à la traction, etc. », détaille Julien Leguy. Avant de poursuivre : « Nous avons également développé notre produit BioWet+ qui permet, à l’aide d’un second polymère biosourcé, d’accroître davantage les propriétés mécaniques, que ce soit à l’état sec (jusqu’à trois fois) ou humide (jusqu’à 20 fois) ». Au-delà des performances apportées, ces additifs peuvent remplacer certains additifs pétrosourcés. Outre ses additifs de renfort, la société est en train de développer sa gamme de produits BioGraft, permettant de fonctionnaliser à façon le matériau cellulosique. « Il sera possible, par exemple, de
[PaPier-Carton]
Focus
cellulosiques conférer des propriétés d’hydrophobicité ou de barrière à la vapeur pour le secteur agroalimentaire », explique Julien Leguy. Dans le domaine de l’emballage, les propriétés barrières sont apportées en général par une couche de film plastique, et le BioGraft pourrait permettre de s’en passer. « Nous pourrions également greffer des fonctionnalités de fongicides, bactéricides et/ou virucides pour des matériaux utilisés dans le domaine médical », détaille le directeur technique de FunCell. Avant d’ajouter : « Les possibilités de fonctionnalisation sont très larges, et nous pourrons élaborer des preuves de concept en fonction des besoins des clients ». À noter que les additifs mis au point par FunCell sont issus de la valorisation de déchets agricoles, n’entrant pas en concurrence avec la production alimentaire. « Nous avons identifié au moins quatre sources possibles, et en volume assez important, l’une d’entre elles étant déjà exploitée dans le textile », indique Gilles
FUNCELL EN BrEF l création : septembre 2020 l siège : Gières (Isère)
l activité : production d’additifs bio-
sourcés pour matériaux cellulosiques
l marchés cibles : emballage, hygiène,
textile
l effectif : 5 salariés
l Partenaires : Bpifrance, SATT
Linksium, Cermav/CNRS, IFPEN, TEC21
l distinctions : lauréat du concours
i-PhD 2019, Grand Prix du concours i-Lab en 2020
du Sordet. En ce qui concerne les applications visées, FunCell cible dans un premier temps l’emballage et les produits d’hygiène (essuie-tout, mouchoirs, etc.). « À plus long terme, les applications dans le domaine du textile à fibres naturelles pourraient également nous intéresser », confie Gilles du Sordet.
Accélérer la production industrielle Actuellement, l’entreprise FunCell est au stade de la production en laboratoire, mais elle compte rapidement monter en échelle. La société est d’ores et déjà en contact avec d’importants groupes papetiers et des donneurs d’ordres pour développer des applications de leurs additifs. « Nous devons, d’une part, travailler sur la qualification de notre produit auprès des clients. D’autre part, nous allons également commencer à industrialiser la production pour multiplier les essais et optimiser nos produits sur les applications cibles. Notre objectif étant de déployer un pilote au premier semestre 2022, et un démonstrateur industriel dès 2023 », indique Julien Leguy. Dans ce cadre, FunCell a récemment noué un partenariat avec l’IFPEN pour extrapoler son procédé à l’échelle du pilote industriel. Pour financer sa croissance, la société FunCell prévoit prochainement une levée de fonds. « Au-delà de l’industrialisation, cela permettra de consolider notre capacité de R&D en étoffant nos équipes. Nous souhaitons également établir des partenariats de recherche, en s’appuyant sur l’écosystème grenoblois qui abrite des centres tels que le Centre technique du papier, l’école de Papeterie Grenoble INP – Pagora UGA, plateforme PEI (TEC21), le Cermav, le CNRS, ou encore l’institut technologique FCBA (Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement ), etc. », précise Gilles du Sordet. Connaissant la volonté des industriels de réduire leur impact sur l’environnement, la société FunCell ne devrait pas manquer de projets dans le futur. ■ DINHILL oN
«Notreobjectifest dedéployer unpiloteaupremier semestre2022, etundémonstrateur industrieldès2023».
© DR
© Pascal Bodez
L’industrie papetière constitue l’un des marchés cibles pour FunCell.
Les additifs biosourcés de FunCell peuvent renforcer la résistance mécanique des papiers d’hygiène.
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Focus [déveloPPement duraBle] innoVation
Les prix Pierre Potier font la part belle à la chimie biosourcée À l’occasion de la célébration du centenaire de France Chimie, le palmarès des prix Pierre Potier 2021 a été dévoilé. Sur les six récompenses décernées, trois d’entre elles priment des innovations dans le domaine de la chimie biosourcée. © France Chimie
«
lycéens, la chimie biosourcée a été à l’honneur, raflant trois récompenses sur les six distribuées.
Un solvant biosourcé récompensé
© France Chimie
Cette cérémonie vient célébrer le talent et l’audace de la chimie française, un siècle après la création de France Chimie». Ce sont par ces mots que la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a ouvert son discours, suite au dévoilement du palmarès 2021 des prix Pierre Potier, le 20 octobre 2021, à l’occasion de la célébration du centenaire de France Chimie à Paris. Créés en 2006 par la Fédération française pour les sciences de la chimie, le ministère de l’économie, des Finances et de l’Industrie et France Chimie, ces prix mettent en lumière, chaque année, les initiatives de la chimie en faveur du développement durable et les démarches écoresponsables au sein de la filière. Pour cette 14e édition jumelée avec la 3e édition des Prix Pierre Potier des
La ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-runacher, remet le Trophée Pierre Potier des lycéens à la société Kemica Coatings.
LES AUTrES LAUréATS AU PALMArèS DE L’éDITIoN 2021 Au cours de cette cérémonie des prix Pierre Potier 2021, trois autres entreprises ont été récompensées pour leur innovation inscrite dans le développement durable, même s’il ne s’agit pas d’innovations relevant de la chimie biosourcée. Dans ce cadre, le chimiste belge solvay a décroché un trophée Pierre Potier pour son produit Addibond, une gamme d’additifs améliorant le collage du métal et du plastique sur des supports métalliques. Cette innovation, alternative au rivetage et boulonnage, favorise l’allègement des véhicules, contribuant ainsi à la réduction
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des émissions de gaz à effet de serre par les transports. Un autre trophée Pierre Potier a été décerné à scanae, pour le développement de la solution BioDScreen pour l’analyse rapide de la biodégradabilité de produits. Le groupe Basf a été primé par une médaille Pierre Potier, pour son outil EcoSun Pass. Cette solution permet d’évaluer l’impact environnemental des filtres solaires sur les écosystèmes terrestres et marins. Et ce, dans le but d’aider ses clients à formuler des crèmes solaires plus respectueuses de l’environnement.
Un trophée Pierre Potier a été adjugé à la société Minafin pour son solvant biosourcé EcoXTract. Issu de bagasse de canne à sucre, ce produit constitue une alternative à l’hexane. Il trouve des applications dans le domaine de la trituration des graines oléagineuses, permettant la production d’huiles et de protéines destinées à l’alimentation humaine et animale. Selon l’entreprise, deux tiers de l’hexane finissent dans l’atmosphère où ils contribuent à l’effet de serre, tandis que le dernier tiers finit dans la chaîne alimentaire. En étant biodégradable, recyclable et non toxique, le solvant biosourcé EcoXTract pourrait aider à résoudre l’ensemble de ces problématiques. Et ce, tout en offrant des performances d’extraction similaires, voire supérieures, à celles de l’hexane. Ce produit est en attente d’autorisation en Europe, mais une usine a déjà pu être convertie en Angleterre, produisant 35 tonnes de tourteau de soja, parfaitement dégraissé à l’hexane.
Une technologie d’encapsulation primée La société Calyxia a remporté une médaille Pierre Potier pour son innovation NaturaCaps. Il s’agit d’une microcapsule conçue
[déveloPPement duraBle]
Focus
CréATIoN D’UNE CHEMTECH PoUr ACCroîTrE LA VISIBILITé DES STArT-UP La célébration du centenaire de France Chimie a été l’occasion d’annoncer la création de la ChemTech. Inspiré par la FinTech ou la HealthTech, ce terme va désigner une communauté de start-up de la chimie, identifiées par France Chimie et Bpifrance partenaires sur ce projet. Comme la chimie est plurielle, cette ChemTech, qui compte pour l’instant 69 participants, va couvrir des domaines très variés. Des entreprises engagées dans la chimie biosourcée vont y occuper
Les lauréats des prix Pierre Potier 2021 réunis sur la scène de la salle Pleyel, à Paris.
chimiques ainsi que celle des sols et des murs. Et contrairement aux résines traditionnelles, cette résine polyurée-uréthane sans solvant organique n’est pas inflammable, ce qui évite la propagation des flammes. De plus, elle est respectueuse de l’environnement, ne dégageant aucun composé nocif (composés organiques volatils, CO2) dans l’atmosphère.
une place centrale, aux côtés d’acteurs engagés dans le recyclage chimique, la fabrication de batteries et d’électrolyseurs, la mesure ou l’optimisation des procédés. L’objectif de cette ChemTech est de rendre les entreprises innovantes plus visibles, de les mettre en relation avec des PME, des ETI ou des grands groupes, de leur donner des informations personnalisées sur les dispositifs de Bpifrance, ou encore de les aider à préparer leur industrialisation.
À peine le palmarès 2021 dévoilé, la prochaine édition des prix se profile déjà. Les appels à candidatures pour la 15e édition des prix Pierre Potier et la 4e édition du Trophée Pierre Potier des lycéens sont d’ores et déjà clos. Le choix des prochains lauréats devrait intervenir entre janvier et février 2022. ■ DINHILL oN
à partir de matières premières renouvelables, issues de la biomasse. Destinées notamment aux applications de détergence ou de produits phytosanitaires, ces structures permettent de protéger un ingrédient ou un actif présent dans un produit, puis de le libérer au moment adéquat et sur une durée souhaitée. La technologie mise au point par Calyxia contribue à la suppression des microplastiques, tout en réduisant l’empreinte carbone par l’usage de matériaux biosourcés. En outre, cette microcapsule biodégradable et non toxique aide au remplacement d’actifs toxiques favorisant l’emploi de produits plus sûrs et respectueux de l’environnement. Preuve de l’intérêt de sa technologie, la société a récemment levé 15 millions d’euros auprès d’un consortium mené par Astanor Ventures pour commercialiser sa technologie.
Distinction pour une résine d’étanchéité biosourcée Enfin, le Trophée Pierre Potier des lycéens 2021 a été décerné à la société Kemica Coatings pour sa résine d’étanchéité non inflammable et biosourcée Sanflamm. Développé pour les secteurs de la construction, du BTP, et de l’industrie à risques, ce revêtement anticorrosion est conçu pour la protection des rétentions
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Focus [éConomie CirCulaire] filière Viticole
Les producteurs de champagne organisent leur transition écologique
© Françoise de Vaugelas
C
Les marcs de champagne permettent de produire d’autres spiritueux.
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est par un jour de forte tempête – signe avantcoureur d’un début de changement climatique – que le l Club l bd des bioéconomistes a débuté une journée de visite en Champagne, le 21 octobre 2021. Et quoi de mieux que la maison Moët-Hennessy pour accueillir cette association d’entreprises, d’experts et d’organismes publics et privés se concentrant sur l’économie du biosourcé? Car s’il y a un secteur en pleine transition écologique, c’est bien celui de l’agriculture. En effet, le nombre d’exploitations agricoles ayant un mode de culture biologique a augmenté de 13 % en 2020 par rapport à 2019, portant ainsi à 9,5 % la part des surfaces agricoles utiles (SAU) engagées dans une démarche bio. Et cette dynamique se retrouve également dans la viticulture, où la croissance est encore plus marquée et affiche une augmentation de 22 % en 2020 par rapport à 2019. Cette évolution est d’autant plus marquée dans des vignobles où le bio était jusqu’alors encore peu présent, comme ceux de la Champagne. Cette démarche, reflet de l’ambition européenne d’atteindre 25 % de surfaces en bio d’ici à 2030, se traduit notamment par le choix de la part des exploitants de l’abandon des herbicides. Probablement encouragés par les polémiques entourant le glyphosate, certains étudient la faisabilité d’un passage au biocontrôle. «Sur nos exploitations, nous avons recours à du biocontrôle pour les fongicides. Nous réalisons actuellement des essais dans diverses parcelles concernant le biocontrôle, mais nous avons constaté,
© Françoise de Vaugelas
Le 21 octobre 2021, le Club des bioéconomistes organisait une journée consacrée à la bioéconomie de la filière champagne. Agriculture biologique, tracteurs électriques, valorisation des coproduits… les mesures prises par les domaines viticoles sont nombreuses pour répondre aux enjeux de la transition écologique.
Les résidus de la production de champagne possèdent de nombreuses voies de valorisation.
avec cette année particulière d’un point de vue climatique, que cette méthode n’est pas encore maîtrisée. Plusieurs viticulteurs en conversion ont fait marche arrière», explique Stanislas Milsan, en charge de la qualité, de la sécurité et de l’environnement pour le groupe Moët-Hennessy. Ce que nuance Cédric Moussé, viticulteur bio à Cuisles (Marne) : «On ne peut pas passer du conventionnel au bio brutalement et s’attendre tout de suite à des résultats. La vigne a besoin d’un temps d’adaptation.»
réduire les émissions de carbone Si l’adoption d’une agriculture biologique est une voie appréciée pour réduire son empreinte carbone, les producteurs de champagne ne s’arrêtent pas là. En effet, comme le précise Stanislas Milsan : «L’objectif de notre groupe est de réduire de 55 % nos émissions de scope 3 (les émissions indirectes de gaz à effet de serre de l’entreprise, N.D.L.R.) d’ici à 2030. Il faut savoir que le scope 3 représente 86 % de nos émissions totales». C’est pourquoi le groupe est en discussion avec les prestataires de transport des bouteilles de champagne vers les sites de stockage afin d’étudier la possibilité de
[éConomie CirCulaire] passer aux biocarburants pour faire rouler leurs camions. L’une des premières mesures prises par le groupe a été de remplacer une partie de sa flotte de tracteurs par des modèles électriques. En effet, en supprimant l’utilisation d’herbicides, il est nécessaire de passer plus souvent dans les plantations afin de désherber mécaniquement les rangs. Pour éviter une augmentation des émissions de CO2 résultant de la multiplication des passages, le choix de véhicules électriques s’est imposé : cette décision permet d’économiser 23 teqCO2 par an et par tracteur. Bien que la majeure partie des émissions de CO2 du groupe soit de scope 3, la production de champagne émet tout de même du carbone, notamment au moment de la fermentation du jus de raisin. Même si cette source n’a pas d’impact sur le bilan carbone final du produit, Möet-Hennessy cherche une voie de valorisation de ce CO2 fermentaire. «Nous étudions différentes voies de valorisation au travers de filières à forte valeur ajoutée», explique Stanislas Milsan. Avant de détailler : «Nous étudions la possibilité de développer un moyen de purifier et stocker le CO2. Nous travaillons également, en partenariat avec le CEA, au développement d’une culture de microalgues afin de produire des molécules d’intérêt. Cependant, il s’agirait d’un outil qui ne fonctionnerait que quelques semaines par an, il faut donc trouver une filière à forte valeur ajoutée».
Des coproduits à forte valeur ajoutée
© Pixabay
Mais le carbone n’est pas le seul coproduit que les viticulteurs cherchent à valoriser. Le procédé de fabrication du champagne génère une grande quantité de
Focus
LA FILIèrE CHAMPENoISE VISE 100 % DE DUrABILITé La filière champenoise a pris un engagement fort : elle a l’ambition que toutes les exploitations bénéficient d’une certification environnementale, HVE ou VDC. La certification HVE, pour haute valeur environnementale, s’applique selon trois niveaux d’aspects environnementaux : le respect de la réglementation environnementale; une obligation de moyens répartis en 16 exigences sur quatre thématiques qui sont la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la fertilisation et la gestion de l’eau; et une obligation de résultats sur les thématiques précédentes. Il s’agit d’une certification reconnue au niveau national, et 460
coproduits. Pour répondre à l’appellation «champagne», les producteurs ne peuvent extraire que 25,5 hectolitres de jus pour un pressoir de 4000 kg de raisins. Ce premier jus est considéré comme celui contenant le plus d’arômes, de sucre, d’acidité… Il s’agit de l’extrait noble. Les résidus de cette production – jus, pulpe, pépin, rafles – constituent le marc qui est envoyé en distillerie. «Il y a plusieurs voies de valorisation pour les marcs de champagne», explique Michaël Robinet, directeur commercial de la distillerie Goyard, lors de la visite du site. Avant de poursuivre : «Lorsque nous récoltons les coproduits des domaines avec lesquels nous travaillons, nous commençons par séparer les rafles du reste. Elles partent en unité de méthanisation». Et en ce qui concerne le reste des coproduits, la transformation n’est pas terminée. Les marcs
La filière viticole champenoise se tourne progressivement vers le bio.
exploitations de champagne en bénéficient. Le label Viticulture durable en champagne (VDC), certification régionale, a pour objectif la réduction de la pression des pratiques viticoles sur l’environnement (air, climat, eau, sol, biodiversité et paysages). En 2020, ce sont 1212 exploitations qui ont obtenu le label VDC. De plus, 7 % des entreprises agricoles de l’appellation champagne sont labellisées bio. Au total, 40 % des terres viticoles de champagne ont, au minimum, entamé leur transition écologique. La filière champenoise s’est d’ailleurs engagée en 2020 à ce que la totalité des entreprises soient certifiées en 2030.
seront tout d’abord surpressés afin d’extraire l’intégralité du jus et le séparer de la pulpe et des pépins. Le jus sera distillé en alcool industriel et deux nouvelles voies s’offrent à lui : soit produire des spiritueux (eaux-de-vie, brandy…), soit produire des biocarburants. « Actuellement, nous travaillons au développement de l’ED95 », précise Michaël Robinet. Il s’agit d’un biocarburant composé à plus de 90 % d’éthanol, à destination des poids lourds, des cars et des bus. Quant à la pulpe et aux pépins, ils subissent une déshydratation. «Les pépins doivent être séchés 48 heures après le pressage pour qu’ils conservent leurs qualités et leur taux de polyphénols », pointe Michaël Robinet. étant riches en polyphénols, les pépins sont ensuite destinés à des applications dans les domaines pharmaceutique, cosmétique ou des compléments alimentaires. La pulpe, quant à elle, est destinée à l’alimentation animale. «Il est aussi possible d’extraire d’autres molécules d’intérêt des coproduits de la filière champagne, comme des huiles essentielles à partir des lies de vin, ou de l’acide tartrique des marcs», ajoute Michaël Robinet. La distillerie Goyard fonctionnant avec une chaudière biomasse, la possibilité d’utiliser comme source d’énergie les sarments de vigne et les pieds qui ont été arrachés a été étudiée. Cependant, leur combustion générait des résidus entraînant des dysfonctionnements de la chaudière. Viticulteurs et autres acteurs de la filière champagne travaillent actuellement de concert pour trouver une voie de valorisation à ce qui, pour l’instant, constitue encore un déchet. ■ À éPErNAy, FrANçoISE DE VAUGELAS
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Focus [Polymères naturels] latex
La société GuaTecs est spécialisée dans le développement, la production et la commercialisation de latex à partir de guayule, buisson originaire du Mexique, adapté au climat méditerranéen. Outre la valorisation de la plante entière au sein d’une bioraffinerie, l’entreprise envisage de structurer une filière de latex naturel, entièrement made in France, pour alimenter les besoins du marché européen.
D
évelopper une souveraineté nationale pour un matériau critique, c’est ce que la société GuaTecs pourrait bien faire sur le latex. Utilisé dans les dispositifs médicaux, les gants d’examen et chirurgicaux ou les équipements de protection individuelle dans l’industrie, le latex de polyisoprène peut être issu de ressources pétrolières ou naturelles. Pour cette dernière origine, le latex naturel provient exclusivement de l’hévéa, un arbre qui ne pousse que dans des régions tropicales en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Sachant que le latex naturel représente environ la moitié de la production mondiale de latex (naturels et synthétiques), il devient impératif et stratégique pour les régions importatrices, comme l’Europe, de rechercher des sources alternatives. Dans ce contexte, la start-up GuaTecs pourrait tirer son épingle du jeu
avec le guayule (Parthenium argentatum), un buisson originaire du Mexique adapté au climat méditerranéen et riche en latex. Cette entreprise, qui compte aujourd’hui cinq associés et trois salariés, exploite les travaux du CIRAD et du CTTM sur l’extraction en phase aqueuse du latex (technologie ayant donné lieu à un dépôt de brevet international). «Nous souhaitions valoriser les développements réalisés en laboratoire au stade industriel, et nous avons donc opté pour la création d’une société en 2019 pour pouvoir structurer une filière, du champ au produit final», indique Michel Dorget, président de GuaTecs. Dans ce cadre, la société bénéficie des résultats de plusieurs projets de recherche, parmi lesquels Figualex (financement Ademe), dont l’objectif était la mise au point du procédé d’extraction du latex de polyisoprène de guayule à l’échelle pilote, et Agroguayule (sur financement Ademe, également), qui s’intéresse à la production de biomasse de guayule comme alternative agro-industrielle locale pour la valorisation de friches agricoles et industrielles situées dans des zones semi-arides (dans le sud de la France, en Occitanie en particulier).
© GuaTecs
Un latex à haute valeur ajoutée
Le guayule peut être cultivé dans des régions au climat méditerranéen.
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Le polyisoprène extrait par GuaTecs à partir de guayule s’avère plus avantageux sur plusieurs points, comme le détaille Michel Dorget : «Le latex de polyisoprène de guayule est moins allergène que celui d’hévéa, en raison de l’absence de protéines
© GuaTecs
GuaTecs ambitionne de créer la bioraffinerie du guayule
Michel Dorget, président de la société GuaTecs.
habituellement présentes dans l’arbre à caoutchouc. Il constitue également une alternative aux latex d’origine pétrolière (polyisoprène synthétique, de caoutchouc nitrile ou de polychlorure de vinyle) qui peuvent causer des allergies à cause des résidus chimiques issus de la polymérisation et de la vulcanisation. De plus, ce latex a des propriétés physiques plus intéressantes que celles des latex existants, comme une résistance mécanique à la rupture accrue de 30 % et un comportement élastique plus souple». En outre, le polyisoprène issu de guayule se caractérise par une masse molaire élevée, ce qui favorise les applications à haute valeur ajoutée. Le procédé d’extraction développé par GuaTecs est innovant et propre, car en phase aqueuse, il permet de recueillir les particules de polyisoprène contenues dans le cytoplasme des cellules de la plante.
GUATECS SAS EN BrEF l création en 2019
l siège au Mans (Sarthe)
l effectif : 3 salariés + 5 associés
l activité : production de latex (et copro-
duits) de guayule (et autres plantes)
l applications cibles : dispositifs
médicaux, équipements de protection individuelle, gants l Partenaires : CIRAD de Montpellier, SATT AxLR, Centre de transfert de technologies du Mans, CTTM.
[Polymères naturels]
Focus
© DR
LE GUAyULE, UN INTérêT INTErNATIoNAL Le polyisoprène issu de guayule s’avère plus élastique et moins allergisant que celui d’hévéa.
Pour ce qui est de la production, la société GuaTecs dispose d’un pilote d’une capacité de quelques litres par heure, à Montpellier (Hérault). « Nous envisageons d’augmenter la capacité de production pour pouvoir mener des essais en vue d’un développement à échelle industrielle en 2023 », explique Michel Dorget. Avant de poursuivre : « Pour l’extrapolation à échelle industrielle, nous privilégions une exploitation par bioraffinerie, car il est possible non seulement de valoriser le latex de polyisoprène mais aussi la résine (N.D.L.R. : contenant des composés fonctionnels en dispersion) et la bagasse, résidus après extraction». Outre la production du polyisoprène, la culture du guayule constitue une opportunité de réhabiliter des anciennes friches agricoles ou industrielles. «De plus, la culture du guayule est bénéfique pour l’environnement, permettant de capter des émissions de CO2 et de limiter la consommation de ressources en
La société GuaTecs n’est pas la seule entreprise sur le marché à s’intéresser aux alternatives à l’hévéa. Des acteurs industriels, comme les groupes Bridgestone ou Nokian, ont déjà démarré des projets sur la valorisation du caoutchouc de guayule pour les pneumatiques. Le groupe italien Versalis travaille également sur une bioraffinerie de guayule, ce qui lui permettrait de produire du caoutchouc, des cires, des sucres en C5 et C6 ou encore d’autres coproduits. D’autres entreprises se concentrent sur la partie agronomique de cette culture : c’est le cas de Guayule
eau, sans entrer en concurrence avec une agriculture à destination de l’alimentation humaine», indique Michel Dorget.
réussir l’industrialisation pour bénéficier des marchés Lauréate des trophées de la Bioéconomie pour la région Pays de la Loire en 2020, la société GuaTecs vient de décrocher un financement via le concours i-Lab en 2021. Des moyens qui vont lui servir notamment à se développer, comme le détaille Michel Dorget : « Notre objec-
Australia, qui cherche à optimiser de nouvelles lignées. Pour ce qui est des sociétés valorisant le latex, elles n’ont pas forcément connu la réussite. Créée en 2010, la société américaine PanAridus a dû cesser ses activités après avoir déposé neuf brevets sur l’extraction. «Autre exemple, l’américain Yulex s’est longtemps intéressé à ce matériau, mais il n’en produit désormais plus. Désormais, cette société se focalise sur d’autres alternatives, comme le latex d’hévéa déprotéiné, moins allergène que le traditionnel», indique le président de GuaTecs, Michel Dorget.
tif est d’atteindre une taille significative d’ici cinq à dix ans». Pour commercialiser son produit, GuaTecs cible avant tout le marché européen, au travers de partenariats. En matière de R&D, le latex naturel de guayule doit encore faire l’objet de travaux, en particulier sur sa fin de vie. «Il s’agit d’une question importante, car au-delà de son origine plus vertueuse et de ses performances intrinsèques, nous voulons aller encore plus loin et le rendre plus biodégradable que les latex actuels», conclut Michel Dorget. ■ DINHILL oN
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Fournisseurs [équiPements] Procédés Le groupe Haldor Topsoe a mis en service un démonstrateur de production de méthanol à partir de biogaz, au Danemark. D’une capacité de 10000 litres par an, cette installation sera entièrement opérationnelle en 2022.
Haldor Topsoe démarre un démonstrateur biogas-to-methanol au Danemark
F
fossiles», déclare Kim Grøn Knudsen, directeur de la stratégie et de l’innovation chez Haldor Topsoe.
Une technologie de reformage de biométhane
© Haldor Topsoe
ournir du méthanol durable pour les secteurs des carburants et de la chimie, c’est avec cette ambition que le fournisseur danois de technologies Haldor Topsoe a mis en route une unité de démonstration de production de méthanol à partir de biogaz, à Fouloum, au Danemark. Il s’agit de l’aboutissement d’un projet public-privé mené en collaboration avec les universités d’Aarhus, celle d’Aalborg, l’université technique du Danemark et les sociétés Sintex, Blue World Technologies, Energinet et PlanEnergi. «Grâce à cette initiative, nous démontrerons que nous sommes capables de transformer le processus de production classique en un système entièrement neutre en carbone. Plus précisément, nous démontre-
Le démonstrateur permet de produire 10000 l/an de méthanol à partir de biogaz.
rons que du méthanol durable peut être produit à partir de biogaz à un coût très compétitif par rapport à d’autres méthanols verts produits à partir de combustibles non
Biotechnologies industrielles
ArD investit 9 M€ à Pomacle pour muscler ses capacités investi neuf millions d’euros sur son site de Pomacle (Marne). Pour répondre à la demande croissante du marché, la société a décidé de doubler ses capacités industrielles de fermentation d’une part, et de production à façon pour ses clients, d’autre part. «Nous allons installer un deuxième fermenteur d’un volume d’environ 200000 litres, représentant un investissement de quelque 9 M€. En outre, le nécessaire renforcement des fonctions support et opérationnelle va nous conduire à créer entre 30 et 35 emplois», a indiqué Jean-Christophe Duval, directeur général d’ARD. Ces nouveaux équipements devraient entrer en service à la fin de l’année 2022. Créé
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© Axel Coeuret
■ Le centre de R&D ARD a
en 1989, ARD est spécialisé en biotechnologies industrielles, fractionnement et chimie du végétal et travaille à la valorisation des agro-ressources. ARD, qui emploie 100 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 20 M€, est notamment détenu par le groupe coopératif céréalier Vivescia (62 %) et le groupe coopératif sucrier Cristal Union (18 %). Pour rappel, ARD a repris la plateforme du projet Futurol, dont l’objectif est de développer un procédé de production d’éthanol cellulosique, en novembre 2018. F.V.
Dans le détail, cette installation, qui sera pleinement opérationnelle en 2022, va permettre la production de 10000 litres par an de méthanol. Ce composé sert d’intermédiaire pour la production d’une grande variété de produits chimiques, de carburants et de polymères plastiques. L’unité de démonstration se base sur la technologie de reformage de biométhane eSMR de Haldor Topsoe, afin d’obtenir un syngas. Ainsi, outre le méthanol, il sera possible de coproduire d’autres composés tels que de l’hydro-
gène vert, de l’ammoniac vert ainsi que des e-carburants (neutres en carbone). «La nouvelle technologie de reformage du méthane à la vapeur électrifiée est essentielle dans un avenir fondé sur les énergies renouvelables et la bioéconomie circulaire, et l’usine de démonstration eSMR s’intègre parfaitement dans notre centre de recherche sur l’énergie, à Foulum. Nous voyons de nombreuses perspectives intéressantes dans cette nouvelle technologie, et nous sommes impatients de débloquer le potentiel de développement et d’intégration de la technologie dans le système énergétique du futur», déclare Thomas Lundgaard, chef de projet à l’université d’Aarhus au département de génie biologique et chimique. ■ DINHILL oN
séParation
Sulzer équipe une usine d’Arbaflame
■ Le spécialiste suisse des équipements de procédés Sulzer a annoncé sa collaboration avec le groupe norvégien Arbaflame. Ce partenariat prévoit la fourniture d’une unité de séparation sur une installation de production de biochar, d’une capacité de 70000 tonnes par an, à Grasmo (Norvège). Ce biochar, qui pren-
dra la forme de granulés, est produit à partir de résidus de bois et pourra remplacer le charbon dans la production d’énergie. Le procédé de production de l’usine d’Arbaflame permettra également d’obtenir des coproduits issus de condensats, à savoir du méthanol et du furfural. D.o.
ingénierie
Wood collabore avec renewable Energy Group
■ L’ingénieriste Wood a noué
un partenariat avec le groupe américain Renewable Energy Group. Ce contrat prévoit la fourniture de prestations d’ingénierie, de construction et d’approvisionnement (EPC) de projet pour l’amélioration et l’extension d’une bioraffinerie, à Geismar (Louisiane, États-Unis). Une fois le
projet achevé, Renewable Energy Group renforcera sa capacité de production de 90 millions à 340 millions de gallons (340 à 1,3 Ml) de biodiesel. De plus, cela lui permettra d’optimiser sa fiabilité opérationnelle et sa logistique. Outre son site américain, la société opère également une bioraffinerie en Allemagne. D.o.
Chez JrS la cosmétique végétale est notre nature Fort de son expertise en transformation mécanique, le groupe JRS métamorphose les végétaux comme la cellulose de bois, les algues brunes ou les coproduits de l’industrie alimentaire en ingrédients cosmétiques fonctionnels naturels, renouvelables, biodégradables, sans microplastiques, nonnano, classés en trois familles : Agents de rhéologie, Poudres sensorielles, Exfoliants. Au-delà de ces trois grandes fonctionnalités, le groupe JRS offre des solutions innovantes: Tout d’abord en Cosmétique solide : véritables «Problem solvers», les fibres et poudres JRS aident la cohésion, la compaction, la désintégration dans la formulation des sticks, comprimés, poudres libres. Il est également possible de réaliser des formes flexibles, patchs, billes de soin unidoses avec les alginates fabriqués sur le site JRS en Bretagne. Du coté de la Cosmétique liquide, JRS se positionne sur la formulation d’émulsions
sans émulsionnant synthétique en proposant des ingrédients multifonctionnels qui réduisent le nombre d’INCI dans les formules et diminuent la sensibilité sur la peau. Certains coprocess de cellulose microcristalline mais aussi les poudres végétales issues de l’upcycling donnent accès à des textures très variées tout en s’affranchissant de l’utilisation d’émulsionnant synthétique. L’innovation verte est également renforcée avec les alternatives naturelles aux silicones; substituer un épaississant synthétique et simultanément l’emploi d’un silicone est désormais possible! Le remaniement inévitable des formules passe par un choix judicieux d’ingrédients naturels techniques, agissant seuls ou en synergie. Le groupe JRS donne de l’impulsion à cette nouvelle ère cosmétique plus végétale qui ne fait pas de compromis avec les textures et laisse une grande place au confort et au plaisir!
Nathalie Fayolle Responsable Cosmétique JRS Rettenmaier France
Carnet /Agenda CatherineLamboley
© Olmix
DirectricedeladivisionPlantCare Lespécialistedes ingrédients algaux Olmix a procédé à la nomination de Catherine Lamboley à la tête de sa division Plant Care. Elle aura pour objectif le déploiementetlerenforcementdela positiondugroupesurlemarchédes biosolutions pour les sols et les plantes afin de fournir des solutions concrètesetefficacesauxacteursde la production agricole. Elle assurera également le développement et la visibilité à l’international de biosolutionstechnologiques,rentablespour l’agriculteur, plus respectueuses de l’environnement et à l’efficacité reconnue. S’appuyant sur 25 années d’expérience dans l’agrofourniture, elle apportera sa connaissance du monde agricole et son expertise métier acquise à travers les diverses fonctions qu’elle a occupées (direction générale, commerciale, marketing,supplychainetfinancière).
iff
Glenn Richter
Directeur financier Depuis le 27 septembre 2021, Glenn Richter a pris les fonctions de direc-
[manifestations] 17-18 noVembre,
NANTES
Composites Meetings 2021 : 8e édition de la convention d’affaires internationale des matériaux composites https://france.compositesmeetings.com/index. php/fr/
19 noVembre,
WEBINAIrE
Conférence de la SECF sur l’écochimie pour des produits durables www.weezevent.com/ eco-conception-pour-desproduits-chimiques-durables
25-26 noVembre, LA BAULE
Le rDV des biotechs bleues : Forum Blue Cluster et
40 FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
Vosges. Il a été successivement présidentdel’Ameublementfrançaisde 2014àseptembre 2018,présidentde l’interprofession France Bois IndustriesEntreprisesde2017à2020, et à ce titre, membre du Bureau du CSFBois.Ilest,àcejour,présidentdu Comité de développement économique(Codifab),etdepuis2014,viceprésident d’Adivbois, copilote du plan industriel bis promouvant la construction de grande hauteur en boisetsonaménagement.
csf Bois
Philipp Morgenthaler
Dominique Weber
Vice-président
Le Comité stratégique de filière bois (CSF Bois) a nommé, lors de laréuniondeson Bureau, Dominique Weber au poste de vice-président. Cette nomination préfigure la transmissionde la présidence - actuellement occupée par Luc Charmasson - qui aura lieu dans quelques mois, et facilitera ainsi la transition. Créé en 2013, le CSF Bois vise le développement de la filière industrielle, le renforcement de sa compétitivité, la création d’emplois enFrance,ainsiquelavalorisationde la ressource forestière française en optimisant les utilisations. D. Weber est président du groupe Weber Industries, spécialiste de l’ameublement implanté en Alsace et dans les
Les rendez-vous d’affaires microalgues www.iar-pole.com/ evenements/rdv-biotechsbleues-2021/
circa
Directeur de la production Le producteur de produits chimiques durables Circa a officialisé l’arrivée de Philipp Morgenthaler au poste de directeur Mondedelaproduction.Sonmandat débuteraenmai2022.S’appuyantsur plus de vingt ans d’expérience, il apporterasonexpérienceinternationale dans le domaine de la production de matériaux techniques de hautequalité.AuseindeCirca,ilaura notamment pour mission de déployer le projet d’usine ReSolute. DevantêtreimplantéeenFrance,elle sera dédiée à la production de lévoglucosénone à partir du solvant biosourcéCyrene.
© Circa
olmix
teur financier et de vice-président exécutif au sein du groupe IFF. Il prend la suite de Rustom Jilla, qui a décidé de quitter la société. Disposantd’uneexpériencedeplus de trente ans, G. Richter a notamment travaillé pour McKinsey & Company, Dade Behring et PepsiCo Frito-Lay. Ayant exercé comme directeuropérationnelchezNuuven Investments, il occupait le poste de directeur financier au sein du groupe de services financiers TIAA avant d’être nommé chez IFF.
© CSF Bois
[nominations]
18 janVier 2022,
rENNES
ISTANBUL, TUrQUIE
Huitième édition des rencontres annuelles du biocontrôle organisées par IBMA France https://rencontres-annuellesdu-biocontrole.com/
1er-2 décembre,
Bio360 : salon de la bioénergie et de la bioéconomie www.bio360expo.com
25-27 noVembre,
Eurasian Composites Show 2021 : salon international de l’industrie des composites www.eurasiancomposites.com
CHArTrES
Congrès Parfums & Cosmétiques - Enjeux réglementaires www.congres-parfumscosmetiques.com/fr/
7-10 décembre, WEBINAIrE
AlgaEurope Conference 2021 : congrès international sur les algues https://algaeurope.org/
26-27 janVier, NANTES 27 janVier, PArIS
Journée technique Biomass to hydrogen www.iar-pole.com/evenements/journee-techniquebiomass-to-hydrogen/
8-10 mars, PArIS
JEC World : salon mondial des composites www.jec-world.events/fr/
[formations]
cPe lyon formation continue Valérie Thoraval contact@cpe-formation.fr Tél.: 04 72 32 50 60
22-24 NoVEMBrE, Lyon Protéines – structure, fonctions et propriétés physicochimiques
23-24 NoVEMBrE, VaLréas éco-extraction des produits naturels - Les nouvelles techniques
29 NoVEMBrE-3 DéCEMBrE, Lyon Fermenteurs et fermentations
6-10 DéCEMBrE,
ViLLeurbanne
Découverte de la culture cellulaire - Théorie et pratique
insa toulouse
fcq@insa-toulouse.fr Tél. : 05 61 55 92 53
DATE À DéTErMINEr,
TouLouse
Outils de biologie synthétique pour les biotechnologies blanches et rouges
DATE À DéTErMINEr,
TouLouse
Cinétique et ingénierie enzymatiques
15-17 mars, LILLE
Bioket : conférence sur les procédés et technologies appliqués à la biomasse www.bioket.eu
16 mars, ToKyo, JAPoN
FC Expo 2022 : Salon et conférence internationale présentant tous types de technologies, d’équipements et de produits relatifs à la pile à combustible www.fcexpo.jp/en-gb.html
17-19 mars, JAKArTA,
INDoNéSIE
Inagreentech 2021 : salon international des technologies vertes et des écoproduits www.inagreentechexhibition.net
[soCiétés] Index
Liste des annonceurs Antony Parc II 10, place du Général de Gaulle BP 20156 - 92186 ANTONY Cedex Tél. : 0177929292 Site internet : www.formule-verte.com Pour joindre vos correspondants, composez le 01 77 92, suivi des quatre chiffres indiqués après chaque nom. Pour leur adresser un e-mail, taper l’initiale du prénom, le nom puis @infopro-digital.com (ex. : pdupont@ infopro-digital.com)
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ANNoNCEUrS BIO 360 COSMET’AGORA DROIT D’AUTEUR FORMULE VERTE
PAGE 4ème CV 2ème CV 3ème CV 37
INFO CHIMIE MAGAZINE RETTENMAIER FRANCE SOPHIM ZIEMEX
29 39 5 33
Entreprises citées dans ce numéro A
AAK P 9 ACDV p 19 Adebiotech p 24 Ademe p 36 ADM p 9 Afyren Neoxy p 23 Afyren p 8, 21, 24, 25 Agronaturalis p 98 Agronutris p 8 Air Liquide p 17 Ajinomoto Animal Nutrition Europe p 26 Alcimed p 17 Alpha Chitin p 8 Anses p 15 Anuvia p 13 Arbaflame p 38 ARD p 38 Arkema p 10 Avantium p 20, 21
B
BASF p 32 BIC Ingredients p 9 BioAmber p 20 BioChem Europe p 18, 19 Biostorming p 25 Bleu de Chauffe p 7 Blue World Technologies p 38 Bpifrance p 8, 24, 33 Brakem p 10 Bridgestone p 37
C-D
Calyxia p 32 Cambium Biomaterials p 10 Carbiolice p 25 Carbios p 9, 25 CarbonWorks p 9 CDC Entreprises p 20 CEA p 35 Cefic p 18, 19, 23 Cellucomp p 20 Cermav p 31 CIRAD p 36 Circa p 10, 23, 40 Circul’Egg p 28 Clariant p 9 CNRS p 30
Columbia Packaging Group p 11 Comet Bio p 20 , 21 Cosmed p 14 Covestro p 11 CPE Lyon p 40 CSF bois p 40 CTTM p 36 Danimer p 11 De Sangosse p 8 De Smet Engineers &Contractors p 27 Déco’smétique p 6 Demeta p 11 Distillerie Goyard p 34 DNA Script p 20
E-F
Energinet p 38 Enginzyme p 21 Enobraq p 20 Evertree p 25 Evonik p 26 FCBA p 31 FEBEA p 14 France Chimie p 33 FunCell p 30
G-H-I
GazelEnergie p 10 Genpack p 11 Ginkgo Bioworks p 10, 21 Global Bioenergies p 11, 25 Green Biologics p 20 GuaTecs p 36 Guayule Australia p 37 Haldor Topsoe p 38 IAR p 12 IFF p 40 IFPEN p 30 INSA p 40
K-L-M
Karmiliege p 7 Kemica Coatings p 32 L’Oréal p 13, 15, 16, 17, 25 Lactips p 25 LG Chem p 9
Metabolic Explorer p 11, 23, 25 Metex Nøøvista p 23, 26 MetGen p 20 Micropep p 21 Microphyt p 21 , 23, 25 Minafin p 32 Moët-Hennessy p 34
N-o-P
Neste p 12 Neutraderm p 7 Nokian p 37 Novozymes p 13 Olmix p 40 PanAridus p 37 PAT p 12 PBS p 22 Pili p 21 Pimpant p 6 PlanEnergi p 38 Protera p 21
r-S
Renewable Energy p 38 Roquette p 13 Saucony Originals p 7 Scanae p 32 SCG Chemicals p 10 Sekab p 10 Seppic p 17 Siclaé p 20 Sintex p 38 Sofinnova Partners p 20 Sofiprotéol p 20 Solide ! p 6 Solvay p 20 , 32 Step One p 7 Sulzer p 38 Sunliquid p 9 Swatch p 42 Symatese p 13 Synthace p 20
T-U-W-y
TotalEnergies p 26 Unigrains p 20 UPM p 13 Wood p 38 Ynsect, p 23 Yulex p 37 FormuleVerte - N°51 - Novembre 2021
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Marque durable ?
Unflashback verslebiosourcé
P
© Swatch
«Swatch a combiné le design simple des premiers modèles et des matériaux biosourcés.»
La collection Swatch 1984 reloaded ressuscite l’esthétique des années 80.
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ourquoi ne pas être fun et durable? C’est en tout cas ce que pense la marque Swatch qui a décidé de se réinventer pour faire face aux préoccupations environnementales, tout en conservant son caractère unique. Dès 2020, la marque, célèbre pour ses montres en plastique coloré, a entamé son virage écologique en remplaçant les matériaux traditionnels par des matières issues de la nature. Et avec le lancement de sa collection 1983, Swatch a commencé à proposer des montres en bioplastique, sans rien perdre de son identité. Elle a associé le design simple des premiers modèles de 1983 – année de création de la marque – à des matériaux biosourcés issus de graines de ricin. Depuis, Swatch propose des montres dont le verre, le bracelet et les passants sont en bioplastique. Et cette année, l’horloger s’est attaqué aux boîtiers en proposant un matériau mis au point dans ses ateliers : la biocéramique. Il s’agit d’un mélange de céramique, pour les deux tiers, et de bioplastique issu, là encore, d’huile de ricin, pour un tiers du total. Un matériau au toucher soyeux qui a permis de renforcer la résistance des boîtiers des montres de la nouvelle collection, Swatch 1984 Reloaded, pour laquelle la société réalise un véritable retour vers le futur en combinant des matériaux innovants avec son design traditionnel. En effet, 1984 a été une année clé dans l’histoire de la marque inspirée du mouvement de design post-moderniste Memphis, en vogue dans les années 1980. Elle a vendu, cette année-là, sa millionième montre et fait son entrée dans le Livre Guinness des records pour un modèle hors norme. Un an après son lancement, Swatch avait voulu marquer les esprits. Et quoi de mieux que l’exposition d’une montre géante? Ainsi, la façade du bâtiment principal de la Commerzbank à Francfort (Allemagne) s’est vue affublée d’un modèle mesurant 162 mètres de long et pesant 13 tonnes. Et c’est pour célébrer cette année particulièrement importante pour le groupe que Swatch lance cette nouvelle collection reprenant cinq modèles iconiques de 1984 – Gent et New Gent – pour les remettre au goût du jour. Ces modèles font la part belle aux couleurs légendaires – comme le jaune, le rouge, le noir, le gris et le blanc – au niveau des bracelets et des boîtiers, pour les associer à des graphismes monochromes sur le cadran. Mais la démarche de la marque ne s’arrête pas là. En effet, que serait un produit biosourcé si l’emballage était toujours issu de matière première fossile? C’est pourquoi Swatch a mis au point un emballage en mousse de papier. Il s’agit d’un mélange de fécule de pomme de terre et de tapioca. Un processus de moulage par injection permet de donner forme à un emballage entièrement biodégradable, compostable à domicile, voire même recyclable avec les déchets de papier conventionnels. Depuis 2001, le groupe veille à avoir une gestion efficace et économe des ressources et à ne mettre sur le marché que des produits respectueux de l’environnement, et durables. «Le recours à des matériaux et consommables recyclables et à des modes de production écologiques est, chez nous, le point de départ de tout développement de produit. En clair, le développement durable est dans notre ADN», insiste la direction générale du groupe. Swatch en veut pour preuve son objectif selon lequel, dès la fin de l’année 2021, toutes les montres de la marque seraient composées de bioplastique et de biocéramique. ■ FrANçoISE DE VAUGELAS
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