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FUTUR

La biotech nantaise spécialisée en immunologie, Ose Immunotherapeutics, développe un candidat-vaccin contre le Covid-19 basé sur une réponse immunitaire induite par les lymphocytes T.

AstraZeneca, Pfizer, BioNTech ou encore Moderna, tels sont les noms de laboratoires et de biotechs aujourd’hui connus pour avoir développé un vaccin contre le Covid-19. Mais malgré l’approbation récente de plusieurs vaccins et alors que la campagne de vaccination bat son plein sur le territoire français, la recherche contre le SARS-CoV-2 est loin d’être terminée. Et parmi les biotechs françaises qui poursuivent leurs investigations, il y a la Nantaise Ose Immunotherapeutics. « Notre expertise, c’est l’immunologie. Nous disposons de trois plateformes de recherche sur les segments de l’immuno-oncologie, des maladies auto-immunes et de la vaccination. Notre candidat-médicament le plus avancé est un vaccin contre le cancer du poumon, Tedopi, qui, pour simplifier, permet de relancer le système immunitaire contre les tumeurs. Dès le début de la pandémie de Covid-19, nous nous sommes demandé comment nos connaissances sur Tedopi pourraient être utiles pour la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19 », présente Alexis Peyroles, le directeur général d’Ose Immunotherapeutics. Depuis plusieurs mois maintenant, la biotech se concentre en effet sur la mise au point d’un vaccin prophylactique contre le SARS-CoV-2, CoVepiT.

Une réponse immunitaire à long terme Pour mettre au point son candidat-vaccin, Ose s’est appuyée sur sa plateforme propriétaire, Memopi, l’avantage étant, comme le précise Alexis Peyroles, que « son efficacité et sa tolérance ont été validées par la première étape de l’étude clinique de phase III de Tedopi. » Ainsi, comme le vaccin contre le cancer du poumon de la biotech, le CoVepiT est basé sur la même technologie de sélection et d’optimisation d’épitopes – l’épitope étant la partie la plus petite d’une molécule d’antigène, – capables de générer une réponse immune durable des lymphocytes T. Une réponse immunitaire différente de celle que génèrent des vaccins dits « traditionnels ». « Les vaccins développés et utilisés actuellement reposent, pour leur majorité, sur la réponse immunitaire induite par les anticorps. C’est en ce sens que notre candidat-vaccin est différent, puisqu’il repose sur la réponse immunitaire induite par les lymphocytes T, qui est une réponse immunitaire adaptative. En développant un vaccin contre plusieurs épitopes, on éduque les lymphocytes T, on les spécialise. Et c’est là tout l’intérêt, l’effet mémoire à long terme, avoir des cellules mémoires sentinelles dans les voies respiratoires et les poumons, pour assurer une protection durable contre ce coronavirus », explique Alexis Peyroles. La capacité de CoVepiT à protéger l’organisme sur le long terme ne serait toutefois pas le seul avantage de ce candidat-vaccin.

Un vaccin développé à l’aide de l’IA « Pour bon nombre de vaccins contre le Covid-19, la stratégie employée a été celle de cibler une protéine de surface du coronavirus, la protéine Spike, qui constitue la porte d’entrée du virus », explique Alexis Peyroles. Mais pour CoVepiT, la biotech nantaise a vu les choses autrement : « Notre candidat-vaccin est composé de fragments de onze protéines du virus, les épitopes (protéines Spike, M, N et plusieurs protéines non structurales). En ciblant d’autres protéines que celles de surface, nous

82 IndustriePharma N°135 Avril 2021

© Ose Immunotherapeutics

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Ose Immunotherapeutics est spécialisée dans l’immuno-oncologie, les maladies auto-immunes et les vaccins.

assurons un vaccin a priori résistant aux mutations, puisque la réponse immunitaire induite n’est pas tributaire d’un seul peptide sur une seule protéine. Avec CoVepiT, l’idée était d’étendre la protection le plus possible pour protéger des variations éventuelles du virus. » Mais le nombre des épitopes n’est pas le seul facteur qui permet de résister aux variants potentiels du SARS-CoV-2. Pour sélectionner au mieux les parties de protéines virales à cibler, la biotech a fait appel à l’intelligence artificielle (IA), un domaine sur lequel elle travaille déjà depuis plus d’un an avec MAbSilico, une société de deeptech basée près de Tours. « Pour choisir les épitopes les plus pertinents, nous avons regardé in vitro et in vivo les protéines jugées les plus intéressantes chez des patients atteints de Covid-19. Par la suite, nous avons sélectionné les épitopes qui répondaient le mieux », détaille le dirigeant d’Ose. La sélection et la production de cibles de SARS-CoV-2, destinées à la mise au point du CoVepiT, sont ainsi basées sur une homologie observée dans 46 000 séquences du coronavirus isolées dans le monde, pour anticiper également l’émergence future d’un nouveau coronavirus. Des caractéristiques qui confèreraient au CoVepiT toute sa place dans la stratégie vaccinale actuelle, selon Alexis Peyroles : « Compte tenu de la stratégie vaccinale en cours, l’enjeu est aujourd’hui la protection contre les variants avec, en plus, une réflexion complémentaire sur le risque de potentielles mutations. C’est dans cette mesure que notre vaccin serait complémentaire des vaccins qui sont aujourd’hui injectés. Le CoVepiT permettrait de garantir l’efficacité contre les variants et de booster les vaccins plus traditionnels. » L’actif d’Ose vient de recevoir l’autorisation des autorités sanitaires belges pour démarrer un essai de phase I pour évaluer son innocuité. « Nous attendons les résultats pour le mois de juin 2021. S’ils sont positifs, nous pourrons démarrer l’évaluation de l’efficacité du vaccin sur différentes catégories de la population », espère Alexis Peyroles. n MATHILDE LEMARCHAND


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