Initiativ'mag - Été 2013

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ÉTÉ 2013

Europe ˜ Afrique

INNOVER • Du feu de bois à la cuisson solaire société - entreprenariat - management DOSSIER

L’insécurité alimentaire et la malnutrition, quelles solutions ? • Nutriset, une solution contre la malnutrition • La sécurité alimentaire c’est produire plus ou manger mieux ?

• Nouveau magazine, tentez l'expérience ! •

• Célestin de Wergifosse

ENTREPRENDRE • Princesse Altermath • Les Breakfast Connexions MANAGER • L’Afrique, de plus en plus attrayante • Travailler avec l’Afrique

AGIR • Non aux viols et violences faites aux femmes

•••


Faire face à de nombreux combats si vous êtes à la recherche de succès et de bonheur c’est presque la règle ! Si vous êtes un semeur, vos graines seront d’abord volées par les oiseaux et ne donneront aucun rendement. Ensuite, elles tomberont sur un sol peu profond, vous laissant à nouveau sans rien. Puis, elles tomberont sur un terrain épineux et le soleil brillera si fort que votre petite plante mourra dès le premier jour. De nouveau, aucun retour. Alors, un jour, les graines tomberont dans la bonne terre et enfin vous donneront le rendement et le succès attendu. La seule façon de vous frayer un chemin sereinement à travers cette épreuve est de vous entourer des bonnes personnes. Qui sont les personnes avec qui vous passez du temps ? Peu importe que vous soyez intelligent ou pas. Peu importe vos talents, vos compétences, le lieu de votre naissance ou la famille dont vous êtes issu(e). Ce qui compte, si vous voulez réussir, c’est de bien vous entourer. Le semeur et le moissonneur – adapté par Rowaldo Frissen


ÉDITO Été 2013 Par Liliane Kissimba, rédactrice en chef.

« Ce n’est pas la peur d’entreprendre,c’est la peur de réussir, qui explique plus d’un échec. » Émil Michel Cioran

D

epuis quelques années, nous assistons à des fermetures de société, à l’impuissance des institutions internationales devant les tragédies sociales et l’instabilité économique, à des guerres sans fin, à des catastrophes de tous genres, etc. Devant un tel tableau, on ne peut que se décourager et baisser les bras. Il n’y a que deux manières d’aborder l’avenir : l’anticipation ou l’appréhension, l’action ou la fuite.   Initiativ’mag a pour objectif de présenter au lecteur des sujets pouvant raviver le goût d’entreprendre. Ne laissons pas les évènements nous désorienter, mais évitons l’engrenage de la démotivation en mettant en avant la créativité, l’innovation et la solidarité. Nos idées, si banales qu’elles soient, peuvent s’avérer être une réponse aux problèmes des sociétés. Il est possible de prospérer en temps de crise. Nous vous encourageons à croire que même en temps de crise, vous pouvez faire la différence. Organiser le temps, les compétences et les projets avec sérénité et discernement c’est encore possible ! 1


SOMMAIRE

Été 2013

Directeur De La réDaction Liliane Kissimba

réDacteurs Francesco Rampa Nathalie Yabili Yohali assistants réDacteurs Nathalie De viaene (Devna Services) Faustine Lescanne (chargée de communication pour Nutriset) Ruth Marshall (Senior Consultant for Communication and Media/ Women’s Forum for Economy and Society) Bosmans Robert (Woman Race) Photos geoffroy vanhumbeeck Breakfast Connexion European Center for Development georges Yombu Jo Defrère Nathalie Carlier Livelihoods Sergio Burrato Design graPhique Camille oberlé éDiteur Life Dignity asbl numéro d’entreprise 0836 006 772 IBAN BE38 3630 8875 8272 BIC BBRuBEBB imPrimeur HAYEZ SA Nv Dépôt légal : mai 2013 issn : 2295-1229

Cél est in

ont participé à ce numéro :

osse p. 4 rgif e W de

P. 4 à 6

INNOVER

céLestin De WergiFosse p. 4 Jeune inventeur et chef d’entreprise belge.

Du Feu De bois à La cuisson soLaire p. 6 Des designs de plus en plus performants.

P. 7 à 13

ENTREPRENDRE

Princesse aLtermath nyogoL massing p. 7

Rencontre avec une entrepreneure.

Les Femmes D’aFFaires

aFricaines et Le commerce internationnaL p. 10

Les breaKFasts conneXions p. 13 Réunion d’entrepreneurs à Kinshasa.

P. 14 à 19



Pour nous contacter :

initiativmag@gmail.com avenue de Jette, 89 1090 bruxelles belgique

MANAGER

L’aFrique

De PLus en PLus attrayante p. 14

D’après le député Louis Michel.

La crise et L’eXPatriation p. 16 L’aFrique Fenêtre D’oPPortunités Pour Les investisseurs p. 16 travaiLLer avec L’aFrique p. 18 Le choix de Katherine Delmotte.

Les marchés Lohas

en PLeine croissance p. 19

un secteur favorable ! 2

cesse Altermath Prin p. 7


P. 20 à 27

DOSSIER

Dos sie rp

0 .2

L’insécurité aLimentaire et La maLnutrition, queLLes soLutions ? p. 20 nutriset, une soLution contre La maLnutrition p. 24 Son engagement humanitaire et social.

La sécurité aLimentaire, c’est ProDuire PLus ou manger mieuX ? p .26 Francesco Rampa s’interroge.

AGIR

non au vioL et auX vioLences Faites auX Femmes p. 28

Cou rir co

P. 28 à 33

er p. 30 canc e l re nt

Rapport du colloque bruxellois contre le viol.

PriX honorant

Des Femmes courageuses p. 30

Remis par Michelle obama.

Les bons PLans

en PérioDe De crise p. 30 soLi-cita soutient Des hôPitauX Démunis p. 32 courir contre Le cancer p. 33

Le pari de Woman Race.

hibiscus p. 34 nte a l p La

P. 34 à 36

DÉTENTE

événement cinéma p. 34 De la rue à Hollywood, le parcours de Rachel Mwanza

La boîte à idées p. 35 Francine Bulaya revisite les feuilles de manioc La plante d’hibiscus et le bissap

astuces bien-être p. 36 Digestion lourde & Courbatures du dos 3


INNOVER

Du rêve à La réaLité PAR LiLiane Kissimba

célestin de Wergifosse est un jeune belge, né en 1996. il fait partie de ces personnes exceptionnelles ayant une idée claire de leur mission. il est visionnaire, créatif et innovant.

à

dix ans, lors d’un voyage en Afrique, Célestin est confronté au quotidien des populations autochtones. Il constate que l’approvisionnement en électricité est un des problèmes majeurs nécessitant des solutions respectueuses de l’environnement. C’est alors qu’il commence à réfléchir à des solutions. Petit à petit, il s’attèle à dessiner et à concevoir un projet. Trois ans plus tard, il entame un bricolage qui, au fil du temps, devient un groupe électrogène écologique, mobile et silencieux. Le tout construit à base de sources d’énergies renouvelables : l’ÉCO-Groupe est né. À cet instant, il décide de déposer un brevet international. À quatorze ans, il est nominé Meilleur jeune inventeur 2010 par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle. En mai 2011, à tout juste quinze ans, il sort troisième du Concours International Lépine, concours français d’inventions créé en 1901 par Louis Lépine. Les défis sont nombreux. Il doit notamment chercher des fonds pour son projet tout en poursuivant ses études. Puis lors d’une rencontre avec Bruno Wattenbergh, directeur de l’agence bruxelloise pour l’entreprise, sa vie prend un nouveau tournant, il devient entrepreneur et crée sa société.

Des fonds sont levés, des partenariats sont engagés et des délais sont fixés. Son nouveau challenge devient alors la gestion du projet en parallèle avec sa vie d’étudiant et d’adolescent. Son but ? Commercialiser son produit en Europe avant de partir pour les États-Unis afin d’y créer une startup tout en reprenant des études. Un prototype de son invention, considérée aujourd’hui comme intelligente, est en phase de construction. Homme de terrain, il n’est pas opposé à l’idée d’apporter son aide dans le cadre d’une mission humanitaire qui utiliserait des groupes électrogènes écologiques en vue du développement. L’invention de Célestin de Wergifosse tombe à pic dans un monde qui cherche de nouvelles voies et des moyens pour accéder à une énergie propre respectueuse de l’environnement. Loin du groupe électrogène bruyant, son invention est mobile, silencieuse et alimentée par le soleil. Elle apporte une solution aux problèmes d’alimentation en électricité surtout dans les pays en voie de développement.

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Photo Geoffroy Vanhumbeeck

Selon certains experts, si l’Afrique n’apporte pas rapidement des solutions à l’insécurité énergétique, la situation risque de se détériorer d’avantage. Actuellement, seulement un africain sur quatre a accès à l’électricité, et ce, malgré l’abondance des ressources locales en énergie. L’accès à l’électricité reste un des problèmes majeurs sur le continent africain. Les coupures électriques intempestives, presque quotidiennes dans de nombreux pays, témoignent de ce problème qui a des répercussions sur le développement économique du continent. Dans ces pays où il fait plus chaud qu’ailleurs, se rafraîchir, se ventiler et conserver ses aliments n’est pas un luxe mais une nécessité. La vétusté des installations électriques est directement mise en cause dans la baisse de la production d’électricité. L’accent n’est pas vraiment mis sur la modernisation des installations mais plutôt sur l’exploitation des structures encore viables. La privation en courant de certaines zones au profit d’autres, afin d’éviter une défaillance globale du réseau, a cependant pour conséquence directe une baisse du régime général d’alimentation électrique. La Banque africaine de développement encourage les états riches en ressources énergétiques à tra-

vailler ensemble pour une meilleure distribution en électricité sur le continent africain. L’étude conduite par l’Agence française de développement et la Banque africaine de développement sur l’énergie en Afrique à l’horizon 2050, conduite par différents chercheurs-experts et coordonnée par Jean-Pierre Favennec, révèle que le développement de l’Afrique est aussi freiné par les inégalités énergétiques propres au continent dans la mesure où l’essentiel de la consommation et de la production d’énergies non renouvelables est concentré en Afrique du Nord et en Afrique du Sud. Face à ces inégalités, les pays africains doivent sans doute apprendre à mieux gérer leurs ressources naturelles en favorisant leur consommation locale et en améliorant l’utilisation des revenus issus de leurs exportations. L’Afrique devrait aussi favoriser le développement du secteur des énergies renouvelables qui reste largement inexploité à ce jour. L’Afrique dispose en effet de gisements substantiels d’énergie hydraulique et, dans une moindre mesure, d’énergie éolienne, solaire et géothermique. Il est important pour le continent de se tourner vers les potentiels énergétiques qu’elle a à sa disposition pour apporter des solutions aux problèmes existants.

on peut constater sur cette photo, l’insuffisance d’éclairage dans une ville d’Afrique.

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http://celestin.dewergifosse.be

@ Si vous souhaitez participer à une conférence, un workshop ou un échange, envoyez-nous un courriel. 5


INNOVER

Chaque année, des hectares de forêts disparaissent. Les arbres coupés interviennent en partie dans la fabrication de charbon de bois servant principalement à la cuisson des aliments lorsque l’électricité fait défaut. Mais cette déforestation entraîne des perturbations climatiques. Il importe donc aujourd’hui de rechercher des moyens de cuisson moins consommateurs de bois. Parmi ceux-ci, nous relevons les poêles à bois économes et la cuisson solaire.

Du feu de bois à la cuisson solaire Par Liliane Kissimba

L

es cuiseurs solaires que nous trouvons dans les camps des refugiés répondent aux besoins de dépannage ponctuel mais nous sommes loin d’une utilisation domestique sans contrainte. Paul Polak, auteur du livre Out of poverty et fondateur de l’International Development Enterprise, a vendu un demi million de systèmes d’irrigation goutte à goutte à faible coût à travers le monde en développement. Il dit qu’apprendre les habitudes culturelles alimentaires des peuples est nécessaire. Il en va de même pour la façon dont elles pourraient interagir avec cette technologie.   Les cuiseurs solaires ont plusieurs inconvénients : ils peuvent demander plusieurs heures pour cuire les aliments, ne fonctionnent pas pendant la saison des pluies, le vent peut les renverser et ils ne peuvent être utilisés ni à l’aube ni à la tombée du jour. Même si le cuiseur solaire peut sembler être une bonne idée les avantages sont encore à prouver. Innovations dans la cuisson solaire Reconnaissons que, malgré la dépression économique, les inventeurs et les constructeurs rivalisent de créativité pour faciliter notre quotidien. Ils deviennent écolos et nous présentent des designs agréables pour des produits respectueux de l’environnement.   Xiao-Fang Shen et Nikolai Ruola ont tenté de résoudre le problème de cuisson par temps nuageux en équipant le cuiseur solaire de panneaux solaires paraboliques permettant de faire chauffer de l’huile. Une fois chauffée, cette huile est placée dans un réservoir isolé où elle va pouvoir rester 6

pendant plusieurs jours sans se refroidir. Lorsque le besoin s’en fait sentir, l’utilisateur peut contrôler le mouvement de l’huile, grâce à un système de soupapes, pour alimenter le chauffe-eau ou le four et ainsi faire cuire des aliments même lorsque le soleil fait défaut. Ce concept est une solution de cuisson parfaite qui évite une production excessive de CO² et d’autres émissions nocives lors de l’utilisation de gaz liquide ou de bois comme énergie pour cuisiner. Les utilisateurs peuvent contrôler le mouvement des huiles dans l’appareil de chauffage ou dans le four par l’intermédiaire de vannes appropriées.   Les designers Anil Dincer et Murat Ozveri ont également répondu au problème du temps nuageux en concevant un cuiseur capable d’exploiter la lumière du soleil et la transformer en électricité. Les panneaux solaires sont utilisés pour fournir de l’électricité qui sera utilisée pour fournir de l’énergie à la plaque à induction. La chaleur produite est suffisante pour cuisiner un repas d’une à deux personnes. Le cuiseur est équipé d’une interface à écran tactile qui permet de régler le temps de cuisson. La taille famille nombreuse n’existe pas encore. Une option à envisager ! Les appareils solaires sont de plus en plus présents sur le marché, du plus simple au plus complexe, du chargeur de téléphone solaire au frigo solaire en passant par les sacs solaires qui rendent l’eau potable. Malheureusement ces produits sont chers et souvent inaccessibles pour les pays pauvres où le besoin est pourtant bien réel.


ENTREPRENDRE

Princesse Marie-Thérèse Altermath Nyogol Massing

PROPOS RECUEILLIS PAR LILIANE KISSIMBA

Remise de prix des Mariannes de l’Excellence, au Salon Hoche à Paris. Le Prix d’Honneur de l’Homme africain 2012 est décerné, par la princesse, à Maître Wade, ancien président du Sénégal. Prix récupéré par Monsieur Ngom, ancien ministre d’État et porte-parole du président. 7


ENTREPRENDRE

née au cameroun en 1960, à yaoundé. elle est chef d’entreprise. entrée en politique française dès 1989, elle est également présidente de plusieurs associations, notamment du conseil des mariannes de la république et d’europe , d’un mouvement pour le droit des femmes et l’égalité des chances, ainsi que du black Lobbying international .

De quel royaume, êtes-vous la princesse ? Tout d’abord, je souhaite vous remercier de me permettre de m’exprimer dans votre magazine. Je suis Camerounaise d’origine et Princesse Bassa. votre titre royal, vous a-t-il ouvert des portes ou au contraire est-ce une contrainte ? Vous savez en France la royauté n’a plus de place. Comme j’aime souvent le dire, les rois et les reines ont tous été guillotinés pendant la Révolution française. Ce titre ne me donne aucun privilège particulier, ce n’est pas un handicap non plus. vous êtes chef d’entreprise, dans quel domaine ? Je suis chef d’entreprise dans le secteur du bio africain, il s’agit d’importexport. comment évoluent vos affaires en cette période de crise ? Je ne vais pas vous le cacher, comme pour beaucoup d’entreprises, les affaires vont mal. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Au contraire, c’est le moment de se serrer les coudes pour avancer. en quoi consiste le black Lobbying international ? Comme son nom l’indique, le Black Lobbying International est un lobbying qui consiste à rassembler les femmes et les hommes d’affaires noirs afin de bénéficier d’un champ d’action plus large soit pour les affaires, soit dans la politique. De nos jours, tout fonctionne avec des groupes de pression. Ce qui nous permet d’avoir une plus grande visibilité et une plus grande force. C’est ainsi que j’aime à citer la locution l’union fait la force ! (ndlr : c’est aussi la devise de la Belgique). 8

Lors de notre dernière rencontre à Paris à la Journée internationale de la femme africaine, vous étiez pleine d’énergie et d’optimisme au sujet de la femme africaine et de son évolution dans la société. un an après, êtes-vous toujours aussi confiante ? Je suis toujours confiante. Nous continuons le travail de promotion concernant la place de la femme en Afrique et dans le monde. Nous avons initié la promotion des grands hommes africains, en novembre 2012, nous avons remis le Prix de l’homme africain à Maître Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal, pour la construction du monument de la Renaissance africaine.

Docteur Dorothy Irène Height a créé aux États-unis, en 1935, le premier rassemblement des femmes noires : le National Council of Negro Woman. Son objectif était d’inciter et d’encourager les femmes noires à la formation et à la nécessité de travailler en réseau. Aujourd’hui, Patricia Secke poursuit ses objectifs au sein de l’association internationale Femmes Performantes. Sa devise est : « La vie est faite d’échanges. on n’a rien sans rien. Femmes du continent noir et femmes de la diaspora levons-nous ! Travaillons ! Améliorons nos compétences ! Persévérons dans nos actions, car c’est en forgeant qu’on devient réellement forgeron. C’est ainsi que nous apporterons une réelle contribution à l’éclosion spectaculaire du continent africain ! »

croyez-vous que l’union des femmes africaines est nécessaire pour un développement efficace ? ont-elles suffisamment de moyens financiers ? L’union des femmes africaines est nécessaire pour un développement efficace et pas seulement des femmes, je dirais plutôt de tous les africains. C’est indispensable. Pour les finances, il suffit de vouloir. Si vous demandez un million d’euros à une femme africaine pour un projet de développement, elle ne vous les donnera pas. D’abord, probablement parce qu’elle ne les a pas et ensuite parce que le projet ne se réalisera sans doute pas non plus. Par contre, si vous demandez un euro à un million de femmes, elles vous le donneront et le projet pourra certainement être réalisé. Une fois de plus, l’union fait la force.

tronomie, comme Rubi Dia. Il y en a d’autres dans les cosmétiques comme Gillette Leuwat ou encore comme Hapsatousy, la fondatrice des marques Etnica et Coloris. C’est d’ailleurs pour mettre toutes ces femmes à l’honneur que nous organisons le sommet économique des femmes francophones au Sénat, Palais du Luxembourg, en octobre. Vous y êtes bien sûr cordialement invités. Nous vous convions aussi à nous envoyer de futures lauréates.

Pouvez-vous nous citer des exemples de femmes africaines qui réussissent brillamment en affaires au niveau international et leur domaine de prédilection ? J’en connais effectivement beaucoup. Il y en a dans la finance ou la haute gas-

vous êtes présidente de plusieurs associations, lesquelles et quels sont leurs objectifs ? Je suis présidente du Conseil des Mariannes de la République et d’Europe. C’est une fédération qui œuvre pour le droit des femmes et l’égalité des chances,


Princesse Altermath Nyogol Massing présidant une séance à l’Académie des Sciences d’outre-mer à Paris. À sa droite, olivier Stirn, ancien ministre français. ainsi que du Black Lobbying International qui valorise les chefs d’entreprises issues de la diversité. Je suis aussi présidente de Chêne et baobab une association qui œuvre pour la sauvegarde et la promotion des tirailleurs africains morts pour la France lors des deux guerres mondiales de 1914-1918 et de 1939-1945. Nous militons actuellement pour un mémorial en leur honneur. nous entendons souvent parler des gens issus de la diversité. qu’entendez-vous par diversité ? Diversité est un mot qui veut tout et rien dire à la fois. Il est utilisé par le gouvernement pour désigner les citoyens français de l’immigration. Je dis ceci : je ne suis pas diverse, je suis citoyenne française et européenne et, à ce titre, j’ai des droits et surtout des devoirs envers la nation. nous assistons, ces dernières années, à des créations d’associations et d’ong un peu partout. que révèle cette tendance ? un moyen de faire une autre politique, de créer de l’emploi ou tout

simplement un canal pour se faire entendre ? En réalité, c’est un peu de tout cela. Pourquoi pas, si l’on y trouve son compte. être femme et faire de la politique n’est-ce pas compliqué ? Faire de la politique c’est compliqué pour tout le monde, mais plus encore lorsqu’on est une femme, à cause des préjugés. En tant que femme politique, j’ai plus d’obligations pour faire respecter la dignité des populations. J’ai plaisir à le faire parce que je ne dois pas décevoir mes électeurs et ceux qui me font confiance. quel regard portez-vous sur les viols dans le monde et dans l’est du congo en particulier ? C’est horrible. Les femmes sont toujours les premières victimes de tout. Victimes des guerres, de la famine, du chômage, des inondations, des sècheresses, tout quoi. On pourrait résumer en disant que celles qui donnent la vie aux hommes sont aussi tout le temps

victimes des hommes. Le viol est devenu une arme de guerre, malheureusement. quelle est votre action contre ces viols, même si ces actes se déroulent loin de vous ? Notre action contre les viols est la sensibilisation des populations et le fait de militer contre les guerres. nous arrivons à la fin de notre entrevue, que souhaiteriez-vous que le lecteur retienne de vous et de vos actions ? Je dirais mon engagement envers les citoyens, ma conviction en ce que je fais, mon sens des responsabilités et ma détermination. Ce sont eux qui me permettent d’atteindre mes objectifs.

+ retrouvez la princesse, au sommet économique des femmes francophones, au sénat, à Paris, Palais du Luxembourg, en octobre 2013. 9


ENTREPRENDRE

De nos jours, il existe encore de nombreux freins à l’entreprenariat féminin en Afrique. Dans certains pays, une femme a pour obligation de montrer son certificat de mariage pour créer son entreprise. Mais aujourd’hui, le continent compte plusieurs femmes chef d’entreprise déterminées à s’imposer au niveau international.

Les femmes d’affaires africaines et le commerce international

Par Liliane Kissimba

L

es associations des femmes chefs d’entreprises ont pour objectif de créer une nouvelle génération de femmes entrepreneurs qui accèdent à un bon niveau d’éducation, qui initient de nouvelles techniques de management et qui s’imposent dans le secteur formel. Les femmes d’affaires africaines sont chaque année en nombre croissant au grand rendez-vous mondial des femmes organisé par Women’s Forum for economy & society. Elles viennent du Kenya, du Sénégal, d’Éthiopie, de Zambie ou encore d’Afrique du Sud. Certaines d’entre elles occupent de très hauts postes au sein des grandes entreprises du continent. Il y a quinze ans, ce phénomène n’existait pas. Nous sommes bien loin des clichés de l’africaine du commerce informel et du micro crédit, elle est désormais présente au niveau international et contribue efficacement au développement socio économique du continent africain.   Madame Ruth Marshall, chargée de communication pour le Forum des femmes pour l’économie et la société, nous le confirme : « En effet, le Forum des femmes a choisi l’Afrique comme focus international pour son meeting de 2012, afin

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de souligner le rôle important que jouent les femmes africaines dans le contexte de l’essor économique actuelle de l’Afrique. En octobre 2013, notre focus sera porté sur la Russie mais nous restons en contact étroit avec les femmes membres de notre délégation africaine. Leurs parcours, frappants de diversité et d’énergie, nous ont énormément impressionnés. »   Theo Sowa, membre du comité du Forum des femmes pour l’économie et la société et chef de la direction du Fond de développement des femmes africaines, a publié, le 8 mars dernier, une tribune dans le Huffington Post sur la diversité et le rôle économique moteur des femmes africaines. C’est avec un hommage à la femme africaine qu’elle a choisi d’introduire la Journée internationale de la femme en racontant l’histoire de Sophia, sa jeune collaboratrice, qui a assisté à un atelier d’art visuel ayant pour objectif le soutien des photographes amateurs. On leur a demandé d’apporter des images de femmes africaines dans la ville. Sophia a décidé de prendre des photos des femmes dans leurs bureaux. Une autre participante a pris des photos d’amies vêtues de motifs imprimés. Beaucoup d’autres ont mis en image des femmes


« Oui, les femmes africaines portent des paniers de produits sur la tête, mais elles savent aussi créer des entreprises et des organisations dont certaines emploient des centaines de personnes. » Theo Sowa membre du comité du Forum des femmes pour l’économie et la société et chef de la direction du Fond de développement des femmes africaines. vendant de la nourriture ou impliquées dans des petits commerces au bord des routes, des femmes portant des paniers de légumes sur la tête ou des filles vendant de l’eau dans les rues. Sophia avait raison d’avoir des appréhensions quant à son travail, la femme qui dirigeait cet atelier lui a rétorqué que ses photos n’illustraient pas le thème imposé. Cette histoire a réveillé des souvenirs chez Theo Sowa. Lorsqu’elle était à l’université et plus tard dans le milieu professionnel, beaucoup de gens lui disaient qu’elle n’était pas africaine ou pas suffisamment femme lorsqu’elle n’était pas d’accord avec leurs actions. C’est avec un pincement au cœur qu’elle déclare que Sophia pourrait être sa fille, elle aurait espérée que les préjugés épargnent les jeunes générations.   Voici un extrait de sa tribune :  « La Journée internationale de la femme est devenue une occasion de mettre en lumière les événements qui ruinent des vies de femmes à travers le monde. Mais elle devrait aussi être un moment pour célébrer leurs points forts, les réalisations et les changements qu’elles apportent à certains des problèmes particulièrement difficiles auxquels notre monde fait face. Cet article est mon hommage à

quelques femmes africaines avec qui j’ai eu l’honneur d’interagir l’année dernière. Elles incarnent la force et l’étonnante diversité que le continent africain produit. Elles sont une source d’inspiration, parmi elles, je souhaite mentionner l’incroyable ghanéenne Abena Amoah, banquière d’investissement, qui a brillamment présenté le rôle de la finance dans le développement et les liens importants entre la croissance économique et la justice sociale lors du Forum des femmes à Deauville. De même, la chanteuse béninoise Angelique Kidjo qui a pris la parole lors de l’événement Afrique utopie ainsi que l’ougandaise et britannique Jessica Horn qui a créé l’Institut africain de réponses à la violence contre les femmes et enfin Halima Mohamed, africaine du sud qui milite pour une justice sociale. Je tiens également à rendre hommage aux femmes qui travaillent de longues heures chaque jour pour nourrir leur famille et payer la scolarité de leurs enfants. Oui, les femmes africaines portent des paniers de produits sur la tête, mais elles savent aussi créer des entreprises et des organisations dont certaines emploient des centaines de personnes. Les unes vendent des fruits dans la rue alors que les autres conçoivent des logiciels informatiques, notamment un logiciel

révolutionnaire pour la téléphonie mobile. En ce jour, célébrons les femmes à travers le monde de la diversité, impossible à catégoriser, parfois frustrantes mais toujours glorieuses. »   Theo Sowa a travaillé en tant que conseillère indépendante sur un large éventail de questions internationales mettant l’accent sur ​​les questions de développement social. Son travail a porté sur le plaidoyer, la prestation de services, l’évaluation, la facilitation, la politique et le développement organisationnel avec une série d’organisations internationales et intergouvernementales, ainsi que l’octroi de subventions de fondations, dont l’UNICEF, la Fondation Stephen Lewis, l’Union africaine, le DFID et le PNUD. Ceci a permis d’inclure le travail des jeunes, l’alphabétisation d’adultes volontaires à Londres ainsi que la création d’un poste de directeur adjoint d’un projet pilote novateur ayant pour but d’aider des enfants dans le sud de Londres.

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ENTREPRENDRE

types de leadership ou encore en réunissant des patrons d’entreprise privilégiant le développement des femmes en entreprise.

La délégation africaine du Forum de femmes pour l’économie et la société à Deauville.

Le Forum des femmes pour l’économie et la société Créé en 2005, le Forum est une plateforme internationale qui met en lumière la vision et la voix des femmes sur les principaux enjeux économiques et sociétaux de notre époque. Basé à Paris, le Forum est une filiale du groupe Publicis et est soutenu par des partenaires. En déployant l’expérience et l’expertise de femmes de toutes générations et tous continents, le Forum des femmes permet des discussions pratiques sur comment dépasser les obstacles et créer de nouveaux horizons et opportunités. Il offre également des débats ouverts, riches et avant-gardistes sur des sujets importants. Il promeut l’avancement des femmes à travers les réseaux d’affaires et les réseaux sociaux. Le Forum donne la parole à des femmes et des hommes remarquables du monde entier, représentants des sphères politiques, d’affaires, sociétales et académiques. Le Global Meeting, son événement annuel, met en avant des idées nouvelles venant des économies matures et émergentes dans un format qui combine des plénières et des sessions plus intimes, ainsi que le programme 12

Discovery, un relais de contenu unique avec des discussions, des sessions interactives et des ateliers. Les événements régionaux du Forum des femmes font écho au Global Meeting dans leurs représentations hommes/femmes et sectorielles, avec une priorité sur des problématiques spécifiques à la région. En 2013, en plus du Global Meeting de Deauville qui aura lieu en octobre (1300 participants attendus), le deuxième Forum des femmes Brésil se tiendra en juin à São Paulo et le Forum des femmes Myanmar pendant deux jours à Rangoon en décembre, avec la participation exceptionnelle du Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. En parallèle de ces événements, le Forum des femmes pour l’économie et la société s’engage aux côtés des femmes tout au long de l’année à travers une série d’Initiatives, soutenues par ses partenaires, des groupes de médias et des organisations non-gouvernementales. Ces projets à long terme visent à accélérer l’avancement des femmes à travers l’entreprenariat et la formation, en recherchant les talents de demain, en amplifiant la voix des femmes dans les médias, via la promotion de nouveaux

Le Prix d ​​ e l’Initiative Cartier pour les Femmes C’est une compétition internationale qui consiste à la présentation de plans d’affaires, créé en 2006 par Cartier et le Forum des femmes avec l’appui du cabinet de conseil McKinsey & Company et de l’INSEAD. Six prix spéciaux femmes entrepreneurs, un par continent, sont décernés chaque année. Chaque lauréate bénéficie d’un encadrement pour une année complète, reçoit une subvention de 20 000 dollars et un trophée exclusif conçu par Cartier. Le concours comprend deux épreuves : une présentation de plans d’affaires en juin et la finale en octobre. Le projet Rising Talents C’est un réseau de femmes de grand talent provenant d’horizons différents et qui ont le potentiel de devenir des personnalités influentes dans nos économies et nos sociétés à l’avenir. Chaque année, vingt candidates sont sélectionnées. Le Club diversité pour les entreprises Initiative créée en 2009 par le Boston Consulting Group et le Forum des Femmes, qui regroupe les entreprises impliquées dans la promotion de la diversité. Le Club vise à promouvoir cette approche unique afin d’aider les femmes à grandir au sein des entreprises pour une conception de la diversité qui va audelà de l’enjeu sociétal. En 2011, le Club comprenait dix sociétés membres. Parmi elles Barclays, GDF Suez, Lenovo, L’Oréal, Orange, Renault-Nissan, Sanofi et la Société Générale.


BREAKFAST CONNEXION

Par Liliane Kissimba

Le 30 mars dernier, s’est tenu au Fleuve Congo Hôtel de Kinshasa, le premier petit déjeuner d’affaires regroupant des décideurs d’entreprises et des personnalités politiques.

A

ppelé Breakfast Connexion, ce petit déjeuner d’affaires est un rendez-vous mensuel qui a lieu chaque dernier samedi du mois. C’est une plateforme mise sur pied par BBC et UGS, deux cabinets de conseils en investissement en République Démocratique du Congo. Sa particularité est de réunir des décideurs autour d’un petit déjeuner dans le but de créer un climat plus décontracté pouvant donner lieu à des rapports personnels et professionnels.  Le Breakfast Connexion encourage certaines entreprises à profiter de la présence des femmes et des hommes d’affaires invités pour présenter leurs sociétés ou leurs produits. Au cours de cette première édition deux sociétés étaient à l’affiche : Africa Negoce Network, fournisseur de panneaux solaires représenté par M. Jean-Pierre Matulapaka, et Life Dignity, une association internationale sans but lucratif, représentée par Mme Mimi Kamidi. Cette dernière a exposé les objectifs que l’ASBL s’est fixée, parmi lesquels la lutte contre la pauvreté. Cette première édition a été honorée par la présence des directeurs de banques telles que la BOA et Access Bank pour ne citer que celles-là, le président de la FEC- PME, des décideurs politiques, des hommes et des femmes d’affaires, etc. La seconde édition s’est déroulée avec grand succès le 27 avril 2013, les participants ont eu un exposé sur le prochain congrès socio économique et culturel sur l’Afrique qui se déroulera à Monaco début 2014.

+ www.breakfastconnexion.com + L’Ambassade de la République Démocratique du Congo à Bruxelles a l’honneur de vous informer qu’elle organise la troisième édition du Forum économique congolais dans l’Union Européenne (FECUE) sous le thème « Réformes économiques, opportunités d’affaires et participation de la diaspora à la reconstruction en RDC ». Au Palais d’Egmont 8, Place Petit Sablon à Bruxelles, les 24 et 25 juin 2013 dès 8h30. 13


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L’Afrique de plus en plus attrayante

article issu du numéro printemps 2013 de Europe’s World traduit de l’anglais par initiativ’mag

Louis Michel, député européen, fût vice Premier ministre et ministre des affaires étrangères belges de 1999 à 2004 et commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire de 2004-2009.

L’

Afrique, berceau de l’humanité, est aussi le continent de l’avenir. Sa population croît de 2,5% par an, soit deux fois plus vite que la moyenne dans le reste du monde en développement, et, à ce rythme, l’Afrique sub-saharienne comptera 1,8 milliards de personnes d’ici à 2050 ; c’est une fois et demie la population actuelle de l’Inde. Sa classe moyenne, qui pourrait bien atteindre 280 millions de personnes en 2020, est le moteur de l’Afrique du changement.   La croissance économique spectaculaire de l’Afrique au cours des dix dernières années s’élève à plus de 5% par an en moyenne. Aujourd’hui, courtisé par les puissances émergentes ainsi que ses partenaires traditionnels, le continent africain a assuré sa place en tant que partie intégrante de la scène politique et économique mondiale.   La mondialisation offre au monde des avantages incomparables. Pour qu’elle soit universellement bénéfique, elle doit être dirigée par les gouvernements qui cherchent à stimuler les forces du marché, tout en exploitant leur pouvoir pour améliorer le bien-être collectif, forger la cohésion sociale et consolider la démocratie. En bref, elle doit être conduite par des gouvernements impartiaux qui respectent scrupuleusement les droits et besoins des individus.   Il est de la responsabilité des gouvernements d’encourager la recherche et de faire face aux crises, que ce soit au niveau économique, financier, climatique, énergétique ou alimentaire. C’est pourquoi les pays africains doivent développer aussi rapidement que possible une puissance publique impartiale qui 14

assurera l’accès universel à l’éducation, la culture, l’administration, la justice, les services sociaux et de santé ; des biens publics qui garantissent la dignité humaine. Pour prévenir les abus et les excès, les États africains doivent être impliqués dans la création de fonds écologiquement durables, la sécurité alimentaire, l’énergie, la gouvernance du changement climatique et la gestion des ressources naturelles. Comme Jacques Attali l’a dit récemment : « Nous avons besoin d’oser penser le monde et de créer un espace politique mondial ».   À l’heure actuelle, la croissance mondiale est gérée par des institutions faibles avec un pouvoir de réglementation quasi nul. Il n’y a pas de prise de décision mondiale capable d’imposer une ligne de conduite sur le plan international. Nous devons tirer des leçons de la crise financière. Nous devons comprendre que la gouvernance globale doit être faite dans le contexte de l’économie mondiale en pleine croissance en lui donnant une dimension politique lorsque cela est nécessaire. Lorsque des problèmes de développement ne peuvent pas être gérés au niveau national, ils doivent l’être au niveau mondial.   Dans le monde qui se globalise rapidement aujourd’hui, l’Europe est sans aucun doute le partenaire le plus précieux de l’Afrique. Pour sa part, celleci est incontestablement la partenaire la plus prometteuse pour l’Europe. Les africains et les européens ont la capacité d’adapter la mondialisation afin qu’elle reflète mieux leurs valeurs communes et respecte leurs identités. L’Europe est dans une position unique à

l’égard de l’Afrique, et pas seulement à cause de la géographie. L’histoire nous a laissé beaucoup d’éléments en commun. Nous partageons des langues et des souvenirs —  souvent douloureux  — de la période coloniale. Depuis lors, les échanges culturels, notamment par le biais des diasporas, ont créé un réseau de relations humaines et personnelles entre les deux continents.   L’Europe est une partenaire commerciale de premier plan, elle représente 68% des investissements étrangers directs en Afrique, et plus important encore, l’Europe a été la plus importante donatrice d’aide à l’Afrique — Aide Publique au Développement (APD) — au cours des quarante dernières années. La Commission européenne a travaillé avec l’Union africaine pour rétablir une relation dans laquelle les deux partenaires ont des droits et des devoirs égaux. En décembre 2007, le sommet de Lisbonne a marqué ​​ le début de cette nouvelle phase dans les relations. Puis, en décembre 2010, lors du sommet de Tripoli, les chefs de gouvernement ont renouvelé leur engagement pour les années à venir.   Le défi majeur auquel est confronté l’Afrique est l’amélioration de la gouvernance politique et économique. Au niveau politique, la gouvernance s’inscrit dans le concept de la justice, un état qui garantit la démocratie et les droits fondamentaux des citoyens, hommes et femmes. L’État doit chercher à assurer la cohésion sociale par la gestion des ressources d’une manière responsable et impartiale pour s’assurer qu’elles soient répartis équitablement. Sans cohésion sociale, il est illusoire


Une relation plus profonde avec l’Europe fondée sur le développement économique est nécessaire pour libérer le potentiel de l’Afrique », affirme Louis Michel. Il avance dix propositions :

de compter sur les citoyens d’un pays pour montrer l’engagement, la détermination et la contribution active. Il est fondamentalement important que chaque citoyen ait le droit d’être traité avec équité, justice, respect et dignité. Un état qui investit, réglemente et garantit la cohésion sociale et démocratique doit être en mesure de restaurer la confiance de ceux qui sont découragés ou inquiets à propos de la mondialisation ou de l’innovation.   Sur le plan économique, l’UE fournit plus de la moitié de l’aide publique au développement. Les pays pauvres ont besoin de financements qui vont bien au-delà de ce qu’ils peuvent recevoir de la part de l’aide. Chaque croissance économique peut bénéficier davantage aux africains que le montant total de l’aide que le continent reçoit. Il est essentiel que l’Afrique trouve des sources de financement complémentaires. Ils doivent investir davantage dans l’éducation : une éducation de qualité, l’égalité des sexes, le renforcement des ressources humaines, des repas gratuits à l’école, le développement d’idées nouvelles telles que les écoles itinérantes à plusieurs niveaux d’enseignement et des programmes d’éducation alternative. Ils devraient travailler vers un niveau standard minimal de protection sociale et promouvoir la culture, qui reste l’expression la plus importante de l’identité d’un peuple et constitue le fondement de la cohésion sociale. Il appartient donc à chacun d’entre nous, européens et africains, de relever les défis auxquels nous sommes confrontés et de développer une alliance essentielle entre les deux continents, liés par un destin commun.

1 Utiliser une partie substantielle de l’APD (aide publique au développement) pour promouvoir le développement économique. L’Europe devrait concentrer son aide sur le soutien de l’émergence d’une économie africaine. Ce qui est la seule façon de favoriser la prospérité et de financer les services sociaux essentiels pour le bien-être du public. 2 Améliorer l’environnement des affaires en soutenant les États fondés sur des lois garantissant la justice pour les sociétés et créer un cadre législatif impartial dans un contexte macro-économique favorable à l’initiative privée. 3 Mettre en place un système fiscal fondé sur la capacité des citoyens à payer et sur la fiscalité équitable des ressources naturelles exploitées de manière transparente, et ce, en donnant aux états les moyens de mener à bien leurs missions. 4 Promouvoir la sécurité juridique des investissements. Le secteur privé, qu’il soit local ou international, est prêt à prendre des risques dans la mesure où il peut bénéficier d’un minimum de sécurité juridique. Les investisseurs s’engageront plus facilement si les états mettent en place des institutions et des politiques qui respectent les Droits de l’Homme et renforcent la lutte contre la corruption. 5 Promouvoir des politiques qui soutiennent le développement des petites et moyennes entreprises, vitales à la création d’emplois. L’accès au crédit, le transfert de technologie, la formation professionnelle et la gestion doivent devenir des priorités. 6 Assurer l’exploitation intègre et équitable des ressources naturelles. Ceci est essentiel dans une économie mondiale. Ce qui permet aux pays d’éviter l’endettement, le pillage et une rémunération insuffisante des ressources exploitées. Cela signifie le renforcement de l’arsenal juridique afin d’assurer une meilleure traçabilité des minerais provenant de l’exploitation minière illégale, par des contrôles sur le marché international qui pourraient s’inspirer de la loi Dodd-Frank votée par le Congrès américain. 7 Exiger des entreprises opérant dans les pays en développement de souscrire à un code de déontologie — avec une référence particulière à la législation sur la responsabilité sociale des entreprises — dont l’application doit être évaluée et vérifiée. 8 Proposer une coopération triangulaire avec des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil afin de permettre des approches plus vertueuses. L’impressionnante croissance des économies émergentes est une source d’inspiration pour les pays africains. Les donateurs et bénéficiaires de l’aide occupent une position unique en termes de politique de développement. 9 Promouvoir le soutien budgétaire plutôt que le projet d’aide. L’appui budgétaire renforce la gouvernance, augmente la cohérence du budget national et, surtout, engage les états à fixer des priorités et à obtenir des résultats. 10 Promouvoir l’intégration régionale comme moteur du développement économique. Nous devons faire pression pour une conclusion rapide d’accords de partenariat économique (APE) afin que les pays en développement bénéficient de la mondialisation dès que possible.

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La crise et l’expatriation PAR LILIANE KISSIMBA

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a société bouge à une très grande vitesse en laissant sur son chemin des personnes ne pouvant s’adapter aux changements sociaux économiques qu’elle offre. Les entreprises se globalisent et se délocalisent, un européen sur cinq est exposé au risque de pauvreté ou à l’exclusion sociale. En ligne de mire : les femmes seules avec enfants, les jeunes et les personnes âgées à faibles revenus.   Toujours plus loin, à la recherche des pays moins chers pour se positionner dans la compétition internationale, tel est le constat général. La Chine a augmenté les taux de taxation aux sociétés étrangères. Le Viêt Nam avec sa main d’œuvre bon marché et ses incitatifs fiscaux lui vole les investisseurs venant du monde occidental.   Le marché de l’emploi est de plus en plus fermé, le pouvoir d’achat augmente, la consommation quant à elle diminue, les salaires sont gelés. L’obligation de conserver un mode de vie décent en pousse plus d’un à faire des économies sur les objets de la vie quotidienne. Les idées fusent allant des plus simples au plus complexes. Certains s’organisent en réseau, font du troc, travaillent par internet, échangent des services. Les homes markers sont de plus en plus nombreux pendant que d’autres s’expatrient et mettent leur compétences au service des pays qui en ont besoin. Pour mieux rebondir professionnellement ou pour un début professionnel, la jeune génération fonce. Un choix parfois difficile mais nécessaire. Les missions à l’étranger se sont multipliées avec la crise, les spécialistes en expatriation ont de beaux jours devant eux. D’après une étude de l’ECA International, spécialiste de la gestion de l’expatriation dans le monde, sur la mobilité internationale en 2012, près de deux entreprises sur trois prévoient ainsi une augmentation de leurs effectifs d’expatriés d’ici à trois ans.   Travailler à l’étranger nécessite une bonne préparation, notamment sur le choix de la destination et les opportunités qu’offre le pays d’accueil. Il faut aussi choisir entre partir seul ou avec l’aide d’une société spécialisée. Prendre les bonnes assurances est aussi un point très important. Enfin, il est nécessaire de se renseigner s’il existe un accord de sécurité sociale entre votre pays et le pays de destination. La direction des relations internationale de l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS) peut vous apporter des éclaircissements sur certaines de ces questions. L’ambassade du pays de votre destination vous aidera à répondre aux questions relatives à son pays.   Pour nouer des partenariats technologiques, industriels ou commerciaux avec des entreprises situées en dehors de la communauté européenne, les chambres de commerces détiennent également de précieuses informations. Partir ou rester ? C’est à vous de choisir et surtout de décider de vous en sortir !

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e résultat de la première enquête d’Ernst & Young en 2011 sur l’attractivité économique de l’Afrique - basée sur l’étude de 500 chefs d’entreprise à propos du potentiel de croissance de l’Afrique - est très positif sur son avenir à court, moyen et long terme. Tandis qu’une grande partie du monde doit toujours faire face aux répercussions de la crise économique mondiale, il reste une fenêtre d’opportunités pour les investisseurs en compétition vers la croissance au-delà des frontières du marché. Les gouvernements doivent aussi tirer pleinement avantage de l’histoire de la croissance africaine. Bien que les risques d’investissement en Afrique puissent paraître élevés, les récompenses peuvent cependant être conséquentes. L’Afrique devient de plus en plus attrayante pour les investisseurs internationaux. Les perceptions sur l’horizon à long terme sont de plus en plus positives. En réalité, de nos jours, la seule région émergente qui est clairement en avance sur l’Afrique en termes de perception des investisseurs est l’Asie. Les chefs d’entreprise envisagent de nouveaux développements et l’extension des marchés existants. C’est la raison pour laquelle la part de l’Afrique dans les nouveaux projets d’investissements étrangers directs n’a cessé d’augmenter au cours de ces dernières décennies. À tel point que le chiffre de 150 milliards de dollars est avancé pour 2015. Les africains eux-mêmes s’impliquent


L’Afrique,fenêtre d’opportunités pour les investisseurs !

PAR LILIANE KISSIMBA

pour une croissance de l’investissement sur ​​le continent et affichent un optimisme énorme sur les perspectives de croissance et le potentiel d’investissement du continent. De 2003 à 2010, le taux de croissance des africains investissant dans d’autres pays africains dans divers secteurs est de 21%. L’enquête d’Ernst & Young auprès des chefs d’entreprises internationales a démontré également une différence intéressante entre les investisseurs des pays développés et ceux des pays émergents. Les investisseurs des marchés émergents sont en général plus positifs à propos de l’attractivité de l’Afrique. Les investissements des pays émergents ont progressé de 13% entre 2003 et 2010, avec une forte concentration dans les secteurs de l’extraction et de la fabrication. Tandis que les investisseurs des pays développés sont relativement plus prudents au sujet de l’Afrique, les investisseurs des marchés émergents la considèrent comme essentielle pour soutenir leur propre croissance. Les investisseurs des marchés développés y voient, quant à eux, un marché potentiel futur qui reste à développer. Il est temps pour l’Afrique de s’affirmer sur le plan international. Le continent est sur ​​une trajectoire ascendante que ce soit économiquement, politiquement ou socialement. L’histoire de la croissance africaine est soutenue par un processus de réformes économiques et réglementaires à long terme, et ce, dans une grande partie du continent et

depuis la fin de la guerre froide. Il s’agit en effet d’une période pendant laquelle l’inflation a été maîtrisée. La dette extérieure et les déficits budgétaires ont été réduits, les entreprises publiques ont été privatisées et les systèmes réglementaires et juridiques ont été renforcés. Ce qui a permis à de nombreuses entreprises africaines de s’ouvrir au commerce et aux investissements internationaux. Au cours de cette période, un certain nombre d’économies africaines ont enregistré des taux de croissance impressionnants. Selon The Economist, à l’échelle mondiale et sur une période allant de 2001 à 2010, parmi les dix économies les plus rapides en croissance, six sont africaines !   En plus des réformes économiques fondamentales et réglementaires, des progrès considérables dans le développement humain et les indicateurs de gouvernance ont également eu lieu. La société africaine est de plus en plus riche et bénéficie d’une plus grande capacité de consommation. Parallèlement aux progrès technologiques, une classe moyenne en pleine croissance est également à l’origine d’une société civile toujours plus active qui exige une voix participative et la responsabilisation de ses politiciens. La croissance de la population se traduit par un afflux de nouveaux arrivants sur le marché du travail, l’augmentation de la pression sociale mais aussi la création d’un nouveau marché de consommation. Sa riche dotation en ressources

naturelles joue un rôle important dans son développement économique.   Dans son rapport sur l’Afrique subsaharienne, l’IFF : Institute of International Finance a repris sept pays, dont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et la Zambie. Ensemble, ceux-ci représentent 65% de l’économie de la région. Ce rapport, déclare que cette forte performance économique a été soutenue par un processus politique plus démocratique et une meilleure gestion macroéconomique, aidé par un boom des matières premières étendues ainsi qu’un allègement important de la dette. Pour six de ces pays, hormis l’Afrique du Sud, la dette extérieure totale est passée de 62% du PIB en 2003 à seulement 17% en 2011. Les déficits budgétaires demeurent un problème pour certains pays car les gouvernements peinent à contenir les revendications salariales. Le fait que l’Ethiopie a été invitée, une fois de plus, à assister au prochain sommet du G-20 est certainement une bonne chose ! On pourrait croire que l’Afrique est désormais à égalité avec l’Amérique du Sud, qui est représentée par deux pays au G-20 : l’Argentine et le Brésil. Cependant, cette comparaison est inexacte car l’Éthiopie n’est pas membre de ce sommet. Elle n’en est que l’invitée. Par conséquent, le seul représentant officiel du continent africain à ce sommet reste l’Afrique du sud.

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Travailler avec l’Afrique : le choix de Katherine Delmotte PROPOS RECUEILLIS PAR LILIANE KISSIMBA

Madame Delmotte est une entrepreneure, qui a choisi de travailler avec l’Afrique. Souriante derrière son ordinateur, dans son bureau de Bruxelles, elle nous reçoit en présence de Thierry Tesch, son collaborateur. Elle nous invite à nous asseoir et nous raconte son histoire.

Quel a été chez vous le déclic pour créer votre entreprise ?   J’ai travaillé quinze ans chez Peugeot à Kinshasa, j’y ai construit des relations agréables et assez importantes. Ces personnes me demandaient souvent d’envoyer un courrier ou l’autre, etc. En 1991, lors des pillages, j’ai pensé à mettre en place un service personnalisé pour ceux qui ont besoin d’envoyer leurs courriers bancaires et autres documents vers l’Europe. C’est ainsi que le 2 février 1994, je suis montée dans l’avion avec deux petites enveloppes. Mon investissement de départ a été l’achat de quatre billets d’avion et un ordinateur. Je me suis fixée alors une période d’un mois d’essai. Quelle a été la seconde étape ?   Je me suis associée avec autre une femme et Thierry Tesch. Depuis combien d’années travaillez-vous ensemble ?   À vrai dire, M. Tesch a pris une autre route avec mon associée et nos routes se sont séparées pendant 10 ans. Mais finalement, nos chemins se sont à nouveau croisés. Vous êtes fondatrice de KPM, pouvez-vous nous donner la signification du nom de votre société ?   KPM correspond à Kinshasa Personal Mail. Quels sont les services que vous offrez ?   Il y a 10 mois, mon collaborateur m’a convaincue d’ajouter à nos services le transport maritime. Au départ, j’étais un peu réticente, pour la simple raison qu’il est difficile de donner des délais de livraison précis. Le transport prend plus de temps et il y a aussi plus d’aléas. Mais, je me suis finalement laissé convaincre. Nous offrons donc désormais les services maritimes, l’aérien conventionnel et l’aérien express. En pratique, cela représente une expédition maritime, quatre expéditions par cargos conventionnels et huit expéditions aériennes expresses chaque mois. Le maritime part toujours en fin de mois, le cargo conventionnel tous les mercredis et enfin, il y a deux départs express par semaine (mardi et vendredi). N’avez-vous jamais eu de problème de délais de livraison ?   Non jamais. Pensez-vous étendre vos activités dans d’autres pays ?   Pas vraiment. J’estime que pour mieux faire son travail, il faut bien connaître le pays. Le Congo, je peux m’en vanter,

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Le marché LOHAS une opportunité d’entreprendre je le connais plutôt bien. Je connais les Congolais et leur mentalité, ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Ailleurs, je serais tout à fait perdue. Et puis il y a encore beaucoup à faire au Congo et c’est passionnant ! Que pouvez-vous dire à ceux qui sont frileux d’investir en Afrique ?   C’est regrettable. Je vous assure que je préfère travailler avec l’Afrique plutôt qu’avec l’Europe. L’Europe est saturée alors que l’Afrique est comme un bébé qui a besoin de beaucoup de choses pour grandir. En résumé, il y a nettement plus de potentiel en Afrique qu’en Europe ! Monsieur Tesch, votre concept a été repris par beaucoup de personnes. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?   Je dirais que s’il a été copié, c’est que c’est un bon concept ! Et un concept qui a fait ses preuves qui plus est. Notre société se porte bien ! D’un autre côté, le fait que le concept soit parfois mal copié est une mauvaise publicité, surtout lorsqu’on utilise notre nom. Madame Delmotte avez-vous déjà pensé à poursuivre en justice ceux qui ont utilisé abusivement le nom de votre société ?   Non, la vie se charge d’eux ! Il y a un an toute mon ancienne équipe est partie à un kilomètre de nos bureaux pour faire le même business en emportant tout mon portefeuille clientèle. Je peux imaginer que cela a dû être une épreuve pour vous.   C’est vrai. Cela m’a fait mal sur le moment mais la vie s’est chargée d’eux. Les clients n’ont pas apprécié et ils sont en train de revenir vers nous. Je fais confiance à mes clients ! D’autant qu’il n’y en a pas beaucoup qui étaient partis.

Si je comprends bien, vous avez un secret qui fait que vos affaires marchent bien ?   La serviabilité est essentielle. Nous essayons de toujours satisfaire le client du mieux que nous pouvons. À titre d’exemple, il faut assurer un très bon suivi des colis, bien répondre aux clients, être accueillant, disponible et courtois. Enfin, il faut aussi pouvoir solutionner tous les problèmes. Monsieur Tesch, avez-vous déjà été en Afrique ?   Il y a un an je suis allé à Kinshasa pour visiter nos bureaux. Quelle a été votre impression ?   Cela correspondait bien à l’image que je m’en faisais avant de partir. Étant donné que je connais beaucoup des gens qui y vont régulièrement, ils m’avaient fournis des informations et leurs impressions. Lorsque je me suis moi-même retrouvé sur place, j’ai constaté que cela correspondait assez bien à leurs dires. Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à ceux qui souhaiteraient travailler avec le Congo ?   Ne pas jouer au patron ! Le fait de jouer au patron est une chose mais être un bon patron polyvalent qui donne des idées, crée et fait le suivi des affaires, ça c’en est une autre ! Il y a du potentiel et beaucoup à faire, je ne peux qu’encourager les gens à se lancer ! Avez-vous aujourd’hui le sentiment d’être une femme d’affaires accomplie ?   On peut toujours mieux faire, j’ai encore beaucoup de choses à accomplir et je ne peux vraiment pas faire de bilan maintenant.

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OHAS est l’acronyme de Lifestyles Of Heath And Sustainability, un segment de marché axé sur la santé, la forme physique, l’environnement, le développement personnel, le mode de vie durable et la justice sociale. Aux États-Unis, ce marché représente 50 millions de consommateurs qui achètent uniquement des produits et services respectant l’environnement, le droit social ou l’être humain. Ce qui leur importe avant tout, c’est l’authenticité des produits et des services qu’ils consomment. Le marché des consommateurs LOHAS dans le monde est estimé à +/- 210 milliards par an, secteur des soins personnels inclus (soin du corps, compléments alimentaires, médecine alternatives).   Dans ce contexte, l’Afrique est très bien placée car elle possède des connaissances indigènes méconnues en Occident. De plus, elle possède des substances naturelles qui sont parties intégrantes et authentiques de sa culture. Ces substances pourraient notamment servir de base à des projets de création d’entreprises dans les secteurs alimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques.   Le marché LOHAS est divisé en sept secteurs : le bien-être et la santé, la construction respectueuse de l’environnement, l’éco-tourisme, l’alimentation naturelle, le transport alternatif, moins polluant, l’énergie alternative issue des ressources naturelles et enfin l’investissement socialement responsable. Aujourd’hui, l’heure est incroyablement favorable pour entreprendre !

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L’insécurité alimentaire et la malnutrition, quelles solutions ? Par Liliane Kissimba

Les rapports des institutions internationales montrent que le combat contre la famine et la malnutrition dans les pays pauvres et dans les pays en voie de développement est rude. Avec la crise actuelle, il ne faut plus aller loin pour être confronté à la pauvreté et aux problèmes alimentaires. Ce phénomène ne touche plus uniquement les pays pauvres mais se généralise.

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e Sommet mondial de l’alimentation de 1996 définit ainsi l’état de sécurité alimentaire : « lorsque les personnes, en tout temps, ont une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs goûts alimentaires, et leur permet de mener une vie saine et active ». Aujourd’hui, la sécurité nutritionnelle est atteinte si l’accès à l’alimentation est couplé à un environnement sanitaire, aux services de soins et de santé adéquats et compétents pour assurer une vie saine et active pour tous les membres du ménage. La malnutrition se produit lorsque le régime alimentaire d’un individu ne fournit pas suffisamment les calories et protéines nécessaires à sa croissance et son entretien. La malnutrition est une conséquence directe de l’insécurité alimentaire.   En Afrique, les causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition sont diverses. Parmi elles sont la pauvreté 20

et les pénuries alimentaires. Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont incapables de payer la totalité de l’aliment de base dont elles ont besoin. De surcroît la pauvreté limite la capacité des ménages à investir dans l’agriculture. La pauvreté s’est aggravée avec des facteurs tels que les conflits, les épidémies et les changements climatiques. Les conflits violents, les troubles ethniques, ainsi que les querelles sur les lignes frontalières, ont contribué à l’exode des populations. À l’inverse, les pays qui ont mis fin à leurs conflits, ont vu la reprise économique substantielle ainsi que la réduction de l’extrême pauvreté et de la malnutrition.   La faible consommation alimentaire accroît la vulnérabilité aux maladies infectieuses. Les mères souffrant de malnutrition sont plus à risque de mourir lors de l’accouchement. Également de donner naissance à des nourrissons de faible poids qui parviendront diffici-

lement à survivre. Les enfants sous-alimentés souffrent souvent de retards de croissance qui paralysent et raccourcissent leur vie. Le fléau se transmet à la prochaine génération, perpétuant ainsi le cercle vicieux du faible développement humain et de la misère.   Pour Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, président de l’alliance pour une révolution verte en Afrique : « Il ne suffit pas de nourrir les affamés lorsque la famine les frappe. Nous devons investir dans des solutions à long terme pour corriger les conditions qui créent la famine. (…) En parallèle, nous devons traiter les aspects les plus urgents de ce problème à une échelle mondiale. Il s’agit notamment du prix élevé des denrées alimentaires, de la volatilité encore plus importante des prix, du rôle de la spéculation sur ces derniers, et des conséquences du changement climatique sur l’agriculture, particulièrement dans les régions vulnérables telles que la Corne de l’Afrique. Nous devons utiliser la


(Sources FAO et Unicef, 2009-2010)

science et les technologies, l’éducation et les différents outils politiques pour permettre aux agriculteurs de s’adapter à des conditions changeantes et de produire davantage de nourriture. Le développement ne peut plus être réduit à une simple relation entre les riches et les pauvres, les donateurs et les bénéficiaires, les prêteurs et les débiteurs. Au contraire, chaque nation doit assumer sa part de responsabilité et agir sur la scène mondiale pour résoudre le problème de la faim. Nous devons travailler ensemble pour mettre sur pied un secteur agricole africain qui soit à même de nourrir l’Afrique et, en fin de compte, de contribuer à nourrir le monde. Nous avons beaucoup à apprendre des expériences menées jusqu’ici en matière de transformation agricole et d’utilisation des nouvelles technologies. Cependant, l’ensemble des gouvernements, y compris ceux du continent, doivent tenir leurs promesses et mettre en place les outils de financement et les politiques nécessaires à une croissance de l’agriculture en Afrique. Car c’est là que se trouve le plus grand potentiel pour accroître la production alimentaire et mettre fin, une fois pour toutes, au problème chronique de la faim, de la pauvreté et de la famine. »   En regard de ce qui précède, nous pouvons affirmer que la production des denrées alimentaires en quantité suffisante et de bonne qualité constitue une base première de développement. Ne dit-on pas, ventre affamé n’a point d’oreilles ? Pour progresser économiquement et réduire l’insécurité alimentaire, la plupart des pays devront valoriser les ressources humaines et les capacités productives du secteur agricole et contribuer ainsi au développement économique et social.   En Europe, existe la politique agricole commune. Il y a plus de cinquante ans, la politique agricole européenne avait pour but de nourrir suffisamment les populations au lendemain d’une décennie de privations dues à la guerre. La production était subventionnée et les prix soutenus par le rachat des excédents. Ces méthodes n’existent plus. Aujourd’hui, les subventions soutiennent les revenus des agriculteurs sans être liés à la production. En contrepartie, les agriculteurs s’engagent à

respecter des normes de protection de l’environnement, le bien-être des animaux, la sécurité alimentaire et à veiller au bon entretien des terres. La PAC vise à permettre à tous les producteurs de denrées alimentaires de : produire en quantités suffisantes des aliments sûrs et de haute qualité, participer à la diversification économique des zones rurales, et appliquer des normes exigeantes en matière de protection de l’environnement et de bien-être animal. Les dépenses agricoles sont financées par deux fonds, qui sont compris dans le budget général de l’Union Européenne  : le fond européen agricole de garantie (FEAGA), qui finance les paiements directs aux agriculteurs et les mesures destinées à réguler les marchés agricoles, telles que les interventions et les restitutions à l’exportation, et le fond européen agricole pour le développement rural (FEADER), qui finance les programmes de développement rural des États membres.   Pendant que l’Europe se constitue en PAC (politique agricole commune) et offre des possibilités de financement à ce titre, le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) quant à lui intervient dans les zones ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, accroître la prospérité dans les zones rurales et garantir une bonne gestion des ressources naturelles. Le CTA opère dans le cadre de l’Accord de Cotonou et est financé par l’UE. Il a pour but d’aider les individus, groupes, organisations et réseaux avec lesquels il travaille, en leur permettant de construire et de renforcer leurs capacités afin de devenir autonomes. Le centre encourage l’équité homme/femme ainsi que l’implication active des jeunes dans ses programmes et ses accords de partenariat. Il travaille de manière étroite avec un grand nombre de partenaires de l’ACP pour réaliser ses projets. Ces partenariats peuvent être de moyenne ou longue durée. Pour identifier et mettre en œuvre des projets, le CTA lance de manière régulière des appels à propositions et des appels d’offres pour des prestations de services. Sécuriser les

En chiffres :

925 millions

C’est le nombre d’êtres humains souffrent de sous-nutrition sur notre planète, dont la moitié en Asie et un quart en Afrique.

200 millions

C’est le nombres d’enfants, de moins de cinq ans, qui n’atteindront jamais un poids normal à cause d’une malnutrition chronique. Parmi eux, 41 millions souffrent de malnutrition aiguë modérée et 26 millions sont touchés par la forme la plus meurtrière : la malnutrition aiguë sévère.

3,5 à 5 millions

C’est l’estimation du nombre d’enfants, de moins de cinq ans, qui décèdent, chaque année, des suites de malnutrition ou de maladies associées. Soit un tiers des décès chez les enfants de moins de cinq ans, dans les pays en développement.

24 millions

C’est l’estimation du nombre d’enfants de plus, touchés par la faim, si l’on ne fait rien d’ici 2050.

20 centimes

Cette somme en euro par jour suffit à fournir l’ensemble des vitamines et des micro-nutriments dont un enfant a besoin pour être en bonne santé. produits alimentaires et renforcer les politiques agricoles en Afrique c’est un défi de longue haleine. Pour les pays de l’ACP, consacrer plus 8% de leur budget à l’agriculture est un objectif audacieux, compte tenu des nombreuses autres priorités. Cependant, la prospérité souhaitée du secteur agricole permettra de réduire les besoins de financement des programmes sociaux de lutte contre la faim et la pauvreté. 21


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Le premier objectif de l’ONU, pour la réduction de la pauvreté d’ici 2015, est la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim. Nous savons que ces dernières années le nombre de déplacés suites aux persécutions et aux changements climatiques est fort élevé. L’objectif premier de l’ONU aura beaucoup de mal à se réaliser à cause de la crise économique et de l’augmentation des prix des denrées alimentaires.   L’agriculture est un secteur d’investissement à encourager afin qu’une alimentation de qualité et en quantité suffisante soit accessible à tous. La production et les rendements agricoles africains sont très inférieurs aux normes. Plus de 60 % du total des terres arables inexploitées dans le monde se trouveraient sur le continent africain. Pour que l’Afrique puisse développer son agriculture et nourrir sa population, elle se doit d’encourager les efforts internes et protéger ses marchés trop souvent tournés vers l’importation, à plus de 70%. Le producteur local est souvent découragé face aux prix compétitifs du poulet surgelé venant d’un pays lointain ou encore par le prix du riz asiatique moins cher que celui des agriculteurs locaux.   Parallèlement, l’Afrique devra développer ses infrastructures de transport, de stockage, de communication et elle devra aussi donner les moyens à la recherche agricole et agro-industrielle pour tirer parti de son potentiel. Une interaction entre les investissements privés et l’action publique apportera un souffle nouveau pour rendre le secteur plus attractif. La mise en place des fonds d’investissement agricole pour soutenir les investisseurs et les nouveaux agriculteurs, la mise en place des outils de formation continue, l’aide à l’installation et à la modernisation des exploitations agricoles sont des éléments nécessaires pour obtenir des bons résultats et améliorer ainsi la compétitivité. Le travail en équipe n’est pas à négliger, les agriculteurs ruraux auront tout à gagner en unissant leurs efforts et leurs expériences, en adoptant des nouvelles méthodes de travail. 22

« Aujourd’hui, la faim tue plus de personnes que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis. » Malgré les efforts partout dans le monde pour combattre la malnutrition et l’insécurité alimentaire, le chemin pour atteindre l’objectif de 2015 : éradiquer la pauvreté, est très long. Il y a pourtant assez de nourriture dans le monde pour tout le monde, cependant beaucoup meurent de famine et de malnutrition même dans les pays dit développés !


Quelques institutions d’aide agricole et au développement pour les pays en voie de développement : La FAO est l’organisme chargé du développement rural. Elle vise à soulager la pauvreté et la faim en favorisant le développement agricole. Le FIDA Le fond international de développement agricole combat la faim et la pauvreté dans les régions rurales à faible revenu et en déficit vivrier. Son travail consiste à mobiliser des ressources pour améliorer la production de nourriture et l’alimentation chez les pauvres des pays en voie de développement. Le FIDA fait participer les défavorisés des régions rurales à leur propre développement. Le PNUD est le programme des Nations Unies pour le développement. Il poursuit trois grands objectifs : aider l’ONU à devenir une force efficace et cohésive pour le développement humain durable, travailler à l’élimination de la pauvreté, à la régénération de l’environnement, à la création d’emplois, à l’avancement de la condition féminine, et renforcer la coopération internationale favorisant le développement humain durable. Le PAM Le programme alimentaire mondial s’occupe d’environ trois millions de tonnes d’aide alimentaire. Il a pour mandat de lutter contre la faim et la pauvreté dans les pays en voie de développement. Le PAM se sert de l’aide alimentaire pour contribuer au développement socio-économique. Dans les situations d’urgence, il fournit des secours rapides pour sauver la vie des victimes de la guerre et des catastrophes qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine. Le PAM achète des biens et des services aux pays en voie de développement pour consolider leur économie et anime des programmes pour aider les gens à accéder à l’autonomie. L’UNICEF le Fonds des Nations Unies pour l’enfance est voué à la protection, à la survie et à l’épanouissement des enfants dans le cadre de la Convention relative aux droits de l’enfant. L’UNICEF vise à améliorer la vie des enfants, surtout ceux des pays en voie de développement. Pour ce faire, il anime des programmes communautaires à faible coût, visant les soins de santé primaires, l’alimentation, l’instruction de base, l’assainissement de l’eau et de l’environnement, et la participation de la femme au développement. Il défend le respect des droits de la personne pour tout les enfants. L’organisme a reçu le prix Nobel de la paix en 1964. Tous ces organes, programmes et institutions relèvent de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social. Chacun a son pôle de direction. Ces organismes administrent un programme d’action de plus en plus coordonné bien que très diversifié. Avec les Nations Unies, ils constituent ce que l’on appelle le système onusien. La Fondation Syngenta pour l’agriculture durable. Elle travaille avec les communautés rurales de régions semi-arides à promouvoir les pratiques agricoles.

Le CASD ou Crédit Agricole Solidarité et Développement. Depuis de nombreuses années, cette association participe au développement rural des pays du Sud, en soutenant les activités agricoles, l’artisanat et le commerce, et en répondant aux besoins de première nécessité : accès à l’eau, la santé et l’éducation. La FARM La Fondation pour l’Agriculture et la ruralité dans le Monde étudie l’évolution du financement de l’agriculture dans les pays en développement. La fondation mène des initiatives innovantes en soutenant des organisations de producteurs agricoles notamment en analysant leurs besoins, pour favoriser le rapprochement avec des institutions financières locales. La FARM analyse les impacts des politiques dans le monde sur l’agriculture des pays en développement et suit les négociations internationales. Elle étudie les évolutions des marchés agricoles et leurs causes. Le CIRAD Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, en partenariat avec les pays du Sud, produit et transmet de nouvelles connaissances, pour accompagner leur développement agricole et contribuer aux débats sur les grands enjeux mondiaux de l’agronomie. Il est présent : en Afrique orientale et australe, en Afrique centrale, en Afrique de l’ouest, à Madagascar, à la Réunion et Mayotte, en Asie du sud-est, aux Antilles et Guyane, en Amérique latine, aux Caraïbes, en Île de France, en Languedoc Roussillon, et dans le bassin Méditerranéen. IRRI est le nom de l’institut international de recherche sur le riz, (International Rice Reach Institute). l’IRRI développe des variétés de riz et de nouvelles techniques de gestion de ses cultures, afin d’aider les riziculteurs à améliorer le rendement et la qualité de leur culture de manière écologiquement durable. Il travaille, avec des partenaires des secteurs public et privé dans la recherche agricole nationale et les systèmes de vulgarisation, dans les principaux pays producteurs de riz pour faire des recherches, des formations et favoriser le transfert des connaissances. Leur recherche économique et sociale informe également les gouvernements pour les aider à formuler des politiques visant à améliorer l’approvisionnement équitable du riz. L’OCDE ou l’organisation de coopération et de développement économique, offre aux gouvernements un forum où ils peuvent conjuguer leurs efforts, partager leurs expériences et chercher des solutions à des problèmes communs. Elle travaille ainsi avec les gouvernements afin de comprendre quel est le moteur du changement économique, social et environnemental. Elle mesure la productivité et les flux mondiaux d’échange et d’investissement, analyse et compare les données afin de prédire les tendances à venir. Elles établie des normes internationales dans un grand nombre de domaines, de l’agriculture à la fiscalité en passant par la sécurité des produits chimiques. 23


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nutriset, une soLution contre La maLnutrition

Par LiLiane Kissimba aSSISTÉE DE Faustine Lescanne PHOTO nutriset

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epuis sa fondation, Nutriset se fixe comme cap une action éthique et responsable au service des enfants malnutris. Pour cela l’entreprise n’a cessé d’inventer, de concevoir et de diffuser des produits nutritionnels qui ont permis des avancées importantes dans la prise en charge de la malnutrition aiguë. Grâce à une collaboration constante entre les scientifiques, les humanitaires et leurs bailleurs de fonds, Nutriset a pu réalimenter entre 20 à 25 millions d’enfants avec sa gamme Plumpy’Nut et ses produits dérivés. une société responsable Acteur privé engagé dans une démarche solidaire et planétaire, Nutriset s’affirme et se donne les moyens de son indépendance. Sa vision originale de la responsabilité va au-delà du mandat de lutte contre la malnutrition qu’elle s’est fixée. Plusieurs responsabilités incombent à cette société. Tout d’abord sa responsabilité économique : elle se doit assurer la pérennité de l’entreprise afin de remplir sa mission auprès des enfants et de garantir les emplois de ses salariés. Puis sa responsabilité sociale : aspirer à un monde plus juste, et permettre à chacun de participer au changement. Enfin sa responsabilité développementale : mettre l’audace au service d’un développement novateur de son activité. une production locale L’objectif de la PME est de devenir un véritable levier de développe-

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ment des pays du Sud, au service de leur autonomie alimentaire. Pour pallier aux urgences et rendre accessibles, facilement et localement, ses produits, Nutriset a fait le choix de stimuler la production dans les pays en développement frappés par la malnutrition en créant et en développant PlumpyField, un réseau d’entrepreneurs locaux spécialisé dans la production de solutions nutritionnelles. Cette démarche facilite l’accès à des produits de qualité au plus près des acteurs humanitaires et des enfants et permet également de créer des emplois et de soutenir des filières agricoles locales. Elle stimule aussi un échange permanent de savoir-faire entre pays, en suivant différents axes : Sud-Nord, Nord-Sud, Sud-Sud. Elle amorce enfin une nouvelle révolution : celle de l’autonomie nutritionnelle pour tous. De hauts moyens de production Face à une demande fortement variable et difficilement prévisible, des investissements importants ont été réalisés pour développer un outil industriel toujours plus réactif. Avec une capacité de production de 61 500 tonnes en 2011. Nutriset peut ainsi répondre aux commandes urgentes de ses partenaires humanitaires. Malheureusement le nombre de programmes de prise en charge des enfants sévèrement malnutris ne cesse d’augmenter, notamment par la situation exceptionnelle de la Corne de l’Afrique et l’anticipation d’une crise alimentaire et nutritionnelle dans la région du Sahel.

La prévention Nutriset a développé une dynamique transversale nommée Access. L’enjeu majeur de ce groupe de travail est de prévenir la malnutrition en favorisant l’accès des populations vulnérables à des produits nutritionnels de qualité. Cette démarche passe par l’identification des besoins réels, la compréhension des comportements des populations cibles, et la recherche de systèmes de distribution efficaces. De nombreuses enquêtes sont alors menées avec la collaboration d’acteurs locaux : ONG, institutions locales, communautés villageoises ou groupements de la société civile. Alors que la malnutrition menace 2,5 milliards d’êtres humains qui vivent avec moins de deux dollars par jour, le souhait des équipes Access de Nutriset est de donner la possibilité à cette population de trouver sur le marché des produits de prévention. Des brevets accessibles L’entreprise a fait le pari, parfois critiqué, de rendre ses brevets prioritairement accessibles aux pays frappés par la malnutrition. C’est ainsi que les membres du réseau PlumpyField et toute société locale basée dans un pays en développement recensé par Nutriset peuvent avoir accès à ces innovations. Cette stratégie a permis de développer localement des centres de production, des industries et indirectement de créer des emplois, d’utiliser des ressources locales, de diffuser des savoirs. Mettre à disposition des brevets et autres propriétés intel-


michel Lescanne, ingénieur agroalimentaire, se consacre à la recherche de solutions nutritionnelles adaptées aux enfants et à leurs conditions de vie. en 1986, il créé nutriset une société familiale installée en normandie. nutriset consacre toute son activité à l’action humanitaire et sociale des pays en développement.

et la malnutrition dans un continent où les chiffres de malnutrition sont croissants à cause des situations de guerre et climatique.

lectuelles, est pour les dirigeants de Nutriset, un engagement dans l’aide au développement et un pas de plus vers la construction de l’autonomie nutritionnelle. Le premier relais de diffusion des brevets de Nutriset est PlumpyField. Ce réseau de partenaires regroupés dans le cadre d’une franchise permet à des entrepreneurs du Sud de fabriquer des produits Nutriset en utilisant les marques et les savoir-faire associés, mais aussi de bénéficier des évolutions et des innovations sur ces mêmes types de produits.

Le second relais de diffusion proposé prend la forme d’un accord d’usage. Il s’adresse aux entrepreneurs basés dans un pays en développement qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas rejoindre le réseau et qui, pourtant, veulent développer leurs propres produits en utilisant le brevet Nutriset. À ce jour, six structures ont contracté cet accord en Afrique. Il serait pourtant intéressant que les pays d’Afrique s’implique d’avantage et contractent ces accords d’usage pour combattre efficacement l’insécurité alimentaire

Politique de sécurisation face aux crises L’entreprise invente et produit, depuis ses débuts, des aliments nutritionnels qui doivent être plus largement diffusés, accessibles et disponibles à un nombre toujours plus grand de bénéficiaires. Depuis quelques années, les cours du pétrole, du gaz naturel, du blé, du coton, du maïs et d’autres produits de base semblent désormais engagés dans une perspective de hausse des prix durable. En cause, la forte demande mondiale, la part croissante des pays émergents, ainsi qu’une plus grande synchronisation des cours des matières premières avec les mouvements, souvent spéculatifs, des marchés boursiers. Les modifications de consommation en Chine et en Inde, couplées à l’explosion démographique, perturbent l’équilibre entre l’offre et la demande ce qui impact considérablement la hausse de prix des denrées alimentaires. Ainsi, le prix du riz a doublé en cinq ans, celui de l’huile de palme brute doublé en dix ans, celui de la poudre de lactosérum doublé en cinq ans, celui du sucre raffiné blanc doublé en trois ans, enfin celui de l’arachide doublé en deux ans. Ces derniers produits ont un impact direct sur le prix des produits fabriqués par Nutriset. L’entreprise a donc mis en place une politique de sécurisation de ses 25


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« Nourrir les enfants est le cœur de l’engagement de Nutriset. » achats tout en maintenant un haut niveau de qualité de ses approvisionnements. Quelques chiffres En 2011, la production des produits Nutriset s’élevait à : 20 000 tonnes de Plumpy’Nut, aliment thérapeutique prêt à l’emploi, et 765 tonnes de laits spécifiques dédiés aux traitements hospitaliers ont été produites, permettant la prise en charge de plus de 1,5 million d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. 15 000 tonnes de Plumpy’Sup et Plumpy’Doz, aliments prêts à l’emploi, ont accompagné le traitement et la prévention de la malnutrition aiguë modérée de 2,4 millions d’enfants et personnes vulnérables (femmes enceintes et allaitantes…). 148 tonnes de Nutributter, un fortifiant de l’aliment de complément (LNS), ont été produites et distribuées à 41 000 enfants.   Ainsi, 4,8 millions d’enfants ont été pris en charge en 2011 avec des rations prêtes à l’emploi fabriquées par Nutriset et le réseau PlumpyField, soit plus de 47 000 tonnes.   Les produits conçus pour la prise en charge de la malnutrition aiguë, 26

sévère et modérée sont de plus en plus utilisés à travers le monde par les partenaires de la chaîne humanitaire (Agences des Nations unies, ONG, fondations, associations, universités et centres de recherche), mais le terrain d’intervention se situe encore largement en Afrique. Formation Nutriset a crée en collaboration avec 2iE, un centre de formation aux métiers de l’agroalimentaire, qui propose un enseignement optimisé et continu aux forces vives du réseau PlumpyField. Le contenu pédagogique a été élaboré par des professionnels et validé par les spécialistes de Nutriset. Le cursus se déroule en deux temps. D’abord une validation ou une acquisition des pré-requis des métiers, qui se réalise à distance via une plateforme ; puis une formation en face-à-face sur le site. Chaque module donne lieu à un rapport pédagogique sur les compétences acquises.

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www.nutriset.fr

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es donateurs travaillant sur la sécurité alimentaire se sont réunis à l’occasion de l’assemblée générale de la « Plateforme mondiale des Donateurs pour le Développement rural », organisée par le Ministère néerlandais des affaires étrangères sous le thème général Alimentation, agriculteurs et marchés. Le discours d’ouverture par le professeur Tim Lang, de la City University de Londres a provoqué de vives discussions. Septante années de ce qu’il appelle « le paradigme productiviste » ont montré que l’agriculture n’est qu’un des éléments pour un bon système alimentaire, qui se doit d’être sain, durable et créateur d’emplois. Produire plus est important, tout comme il est crucial de mieux faire le lien entre les surplus et les zones en déficit alimentaire, surtout en Afrique. Ceci dit « produire et vendre plus » dans quel but ? Quel système alimentaire favorisons-nous lorsque nous voulons relier les agriculteurs aux marchés ?   Le monde a changé au cours de ces septante dernières années. Aujourd’hui, plus de gens vivent dans les villes que dans les zones rurales. Globalement, nous produisons déjà plus que nécessaire pour nourrir tout le monde. La faim est largement due d’une part à


la sécurité alimentaire, c’est produire plus ou manger mieux ?

PAR Francesco Rampa

Certains pays dans le monde, notamment en Afrique, ont sans nul doute besoin d’avoir un accès plus sûr à la nourriture afin de lutter contre la faim. Ce qui nécessite d’augmenter la production et la productivité dans l’agriculture, ainsi qu’une meilleure intégration des marchés agricoles régionaux. Le rôle des donateurs dans le soutien de ces efforts est important. Mais la sécurité alimentaire est-ce produire plus de nourriture ou manger mieux ? De même, est-ce que les décideurs posent les bonnes questions ?

une distribution inefficace de la nourriture et d’autre part aux inégalités sociales. La cause n’est pas une éventuelle sous-production. Les derniers chiffres montrent qu’il y a plus de personnes obèses (1,4 milliards) que souffrant de la faim (0,9 milliards), et souvent, ces deux problèmes coexistent au sein d’un même pays.   La croissance économique rapide dans les pays en développement entraîne une nouvelle production alimentaire et de nouvelles habitudes de consommation. Parallèlement, les régimes alimentaires ancestraux et sains comme ceux des chinois sont en voie de disparition. Les aliments gras hautement transformés et les boissons gazeuses dans les supermarchés y sont de plus en plus populaires. L’expansion de la classe moyenne a également conduit à une augmentation spectaculaire de l’obésité en Afrique sub-saharienne : 5% de la population totale des femmes et 61% des adultes dans le pays le plus riche - l’Afrique du Sud, sont en surpoids. Ainsi, les objectifs écologiques et de santé publique devraient stimuler l’agriculture et le développement rural et ne pas se limiter uniquement à des buts productifs et commerciaux. Certains scientifiques disent que l’agri-

culture doit être orientée vers le soutien d’un régime alimentaire sain, d’écosystèmes durables et de création d’emploi. Par conséquent, la solution réside dans la promotion de l’horticulture, pas dans celle de l’agriculture. Les plantes sont plus saines que la viande et les produits transformés (remplis de sucre et d’additifs). L’horticulture génère plus d’emplois que la culture de rapport ou de nourritures. Nous devons augmenter la biodiversité dans chaque parcelle et manger plus des plantes cultivées.   Aux critiques pointant que le monde devra doubler la production alimentaire mondiale d’ici à 2050, les scientifiques répondent que nous ne devrions pas paniquer maintenant, nous avons le temps avant 2050. Ce dont nous avons besoin c’est d’un débat politique sérieux sur les systèmes alimentaires reliant tous les secteurs concernés et les différents experts. Ainsi, quatre des « bonnes questions  » que nous devons traiter d’urgence sont : Les OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) portaient pour la plupart sur un ​​ monde de sous-consommation : est-ce que le débat post-OMD, qui se déroule dans un monde de surproduction, peut répondre aux questions ci-dessus ?

L’Afrique est la région la plus durable en termes de systèmes alimentaires, mais cela va-t-il durer ? L’Europe est le plus grand marché alimentaire dans le monde (en valeur), mais comment pouvons-nous le rendre plus sain ? Et comment l’Europe et l’Afrique peuventelles travailler ensemble pour un avenir plus durable?   La sécurité alimentaire représente bien plus qu’une augmentation de la production, de la productivité et du commerce agricole. Que proposent vraiment les modèles de développement et systèmes alimentaires largement soutenus comme le Programme Complet de Développement de l’Agriculture Africaine (PCDAA) ? Lorsque l’on cherche les meilleures pratiques et solutions, de nombreux donateurs semblent encore penser en termes de projets individuels ou bien fournissent des suggestions dans lesquelles les cultures des pays africains devraient investir. Les donateurs sont-ils prêts à s’adapter plus rapidement à la réalité changeante de l’agriculture et des systèmes alimentaires ? Sont-ils prêts à soutenir l’holistique PCDAA africain ? Si c’est le cas, c’est presque comme si c’était de la nourriture pour la pensée !

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Agir

Non aux viols et violences faites aux femmes !

PAR LILIANE KISSIMBA photo Georges YOMBU

70%

Nous avons constaté que dans la plupart des pays, la Journée internationale des femmes a été marquée par des réflexions sur la question des viols et violences faites aux femmes. Le viol est en effet une arme d’oppression au niveau familial, professionnel, national et même international. Aujourd’hui, le voile se lève sur ce tabou. Les langues se délient et les gouvernements prennent des mesures.

603 millions

N

La situation mondiale actuelle en quelques chiffres :

50%

des agressions sexuelles sont commises sur des jeunes de moins de 16 ans.

de femmes ont déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles dans le monde.

de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n’est pas considérée comme un crime.

+ de 60 millions

de jeunes filles dans le monde sont mariées avant l’âge de 18 ans.

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ous nous rappelons avec indignation la mort d’une étudiante indienne de 23 ans, après un viol collectif dans un autobus; ses agresseurs l’avaient ensuite jetée à moitié nue sur la voie publique parachevant ainsi leur acte odieux. Des femmes de l’Est de la République Démocratique du Congo vivent de pareilles situations dégradantes depuis une dizaine d’années. Nous constatons que les viols et tentatives de viol vont croissant partout dans le monde. Ceci explique sans doute le choix du thème « Élimination et prévention de toutes les formes de violence envers les femmes et les filles » par la communauté internationale. Cette année, les réflexions étaient davantage au rendez-vous que les festivités.   Dans le but de prévenir et d’éliminer les viols, il est par ailleurs nécessaire que la communauté internationale s’aligne sur une même définition du mot viol. Comment donc définir le viol ? Le viol est « un rapport sexuel imposé à quelqu’un par la violence ou sous la contrainte. Il constitue pénalement un crime ». Au Canada, l’« infraction de viol » a été abolie et remplacée par le « crime d’agression sexuelle », afin de mettre l’accent sur la dimension violente de l’acte. Et pour y inclure toute forme d’attouchement sexuel non consenti. Pour l’Organisation des Nations Unies, le viol est défini comme « toute forme de relation sexuelle non consentie ». Le viol constitue un crime dans la plupart des législations. Hélas, il existe des sociétés où il est toléré, voire non défini juridiquement. De nos jours, le viol par contrainte physique est punissable par la loi dans la plupart des sociétés. Quant à la contrainte psychologique, peu de législations la retiennent pour définir le viol. Le secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon, a déclaré : « Il y a une vérité universelle, applicable à tous les pays, cultures et communautés : la violence contre les femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable et jamais tolérable. »   Le thème de cette Journée internationale de la femme 2013 est « une promesse est une promesse : il faut agir pour mettre fin à la violence contre les femmes ». Dans le cadre de cet effort, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Kimoon, invite tous les gouvernements, la société civile, les organisations de femmes, les hommes, les jeunes, le secteur privé, les medias et l’ensemble des Nations Unies à unir leurs forces dans la lutte contre cette pandémie mondiale.


Colloque « Non au viol » qui s’est déroulé le 8 mars 2013 au Sénat Belge. En Belgique Nous avons participé pour vous au colloque Non au Viol dans l’hémicycle du Sénat belge le 8 mars 2013. Tour à tour, nous avons pu suivre avec intérêt des interventions du Comité d’avis pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, la société civile, la police, la justice et le corps médical. Étaient présentes Joëlle Milquet, vice-Première Ministre, ministre de l’intérieur et de l’égalité des chances, Laurette Onkelinx, vice-Première Ministre et ministre des affaires sociales et de la santé publique, ainsi que la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom.   En 2011 en Belgique, les statistiques policières ont dénombré 3024 plaintes pour viol, 1454 plaintes pour attentat à la pudeur avec violence, 2121 plaintes pour attentat à la pudeur sans violence et 232 plaintes pour viol collectif, commis principalement au sein d’une habitation ou sur la voie publique. Seule la moitié des victimes est majeure. La vice-Première Ministre, ministre de l’intérieur et de l’égalité des Chances, a souhaité que le viol, portant gravement atteinte à l’intégrité physique et psychique des personnes, soit repris comme phénomène prioritaire dans le Plan National de Sécurité 2012-2015. La violence sexuelle fait aussi l’objet d’un Plan d’Action National.   Joëlle Milquet vice-Première Ministre lance dix mesures pour mieux appréhender la problématique du viol : inciter les victimes à porter plainte, réaliser une étude pour mieux cerner le profil des auteurs et leur mode opératoire, finaliser des scénarios pour mieux lutter contre les violences sexuelles, introduire

des normes pour un accueil approprié de la victime, accompagner les victimes, augmenter le nombre de formations spécifiques au sein de la police, améliorer la récolte des données, optimiser les conditions d’audition, créer un réseau de policiers de référence et enfin élargir le plan d’action national aux viols et à l’attentat à la pudeur. En France Yaminia Benguigui, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée de la francophonie, a ouvert le 20 mars dernier le premier Forum mondial des femmes francophones au musée du Quai Branly à Paris en présence d’Abdou Diouf, secrétaire général de la francophonie, Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et Michelle Bachelet, directrice exécutive d’ONU Femmes. Plus de quatre cents personnes étaient présentes pour échanger autour de la lutte contre les violences faites aux femmes, l’éducation des filles et l’émergence des femmes dans la sphère économique. Avec, en clôture, un discours de François Hollande, Président de la République française.

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Prix honorant des femmes courageuses

PAR LILIANE KISSIMBA

Les bons plans en période de crise

PAR LILIANE KISSIMBA

N La Première dame, Michelle Obama, et le secrétaire d’État, John Kerry, ont honoré les lauréates de l'International Women of Courage Award à l’auditorium du département d’État américain à Washington, le 8 mars 2013.

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orsque ces femmes ont assisté à des crimes horribles ou au non-respect des droits fondamentaux de l’Homme, elles ont témoigné afin que justice soit rendue. Quand elles ont constaté, dans leur communauté ou leur pays, que des questions telles que la violence sexuelle ou les droits des femmes n’étaient pas prises en compte, elles ont réagi. Ces femmes ont incité des millions de personnes à trouver leur propre chemin. Par chaque acte de résistance et de défi, par chaque message posté sur internet, par chaque réunion avec leur communauté et au travers d’un travail d’équipe destiné à parvenir à un changement réel et durable. Tsering Woeser auteure du Tibet, poète et bloggeuse, Razan Zeitunah avocate des droits humains et fondatrice des comités locaux de coordination en Syrie, Ta Phong Tan bloggeuse vietnamienne et Nirbhaya jeune indienne décédée suite à un viol collectif ont été primés par contumace. Également primées : Malalai Bahaduri sergent afghane, Julieta Castellanos recteure de l’université nationale d’Honduras, Dr Josephine Obiajulu Odumakin présidente de la campagne pour la démocratie au Nigeria, Terresa Heinz Kerry sous–secrétaire aux affaires politiques, Wendy Sherman, Elena Malashina journaliste et militante des droits humains de la Russie et Fartuun Adan directrice exécutif de Elman Peace et Human Rights en Somalie.

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ous vivons dans un monde qui consomme sans limite et qui veut tout et vite. Les produits chinois moins chers envahissent tous les continents, les crédits à la consommation explosent et c’est la course à une consommation parfois démesurée. La société de consommation permet de développer rapidement des produits attrayants qui facilitent nos vies. Les ménages ont introduit consciemment ou inconsciemment de nouveaux postes à leurs gestions financières. Il est rare aujourd’hui de se passer de son téléphone portable, d’internet ou de sa voiture. Les derniers modèles sont toujours les meilleurs, il en est de même pour les produits vestimentaires, alimentaires, de beauté et de bien-être. Les achats impulsifs sont au rendez-vous, on s’encombre de choses qui, la plupart du temps, restent dans nos placards. Les inconvénients sont aussi évidents. Le surendettement, la frustration de ceux qui perdent leur emploi ou qui ont un emploi précaire, de ceux qui par les accidents de la vie se retrouvent seuls ou encore de ceux que la maladie n’a pas épargnés. Consommer au-delà de ce que l’on peut s’offrir devient alors une folie.   Il n’y a pas de honte à être sans emploi, vous avez maintenant un nouvel emploi. Celui-ci consiste à trouver une activité professionnelle. Maintenant, vous devez vous lever chaque matin et vous concentrer sur ce que vous avez à faire pour trouver un travail. Les tâches assignées à un chercheur d’emploi sont : passer du temps à examiner et à peaufiner son Curriculum Vitae, suivre l’évolution du monde de travail, créer régulièrement de nouveaux


« Il n’y a pas de honte à être sans emploi »

Règle 1 Surtout ne perdez pas confiance en vous, ne doutez pas de vous. Les crises économiques sont cycliques, la situation peut changer. Continuez à chercher une activité professionnelle. Oubliez vos soucis et concentrez-vous sur la meilleure activité professionnelle que vous pourriez faire. Règle 2 Épargnez ! En période de pénurie, il est important d’avoir un surplus sur quoi s’appuyer. Règle 3 Si possible, remboursez vos dettes, en commençant par celles au taux d’intérêt le plus élevé, comme les cartes de crédit.

contacts afin d’élargir son réseau relationnel, et rester en contact avec son réseau. Un de vos contacts peut vous proposer du travail. Soyez prêt à être surpris par les gens. Une personne que vous connaissez à peine peut vous recommander à ses contacts et défendre votre cause. De même, il arrive que les personnes sur qui vous pensiez pouvoir compter disparaissent. Ne vous attardez pas sur elles, continuez à avancer. Surveiller son apparence et faire attention à sa toilette personnelle. Vous recevrez

peut être un appel téléphonique pour vous présenter d’urgence à un entretien d’embauche. Faire preuve de souplesse et envisager toutes les options. Prenez du recul, acceptez même des affectations temporaires, ne négligez pas le travail bénévole qui peut parfois aboutir à un travail à temps plein et correctement rémunéré. Ne pas céder au découragement ! Pour chaque réponse négative, vous devez redoubler d’effort !

Règle 4 Servez-vous de la situation de crise comme d’une occasion d’explorer de nouveaux domaines et d’aiguiser vos compétences. Pensez à des formations professionnelles. Envisagez de vous préparer à un changement en revisitant par exemple un talent qui pourrait vous servir dans vos nouveaux choix professionnels. Règle 5 Examinez votre budget. Réduisez les dépenses dites marginales comme par exemple un abonnement de magazine que vous ne lisez jamais. De même lisez bien vos factures, il y a peut être des postes à réexaminer ou des erreurs.

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soli-cita soutient les hôpitaux démunis

PAR LILIANE KISSIMBA photo Nathalie Carlier

Soli-Cita a fait le choix de venir en aide aux hôpitaux démunis dans les pays en voie de développement en redonnant une seconde vie au matériel hospitalier déclassé. Quelques membres actifs : Apolline MUKAZ, Nathalie PARMENTIER, Iyawa ASTADICKO, Jean OLIVIER, Michel JOBE, Isabelle GEERTS et Georges AFANGBEDJEE accompagnés de Marc DITTE et Luc NERA de la Croix rouge.

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e matériel hospitalier du C.H.R. de la Citadelle de Liège est renouvelé régulièrement. C’est le cas de beaucoup d’hôpitaux en Belgique qui regorgent d’outils aussi récents que performants. Or, il s’avère que la plupart des outils et pièces déclassés vont souvent à la casse ou aux immondices. Depuis 2006, une quarantaine de bénévoles, collectent, trient, emballent, encodent et expédient le matériel ou le mobilier en bon état qu’ils récupèrent : appareils remplacés, fins de stocks, échantillons neufs, vêtements de travail. Le tout est acheminé par des bénévoles du C.H.R. qui se rendent directement dans des régions démunies. Ceci dit, plus de 90% sont expédiés par Hôpital sans Frontières, une association humanitaire spécialisée dans le domaine médical et hospitalier qui gère plus de quatre-cents projets dans cinquante pays.   Pas moins de quarante camions ont quitté le C.H.R de la Citadelle ces dernières années, ce qui représente environ 1600 mètres cubes de matériel. 32

Outre les appareils médicaux, brancards, bureaux, fauteuils, lits — 849 lits hospitaliers ont été envoyés vers les hôpitaux des pays plus démunis — ce sont également plus 852 colis médicaux et/ ou du petit matériel et des vêtements de travail qui ont été triés et préparés pour l’expédition. Deux opérations spécifiques auprès du personnel et des visiteurs du C.H.R. de la Citadelle ont aussi permis de récolter plus de 4.000 paires de lunettes et 500 cartables scolaires.   En 2009, la cellule Soli-Cita a aussi mis en place une commission « Transfert des compétences en santé » chargée d’apporter une aide de formation professionnelle dans ces régions démunies. Le personnel, les médecins actifs et retraités ainsi que des bénévoles extérieurs apportent une contribution à des projets importants en matière d’aide humanitaire. Apolline MUKAZ et Claude TOKO assurent la coordination, les contacts et l’animation de l’équipe de bénévoles du site Château Rouge, organisation de

la récolte des fournitures et du gros matériel. Isabelle GEERTS est chargée de la rédaction et de l’envoi des documents ainsi que de la tenue des fichiers et l’archivage des dossiers. Jean OLIVIER et Michel JOBE sont chargés des relations et de la communication, des conférences de presse, rapports annuels et articles dans le journal d’entreprise. Laury GRAEVEN gère la coordination, les contacts et l’animation de l’équipe de bénévoles du site Sainte Rosalie, organisation de la récolte des fournitures et du gros matériel. Fabrice SCHOONBROEDT est responsable de la cellule coordination et de son animation avec les membres. Il gère également les relations avec le C.H.R. et les autres associations. Marc DITTE a développé la collaboration entre SOLI-CITA et les maisons Croix-Rouge de la région liégeoise, initiée par Madame POLAIN.

@ secrétariat : isabelle.geerts@scarlet.be


Courir contre le cancer du sein

PAR LILIANE KISSIMBA PHOTO JO DEFRÈRE

La liégoise de 2012.

Woman Race organise, à travers la Belgique, des joggings auxquels des femmes participent moyennant une petite participation financière afin de soutenir les associations œuvrant contre le cancer du sein.

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es fonds récoltés par les manifestations de Woman Race sont reversés aux diverses associations engagées dans la lutte contre le cancer. Ils doivent avoir une utilité concrète et immédiate. Chaque euro récolté en 2012 a été versé aux associations suivantes : Au sein des femmes, Vivre comme avant et la Fondation contre le cancer de Charleroi.   La prise en charge d’un patient ne se résume pas au seul aspect thérapeutique. Afin d’assurer un suivi optimal, c’est toute une équipe multidisciplinaire qui doit s’unir. Pour soutenir le malade, il ne doit pas y avoir un acteur médical unique mais bien plusieurs forces vives. Enfin, un espace dédié au bien-être des patients atteints de cancer est également indispensable.   Voici les conditions que doivent rassembler les associations choisies : leurs membres doivent être bénévoles, elles

doivent avoir une activité ayant un lien avec l’aide aux femmes atteintes d’un cancer, elles doivent mener des actions concrètes dans la ville accueillant la manifestation sportive.   En 2013, l’organisation Woman Race continuera à aider les associations sélectionnées et apportera aussi une aide financière aux clubs régionaux d’athlétisme qui sont également partenaires. Ces derniers sont bien entendu convaincus que « le sport est un vecteur de lutte contre le cancer ». Cette manifestation caritative se veut ouverte aux associations et aux entreprises. N’hésitez donc pas à motiver votre entourage à y participer. Et pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas courir, il est toujours possible de parrainer une coureuse ou de s’inscrire en tant que bénévole.

@ contact@womanrace.be 33


DÉTENTE

 Événement cinéma

Rachel Mwanza de la rue à Hollywood ! PAR Nathalie Yabili Yohali Y2

La fin du mois de février 2013 est marquée par une effervescence dans les courriers électroniques. Le fameux forwarding concerne le tapis rouge hollywoodien foulé au pied par la jeune actrice congolaise Rachel Mwanza. Le film Rebelle qu’elle a tourné sous la direction du jeune réalisateur canadien Kim Nguyen est nominé aux Oscars. Mais Rachel a déjà obtenu l’Ours d’Argent de la meilleure actrice à la Berlinale de 2012.

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ée en 1997, des circonstances douloureuses amènent Rachel à grandir dans les rues de Kinshasa. En 2011, le réalisateur belge MarcHenri Wajnberg procède à un casting dans les rues de Kinshasa pour décrocher les perles qui joueront dans le film « Kinshasa kids ». Rachel en fait partie. À la même époque, c’est le réalisateur canadien Kim Nguyen qui se rend à Kinshasa pour y trouver de jeunes acteurs pour son film « Rebelle ». Rachel lui est présentée et il la choisit pour interpréter le rôle d’une enfant soldat. Le film, Kinshasa kids, commence avec une séance d’exorcisme. Marc-Henri Wajnberg, réalisateur et producteur du film nous plonge dans le contexte. « Oui, l’exorcisme est un véritable exorcisme. C’est très violent, psychologiquement. C’est un coup de poing dans le ventre. J’avais envie de commencer le film comme ça, par un coup de poing, parce que c’est ce que j’ai vécu à Kinshasa. C’est dur de voir des milliers d’enfants dans les rues, de les voir mendier ou travailler très tôt le matin, de les voir dormir en tas pour se protéger la nuit. J’ai essayé d’en savoir plus, et j’ai découvert ce phénomène que je ne connaissais pas. À Kinshasa, quand les couples se séparent, les enfants vont avec leur père en général, parce que les femmes retournent dans leur famille où il n’y a pas d’argent pour nourrir tout le monde. Alors ils se retrouvent souvent avec leur belle-mère où, là aussi, ils sont une bouche en plus à nourrir. Le moindre problème, une inondation, une 34

maladie, sert de prétexte pour les accuser de sorcellerie. Les églises les accueillent volontiers, car elles sont payées par la famille pour désenvoûter l’enfant. Mais le problème, c’est que les belles-mères n’en veulent pas plus après qu’avant ! Au premier prétexte, il est de nouveau battu, accusé de sorcellerie et à la fin, l’enfant fugue et va rejoindre les milliers d’enfants qui sont dans les rues. Je voulais faire un film sur la musique. Je suis parti en repérage, et j’ai été vraiment sidéré par cette ville, la force qui s’en dégage. Je crois que c’est une ville qu’on aime ou qu’on déteste. C’est extrêmement violent, très pollué, rien ne fonctionne, les routes sont délabrées, il y a des milliers d’enfants dans les rues... Mais il y a énormément d’énergie, de couleurs, de musiques. Les gens sont très ouverts, plein d’humour. J’ai été fasciné par cette ville. J’ai beaucoup voyagé en Afrique, et Kinshasa ne ressemblait à rien des villes que j’avais vues au Niger, au Burkina Faso, au Rwanda ou en Namibie... En Namibie, il n’y a pas un bout de papier sur les routes. Kinshasa, c’est un bordel très vivant. Et j’aime ça. J’y suis retourné beaucoup, cinq ou six fois avant de faire mon film, et le projet de documentaire sur la musique a évolué. Et puis j’ai choisi de travailler avec des gens qui ont des projets. Ce musicien veut faire un disque, ces enfants veulent sortir de la rue, être considérés comme des gens normaux et aller à l’école. J’ai choisi Joséphine qui a un restaurant et veut le garder alors qu’on veut l’exproprier. Finalement, tout ça a donné une belle énergie très commu-

nicative. Et les Congolais sont de vrais comédiens. Je n’ai jamais rencontré des gens qui sont aussi bons spontanément ! Parmi tous les acteurs, il n’y en a que deux qui sont des comédiens professionnels, tous les autres sont des gens de la rue, qui jouent leur personnage ou un rôle. Les enfants que j’ai choisis viennent de la rue, mais ne se connaissaient pas. Ils ont formé un groupe, ont habité ensemble, appris le français, la musique, et ils sont ensuite devenus, pour le film, de vrais comédiens. Quant aux policiers (et je me faisais arrêter tous les jours), ce sont tous des comédiens. Quand on n’a rien, il reste encore la musique. J’avais envie de montrer que des gens, même pauvres ont de l’énergie. Les gars font de la batterie sur une caisse, ils fabriquent leur guitare... Ça semblait le meilleur des projets... Et la musique est fondamentale à Kinshasa. À tous les moments de la journée, dans toutes les circonstances de la vie, de la naissance à la mort, dans toutes les cérémonies... Vous vous promenez dans Kinshasa, les gens font de la musique. C’était presque difficile à la fin de choisir, parce que tout le monde vous propose une chanson, un groupe. Par contre, je n’avais pas envie de tomber dans le cliché de la rumba congolaise. C’est une réalité, mais la musique à Kinshasa, c’est bien plus que ça. Joséphine est violoncelliste dans le grand orchestre kimbanguiste, Bebson fait du raggamuffin, les gosses font du rap, … Mais la musique, ce n’est pas forcément de la joie, c’est aussi des émotions ! Mon film n’est pas non plus un manifeste. Je n’ai pas envie de donner une leçon de morale. J’ai fait un film comme un artiste peut faire une peinture. C’est Bebson qui a composé presque toute la musique du film, sauf ce que jouent les enfants. Mon projet était que ces enfants soient réinsérés. J’avais passé des deals avec les parents qui avaient été repérés. Nous avions donné de l’argent pour payer l’école, des fournitures, des vêtements... Pour ceux qui n’avaient pas de parents, nous avions confié


 Boîte à idées

Photo : Livelihoods

Francine Bulaya revisite les feuilles de manioc

Affiche du film de Marc-Henri Wajnberg. de l’argent à une association. L’argent n’a pas été utilisé pour ça. J’y suis retourné, et j’ai payé à nouveau. Nous avions trouvé un accord pour qu’ils soient accueillis dans un internat. Avec des amis, nous voulions payer leurs études jusqu’à leur majorité. Mais l’éducateur qui s’occupe d’eux ne veut pas les lâcher. La situation lui convient bien comme ça. Cela devrait se régler vite, je l’ai eu souvent au téléphone, on devrait pouvoir trouver une solution, mais c’est difficile, ça prend du temps, on est loin...Vis-à-vis de moi-même, c’était super important de faire ça. Il est dommage que l’argent ait été détourné, mais je suis loin. Ça fait un an et demi que le film est terminé, mais je n’abandonne pas. »*   La plus belle scène : À bord du tricycle motorisé du Vieux Django, Joséphine, Bebson, deux enfants et le précieux violoncelle se sont mis précipitamment en route pour rejoindre le marché où le « vilain » propriétaire est entrain de jeter à la rue le materiel du commerce de restauration de Joséphine.

* Extrait des propos de Marc-Henri Wajnberg ; recueillis par Dimitra Bouras et Anne Feuillère pour Cinergie.be n°179 - Février 2013.

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es feuilles de manioc proviennent d’un arbuste largement cultivé dans les régions tropicales et subtropicales. On consomme généralement les racines mais aussi les feuilles, en Afrique, en Asie et dans le nord du Brésil. Elles accompagnent plusieurs plats, des plus simples aux plus élaborés. Vendues fraîches dans les pays chauds et congelées à l’exportation, les commerçants se disputent le marché étant donné la forte demande. Aux États-Unis et partout en Europe, elles sont vendues dans les épiceries asiatiques, africaines et latino. Francine Bulaya a très bien étudié le marché pour mettre en place un produit et un emballage auxquels personne n’avait pensé. Elle nous le présente : « Vous êtes un fin gourmet ? Un prestigieux consommateur voué à la dégustation ? Alors ceci est pour vous ! Souvent, nous avons la nostalgie ou le désir de savourer des mets exotiques tels que le Pondu Sombé, le Matamba ou le Saka Saka. Ces délices sont consommés par une grande partie de la population africaine. Dans sa diversité culinaire, l’africain se souviendra toujours du tubercule appelé « manioc » ainsi que des feuilles du même arbuste. Dans la diaspora, nous nous sommes rabattus sur la production chinoise ou philippine qui pourtant est moins goûteuse et plus dure à la cuisson. Mais désormais, nous pouvons nous en passer et consommer mieux. À Sacramento (USA), il y a une nouveauté qui a meilleur goût ! En effet, il est possible de cultiver le manioc en Californie durant une très courte période de l’année. Une question est alors survenue : comment le conserver tout en préservant son bon goût, sa fraîcheur et sa facilité de cuisson jusqu’à la prochaine saison ? En les faisant sécher ! Nous avons d’abord fait un test pour une consommation domestique principalement pour la famille et les amis. Et je ne vous le cache pas, le résultat est fabuleux ! J’en suis ravie et mes amis peuvent aussi en attester. Je vous propose d’essayer vous-même ce nouveau produit, vous ne serez pas déçu. Il est frais, tendre et a bon goût ! Nous venons d’ailleurs de terminer notre première saison commerciale et voulons nous lancer dans la deuxième saison en augmentant la production. »

+ Vous pouvez contacter Francine Bulaya par le biais d’initiativ’mag. 35


DÉTENTE Boîte à idées

  Astuces bien-être

Photo Sergio Buratto

Entretien de l’hibiscus et préparation du bissap

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Hibiscus syriacus nécessite une terre fertile, il tient bien en pleine terre bien drainée et exposée plein soleil. Un arrosage par semaine (dix litres d’eau), voir deux, est nécessaire. Plus vous le taillez court, en avril-mai, plus les fleurs seront grandes.  L’Hibiscus rosa-sinensis, plante d’appartement que vendent les fleuristes, ne supporte pas les grosses chaleurs, la mi-ombre est idéale. Il faut l’arroser dès que la terre du dessus commence à sécher. Il est nécessaire de le rempoter chaque année et faire des apports d’engrais tous les quinze jours entre mai et septembre.   Le bissap est une boisson rafraîchissante à base de fleur d’hibiscus. On la prépare à partir des calices séchés du bissap, les fleurs provenant de l’arbuste au nom scientifique d’Hibiscus sabdariffa, une plante aux multiples appellations : hibiscus, oseille de Guinée, karcadé ou bissap. C’est la boisson nationale du Sénégal, du Burkina Faso et du nord du Bénin où cette plante est cultivée jusqu’aux abords du désert. On peut aussi utiliser les fleurs en infusion en jetant simplement quelques-unes dans de l’eau très chaude. On y ajoute parfois des feuilles de menthe. Selon la tradition, l’infusion de fleurs d’hibiscus est employée pour ses vertus anti-inflammatoires, elle adoucit les gorges irritées et les systèmes digestifs sensibles, idéale en cas de colite ou de troubles type gastro-entérite, elle est de plus hypotensive et protectrice des vaisseaux. Des études ont confirmé son rôle protecteur du système cardio-vasculaire, grâce aux anthocyanes, des antioxydants puissants. Ce sont d’ailleurs eux qui donnent à la fleur sa couleur rouge. On la dit aussi diurétique, sudorifique et antispasmodique.

Digestion lourde

Après un bon repas, on peut stimuler le système digestif en buvant un jus composé de céleri, de persil et de carottes. La carotte aide à nettoyer le foie, le persil débloque les voies intestinales et le céleri a des propriétés diurétiques. La carotte : joue un rôle important dans le poumon, le foie, et la rate. Elle renforce la rate et dissipe les stagnations d’aliments. Elle nourrit le foie et éclaircit les yeux. Antitussif, elle stoppe la toux. En cas de déficience du foie, des troubles de la vue peuvent apparaître. Ils peuvent être mis en parallèle avec une carence ou une mauvaise assimilation de la vitamine A.

Recette pour trois litres de boisson 3 litres d’eau | 2 bols de bissap séché | 5 feuilles de menthe (facultatif) 1 gousse de vanille | 2 cuil. à soupe de fleur d’oranger | 200 g de sucre > Rincez le bissap et plongez-le dans un grand récipient avec l’eau. > Ajoutez la menthe, la gousse de vanille et la fleur d’oranger. > Laissez tremper 2 h ou portez les fleurs séchées à ébullition durant 5 min. > Filtrez, ajoutez le sucre, des glaçons et remuez bien. Bonne dégustation !

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Courbatures du dos Pour soulager des courbatures dorsales, il suffit de se mettre à quatre pattes sur un lit, de faire le dos rond puis de creuser les reins. À répéter une dizaine de fois pour soulager la douleur.


  Appel à candidatures pour mission humanitaire

Une association sans but lucratif belge, pour le développement des relations Europe-Afrique, recrute pour une mission humanitaire en Afrique des professionnels du secteur médical.

Critère de sélection Être motivé à vivre une expérience de volontariat humanitaire collective et interculturelle dans un pays chaud. Être cardiologue, gynécologue, ophtalmologue, généraliste, pédiatre ou nutritionniste. Période de la mission Fin juillet à début août 2013. Durée de la mission 3 semaines. Frais du voyage Les frais de transport et de séjour sont à charge de l’association organisatrice. Contact initiativmag@gmail.com


VOT

E G A P E R  Votre entreprise ou vos activités professionnelles font preuve de leadership dans la promotion de valeurs éthiques à tous les niveaux de leurs activités ?  Votre entreprise ou vos activités professionnelles parviennent à transformer l’éthique en réelle action via le lancement d’idées innovantes ou l’application de meilleures pratiques d’entreprise ?   Si vous représentez l’une de ces entreprises ou activités respectueuses de l’éthique dans la création, la diffusion ou le partage des meilleures pratiques éthiques en entreprise, responsabilité sociale et développement durable, alors cette page vous est réservée !


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