Initiativ'mag - Hiver 2013/2014

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hiver 2013 / 2014

Europe ˜ Afrique

INNOVER • Le carton dans la déco ENTREPRENDRE société - entreprenariat - management DOSSIER

La nourriture et son impact culturel, physique & mental • Histoire de l’évolution de la cuisine d’Europe et d’Afrique • Les 10 mythes courants sur la nourriture • Santé mentale et nourriture

• Magatte Wade, le changement positif dans les affaires • Promouvoir l’autonomie des femmes migrantes MANAGER • Les rendez-vous forts

de la fin 2013 AGIR

• Rencontre avec Joseph Djongakodi du COMRAF • La cuisine au service de la solidarité


BONNE

ÉE 2 ANN

014 !


ÉDITO Hiver 2013 - 2014 Par Liliane Kissimba, rédactrice en chef.

« La foi est le premier pas, même si vous ne voyez pas tout l'escalier. » Martin Luther King

2013

s’achève et avec elle, le sentiment d’une année bien remplie, une année riche en échange, en réflexion, en rencontre et en réalisation au nord comme au sud, malgré la crise économique persistante.   La fin d’une année rime souvent avec bilan… pour ce qui nous concerne, nous tenons à vous remercier de tout cœur, d’avoir été si nombreux à nous écrire, à nous contacter, à nous encourager et à nous inviter dans vos débats, conférences, forum, etc. Votre intérêt pour Initiativ'mag a dépassé largement nos attentes.   Dans ce numéro de fin 2013, vous découvrirez une série de grandes rencontres, fondement de réalisations futures. L’évolution historique de la cuisine d’Europe et d’Afrique. Ainsi que quelques sujets d’innovation, d’entreprenariat et d’actions à découvrir lors de votre lecture.   Toute l’équipe d’Initiativ'mag vous souhaite de très belles et joyeuses fêtes de fin d’année. N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, elles sont toujours les bienvenues pour améliorer notre contenu. Nous vous donnons rendez vous en 2014 !

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Directeur de la rédaction Liliane Kissimba

SOMMAIRE

Hiver 2013 - 2014

Ont participé à ce numéro : Rédacteurs Alexis Dean EPIM Nathalie Carlier Joseph Tshombe ECDPM Life Dignity Team Priscilla Lalisse Jespersen Lilas Holy Nathalie Yabili Yohali Diagne Toutou BailaI Magali Silvestre Elisabeth Blessing Rowaldo Frissen Véronique Gobert Assistants rédacteurs Nathalie De Viaene (Devna Services) Photos Ma planète vie - Tiossan - Breakfast Connexion Godens Ki - Joseph Tshombe - Gloria Benedikt ECDP - Cuisiniers sans frontière - Nyla Holy Koussan - Achica mondain - African heritage CSF - Rowaldo Frissen DESIGN GRAPHIQUE Camille Oberlé

Responsable régie publicitaire Pierre Sorvil ÉDITEUR Life Dignity asbl numéro d’entreprise 0836 006 772 IBAN BE38 3630 8875 8272 BIC BBRUBEBB Imprimeur HAYEZ SA NV Dépôt légal : septembre 2013 ISSN : 2295-1229

INNOVER

Le carton de récupération au service de la décoration p. 4 Le choix de Jacqueline Wirtz.

P. 5 à 8

ENTREPRENDRE

Promouvoir l’autonomie des femmes migrantes p. 5 Rencontre avec le réseau des femmes migrantes.

MAGATTE WADE, le changement positif dans les affaires p. 6 Rencontre avec la directrice de Tiossan.

Comment votre vision peut influencer votre succès en affaires p. 7 Créer son propre emploi p. 8 La fierté de Chantal Kibira Arnould

P. 9 à 15

Manager

Fin 2013 et ses rencontres importantes

> Convention européenne 2013 contre la pauvreté p. 9 > TABLE RONDE Gouvernement congolais-Diaspora p. 10 Compte rendu de la table ronde.

> le forum culturel européen Pour nous contacter :

initiativmag@gmail.com ou

Avenue de Jette, 89 1090 Bruxelles Belgique

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Magatte W ade p. 6

Responsable du projet Life Dignity asbl

P. 4

Le point de vue de Rowaldo Frissen, acteur social p. 11 Rencontre avec GLORIA BENEDIKT p. 12 > JOURNéES EUROPéENNES DU DéVELOPPEMENT p. 14 Premières impressions.


Dossier p. 21

P. 16 à 24

Dossier

La nourriture et ses impacts culturel, physique & mental Histoire de l’évolution de la cuisine d’Europe et d’Afrique p. 17 Les 10 mythes courants sur la nourriture p. 22 Santé mentale et nourriture p. 24

5 p. 2 ité ar

service de ne au la s uisi oli c d La

P. 25 à 32

agir

La cuisine au service de la solidarité p. 25 La France devient-elle raciste ? p. 26 HARUBUNTU p. 27 Prix des porteurs d’espoirs et créateurs de richesse africains

Rencontre avec Joseph DJONGAKODI p. 28 Président du COMRAF.

Malala Yousafzai reçoit le Prix Sakharov p. 32

P. 33 à 36

DÉcouverte

arche p. 35 La M

L’accès à la culture pour tous ! p. 33 Le Kulturpass luxembourgeois

Les technologies de la Terre Crue 2/4 p. 34 De la fondation à la toiture

La marche de Nabil Ben Yadir p. 35 Du rire à l’exagération

Afrikamali p. 36 Coopérative à finalité sociale

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INNOVER

Le carton de récupération au service de la décoration, le choix de Jacqueline Wirtz PAR LILIANE KISSIMBA

« Après trois périodes de stage à Paris afin de mieux comprendre la technique de fabrication de la structure du meuble, je me suis lancée chez moi avec cette idée de créer et de dessiner des meubles et des boîtes. »

Jacqueline Wirtz et une de ses créations.

A

près une formation d’illustratrice et de publiciste au début des années 80 et l’informatisation de mon métier dans les années 90, j’ai cherché une nouvelle formation artisanale manuelle. Je me suis spécialisée dans l’encadrement d’art, qui est actuellement mon métier, et me suis également lancée dans la création et la fabrication de meubles en carton (les outils étant identiques aux deux métiers : colles, cutters, règles, équerres, etc.).   Après trois périodes de stage à Paris afin de mieux comprendre la technique de fabrication de la structure du meuble, je me suis lancée chez moi avec cette idée de créer et de dessiner des meubles et des boites.   Chaque coin et recoin de chambre d’enfant, de cuisine, de salle de séjour et de hall est habillé de meubles en carton de toutes formes et de toutes couleurs. Petite, grande, profonde, étroite, avec ou sans tiroirs, chaque création est adaptée aux besoins (CD, bibelots, livres, jouets, etc.) et réalisée sur mesure. Le tout en carton, un matériau rempli d’atouts. En voici quelques-uns : a) Il est gratuit car récupéré sur les trottoirs ou dans les boutiques. b) Ce matériau procure la fierté de récupérer, de respecter l’environnement et de créer un objet en trois dimensions à partir d’une plaque de carton. c) Il est solide et léger, on peut facilement le déplacer. d) La structure même du carton me permet de dessiner

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et d’inventer des formes arrondies, plates, creuses, que seul ce matériau m’autorise à faire. e) On peut facilement le recouvrir de papiers de couleur, de bandes dessinées, de photos de magazines et également le peindre. Tout à la fin, on peut aussi le recouvrir d’une couche de vernis ce qui le rend solide et résistant à l’eau.   Plus je travaille le carton, plus je découvre sa magie ainsi que la possibilité qu’il m’offre d’imaginer de nouvelles créations. C’est un bonheur d’explorer et de partager mon expérience avec d’autres qui veulent la découvrir. Avec le carton tout devient possible : la recherche dans l’espace, les formes, les couleurs, les accessoires, etc. Les meubles en carton sont réalisables par soi-même et pour soi-même au moyen de matériaux récupérés gratuitement.

@ jack.wirtz@hotmail.com + www.checkthis.com/jackwirtz


ENTREPRENDRE

Promouvoir

l’autonomie des femmes migrantes

dans l’Union Européenne Par l'EPIM (European Program for Integration & Migration) ou programme européen pour l’intégration et la migration

Le Réseau européen des femmes migrantes ou ENoMW [European Network of Migrant Women] promeut l'égalité de traitement, l'égalité des droits ainsi qu’une meilleure intégration des femmes immigrées en Europe. Comme toute organisation de membres, le réseau se compose de plates-formes nationales dans 16 pays européens.

L

e réseau a la particularité d'être une organisation dirigée par des migrantes ayant une compréhension experte des inégalités inhérentes au fait d'être migrants et femmes. Les deux principaux objectifs de la subvention EPIM sont d'établir le réseau des femmes migrantes comme un acteur politique proactif et visible au niveau de la politique de l'UE et de développer des stratégies de plaidoyer pour l'intégration et l'inclusion sociale des femmes migrantes dans le cadre juridique de l'UE.   Le réseau entend apporter une contribution régulière dans tous les domaines de l'élaboration des politiques de l'UE et des mises en œuvre qui ont un impact sur la ​​ vie des femmes migrantes. Il s'agit d'aider à façonner les politiques sociales et des programmes d'action répondant aux besoins spécifiques des femmes migrantes, en faisant du lobbying pour et avec les femmes migrantes au niveau européen et de soutenir des organisations et mouvements nationaux de femmes migrantes à travers l'information et des formations.   Le réseau se concentre actuellement sur la question de l'emploi des femmes migrantes : la prévention de la déqualification, la reconnaissance des qualifications et de l’entreprenariat des femmes migrantes. Ces questions sont traitées dans des groupes de travail dans le but de fournir un plaidoyer au niveau national dans ces domaines. En outre, une conférence de haut niveau à

Bruxelles est prévue dans les prochains mois pour intégrer les résultats des groupes de travail et présenter les éléments recueillis lors des participations aux décideurs européens, justifiant la raison de faciliter l’accès au marché du travail aux femmes migrantes.   Le Réseau européen des femmes migrantes est actif depuis 2007. Il a été soutenu par des fonds EPIM dans la seconde phase de financement de 20082011 et est enregistré en tant qu’association internationale à but non lucratif depuis 2012. L'objectif du réseau est de plaider pour l'intégration et l'inclusion des femmes migrantes en tant qu'actrices économiques et sociales, ainsi que pour rappeler à l'UE ses obligations en matière de droits de l'Homme envers ce groupe de personnes.

Virginia Wangare Greiner, membre du réseau européen des femmes migrantes.

L'objectif du réseau est de plaider pour l'intégration et l'inclusion des femmes migrantes en tant qu'actrices économiques et sociales, ainsi que pour rappeler à l'UE ses obligations en matière de droits de l'Homme envers ce groupe de personnes. 5


ENTREPRENDRE

MAGATTE WADE,

le changement positif dans les affaires Par Liliane Kissimba PHOTO tiossan

Magatte Wade Présidente Déléguée Générale de Tiossan jeune entrepreneure sénégalaise, est une redoutable défenseuse des changements positifs dans les affaires, des rôles de genre (ndlr. rôles que la société attribue aux hommes et aux femmes sur une base différentielle) et de l’Afrique. Sa personnalité l’a conduite à la réussite entrepreneuriale, elle est une porte-parole renommée lors de conférences internationales sur l'entrepreneuriat, l'innovation et la compétitivité. Elle a été nommée parmi les 20 jeunes femmes les plus puissantes d’Afrique par le magazine Forbes et Jeune leader mondial par le Forum économique mondial de Davos en 2011.

M

agatte Wade est persuadée que la présentation d’une bonne histoire encourage l'investissement «  conscient  » par les entrepreneurs intéressés à la création d'entreprises «  valables », plutôt que l'aide motivée par la « pitié » ou le « financement d’exploitation  » par des personnes sans scrupules dans des secteurs tels que l'exploitation minière.   Née au Sénégal, Magatte s'installe en Europe dès l'âge de huit ans, où elle a évolué comme étudiante, mais aussi comme ambassadrice du changement social. Après le lycée, Magatte à étudié les affaires et a finalement déménagé aux États-Unis afin de parfaire ses compétences en affaires et gravir les échelons de l'entreprise. Son succès était inévitable, mais c’est l'amour de son mari qui lui a permis de grandir en tant que femme et d'explorer son « Tiossanas » si l’on peut dire. Être une femme d'affaires ne signifie pas nier sa féminité, mais posséder et utiliser cet état de femme comme un avantage concurrentiel et c'est exactement ce que Magatte Wade a fait en développant la gamme de produits de parfumerie Tiossan. Tiossan rend hommage à la beauté et à la force d'être une femme. Tiossan 6

a été fondée sur le principe que nous devrions toujours être la meilleure version de nous-mêmes pour conduire au changement.   Magatte Wade a passé plusieurs mois à travailler avec un parfumeur pour développer chacun des quatre parfums Tiossan. « Durant ces cinq dernières années, j'ai passé des centaines d'heures à travailler sur mes recettes pour parfaire le look, la sensation, la performance et les senteurs de mes produits. J'ai recherché les meilleurs ingrédients du monde entier, dans certains cas, rejetant des dizaines de variétés différentes d'un même ingrédient avant de trouver un fournisseur qui pourrait produire une qualité suffisante. J'ai passé des milliers d'heures de travail sur mes dessins, ma marque et mon message, et je suis toujours constamment leur raffinage. Mon mari se plaint de ce perfectionnisme méticuleux. Mais ce courriel que j'ai reçu un matin, explique pourquoi : “Ce message est pour vous dire merci. Je suis un producteur d’huile de coco dans les Caraïbes. Je m'identifie totalement à votre message en ce qui concerne le sentiment que nos produits ne sont pas assez bons pour le marché mondial. Vos paroles ont ajouté un plus à ma vision limitée. Je passe du temps à

Magatte Wade Présidente Déléguée Générale de Tiossan.

« Je suggère que les africains puissent donner une valeur de marque à leurs pays et arrêtent en même temps d’enfermer l’Afrique dans une boîte ! »


comment votre vision peut infLuencer votre succès en affaires PAR aLexis dean

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visionner encore et encore les vidéos de vos discours où vous défendez vos idées. Magatte, vous m'avez donné beaucoup d'inspiration et d'espoir pour propulser mon entreprise sur le marché international. Merci encore.” Quand je dis que je veux “rebaptiser” l'Afrique mon ambition est de fabriquer des produits de haute qualité. Il est réconfortant de voir que d'autres entrepreneurs, partout dans le monde, ont entendu mon message. » Les entrepreneurs africains doivent apporter des solutions aux problèmes de l’Afrique. « Je suggère que les africains puissent donner une valeur de marque à leurs pays et arrêtent en même temps d’enfermer l’Afrique dans une boite ! » « Curieusement, sur plusieurs centaines de personnes présentes à une réunion importante d'entrepreneurs, j'étais la seule entrepreneure africaine. Pourquoi ? La plupart des participants et des conférenciers étaient des ONG et des représentants du gouvernement. Mon mari et moi proposons comme alternative une approche selon laquelle les pays en développement conservent le contrôle et la souveraineté sur leurs terres, la mise en œuvre d'une forme de la Common Law britannique dans des limites géographiques déterminées, comme cela a été fait pour le Dubai International Financial Centre (DIFC), où les dirigeants de Dubaï ont appliqué la Common Law britannique afin d'attirer des capitaux chez eux. » Magatte Wade a aussi fondé Adina Beat World Beverages après avoir travaillé en étroite collaboration avec des start-up de la Silicon Valley.

@ customerservice@tiossan.com

eaucoup de gens ont tendance à nier la valeur de la vision d’une entreprise. Pourtant, cette vision est importante pour le succès de celle-ci car elle fournit une certaine idée de la direction vers laquelle vous souhaitez mener votre entreprise. Sans vision, vous êtes comme un bateau sans équipage, à la dérive, sans destination en vue. Une vision ne doit pas être quelque chose de long et de complexe. Au contraire, elle doit être concise et très claire. Si elle est trop complexe, cela prendra trop de temps de la développer.  La  meilleur  façon  d’avancer  est  de  réfl échir  à quelques phrases clés qui précisent vers où vous voulez conduire votre entreprise. Une fois que vous avez votre vision, elle vous permet de rester focalisé sur les tâches à accomplir – la réussite de l’entreprise. Une vision sera essentiellement là pour vous rappeler quels sont les objectifs de votre entreprise ainsi que les vôtres. Elle montrera également aux autres en quoi consiste votre entreprise et en quoi elle se différencie des autres. Une vision vous permettra à vous et vos collaborateurs de vous rallier à un but commun. De la sorte, en tant que décideur, vous serez en mesure de prendre les décisions au bon moment et celles-ci seront moins contestables. Vous et votre entreprise œuvrerez ainsi vers un même résultat fi nal plutôt  que de prendre le risque d’accrocs permanents. Vous l’avez compris, une fois que vous aurez formulé la vision de votre entreprise, vous serez plus enclin à atteindre vos objectifs. Vous obtiendrez des résultats positifs et progressivement vos rêves se transformeront en réalité et en succès.   Enfi n,  rappelez-vous  qu’il  n’y  a  pas  de  raccourcis  vers  le  succès. Une vision doit être combinée à un travail acharné et des prises de décision circonspectes.

« une vision ne doit pas être quelque chose de long et de complexe. au contraire, elle doit être concise et très claire. si elle est trop complexe, cela prendra trop de temps de la développer. » 7


eNTrePreNDre

crÉer son propre empLoi, La fiertÉ de chantaL KiBira arnouLd

PAR nathaLie carLier PHOTO godens Ki

arrivée en Belgique en janvier 1999, chantal Kibira arnould décide de poursuivre une formation dans l’horeca [hôtellerie, restauration, café] qu’elle débute en septembre de la même année. elle termine sa formation quatre ans plus tard et obtient un diplôme en décoration, pâtisserie, chocolaterie, boulangerie et cuisine. après avoir fait une étude de marché, elle décide d’ajouter à sa formation le service traiteur.

a

yant le souci d’offrir un service de qualité à ses clients, dont la majorité est issue de la migration, elle propose une cuisine mixte africaine et européenne, avec toujours une touche de créativité et d’innovation. Elle trouve perpétuellement des occasions pour titiller les papilles de ses clients en leur proposant de découvrir autre chose que ce qu’ils ont l’habitude de manger. « J’aime être en cuisine et faire découvrir des choses nouvelles » dit-elle. « À ceux qui prétendent que la cuisine africaine n’est pas assez créative, je leur réponds que je ne suis pas d’accord. L’Afrique est grande et si je prends ne fût-ce que l’exemple de mon pays d’origine qui se compose de onze régions, je constate que dans chaque région la façon de cuisiner est différente. De même, à ceux qui veulent s’engager dans le même secteur que moi, je leur conseille d’être sérieux et d’aimer ce que qu’ils font de tout cœur afin de pouvoir bien le partager avec les autres. » Elle poursuit : « De toutes les personnes issues de la migration avec qui j’étais en formation, je suis la seule à avoir été jusqu’au bout et à m’être installée à mon compte. Il faut avoir la volonté et la force nécessaire pour se lever tôt, travailler dans la chaleur des fours ou des cuisinières et soulever des choses parfois très lourdes. Ce sont en effet des contraintes qui découragent beaucoup 8

« ma devise : la qualité fait la différence ! » de gens. Il faut aussi des connaissances en gestion d’entreprise, en comptabilité et de la créativité. J’ai aussi des projets, je souhaite me lancer prochainement dans l’organisation de fêtes. Mon constat à ce sujet est que parfois les gens ont un beau budget pour leur fête mais à cause d’un manque d’organisation ou de ponctualité, la fête est gâchée ! Personnellement, je ne supporte pas le retard et lorsque j’offre mes services traiteur, j’exige toujours de mes

clients la ponctualité. Ma devise est : la qualité fait la différence ! Enfin, mon plus grand désir est d’ouvrir une école de restauration dans mon pays d’origine. Je m’y suis rendue afin d’évaluer les besoins et faire une étude de faisabilité. Hélas le projet demande beaucoup d’investissements et pour le moment je ne peux pas me le permettre. »

+ contact : +32 494 68 80 04


MANAGER

Convention européenne 2013

contre la pauvreté et l’exclusion sociale

Par Life Dignity team

La Convention a eu lieu les 26 et 27 novembre 2013 et a réuni environ 700 participants de 38 pays, y compris des représentants des états membres et des pays candidats, des autorités régionales et locales, des ONG, des fournisseurs de services, des universitaires et une grande variété d'acteurs actifs dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

L

a mise en œuvre des mesures sur les investissements sociaux [SIP], donnant la priorité à l'investissement social et à la modernisation de l'État-providence, a été au centre des discussions lors de la troisième convention annuelle contre la pauvreté et l'exclusion sociale.   Les participants ont fait le bilan des développements intervenus récemment dans l'élaboration des politiques et l’objectif européen sur la pauvreté. Ils ont discuté des moyens pour remédier aux disparités et aux inégalités croissantes en Europe avec des actions et des initiatives concrètes.   László Andor, commissaire européen à l'emploi, aux affaires sociales et à l'inclusion a déclaré : « Il y a des signes de reprise économique, mais beaucoup trop faibles pour créer des emplois et la croissance inclusive dont nous avons besoin. Avec les 125 millions de personnes exposées au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, il faut agir de toute urgence à tous les niveaux. Au niveau européen, le renforcement de la dimension sociale de l'UEM [Union Economique et Monétaire] doit être une de nos priorités. »   Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a manifesté les priorités de la Commission en matière de lutte contre le chômage et la poursuite de l'intégration sociale. Il a mentionné en particulier l'examen annuel de croissance pour 2014 publié plus tôt ce mois-ci, qui a appelé les États membres à améliorer la performance de la protection sociale et réduire les

inégalités, y compris l'écart entre les sexes. Il est nécessaire de mobiliser des fonds structurels pour l'insertion sociale, d’investir sur l'innovation sociale et d'agir au niveau régional et local.   Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a souligné la nécessité de surmonter la tension entre ce que l'UE peut atteindre par le traité et les actions ambitieuses nécessaires pour atteindre l'objectif Europe 2020 sur la pauvreté. Il a fait référence à des instruments disponibles tels que la clause sociale du traité de Lisbonne, la Stratégie Europe 2020 et ses objectifs quantifiables, la communication de la Commission sur la dimension sociale de l'UEM et le projet de rapport conjoint sur l'emploi.   Bien que gravement préoccupé par la tendance actuelle, loin de satisfaire l'objectif Europe 2020, de sortir au moins 20 millions de personnes de la pauvreté et de l'exclusion sociale d'ici 2020, les participants à la Convention ont discuté des solutions politiques différentes menées au niveau national et local qui peuvent inspirer l'élaboration de politiques en Europe.   Pour clôturer l'événement, le commissaire Andor a résumé les différentes initiatives prévues par la Commission comme la création de la Banque de connaissances pour aider les décideurs et experts à partager leur expérience de la politique sociale, en lançant un projet pilote sur le droit au logement et à la prévention de l'itinérance et en travaillant sur une proposition pour les

budgets de référence garantissant un soutien financier suffisant pour les personnes dans l'Union européenne.   Grâce à la mise en œuvre du SIP, le renforcement de la dimension sociale de l'UEM et l'examen de la stratégie de l'UE, 2014 verra la possibilité de renforcer le potentiel de croissance générale de l'Europe.   Avec les mesures sur l’emploi, l’emploi des jeunes et le Livre blanc sur les retraites, le SIP fournit des conseils sur la modernisation des systèmes de protection sociale en mettant l'accent sur​​ l'investissement social, la prévention et des approches individualisées.   La Commission soutient donc les États membres de l'UE pour mettre en œuvre ce cadre politique et rétablir le potentiel des États membres de l'UE pour la croissance et la compétitivité, l'emploi et la cohésion sociale. Un soutien sera apporté par le Fond social européen et le programme pour l'emploi et l'innovation sociale. Le Fond d'aide européen aux plus démunis promouvra également la cohésion sociale dans l'Union en contribuant à atteindre l'objectif sur la pauvreté. Lors d’une discussion sur la façon de mieux utiliser ces fonds, les experts ont souligné la nécessité de partenariats en suivant une approche intégrée et dirigée par la communauté, les synergies entre les différents fonds et l'importance du suivi et de l'évaluation.   Afin d'atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté, les parties prenantes doivent être en mesure de jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de ces nouvelles initiatives. La Convention a souligné la nécessité du partenariat, de la coopération et de l’échange afin d'améliorer le rendement et l'efficacité des politiques sociales actuelles.   Des ateliers et des événements parallèles à la conférence ont également abordé des questions d'actualité pour la promotion de l'investissement social.

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MANAGER

table ronde

Gouvernement congolais-Diaspora par Joseph Tshombe

La table ronde Gouvernement congolais-diaspora a eu lieu les 24 et 25 octobre derniers à Bruxelles, au Palais d’Egmont, (là où avait eu lieu la table ronde belgo-congolaise de 1960), conformément à la promesse faite en juin dernier, par M. Vunabandi Kanyamihigo, Ministre du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité, lors de la troisième édition du Forum Économique Congolais dans l’Union Européenne (FECUE), du 24 au 25 juin 2013.

M. Labille, Ministre de la coopération au développement, M. Vunabandi Kanyamihigo, Ministre du plan, Professeur Yenga et M. Mova Sakanyi, ambassadeur de la RDC en Belgique.

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urant deux jours, cette table ronde a réunit des représentants du gouvernement congolais, avec la présence de M. Célestin Vunabandi Kanyamihigo, Ministre du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité, qui représentait le Premier Ministre Matata Ponyo, le vice-ministre des Affaires étrangères, M. Tunda wa Kasende, M. Mova Sakanyi, ambassadeur de la RDC en Belgique. Fait notable à signaler aussi du côté belge, la participation de M. JeanPascal Labille, Ministre de la Coopération au développement. Sans oublier près de 200 délégués de la Diaspora venus du monde entier et de tous les horizons socio-économiques  : professeurs d’université, étudiants, représentants d’associations, hommes d’affaires, membres de professions libérales et même une représentation des Combattants de la section de Liège, en la 10

personne de Papitcho Olenga. Tous ont accepté, en cette occasion exceptionnelle, de se parler en toute franchise et de dépasser les débats politiciens et autres querelles mesquines, afin de faire des propositions concrètes et de faire avancer les choses dans l’intérêt supérieur de la RDC et de sa population. Le Ministre du Plan, Célestin Vunabandi Kanyamihigo, l’a lui-même souligné lors de son allocution d’ouverture de la table ronde, celle-ci, se doit d’être un « forum de discussions et d’échanges pour explorer et tracer ensemble la voie à suivre pour non seulement faire participer la diaspora à la reconstruction et au développement socio-économique national mais aussi pour la réinsérer dans sa terre d’origine qui demeure son patrimoine indéniable. »   Comment entretenir le lien entre le Congo et sa diaspora ? Pour les organisateurs, cet événement se justifiait

d’autant plus que « la population congolaise vivant hors territoire national est nombreuse et active, mais force est de constater que sa connexion avec sa patrie-mère semble à ce jour encore faible et insuffisante pour entretenir un lien filial intense entre le pays et ses enfants de la diaspora. » Un constat d’autant plus regrettable que les Congolais de l’étranger apportent une contribution financière de plus en plus importante, de par les transferts qu’ils envoient à leurs familles et les projets économiques qu’ils initient au pays. Autant d’éléments qui sont d’un apport non négligeable pour le développement du pays. D’après les dernières estimations, le montant de ces transferts vers la République démocratique du Congo, s’élèverait à plus d’un milliard de dollars, dont 400 millions seraient acheminés de façon officielle et 600 millions via des canaux informels. Raison pour laquelle, il est important pour le gouvernement congolais de mettre en place une stratégie permettant d’accroître encore davantage la contribution des Congolais de l’étranger, notamment par leur participation à l’investissement privé, mais aussi par la mobilisation de l’expertise scientifique et technique qui existe en son sein et dont l’apport précieux peut contribuer grandement à aider le pays à sortir du sous-développement, particulièrement par l’émergence d’une classe moyenne.   Favoriser l’émergence d’une classe moyenne Face à une telle ambition, les thèmes à aborder ne pouvaient qu’être nombreux, dont certains plutôt rassembleurs comme : la mise en place d’un fond d’investissement des Congolais de l’étranger, la stratégie d'optimisation des contributions de la diaspora congolaise au développement de la RDC, la mise en place d’une base des données des compétences de la diaspora et son exploitation par le gouvernement et les institutions de la RDC, la création de centres d’affaires et de guichets spéciaux en RDC pour la diaspora, l’amélio-


forum cuLtureL europÉen 2013

Le point de vue de rowaldo frissen, acteur social

y

Celestin Vunabandi Kanyamihigo, Ministre du plan, insistant sur l’implication de la diaspora au développement de la RDC. ration de la communication et du débat entre la diaspora et les autorités de la RDC, et avec les institutions nationales, la diaspora congolaise est-elle en mesure de structurer et de se fédérer ? Si oui, quelles démarches adopter ? Comment optimiser le transfert des fonds des migrants congolais ? Mais d’autres thèmes aussi, qui peuvent fâcher, n’ont pas été oubliés tels que : « la participation des congolais de l’étranger aux élections nationales : opportunité et modalités », le phénomène « combattants » : sa logique et sa raison d’être, la question de la double nationalité en RDC et ses enjeux. Ce dernier thème a particulièrement intéressé les participants qui n’ont pas manqué de le mentionner dans plusieurs interventions : la nécessité pour le pays de réformer sa constitution dans le but de permettre l’instauration de la double nationalité, malgré les obstacles que tous reconnaissent, et qui existent dans le contexte de la guerre à l’Est. un climat constructif Durant ces deux jours, les participants, offi ciels et autres, ont débattus de tous ces thèmes en  ateliers, dans un climat de respect mutuel qui n’a pas toujours prévalu, s’agissant du dialogue entre le gouvernement et sa diaspora. Au terme de cette rencontre inédite, beaucoup de choses ont été dites, mais surtout beaucoup de propositions et de recommandations ont été mises sur la table. Parmi les propositions concrètes qui seront soumises aux autorités compétentes, citons : la mise en place d’un bureau provisoire en vue de baliser les pistes pour la structuration de la diaspora congolaise, des recommandations pour réformer la loi sur la nationalité, le transfert de fonds des migrants congolais. En conclusion, provisoire, le sentiment général de tous les participants  est  la  satisfaction  que  ce  dialogue  ait  enfi n  pu  avoir lieu et, point non négligeable, qu’il se soit déroulé dans un climat constructif.

a-t-il un souci avec la culture en Europe ? C'est la deuxième fois que je participe à cet événement culturel. Du point de vue de l’association que je représente, la stratégie est de trouver des solutions. La séance du premier jour concernait la collecte de données socioculturelles et les sujets tels que « mesurer la vraie valeur de la culture ». À savoir, comment faire pour améliorer les données sur la contribution et la valeur de la culture dans les sociétés européennes en termes de participation, d'inclusion, de bien-être et d'économie. Il est nécessaire d’examiner les méthodes locales, nationales et à l'échelle européenne, ainsi que la collecte des données, et d'autres façons de mesurer la valeur. Après avoir expliqué pourquoi les données demeurent un outil important, une question cruciale a été posée à Matteo Maggiore. Cette question visait à savoir si le protectionnisme joue un rôle dans l’évaluation et la mise en œuvre de ce projet. Matteo n'a pas pu y répondre. J’en déduis qu'il n'a pas aimé la question. Parler de protectionnisme : est-ce une question réaliste ? Pouvons-nous l’oublier et passer à un modèle d'ouverture ? À mon avis, le protectionnisme est un des problèmes auxquels l'Europe doit faire face. Il y a beaucoup de groupes de pression qui se battent pour garder les choses telles qu’elles sont. Par conséquent, la collecte de données n'est pas seulement une bonne chose pour la Commission, mais l’est également pour des actions politiques. Mais concrètement, nous sommes plus dans une période d’évaluation que dans une période qui conduira à des solutions économiques socioculturelles structurelles. Il reste donc une question importante en suspens : la durabilité des données est-elle possible et est-ce que celles-ci peuvent être utilisées pour mettre en œuvre des programmes culturels ? La raison pour laquelle cette question est cruciale, c’est le rapport qu’elle a vis-à-vis des personnes pauvres et de la situation de la pauvreté. Tout particulièrement dans la diversité où l'on voit beaucoup de problèmes ainsi que la participation dans la société des nouveaux migrants dans des pays comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, etc. Dans de nombreux programmes socioculturels, nous pouvons voir les ségrégations et cela à cause de l'exclusion sociale. N’y a-t-il donc que de mauvaises nouvelles ? La réponse est non. La présentation d’une « Europe créative » est une bonne et une mauvaise nouvelle la fois. En effet, la diversité permet désormais d’avoir accès aux fonds nécessaires pour développer des projets pouvant conduire à un modèle harmonisé. Elle peut aussi conduire à une meilleure compréhension de la croissance des résultats économiques et culturels. Ceci dit, la partie de l'intégration reste pour l'instant un point d'interrogation.

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FORUM CULTUREL EUROPéEN 2013

Rencontre avec GLORIA BENEDIKT

PAR Liliane Kissimba photo Jókúti György

Le Forum culturel européen s’est tenu à Bruxelles du 4 au 6 novembre. 200 personnes issues de toute l'Europe ont présenté leur candidature pour la séance intitulée « Quel est votre but ? ». Gloria Benedikt fait partie des six candidats finalistes invités à Bruxelles pour s’exprimer.

N

ée et a grandi à Graz, en Autriche. Elle a suivi une formation en danse à l’école de ballet de l'Opéra de Vienne et à l’école nationale anglaise de ballet à Londres où elle a bénéficié d’une bourse et a également été entraînée par Renato Paroni. Gloria vient de terminer ses études à l'École d'éducation permanente de l'Université de Harvard aux États-Unis (Bachelors of Liberal Arts in Extension) où elle a par ailleurs assuré la chorégraphie du Harvard Dance Festival de 2008 à 2011. Durant cette période, elle a aussi écrit des articles pour le magazine Dance Europe en tant que correspondante depuis Boston. Avant de rejoindre le Théâtre de ballet de José Mateo en 2007, Gloria a dansé professionnellement au sein de différentes compagnies en Allemagne, au Royaume-Uni et à Chypre, où elle a été membre fondateur de Dance Cyprus, la première compagnie de danse nationale du pays, en 2006. Gloria a dansé dans de nombreuses œuvres du répertoire et a entre autres été actrice dans Casse-noisette dans le rôle de la Reine des Neiges.   En 2012, elle créé la première plateforme internet fournissant des informations sur les politiques artistiques et favorisant l’interaction entre les artistes à travers le monde. Aujourd’hui, elle est à la fois freelance dans des projets artistiques, gestionnaire du site internet qu’elle a créé et consultante pour la Neos Taskforce for Art and Culture de Vienne.   Découvrez l’intégralité du discours de Gloria Benedikt lors du forum européen de novembre 2013 : 12

« J’aimerais partager mon opinion sur le potentiel de l’art et de la culture dans notre époque et vous exposer comment une politique des arts pourrait habiliter les artistes à jauger leur capacité à faire une différence dans notre monde. Le ralentissement économique n'a pas seulement apporté toute notre attention à la sphère économique, il a également entraîné une augmentation des efforts pour mesurer l'impact de la culture économiquement parlant. Mais les arguments économiques ne mesureront pas avec précision la valeur de l'art et de la culture et ne présenteront pas non plus des arguments convaincants pour le financement de l’art et de la culture. Par exemple, il est aujourd’hui communément constaté que la collaboration, la souplesse, l’imagination et l'innovation sont les compétences les plus appréciées de la population active d'aujourd'hui. L'éducation artistique sera de favoriser ces qualités, par tous les moyens, car c’est indispensable. Mais finalement, cette argumentation n'explique pas pourquoi nous avons plutôt besoin de couteux opéras, théâtres, compagnies de danse ou musées, juste pour bénéficier d’une éducation artistique. On soutient alors que ces institutions créent un effet multiplicateur et de plus en plus d’études sont actuellement menées en ce sens. Cependant, tout diplômé de MBA vous dira que l'on peut toujours trouver une opportunité d’investissement qui crée un effet multiplicateur encore plus grand. Donc, l'effet multiplicateur en lui-même ne suffira pas à convaincre les économistes d’investir dans les arts. Les arguments économiques sont efficaces mais ils ne sont pas suffisant, et plus important encore, ils

ne parviennent pas à exploiter le potentiel et la valeur réelle que l'art et la culture ont dans notre monde d'aujourd'hui, car ils négligent ce que j'appelle la valeur civique. Je crois que l'art et la culture seront la clé pour surmonter certains des plus pressants problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Comment allonsnous surmonter la crise actuelle du Projet européen ? Comment pouvons-nous l'emporter sur la montée du nationalisme ? Comment allons-nous intégrer avec succès des personnes d'autres cultures à la lumière du taux négatif de natalité sur notre continent ? Comment allons-nous compenser le creusement des écarts de revenus dû à la mondialisation ? Plus que jamais, nous aurons besoin de citoyens européens empathiques, qui sont en mesure de quitter leur intérêt personnel et faire tout ce qu'ils peuvent, pour faire la différence, pas seulement dans leur environnement immédiat, mais pour notre continent. Enfin, quels outils avons-nous pour cultiver cette qualité essentielle qu’est l’EMPATHIE ? Ce sont les arts, la culture et l’humain.


« Je crois que l’art et la culture seront la clé pour surmonter certains des plus pressants problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui » Gloria Benedikt lors de son discours au Forum culturel européen 2013.

Lorsque nous nous asseyons dans une salle obscure, essayons d’ouvrir notre esprit à des histoires très différentes de la nôtre, les larmes, le rire, ou la perplexité que nous ressentons, activent ce que les scientifiques appellent maintenant le “gène de l'empathie”. Au plus nous avons l’occasion d’expérimenter de l'empathie avec des personnages différents de nous, au plus notre potentiel pour la compréhension et la compassion s’agrandit. Mais seule une partie relativement faible de la société le fait via le théâtre. Donc, comment pouvons-nous cultiver l'empathie d’une plus grande partie de la société ? Je crois que nous avons besoin de plus d'artistes citoyens. Des gens, comme Yo-Yo Ma, qui se mettent à créer des moments mémorables dans la communauté à travers sa musique, et pas seulement dans des temples de la haute culture mais aussi dans les écoles du centre-ville et les centres de détention pour mineurs. L’allemand, Davide Martello, quant à lui, a mis son piano sur la place Taksim, en plein milieu des violentes manifestations de juin dernier et a joué

14 heures non-stop, 3 nuits de suite, pour la liberté et la démocratie, calmant tout autant les manifestants que la police. Il y a aussi la chorégraphe Erdem Gunduz, qui a lancé le concept de protestation silencieuse en réaction à la violence de la place et qui a été imitée par des milliers de citoyens turcs. J'ai passé ces 11 dernières années à faire des représentations en tant que danseuse professionnelle à travers l'Europe et les États-Unis. Ma génération a été éduquée dans une tour d'ivoire, à l’abri de la société, afin que nous puissions nous concentrer sur la création de l’art pour l’art. Grâce à mon éducation académique, j'ai réalisé plus tard que, pour les raisons que j'ai mentionnées plus tôt, nous vivons maintenant dans ce que certains d'entre nous appellent, l'âge de l'art pour l'amour de la vie. Parmi mes collègues du monde de la danse, je sens maintenant une nouvelle ouverture, une urgence à trouver de nouvelles façons d’utiliser la profession pour faire une différence, mais aussi un sentiment d’impuissance. Je crois que les décideurs artistiques devraient répondre à cela. Au cours des derniers mois, j'ai eu l'occasion de travailler à Budapest. Et malgré – ou peut-être à cause – du climat politique actuel là-bas, on m’a donné une complète liberté artistique et la possibilité de mettre en œuvre mes théories. J'ai collaboré avec un danseur hongrois, qui était désireux d'expérimenter les débuts de l’innovation et du besoin artistiques. C’est là-bas et à ce moment-là que j’ai réalisé combien une politique artistique peut apporter une réponse pour habiliter les artistes à mesurer leur potentiel afin de faire une différence dans notre monde.

J'envisage un institut pour les artistes citoyens, un lieu où les artistes de l'Europe puissent se rencontrer pendant quelques semaines, entendre les décideurs à propos des problèmes urgents auxquels nous sommes confrontés, échanger des idées et développer de nouveaux projets. Il ne s’agit pas d’instrumentaliser les arts, il s'agit d’habiliter les artistes, en leur fournissant des informations, en leur donnant un espace, de sorte qu'ils puissent trouver pour eux-mêmes ce qu'ils peuvent réaliser pour faire une différence. J'espère que certains d'entre vous seront intéressés de discuter davantage de cette idée. À la lumière des multiples crises et des réductions de financement durable que les arts de la scène connaissent actuellement, il est évident que le secteur a besoin de réforme. Mais des solutions aux problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés ne pourront être ni trouvées ni mises en œuvre tant que les personnes qui sont touchées par ces changements et celles qui travaillent dans les arts du spectacle, seront exclues de ce débat. L'information et la possibilité d'interaction entre les artistes, les décideurs artistiques et les administrateurs des arts doivent être facilitées afin que les personnes qui consacrent leur vie aux arts de la scène soient habilitées à intervenir et à participer à l'élaboration de leur avenir. Ce moment présent est essentiel car nos actions vont définir le rôle que les arts de la scène joueront pour les générations à venir. »

+ http://performingartsfunding.org 13


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JOURNéES EUROPéENNES DU DéVELOPPEMENT

PREMIèRES IMPRESSIONS

Par le Centre européen de gestion des politiques de développement [ECDPM]

Experts et participants échangent points de vue et analyses sur les politiques de coopération et de développement.

L’

ECDPM a participé à un certain nombre de débats, dont ceux sur la responsabilité sociale des entreprises, le secteur privé pour le développement et ​​les subventions. L’ECDPM a interviewé un certain nombre de personnes, dont le président du Comité de développement de l'OCDE, Eric Solheim, Owen Barder du Centre pour le développement mondial et 17 autres participants qui ont donné leur point de vue sur les enjeux et les défis. Évaluer à long terme la fragilité de l’État en Afrique : les perspectives pour les 26 pays les plus "fragiles"   Les États fragiles d'Afrique restent sur une voie lente vers la paix et le développement à long terme. L'Institut d’Études de Sécurité [ISS] a créé l’outil d’analyse de données et de prévision Internationales Futures system [IFs], qui fournit une prévision à long terme pour les 26 pays africains fragiles. Les prévisions suggèrent que, à long terme, dix pays du continent continueront de rester

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fragile jusqu’au milieu du XXIème siècle. D'autres, cependant, ont une bonne chance de se passer de la fragilité à des conditions de revenu intermédiaire d'ici 2030 ou peut-être 2050. Le rapport affirme qu’il est nécessaire de prévoir la fragilité à long terme et l'innovation de données, et que l’on pourrait réduire la pauvreté et les inégalités en réformant le secteur extractif. Les accords de partenariat économique   Dans le magazine Insights de novembre, Quentin de Roquefeuil résume les dernières nouvelles à propos des négociations APE [Accords de partenariat économique]. L’article parle de tous les pays ACP [Afrique, Caraïbes, Pacifique] et de leurs régions, avec comme sujet principal, le Commissaire européen au commerce, Karel de Gucht, qui a récemment voyagé en Afrique du Sud, au Cameroun et en Côte d'Ivoire dans un effort pour stimuler les négociations des APE avec l’Afrique du Sud, centrale et de l'Ouest.


Les 26 et 27 novembre 2013, les journées européennes du développement [JED] 2013 ont réuni 5 000 personnes à Bruxelles pour discuter de grandes questions de développement mondial et du programme de développement d’après 2015.

Les lignes directrices de l'observatoire du corridor des transports   Les corridors commerciaux et du transport se composent d'une combinaison complexe composée des transports, de l'infrastructure et des services qui facilitent les flux de commerce et de transport entre les principaux centres de l'activité économique. Améliorer la performance des corridors nécessite une bonne compréhension des obstacles au commerce afin de déterminer non seulement les symptômes mais aussi les causes de manque de performance. Le Programme des politiques de transport en Afrique subsaharienne [SSATP] a présenté un ensemble de lignes directrices avec une série d'outils, d’instruments et de méthodes. Ceux-ci profitent de la richesse de l'information générée par les opérations logistiques pour appréhender les multiples dimensions de l'efficacité de la performance du corridor couvrant plusieurs grands corridors africains. L’indice d'opacité financière   Les flux financiers transfrontaliers illicites totalisent jusqu'à environ 1 à 1,6 milliard de dollars chaque année. Depuis les années 1970, les pays africains estiment avoir perdu plus de 1 billion de dollars en fuite de capitaux, diminuant leurs dettes extérieures actuelles de "seulement" 190 milliards de dollars et faisant de l'Afrique un créancier net mondial de taille. L’indice d'opacité financière [Tax Justice Network (TJN)] classe les juridictions en fonction de leur confidentialité et de l'ampleur de leurs activités. Le rapport montre que les flux financiers illicites qui maintiennent dans la pauvreté les pays en développement sont principalement activés par de riches pays membres de l'Organisation de coopération économique et de développement et leurs satellites, qui sont les principaux bénéficiaires ou canaux de ces flux illicites. Les objectifs de développement après 2015 doivent être doublés de moyens et d’une réforme systémique   Peu d'attention a été accordée à la mobilisation des moyens nécessaires aux niveaux nationaux et mondiaux pour répondre à l'un des objectifs de développement d’après 2015. Le rapport souligne la nécessité de réformer le système économique et financier mondial, si l'objectif de l'éradication de la pauvreté est de devenir une réalité. Le document de politique plaide pour un changement dans le récit de développement sous-jacent

Le rapport souligne la nécessité de réformer le système économique et financier mondial, si l'objectif de l'éradication de la pauvreté est de devenir une réalité. avec un accent beaucoup plus fort sur ​​la transformation structurelle. Faire ce changement nécessitera une refonte de l'architecture internationale de développement. La cause suggère des objectifs de développement durable, la restructuration de la dette souveraine et un financement multilatéral afin de s'assurer que les objectifs de développement d’après 2015 soient remplis. Réalisation du développement post-2015  : options pour un nouveau partenariat mondial   Le débat à propos des nouveaux objectifs qui devront succéder aux Objectifs du millénaire pour le développement à l’échéance 2015 est maintenant bien engagé. Selon un nouveau rapport d'Alex Evans du Centre universitaire de New-York sur la coopération internationale, il a eu jusqu’ici peu de discussions au sujet de la question clé qu’est la mise en place d’un nouveau partenariat mondial. Les perspectives sur la mondialisation et la durabilité semblent en équilibre provisoire entre deux avenirs possibles : le premier est l’intensification de la concurrence stérile, un scénario qui serait catastrophique pour les pauvres dans le monde ; le second est d’augmenter la coopération revitalisée et réglementée. Ce rapport vise à contribuer à ce processus et à stimuler la réflexion plus sérieuse des gouvernements et des autres acteurs sur ce qui doit être fait et sur quoi ils sont prêts à s'engager.

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DOSSier

La nourriture et ses impacts cuLtureL, physique & mentaL L’entrée dans la nouvelle année rime souvent et un peu partout dans le monde avec les échanges des bons vœux, la joie de voir arriver une nouvelle année porteuse d’espoir, pour certains c’est le moment de rendre grâce à dieu, de visiter les plus démunis et pour d’autres c’est l’occasion de renouer avec la famille, les amis ou encore de prendre des nouvelles décisions pour l’année à venir. toutes ses activités de fin d’année ont une chose en commun, la nourriture, le partage et la fête !

> histoire de L’ÉvoLution de La cuisine d’europe et d’afrique............................................................................................................ 17 > Les 10 mythes courants sur La nourriture .......................................... 22 > santÉ mentaLe et nourriture .................................................................................... 24

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La nourriture et ses impacts culturel, physique & mental

histoire de L’ÉvoLution de La cuisine d’europe et d’afrique EUROPE PAR maÎtre queux & AFRIQUE PAR Jacques Bouchut PHOTO achica mondain - african heritage

en europe

L

a cuisine est diverse à travers le monde et souvent inspirée des ressources naturelles que possède un peuple. La culture et les croyances, ont  une  grande  infl uence  sur  l’art  culinaire depuis des générations. Les ancêtres de l’homme moderne procédaient déjà à des opérations de préparation des aliments : nettoyage à l'eau courante, prélèvement d'une partie consommable d'une racine ou d'un fruit, ouverture de coquillages ou de noix, broyage à la main ou avec un outil, mélanges. La découverte du feu est une grande étape car elle marque l'invention de la cuisine proprement dite, la chaleur du feu permettant de cuire des aliments. L'addition de produits changeant de façon importante le goût et la conservation des aliments est également une étape importante dans l'évolution alimentaire et l'histoire de la cuisine. Les chaînes de restauration rapide ont  su  profi ter  au  maximum  de  cette  évolution pour se répandre en quelques années dans toutes les régions du globe.

À toutes les époques, la cuisine de tous les jours est plus simple et moins variée chez les gens modestes que chez les gens riches. Nous parlons donc ici de la cuisine de fête ou de banquet des classes aisées, telle qu'elle apparaît dans les livres de cuisine. La cuisine européenne a évolué au cours des siècles. Ces changements sont remarquables de la préhistoire à nos jours. La préhistoire Découverte du feu et de la fermentation. Apparition du sel, des graisses, de la farine et des céréales (galettes). L’époque gréco-romaine L’organisation de l’alimentation et de la cuisine par critère mythologique. Dimension rituelle des repas. La nourriture est hachée ou réduite en purée. Les préférences pour le poisson, les crustacés et les légumes. Apparition de produits nouveaux comme la bière, le pain, les gâteaux, le vin, le fromage, le pudding et l’omelette. Le moyen Âge Le réveil économique en Europe qui permet de nouvelles techniques ainsi que la multiplication des échanges et du commerce. L’apparition des pâtes, de la cuisson braisée, des fourneaux et des tables pour dresser les mets. Les sauces sont acides et épicées. Les professions liées à l’alimentation se structurent et le matériel de cuisine se développe. Un service à la française allant de trois à six services comportant chacun une entrée, un plat principal, un dessert. Les hôtes mangent avec les doigts et s’essuient à la nappe. La renaissance La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb favorise l’arrivée de nouveaux produits. L’infl uence italienne est forte – apparition de la fourchette à  deux dents, usage de l’assiette individuelle, le calice est remplacé par des verres en cristal. Raffi nement des manières à  table : on se sert de ses doigts une fois les mets dans sa propre assiette, le lavage des mains est systématique. Découverte de la pâtisserie italienne, des gelées, des massepains, des pains d’épices et du nougat. L’utilisation des produits du nouveau monde : tomates, maïs, pommes de terre, café, piments, haricots, chocolat et début de la confi serie. Naissance des idées  révolutionnaires, ouverture du premier café en 1674 (lieu de 17


dossier

1979 (...) les cloches font leur apparition sur la table. L’ordre du jour est à la légèreté et aux saveurs du terroir. rencontre des penseurs). L’apparition des ragouts, des sauces plus élaborées et baisse de la consommation des épices afin de respecter les goûts et saveurs des aliments. Hiérarchisation de la table : selon leur rang social, les hôtes n’ont pas accès à tous les plats de la table.

L’import des tétragones (ou épinards de NouvelleZélande), des farines de soja et l’arrivée des fruits exotiques. Naissance de l’industrie hôtelière, création des premières écoles hôtelières. Cohabitations des trois services (à la française, à la russe et à l’anglaise).

La Révolution 1782 - 1790 Ouverture du premier restaurant Le Beauvillier en 1782. Découverte des glaces et des sorbets. Développement exponentiel du nombre de recettes.

1970 La Nouvelle Cuisine – Apparition des premières chaînes de restauration.

1790 - 1900 Naissance de l’industrie agro-alimentaire, développement de la critique gastronomique. Accord des mets et respect des vins. 1850 Première cuisinière à gaz. 1857 Premier appareil frigorifique. Début de la fabrication industrielle du chocolat en Suisse, Liebig crée un extrait de bouillon de viande, Maggi fabrique des fines farines de pois et haricots pour réaliser des potages. 18

1979 Création des premiers fast-foods. Le service à l’assiette s’impose, les cloches font leur apparition sur la table. L’ordre du jour est à la légèreté et aux saveurs du terroir. De nos jours Le chef de cuisine est aujourd’hui un professionnel aux multiples compétences : il doit faire preuve d’une grande maîtrise technique, s’ouvrir aux technologies innovantes, s’adapter à l’évolution des outils managériaux et démontrer son imagination et sa créativité pour être à la pointe des métiers de la cuisine et s’affirmer comme leader et entrepreneur dans le monde.


La nourriture et ses impacts culturel, physique & mental

EN Afrique   L'Afrique ancienne n'a pas laissé de textes écrits, peu de vestiges. Les nombreuses fouilles ont plus été faites par des paléontologues que par des préhistoriens ou des archéologues : on en sait davantage sur Lucy et les australopithèques de la Vallée du Rift ou sur ceux d'Afrique du Sud que sur l'alimentation des Sénégalais ou des Congolais de l'Antiquité ou du XIVème siècle.   On sait bien qu'il existe des zones climatiques différentes en Afrique. On pense donc à une alimentation différente selon les régions. En réalité, la tomate, la pomme de terre, la patate douce, le manioc, la courge, la courgette, le haricot, le maïs, l’arachide, le piment, le poivron, le cacao, la vanille et l’ananas sont un héritage d'Amérique. Ces produits sont donc inconnus des Africains, comme des Européens, avant le XVème siècle.   Un texte de l'Antiquité, écrit par un marchand grec qui fait du commerce entre la mer Rouge et l'océan Indien, explique que l'Afrique côtière de l'est (Somalie, Kenya) fait du commerce avec Rome et l'Inde : les Africains exportent l’huile de palme, l’ivoire, les écailles de tortue, l’encens et reçoivent du riz, du blé, du vin, du beurre, de l’huile de sésame, du sucre et du coton. Des sources arabes indiquent que les Swahili d'Afrique de l'est cultivaient la canne à sucre au Xème siècle, probablement un héritage de ce commerce antique.   Aucun livre de cuisine ou aucune fresque ne nous renseigne sur les repas africains d'avant la colonisation. Nous savons seulement quelles nourritures étaient disponibles en Afrique précoloniale. Voici, malgré la faiblesse de la documentation, quelques éléments historiques collectés sur les cuisines d'Afrique noire, avant la colonisation. Les gibiers Selon les régions et les cultures, les Africains ont pu manger et mangent encore du gros ou du petit gibier qu'on appelle souvent viande de brousse pour la différen-

cier des animaux domestiques. Le gibier était abondant et varié (viande fraîche ou boucanée). Les coquillages et poissons Quelles techniques de pêche employaient les Africains ? Les articles d'histoire de la pêche oublient de l'étudier. Sur les bords du Congo, en amont de Kisangani (RDC), une tribu pêche dans les chutes Wagenia (ou Stanley Falls) du fleuve grâce à des grandes nasses faites en lianes, fichées sur des perches de bois, qui piègent les poissons. Cette technique semble antérieure à l'arrivée des colons belges au XIXème siècle. Le poisson est traditionnellement mangé frais, fumé ou séché, comme le gibier. La viande L'arrivée des mammifères domestiques en Afrique noire s'est faite progressivement selon les régions. La pintade est originaire d'Afrique de l'Ouest et encore présente à l'état sauvage dans la savane sahélienne. Elle a été domestiquée par les Romains de l'Antiquité, puis oubliée en Europe et redécouverte par les Portugais sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest au XVIème siècle.   La poule est présente en Égypte, où sont inventés des incubateurs artificiels, vers 1500 av J.C. et en Afrique du Nord vers 800. On ignore la date d'arrivée des poules en Afrique, mais elles font partie de la tradition africaine d'avant la colonisation.   Veaux, vaches, cochons, chèvres, moutons, etc. L’Afrique renferme des diversités d’animaux et de volailles, nous ne pourrons pas tous les énumérer ici ! Les laitages L'Afrique fait partie des régions fortement intolérantes au lactose, montrant par là que le lait ne fait pas partie de la consommation traditionnelle des Africains. L'Afrique équatoriale et l’Afrique australe sont plus intolérantes au lactose que l'Afrique sahélienne. Le lait de vache ou de zébu est traditionnellement une base importante de l'alimentation de certains

peuples nomades comme les Massaï d'Afrique de l'Est et les Peuhls d'Afrique de l'Ouest qui pratiquent l'élevage des bovins depuis très longtemps. En Mauritanie et au Sénégal (lakh), de nombreux plats sont actuellement à base de lait. Le fromage est absent d'Afrique avant la colonisation (sa fabrication nécessite un climat tempéré). Les céréales On a parlé de civilisation du riz en Asie, du blé en Europe et au Proche-Orient et du maïs en Amérique. L'Afrique est le continent du mil et du sorgho (exception faite des régions de forêt). Sous forme de bouillie, de couscous, de galette ou de polenta, voire de bière, le mil à petits grains et le sorgho à gros grains sont les céréales d'avant la colonisation.   Le mil a probablement été réduit en farine et consommé sous forme de bouillies ou de galettes, comme cela se pratique encore au Sénégal. Selon l'historienne Monique Chastanet, le couscous de mil était le plat important au Sénégal au XVIIème.  Le sorgho serait originaire d'Éthiopie et s'est répandu ensuite dans toute l'Afrique mais certains estiment qu'il aurait été apporté par les Indiens dans leur commerce à travers l'océan Indien. Il était déjà connu des Romains de l'Antiquité.   Ces céréales sont surtout cultivées dans les zones tropicales sèches du Sahel ou de l'Afrique australe (Botswana, Malawi, Tanzanie, …). Dans les régions sèches d'Afrique centrale et orientale (du Tchad à la Tanzanie) ainsi qu'en Afrique du Sud, l'éleusine ou mil rouge remplace souvent le mil. Cette céréale est probablement originaire d'Ouganda ou d'Ethiopie. Sa culture serait en voie de diminution. L'éleusine se consomme comme le mil.   Encore aujourd'hui, le plat traditionnel de nombreuses régions d'Afrique est composé de farine de mil ou de sorgho cuite à l'eau bouillante, à la manière de la polenta, accompagnée d'une sauce à base de poisson, de viande ou simple19


dossier

Actuellement, il y aurait 275 variétés de légumes recensées en Afrique tropicale, dont 207 seraient indigènes à l'Afrique.

ment de légumes, selon la richesse des familles. Le riz peut remplacer le mil chez les populations urbaines. Le maïs Il commence à arriver dans l'alimentation au début du XVIIIème siècle, sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest (Ouidah au Bénin) en concurrence avec le mil, selon le témoignage des récits de voyage européens. Il aurait été introduit par les Portugais.   Le riz Venant d'Asie, il est importé d'Inde en Somalie dès l'Antiquité et est apporté par les Malais et cultivé à Madagascar un peu plus tard. Le riz aurait également été introduit sur les côtes d'Afrique de l'Est par les Arabes au Xème siècle. On sait qu'il est consommé au Sénégal au XVIIIème 20

siècle, probablement introduit par les Portugais au XVIème siècle. Le riz met un certain temps pour dépasser les côtes d'Afrique. Il arrive dans la vallée moyenne du Niger seulement au début du XXème siècle. Il existe un riz sauvage d'origine africaine, présent dans les mares temporaires d'Afrique de l'Ouest, jusqu'au Soudan et dans certaines savanes d'Afrique australe. Le riz africain cultivé, concurrencé par le riz asiatique depuis le début du XXème siècle, est actuellement en voie de régression. Mais il est plus rustique que le riz asiatique et parfois cultivé dans les mêmes rizières en parallèle. En Éthiopie et au Soudan, blé, épeautre et orge sont cultivés, probable-

ment depuis l'Antiquité, comme en Égypte. Les tubercules Les racines sont une source peu coûteuse de calories et un bon complément des céréales, dans les zones humides des tropiques ou de l'équateur. Ils assurent actuellement 78 % de la ration calorique de pays comme le Congo ou le Mozambique et 43 % de la ration calorique au Bénin, au Nigéria ou en Côte d'Ivoire (source FAO).   La patate douce et le manioc viennent d'Amérique et sont inconnus de l'Afrique précoloniale. Le manioc arrive dans le golfe de Guinée à la fin du XVIème siècle et en Afrique orientale au XVIIIèmesiècle,


La nourriture et ses impacts culturel, physique & mental

Les légumes Actuellement, il y aurait 275 variétés de légumes recensées en Afrique tropicale, dont 207 seraient indigènes à l'Afrique. Impossible de parler de toutes ses variétés, comme nous avons renoncé à lister tout le gibier et les poissons consommés en Afrique noire. 50 % de ces espèces sont récoltées à l'état sauvage.

pour se développer dans l'ensemble de l'Afrique seulement à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Le taro ou colocase, originaire d'Inde, a été introduit à Madagascar par les populations austronésiennes (Malaisie, Java, Bornéo) qui ont peuplé l'île à la fin de l'Antiquité.   En revanche l'igname est la seule plante racine originaire de trois continents  : Afrique tropicale de l'ouest, Asie du Sud et Amérique du Sud (Brésil). On peut donc affirmer que les très nombreux plats africains à base de manioc ou de patate douce n'existent comme tels que depuis, au mieux, le XVIème ou le XVIIème siècle, voire le XIXème siècle.

Les fruits Les principaux fruits habituellement représentatifs de l'Afrique sont soit originaires d'Amérique (papaye, ananas, goyave, cacahuète, cacao) soit originaires d'Asie (banane, noix de coco, mangue). Les fruits d'Amérique ont probablement été introduits au XVIème siècle par les Portugais. La FAO estime que la banane arrive en Afrique vers 500 après J.C. (ce qui confirmerait l'hypothèse d'une arrivée via la Malaisie) et s'implante en Afrique de l'Ouest vers 1400. Autre hypothèse : la banane serait peut-être présente en Afrique depuis plus longtemps, au premier millénaire avant notre ère, selon le CIRAD (Centre de coopération International en Recherche Agronomique). La banane se divise en banane plantain (à cuire) et en banane dessert, dont les tailles, les goûts et les couleurs sont plus diversifiés que la traditionnelle banane jaune que l’on trouve actuellement dans les supermarchés d'Europe.   Les fruits originaires d'Afrique sont peu ou pas connus en Europe. En voici quelques-uns : La noix de cola est le fruit d'un arbre africain de la famille du cacaoyer. C'est un stimulant que l'on mâche et qui est riche en caféine. La noix de cola était souvent utilisée lors de cérémonies (elle était considérée comme un aphrodisiaque) ou pour combattre la fatigue lors des travaux difficiles. Les musulmans en confectionnaient une boisson stimulante pour remplacer l'alcool interdit. À l'origine, le Coca-Cola contenait de la cola.   Le tamarin, fruit du tamarinier, est surtout connu pour ses effets laxatifs. Le tamarinier serait originaire d'Afrique de l'Est. Au Sahel, on écrase la pulpe dans l'eau pour acidifier la bouillie de sorgho ou de mil ou même le thiéb oudienne ou

le toh, comme si c'était du vinaigre. Les Peuhls emploient la pulpe de tamarin séchée dans des gâteaux. Certains pensent que la ville de Dakar doit son nom au tamarinier (daxaar en wolof).   Baobab : un arbre de savane, absent des forêts équatoriales. Il donne un fruit acidulé et riche en calcium, appelé pain de singe, dont la pulpe donne une boisson rafraîchissante.   Akée ou aki (blighia spida) : un arbre qui donne un fruit rouge ou jaune orangé en forme de mangue ou de poire brillante, proche du litchi et originaire d'Afrique centrale et occidentale. Le fruit contient des graines toxiques et doit être mangé avec précaution.   Aizen ou mukkeit : un arbre sauvage du Sahel très résistant à la sécheresse, dont les fruits et les feuilles sont d'un grand secours pour lutter contre la famine. Les petits fruits, de la taille d'une prune, sont jaunes quand ils sont mûrs. Les graisses végétales Le beurre de karité est fabriqué avec l'amande d'un arbre du même nom, qui pousse en Afrique de l'Ouest et centrale. L'huile de palme provient du fruit du palmier à huile (Elaeis guineensis), originaire du golfe de Guinée, où il existe encore des palmeraies sauvages. On a retrouvé des traces d'huile de palme dans une jarre égyptienne vieille de 5 000 ans. Le vin de palme n'est pas fabriqué avec la graine, mais avec la sève du palmier, fermentée. Rappelons que l'huile d'arachide et l'arachide sont inconnues dans l'Afrique précoloniale, elles viennent d'Amérique. Les boissons Le thé et le café sont arrivés en Europe au XVIIème siècle. Le thé à la menthe a ensuite été imaginé au Maghreb (peut-être au Maroc), pour se diffuser ensuite au Sahel. Mais plusieurs boissons sont spécifiques à l'Afrique : Le vin de palme : on extrait la sève de palmier et on la fait fermenter pour donner une boisson plus proche du cidre que du vin. Les bières de mil : du mil germé dans l'eau, cuit puis filtré et fermenté. En Afrique de l'Ouest, on les appelle dolo et tchapalo.

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dossier

Les 10 mythes courants sur la nourriture par Rosemary Szabadka

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Les collations prises en fin de soirée font prendre du poids Elles peuvent certainement entraîner une prise de poids, mais ce n'est pas l'heure tardive qui est responsable. Les personnes qui mangent en fin de soirée sautent souvent le petit déjeuner et mangent principalement à partir du souper et dans la soirée. Lorsqu'on consomme beaucoup de nourriture en soirée, il y a de fortes chances que ces collations se composent d'aliments plus riches en calories et de boissons sucrées. Il faut se demander pourquoi on prend des collations et quels sont les aliments qui les composent. Il est important d'être attentif lorsqu'on mange. Le fait de manger un fruit, des céréales avec du lait, un yogourt ou du pain grillé tartiné de beurre d'arachide lorsqu'on a réellement faim le soir n'entraînera pas une prise de poids. Toutefois, si on mange machinalement en regardant la télévision, on a de fortes chances de prendre du poids. Conseil : prenez trois repas par jour et prévoyez des petites portions d'aliments sains pour les collations. Mangez lorsque vous avez réellement faim et n'oubliez pas de boire de l'eau. Parfois, c’est la soif que vous ressentez et non la faim.

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Il faut éviter les glucides si on veut perdre du poids Il est certain que l'élimination d'un groupe d'aliments vous fera perdre du poids, mais ce n'est pas parce qu'il s'agit de glucides. Vous perdrez probablement du poids parce que vous mangez moins et ingérez donc moins de calories. Cependant, l'élimination des glucides signifie que vous mettez de côté les grains entiers, les fruits, les légumes riches en amidon et les légumineuses. Un tel régime alimentaire est non seulement difficile à suivre, mais il vous privera aussi d'énergie, de nutriments essentiels et de fibres. De plus, même si vous perdez du poids ainsi, ce genre de régime peut souvent entraîner un ralentissement du métabolisme, ce qui vous fera prendre du poids plus facilement à l'avenir.

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Tout le monde devrait adopter une alimentation sans gluten Le gluten est une sorte de protéine présente dans les produits céréaliers comme le blé, l'orge, le seigle et tous les aliments qui en contiennent. À moins d'avoir la maladie cœliaque, d'être sensible au gluten ou d'être allergique à l'une de ces céréales, il n'y a aucune raison d'éviter ces aliments. Pourquoi vous priver sans raison de toute une variété d'aliments délicieux ? Conseil : choisissez des grains entiers qui contiennent du gluten et d'autres qui n'en ont pas, comme le maïs, le riz, le quinoa et le millet. N'oubliez pas, la variété met du piquant dans votre vie. 22

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Le miel, la cassonade et le sirop d'agave sont meilleurs pour la santé que le sucre blanc J’entends ce mythe constamment. Du sucre, c'est du sucre. Il s'agit de sources concentrées de calories contenant très peu de nutriments. L'organisme ne fait pas la différence entre le miel et le sucre blanc. Pour lui, il n'y a aucune différence à part le goût. Si vous aimez le miel dans votre thé, allez-y, utilisez du miel. Mais sachez qu’un excès de sucre sous quelque forme que ce soit ajoute des calories à votre alimentation. La cassonade n'est que du sucre blanc avec de la mélasse ajoutée. Le sirop d'agave ressemble au miel en étant plus liquide. Il contient plus de calories que le sucre ordinaire, mais comme son goût est très sucré, vous pourriez en utiliser une moins grande quantité. Utilisez le sucre que vous préférez mais en quantité modérée.

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Manger beaucoup de protéines aide à développer les muscles Je ne sais pas vraiment pourquoi les gens se préoccupent autant des protéines. On trouve les protéines principalement dans les aliments du groupe des viandes et leurs substituts et des produits laitiers et leurs substituts. Il s'agit généralement d'un nutriment qui est consommé en quantité suffisante par la plupart des gens mais les protéines à elles seules n'augmentent pas la force musculaire. Pour développer la masse musculaire, il faut un programme d'entraînement en renforcement musculaire, une quantité suffisante de calories provenant d'aliments, de temps de repos, un bon sommeil et des liquides. Il est vrai que nous avons besoin de protéines, mais une trop grande quantité de protéines signifie un apport accru en calories et ne fera pas apparaître de plus gros muscles. Les athlètes qui font de la musculation, comme les culturistes, peuvent bénéficier d'un apport accru en protéines, particulièrement dans les collations prises après l'entraînement. Les protéines supplémentaires dont vous pourriez avoir besoin peuvent facilement être consommées en choisissant des aliments riches en protéines, comme les viandes maigres, le poisson, la volaille, les œufs, le lait, les substituts à faible teneur en matières grasses et les légumineuses. Pourquoi ne pas déguster un bon sandwich à la salade de poulet accompagné d'un verre de lait ? Conseil : faites des économies ! Préférez donc les vrais aliments, ils sont meilleurs que la poudre de protéine .


La nourriture et ses impacts culturel, physique & mental

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Les super aliments vous garderont en super santé Soyons sérieux, il ne faut pas tomber dans le panneau ! Aucun aliment n'a à lui seul le superpouvoir de vous garder en santé. Les aliments chers comme les baies du lyciet et d'açaï ne sont pas toujours à la hauteur de leur réputation. Ces baies, comme la plupart des aliments du groupe alimentaire des fruits et des légumes, ont une forte teneur en antioxydants, vitamines, minéraux et fibres. D'autres aliments de base, comme les pommes, les oranges, les bleuets et les mangues ne sont pas qualifiés de super mais sont tout aussi nutritifs. De plus, ils sont moins chers et plus accessibles. Conseil : mangez des fruits et des légumes. Ces aliments représentent le groupe alimentaire le moins consommé et regorgent d'éléments nutritifs. Essayez des recettes et prenez plaisir à manger.

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si vous mangez trop de sucre, vous deviendrez diabétique Vous ne deviendrez pas diabétique simplement en mangeant du sucre. Souvent, les aliments riches en sucre, comme les biscuits, les boissons sucrées, les gâteaux et les bonbons, sont très caloriques et contiennent peu de nutriments. Une alimentation trop riche en calories entraînera un gain de poids. Or, le surplus de poids est un facteur de risque du diabète de type 2. Les autres facteurs de risque, comme les antécédents familiaux, l'âge (40 ans et plus) et l'origine ethnique, peuvent aussi jouer un rôle. Une alimentation saine, le maintien d'un poids de santé et l'activité physique sont les meilleurs gestes que vous pouvez poser pour réduire les risques de développer le diabète de type 2. Conseil : les aliments sucrés contiennent beaucoup de calories et peu d'éléments nutritifs. Limitez votre consommation de ces aliments. Si vous avez envie de quelque chose de sucré, prenez un fruit. Croquez à belles dents dans les sucreries offertes par la nature !

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Le sel de mer est meilleur pour la santé que le sel de table Le sel se présente sous divers noms, sel de table, sel casher, sel fin et sel de mer. Bien sûr, ces sels ont des textures et des goûts différents, mais ils contiennent tous la même quantité de sodium. Le sel de table est extrait d'anciens lacs salés asséchés. Certains sels de table contiennent de l'iode, un nutriment qui contribue à prévenir la maladie de la thyroïde. Le sel de mer est formé par l'évaporation de l'eau de mer et son goût diffère selon sa provenance. Conseil: peu importe le sel que vous choisissez, réduisez votre consommation. Donnez de la saveur à vos plats en y ajoutant de l'ail, des fines herbes, des épices, des vinaigres et du jus/zeste de citron ou d'orange.

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La préparation des repas à la maison prend beaucoup trop de temps La clé de la réussite repose sur une planification minimale. Lorsque les menus de la semaine, ou même de quelques jours, sont planifiés à l'avance, leur préparation ne demandent pas beaucoup plus de temps que de commander une pizza et d'aller la chercher. C'est agréable de rentrer à la maison en sachant qu'il ne reste plus qu'à faire griller le poulet qui a été mis à mariner. Les aliments simples et nutritifs peuvent être transformés en repas savoureux, par exemple une omelette aux épinards et champignons, une sauce à spaghetti ou une pizza maison sur un pain pita. Prenez un peu de temps en famille durant la fin de semaine pour regarder vos livres de recettes ou faire des recherches en ligne. Faites une liste des plats préférés de la famille. Essayez une nouvelle recette et demandez à toute la famille de mettre la main à la pâte pour enlever un peu de pression sur les épaules de la personne qui cuisine habituellement pour toute la famille. Les enfants qui commencent à cuisiner tôt mangent aussi plus sainement. Cuisinez de plus grandes quantités le week-end et trouvez des façons d'utiliser les restes. Enfin, les repas maison sont bénéfiques pour toute la famille. Conseil: planifiez, faites appel à votre imagination et amusez-vous.

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La meilleure façon de faire le plein d'énergie consiste à boire des boissons énergisantes Les boissons énergisantes peuvent vous procurer un regain d'énergie soudain, mais leur effet n'est que temporaire. Ces boissons contiennent énormément de sucre (parfois jusqu'à 14 cuillères à thé) et des stimulants qui peuvent causer de nombreux effets secondaires, notamment un rythme cardiaque accéléré et de l'insomnie. Elles contiennent aussi beaucoup de caféine et sont déconseillées aux enfants et aux femmes enceintes ou qui allaitent. Les enfants pourraient ressentir des effets secondaires ayant des répercussions sur leur comportement, car des quantités importantes de caféine peuvent causer de l'agitation, de l'anxiété et de l'insomnie. La consommation importante de caféine durant la grossesse (soit plus de six ou sept tasses de café par jour) est liée à une augmentation du risque de fausse couche et d'insuffisance de poids à la naissance. Conseil : vous voulez avoir de l'énergie ? Mangez bien, soyez actif, dormez suffisamment et buvez de l'eau durant la journée. Une bonne hydratation aide à garder l'esprit vif !

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DOSSier

À découper et accrocher d'urgence sur le frigo !

santÉ mentaLe et nourriture

PAR ricK nauert

Le régime alimentaire et l’exercice physique ont longtemps été associés à la réduction des facteurs de risque face aux maladies cardiaques et au cancer. Les nouvelles recherches suggèrent qu’une alimentation équilibrée et de l’exercice physique peuvent également protéger le cerveau et conjurer les troubles mentaux.

L

es êtres humains vivent grâce à la nourriture. Pourtant, les économistes et autres spécialistes des sciences sociales étudient rarement ce que les gens mangent. Il existe pourtant un lien entre la nourriture et le bien-être. Il existe aussi un rapport étroit entre la nourriture et la santé mentale. Une mauvaise alimentation, peut créer un déséquilibre pour le corps et l'esprit. Certains additifs peuvent créer un inconfort physique et aussi provoquer des sentiments d'anxiété. De même, le manque de nutriments essentiels dans notre alimentation peut être responsable de l’exacerbation des symptômes de certaines maladies mentales. Pour donner le meilleur à notre santé physique et mentale, nous devons donc nous assurer que nous consommons bien les nutriments dont nous avons besoin. « Selon une nouvelle étude, le bonheur et la santé mentale seraient plus élevés chez les personnes qui mangent sept portions de fruits et de légumes par jour ». Des économistes et des chercheurs en santé publique de l'Université de Warwick ont étudié les habitudes alimentaires de 80 000 personnes en Grande-Bretagne et ont trouvé un lien entre le bien-être mental et le nombre de portions quotidiennes de fruits et de légumes. « La puissance des fruits et des légumes a été une surprise. L'alimentation a toujours été ignorée par les chercheurs en bien-être », explique Sarah Stewart-Brown, professeur de santé publique à l'Université de Warwick. Le Professeur et économiste Andrew Oswald déclare quant à lui : « J'ai décidé qu'il était prudent de manger plus de fruits et légumes. J'ai envie de vivre heureux ». D'autres études vont être réalisées afi n de mettre en évidence la relation entre l'alimentation et la santé mentale. Nous avons rassemblé ici ce que nous croyons être la liste la plus complète des nutriments pour une bonne santé mentale, bien entendu, tout changement radical de régime ou de mode de vie doit être discuté avec votre médecin.Ces informations ne sont qu’un simple guide. Si vous avez un problème de santé mentale, il est conseillé de consulter rapidement un expert médical. Certains aliments peuvent provoquer des réactions allergiques, renseignez-vous !

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pour Lutter contre La dépression Les vitamines B3, B6 et C, magnésium, tryptophane, zinc, omega 3, sélénium et acide folique La distraction La vitamine B1 Les pertes de mémoire Vitamines B5, B6, B12 et oméga 3 Le manque d’appétit Le zinc Les manques de concentration et motivation La tyrosine et le zinc Les insomnies Le magnésium. Le stress Les vitamines B3/B6 et le magnésium. L’irritabilité La vitamine B6, le magnésium et le sélénium. L’anxiété Le magnésium et l'acide folique. Les aLiments qui contiennent ces compLÉments acide folique Foie de veau, de dinde. Lentilles, pois chiches, haricots rouges. Épinards, laitues, asperges, choux, persil, brocolis, haricots verts. Noix, noix de cajou, cacahuètes, noisettes. Thon, saumon, morue. magnésium Flocons d'avoine, riz long grain, orge, blé. Noix, pistaches, cacahuètes, amandes. Graines de tournesol et de citrouille. Fraises, framboises, oranges, raisins, bananes. Brocolis, choux, poivrons, cresson, épinards. omega 3 Saumon, maquereau, thon frais, truite, crevettes. Le sélénium Foie de veau et de dinde. Crevettes, morue, flétan, saumon, thon. Mozzarella. Graines de tournesol. Épinards, champignons, ail. Le tryptophane Amandes, noix de pécan, cacahuètes, noisettes. Lait, cheddar, fromages suisses. Graines de sésame et de citrouille. Dinde, poulet. Fèves de soja, haricots rouges. Bananes, figues, dattes. La tyrosine Cheddar, gruyère, mozzarella, parmesan, crème sure. Épinards, avocats. Bananes, prunes, raisins secs, pruneaux. Tomates. Sauce soja. Marmite (pâte à tartiner aux extraits de levure). La vitamine B1 Pâtes fraîches, riz brun, avoine, orge. Noisettes, noix de pin, noix de pécan. Asperges, aubergines, épinards, cresson, champignons, brocolis, poivrons. Moules, thon, saumon. La vitamine B3/B6 Riz brun, avoine, orge. Foie de bœuf, rognons, poulet, dinde, longes de porc. Thon, saumon, truite. Pois chiches, graines de tournesol. Cresson, choux, poivrons, pommes de terre, courges, courgettes, champignons, brocolis. Bananes (faibles quantités de vitamine B6). La vitamine B5 Pain complet, riz brun, flocons d'avoine. Framboises, fraises, citrons, pastèques. Brocolis, carottes, pois, patates douces, céleri, chou-fleur. Fèves, pois chiches. La vitamine B6 Orge, avoine, riz brun. Truite, saumon, thon. Longes de porc, dinde, poulet. Pois chiches. Graines de tournesol. Choux, poivrons, asperges, pommes de terre, cresson. La vitamine B12 Poulet, dinde, foie de veau, agneau. Palourdes, truites, saumon, huîtres, crabe. Lait, œufs durs. La vitamine c Fraises, oranges, kiwis, ananas, canneberges, pamplemousses, cerises, mûres, mangues. Brocolis, céleri, chou rouge, poivrons rouges, cresson, tomates, citrouilles, artichauts, asperges, choux de Bruxelles, concombres, poireaux, pommes de terre, radis, épinards, courgettes. Le zinc Mozzarella, cheddar. Haricot, pois chiches, lentilles. Cuisse de poulet et de dinde, agneau, porc, viande hachée. Épinards, brocolis, asperges. Kiwis, mûres. noix, amandes, noix de cajou.


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La cuisine au service de la solidarité

par Elisabeth BLESSING

L'organisme Cuisiniers Sans Frontières est présent à Madagascar, au Benin, à Montréal et bientôt en Haïti. De quoi est-il question ? Favoriser la réinsertion sociale des personnes sans ressources dans le monde en leur donnant une formation culinaire tout en les sensibilisant aux enjeux contemporains tels que la santé, l’environnement, l’équité homme-femme et l’éducation.

L’

organisme a pour mandat de fournir des outils aux individus les plus vulnérables de la planète, afin que ceux-ci puissent prendre leur destin en main et améliorer leur sort. L’équipe des Cuisiniers Sans Frontières ou CSF a mis sur pieds une formation en cuisine adaptée à sa clientèle. Tout en acquérant de solides bases en cuisine, l'étudiant est amené à agir sur certaines problématiques de la société dans laquelle il vit. Par exemple, il sera appelé à acquérir des comportements favorables au développement durable et à la salubrité dans la manipulation des aliments. De plus, le CSF met l'accent sur le respect et l'égalité de tous les êtres humains en promouvant des pratiques responsables auprès des employeurs de la communauté et en encourageant la création d'emplois.   Attaché aux valeurs de la solidarité internationale, CSF conduit sa mission dans le respect de la déclaration universelle des droits de l'homme sans aucune discrimination de race, de politique, de religion ou de philosophie.   Toutes les actions de CSF s'inscrivent dans le cadre de la Déclaration de Rio sur l'Environnement et le Développement établie par les Nations Unies en 1992 et dont le premier principe est le suivant : « Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature. »   Tous les bénévoles de CSF s'engagent à œuvrer en toute impartialité et neutralité et à maintenir une totale indépendance à l'égard de tout pouvoir, qu'il soit politique, économique ou religieux.

Le coup d'envoi de la nouvelle campagne de financement de CSF a été donné le 17 mai 2013 à l'occasion de la soirée de leur 10ème anniversaire à laquelle participaient de nombreux invités et amis. La soirée, présidée par le Consul Général d'Haïti à Montréal, M. Justin Viard, a été l'occasion de faire connaître le nouveau projet de CSF qui consiste en l'ouverture prochaine d'une école de cuisine en Haïti. Plusieurs initiatives, événements, levées de fonds seront réalisés durant l’année afin de répondre aux objectifs de l’ouverture de cette nouvelle école.

Les valeurs de CSF Camaraderie partager de bons moments avec autrui, dans l’amour et l’amitié. Solidarité aider notre prochain et l’assister dans son plein épanouissement. Respect reconnaître la valeur des opinions et les choix des autres et des autres cultures, même lorsque nous ne sommes pas d’accord. Autonomisation permettre aux personnes de développer leurs connaissances et compétences, dans le but de leur permettre de se débrouiller. Dignité inconditionnellement, tout le monde mérite un respect de sa personne. Grand projet directeur D’ici 2015, CSF vise à avoir les ressources humaines et financières suffisantes pour parvenir à ses fins. Surtout, continuez à cuisinez l'espoir !

@ info@cuisinierssansfrontieres.org

Tout en acquérant une formation en cuisine, l'étudiant est amené à travailler en équipe et à respecter son prochain. 25


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La France devient-elle raciste ?

Par Priscilla Lalisse-Jespersen

Tout d'abord, les Italiens ont jeté des bananes à leur ministre de l'Immigration d'origine congolaise, Cécile Kyenge, puis c’est la ministre française de la Justice qui a aussi été la victime d'un comportement ignoble.

R

evenons sur les faits, en octobre dernier, Christiane Taubira a été comparée à un singe, à la télévision française, par Anne-Sophie Leclère, politicienne d'extrême droite. Et comme si cela ne suffisait pas, dette dernière a posté ensuite sur sa page Facebook une photo de la ministre Taubira, originaire de Guyane française, à côté d’une photo d'un bébé singe avec pour légende : « à 18 mois » sous la photo du singe et « maintenant » sous la photo de la ministre. Mais il y a encore pire. Madame Leclère dit aussi dans l’émission Envoyé spécial sur France 2 qu'elle préférerait voir la ministre Taubira « se balancer aux branches des arbres plutôt que dans le gouvernement. » Sic !   Anne-Sophie Leclère était candidate Front National aux municipales de Rethel, dans le nord-est des Ardennes. Depuis, sa candidature a été suspendue et elle devra passer devant les instances disciplinaires du parti. Apparemment, elle n'a pas lu la note de Marie Le Pen tentant désespérément de nettoyer l’image raciste du parti (et de son père Jean-Marie Le Pen).   La ministre Taubira, connue et respectée pour son travail - n’a pas gardé le silence sur cette attaque. « Nous savons ce que le FN pense : les noirs dans les branches des arbres, les Arabes dans la mer, les homosexuels dans la Seine, les Juifs dans les fours et ainsi de suite », ditelle dans un entretien avec Le Point. Elle a également décrit la politique du parti FN comme mortelle et meurtrière. 26

Bien sûr, Marie Le Pen, qui tient les rênes du parti FN depuis 2011, a répondu de façon spectaculaire, en incitant la ministre Taubira à démissionner et en la menaçant d'une action en justice. « Rien ne justifie une telle expression de haine contre tout un parti et ses millions d'électeurs », a-t-elle déclaré.   Dans une interview au journal Libération, la ministre Taubira déclare qu'elle s'inquiète à propos de la France, et que le pays se détériore. Je pense qu'elle a raison, et apparemment je ne suis pas la seule. Un titre du journal Le Parisien claironne « La France devientelle raciste ? ». En fait, le problème de racisme a toujours existé. Combien avons-nous vu de documentaires sur la relation entre les « indigènes » français (lisez, blancs) et les Arabes, les Juifs ou les Africains ? Qui ne connaît pas les stéréotypes qui existent quand il s'agit de minorités, en particulier dans le milieu de travail français ? Mais il n’y a pas que dans les documentaires, si vous vivez en France et que vos yeux sont ouverts, vous savez que le racisme existe.   Quand je suis arrivée à Paris en 1999, un directeur des ressources humaines m'a confié que si un candidat potentiel envoie un CV avec un nom comme Fatima ou Mohammed, la demande de cette personne est jetée à la poubelle. Immédiatement. Aucune question n'est posée. Et c'est la même chose pour les candidatures pour un appartement. Je ne dis pas que cela se produit systématiquement en France, mais il se passe

Priscilla Lalisse-Jespersen est rédactrice en chef et fondatrice de Prissy Mag, un webzine anglophone sur la vie à Paris en tant qu'expatriée, et l'auteur de Stockdale et Next of Kin.

beaucoup de choses.   Souvent quand les gens pensent à la France et surtout quand les gens comparent la France à l'Amérique, ils s’imaginent que le racisme est obsolète ici. « Pourquoi ? James Baldwin n’a-t-il pas emménagé là-bas ? Ainsi que la belle et talentueuse Joséphine Baker ? ». C’est vrai mais c’était à une autre époque. L’Amérique était différente. La France a été différente. Nous parlons de maintenant.   Depuis l'élection du président Obama en 2008 en tant que premier président afro-américain des États-Unis, les critiques ont souvent fait référence à lui avec des mots et des images à caractère raciste. Récemment, la commentatrice conservatrice Anne Coulter l’a comparé au « singe de Poutine » au cours d'une interview à la télévision. Ce qui est nouveau, c'est ce niveau de


racisme manifeste, qui a été mis en avant par le biais des agressions verbales de Madame Leclère vis-à-vis de la ministre de la Justice française noire. Le titre plus approprié pour Le Parisien aurait dû être : « La France devient-elle plus raciste ? » Liberté, égalité, fraternité : où sont passées ces valeurs ? Que leur est-il arrivé ? Le racisme n’est plus du tout discret en France. Les gens disent tout ce qui leur vient à l'esprit, peu importe que ce soit horrible ou inapproprié. Et ils ne se cachent pas derrière l'anonymat d'internet pour le faire, ils n'ont plus peur de vomir leur haine en personne. Autre exemple, un ami qui travaille dans un restaurant d’un hôtel de luxe, m'a dit récemment que son patron a menacé d’engager quelques Africains s'ils ne se ressaisissaient pas en travaillant plus dur. La semaine dernière encore, dans le métro, j'ai assisté aux hurlements d’un Français sur une dame africaine parce qu'elle ne lui donnait pas son numéro de téléphone. Comme elle l'ignorait, il a décidé de poursuivre en se déchaînant et en lui disant de retourner dans sa hutte en Afrique. Il lui a également dit qu'elle avait de la chance d'être en France où elle peut se doucher et se parfumer tous les jours et ne pas avoir à transporter de l'eau sur sa tête. Enfi n, il est descendu du train, mais pas  avant d’avoir choqué les témoins de cette conversation à sens unique. Pourquoi ce racisme manifeste est-il en hausse en France ? Le Parisien cite plusieurs raisons comprenant la crise économique que traverse le pays, la crise d'identité nationale et la mondialisation que les Français trouvent menaçante. Que fait le président français François Hollande face à cette montée du racisme manifeste en France ? Ou peut-être que la question devrait être : fera-t-il quelque chose ? Selon un récent sondage, la popularité de François Hollande est tombée à un taux, historiquement le plus bas, soit de 25 %. Heureusement, Christiane Taubira est extrêmement forte. Elle va tenir bon, du moins je l'espère.

+ retrouvez priscilla Lalisse Jespersen sur facebook : https://www.facebook. com/priscilla.lalissejespersen.

haruBuntu

prix des porteurs d’espoirs et crÉateurs de richesse africains PAR nyLa hoLy PHOTO thiBauLt Kruyts

il existe une afrique qui réussit, qui relève des défis et qui invente ses propres solutions de développement. La remise des prix harubuntu 2013 s’est déroulé ce vendredi 6 décembre à Bruxelles en présence des organisateurs et une très grande diversité d’hôtes. Les finalistes venus d’afrique : yasmina el alaoui, Laurien ntezimana, noëline razanadrakoto, achidi valentin agon, Juana vetsohantaina hellia et florida makarubuga ont reçu leur prix dans une ambiance conviviale et pleine d’émotion. harubuntu signifie en Kirundi « à cet endroit, il y a de la valeur »

L

e prix Harubuntu des porteurs d'espoir et des créateurs de richesses africains est né en 2005 dans le sillage d'un colloque organisé au Palais d'Egmont à Bruxelles à l’initiative du Partenariat pour le Développement Municipal et de l'ONG belge Echos Communication sur le thème : « De nouvelles relations avec l'Afrique pour créer des richesses ensemble ». Il offrait l'occasion aux médias et aux institutions de coopération internationale, et à travers eux au grand public, de découvrir une vision plus positive de l’Afrique. Au terme de cet événement, il est toutefois apparu que les exemples qui illustrent cette autre Afrique sont méconnus. Ce questionnement sera poursuivi en 2006 à l'occasion de l'atelier médias organisé dans le cadre du sommet Africités IV des collectivités locales africaines à Nairobi. Vous découvrirez dans notre prochaine parution Monsieur Achidi Valentin Agon qui a reçu le prix de l’entreprenariat Harubuntu 2013. Partant de la conviction qu’il faut produire et consommer localement pour dynamiser l’économie nationale, Valentin Achidi Agon lance en 1997 API-Benin avec Célestin Kinnoudo. Cette société produit des médicaments à base de plantes et de miel et est un premier pas vers une valorisation des savoirs locaux et de la richesse des ressources africaines. En s’appuyant sur les savoir traditionnels, l’entreprise a développé, parmi la vingtaine de produits proposés, un remède contre le paludisme : API-PALU, aujourd’hui distribué dans tout le Bénin. Pour Valentin Achidi Agon, « un pays qui ne consomme que les produits des autres, les développe et se précarise ! ». « Mon rêve est de voir cette Afrique du Caire à Johannesburg remplie de diverses industries, transformant et mettant en valeur les ressources africaines. »

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Rencontre avec

Joseph DJONGAKODI

président du COMRAF photo Rowaldo Frissen

Initiativ’mag Monsieur Djongakodi, vous êtes le président d’une association regroupant des migrants, comment s’appelle-t-elle et pourquoi avoir choisi ce nom ? Joseph Djongakodi En réalité, l’organisme que je préside actuellement n’est pas une association. Il s’agit d’un organe du Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) qui fait partie du groupe de pilotage dépendant directement du Directeur Général et qui sert de médiation ou d’interface entre le MRAC et les associations africaines, spécifiquement des associations des diasporas originaires de l’Afrique Centrale et par extension de l’Afrique subsaharienne. Ces associations sont organisées en assemblée générale et sont représentées dans un bureau composé de dix-neuf membres dont onze délégués d’associations, cinq membres représentant le MRAC et trois personnes ressources. L’organe est régi par une charte qui définit ses missions, ses structures, son fonctionnement et diverses autres dispositions. Il est appelé Comité de Concertation MRAC-Associations Africaines ou COMRAF.   Au départ, il s’agissait d’un organisme de consultation voué à donner des recommandations aux demandes émanant du Directeur général et d’autres services du MRAC. Toutefois, compte tenu de sa capacité à exécuter des activités initiées par lui-même (ex. organisation des journées des associations), il s’est avéré plus approprié de l’appeler Comité de Concertation tout en gardant le même acronyme par respect pour son histoire.

Joseph Djongakodi. 28

Parlez-nous un peu de vous, quel est votre parcours ? Combien de temps vivez-vous hors de votre pays d’origine ?   Je viens de la République Démocratique du Congo (RDC), qui s’appelait alors Zaïre. Je suis arrivé en Belgique


pour préparer une thèse de doctorat en Philosophie et Lettres groupe Linguistique que j’ai obtenu à l’ULB, en plus d’un diplôme de licence complémentaire en informatique et sciences humaines. J’avais alors décidé de rester avec ma famille en Belgique principalement pour permettre à mes enfants de poursuivre leur scolarité. En effet, j’ai réalisé qu’il était suicidaire de rejoindre Lubumbashi, d’où j’étais parti, compte tenu du climat hostile à l’égard de ressortissants de ma province d’origine et des guerres successives que la RDC a connues depuis 1996. Tout en alternant des enseignements à l’Université de Lubumbashi en RDC dans le cadre du MIDA, puis comme permanent, et en Belgique dans le cadre privé, j’ai créé en 2005 l’association UNICOB (Union des Originaires du Congo en Belgique) dont je fus le premier président. Par ailleurs, j’ai aussi été engagé comme chercheur au Musée de Tervuren pour travailler dans le cadre de la rénovation de 2008 à 2010. Je totalise ainsi 37 années de vie en Belgique sur les 66 ans de mon existence. Je signale que j’ai continué à me rendre régulièrement au Congo. Nous sommes curieux de connaître les raisons pour lesquelles vous avez créé cette association   Je ne suis ni l’initiateur ni le créateur du COMRAF. Le principal initiateur est le Directeur général actuel du MRAC, M. Guido Gryseels, qui a décidé d’associer étroitement les ressortissants de la diaspora africaine au chantier de la rénovation du MRAC. C’est lui qui décidât de la participation d’un africain au premier brainstorming (ndlr. remue-méninges) sur le processus de rénovation à Limont en 2002 et plus tard de ma présence à la retraite de Waterloo en mai 2008.   Embrayant sur l’idée du Directeur Général et s’appuyant sur les résultats obtenus à la retraite de Limont, Eric Kennes, Jean Omasombo, Zana Etambala, Billy Kallonji et d’autres ont poursuivi la réflexion ensemble avec un certain nombre d’associations africaines pour aboutir à la création du premier COMRAF en 2004 qui donna naissance au COMRAF II en 2009 auquel j’ai participé en tant que personne ressource

avant de devenir président au départ du COMRAF III en octobre 2013. La raison principale qui a amené la création du COMRAF est celle avancée par le Directeur Général, à savoir que l’histoire du musée est une histoire à moitié africaine et à moitié belge. Plus spécifiquement, il y a deux raisons qui définissent les missions du COMRAF : amener les membres de la diaspora africaine à fréquenter le musée et promouvoir l’image actualisée de l’Afrique et du MRAC.   Sur le plan personnel, ma présence au musée est motivée principalement par un intérêt scientifique et culturel. C’est un lieu privilégié pour approfondir ses connaissances sur l’histoire, les langues et les cultures de la RDC. Avez-vous rencontré des difficultés à vous intégrer dans votre pays d’accueil ?   Comme dans toute œuvre humaine, le COMRAF n’a pas été accueilli dès le départ à bras ouverts. Il a connu des résistances, des manœuvres internes, des ambitions personnelles, … Mais je ne veux pas m’étendre là-dessus. En effet, tout cela est insignifiant par rapport au soutien sans faille du Directeur général. C’est bien cela le principal. La question essentielle qu’il faut se poser est celle de sa pérennité après le départ du Directeur général actuel. Sera-t-il supprimé ou continuera-t-il ? Sous quelle forme et selon quel mode de fonctionnement ? Que pensez-vous du constat établissant que les migrants subsahariens ont plus de difficultés à s’intégrer que les migrants ayant la même culture que leur pays d’accueil ?   Il n’est pas aisé de se prononcer sur un constat pour lequel on ne dispose pas de statistiques même si les observations de la vie quotidienne semblent s’orienter dans cette direction. De toute façon, il faut nuancer par l’analyse. En effet, en Belgique, jusque vers la fin des années 80, les ressortissants originaires de pays subsahariens étaient pour la plupart des étudiants (civils et militaires) et des diplomates en exercice, très peu de réfugiés politiques et quelques rares hommes d’affaires. Compte tenu des lois en vigueur à l’époque et de la difficulté de s’insérer dans le réseau profession-

nel du pays d’accueil, les étudiants et les fonctionnaires rentraient en majorité dans leurs pays d’origine une fois les études et l’exercice de la fonction terminés. À la fin des années 80 et surtout au cours des années 90, à cause de crises politiques et surtout économiques ainsi que des guerres successives en Afrique subsaharienne, on a assisté à d’importants flux migratoires en provenance de cette région, avec la ferme volonté de s’établir dans le pays d’accueil. Le terme « réfugié économique  » est devenu d’usage courant depuis et le nombre de réfugiés a dépassé largement celui des étudiants et diplomates.   Suite à l’allégement des conditions liées à la loi sur la naturalisation, beaucoup de réfugiés ont été naturalisés belges, et dans la foulée des fonctionnaires et des étudiants. Il faut noter qu’en 2004, le nombre de Congolais devenus Belges atteignait à peine 2000. C’est alors que la course pour l’intégration professionnelle a commencé et est devenue une recherche constante. Pour les ressortissants de pays subsahariens, ce type d’intégration est donc récent et la population du pays d’accueil, à l’exception d’une partie de ses membres, ne l’a pas encore digéré. Il se succédera encore de générations de migrants avant que la résistance ne soit brisée. Comme les leviers de lieux d’intégration sont tenus dans la quasi-totalité par les membres de la population de souche, il y a des éléments tacites, affectifs, snobs et sans doute racistes qui jouent et joueront encore longtemps pour expliquer le constat que vous faites.   Mais je serais incomplet et injuste si je ne soulignais pas l’effort d’intégration déployé en Belgique au niveau des lois, des associations et des citoyens. L’effort est encore en cours mais la direction prise est acceptable. Beaucoup d’associations africaines sont des associations de fait et sont très dispersées. Elles ne donnent pas de vraies solutions aux problèmes de la communauté, est-ce par manque de stratégie ou de professionnalisme ?   J’estime que le manque de stratégie et de professionnalisme explique le phénomène que vous observez, mais il existe 29


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d’autres raisons. Dans bien de cas, elles cherchent à occuper la première place avant même que les objectifs ne soient définis ou elles visent plutôt les avantages à en tirer avant de se préoccuper des activités à réaliser. Ce qui conduit par ailleurs souvent au départ de certains membres préférant créer un outil dont il serait le chef. C’est un manque de professionnalisme quand on met en place une association sans disposer de compétences pour gérer les finances de l’association, tenir à jour la comptabilité, rédiger un rapport financier, définir un plan d’activités, etc. Il m’est arrivé de connaître des associations dont le trésorier était incapable de d’établir les comptes annuels. Avec le temps, la plupart de ces associations finissent par disparaître. Mais, l’existence d’associations de fait et le phénomène de leur dispersion s’expliquent aussi par le fait que certains créent des associations pour disposer de moyens de subsistance ou pour avoir des papiers de séjour. D’autres se fixent plutôt des objectifs de développement dans leurs villages d’origine et d’autres poursuivent des objectifs politiques. Il y a-t-il un frein à la diaspora d’acquérir le maximum de formation et de retourner ensuite dans le pays d’origine afin de participer au développement de l’Afrique ?   Il faut d’abord souligner que la plupart des universitaires disposant de compétences élevées, en particulier dans le domaine de sciences humaines, rentrent dans leur pays d’origine, étant donné les difficultés qu’ils éprouvent à être embauchés à leur niveau de compétence dans leur pays d’accueil. Il faut également relever que plusieurs membres de la diaspora d’origine africaine restés dans leurs pays d’accueil, universitaires ou non, participent au développement de leur pays d’origine : les uns en envoyant régulièrement des moyens financiers aux membres de leur famille restés au pays, d’autres en animant des activités personnelles ou collectives à distance ou en se rendant sur place durant de courts séjours. D’autres encore partagent équitablement leur temps entre les deux pour un engagement dans un travail durable dans des domaines comme l’enseignement, 30

la santé, l’agriculture ou l’immobilier. Enfin, il en existe aussi qui préfèrent s’établir et évoluer définitivement dans leur pays d’accueil. Pour ceux qui font ce choix, les principaux freins connus sont les discriminations rencontrées dans divers secteurs : scolaire, professionnel, social, etc. Dans le cas du retour au pays et la participation au développement de celui-ci, on peut mentionner principalement des conditions de travail peu satisfaisantes (salaires, logement), la corruption, l’insécurité (physique, sanitaire, juridique), l’impunité, la mauvaise gouvernance, la jalousie, la poursuite du bonheur individuel, etc. Cependant, il faut souligner que la majorité des Africains qui parviennent au sommet de leur cursus scolaire et font le choix de retourner au pays, bravent généralement ces différents obstacles et donnent le meilleur d’eux-mêmes. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi beaucoup d’Africains pensent que pour jouer un rôle crucial dans le développement, il faut faire de la politique ? N’est-ce pas un manque d’ouverture que de penser ainsi ?   D’une manière générale, on peut soutenir l’idée qu’il n’est pas nécessaire de passer par l’exercice de fonctions politiques pour jouer un rôle crucial dans le développement. Quelques exemples notoires suffisent pour confirmer la pertinence de cette idée. Bill Gates, Georges Cluny, les Sœurs Teresa et Emmanuel, et en RDC, le basketteur Mutombo Likembe, sont ou ont été des acteurs importants du développement dans le monde et dans certains pays sans pour autant avoir exercé de fonctions politiques. Toutefois, dans la plupart de pays du monde, la politique exerce auprès des populations une fascination telle qu’elle apparaît comme un levier indispensable pour agir efficacement notamment dans le cadre du développement. Ceci à cause de l’interaction inévitable entre le pouvoir et l’argent. Ainsi, l’homme politique dispose du pouvoir de décision et d’influence dans les divers secteurs de l’économie et du développement d’un pays. À ce niveau, il peut avec moins de difficultés, soit influencer les décisions relatives à des secteurs de développement, soit décider d’orienter des fonds de l’Etat vers

un ou des secteurs de développement. L’exercice du pouvoir politique permet en effet d’accéder rapidement et par divers artifices (détournement des fonds publics, pots-de-vin, jeux d’influence, corruption) aux richesses, et de ce fait, à la capacité de jouer un rôle essentiel dans le développement.   Dans différents pays africains, au moment de l’indépendance, il n’existait presque pas d’opérateurs économiques nationaux capables d’investir et de financer de manière significative des secteurs de développement. Depuis, l’Etat demeure encore le lieu privilégié de production et d’accession aux richesses et de ce fait, mis à part les investisseurs étrangers, le principal acteur national du développement. À partir de ces constats, l’idée de la nécessité du passage par la politique pour jouer un rôle essentiel dans le développement s’est rependue.   Dans l’absolu, s’enfermer dans cette idée est certainement un manque d’ouverture. D’une part, parce que le rôle du politique n’est pas d’être un acteur actif du développement mais de créer des conditions qui permettent aux divers opérateurs de s’investir dans le développement.   D’autre part, parce que, bien qu’une certaine politique soit toujours présente à la base du développement, l’investissement dans le développement se déploie dans divers secteurs autres que la politique tels que l’enseignement, la santé, la recherche et la technologie. Chaque être humain est responsable et acteur dans sa société, quels sont vos apports à votre communauté ?   Avant de répondre, j’aimerais souligner que je n’aime pas parler de moi. En outre, j’estime qu’il importe de nuancer quelque peu la question. En effet, il est différent de dire que « chaque être humain est responsable et acteur dans sa société » et « chaque être humain est responsable et appelé à jouer un rôle dans sa société ». Je retiens la seconde formulation.   Au cours de ma vie, j’ai fonctionné principalement dans le domaine de l’enseignement et dans le monde associatif. Au niveau de l’enseignement, les personnes à qui j’ai transmis des connaissances, à savoir plusieurs milliers, appliquent celles-ci et les intègrent dans


leur vie. Ce qui constitue un apport inestimable, d’autant que certaines sont devenues comme moi des docteurs et exercent diverses fonctions y compris dans la sphère étatique. Sur le plan de la recherche, je suis toujours heureux d’apprendre que des personnes s’inspirent de l’un ou l’autre de mes écrits. Je crois que lorsque l’on parvient à aider quelqu’un à s’élever sur n’importe quel plan, on a accompli une action dont les conséquences sont difficilement mesurables. Je ne puis énumérer ce genre d’actions, car les écrits publiés sont devenus des biens de l’humanité et chaque être humain peut s’en servir.   Sur le plan associatif et social, je fais partie des fondateurs de plusieurs asbl de droit national ou international dont la plupart continuent à fonctionner et qui s’honorent chacune de bilans aux nombreuses actions positives. Je crois que vous avez été témoin de l’une de ces actions dans le cadre du COMRAF, à savoir l’organisation annuelle de la journée d’associations. J’apporterai à votre information que je suis à la recherche de moyens pour soutenir une école primaire qui porte mon nom et qui fonctionne depuis des dizaines d’années dans mon village d’origine en RDC.   En ce qui concerne le domaine politique, il m’est arrivé d’aider des hommes politiques en rédigeant des documents ou en leur fournissant des conseils, mais je n’ai jamais exercé aucune fonction politique. Nous sommes dans un contexte économique difficile pour les migrants. Que préconisez-vous pour que les africains, qui ont une étiquette d’assistés, soient des acteurs sociaux économiques respectables tant dans leur pays d’accueil que leur pays d’origine ?   De mon point de vue, cette question est idéologiquement chargée. Je dirai donc un mot sur le phénomène de migration avant de revenir à la question. En effet, la migration est un phénomène tout à fait naturel que connaît tout être vivant capable de se déplacer. Il s’agit de partir d’un point que l’on quitte vers un autre point où l’on s’installe pour diverses raisons (maladies, famine, guerres, catastrophes naturelles, disputes, recherche de bien-être). Bref, il s’agit de quitter son lieu habituel de vie

pour trouver un mieux-être que la réalité corresponde ou non aux attentes. Ceci concerne aussi bien les animaux que les êtres humains d’ailleurs.   Chez l’être humain, on constate que les migrations se sont déroulées durant les grandes crises : les guerres de religion aux XVIème et XVIIème siècles, l’absence des matières premières aux XVIIIème, XIXème et même XXème siècles, les guerres mondiales et les guerres régionales au XXème et de nos jours en Afrique, les crises économique et financière dans les années 30 en Occident et actuellement en Afrique.  Aujourd'hui, l’Europe occidentale traversant une de ses grandes crises financières et économiques, beaucoup de jeunes en quête du travail migrent vers des zones un peu plus propices. Dans les mêmes circonstances et avec les mêmes préoccupations, des milliers d’Africains, jeunes et adultes périssent dans les mers et les océans en essayant de gagner l’Europe. Tant les Européens que les Africains quittent leur continent pour s’installer dans des régions où ils croient pouvoir trouver mieux. Pour les Européens, c’est plutôt le Canada, les États-Unis et l’Australie et pour les Africains, c’est surtout l’Europe. En effet, pour les Africains, quel que soit le degré de la crise en Europe, celle-ci demeure le lieu le mieux organisé pour permettre la résolution de leurs problèmes. Pour eux, l’Europe est plus riche que l’Afrique non seulement dans leur imaginaire, mais également dans la réalité. Autant que le Canada, les États-Unis le sont pour les jeunes Européens. Dès lors, je me pose la question de savoir si le Canada et les États-Unis, qui organisent chaque année l’immigration de plusieurs milliers de personnes vers leur pays, considèrent ces dernières comme des assistées. Je ne le crois pas. J’estime que l’étiquette d’assistés est la conséquence de la politique appliquée en matière d’immigration. En conséquence, le premier conseil que je peux donner est d’inviter les politiques des pays d’accueil à élaborer une politique qui, au lieu d’infantiliser les migrants en leur offrant des aides, mette en place des conditions et des mesures qui visent l’intégration directe des migrants dans le réseau professionnel comme c’est le cas au Canada.   Aux migrants eux-mêmes, je leur conseille de s’instruire au niveau le plus

élevé possible et dans des filières qui soit sont recherchées sur le marché soit permettent de créer rapidement sa propre entreprise.   Comme troisième conseil, il reste l’option de s’organiser intellectuellement et matériellement pour entreprendre quelque chose dans son pays d’origine en vue d’un retour définitif dans un laps de temps acceptable.   Je terminerai en disant que l’immigration relativement importante d’Africains en Europe est relativement récente et qu’il est scientifiquement erroné de tirer de conclusions significatives ou de valider des étiquettes péjoratives comme celle d’assistés. Quels conseils donneriez-vous aux migrants qui n’ont pas assez travaillé pour pouvoir bénéficier d’une pension raisonnable ?   À ce sujet, je me contenterai d’indiquer qu’il n’y a pas beaucoup de solutions. Si cela est possible, il faut soit prendre une assurance complémentaire, soit chercher à migrer dans un pays où la sortie du réseau professionnel pour la retraite est volontaire. En guise de clôture de cet entretien, quels sont les conseils que vous pouvez donner aux migrants sans emplois et ayant peur d’entreprendre ?   J’estime que devant des personnes qui répandent de telles idées, il faut mener une action pédagogique d’explication du phénomène de migration avec les raisons qui le motivent. Il faut également leur expliquer la politique d’emploi du pays, la limitation du nombre d’emplois par rapport à la demande et le fait qu’être sans emploi n’est pas nécessairement une volonté, mais souvent une situation subie.   En outre, il est tout à fait aberrant de croire que tout individu est capable d’entreprendre. Pour entreprendre, il faut à la fois des compétences intellectuelles, des capacités morales et psychologiques ainsi que des moyens financiers et logistiques disponibles ou qu’il faudra tenter d’obtenir. Plutôt que de parler de peur d’entreprendre (vision subjective), il faut insister sur la capacité d’entreprendre (vision objective). Si l’on examine les choses sous ce point de vue, les critiques seront fortement relativisées.

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Malala Yousafzai

reçoit le Prix Sakharov Par Rowaldo Frissen

La jeune militante pakistanaise de 16 ans a reçu le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit ce 20 novembre à Strasbourg, en reconnaissance pour sa croisade pour le droit à l’éducation pour les enfants, filles et garçons. Le Prix Sakharov récompense des personnalités exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression. À l’instar d’Andreï Sakharov, les lauréats du Prix témoignent combien il faut de courage pour défendre les droits de l’Homme et la liberté d’expression.

S

ous un tonnerre d’applaudissements annonçant le prix du Parlement européen, Martin Schultz, Président du Parlement, a salué la militante de 16 ans comme « une survivante, une héroïne et une jeune femme extraordinaire ». Il a ajouté : « Vous avez redonné de l’espoir à des millions de personnes ». Malala, vêtue d’orange, avec son père à ses cotés, est la 25ème lauréate du prix dont la cérémonie de cette année s’est tenue symboliquement lors de la Journée mondiale de l’enfance. Vingt et un des précédents lauréats étaient également présents.   Parmi les précédents lauréats du prix d’un montant de 50 000 euros, notons entre autres le héros antiapartheid sud-africain, Nelson Mandela, ainsi que l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.   Malala Yousafzai, âgée de 16 ans, est une élève de la ville de Mingora, dans le district de Swat au Pakistan, connue pour son combat en faveur 32

des droits de la femme dans la vallée de Swat, où le régime taliban a interdit aux filles d'aller à l'école.   Recevant son prix « au nom de Dieu  », Malala s’est exprimée au nom des 57 millions d’enfants privés d’éducation dans le monde, en insistant sur le manque de scolarisation des filles, souvent en raison de mariages forcés, de pauvreté, de traite des femmes ou de violences sexuelles. «  Les enfants ne veulent pas un I-Phone, une X-Box ou des chocolats » ajoute-t-elle au moment où les législateurs se lèvent, « ils veulent juste un cahier et un stylo. Les gouvernements doivent réduire leurs dépenses militaires et investir plutôt dans l'éducation afin de créer un pays avec un peuple talentueux, instruits et compétents. Il y a de l'espoir, parce que nous sommes tous rassemblés ici pour aider les enfants innocents à sortir du marais de leurs problèmes », a-t-elle ajouté.   Le Président Schulz s’est ensuite adressé à Malala, qui a été blessée

à la tête par les talibans pakistanais pour avoir parlé contre eux, en lui disant qu’elle est « un symbole de la résistance au fanatisme ». Il a ensuite salué son père en l’encourageant à continuer à la laisser parler et à se battre pour les droits des jeunes filles.   Néanmoins, courant novembre, les écoles privées pakistanaises ont interdit son livre Je suis Malala pour son contenu « anti-Pakistan et antiislam ». De plus, le religieux extrémiste lié à l'attentat sur ​​sa personne a été nommé nouveau chef des talibans pakistanais.   Malala, qui avait également été nominée pour le prix Nobel de la paix, a été conduite en Grande-Bretagne afin d’y recevoir un traitement suite à l'attaque de l'année dernière et poursuis désormais sa scolarité dans le centre-ville de Birmingham.


DÉcouverte

L’accès à la culture pour tous !

Par Véronique Gobert

Initiativ’mag et Life Dignity asbl ont participé pour vous avec beaucoup d’intérêt au Forum Culturel Européen 2013 qui s’est déroulé à Bruxelles du 4 au 6 novembre. L'édition 2013 de ce forum a réuni des décideurs politiques, des acteurs, des artistes et des professionnels de la culture, des sujets pertinents du moment étaient aussi à l’ordre du jour. C’est lors de ce grand rassemblement européen que nous avons rencontré Amel Thaminy qui nous a fait découvrir l’asbl Cultur’All qui facilite l’accès à la culture pour tous à l’aide d’un passeport culturel !

L

e Kulturpass circule depuis mai 2010 au Grand-Duché du Luxembourg et il a, semble-til, à l’image de ses homologues autrichien (Hunger auf Kunst und Kultur) et belge (article 21), trouvé son public – toutes proportions gardées – édité à ce jour à quelque 16.000 exemplaires.   Revisité par l’asbl Cultur’all, inspiré par l’expérience et les bonnes pratiques de nos voisins mais adapté à la réalité socioéconomique du Grand-Duché, le Kulturpass est la version luxembourgeoise du passeport culturel qui tend, lentement mais sûrement, à se mettre en place, à petite ou grande échelle, locale ou nationale.   Les culturels, appelons-les ainsi, ont accueilli l’initiative avec enthousiasme. Il est vrai qu’au Luxembourg, capitale européenne de la culture en 1995 et 2007, les salles ne manquent pas, ni les spectacles qui vont avec. L’espace culturel a littéralement explosé, nourri par une offre qui n’a rien à envier aux plus grands, en quantité comme en qualité. Dans passeport culturel, il y a culturel, un mot que tout le monde connaît, mais dont les définitions varient à l’infini. L’infini est trop grand pour nous, nous ne nous y risquerons pas. Et il y a passeport. Là aussi, tout le monde connaît, quoi que… Passeport entre quoi et quoi ? Où et où ? Qui et qui ? Comment ? Pour qui ? Pourquoi ? Combien ? La

phrase « prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, jouir des arts et participer aux bienfaits qui en résultent. » est bien inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, soit. En réalité, nous ne sommes que bien peu à en jouir : ne nous attardons pas sur la cultureprivilège, essayons a contrario d’imaginer ce que ce passeport peut signifier en termes d’ouverture, de diversité, d’échange.   Passeport, donc. Pour où, exactement ? Les institutions et acteurs culturels sont ouverts – on l’a dit – au plus grand nombre possible, pourquoi l’offre culturelle a-t-elle cependant autant de mal à atteindre ce plus grand nombre ? Au Luxembourg, le Kulturpass a néanmoins l’indéniable mérite d’exister, il aura d’abord et surtout permis d’ouvrir le débat, sinon le dialogue. Le débat entre les acteurs sociaux et culturels (www.culturall.lu) qui planchent désormais ensemble sur la question, à savoir comment faire se rencontrer l’offre et la demande. Le dialogue, quant à lui, reste difficile de part et d’autre de cette frontière culturelle, pour ne pas dire gouffre, entre ceux qui baignent dans la culture, et les autres. Les autres ? Ceux pour qui la culture reste un luxe et auxquels le Kulturpass s’adresse plus particulièrement.   Les 16.000 passeports délivrés à la demande des intéressés eux-mêmes interpellent, mais pas tant que ça.

1,50 € par spectacle et par personne, avec le Kulturpass c’est possible ! 1,50 € par spectacle et par personne, on peut difficilement faire mieux, mais qu’on ne s’y trompe pas : 16.000 passeports demandés n’équivaut pas à 16.000 passeports utilisés, loin s’en faut. D’autant que les manifestations ou spectacles labellisés Kulturpass, eux, interpellent peu leur public. Peu, ou pas encore, car c’est un processus long et compliqué que de passer de détenteur à utilisateur.   Si le Kulturpass ouvre bien des portes, il faut toutefois oser ou apprendre à les franchir. Après en avoir ciblé et atteint les bénéficiaires potentiels, l’asbl Cultur’all continue de faire le lien entre acteurs culturels et sociaux, de solliciter le soutien des politiques – communes ou ministères – et de l’obtenir, de sensibiliser les bénéficiaires en particulier et nous tous en général, de réfléchir à des relais culturels, professionnels ou bénévoles, à des plateformes d’information…   Pour que la culture ne soit pas seulement ouverte, mais surtout accessible !

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DÉcouverte  Boîte à idées

Construire  en Terre Crue 2/4

Les technologies de la Terre Crue : de la fondation à la toiture PAR Nathalie Yabili alias i-grec-carré-y2 Yohali Y2 Photo Koussan

Pour l’opinion publique, la terre crue est un moyen de construction de seconde zone : une terre travaillée, moulée, damée… à la main « ne peut pas être considérée comme un matériau durable ! ». Cette présentation des technologies ingénieuses de la terre crue va lui enlever définitivement l’étiquette péjorative de « pauvre et fragile ». La Voûte nubienne : merveille de Génie civil africain Quelque part dans

la Nubie de l’Egypte antique, les familles des paysans ont vécu la crise : la végétation produisant le bois de construction pour les toitures était rare et il fallait continuer à nourrir, construire et instruire… Les hommes et les femmes ont usé de leur odorat subtil et sont passés à l’action en inventant la Voûte nubienne : une toiture en arc réalisée en terre crue, sans utilisation de bois de coffrage. Le génie consiste à poser les briques de terre crue inclinées.   Le terme Voûte nubienne a été popularisé par les constructions de l'architecte égyptien Hassan Fathy (1900-1989).

Le Génie civil pourrait aller plus loin D’une part, la voûte nubienne est

réalisable avec d’autres matériaux  : brique en terre cuite, pierre ou matériaux composites. D’autre part, la voûte étant une structure capable de supporter des charges, il est possible de jeter un tablier (structure horizontale) sur une succession de voûtes nubiennes et d’obtenir un pont ! Tout cela sans usage de bois de coffrage. Si les anciens bâtisseurs de l’Occident avaient pris connaissance de cette technique, ils auraient évité l’incontournable « stress du décoffrage » lors de la construction des caves, cathédrales, ponts… En effet, les pierres constituant une voûte étaient maçonnées au-dessus d’une structure de coffrage en bois. Quand la construction était finie, il fallait décoffrer sans savoir à l’avance si la voûte tenait bien en place. Tant d’ouvriers sont morts à ce moment crucial parce qu’on se rendait compte que les pierres avaient été mal posées. Trop tard… le coffrage étant retiré, les pierres de la voûte ratée s’écroulaient et tuaient les hommes. 34

De la fondation à la toiture : tout en terre crue Aujourd’hui, grâce à

la technique de la voûte nubienne, la terre crue est la seule matière première utilisée pour fabriquer le mortier et les briques des fondations, murs et toitures. Plusieurs voûtes peuvent être juxtaposées pour construire des édifices et des maisons à étage toujours sans coffrage. Les inconvénients sont les mêmes que ceux des autres matériaux : il faut toujours veiller à protéger la terre crue de l’eau ruisselante et de l’humidité ascensionnelle. Un toit débordant, des enduits et membranes étanches aux endroits adéquats font l’affaire !   Afin de favoriser une large diffusion de cette technique chez les autoconstructeurs, les ingénieurs ont fixé la largeur intérieure maximale des voûtes à 3,25 mètres. Une largeur plus importante reste possible, mais elle nécessite des calculs de génie civil plus pointus. Par contre, les longueurs des voûtes sont illimitées et garantissent une diversité de formes architecturales.   En Afrique de l'Ouest, l'association La Voûte Nubienne est très active et diffuse la technique.

Les finitions architecturales intérieures et extérieures sont adaptables à loisir.

La presse manuelle Cinva Ram.

La technologie de base  : comprimer la terre crue L’innovation

consiste à fabriquer les briques en comprimant la terre crue humide sous une très grande pression mécanique. Dans une presse à briques, la pression comprime les particules de terre les unes contre les autres ; l’air n’a pratiquement plus d’espace. Après séchage au soleil ou dans un courant d’air, on obtient une brique compact et solide. Le vocabulaire de la construction la nomme : Brique de Terre Crue Compressée [BTC]. Elle est aussi solide

Brique de terre crue obtenue avec la Meco’Presse de l’entreprise Meco’Concept. Les reliefs permettent une pose à emboîtement sans mortier.


Événement cinéma

qu’une brique en terre cuite sans avoir consommé de l’énergie pour sa fabrication. (Pas de feu de bois, ni de grande puissance électrique!)

Les presses à brique Vers le milieu du 20ème siècle, le colom-

La marche de naBiL Ben yadir, du rire À L’exagÉration PAR fouÂd harit

bien Raul Ramirez invente la presse à briques manuelle CINVA RAM. Simple et effi cace à l’usage et à l’entretien, cette presse est  largement diffusée dans les contrées isolées. Depuis lors, une multitude de presses manuelles ou motorisées (avec une infi me  consommation d’énergie) sont fabriquées à travers le monde et de nombreuses entreprises spécialisées ont vu le jour. deux exemples de fournisseurs d’équipement L’entreprise française Meco’concept réalise du matériel pour la fabrication autonome de briques de terre crue compactes et solides avec un bilan carbone négligeable. Le mélangeur de terre motorisé Meco’Mix effectue un mélange homogène et sans grumeaux. Il consomme seulement 2 kW/h et produit 2 m³/h. La presse motorisée Meco’Press possède des moules interchangeables avec la possibilité de formes courbes. Sa puissance n’est que de 250 Watts ; elle peut fonctionner sur panneaux solaires. D’une maintenance facile, elle est peu encombrante, mobile et transportable. Les briques obtenues ont des reliefs pour une pose « à emboîtement » sans mortier (comme les jouets Lego©). L’entreprise belge Appro-Techno réalise des unités de briqueteries terre crue compressée pour la fabrication de briques, tuiles de toiture, pavés extérieurs et carrelages d’intérieurs. Avec un investissement minimum, Appro-Techno fournit des systèmes de construction complets dont l’entretien nécessite très peu d’outils. Par exemple : Une briqueterie manuelle (1 presse manuelle + moules) à partir de 4.600 €. Une briqueterie semi motorisée à partir de 50.000 €. Une tuilerie complète à partir de 9.000 €… (www. appro-techno.be)

Les panneaux préfabriqués De nos jours, les éléments de construction préfabriqués augmentent la rapidité de réalisation des bâtiments. L’entreprise belge Paille-Tech s’est lancée dans la fabrication et la construction de bâtiments en panneaux préfabriqués terre crue + paille. Une prouesse technologique qui réduit au silence les préjugés qualifi ant la terre crue de « pauvre et fragile ». La reconnaissance scientifique De renommée mondiale, le CRATerre (Centre de Recherche d’Architecture en Terre) est Installé à Grenoble, en France. Ce Centre Scientifi que étudie et propage les technologies et techniques de construction en terre crue. (www.craterre.org)

Sous le soleil ou sous la neige, la terre crue est le matériau confortable énergétiquement et économiquement.

prochainement dans ce magazine : Au-delà de la terre crue : la vie socio-urbaine (Printemps 2014) La terre crue concrètement : idées et conseils (Été 2014)

@ nathalieyabiliyohali@gmail.com

Le film La marche, réalisé par nabil Ben yadir, est sorti mercredi 27 novembre en salle. il s’agit de la première réalisation cinématographique qui retrace la célèbre marche de 1983, partie de marseille jusqu’à paris, pour l’égalité et contre le racisme.

d

u rire, de la joie, de l’émotion… Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de La Marche une production intergénérationnelle  à  succès.  Le  fi lm  est  librement  inspiré  de la lutte à pied de 1983, à l’initiative d’enfants d’immigrés, pour l’égalité et contre le racisme, vulgairement surnommé par les médias « Marche des Beurs ». Le réalisateur, Nabil Ben Yadir, a subtilement contourné ce cliché. On notera toutefois l’absence d’acteurs noirs au sein des marcheurs. La Marche livre des séquences inattendues, comme par exemple la manière dont les renseignements français ont tenté de dissiper avant de soutenir une marche honorifi que. Certaines sont en revanche incompréhensibles, voire surréalistes. Bien que cette marche de 1983 n’ait pas été réalisée sans embûches, l’approche du réalisateur, dont le talent n’est plus à présenter, est par moments curieuse. Certaines scènes seraient-elles de trop ? De l’avis de certains spectateurs qui ont eu l’occasion de visionner le fi lm en avant-première,  lundi dernier, au Festival du Maghreb des films à l’Institut du Monde Arabe [IMA], à Paris, Nabil Ben Yadir a « tellement voulu jouer sur l’émotion que le film est surfait, presque lourd ». Mais grâce notamment à la présence d’acteurs comme M’barek Belkouk, le sourire et même le rire reviennent au galop.

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DÉcOuverTe

afriKamaLi

coopÉrative À finaLitÉ sociaLe PAR magaLi siLvestre

afrikamäli est une société coopérative créée en 2006 par différentes associations du quartier matonge à Bruxelles et reconnue entreprise d’insertion.

L’

Afrique j’ai été littéralement conquise par la créativité et toutes les richesses culturelles et artistiques du continent que je vous fais découvrir.

Séduite par ce projet atypique qui allie la promotion des cultures africaines et l'insertion socioprofessionnelle. À force de bataille et de persévérance j’en prends la direction et fait évoluer le projet jusqu’à son développement actuel. Dés mon premier voyage en

Dans un contexte de globalisation intense, Afrikamäli fait le choix de mettre en valeur un patrimoine culturellement très riche au travers de la créativité et du savoir-faire traditionnel d’artisans africains, de même qu’au travers de ses services coutures et ses créations textiles. Afrikamäli veut s’adresser à des consomm-acteurs, de plus en plus guidés par les mêmes valeurs éthiques, en leur proposant des créations et un artisanat variés et authentiques ainsi qu’un service de couture de qualité.

objectif du projet est, d'une part améliorer l'image du quartier par la création d'un commerce ethnique de qualité et d'autre part, proposer un parcours d’insertion professionnel à un public de personnes fragilisées, dans les domaines de la vente, y compris des éléments de gestion d’un commerce de détail et de la couture vestimentaire et d’ameublement.

deux espaces afrikamäli shop déco - design rue ernest solvay, 19 - 1050 Bruxelles Nous proposons les produits suivants : décoration, arts de la table, bijoux, accessoires, petit mobilier, jeux, instruments de musique, tissus, DVD, livres, etc. En provenance de différents pays africains. afrikamäli couture - retouch - confectie chaussée de Wavre, 83 - 1050 Bruxelles Nos activités portent sur : la retouche et la confection pour particuliers et professionnels, ainsi que la création de linge pour bébés, de linges de maison et de table et d’accessoires.

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Poème contre l’éclaircissement de la peau noire Par DIAGNE TOUTOU BAILA

Ta peau est ébène Ton sourire sublime Douces sont tes mains Pleines de tendresse et d'amour Ta peau est ébène Noire comme le ciel étoilé Sois fière d'être lébou Beauté de la Reine Cléopâtre Et de Néfertiti Kémétiyou Dès le lever du soleil N'hésite pas à t'exposer Ta couleur est vie Et mille promesses de la femme en devenir Ô femme africaine Ma fille, mon avenir, préserve chaleureusement Ce que la nature t'a offert Tiens ! En parlant de nature Quand tu iras les voir Offre cette calebasse de jujube à Bouba et Baïla de ma part

alerte

Produits pour blanchir la peau : attention ! L’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) souhaite attirer votre attention sur le risque potentiel des produits pour blanchir la peau.  Ceci suite à des actions de contrôle qu’elle a effectuées dans les magasins de produits africains de plusieurs villes en Belgique.

En matière légale (Loi du 25.03.1964, Loi du 24.02.1921 et A.R. du 29.01.2009) : Le vendeur de tels produits peut être poursuivi en justice pour importation illégale de médicaments, vente de médicaments non autorisés, détention illégale de produits hormonaux et exercice illégal de l’art pharmaceutique. Les sanctions sont lourdes et vont d’amendes élevées à l’emprisonnement.


Mandela ou la résistance contre l’iniquité ! « Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l’Afrique du Sud et nous a tous émus » Barack Obama, Président des États-Unis « Une grande lumière s’est éteinte. Nelson Mandela était un héros de notre temps » David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni « L’incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l’Afrique » François Hollande, Président de la France « Mandela restera pour toujours lié au combat contre l’oppression » Angela Merkel , Chancelière allemande « L’exemple de ce grand dirigeant guidera tous ceux qui luttent pour la justice sociale et la paix dans le monde » Dilma Rousseff, Présidente du Brésil « Un symbole de la libération du colonialisme et de l’occupation pour tous les peuples aspirant à la liberté » Mahmoud Abbas, Président de la Palestine « Une source d’inspiration pour le monde entier » Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU « Un être humain remarquable » qui « nous a fait comprendre que nous pouvons changer le monde. » Aung San Suu Kyi Chef de l’opposition birmane et prix Nobel de la paix


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