COLLECTION L E S L E X IQU E S DE L’I N SEEC
PA R I S • B O R D E A U X • LYO N
Les mots de... la parole PAR ERIC COBAST
Lexique
préparatio méthode
concours réussite CONCOURS 2017
Chers préparationnaires, Dans le monde ultra-connecté d’aujourd’hui, qui privilégie l’immédiateté et l’éphémère, où la forme l’emporte sur le fond, le choix qui a été le vôtre d’intégrer une Classe préparatoire aux Grandes Ecoles semble s’inscrire à rebours de l’évolution de notre société. Et pourtant, choisir d’emprunter le chemin de la rigueur, de la réflexion et de la singularité, c’est croire encore en les vertus du temps long et vouloir les défendre. Ces deux années de « prépa » vous construisent ainsi pas à pas, lentement mais sûrement, car on ne bâtit pas d’édifices solides sur des fondations incertaines. Elles vous amèneront à passer nos concours - et je l’espère à les réussir - mais vous accompagneront bien au-delà : vision à long-terme, capacité d’analyse, goût de la connaissance, toutes ces qualités, développées sous la férule bienveillante de vos professeurs, feront de vous des étudiants épanouis et des managers éclairés. Parce que l’INSEEC croit profondément en ces valeurs et en la mission qui est aussi la sienne de préparer les générations futures à imaginer le monde de demain, nous accompagnons depuis de nombreuses années la réussite des préparationnaires en mettant à leur disposition des outils méthodologiques qui, en marge du thème de culture et de sciences humaines retenu pour l’année, leur offre des applications originales de la réflexion menée dans leur salle de classe. Ce lexique, intitulé « Les mots de… la Parole », conçu à votre intention par Éric Cobast, Professeur agrégé, titulaire de la chaire de Philosophie à l’INSEEC Business School, vous permettra d’appréhender différemment et de façon ludique les notions acquises en cours. Dans le même esprit, nous vous invitons à découvrir « Paroles d’Homme », le MOOC* exclusif à destination des préparationnaires, compagnon numérique idéal de vos soirées et week-ends studieux. Ne doutant pas que vous saurez apprécier ces outils, et souhaitant vivement que vous soyez récompensés des efforts consentis, l’INSEEC Business School vous donne rendez-vous au mois de juin prochain sur l’un de ses trois campus. Bien sincèrement, Rémy CHALLE Directeur INSEEC Business School
Eric COBAST Professeur de Philosophie à l’INSEEC Business School
*Massive Open Online Course : cours en ligne interactif sous forme de vidéos
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les mots de... la parole.
PAR ERIC COBAST Professeur agrégé Professeur de Philosophie à INSEEC Business School
Avant-propos « Définir », c’est toujours ce par quoi commence le Socrate que Platon met en scène dans ses dialogues. Sans délimiter avec précision le sens des mots, comment s’entendre ? Sans débuter par cet accord contractuel sur le langage, comment parvenir à penser ensemble ? A dialoguer enfin ? Or rien n’est moins simple. Circonscrire la surface sémantique d’une notion réclame souvent bien davantage qu’un simple dictionnaire. Il faut aller certes à l’usage mais aussi à la source même de la formation du terme. Or si l’étymologie ne dit pas nécessairement – et contrairement à ce qu’elle annonce – la vérité d’un mot, elle en indique la pente, elle en découvre « l’arrière-goût » souvent indispensable à l’appréciation connotative. Bref, il est utile de maîtriser le sens des mots du champ notionnel dans lequel on travaille, ne serait-ce que pour analyser correctement les énoncés des sujets proposés, cerner avec justesse les enjeux des textes dont la lecture et l’étude sont conseillées, pour argumenter enfin sans craindre l’imprécision. Cela passe nécessairement par une étude lexicale et notionnelle à l’occasion de laquelle on peut déjà suggérer une mise-en-problème, un début de questionnement, un commencement de réflexion. C’est dire que chacune des entrées proposées est conçue à la fois comme une définition précise de la notion citée et comme un premier exercice de problématisation. On trouvera souvent également en appui une citation qui amorce une première argumentation. L’ambition de ce petit lexique est donc de fournir des informations nécessaires mais aussi d’inciter déjà à la réflexion, d’apporter les définitions attendues mais également de surprendre parfois à l’occasion d’une entrée plus originale.
La Parole… d’un mot. Nous ne sommes hommes et nous ne tenons les uns aux autres que par la parole. (Montaigne, Essais I, IX)
Les trois acceptions du mot parole. La parole, c’est d’abord la faculté de parler, c’est-à-dire la capacité de s’exprimer par le langage articulé. On peut d’ailleurs à ce propos déjà expliquer ce que l’on entend par « langage articulé ». 2
Le linguiste André Martinet a montré en effet que le langage humain était caractérisé par une double articulation : Il articule d’une part des « unités significatives », ce sont les « monèmes » ou « morphèmes », les signes linguistiques dont parle Saussure avec un signifiant et un signifié : cette première combinaison permet d’obtenir des énoncés qui ont une signification. Mais d’autre part il faut aussi rappeler une deuxième articulation, celle d’unités distinctives qu’on appelle des phonèmes. Ces dernières n’ont pas de sens mais elles permettent de distinguer les monèmes entre eux. Bref, ce premier sens renvoie à une aptitude quasiment organique dont disposeraient les hommes. Mais « parole » désigne aussi tout énoncé porteur de signification, tout énoncé auquel nous accordons du sens donc de la valeur et de l’importance. Comme le précise Philippe Breton dans Eloge de la Parole, cette seconde acception va nous permettre de… … décrire tous les usages que nous avons de la langue et des moyens de communication, usages qui peuvent être à des fin de domination, d’exercice du pouvoir, de violence, de manipulation, de coopération, de partage. Il ajoute : Elle se diffracte dans trois grandes formes qui servent à exprimer, à convaincre, à informer mais qui permettent aussi de mentir, de manipuler et de désinformer. Et puis il y a cette troisième signification, ce n’est plus la parole que l’on prend, c’est bien plutôt celle que l’on donne : la parole au sens de promesse, d’engagement. La parole devient alors ce qui nous implique totalement dans notre relation aux autres et au monde. Ce n’est plus seulement ce par quoi je pense le monde, c’est déjà la manière dont je l’interprète. Ce qui renforce cette approche, c’est évidemment l’étymologie. Plusieurs verbes latins sont en concurrence pour traduire « parler » en français : - « loqui » qui donne locuteur, locution, éloquence, etc. - « fabulari » qui donne fabuler, fabuleux, fable. C’est « parabolare » qui sera retenu : faire des paraboles, composer des récits allégoriques et symboliques. C’est, dit Breton : Un détour de langage qu’on est obligé de faire en utilisant l’analogie. C’est surtout une parole qui a un but. Elle n’est pas tenue pour le plaisir d’être tenue. La parabole est bien une parole qui appelle un changement. Elle est comme un détour qui permet d’aller vers l’autre, dans toutes les situations sociales que nous connaissons, pour lui proposer un changement. La parabole est un appel. 3
Sommaire Première
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P a r l e r . ������������������������������������������������������������������������������� p. 5 Deuxième
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Prendre Troisième
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T e n i r P a r o l e . ����������������������������������������������������� p. 33 Q uat r i è m e
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Figurer
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Parler.
1| Abracadabra. C’est la formule magique par excellence, formule ancestrale bien plus ancienne que le « hocus pocus » des illusionnistes anglo-saxons. Son origine est obscure, elle viendrait de l’expression hébraïque Arba (quatre) dak (casser) Arba (quatre) : « Le Quatre casse les quatre », « Dieu fait voler en éclats les éléments ». C’est surtout la parole enchantée qui accomplit l’enchantement : dire c’est faire. Cet énoncé performatif entre tous réalise ainsi l’action qu’il désigne par le simple fait d’être prononcé. Certains kabbalistes recommandent au moyen-âge de prononcer cette formule lors de la fabrication d’un golem. Le linguiste John Austin étudie ces énoncés qui ne représentent en rien quoi que ce soit de la réalité mais qui agissent sur la réalité et « magiquement » la transforment. Ainsi en est-il, par exemple, de l’expression « Je vous déclare mari et femme » ou « Je déclare la séance ouverte », etc. Toutes ces formules opèrent aussi mystérieusement que notre « abracadabra » de référence. A noter que la fonction performative d’une formule est liée à la fonction de celui qui la prononce. Cela vaut bien-sûr pour le magicien mais aussi pour le Maire ou le Juge !
2| Acte manqué. Tout acte manqué est un discours réussi explicite Jacques Lacan. De fait ce que l’on appelle avec Freud un « acte manqué » relève à la fois de l’échec (c’est un acte involontaire et maladroit) et du succès : l’acteur est parvenu à exprimer ce qu’il tenait inconsciemment refoulé. Ainsi c’est très précisément de la sorte que Freud dans un texte de 1904, Psychopathologie de la vie quotidienne, le définit : le symptôme d’un désir refoulé. Dans le silence de notre conscience, nous trouvons encore à parler, contournant les interdits informulés de la morale ou plus largement de l’éducation, laissant nos maladresses parler pour nous. La feinte est à
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double détente puisque les proscriptions sont contournées mais elles le sont d’autant plus efficacement que cela se joue dans le champ du quotidien le plus insignifiant.
3| Animal. Il se définit étymologiquement par sa capacité à se mouvoir par lui-même : l’animal est animé, c’est ce qui le différencie du végétal qui « végète ». Mais comment le distinguer de l’homme, lui-même auto-mobile ? Aristote fait précisément du langage le critère discriminant : Il est évident que l’homme est un animal politique, bien plus que n’importe quelle abeille ou n’importe quel animal grégaire. Car (…) la nature ne fait rien en vain. Et seul parmi les animaux l’homme a un langage. Pourtant, c’est également un fait, l’animal émet des signes, il paraît ainsi disposer d’un langage et communiquer. Le zoologue Frans de Waal repère même grâce au langage de certains Grands singes ce qu’il nomme une protoculture ; l’éthologue autrichien, Karl Von Frisch, prix Nobel de physiologie avec Konrad Lorenz en 1972, étudie le langage corporel des abeilles et lui reconnaît une complexité qui pourrait faire vaciller les anciennes distinctions entre l’homme et l’animal, notamment dans une étude publiée en 1965 : Le langage de la danse et de l’orientation des abeilles. Or dans tous les cas, s’il y a langage, il n’y a pas « parole ». Parler en effet cela consiste toujours à dire quelque chose à propos de quelque chose et à le dire à quelqu’un avec qui on noue une relation morale ou spirituelle ; le linguiste Emile Benveniste, dans Problèmes de linguistique générale en 1966, va jusqu’à refuser d’employer pour l’animal le terme « langage ». C’est un code de signaux, écrit-il. Et il ajoute : « Tous les caractères en résultent : la fixité du contenu, l’invariabilité du message, le rapport à une seule situation, la nature indécomposable de l’énoncé, sa transmission unilatérale. » De fait, les abeilles ne transmettent que des informations qu’elles ont vécues (une distance, par exemple qu’elles auront parcourue). Elles sont incapables de dialoguer, de questionner, de répéter, etc. Décidément l’animal ne parviendra pas à franchir ce que Darwin appelait « le mur du langage ».
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4| Babil. C’est un excès de paroles inutiles, pas nécessairement insensées mais en tous cas indifférentes au sens. Le babil relève du pur plaisir de parler pour parler. Il procure ainsi à l’enfant la jouissance que procure la découverte d’une capacité, et d’une exception qui fait son humanité. Le substantif est associé à un verbe, « babiller ».
5| Bruit. Du latin vulgaire « brugere » qui donnera « bruire » mais qui signifie en français « bramer » (qui se dit du cerf ou du daim). Il s’agit dès lors de désigner par ce mot, « bruit », un son confus, difficilement identifiable. Le bruit est donc un son indésirable. C’est aussi une information infondée qui circule à travers l’anonymat d’un groupe humain constitué. Il est d’usage de souligner la rapidité de sa propagation par l’emploi du verbe « courir ». De fait le « bruit court », c’est dire bien-sûr la vitesse de sa diffusion mais aussi l’empressement des uns et des autres à faciliter cette même diffusion.
6| Chant. Ensemble de sons variés et rythmés que caractérise sa musicalité. Par métaphore, le mot renvoie au cri des oiseaux, ce que l’on appelle précisément le ramage. Le mot désigne aussi la partie « chantée », mélodique, d’un poème puis par métonymie le poème tout entier. On notera l’emploi particulier de ce terme quand on l’associe aux sirènes. Le chant des Sirènes est tout à la fois un chant mélodieux au sens le plus musical mais c’est aussi un enchantement, un sortilège trompeur et dangereux. Autre usage lexicalisé. Cette fois, il s’agira du cygne : le « chant du cygne », c’est ce cri qu’il jette ultimement au moment de mourir. Dernier éclat, ultime et sublime effort pour esthétiser la fin.
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7| Cœur. Dans le contexte d’une réflexion sur la parole, le cœur par métonymie, supposément le siège des émotions, désigne les passions. La parole vientelle du cœur ou de la raison ? De fait, l’association par les grecs, dans un même vocable de la parole et de la raison, logos, semble déterminante, voire indiscutable. Rousseau pourtant renverse la proposition dans un texte célèbre de son Essai sur l’origine des langues : On ne commença pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me paraît insoutenable (…). Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s’en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes.Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodiques.
8| Compétence. C’est selon Chomsky la connaissance que le locuteur-auditeur a de sa langue. Ce dernier disposera en effet d’une précision dans la définition de l’acception des termes plus ou moins variable en fonction de son éducation. Il pourra manier plusieurs niveaux de langue (ou pas), jouer (ou non) sur différents registres.
9| Cri. Dans la continuité de « Cœur » : Le premier langage de l’homme, le langage le plus universel, le plus énergique, et le seul dont il eut besoin, avant qu’il fallût persuader les hommes assemblés, est le cri de la Nature assène Rousseau. Dans ce premier sens, le mot « cri » renvoie au son caractéristique émis par chaque animal. C’est aussi pour l’homme synonyme de hurlement. Le son est inarticulé mais il exprime la violence d’une émotion, la surprise ou la douleur.
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Il est alors intéressant de noter le « sens figuré » que revêt ce terme, puisque « cri » dit aussi la « protestation », le refus ou la révolte : un « cri d’alarme », un cri de désespoir. Il s’agit d’associer alors la notion d’appel et de refus viscéral.
10| Enfant. C’est étymologiquement celui qui ne parle pas : « in », privatif, « fari », parler. Donner la parole à ce petit muet, c’est donc assumer la fiction d’un discours totalement recomposé, inventé par l’adulte que par exemple l’autobiographe est devenu. Si Sartre dans Les mots semble l’occulter, en revanche Leiris dans L’âge d’homme et Sarraute dans Enfance ne se dissimulent pas une difficulté qui se trouve être à l’origine même de leur projet. A ce propos Sarraute déclare : (Je vais) m’efforcer de faire surgir quelques moments, quelques mouvements qui me semblent être intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs blanchâtres, molles, ouatées qui se défont, qui disparaissent avec l’enfance…
11| Fable. Trois mots familiers du français dérivent directement du verbe latin « fari », parler : enfant, fée, et fable. Une fable, c’est donc une parole mais une parole aux visées didactiques, pédagogiques (l’enfant n’est pas très loin) qui utilise les séductions de la fiction souvent la plus extravagante (un monde féérique) pour défendre et propager sa morale. Au tout début de son premier recueil de fables, La Fontaine joue d’ailleurs sur la syllepse du verbe « parler », faisant ainsi du double-sens l’une des clés pour entrer dans son œuvre. Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons ; Ce qu’ils disent s’adressent à tous tant que nous sommes. Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. (A Monseigneur le Dauphin) 9
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12| Fonctions (du langage). C’est au linguiste Roman Jakobson que l’on doit d’avoir formulé précisément les différentes fonctions du langage : Il y a tout d’abord la fonction référentielle : on utilise en effet le langage pour « faire référence » à quelque chose, pour parler de quelque chose. La fonction émotive quant à elle permet d’exprimer la position de l’émetteur par rapport à son message. C’est la fonction du « je ». La fonction conative en revanche est dirigée vers le récepteur. La fonction métalinguistique vérifie que l’émetteur et le récepteur se comprennent bien (« Tu vois ce que je veux dire ? »). La fonction poétique s’inscrit dans un usage esthétique du langage. Et puis, il y a cette fonction « phatique », que l’ethnologue Malinovsky a décrite à l’occasion des palabres dont il fut le témoin parmi les populations primitives qu’il étudiait. Le langage remplit cette fonction « phatique » quand il n’a pas d’autre fin que de prolonger ou d’établir la communication entre le locuteur et le destinataire sans servir évidemment à délivrer un message : « Allo » accomplit par exemple cette fonction phatique.
13| Garrulité. C’est un terme assez péjoratif pour désigner une envie irrépressible de bavarder. L’expression est une métaphore et impose en tant que telle une comparaison déplaisante avec un volatile écervelé, le geai. Car si le merle siffle, la pie glapit, le corbeau croasse, le pigeon roucoule et la poule glousse, le geai garrule !
14| Hurlement. C’est un cri prolongé. Le mot s’emploie quand il s’agit d’un loup ou d’un chien. Il fait aussi figure d’hyperbole pour dire « parler avec emportement et fureur ». Hurler, c’est donc crier avec force, de toutes ses forces et longtemps. 10
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15| Idiolecte. Formé à partir du grec idiotès, « particulier », le terme désigne un langage particulier, caractéristique d’un individu singulier. Cela touche le vocabulaire, la grammaire mais aussi l’intonation ou la prononciation. Plus largement l’idiolecte désigne la manière particulière dont chacun s’approprie le langage. Chacune des caractéristiques de cet idiolecte prend le nom d’idiotisme.
16| Implicite. L’implicite, c’est ce qu’implique de manière sous-entendue le sens propre d’un mot ou d’une expression (du latin « implicare », envelopper). La recherche de l’implicite suppose la pratique de l’interprétation. Si l’on associe l’exercice du langage à un besoin, l’implicite de toute parole est suggéré par les conditions de nécessité qui l’ont provoqué. Ce qui est implicite alors, c’est qu’il y a un problème qu’il faut résoudre. Les étudiants connaissent bien cette situation, eux qui doivent dans l’introduction de leur dissertation de philosophie « dégager la problématique » repérée dans l’énoncé. L’implicite est latent et l’explicite manifeste.
17| Langage. Un langage est un système de signes (voir le mot « signe »). Il y a un langage des fleurs où les fleurs sont des signes, un langage des couleurs, des gestes voire pour certains des langages propres aux animaux. Mais le linguiste Emile Benveniste propose de réserver ce mot « langage » à la communication humaine.
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18| Langue. C’est la dimension sociale du langage (qui permet à la parole de se constituer). C’est dire qu’elle apporte la condition sociale des possibilités de la parole, elle permet au fond la publicité du message. La langue donne forme à la signification, elle est là pour la matérialiser, pour la faire passer. (George Steiner) Mais ce que la langue permet, elle ne le permet que par la contrainte : Parler une langue, c’est s’engager dans une forme de conduite gouvernée par des règles. (Searle) Dans la Leçon inaugurale qu’il donne le 7 janvier 1977 au Collège de France, Roland Barthes radicalise le propos : Dès qu’elle est proférée, fût-ce dans l’intimité la plus profonde du sujet, la langue entre au service d’un pouvoir. En elle, immanquablement, deux rubriques se dessinent : l’autorité de l’assertion, la grégarité de la répétition. D’une part la langue est immédiatement assertive : la négation, le doute, la possibilité, la suspension de jugement requièrent des opérateurs particuliers qui sont eux-mêmes repris dans un jeu de masques langagiers ; ce que les linguistes appellent la modalité n’est jamais que le supplément de la langue, ou ce par quoi, telle une supplique, j’essaye de fléchir son pouvoir implacable de constatation. D’autre part, les signes dont la langue est faite, les signes n’existent que pour autant qu’ils sont reconnus, c’est-à-dire pour autant qu’ils se répètent ; le signe est suiviste, grégaire ; en chaque signe dort ce monstre ; un stéréotype : je ne puis jamais parler qu’en ramassant ce qui traîne dans la langue. Dès lors que j›énonce, ces deux rubriques se rejoignent en moi, je suis à la fois maître et esclave : je ne me contente pas de répéter ce qui a été dit, de me loger confortablement dans la servitude des signes : je dis, j›affirme, j›assène ce que je répète. Dans la langue, donc, servilité et pouvoir se confondent inéluctablement.
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Enfin, du seul fait de l’arbitraire des signes dont la langue est faite, celle-ci se donne tel un signe de reconnaissance. Le groupe se retrouve dans la langue commune. C’est elle qui donne alors à la nation le critère objectif qu’elle attend pour asseoir sa légitimité (conception germanique de la nation). Parler la même langue, c’est voir le monde de la même façon. Si le polyglotte est un homme plus libre que les autres c’est bien parce qu’il est capable de multiplier les points de vue.
19| Lapsus. Du verbe latin « labor », trébucher. Le lapsus est un acte manqué (voir supra), Freud en démonte la mécanique en 1901 dans Psychopathologie de la vie quotidienne. Il distingue le lapsus linguae (oral) du lapsus calami (écrit). On peut ajouter le lapsus memoriae, plus prosaïquement appelé « trou de mémoire » ! Le lapsus donne à l’inconscient la parole.
20| Linguistique. Ferdinand de Saussure, professeur à l’Université de Genève jusqu’à sa mort en 1913, invente la linguistique et la sémiologie. Son enseignement, divulgué après sa mort grâce à la publication de son Cours de linguistique générale, influencera grandement la pensée des structuralistes et des sémiologues de la seconde moitié du siècle. La linguistique procède à l’étude de la langue. Mais à l’inverse de la grammaire elle n’est pas prescriptive. Elle demeure toujours descriptive.
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Parler.
21| Mythe. Du grec muthos, la parole. À partir du ve siècle, le mot entre en concurrence avec le terme logos. Chacun des deux mots se spécialise. Muthos désigne alors la parole trompeuse, dénuée de fondement, par opposition à logos, la parole vraie. Aujourd’hui le mythe est un bref récit qui met en scène des personnages et des situations surnaturelles qui renvoient à un temps originaire, avant le temps lui-même, ou plutôt avant l’histoire. Cette parole du mythe, explique Roland Barthes, est loin d’être insensée. Elle développe un « système sémiologique second », porteur d’une vérité d’ordre symbolique. Il y a une vérité du mythe lequel complète plus la réalité qu’il ne s’y oppose.
22| Orang-Outang. L’étymologie du mot relève de l’érudition gratuite (« homme de la forêt » en malais), en revanche ce « Grand singe » est un vrai personnage de notre petite histoire du langage. Diderot rapporte ainsi dans Le rêve de D’Alembert (1769) cette anecdote : Bordeu. Avez-vous vu au Jardin du Roi, sous une cage de verre, un orang-outang qui a l’air d’un saint Jean qui prêche au désert ? Mademoiselle De l’Espinasse. Oui, je l’ai vu. Bordeu. Le cardinal de Polignac lui disait un jour : « Parle, et je te baptise. » Embarrassé par les traits du singe proches de ceux des hommes, Polignac fait de la parole le critère de reconnaissance de l’humanité. Il ignore évidemment que le caryotype de l’orang-outang est le plus proche de l’hominoïde. Seul 3% de différence génétique nous en sépare.
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23| Proférer. Du latin « proferre », porter en avant. C’est donc « dire tout haut », faire entendre son discours.
24| Psittacisme. De « psittacus », le perroquet. C’est le fait de répéter comme un perroquet, mécaniquement… sans comprendre ce que l’on dit.
25| Rêve. En 1900, Sigmund Freud publie L’interprétation des rêves. Il y montre que le phénomène du rêve est chargé de signification et que s’y exprime l’inconscient du sujet rêvant. Le rêve est ainsi une « parole » où se disent les désirs refoulés. Le rêve tel qu’il se manifeste dans le souvenir que nous en gardons éveillé dissimule un autre contenu, latent que l’analyse doit décoder. Ce sera l’interprétation des rêves que rend possible la connaissance de procédés identifiés par Freud, comme le « déplacement » ou la « condensation ».
26| Signe. Saussure, pour qui la langue est un ensemble de signes, définit le signe par la relation qu’il repère entre deux éléments : le signifié d’une part, le signifiant d’autre part. Par « signifié », il faut entendre la représentation mentale, le concept. Quant au « signifiant », c’est ce que Saussure appelle l’image acoustique du mot. C’est l’élément matériel du signe (un son, un dessin, un geste etc.) alors que le « signifié » est immatériel (puisque c’est une représentation mentale). Le signe linguistique est ainsi constitué de la relation artificielle entre un élément immatériel et un élément matériel. On « fait » littéralement signe. On l’a compris : cette relation est arbitraire, elle n’a aucune forme de nécessité et demeure strictement conventionnelle.
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Parler.
27| Silence. De quoi le silence est-il l’indice ? D’une absence ? D’une présence ? A l’évidence, le silence s’oppose à la parole et se laisse définir comme la négation du bruit. De nombreuses expressions telles que « passer sous silence », « réduire au silence », « loi du silence » ou encore « majorité silencieuse » disent l’échec de la parole. La privation de la parole marque l’exclusion ou la servitude des populations à qui on ne donne pas la parole précisément, qui se trouvent alors ignorées, niées. Le bâillon de la censure ou l’absence de représentation condamnent ainsi au silence opposition et adversaires politiques. Mais le silence triomphe aussi de la parole en ce qu’il est plus profond, plus riche, plus « divin » en quelque sorte. Il s’impose quand il y aurait trop à signifier et que le langage éprouve ses limites, sa finitude. Le taciturne n’a t’il rien à dire ou trop à exprimer ?
28| Subduction. La linguistique emprunte à la géographie physique pour une métaphore singulière. A l’origine il s’agit de désigner le processus au cours duquel une plaque tectonique glisse sous une autre plaque, entraînant irruptions volcaniques et tremblements de terre. En linguistique depuis Gustave Guillaume on parlera du sens subduit d’un mot pour dire qu’il a considérablement glissé, c’est-à-dire perdu en signification. Ainsi en est-il par exemple de l’adverbe rien, signifiant à l’origine « quelque chose » (« res » en latin) pour exprimer à présent l’absence de toute chose. Cette usure du sens est « naturelle », elle nous rappelle qu’une langue a une histoire et que certains de ses mots vieillissent et meurent.
29| Symbole. Un symbole est un signe au sein duquel la relation signifiant-signifié repose sur la logique : le second est déductible du premier. Les deux morceaux de la poterie (c’est à l’origine ce que signifie le grec sumbolon)
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doivent s’emboîter parfaitement pour que, ainsi restauré, le signe soit opérationnel. C’est alors un signe de reconnaissance, un véritable « mot de passe ». Est-ce à dire que ce qui lie le signifiant au signifié n’a rien de conventionnel et qu’une puissante nécessité les attache l’un à l’autre ? Assurément mais dans le cadre d’une même culture. Le cochon, par exemple, symbole de prospérité en Chine, devient pour les peuples sémites signe d’impureté. Pour un indien d’Amérique, comment déduire que le rameau d’olivier est symbole de paix dans les pays de la méditerranée ?
30| Syntagme. A l’origine, le mot désigne une subdivision de la phalange grecque. C’est un rang que forment les guerriers. Par métaphore le mot syntagme en linguistique renvoie à une combinaison de mots qui se suivent et constituent une unité de signification dans l’organisation de la phrase. Le syntagme lie ensemble de façon linéaire des éléments. Le principe de la relation syntagmatique est d’ordre « horizontal » (il relève de la coordination), la relation paradigmatique en revanche est « verticale », elle fonctionne sur le mode commutatif. Ainsi le paradigme en linguistique est-il constitué de l’ensemble des unités qui peuvent commuter dans un ensemble donné.
31| Talking cure. C’est ainsi qu’une jeune patiente que Freud nomme Anna O. désigne la méthode propre à l’analyse et qui est fondée sur la libération de la parole : Après avoir exprimé un certain nombre de ces fantaisies, elle se trouvait délivrée et ramenée à une vie psychique normale. L’amélioration qui durait plusieurs heures disparaissait le jour suivant, pour faire place à une nouvelle absence que supprimait de la même manière le récit des fantaisies nouvellement formées (...) La malade elle-même qui à cette époque de sa maladie ne parlait et ne comprenait que l’anglais donna à ce traitement d’un nouveau genre le nom de talking cure. (Sigmund Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse)
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Parler.
La parole qui délivre, la verbalisation qui met à distance, l’expression comme extériorisation… Une même thérapie bien connue depuis l’Antiquité que déjà au début du XIXème siècle le philosophe Hegel résume d’une formule : Pleurer, c’est déjà être consolé.
32| Voix. Il s’agit de l’ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales. Par métonymie, le mot « voix » en vient aussi à désigner celui ou celle qui parle ou qui chante de façon remarquable. On ne se limitera pas dès lors aux sonorités mais on désignera aussi de la sorte l’opinion, les idées : « la voix du peuple ». Une voix, c’est encore un suffrage exprimé au cours d’un vote (expression de la liberté et des droits du citoyen). Enfin la linguistique en fait une catégorie grammaticale qui indique le type de relation qui existe entre le verbe, le sujet et l’objet : exemple, à la voix active, le sujet grammatical est aussi l’agent alors que la voix passive l’installe dans une situation où il subit, etc. Si on cherche à unifier tous ces usages fort distincts du mot « voix » on peut comprendre que ce terme désigne le mode le plus intime de l’engagement de l’être humain dans un monde d’interactions.
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Deuxième
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Prendre
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Parole.
33| Aphasie. Suspension de la parole, l’aphasie est visée par la sagesse sceptique. Pour Pyrrhon (360-275 avant Jésus-Christ) il s’agit là de la conséquence de notre incapacité à dire l’essence des choses. Qu’il soit possible de défendre par exemple des opinions contraires avec la même force ruine tout espoir de tenir une parole vraie. Le sage qui recherche le bonheur dans l’ataraxie, l’absence de trouble, doit en passer par l’aphasie, corollaire de la suspension du jugement (épochè).
34| Bavardage. Le bavardage est constitué de paroles creuses, infondées et indiscrètes. Les connotations du mot sont franchement péjoratives. Ce que souligne par ailleurs l’origine même de ce vocable : « baver » au sens propre de secréter de la bave mais aussi au sens figuré de « médire », « dire du mal ». Il y a quelque chose de non autorisé, d’illégitime dans cette pratique du bavardage : les bavards sont souvent supposés se concentrer en silence sur une autre activité que celle de parler. Le bavardage - et pas seulement à l’Ecole - est le plus souvent intempestif et incontrôlé. En 1946 paraît un étrange roman qui prend la forme d’un monologue écrit que l’auteur, Louis-René des Forêts intitule en « moraliste du Grand Siècle » qu’il aurait pu être : Le Bavard. Un bavard y parle de son bavardage et ce faisant bavarde : mise en abyme d’un vice que manifestent trois crises qui structurent la composition du roman. Je présume qu’il est arrivé à la plupart d’entre vous de se trouver saisi au revers de la veste par un de ces bavards qui, avides de faire entendre le son de leur voix, recherchent un compagnon dont la seule fonction consistera à prêter l’oreille sans être pour autant contraint d’ouvrir la bouche (…) Examinons de près cet homme. Qu’il éprouve le besoin de
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parler et pourtant qu’il n’ait rien à dire, et plus encore, qu’il ne puisse assouvir ce besoin sans la complicité plus ou moins tacite d’un compagnon qu’il choisit, s’il en a la liberté pour sa discrétion et son endurance, voilà qui mérite réflexion.
35| Calomnie. Parole mensongère destinée à nuire à la réputation et à l’honneur.
36| Cancans. Bavardages malveillants qui sont diffusés en société mais sans effets ni fondements. Le « quanquan » est à l’origine au XVIème siècle une harangue universitaire. Très rapidement - et compte tenu de l’esprit critique des étudiants - « faire quanquan » est devenu synonyme de « faire beaucoup de bruit pour peu de choses ».
37| Causerie. Les amateurs de foot connaissent ce mot un peu désuet puisqu’il désigne avant un match ce moment au cours duquel l’entraineur s’adresse une dernière fois à ses joueurs. Il est d’usage que la causerie dure moins de dix minutes. Elle est longuement préparée en revanche par le coach et puise dans les ressources d’une rhétorique guerrière. Pourtant naguère « la causerie » désignait un entretien familier. Discours informel, la « causerie » se veut sans prétention, exempte de tout protocole. Volontiers située « au coin du feu » elle révèle une intimité qu’ignore « la conversation ». Le naturel de la causerie s’oppose alors à l’art de la conversation. Mais l’une comme l’autre sont des exercices de sociabilité où les français, autrefois, passaient pour exceller : Dans toutes les classes, en France, on sent le besoin de causer ; la parole n’y est pas seulement comme ailleurs, un moyen de communiquer ses idées, ses sentiments et ses affaires, mais c’est un instrument dont on aime à jouer, et qui ranime les esprits, comme la musique chez quelques peuples, les liqueurs fortes chez d’autres. (Germaine de Staël, De l’Allemagne)
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38| Censure. La censure est la limitation de la liberté d’expression. Elle peut être directe, c’est-à-dire instituée par le pouvoir politique, ou indirecte (provoquée par des pressions d’ordre économique ou religieuses par exemple) et aboutir à une auto- censure. L’Histoire de la censure en France est intimement liée à celle des libertés publiques évidemment et notamment à la liberté de la presse. En fonction de la nature du régime la censure est donc plus ou moins rigoureuse. Aujourd’hui en France, elle porte pour l’essentiel sur les œuvres cinématographiques et les publications pour la jeunesse. Néanmoins un certain nombre de lois ou de mesures conduisent à établir dans tel ou tel domaine une véritable censure. Ainsi en est-il, par exemple, de la loi Gayssot qui crée en 1990 un délit de contestation de crime contre l’humanité.
39| Commentaire. Commenter c’est interpréter.Voilà pourquoi les « commentaires » au sens de ceux que dicta César participe de l’écriture de soi en ce qu’ils se donnent comme des notes prises au jour le jour, au fil des évènements que l’auteur vient éclairer de son point de vue.
40| Commérage. C’est l’affaire des « commères » qui à l’origine sont les marraines des enfants.Une co-mère,c’est une seconde mère.Par extension le mot désigne une femme hardie et énergique, puis par glissement de sens à nouveau une femme curieuse, indiscrète et bavarde. Sa tendance au bavardage lui fait propager des « commérages », des nouvelles malveillantes (qu’elles soient par ailleurs fondées ou infondées).
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41| Communiquer. C’est « entrer dans l’orchestre ». On connaît bien la fameuse définition de Grégory Batteson. Elle rappelle ainsi que la communication commence par une extraordinaire attention aux autres, à ce qui constitue l’environnement de celui qui est en situation de communication. Il s’agit d’entrer dans l’orchestre et non se s’imposer en soliste. Il n’y a évidemment pas de communication sans un souci, une véritable attention à l’autre, aux autres. D’autre part communiquer, ce n’est pas dialoguer. Le dialogue suppose un échange, ce qui n’est pas le cas de la communication, simple transmission, « transport » : La communication est un cas particulier du transport (Robert Escarpit). De fait communiquer c’est « faire passer », véhiculer. On communique son inquiétude, un corps communique à l’autre sa chaleur, etc. Enfin communiquer, c’est indispensable à la parole : Une caractéristique importante de la parole est qu’elle a besoin d’être transportée, communiquée pour arriver à destination. (Philippe Breton)
42| Conter. Ce n’est pas simplement tenir un discours. Il y a chez le conteur non seulement le plaisir de « raconter des histoires » mais aussi une verve et une chaleur de l’imagination qui peuvent l’emporter sur la nécessité de représentation. Le conte renvoie bien-sûr à l’oralité, celle des contes de notre enfance, ce qu’au XVIIème siècle on appelait des « contes de nourrice », ces contes de la mère l’Oye que rassembla par exemple Charles Perrault.
43| Conversation. Marc Fumaroli dans les Lieux de Mémoire en fait une « institution littéraire », comparable par exemple à l’Académie Française. Car la conversation en effet est bien davantage qu’un échange familier entre voisins ou amis. C’est un art qui se pratique dans les salons parisiens à partir du XVIIème siècle. On y exerce évidemment son esprit d’analyse, 22
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son sens de la répartie, sa vivacité intellectuelle, ses qualités d’expression, le tout avec légèreté. Du salon précieux de Mademoiselle de Scudéry au salon bourgeois de madame Verdurin, on se livre avec empressement à cet act d’improvisation. Cette forme d’apprentissage de la littérature est, semble- t-il, propre au « génie français » que pointe déjà Emmanuel Kant en 1798 : La nation française se caractérise entre toutes par son goût de la conversation ; elle est à ce point de vue un modèle pour les autres nations. Pour Marc Fumaroli, le modèle de cet exercice demeure le texte de Montaigne : … vaste improvisation dictée ou écrite, les « Essais » préservent le primesaut, le ton amical, les méandres imprévus d’un entretien familier et socratique non seulement avec le lecteur (…) mais aussi avec cette société excellente des Anciens, philosophes, poètes, héros, qui grâce à Montaigne cessent d’être des livres et deviennent des interlocuteurs d’une causerie générale et passionnante.
44| Déclaration. Ce n’est pas une simple affirmation, un simple témoignage. Il y a dans la déclaration (…d’amour, de guerre, d’indépendance, des droits de l’Homme… voire d’impôts…) quelque chose de solennel qui engage. Déclarer, c’est bien faire savoir publiquement. Le mot est construit sur le latin « clarus » qui donne en français clair… C’est la parole qui se fait entendre haut et fort à toutes et à tous. Elle est presque toujours d’essence politique.
45| Dialogue. Le dialogue est un échange. C’est une parole à deux voix qui s’alimentent l’une l’autre. Platon y voit le véritable mode d’accès à la vérité. C’est aussi l’une des conditions nécessaires de la démocratie. Alors que la communication fait passer une parole destinée à « faire de l’effet », le dialogue impose une parole qui se cherche et s’invente à deux. Dans la communication la parole est « toute faite » dans le dialogue elle est « tout à faire ».
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46| Discours. Il s’agit au sens rhétorique d’une parole composée, ordonnée, visant un certain auditoire, dans certaines circonstances. Il se divise traditionnellement en cinq parties : l’exorde, la narration, la réfutation, la confirmation et la péroraison.
47| Discussion. Du latin discussio, secousse, ébranlement. Dis-cutere, c’est faire voler en éclats ici et là. La discussion est donc violente, par nature alors que la « dispute » souligne plutôt la confrontation intellectuelle (putare, penser).
48| Eloquence. C’est l’art de bien parler, de convaincre et de persuader par la parole. C’est donc l’affaire des rhéteurs et des orateurs professionnels. Pascal dans un fragment célèbre des pensées la définit simplement : L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon : premièrement que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir ; deuxièmement qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour propre les porte plus volontiers à y faire réflexion.
49| Emphase. Figure de l’exagération. L’emphase est du côté de l’excès par souci d’expressivité. Cette outrance est consciente et se laisse identifier comme telle.
50| Exégèse. Le mot vient directement du grec dont il est la retranscription phonétique, exegesis, « explication ». L’exégèse est donc l’étude critique d’un texte qui en précède l’édition. 24
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51| Formule. Enoncé concis et net. C’est au sens strict une parole qui a fait l’objet d’une formulation. Il y a donc effort sur la langue, recherche de l’efficacité.
52| Glose. C’est un commentaire ajouté en marge ou entre les lignes d’un texte, pour expliquer un mot étranger ou rare. Peu à peu les gloses sont remplacées par des renvois qui sont destinés moins à expliquer un texte qu’à en prolonger la lecture par des mises en perspectives variées et inattendues. Par extension, le mot a fini par être synonyme de « commentaires inutiles ». Néanmoins il ne faut pas confondre « glose » et « paraphrase ». Enfin, on appelle « glossaire » une collection de gloses, c’est-à-dire une série de définitions qui explicitent des termes obscurs.
53| Harangue. Il y a des langues favorables à la liberté ; ce sont les langues sonores, prosodiques, harmonieuses, dont on distingue les discours de fort loin. Les nôtres sont faites pour le bourdonnement des divans ; qu’on suppose un homme haranguant en français le peuple de Paris dans la place Vendôme. Qu’il crie à pleine tête on entendra qu’il crie, on ne distinguera pas un mot. Discours sur l’origine des langues, Rousseau Il s’agit d’un discours solennel, prononcé devant une assemblée ou une foule, selon des règles fixes, un protocole et qui s’efforce de produire sur l’auditoire un effet déterminé.
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54| Interprétation. Il s’agit dans un premier sens un peu vieilli à ce jour de la traduction d’une langue dans une autre. C’est une translation. Un interprète est donc d’abord un traducteur. Mais traduire (et partant interpréter) ce n’est pas seulement établir une correspondance entre deux langues, c’est aussi chercher des analogies, des équivalences, ce qui va bien au-delà de la mise en rapport de deux lexiques et suppose une évaluation. L’interprétation tourne ainsi à l’explication, voire à l’appropriation par l’interprète de ce qu’il doit transmettre. Une interprétation est une véritable parole.
55| Laconique. Se dit d’une expression orale économe de ses moyens. On parle de laconisme à l’oral et de concision à l’écrit. Le mot « concision » est formé à partir du latin « concisus », tranché, court. Le mot est formé sur Laconie, région du sud-est du Péloponnèse dont la capitale est Sparte. Les spartiates en effet passaient pour parler peu et agir vite (au contraire des athéniens).
56| Nommer. C’est à l’évidence « donner, attribuer un nom » mais l’acte est d’importance car c’est, sinon un acte de propriété, du moins une manifestation de domination puisqu’il s’agit de doter quelque chose ou quelqu’un de ce qui permettra de l’identifier. C’est encore un signe de supériorité ou d’autorité au sens propre (auctor) : on donne un nom à ses enfants, à un territoire que l’on découvre, à une invention… Adam donne un nom aux animaux. Nommer c’est donc tout cela : déclarer, désigner, élire, choisir, instituer. La valeur performative du nom donne à celui qui le porte d’emblée la qualité qu’il désigne.
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57| Opinion. Du latin opinari, « juger ». Une opinion, c’est donc un avis, un jugement, un sentiment qui se traduira évidemment en paroles. C’est aussi un ensemble d’idées que partage un groupe, des idées nées d’une perception commune, d’un « apparaître ». Notre opinion, c’est toujours ce qui nous est apparu. Les grecs appellent cela la « doxa ». Et les rhéteurs pour persuader leur auditoire recherchent souvent les arguments qui sont « endoxables ».
58| Palabre. De l’espagnol « palabra » qui signifie strictement « parole », « mot ». Au singulier, il s’agit dans les sociétés traditionnelles, d’une assemblée où se réunissent régulièrement les membres de la communauté. Longuement. S’y échangent des informations concernant la vie du groupe. Toutes sortes d’informations, des plus futiles aux plus importantes. Une palabre, c’est aussi en Afrique un procès devant un tribunal coutumier, composé des sages du village. Enfin au pluriel, et par allusion dégradée aux sens précédents, il s’agira de longues discussions inutiles qui n’aboutissent pas à grand-chose.
59| Persuader / Convaincre. Pour convaincre l’orateur fera appel à la raison de son auditoire. Il présentera notamment des arguments et il organisera éventuellement une démonstration. Sa parole s’appuiera sur des « preuves logiques ». Pour persuader, il jouera sur les émotions, les sentiments, utilisant de nombreux procédés expressifs, des figures, des images.
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60| Plaider. La rhétorique a été inventée par des avocats grecs (Corax et Tisias) afin de gagner en efficacité au moment de plaider. Plaider une cause, ou en faveur de quelqu’un, c’est faire entendre un discours qui en expose la défense.
61| Poésie. Elle réalise l’émancipation de la parole en répondant à la question que posait le poète et « poéticien » Paul Valéry : Comment puis-je avec les mots de tous exprimer ce qui n’appartient qu’à moi ? Le poète est d’emblée confronté à la grégarité de la langue, à ses usages et à ses répétitions obligées. L’histoire et la crise de la poésie lyrique, par exemple, sont assez remarquables de ce point de vue puisqu’on y suit un sujet lyrique prenant peu à peu conscience des stéréotypes non seulement de la langue mais de la poésie elle-même dont la profusion des clichés finit par éteindre toute velléité de production du sens. Dès lors le poète n’a plus d’autre repli que celui que lui offre la pure musicalité du mot, oubli du sens, voire négation même de la parole. C’est l’inanité sonore du bibelot mallarméen et plus explicitement les Romances sans parole de Verlaine : De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère l’Impair / Plus vague et plus soluble dans l’air. (« Art poétique ») Les « Ariettes oubliées », qui sont les pièces les plus anciennes des Romances sans parole et le véritable centre du recueil, en donnent l’exemple le plus manifeste : Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. / Quelle est cette langueur qui pénètre mon cœur ? Vocabulaire réduit, atrophié, répétitif, paronymies, ternes assonances en - eu - etc.Tout est fait pour accentuer cette pénurie du sens avec laquelle le poète est condamné à jouer. Sauf à faire le choix de l’hermétisme, d’une signification si dense et si forte qu’elle échappe à tous les autres.
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Un risque à saisir. Ce que feront les poètes venus du surréalisme et des avant-gardes. Notre parole, en Archipel, vous offre, après la douleur et le désastre, des fraises qu’elle rapporte des landes de la mort, ainsi que ses doigts chauds de les avoir cherchés. René Char Ne serait-ce que pour donner à Rousseau raison de sa géniale intuition : On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres et nous voyons que ce furent des langues de poètes.
62| Potin. Ce qui est intéressant à propos de ce mot, c’est moins sa signification (« chamaillerie, tapage, bruit médisant », etc.) que sa modernité. En effet, « potin » et tout ce qui en dérive (« potiner », « potinage », « faire des potins ») sont des termes très récents puisqu’on les voit apparaître au XIXème siècle. Les expressions concurrentes sont déjà très nombreuses et il est intéressant de noter que le besoin de dire cette parole-là est si fort qu’il pousse vers ces néologismes. Evidemment le contexte est lourdement misogyne. En effet cette parole vaine et mauvaise ne saurait être produite que par des « commères » (voir ce mot). Se réunissant en hiver pour causer les femmes apportent avec elles leurs chaufferettes, leurs « potines », et que fait-on autour des potines… On fait des potins …
63| Ragot. Bavardage malveillant. Formé sur le latin ragere, crier, avec le suffixe péjoratif - ot.
64| Récit. Narration de faits que l’on imagine ou que l’on rapporte.
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65| Révélation. C’est une information inédite, nouvelle, mais c’est également une prise de conscience soudaine et marquante. Enfin dans le cadre des religions, il s’agit de l’acte par lequel Dieu se fait connaître aux hommes. Il se révèle. La révélation est un évènement chargé d’intensité : une information capitale, déterminante est brusquement connue et diffusée. La surprise et la solennité sont partie constitutives du phénomène de révélation.
66| Rhétorique. La rhétorique n’a aucun besoin de savoir ce que sont les choses dont elle parle ; simplement, elle a découvert un procédé qui sert à convaincre, et le résultat est que, devant un public d’ignorants, elle a l’air d’en savoir plus que n’en savent les connaisseurs. (Platon, Gorgias) Tout est dit par Socrate : la grandeur et la misère de la rhétorique mais surtout ses dangers. Il faut distinguer toutefois l’éloquence de la rhétorique : la première, c’est l’art de parler et la seconde, c’est le moyen de cet art. Marc Fumaroli explique : Art de persuader, la rhétorique traverse le social, le politique, le religieux, elle embrasse et comprend d’une seule saisie tout le phénomène humain (…) Elle gouverne aussi bien les gestes de la conversation civile que ceux du comédien le plus savant, les passions et les émotions les plus contrôlées de l’homme d’Etat que les plus violemment ostentatoires du tribun.
67| Rumeur. En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d’or à la place de ses grosses dents. (Fontenelle) On le constate, les rumeurs ne datent pas d’hier et les philosophes s’en amusent depuis les premiers temps des Lumières ! 30
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Jean-Noël Kapferer qui étudie la rumeur la définit comme un processus de diffusion en chaîne (…), une force de propagation (…).. Il la distingue du bruit qui renvoie à un processus décousu, rampant, hésitant, très limité localement et du ragot qui à l’origine (…) faisait référence à la source et l’effet d’une communication : c’était un grognement émis par un sanglier d’où le sens de calomnies de bas-étage. Dans la rumeur, la transmission est un facteur d’altération mais aussi de dramatisation du contenu de la rumeur. Ne dit-on pas en effet d’une rumeur qu’elle gronde ? … elle apporte des éléments nouveaux sur une personne ou un évènement liés à l’actualité. En cela, elle se distingue de la légende qui porte sur un fait passé. En second lieu, la rumeur est destinée à être crue. On ne la raconte pas dans le seul souci d’amuser ou de faire rêver : en cela elle se distingue des histoires drôles et des contes. (Rumeurs, le plus vieux média du monde, Jean-Noël Kapferer)
68| Sens figuré. Comme les premiers motifs qui firent parler l’homme furent des passions, ses premières expressions furent des tropes. Le langage figuré fut le premier à naître, le sens propre fut trouvé le dernier. On n’appela les choses de leur vrai nom que quand on les vit sous leur véritable forme. D’abord on ne parla qu’en poésie ; on ne s’avisa de raisonner que longtemps après. Rousseau, qui n’est pas à un paradoxe près, renverse l’ordre naturel des sens. Le second sens précèderait le premier. C’est dire que le premier sens est sensible - et non intelligible -, ce à quoi la morphologie même du mot « sens-ibilité » nous reconduit ! Variation inattendue sur le thème du renversement évangélique : le second est en fait le premier !
69| Sermon. Discours de prédication donné au cours de la messe. Au sens figuré : remontrance, discours moralisateur et ennuyeux.
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Deuxième
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Parole.
70| Sophistique. L’art des sophistes. C’est une technique, un savoir bien parler au service du politique que dénonce systématiquement Socrate dans les différents dialogues de Platon. De fait la sophistique se met à la disposition des riches citoyens qui ont les moyens de s’offrir les leçons de ces professeurs de rhétorique venus de l’est de la Grèce. Protagoras, Gorgias, Hippias, Thrasymaque… Tous ces noms qui renvoient à autant de « personnages » des textes de Platon et que ne cesse d’affronter Socrate désignent des sophistes bien réels attirés à Athènes par les possibilités qu’offrait la démocratie. La sophistique s’adosse nécessairement à un relativisme que résume parfaitement la célèbre formule de Protagoras : L’homme est la mesure de toute chose. Tout est en effet affaire de points de vue et avec un peu de savoir-faire, il est possible de les faire adopter tous. Le moyen de la sophistique est le sophisme, raisonnement spécieux qui vise à faire passer l’intérêt particulier de quelques-uns pour l’intérêt général.
71| Style. Par métonymie ce qui désigne l’outil (cette petite colonne qui sert à écrire et qu’on appelle stylet puis stylo) désigne à présent l’usage qu’on en fait : une écriture singulière. Le style est une manière de faire, de dire, d’écrire ou de vivre qui exprime la singularité de chacun. Le style est l’homme même écrit Buffon dans le Discours sur le style.
72| Truchement. D’un mot arabe qui signifie « interprète ». Au sens plus large, le truchement c’est l’intermédiaire, l’entremise, le moyen.
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Troisième
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Tenir Parole.
73| Aveu. Déclaration par laquelle on reconnaît avoir fait quelque chose. La littérature française est animée au XVIIème siècle par deux scènes d’aveu qui interrogent les contemporains, doutant de leur vraisemblance. L’aveu de Rodrigue à Chimène : il vient de tuer le Comte, le père de Chimène, en duel. L’aveu de la Princesse de Clèves à son époux : elle en aime un autre, le Duc de Nemours.
74| Blasphème. Le mot vient directement du grec, blasphémeo, « injurier, calomnier ». Son emploi religieux est fixé par la traduction en grec de la Bible. Il s’agit donc depuis d’une parole qui outrage le divin ou la religion au sens large. Le blasphème relève du sacrilège.
75| Confession. C’est un aveu particulier, l’aveu de ses péchés à un prêtre aux fins d’en obtenir l’absolution, c’est-à-dire le pardon. Mais ce que l’on appelle une « confession », c’est aussi une religion. Celle en qui on affirme sa foi.
76| Ecriture. C’est un langage fait de signes inscrits sur des supports variés (pierre, papyrus, argile, etc.) Structurellement l’écriture repose sur des règles analogues à celles de la parole (lexique et syntaxe) auxquelles s’ajoutent celles de la graphie, du dessin. Elle serait apparue au IVème millénaire avant Jésus-Christ en Mésopotamie avec la nécessité de conserver des données, des informations. Le sumérien et l’écriture cunéiforme semblent ainsi avoir vu le jour autour de 3600 avant Jésus-Christ.
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Troisième
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Tenir Parole.
77| Engagement. Du latin vas, la caution, le gage. Le préfixe -in souligne l’action qui consiste à « mettre en gage ». L’engagement suppose au fond le dépôt de garantie. S’engager (le plus souvent dans une lutte, un combat), c’est donner sa vie en gage, gage de « bonne foi », de sincérité, d’authenticité de ses choix moraux, politiques et intellectuels. Par définition on ne saurait s’engager « à la légère ». D’un contexte militaire ou professionnel - on s’engage dans l’armée, on est engagé pour remplir une tâche - le mot a glissé dans le registre politique, alors qu’au XXe siècle est apparue la figure neuve de l’intellectuel engagé, celui qui, à l’instar naguère de Zola, met son confort, sa notoriété en jeu pour défendre l’idée qu’il se forme de la justice. Mais si ce personnage contemporain occupe volontiers le devant de la scène médiatique, on ne doit pas oublier que l’engagement est inévitable pour chacun d’entre nous. À chaque instant nous choisissons et ces choix, qu’ils soient libres ou non, nous engagent ; c’est dire qu’ils nous précipitent malgré nous dans l’action en dévoilant une certaine représentation du monde et des valeurs.
78| Evangile. Du grec euangélion, « bonne nouvelle ». C’est au sens premier la parole de Dieu et en second lieu, il s’agit du texte qui annonce cette « parole ».
79| Félonie. Trahison du pacte vassalique, rompu par l’une ou l’autre partie.
80| Foi. Du latin fides, croyance. La foi, c’est la confiance, le crédit mais aussi la promesse, l’assurance de la parole donnée. La foi et donc un engagement, fondé moins sur la pensée que sur l’intuition. Le latin dit : suam fidem in rem interponere, engager sa parole pour garantir quelque chose.
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Troisième
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Tenir Parole.
81| Hommage. Cérémonie au cours de laquelle le vassal prête serment à son seigneur. On parle alors de contrat d’engagement de « foi et hommage ».
82| Ineffable. Du latin fari, parler. L’ineffable, c’est ce qui ne peut être exprimé, avec la nuance particulière que cette impossibilité est dûe à une insuffisance du langage inapte à traduire une « réalité » extraordinaire. L’ineffable suggère l’écrasante supériorité de la chose sur le mot, une valeur intraduisible.
83| Mensonge. Le mensonge nous entraîne dans un monde complexe, tant il y a de manifestations du mensonge, de formes possibles, de situations variées, des plus simples aux plus élaborées. Le mensonge ainsi partage au moins un caractère avec le Mal, son nom est Légion. De fait, le mensonge est toujours plus ou moins familier et l’expérience du mensonge est quotidienne, ordinaire et extraordinaire comme on disait au Moyen-Age de la Question… Ce rapport intime au mensonge nous torture en effet au point de croire parfois à une imposture générale, un Monde qui ne serait que ma Représentation, une Société du Spectacle ou encore au complot destiné à alimenter ma paranoïa. Il y a toutefois quelque chose de réjouissant dans le mensonge : son étymologie qui nous rappelle ce que le mensonge a d’humain, de trop humain. Le mot est construit à partir de mens, en latin « l’esprit ». De fait, il faut avoir de l’esprit pour mentir, développer une intelligence créative, parfois même une imagination quasiment artiste. Le menteur fait davantage que mentir, il prend ses distances, il s’absente de ce qui est pour forger une apparence, il s’arrache à l’évidence de la vérité immédiate, bref... il pense !
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Troisième
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Tenir Parole.
84| Mystère. Du grec muein, fermer. Le mystère est secret, fermé. C’est une cérémonie religieuse à laquelle peu nombreux sont ceux qui y assistent. Dans l’Antiquité grecque, pour participer aux mystères orphiques, il fallait suivre une initiation (voir symbole). Le mystère est toujours obscur. Il est chargé d’une signification trop épaisse, trop dense pour être appréhendé par la raison humaine. Il y aurait trop à comprendre. Il faut se rendre alors à la nécessité d’y croire. C’est ainsi que le mystère exige un engagement de celui qui s’y trouve confronté, un engagement intime. L’adjectif mystique qualifie précisément tout ce qui concerne les mystères.
85| Pentecôte. Cinquante jours (c’est d’ailleurs ce que signifie le mot !) après Pâques les chrétiens fêtent le début de l’évangélisation, c’est-à-dire ce don des langues fait aux apôtres de Jésus pour qu’ils puissent répandre à travers le monde sa parole.
86| Promettre. Celui qui promet s’avance (pro), il s’engage par la parole dans le temps évidemment au futur. Cet accès à la promesse caractérise, selon Kierkegaard, un stade de développement de l’homme qu’il qualifie d’éthique.
87| Prophète. Dérivé directement du grec, le mot signifie « interprète de la parole divine ». Il désigne aujourd’hui celui qui a bénéficié de la révélation d’évènements à venir. Il n’est pas devin, c’est dire qu’il ne prétend pas interpréter des indices, lire le vol ou les entrailles des oiseaux. Les prophètes ne sont pas fatalistes en ce qu’ils prétendent enseigner la volonté divine mais sans pour autant préjuger de l’attitude des hommes.
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Tenir Parole.
88| Serment. Le mot « serment » appartient à la famille du mot « sacrement ». Il s’agit d’une promesse particulière en ce qu’elle atteste Dieu. C’est devant le Sacré que l’on prête serment. Le serment implique fidélité et engagement.
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Q uat r i è m e
pa r t i e :
Figurer
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89| Babel. Pour se protéger d’un nouveau déluge et en même temps défier Dieu, les fils de Noé construisent une tour immense. En punition et pour interrompre leurs travaux, l’Eternel jette parmi eux le trouble et la confusion en répandant la multiplicité des langues. On peut lire ainsi dans la Genèse : Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! Descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. Les versets 1 à 9 du chapitre 11 de La Genèse rapportent ce qu’il advint de cette Tour destinée à garantir les hommes d’un nouveau déluge et que Nemrod avait décidé d’élever à Babylone. En ces temps immémoriaux : Toute la terre avait une seule langue et des mêmes mots. Les hommes se comprenaient tous et forts de cette unité pouvaient envisager d’accomplir un ouvrage extraordinaire susceptible de défier le Créateur. Ce dernier répand le confusion en démultipliant le langage en une grande diversité de langues, de sorte que, incapables désormais de s’entendre, les ouvriers ne purent terminer leur œuvre. Ce que suggère l’apologue de la tour de Babel, c’est bien à la fois la toute-puissance des hommes s’ils étaient unis et la toute-puissance d’un langage commun, seul capable d’unifier le genre humain. On comprend dès lors que les premiers savants modernes aient pu envisager que les mathématiques fussent ce langage perdu depuis Babel, la langue de Dieu, dans laquelle on peut lire la création Le grand livre de la Nature est écrit en langage mathématique (Galilée).
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90| Corax. Sophiste de Syracuse,il vécut au VIème siècle et on lui prête d’avoir inventé la rhétorique. Il fut le professeur de Tisias qui l’appliqua au Prétoire, c’està-dire en fit un des outils essentiels de la profession d’avocat.
91| Cratyle. Ce disciple d’Héraclite auquel Platon consacra un dialogue important soutenait que le nom n’est pas une convention et qu’il est l’imitation de la chose qu’il désigne.
92| Harpocrate. C’est un dieu grec d’origine égyptienne. Il est toujours représenté sous les traits d’un enfant, un doigt sur la bouche. C’est le dieu du Silence.
93| Hermès. Dieu ambivalent par excellence : il est à la fois le dieu de la communication, de la transmission mais aussi de l’Alchimie, « science » initiatique aux énoncés peu accessibles (ne dit-on pas d’un texte que l’on ne comprend pas qu’il est « hermétique » ?)
94| Joseph. Les pères de l’Eglise l’appelaient « le docteur du Silence ». Joseph, la figure qui incarne ce silence sacrificiel. De fait toute l’existence de Joseph est placée sous le signe du silence mais un silence en quelque sorte sacrificiel. Un silence qui ne renvoie pas à un manque, qui n’est pas provoqué par une dérobade du sens, qui n’est en rien imposé par une censure. C’est un silence consenti, il est plein de l’amour de son épouse Marie mais aussi de l’amour de Dieu. Ainsi lorsque Joseph apprend que Marie est enceinte, il se tait, il ne pose aucune question et ne cessera de protéger la réputation de son épouse. Il renvoie Marie en secret à sa famille pour ne pas la diffamer.
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Le silence de Joseph protège également la vie cachée de Jésus à Nazareth. Joseph a reçu en songe l’ordre divin d’épouser Marie, d’aller en Egypte puis d’en revenir. Il s’exécute sans mot dire. Ce silence est donc à la fois offrande et abandon de soi. Le silence de Joseph est appelé par la présence de Dieu.
95| Midas. Pour avoir porté secours à Silène, le roi de Phrygie, Midas obtient en récompense de Dionysos que ce dernier exauce un vœu de son choix. Le goût des richesses pousse l’homme à réclamer le pouvoir de transformer en or tout ce qu’il touche. C’est parler sans avoir réfléchi : Midas ne peut plus rien porter à sa bouche sans que cela ne se transforme en métal précieux. Il supplie alors Dionysos de lui reprendre ce don. Le Dieu lui ordonne de laver ses mains dans les eaux du Pactole, fleuve qui traverse le pays et dont les eaux sont depuis chargées en or. Le mythe vaut beaucoup - non pour une moralité qui condamnerait l’appât des richesses et la précipitation - pour l’usage qu’en firent les poètes et notamment Rimbaud, superposant à la figure attendue de l’alchimiste, celle plus surprenante de Midas. Capable de transformer la boue de l’existence en or, le poète du même coup se condamne à une solitude fatale : Pleurant, je voyais de l’or - et ne plus boire (Une Saison en Enfer, Arthur Rimbaud).
96| Orphée. Orphée, fils du roi de Thrace Oeagre et de la muse Calliope, berger à ses heures en Arcadie et amoureux d’Eurydice, figure de l’artiste prodigieux, est en effet capable par la beauté de ses compositions d’apaiser les bêtes sauvages, de déplacer les montagnes ou encore de séduire les sirènes. Favorisé par le Dieu Apollon, il dispose d’une lyre, instrument fabriqué avec une carapace de tortue et neuf cordes en hommage aux neuf muses, ses tantes. Mais c‘est à la mort de la bien-aimée que le poète acquiert toute sa mesure. Figure du deuil inconsolable, Orphée assigne à la poésie lyrique une fonction élégiaque, il faudra désormais chanter la plainte, le manque et célébrer l’absente « de tout bouquet » : Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé … 40
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Apollon entend ses pleurs et lui donne l’opportunité d’aller rechercher Eurydice aux Enfers… La descente aux Enfers, de la catabase virgilienne à la saison rimbaldienne, devient dès lors un passage obligé pour toute poésie personnelle : épreuve douloureuse de l’échec, prise de conscience brutale du caractère définitif de la perte, la seconde mort d’Eurydice qu’Orphée ne parviendra pas à ramener avec lui fixe les limites d’un pouvoir de représenter que l’on croyait tout-puissant. Ce qui dans la représentation revient à la présence, ce n’est pas ce qui s’est absenté. Le poète crée une autre forme de réalité. Désespéré, Orphée se laisse déchirer par des admiratrices en furie et auxquelles il ne cède pas. Sa lyre est jetée à la mer avec sa tête qui a été arrachée. C’est à Lesbos que l’une et l’autre sont recueillies, par la poétesse Saphô dont Baudelaire voulut célébrer l’héritage avec Les Fleurs du Mal. Impuissante à faire revenir, ce qui n’est plus, condamnée à la nostalgie perpétuelle d’un monde qui a disparu, à présent la poésie, parole de lesbienne, est toujours en fleurs, comme les jeunes filles proustiennes mais sans postérité, infructueuse, éphémère. Vouée aux « anthologies ».
97| Protagoras. Il serait le premier sophiste à se revendiquer comme tel. Il développa dans l’exercice de sa profession de très nombreux procédés rhétoriques. On le disait très riche, réclamant plus de 1000 fois le salaire d’un artisan (alors qu’il ne vendait rien de « matériel »). Son enseignement technicien s’adosse à une philosophie relativiste que résume le propos célèbre issu de son Traité des Dieux : L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas.
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98| Pythie. C’est l’oracle du temple d’Apollon à Delphes. Elle tire son nom du « Python », le serpent monstrueux que tua Apollon et qui terrorisait Delphes (dont l’ancien nom était d’ailleurs « Pytho »).
99| Socrate. Celui qui n’écrit pas, selon l’expression désormais consacrée de Nietzsche, laisse ainsi plus facilement aux autres le soin d’écrire à sa place. De fait, si Socrate fut un homme de paroles, seuls ceux qui l’ont entendu connurent véritablement sa pensée. Et les propos rapportés, par Platon et Xénophon principalement, constituent Socrate, le philosophe du dialogue, en un « personnage », tout aussi fictif que celui qu’Aristophane exhibe sur scène dans Les Nuées, par exemple. Bien-sûr l’homme vécut à Athènes de 470 avant-Jésus Christ à 399, date à laquelle il est condamné à la peine de mort à la suite d’un procès fameux ; bien-sûr, on n’ignore rien de sa famille, de son père Sophronisque, tailleur de pierres et sculpteur de son état, de sa mère la sage-femme Phénarète, de sa première épouse l’acariâtre Xanthippe ; bien sûr, on connaît ses exploits militaires, lorsque par exemple il sauve la vie d’Alcibiade à la bataille de Potidée…Mais vécut-il comme un simple vagabond dans les rues d’Athènes ? Etait-il banquier, comme certains l’affirment ? Qu’enseigna-t-il précisément ? Les propos que lui prêtent Platon renvoient-ils à sa pensée ? A-t-il inventé l’idéalisme ? La philosophie ? Y a t-il un « avant » et un « après » Socrate comme il y a « avant et après Jésus-Christ » ? A l’évidence les historiens de la philosophie en font un repère, mais tout repère, on le sait bien, est un artifice, une construction ? Que cherche-t-on ainsi à établir lorsque le philosophe Démocrite, pourtant strictement contemporain de Socrate (-460 ; -370) est identifié comme un présocratique ? Socrate reste encore aujourd’hui l’instrument d’un Enseignement de la Philosophie qui veut faire de l’Idéalisme la seule véritable pensée.
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100| Theuth. L’écriture présente un grave inconvénient, qui se retrouve du reste dans la peinture. En effet, les êtres qu’enfante celle-ci ont l’apparence de la vie ; mais qu’on leur pose une question ils gardent dignement le silence. La même chose a lieu pour les discours écrits : on pourrait croire qu’ils parlent comme des êtres sensés ; mais si on les interroge avec l’intention de comprendre ce qu’ils disent, ils se bornent à signifier une seule chose, toujours la même. (Phèdre, Platon). Platon présente ici un mythe qui serait prélevé de la culture des Egyptiens, mais attention ! Peut-être ne s’agit-il là que pure invention de Socrate dont Phèdre a, quelques minutes auparavant, souligné l’aisance à imaginer des légendes de n’importe quel pays : pastiches et contre-façons font partie de la panoplie logomachique de la fameuse « torpille » ! Le dieu Theuth est ingénieux, il invente procédés et techniques destinés à faciliter la vie des hommes et il les présente au roi Thamous. Parmi ses inventions : l’écriture. Mais le roi se montre prudent : l’écriture ne rend qu’en apparence service aux hommes. On peut croire en effet qu’elle entre au service de la mémoire, dont elle accroît l’étendue et l’efficacité. Il n’en est rien, l’écriture tout au contraire rend « oublieux », elle détruit la mémoire, elle ne l’entretient pas. La technique nous asservit donc autant qu’elle nous libère : le Progrès se paie toujours d’une toujours plus grande dépendance.
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BCE CONCOURS 2017
300 PLACES OUVERTES
Les épreuves écrites INSEEC Business School utilise les épreuves de la BCE selon la grille ci-dessous. Choix des épreuves écrites Contraction de texte Résumé de texte ESC Langue Vivante 1 Langue Vivante 2 Dissertation culture générale Mathématiques Histoire, Géographie et Géopolitique Économie, Sociologie et Histoire Économie-Droit Gestion-Management Total coefficients
Option Scientifique Épreuve HEC IENA IENA Épreuve EM Lyon Épreuve EM Lyon
coef. Option Économique coef. 3 Épreuve HEC 3 8 IENA 7 5 IENA 6 5 Épreuve EM Lyon 5 4 Épreuve EM Lyon 3
Option Technologique Épreuve ESC IENA IENA Épreuve ESC Épreuve ESC
coef. 4 3 2 3 3
Épreuve ESCP Europe
5
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Épreuve ESCP Europe
6
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30
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Épreuve ESC Épreuve ESC
6 9 30
Choix des épreuves écrites Contraction de texte Langue Vivante 1 Langue Vivante 2 Dissertation littéraire Dissertation philosophique Histoire Épreuve à options Épreuves ENS-BEL Total coefficients
Option B/L Épreuve HEC IENA IENA Épreuve ESSEC Épreuve HEC Épreuve ESCP Europe Épreuve ESSEC -
coef. 3 7 5 4 4 3 4 30
Option Littéraire (A/L et ENS Lyon) Épreuve HEC IENA IENA Moyenne des notes
coef. 6 8 6 10 30
Les épreuves orales Les épreuves orales se déroulent sur une journée. Les jurys sont composés de manière équilibrée de professeurs de classes préparatoires, de cadres d’entreprises, d’enseignants ou d’anciens élèves d’INSEEC Business School. Les épreuves orales d’INSEEC Business School ont un double objectif : • d iscerner l’aptitude du candidat à réussir et bénéficier pleinement des projets et programmes qui lui seront proposés : ouverture internationale, goût pour la communication et l’argumentaire, esprit d’entreprendre, sens de l’équipe… • susciter une première rencontre entre le candidat et l’école. Coefficients INSEEC
Entretien 18
Langue Vivante 1 IENA 7
Langue Vivante 2 IENA 5
Total 30
L’admission et l’inscription L’inscription se fait par la procédure centralisée SIGEM 2017. Quel que soit votre rang de classement (liste principale + liste complémentaire), c’est vous qui déciderez d’intégrer le campus de votre choix.
À tout moment de l’année, les élèves de CPGE peuvent s’inscrire au MOOC « Paroles d’Homme » sur le site www.mooc-prepas.com Conçu par Éric Cobast et INSEEC Business School, ce MOOC permet aux élèves de maîtriser les fondamentaux du thème de l’année, les textes et les auteurs incontournables et les aide à préparer le concours, en complément des enseignements de leurs professeurs.
Éric Cobast. Professeur agrégé, Éric Cobast est aujourd’hui conseiller spécial pour la recherche et les productions académiques au sein du Groupe INSEEC et titulaire de la chaire de philosophie à INSEEC Business School.