promenade l’art du parcours artistic paths
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La Folie Kilomètre, Balade picturale Azimuts, Fontaine-le-Comte, septembre 2012 (France)
édito
en mouvement
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ans Le Chant des pistes, l’écrivain Bruce Chatwin évoque la façon dont les ancêtres mythiques des Aborigènes australiens auraient fait venir le monde à l’existence en parcourant le continent tout en chantant le nom de ce qu’ils croisaient en chemin – oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d’eau… De plus en plus, des artistes interrogent les territoires urbains et périurbains pour en offrir des lectures inédites, invitant le public à découvrir ce qui se déploie sous ses yeux tous les jours sans qu’il n’y prête en général la moindre attention. Ces créations ne s’arrêtent pas seulement à la découverte, les spectateurs y participent pleinement dans la mesure où elles questionnent notre façon d’être au monde. En accompagnant depuis dix ans des artistes d’horizons différents, le réseau européen IN SITU donne
à voir à quel point l’espace urbain et ses métamorphoses à l’heure de la mondialisation offrent une multiplicité de pistes à découvrir autant qu’à inventer pour penser la diversité. Se mettre en mouvement, que ce soit pour suivre un itinéraire ou se laisser dériver au gré de son humeur, a toujours un effet stimulant. “Marcher, arpenter, parcourir, déambuler quelle que soit la forme que prend ce mouvement, le fait de bouger, de passer d’un lieu à un autre raconte forcément une histoire”, remarque Pierre Sauvageot, directeur de Lieux publics qui rassemble cette année à Marseille plasticiens, danseurs ou performeurs européens autour de marches et de parcours artistiques, thèmes du réseau IN SITU en 2014. Quand on écoute le paysage, il devient musical. Quand on le parcourt, il devient récit. Dans les projets présentés, tout est vécu à échelle humaine. Dans sa familiarité
comme dans son étrangeté, le territoire urbain se dévoile, pour peu qu’on y prête attention, comme un réseau d’histoires et donc d’itinéraires sans cesse recomposés, de trajets à vivre ou à construire, un monde qui se révèle dans le mouvement même qui consiste à l’arpenter et, par conséquent, à le nommer. Les Inrockuptibles Lieux publics est le centre national de création en espace public, installé à Marseille et dirigé par Pierre Sauvageot, compositeur. Lieux publics accompagne des artistes de toutes disciplines qui font de la ville le lieu, l’objet, le sujet de leurs créations, et pilote le réseau IN SITU. IN SITU est le réseau européen pour la création artistique en espace public. Depuis 2003, il réunit 18 partenaires issus de 13 pays. Dans le cadre du projet META (2011-2016), une vingtaine de créations sont soutenues chaque année et sont présentées à un très large public dans les différents festivals des partenaires du réseau.
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sommaire / contents
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La Folie Kilomètre
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in motion
n The Songlines, writer Bruce Chatwin describes the myth according to which the ancestors of the Australian Aborigines made the world come into being by crossing the continent chanting the name of what they encountered on the way – birds, animals, plants, rocks, water holes… Artists increasingly question urban and peri-urban territories to propose unique readings, inviting the public to see what is in front of their eyes every day without them paying attention to it. These artistic creations aren’t just about discoveries, spectators fully participate since they question our way to be in the world. By welcoming artists from different horizons, the European network IN SITU has been revealing for ten years how urban spaces and their metamorphosis in the age of globalisation propose multiple paths to follow and invent, as a way of activating diversity. Moving always has a stimulating effect, whether it is to follow an itinerary or allow yourself to drift with your mood. According to Pierre Sauvageot, “Whatever the type of movement – walking, pacing, traveling, wandering, the act of moving, of going from one place to another,
inevitably tells a story”. He is the Director of Lieux publics. This year they have brought together in Marseille European visual artists, dancers and performers around walks and artistic journeys, themes of the IN SITU network in 2014. When one listens to the landscape, it becomes music. When one travels, it becomes the story. The projects presented remain human in scale. Familiar and strange, the urban territory reveals itself, once you pay attention, like a network of histories and therefore ceaselessly recomposed itineraries, trajectories to be experienced or built, a world that reveals itself while actually moving through it and consequently naming it.
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Les Inrockuptibles Lieux publics is the national centre for artistic creation in public space, based in Marseille and directed by the composer Pierre Sauvageot. Lieux publics leads the IN SITU network and accompanies artists in all disciplines for whom the city is the location, object, subject of their productions. IN SITU is a European network for artistic creation in public space. Since 2003, it gathers 18 partners from 13 countries. In the frame of the META project (20112016), approximately twenty artistic productions were given support each year and presented to a very wide audience in different festivals of the network’s members.
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La marche, exercice spirituel selon le philosophe Frédéric Gros Walking as a spiritual exercise according to philosopher Frédéric Gros La traversée des Alpes du critique de cinéma Antoine de Baecque Cinema critic Antoine de Baecque crosses the Alps Deux membres du réseau IN SITU font le point sur l’état de la création dans l’espace public Two members of the IN SITU network analyse the status of artistic creation in public space L’art en marche : portfolio Art in motion: a portfolio Cartographier le territoire avec le philosophe Bruno Latour Mapping the territory with philosopher Bruno Latour Le bus à sensations de Martin Boross Martin Boross’s sensational bus Comment le virtuel téléporte le théâtre de rue dans un réel modifié How the virtual world teleports street theatre to a modified reality Mathias Poisson et Virginie Thomas, avec leur Agence Touriste, réinventent l’espace urbain Mathias Poisson and Virginie Thomas, with their Agence Touriste, reinvent urban space Retour sur un séminaire mêlant programmateurs et artistes en cours de création Report on a seminar mixing programmers and artists at work L’art et le territoire sous l’œil du philosophe Eric Corijn Art and territory scrutinised by philosopher Eric Corijn Le réseau européen IN SITU vu par ses membres The IN SITU European network as seen by its members Agenda Agenda
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“on marche pour penser mieux” Et si l’on ne pensait bien qu’avec les pieds ? Pour le philosophe Frédéric Gros, la marche est, avant tout, un exercice spirituel.
Guillaume Bautista
“walking helps you think” What if we only thought properly through our feet? For philosopher Frédéric Gros, walking is above all a spiritual exercise.
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n n’écrit bien “qu’avec ses pieds”, estimait Nietzsche. Croyez-vous également que la production d’une pensée, quelle que soit sa forme ou son intensité, est forcément liée à la marche ? Frédéric Gros – Non, sans doute. Pas plus qu’emprunter des sentiers de montagne ne fait advenir des pensées profondes, la concentration spirituelle ne donne pas forcément le désir de gambader. Simplement, je remarque que la philosophie entretient un rapport particulier à la marche. Le mythe veut que les philosophes grecs aient enseigné tout en déambulant. C’est comme si la philosophie comme exercice libre de la pensée exigeait l’air vif des grands espaces. Mais, de fait, beaucoup de textes s’écrivent dans les bibliothèques, dans des bureaux confinés et au milieu des livres. Vous définissez-vous comme un héritier de ce Gai Savoir pour qui la marche est la condition
Florent Bergal, collectif G. Bistaki, The Baina Trampa Fritz Fallen, création 2015 (France)
de l’écriture, de la pensée, plus encore qu’une simple hygiène minimale, comme chez Kant ? J’aime en effet cette idée, sur laquelle Nietzsche insiste particulièrement, que la marche ne doit pas être ce qui offre un moment de détente à la réflexion, comme s’il fallait bien faire quelques pas afin de se reposer du travail de la pensée, mais plutôt ce qui constitue son milieu, son élément privilégié. On marche pour penser mieux, autrement et plus loin, pour ouvrir des perspectives que la méditation sédentaire ne parvient pas à offrir. Vous évoquez aussi Montaigne qui écrivait : “Mes pensées dorment, si je les assis. Mon esprit ne va, si les jambes ne l’agitent.” La réflexion sur les vertus de la marche naît-elle à ce momentlà de l’histoire de la pensée ? Ou était-elle déjà très présente chez les Grecs ? Dès qu’on marche, les pensées deviennent moins poussives, c’est comme si l’esprit trouvait dans le
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ietzsche found that you only write well “with your feet”. Do you also believe that producing ideas, whatever their form or their intensity, is necessarily linked to walking? Frédéric Gros – No, certainly not. Nor would I suggest that taking mountain paths can conjure up deep thoughts, spiritual concentration does not necessarily incite a desire to stretch your legs. I simply note
that philosophy has a particular relation with walking. Legend has it that Greek philosophers taught while strolling. As if philosophy as an exercise in free thinking requires the fresh air of the great outdoors. But, of course, many texts are written in libraries, confined office spaces and amongst books. Would you define yourself as an inheritor of The Gay Science in which walking is the condition of writing, of
thinking, and more than a minimal hygiene, like with Kant’s approach? Indeed I love the idea that Nietzsche particularly emphasices that walking should not be a time to break away from thinking, as if you need to take a few steps to rest from the labour of thought, but instead should constitute its middle point, a privileged ingredient. You walk to think more clearly, differently or further, to open up perspectives that sedentary meditation fails to offer.
You also mention Montaigne who wrote: “My thoughts fall asleep if I make them sit down. My mind will not budge unless my legs move it.” Did this thinking on the virtues of walking start at that moment in the history of ideas? Or was it already very present at the time of the Greeks? As soon as you are walking, thoughts become less forced, as if the mind finds a rhythm, an added source of energy through the leg movement. Montaigne
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mouvement des jambes une dynamique, une source d’énergie supplémentaire. Montaigne sans doute retrouve l’esprit grec d’une philosophie qui se comprend davantage comme expérience, art de vivre, que comme démonstration et système de connaissance. Lui-même construit ses essais de manière digressive, légère, il se laisse tenter par les pensées et les offre sans insistance, comme le regard du promeneur qui se porte au gré des variations, et sans s’y arrêter trop longuement, sur tel ou tel aspect du paysage qu’il traverse. Dans un texte célèbre, Pascal écrivait : “Tout le malheur des hommes provient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.” Marcher, n’est-ce pas une nécessité imposée par notre impossibilité à vivre sereinement dans l’immobilité ? Pascal comprend le “divertissement” des hommes comme une fuite éperdue hors de soi-même, une manière de se laisser fasciner par le tourbillon du monde. Or il me semble précisément que marcher nous permet de nous rendre à nouveau disponibles à nous-mêmes, à notre corps, à la beauté calme des choses. Au fond, quand Pascal se moque du travers de l’homme qui ne peut pas rester en place, il l’imagine courant le monde plutôt que marchant calmement, loin des gesticulations sociales. Vous identifiez des “modèles” de marche, comme des sortes d’idéaux-types : on peut marcher “à la manière” de Nietzsche, Thoreau, Rousseau, Kant… Qu’est-ce qui, au fond, distingue le plus toutes ces postures ? Ces quatre philosophes, pour moi, illustrent un style de marcheur chaque fois bien différent. La marche se comprend pour Thoreau comme un exercice spirituel, au sens presque d’un rite. Nietzsche recherche avant tout dans ses promenades quotidiennes un élément de tension, d’exigence. Il privilégie spontanément des mouvements d’ascension, comme s’il s’agissait de conquérir à chaque fois des sommets physiques et intellectuels. Chez Rousseau, la marche se confond avec le regret d’une période ancienne d’insouciance, elle est un paradis perdu. Kant, lui, effectue sa promenade quotidienne avec régularité, discipline. Il s’agit d’un devoir d’hygiène scrupuleusement respecté. De laquelle vous sentez-vous le plus proche ? Tout en demeurant fasciné par Nietzsche, je pense que mon rapport à la marche est plutôt, comme pour Rousseau, avant tout nostalgique. Je veux dire par là que je lui associe davantage de rêveries mélancoliques que d’exigences de conquêtes épiques.
Pierre Wayser
“je crois que le paysage remplit le corps plutôt que les yeux du marcheur. C’est une alchimie assez étrange”
X/tnt, Projet Stress Free, 2012 (France)
Votre idée d’écrire sur la marche est-elle venue en marchant ? Fonder une philosophie de la marche, est-ce forcément être en train de marcher au moment où l’on philosophe ? Ce qui me plaisait dans ce projet, c’était je crois un paradoxe immédiat entre la pauvreté apparente de la marche, cette pratique finalement humble, tellement partagée et dont il n’y a a priori rien à dire, et la richesse supposée de la philosophie, la profusion intarissable d’énoncés dont elle a pu être la source. Or je trouvais que les idées qui pouvaient me venir en marchant avaient une vivacité différente, et puis surtout la marche permet de s’ouvrir à des expériences à la fois simples et profondes. Or cette conjugaison de la profondeur et de la simplicité est au cœur de toutes les grandes paroles de sagesse. Marchez-vous parfois sans penser, la tête vide, engagé dans un exercice passif de contemplation, même s’il existe, j’imagine, des contemplations actives ? Je pense qu’on peut aussi rechercher et aimer atteindre ces moments de vide, qui supposent de très nombreuses heures de marche. La marche régulière produit une fatigue douce qui enveloppe l’esprit sans exténuer le corps. Il y a un moment effectivement où l’interminable répétition des pas fait faire au marcheur l’expérience d’un interminable enivrant. Cela dit, puisque vous parlez de “contemplation”, je crois que le paysage remplit le corps plutôt que les yeux du marcheur. C’est une alchimie assez étrange, 6 les inrockuptibles promenade
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à voir / must see Street re-View par X-tnt (FR) – Mons 2015 Dans cette déambulation humoristique et politique pour se réapproprier l’espace public, les habitants de Mons, capitale européenne de la culture 2015, détournent les “street-views” de Google, neutres et dénuées de vie, pour créer des “vues-promenades” fantasques et personnalisées de leur ville. Un code de déconduite qui concerne tout le monde – les vieux (par exemple : “Vieux Lib’, louez un vieux pour une demi-journée et apprenez ce qui ne s’apprend plus !”), les ados, les amoureux, les morts, les enfants, les hommes, les blondes, les idiots… Un projet “participatif, interactif et provocatif”. à Mons, capitale européenne de la culture 2015, www.mons2015.eu / www.xtnt.org In this humorous and political stroll to reclaim public space, the inhabitants of Mons, European Capital of Culture 2015, divert Google “street-views”, neutral and devoid of life, to create fanciful and personalised “promenade-views” of their city. This Dedriving Code involves everybody – seniors (for example : “Old Lib’, rent a senior citizen for half a day and learn what can’t be learnt anymore!”), teens, lovers, the dead, children, men, blonds, idiots… A “participatory, interactive and provocative” project. in Mons, European Capital of Culture 2015, www.mons2015.eu / www.xtnt.org
probably associated with the Greek idea of philosophy as something akin to experience, to a lifestyle rather than as a demonstration and knowledge system. In fact he himself built his essays in a light and digressive manner, he allows himself to be tempted by certain thoughts and offers them without insistence, rather like the gaze of a walker, carried according to variations and without pausing too long on any aspect of the landscape he is walking through. In a famous text, Pascal wrote: “All of man’s misfortune comes from one thing, which is not knowing how to sit quietly in a room.” Isn’t walking a necessity imposed by the fact that we find
it impossible to live serenely in stillness? Pascal considers “entertainment” for mankind like a frantic escape out of oneself, a way to allow yourself to be mesmerised by the vortex of the world. Yet it seems to me that walking precisely enables us to make ourselves available for ourselves, to our bodies, to the calm beauty of things. In fact, when Pascal mocks the default of men who can’t stay in place, he is picturing them running around the world, rather than walking peacefully far from social gesticulations. You identify certain walking “models”, as if they were ideal types: you can walk “in the manner of” Nietzsche, Thoreau, Rousseau,
Kant… What are the characteristics of all these postures in fact? For me, these four philosophers each represent a very different style of walking. For Thoreau, walking is like a spiritual exercise, practically in the sense of a ritual. In his daily walks, Nietzsche primarily seeks an element of tension, something demanding. He spontaneously privileges upward motion, as if it had to do with conquering physical and intellectual heights each time. For Rousseau, walking is mixed with his regret for a former carefree era, like a lost paradise. Kant does his daily promenade with regularity, discipline. It is a question of hygiene which is scrupulously respected.
Which one do you feel closest to? While I remain fascinated by Nietzsche, I think my relation to walking is in fact, rather like Rousseau, foremost nostalgic. By that I mean that I associate it more with melancholic reveries than I do with a drive for epic conquests. Did your idea to write about walking come while you were walking? When founding a philosophy of walking, do you have to be in the process of walking while you think? I think what attracted me to this project was the obvious paradox between the apparent poverty of the act of walking (which is after all humble, shared, and at first hand there might seem to be nothing much to say about it), and the supposed richness of philosophy (with the plethora of statements it has given birth to). Yet I was
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mais il faut bien comprendre que le rapport est bien plus physique que simplement visuel. Le randonneur ramène moins de ses marches des images qu’un peu de présence pure. La marche est souvent indexée sur l’idée de lenteur : marcher, c’est ralentir le rythme de la vie trépidante. Comment, à partir de là, saisir le sens de celui qui marche vite ? Marcher vite, est-ce un vice du marcheur ? Les excellents marcheurs ont un rythme rapide, mais cette vitesse, toute relative d’ailleurs, provient plus d’un entraînement que d’une quête de performance. Le propre de la marche, c’est qu’elle ne nous permet évidemment pas de gagner du temps, mais qu’elle symbolise la décision de se donner à soi-même le temps. Quelle signification politique peut-on donner à la marche collective ? Par-delà un geste solitaire et intime, la marche a aussi des visages épiques dans l’espace politique (de la Longue Marche de Mao à la Marche des beurs, ou encore à la ronde des obstinés contre la réforme de l’université en 2009). Cet acte n’est-il pas autant politique que philosophique, en ce sens qu’il rassemble des masses autour d’un geste simple et symbolique ? La marche illustre simultanément deux valeurs qui appartiennent au peuple plutôt qu’aux élites : l’humilité et le courage. La dimension politique provient de la dignité évidente de l’homme qui marche : il est debout et il avance. Une foule compacte et en mouvement symbolise cette détermination, à la fois calme et résolue. Il y a, dans les grandes marches populaires, une calme obstination qui impressionne. Cette expérience d’une liberté, de la fusion du corps dans la nature, de la répétition d’un geste, que vous décrivez, ressemble, dites-vous, à un “exercice spirituel”. Comment faut-il comprendre le terme “spirituel” ? Par exercice spirituel, il ne faut certes pas entendre une concentration méditative ou une technique mentale. Je veux dire par là que la marche n’est pas réductible à un simple délassement physique ou à une hygiène salutaire, comme s’il s’agissait simplement de se dégourdir les jambes ou de se maintenir en forme. L’exercice spirituel doit être compris comme un travail sur soi-même. Or il me semble que la marche contient toujours, comme cela est manifeste dans le pèlerinage, une promesse de transformation de soi. propos recueillis par Jean-Marie Durand Marcher, une philosophie de Frédéric Gros (Carnets Nord, 2009), 202 pages, 17 €
finding that the ideas I had while walking had a different vivacity and that, above all, walking allows you to open up to experiences at once simple and profound. This combination of depth and simplicity is at the heart of all great words of wisdom. Do you walk sometimes without thinking, empty headed, involved in a passive exercise of contemplation? Though I am sure there are active modes of contemplation too. I think you can also search for, and enjoy arriving at, moments of emptiness which involve many hours of walking. Regular walking produces a gentle fatigue that envelops the mind without exhausting the body. There is indeed a moment when the endless repetition of footsteps provides the walker with an experience of intoxicating endlessness. That said, since you mention “contemplation”, I think landscape fills the body rather than the eyes of the walker. It is quite a strange alchemy, but it is important to understand that the relation is far more physical than simply visual. The walker returns from his walks not so much with images, but with a sense of pure presence. Walking is often associated with slowness: walking is about slowing down the hectic rhythm
Ludovic Nobileau
“the political dimension spans from the obvious dignity of a man who walks: he is standing up and moving forwards”
X/tnt & Polygon, Pozzo Franz, 2012-2014 (France-Croatie)
of life. From this premise, how can one comprehend the meaning of those who walk fast? Is walking fast a defect with regards a walker? Excellent walkers have a fast pace, but that speed, which is very relative, stems from training more than from a quest for performance. The specificity of walking is that it doesn’t enable us to gain time, but it is symbolic of a decision to take time for yourself.
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What political significance can be given to collective walking? Beyond being a solitary intimate act, walking also has epic facets in the political sphere (from Mao’s Long March to the Beurs’ March, or even the protests against the university reform in 2009). Isn’t such an action as political as it is philosophical, in the sense that it gathers the masses around a simple and symbolic gesture?
Walking simultaneously represents two values that belong to the people rather than to elites: humility and courage. The political dimension spans from the obvious dignity of a man who walks: he is standing up and moving forwards. A compact crowd in motion is symbolic of such determination, at once calm and resolute. In the great popular marches, there is a calm obstinacy that is really impressive.
This experience of freedom, of the fusion of the body with nature, of the repetition of an action, is similar, in your view, to a “spiritual exercise”. How should we understand this term “spiritual”? When I talk about a spiritual exercise in this instance, indeed it shouldn’t be understood as meditative concentration or a mental technique. I am referring to the fact that walking can’t be reduced just to
physical relaxation or healthy hygiene, as if it was just about stretching your legs and keeping fit. Spiritual exercise should be understood as working on oneself. It seems to me that walking always carries, as in pilgrimages, the promise of selftransformation. interview by Jean-Marie Durand A Philosophy of Walking by Frédéric Gros (Verso Books, 2014), 288 pages, 17 €
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walking and dreaming marche et rêve Critique de cinéma et écrivain, Antoine de Baecque a arpenté les Alpes pendant un mois. Il en tire un livre d’aventures et de réflexions. Film critic and writer, Antoine de Baecque hiked along the Alps for a month which has led to a book of adventures and musings.
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aptisé dans les années 70 “la grande traversée des Alpes”, long de 650 kilomètres, coupant deux parcs nationaux, la Vanoise et le Mercantour, joignant le lac Léman à la Méditerranée, le sentier de grande randonnée GR5 tire sa notoriété légendaire de son exceptionnelle topographie mais aussi des récits qui ont accompagné son histoire (chemin de pèlerinage, contrebande, transhumance, voie militaire…). Comment saisir la légende de ce chemin autrement qu’en le parcourant soi-même pour l’éprouver dans sa chair ! Antoine de Baecque s’est donc lancé dans un vivifiant “essai d’histoire marchée”, partant seul sur son sentier de la gloire à la fin de l’été 2009. “Ma première alliée dans ce défi est ma propre souffrance, qui est comme le signe de mon entêtement, le nerf de ma volonté, ma voie vers l’endurance.” Dans un balancement cohérent entre l’intime et le global, son récit se lit autant comme un livre d’aventures à la Stevenson se promenant dans les Cévennes que comme une réflexion savante sur l’histoire de la marche et du corps marcheur.
Dans ces pages haletantes, vives et denses, l’auteur évoque avec précision les odeurs âcres de l’effort qu’on respire dans les refuges, où un mélange “de suée, de fauve, de vêtements humides, d’urine et de bois légèrement pourri” sature l’espace. La misère sexuelle caractérise aussi la vie des marcheurs solitaires : “L’érotisme est un interdit de l’Alpe ; elle est blanche et virginale, il ne faut pas la salir”… Dans les Alpes, on souffre des pieds, on mange souvent mal, on s’ennuie aussi les jours de mauvais temps, enfermés dans le refuge… “La marche relève d’une ascèse au sens grec d’exercice, un programme d’exercices qu’on s’impose parce qu’ils participent à la construction de soi en vous intégrant dans la sauvagerie de la nature”, souligne de Baecque. Tout en s’inscrivant dans un contexte éditorial de plus en plus épais sur le sujet (les témoignages de marcheurs se multiplient), son essai déploie, aussi bien à travers sa forme conceptuellement très riche qu’à travers la somme de connaissances qu’il révèle, un geste littéraire et historique plein de souffle. Jean-Marie Durand La Traversée des Alpes, essai d’histoire marchée (Gallimard), 432 pages, 25 €
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Carnet de voyage d’Antoine de Baecque
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icknamed “the great crossing of the Alps” in the 1970s, the long-hiking path GR5 is 650 kilometres long. It cuts across two national parks, Vanoise and Mercantour, linking Lake Léman to the Mediterranean. It gets its legendary reputation from its topography as well as the tales that pepper its history (pilgrimage, smuggling, transhumance or military routes…). How could there be any other way to enter the legend of this trail apart from walking it yourself to experience it in full ! Antoine de
Baecque launched into a vivifying “essay on walking history”, setting off on his own on the path to glory at the end of the summer 2009. “My first ally in this challenge is my own suffering, like a sign of my stubbornness at the core of my determination, as a way to endurance.” Coherently oscillating between the intimate and the universal, his tale reads like a Cévennes-based Stevenson adventure book and a scholarly study of the history of walking and the walking body. In these exhilarating, lively and
dense pages, the author describes with precision the pungent effort-based smells in the shelters: a mixture “of sweat, animality, wet clothes, urine and slightly rotten wood” saturates space. Sexual dissatisfaction is another characteristic in the life of solitary hikers: “Eroticism is rather forbidden in the Alps; as it is white and virginal, you mustn’t soil it”… In the Alps, your feet suffer, you seldom eat well, you also get bored when the weather is bad, huddled in the shelter… De Baecque insists that “Walking has to do with asceticism in the Greek
sense of exercise, a programm of exercises that you impose on yourself because they partake in the building of yourself by plunging you into wild nature”. While the editorial context on the subject thickens (testimonies from walkers multiply), his essay has a very rich conceptual form revealing a wealth of knowledge and unravels as a feat of literature and history which is full of breath. Jean-Marie Durand La Traversée des Alpes, essai d’histoire marchée (Gallimard), 432 pages, 25 €
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la rue est à nous Neil Butler dirige UZ Arts, structure indépendante basée à Glasgow (Ecosse) à l’origine de nombreux programmes culturels dans le monde entier. Werner Schrempf dirige, entre autres, le festival La Strada à Graz (Autriche) qu’il a fondé en 1998. Ces deux directeurs de structures membres du réseau IN SITU font ensemble le point sur l’état de la création aujourd’hui dans l’espace public.
the street belongs to us Neil Butler is the head
Vincent Muteau
of UZ Arts, an independent organisation based in Glasgow (Scotland) that initiates a number of cultural programmes worldwide. Amongst other work, Werner Schrempf heads the La Strada festival in Graz (Austria) which he founded in 1998. These two IN SITU network members’ directors provide together their account of art in public space today.
C
ela fait plus de dix ans que vous travaillez ensemble au sein du réseau européen IN SITU. Le domaine de ce que l’on appelle en France “les arts de la rue” – même si cette définition ne fait pas l’unanimité – n’a cessé d’évoluer depuis les années 1980. Quels changements avez-vous observés l’un et l’autre depuis la naissance d’IN SITU ? Neil Butler – En fait, il y a eu des tendances différentes dans des domaines différents même si toujours en relation avec l’espace public. Vers la fin des années 80, j’ai beaucoup travaillé avec des compagnies de théâtre de rue françaises. Ce genre de théâtre s’est avant tout développé en France, même s’il existait aussi du théâtre de rue dans d’autres pays. En Grande-Bretagne, la création dans l’espace public a commencé dans les années 70, en particulier avec des compagnies de théâtre expérimental et des performeurs. Dans les années 80, en revanche, le cirque et le divertissement dominaient. Rien à voir avec ce qui se faisait au même moment en France,
Benjamin Vandewalle, Birdwatching 4 x 4, 2012 (Belgique)
où l’on pouvait découvrir des œuvres de haute tenue, ambitieuses et sophistiquées. Avec le temps, les choses se sont un peu tassées. Du côté des artistes ou des programmateurs, l’intérêt s’est déplacé, s’éloignant progressivement d’une base théâtrale pour s’orienter vers les arts visuels. Beaucoup d’œuvres présentées aujourd’hui dans l’espace public sont issues des arts visuels, ce qui peut aussi inclure la performance. Il y a aussi tout un mouvement venu du land art qui développe des performances en relation avec le paysage. Enfin, les artistes tendent de plus en plus à travailler avec le public. Soit qu’ils partent d’une relation avec lui, soit que le public participe de façon active à la création de l’œuvre ou à son exécution. Werner Schrempf – Il y a de plus en plus d’œuvres dans lesquelles le public est impliqué. Je dis toujours qu’on est passé d’une éducation frontale à une intégration du public dans le processus même de la création. Aujourd’hui, les artistes prennent beaucoup plus en compte les réalités urbaines des différentes villes dans lesquelles ils doivent créer. Cela signifie
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ou have been working together in the European IN SITU network for over ten years. The field of “street art”, as we call it in France – though the definition is not unanimously sanctioned –, has constantly evolved since the 1980s. What changes have you observed since the start of IN SITU? Neil Butler – In fact, there have been different tendencies in different fields, always in relation to the public space. Towards the end of the 80s, I worked with many
French street art companies. This type of theatre developed in France particularly, but street art also existed in other countries. In the UK, creative programming in the public space started in the 1970s, in particular with experimental theatre companies and performance artists. In the 1980s, however, circus and entertainment dominated. This had nothing to do with what was going on then in France, when you could discover high standard, sophisticated and
ambitious work. Over time, things have set a little. For artists or programmers, the focus has shifted, progressively moving away from a theatre base towards the visual arts. A lot of the work shown today in the public space comes from visual arts, which can also include performance. There is also a significant movement that has come from land art and develops performances in relation to landscape. Finally, artists increasingly tend to work with the audience. Either
they start with that relation, or the public actively participates in the making of the work or its execution. Werner Schrempf – There are many more projects that involve the audience. I often say that we went from a frontal educational process to the integration of the audience in the process of making. Today, artists take into account the urban reality of the different cities they work in a lot more. This means that we, as festival directors and more generally
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que nous, en tant que directeurs de festivals et plus généralement en tant que programmateurs, nous sommes aussi beaucoup plus impliqués dans la démarche de ces artistes auxquels nous ne demandons plus seulement de produire une œuvre, mais de créer en prenant en compte les spécificités locales. Ce délaissement progressif du théâtre au profit des arts visuels, est-ce central dans votre travail ? Neil Butler – Nous rencontrons beaucoup d’artistes de différents pays, dans des festivals ou ailleurs, et nous abordons avec eux des questions qui nous préoccupent. Sans doute, à force de remuer ces questions, quelque chose s’est-il créé. Nous avons affiné notre vocabulaire, par exemple. C’est un peu comme les quarante mots en langue inuit pour dire la neige. Incontestablement, il y a d’un côté une demande de notre part pour des créations qui s’inscrivent dans un lieu spécifique – même si on peut les voir à Marseille, Graz ou Glasgow en imaginant à chaque fois des adaptations – et de l’autre côté des artistes intéressés par ce genre de projets. Avec toujours ce souci que le public soit impliqué. Souvent, des artistes qui n’ont jamais pensé à cette implication directe du public se rendent compte à quel point cela participe en fait de leur démarche depuis toujours. Werner Schrempf – L’Autriche se considère comme un grand pays de culture. Des villes comme Vienne ou Salzbourg sont considérées en soi comme des lieux culturels. Il y a l’opéra. Il y a Mozart. Et pour ceux que ça n’intéresse pas, il reste le sport. A Graz, avec le festival La Strada, nous nous sommes fixé un but : établir un contact avec le public, c’est-à-dire avec les habitants de la ville. C’est pour cette raison que nous nous tournons notamment vers des artistes plasticiens qui conçoivent leurs projets en fonction de l’espace public. Pour eux, le fait de sortir de l’espace clos de la galerie est très stimulant car cela représente un défi beaucoup plus risqué. Au fond, est-ce que la différence entre la salle de théâtre et la rue, c’est que dans la rue le public ne choisit pas ? Les œuvres sont là et il en fait ce qu’il veut… Neil Butler – Oui, en passant son chemin par exemple. C’est en ce sens qu’il nous faut impérativement prendre en compte le public. On ne peut pas envisager un projet artistique dans la rue sans penser à son impact sur ceux qui vont y être confrontés. En fait, c’est le public qui fait le travail. Son imagination, son interprétation, sa décision de rester ou de s’éloigner doivent être des composantes du projet. Il ne s’agit pas pour autant d’attirer des foules.
Vincent Vanhecke
“we went from a frontal educational process to the integration of the audience in the process of making” Werner Schrempf
Ce qui retient l’attention, c’est la qualité de l’œuvre. D’autre part, en ce qui concerne la participation du public, je tiens à préciser que cela signifie aussi le fait de simplement regarder. Werner Schrempf – Il y a différentes façons d’impliquer un public. Je pense à la compagnie de danse Ex Nihilo, par exemple, dont les performances sont tellement fortes que les spectateurs sont littéralement captivés par ce à quoi ils assistent. Etonnamment, les créations dans l’espace public mettent de plus en plus souvent en scène l’intime. Comment expliquez-vous cela ? Neil Butler – Cette tendance est apparue d’abord aux Pays-Bas, à Utrecht précisément, dans le cadre du festival Impakt. Il y a en effet beaucoup d’œuvres qui s’adressent à des groupes restreints travaillant sur l’effet de proximité. Il se trouve que cela s’est développé en même temps que les réseaux sociaux. Les artistes se sont emparés de ce phénomène en proposant des œuvres qui utilisent les nouvelles technologies et offrent une réflexion sur des expériences très personnelles en rapport avec l’intime. Il y a de nouveaux outils, ce qui suppose de nouveaux champs d’expérimentation. Et c’est évidemment quelque chose que nous soutenons. propos recueillis par Hugues Le Tanneur
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à voir / must see Tape Riot par Asphalt Piloten (CH) Dans cette forme hybride mêlant danse, musique électronique et expression plastique improvisée, les performeurs infiltrent les interstices de la ville et la graffent au ruban adhésif. à Marseille du 8 au 10 mai 2014 dans le cadre de Travellings, www.lieuxpublics.com / www.asphaltpiloten.net In this hybrid form that mixes dance, electronic music and improvised visual arts, performers infiltrate cracks in the city and graffiti it with adhesive tape. in Marseille from 8 to 10 May 2014 in the frame of “Travellings”, www.lieuxpublics.com / www.asphaltpiloten.net
as programmers, are also more involved in the artists’ working process, especially when we commission not just the production of new work, but also a creation that takes on board local specificities. Is this gradual shift from theatre towards the visual arts central to your work? Neil Butler – We meet many artists from many countries, in festivals or other contexts, and we discuss the questions that concern us together. It is likely that by circling around these questions so much, something arose. We have refined our vocabulary, for example. It is a bit like the forty words in the Inuit
language to say ‘snow’. Undoubtedly, on the one hand, there is a demand on our part for projects that are embedded in a specific place – even if you can see them in Marseille, Graz or Glasgow and imagine different adaptations each time – and on the other, artists who are interested in this sort of project. The constant is this wish to involve the audience. Often, artists who had never considered such a direct relation with the audience realise after all to what extent it has always been present in their practice. Werner Schrempf – Austria considers itself to be a great country for culture. Cities themselves
are considered as cultural sites – like Vienna or Salzburg. Think opera, Mozart. And for those who are not interested, there is sport. In Graz, for the La Strada festival, we have the following aim: establishing contact with the audience, that is to say with the inhabitants of the city. This is one of the reasons why we turn to visual artists, amongst others, who imagine their projects according to the public space. For this, leaving the closed gallery space is very stimulating since it represents a riskier challenge. Would you say that one of the basic differences between a theatre and the street is that, in the street, the audience can’t choose? The artworks are there and they can take it or leave it… Neil Butler – Yes, by passing it by, for example. It is in that sense that it is so important to take the audience into account. You can’t plan an artistic project in the street without considering the impact it will have on the people who will be confronted with. In fact, the audience makes the work. Their imagination, interpretation, their decision to stay or move away must be components of the project. It is not so much
about attracting crowds. What captivates is the quality of the project. By the way, when we refer to the participation of the audience, I want to insist on the fact that this also includes simply looking. Werner Schrempf – There are different ways of involving an audience. I am thinking of the dance company Ex Nihilo, for instance. Their performances are so powerful that spectators are literally captivated by what they are experiencing. Surprisingly, projects in the public space often focus on intimacy. How do you explain that? Neil Butler – This tendency first appeared in the Netherlands, in Utrecht to be precise, in the context of the Impakt festival. There are indeed many works addressed to small groups working with the effects of proximity. It turns out that this developed simultaneously in social networks. Artists grasped this phenomena and proposed works that use the new technologies and offer the chance to interrogate such personal intimate experiences. There are new tools that imply new fields to experiment with. Obviously, this is something we support. interview by Hugues Le Tanneur
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l’art en marche Traversée photographique de New York, performance picturale à São Paulo, déambulation poétique à Marseille… Sous l’égide de Guy Debord et sa psychogéographie, les artistes arpentent, questionnent et réinventent l’espace urbain. par Claire Moulène
art in motion Crossing New York photographically, a painting performance in São Paulo, poetic meanderings in Marseille… under the auspices of Guy Debord and psychogeography, artists roam, question and reinvent urban space.
L
a foule est son domaine, comme l’air est celui de l’oiseau, comme l’eau celle du poisson. Pour le parfait flâneur, pour l’observateur passionné, c’est une immense jouissance que d’élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, le fugitif et l’infini. Etre hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi.” Visionnaire Baudelaire, qui dans Le Peintre de la vie moderne annonçait le marcheur urbain comme une figure clé des temps modernes. Après lui, les artistes ne s’y sont pas trompés, qui, des surréalistes aux situationnistes jusqu’aux artistes contemporains, iront “herboriser le bitume”, pour reprendre la jolie formule de Walter Benjamin. Et feront de la ville et de sa périphérie le berceau de leur dérive prospective. La marche dans l’art a déjà derrière elle une longue histoire, qui s’écrit sur les trottoirs comme sur les chemins de traverse. A travers quelques artistes clés de la seconde moitié du XXe siècle, retour sur une pratique phare de l’art contemporain.
T
he crowd is his element, as the air is that of birds and water of fishes. For the perfect flâneur, for the passionate spectator, it is an immense joy to set up house in the heart of the multitude, amid the ebb and flow of movement, in the midst of the fugitive and the infinite. To be away from home and yet to feel oneself everywhere at home.” In The Painter of Modern Life, the visionary Baudelaire predicted that the urban walker would become one of the key figures of modern times.
After him, from the Surrealists to the Situationists and contemporary artists, no mistake, artists have tried “to botanise the asphalt”, as Walter Benjamin put it so beautifully. Towns and their peripheries became the place for their prospective dérives. Walking in art already has a long history, which has been written on the pavements and on the roads. By focusing on several key artists from the second half of the 20th century, we look at one of contemporary art’s major practices.
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les expéditions impossibles de Tixador et Poincheval
Tixador and Poincheval’s impossible expeditions
L’expédition est sans doute l’autre mot clé de cette histoire de la marche dans l’art. Beaucoup d’artistes contemporains, de Robert Smithson au Laboratoire Stalker en passant par Pierre Huyghe et son Expédition scintillante, ont fait de l’exploration de nouveaux territoires ou plutôt de la relecture d’un espace archi quadrillé leur mode opératoire. C’est aussi le cas du duo Laurent Tixador et Abraham Poincheval, aujourd’hui dissous. Aventuriers du XXIe siècle, ils ont pendant dix ans orchestré leur évasion du champ de l’art : traversant la France en ligne droite, à pieds, de Nantes à Metz, à travers champs, villages, autoroutes et zones industrielles. Creusant à Murcia en Espagne un tunnel à six pieds sous terre qu’ils refermaient derrière eux au fur et à mesure de leur progression.
Expeditions are another key aspect in this tracing of walking in art. Many contemporary artists, from Robert Smithson to Stalker Laboratory via Pierre Huyghe and his Expédition scintillante, have made the exploration of new territories, or rather the re-reading of highly formalised spaces, their modus operandi. This was also the case of the duo Laurent Tixador and
Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire © Tixador & Poincheval
Laurent Tixador et Abraham Poincheval, L’Inconnu des grands horizons, 2002
Abraham Poincheval, who have since disbanded. As adventurers of the 21st century, during ten years they artfully evaded the field of art: crossing France in a straight line, on foot, from Nantes to Metz, through fields, villages, autoroutes and industrial areas. In Murcia in Spain, they dug a tunnel 6 feet underground which they continuously closed behind them as they moved forward.
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BnF, dpt. Manuscrits, fonds Guy Debord
Collection Institut d’art contemporain, Rhône-Alpes, photo Blaise Adilon
GuyDe bord, The Naked City, planim primé àCope nhague en mai 1957
la dérive urbaine de Guy Debord
the urban drift of Guy Debord
C’est à Guy Debord, écrivain, théoricien marxiste et fondateur du mouvement lettriste et de l’Internationale situationniste (1957-1972), que l’on doit les concepts de dérive et de psychogéographie. La carte est son territoire, qui fait coïncider sur un même plan deux topos, objectif et subjectif, deux expériences de la ville qu’il arpente. C’est le cas ici, dans le plan de cette Naked City élaboré en 1957, qui revisite la géographie de Paris en mettant en relation à l’aide de flèches rouges différents quartiers de la capitale.
We owe Guy Debord – writer, Marxist theorist and founder of the Lettrist movement and of Situationist International (1957-1972) – the concepts of dérive and psychogeography. The map is his territory: two toposes coincide on the same plane,
objective and subjective, two experiences of the city he roams in. It is the case here, on the map of this Naked City made in 1957, that revisits Paris’ geography by creating relations between different parts of the capital city with red arrows.
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Francis Alÿs, Sometimes Making Something Leads to Nothing (1/7), 1998
la trace dans la ville de Francis Alÿs
Francis Alÿs’s track in the city
Dans The Leak, une performance réalisée en 1995, Francis Alÿs déambule dans la ville de São Paulo en tenant un pot de peinture percé, laissant derrière lui un mince filet de peinture qui matérialise son déplacement. Il fait de l’artiste celui qui à la fois trace son chemin et laisse une trace sur son chemin. Et propose à tout un chacun de s’interroger sur sa propre inscription au sein de l’espace urbain et social. Cette ligne de fuite inscrite à même le quadrillage de la ville est un leitmotiv de l’œuvre de cet artiste belge installé à Mexico. Avec The Collector, un objet à roulettes aimanté inspiré des nombreux chiens errants qui hantent la ville de Mexico, Alÿs traîne à sa suite toute la misère du monde, rebuts métalliques qui jonchent le sol, que l’artiste collecte tout au long de sa déambulation. Francis Alÿs participe à l’exposition collective Arpenter, jusqu’au 31 mai 2014 à La Halle, Pont-en-Royans, www.lahalle-pontenroyans.org
In The Leak, a performance that took place in 1995, Francis Alÿs wandered through the city of São Paulo carrying a pierced pot of paint, thus leaving behind him a thin trail of paint that materialised his movements. The artist simultaneously traced his trajectory and left a trace along the way, therefore encouraging everyone to question their imprint on urban and social spaces. This vanishing line embedded in the actual
fabric of the city is a leitmotiv in the work of this Belgian artist who is based in Mexico City. With The Collector, a magnetized wheeled object inspired by the many stray dogs hauting Mexico City, Alÿs drags in his wake all the woes of the world – metallic dross covering the ground – that the artist collects as he meanders around. Francis Alÿs is part of the collective exhibition Arpenter, until 31 May 2014, in La Halle, Pont-en-Royans, www.lahalle-pontenroyans.org
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Mathias Poisson Yves Bernard
Elke Lehman
L’Agence Touriste tourne autour du Plan d’Aou, Marseille, juin 2011
l’errance poétique de l’Agence Touriste
the Agence Touriste’s poetic wandering
C’est un lexique à fort coefficient poétique que convoque l’Agence Touriste, dirigée par les artistes Mathias Poisson et Virginie Thomas, pour ses opérations nomades. Après avoir arpenté le GR2013 de long en large à l’occasion de Marseille-Provence 2013, ces deux électrons libres, accompagnés de leurs acolytes et en partenariat avec Lieux publics en 2014, promettent un large pas de côté avec Go East. Au programme : une pratique assidue de l’errance et la possibilité, pour les visiteurs-marcheurs, de se perdre en douceur.
Directed by the artists Mathias Poisson and Virginie Thomas, the Agence Touriste conjures up high levels of poetry during their nomadic operations. After pacing up and down the GR2013 in the context of Marseille-Provence 2013, these two free spirits,
with their acolytes and in partnership with Lieux publics in 2014, promise a wide step aside with Go East. The programme for walker-visitors includes regular wandering as well as the possibility to get lost gently.
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Laurent Malone & Dennis Adams, JFK, 1997
la traversée de New York de Dennis Adams et Laurent Malone Coupe transversale. Août 1997, Dennis Adams et Laurent Malone entreprennent une traversée en ligne droite de la ville de New York, de Manhattan à l’aéroport JFK. Soit une marche de onze heures et trente minutes et 486 photographies consignées dans l’ouvrage JFK (LMX, 2002). Pour cette performance urbaine, les deux photographes ont suivi un protocole simple : lorsque l’un des deux marcheurs prenait une image, l’autre, dans son dos, shootait sans cadrage le paysage opposé. “Il s’agit d’une exploration tranchante, d’une coupe effectuée dans le tissu urbain pour le voir autrement, pour, ici aussi, renouveler le regard posé sur la mégalopole cartographiée”, a écrit à propos de ce projet l’historien Thierry Davila dans Marcher, créer (Editions du Regard, 2007).
crossing New York with Dennis Adams and Laurent Malone Cross section. August 1997, Dennis Adams and Laurent Malone undertake to cross the city of New York in a straight line, from Manhattan to JFK airport. That is to say an eleven hour and a half walk and 486 photographs logged in the publication titled JFK (LMX, 2002). The two photographers followed a simple protocol for this urban performance: when
one of the two walkers took an image, the other, back to back, shot the opposite landscape with no frame. The historian Thierry Davila has written about this in Marcher, créer (Editions du Regard, 2007): “This is a slicing exploration, splitting through the urban fabric in order to experience it differently, and also to renew the outlook on a mapped out megalopolis”.
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Courtesy de l’artiste et Yvon Lambert, Paris © Mircea Cantor
MirceaC antor The Landscape Is Changing, 2003
le défilé politique de Mircea Cantor
the political parade of Mircea Cantor
La marche est aussi un motif politique. Marches des fiertés, processions, parades et autres manifestations infusent ainsi l’imaginaire des artistes. En 1991, Philippe Parreno orchestre un défilé d’enfants portant banderoles et slogans dessinés par ses soins. Mot d’ordre de la manifestation : “No More Reality”. Au même moment, Carsten Höller organise une manifestation pour le futur, Zukunft, conviant une horde d’enfants à battre le pavé. Dans cette vidéo de Mircea Cantor de 2003, les manifestants portent des miroirs en guise de pancartes. Une façon de retourner le réel comme un gant et d’en faire un sujet de revendication en soi.
Marching is also a political motif. Marching for pride, processions, parades and other events all infuse artists’ imaginations. In 1991, Philippe Parreno orchestrated a children’s parade in which they carried banners and slogans he had drawn. The main statement was: “No More Reality”. At the same time, Carsten Höller organized an event
for the future, Zukunft, inviting a horde of children to take to the streets. In this 2003 video by Mircea Cantor, protesters carry mirrors instead of banners as a way to turn reality around like a glove and make that the claim.
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Hamish Fulton, Footpath, Pyrénées, 2012
the mental hiking of Hamish Fulton
Courtesy de l’artiste et TORRI, Paris
He has been walking for over forty years. Along the footpaths in the Pyrenees, on Mount Everest or in the Andes, the British artist Hamish Fulton walks the world and places it within his grasp, to the rhythm of his step. He is part of a long tradition of walking in art, but his radical stance bans the possibility of any form of documentation after the event or any trace left in the landscape as some of Land artists did. For Fulton, walking itself is an artistic experience that “optimises perception and receptivity to landscape” and thus becomes what he calls a “mental sculpture”. Since the 1990s, he has also organized collective walks in urban environments in which the audience becomes an active part in this outdoor choreography.
les randonnées mentales de Hamish Fulton Cela fait plus de quarante ans qu’il marche. Sur les sentiers des Pyrénées, de l’Everest ou de la cordillère des Andes, l’artiste anglais Hamish Fulton foule le monde et le met à sa mesure, au rythme de son pas. S’il s’inscrit dans une longue tradition de la marche dans l’art, il y a chez lui une radicalité singulière qui bannit toute forme de documentation ultérieure ou de trace laissée dans le paysage comme pouvaient le faire les artistes du land art. La marche chez Fulton est en soi une expérience artistique qui “optimise la perception et la réceptivité au paysage” et devient ainsi ce qu’il appelle une “sculpture mentale”. Depuis les années 90, il organise également des marches collectives en milieu urbain où le public devient partie prenante de cette chorégraphie outside.
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cartographier le territoire Déborder le cadre de l’institution culturelle, réfléchir à son inscription au sein d’un environnement social spécifique : deux expérimentations portées par l’Ecole des arts politiques du philosophe Bruno Latour donnent du grain à moudre.
Emeline Guillaud
mapping the territory Going beyond the framework of cultural institutions and considering the enrolment in a specific social environment: these are the two experiments carried out at The School of Political Arts led by philosopher Bruno Latour.
C
omment s’inscrire dans un territoire ? Comment cartographier son périmètre d’action ? Comment, pour singer le vocabulaire des anthropologues, préparer son terrain ? En banlieue parisienne, deux institutions culturelles, un centre d’art à l’Est, un centre dramatique à l’Ouest (Le 116 à Montreuil, le Théâtre des Amandiers à Nanterre), expérimentent, sans se concerter, une méthode inédite. Cette méthode, c’est celle de SPEAP (Sciences-Po Ecole des arts politiques), un ovni sur la scène française, créé en 2010 par le philosophe Bruno Latour au sein de Sciences-Po Paris. Basé sur une forme d’interdisciplinarité et de croisements de savoirs, ce programme réunit des artistes, metteurs en scène, architectes, sociologues et chercheurs qui, tous, travaillent comme des enquêteurs sur des sujets pratiques. L’enquête, justement, c’est ce qui passionne les six anciens étudiants de SPEAP qui animent, depuis l’ouverture du 116 à Montreuil en octobre 2013, le QG, ou Quartier Général, un “laboratoire d’expérimentation à géométrie variable (…) qui a besoin de la contribution des Montreuillois pour exister”.
Avec un bureau à demeure au cœur du centre d’art, ces jeunes chercheurs et artistes invités par la nouvelle directrice Marlène Rigler travaillent principalement, comme ils l’expliquent, à “résoudre un paradoxe”. Paradoxe qu’ils formulent en ces termes : “Le 116 est tout neuf, il a été inauguré en octobre. On a les ‘preuves’ de son existence : c’est une institution dépendant de la mairie de Montreuil ; il est situé dans un bâtiment totalement réhabilité qui abritait autrefois des résidences et des squats d’artistes ; il a accueilli ses deux premières expositions ‘internationales’ qui lui donnent un début de légitimité. Mais c’est une existence totalement artificielle : Le 116 n’a pas poussé dans Montreuil. Or c’est une ville qui regorge d’artistes, de lieux culturels porteurs d’alternatives, de transformation sociale, une ville qui se définit par l’engagement de ses habitants, analyse Sarah Garbarg, une des six anciens étudiants de SPEAP. De ce point de vue-là, Le 116 n’est… rien. C’est ce paradoxe qu’on nous a demandé de résoudre. La première chose qu’on a faite est d’aller sur place bien sûr, mais aussi de définir un agenda, moins contraignant, moins politique. On a commencé à travailler à partir de ce paradoxe, non pour le résoudre mais pour se donner des prises.”
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La Folie Kilomètre, Balade picturale Transhumance # 1, 2011 (France)
H
ow can you immerse yourself in a territory? How can you map out your scope for action? Mimicking the language of anthropologists, how can you prepare your field? In the Paris suburbs, two cultural institutions, an art centre in the East, a theatre in the West (Le 116 in Montreuil, and the Théâtre des Amandiers in Nanterre) currently experiment, and with no consultation, a different method. This is The School of Political Arts (Ecole des arts politiques/SPEAP) method. Founded in 2010 by philosopher Bruno
Latour within Sciences Po in Paris, it is rather unusual on the French scene. Based on interdisciplinarity and the exchange of knowledge, it brings together artists, theatre directors, architects, sociologists and researchers who all work like investigators on practical matters. Investigations are precisely what the six ex-students of SPEAP, who run the ‘QG’ (headquarters) at Le 116 in Montreuil since the opening in October 2013, are so fascinated by. It is an “experimental laboratory with multiple variables (…) that needs the contribution of the
inhabitants of Montreuil to exist”. With an office in house at the art centre, these young researchers and artists were invited by the new director Marlène Rigler to work primarily “on solving a paradox”, as they say themselves. The paradox is formulated in these terms: “Le 116 is brand new; it just opened in October. We have ‘proof’ of its existence. It is an institution dependent on the municipality of Montreuil, and is located in a building that has been completely refurbished which used to be a residence and an artists’ squat. It has presented two first ‘international’
exhibitions that begin to bring it legitimacy. But this existence is entirely artificial: Le 116 did not grown in Montreuil. And yet it is a town with many artists, with alternative cultural venues who are active in terms of social transformation, a town which is defined by the involvement of its inhabitants, according to Sarah Garbarg, one of the six SPEAP ex-students. From that point of view, Le 116 is… nothing. This is the paradox we have been asked to resolve. Of course the first thing we did was to go there on site and define an agenda that was less constraining, less political. We started
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Leur entreprise collective a donc commencé par une “véritable enquête endémique” menée auprès des artistes, associations, habitants, amateurs locaux et ce qu’ils appellent la mise en valeur de pratiques et expertises locales. Concrètement, ce travail des profondeurs a pour l’instant donné lieu à la conception, lors de la première exposition, d’un audioguide au titre à rallonge, Revenez dans l’entrée à votre droite, on ne va pas commencer tout de suite par visiter l’exposition (22’38, 2013), qui proposait une visite du centre d’art “en spéculant sur ses potentialités et ses possibles” et l’ouverture d’un bureau public : lieu de rencontre mais aussi de cartographie participative. Dans la foulée, ils ont également investi et rendu public ce que l’on considère généralement comme un temps mort : l’entre-deux expositions. Rendre visibles les ficelles de l’institution, c’est aussi un fil conducteur qu’entendent suivre la chercheuse et metteur en scène Frédérique Aït-Touati et le philosophe Bruno Latour, binôme d’exception convoqué par le tout nouveau directeur du Théâtre des Amandiers, l’audacieux Philippe Quesne, bien décidé à bousculer cette institution quelque peu endormie. “Nous avons organisé une première visite du bâtiment avec Philippe et Bruno, raconte Frédérique Aït-Touati, il recèle de véritables trésors comme
“nous souhaitons connecter des acteurs sociaux et culturels qui d’habitude ne se croisent pas” – Frédérique Aït-Touati
ces anciens ateliers de décors créés sous Chéreau, avec une équipe attitrée, un observatoire ou encore une petite salle de spectacles dont un des murs est escamotable et ouvre sur un théâtre de verdure…” Un terrain de jeu à la hauteur des ambitions de l’Ecole des arts politiques qui, tout au long de ce qu’ils appellent “un compagnonnage au long cours avec le Théâtre des Amandiers”, entend s’engager dans une réflexion à long terme sur l’inscription du Théâtre des Amandiers dans son environnement urbain. “Nous souhaitons connecter des acteurs sociaux et culturels qui d’habitude ne se croisent pas”, explique ainsi Aït-Touati. A commencer par les étudiants de la fac de Nanterre, les membres d’une ferme autogérée à proximité du théâtre et le public traditionnel des Amandiers qui jusque-là faisait le trajet directement depuis la station de RER sans jamais lever les yeux. “L’une des hypothèses que nous partageons avec Bruno Latour est qu’on a souvent affaire à une question de sensibilité, d’attention à ce qui nous entoure. Or cette question est liée à celle des représentations : on aboutit parfois à un échec parce qu’on s’était mal représenté le problème”, décrypte Frédérique Aït-Touati, bien décidée à relever le défi de la perception dans l’imaginaire collectif de ce lieu d’art et de spectacle. “Aux Amandiers, nous allons penser une nouvelle dramaturgie, au sens allemand du terme, une nouvelle façon d’animer le théâtre, bien au-delà de ses horaires d’ouverture.” A Nanterre, Montreuil ou ailleurs, les institutions culturelles sont appelées à devenir des lieux de vie. Claire Moulène
working on this paradox, without seeking to resolve it but to give ourselves an anchor.” Their collective work began with a “real endemic investigation” with artists, associations, residents, local amateurs and what they call the highlighting of local practices and expertise. For the time being, during the first exhibition, this deep inquiry has led to the creation of an audio-guide with a long-winded title – Come back to the entrance to your right, we won’t start to see the exhibition immediately (22’38, 2013) – that offered a tour of the art centre “while speculating about its potentials and possibles” and the opening of a public hot-desk for meetings and participatory cartography. In this process, they also took on the usually dead time in between two exhibitions and made it public Making institutional strings visible is one of the main threads that the researcher and director Frédérique Aït-Touati and the philosopher Bruno Latour are keen to pursue. This is the exceptional double act called upon by the brand new and bold director of the Théâtre des Amandiers, Philippe Quesne, who is determined to shake this organisation which had become rather sleepy. “We organised the first site visit with Philippe and Bruno, says Frédérique Aït-Touati, it is full of real treasures like the old décors workshops created during Chéreau’s time, with a dedicated team, an observatory or a small theatre with removable walls to transform it into an open air theatre…”
This playground corresponds to the ambitions of The School of Political Arts. During what they call “a long term accompaniment of the Théâtre des Amandiers”, they aim to follow a long-term study of the imprint of the Théâtre des Amandiers on its urban environment. “We want to connect social and cultural players who don’t otherwise meet”, as explained by Aït-Touati. Starting with students at Nanterre University, the members of a selfmanaged farm near the theatre and the traditional audience of the Amandiers who, until then, had always walked the journey from the RER station without ever looking around. “One of the hypotheses we share with Bruno Latour is that it is often a question of sensitivity, of attention to what surrounds us. Or this question is linked to representations: this often ends up being a failure because we had badly represented the problem”, as far as Frédérique Aït-Touati is concerned, determined as she is to rise to the challenge of perceiving the shared imaginary of this art and performance venue. “At the Amandiers, we are going to think up a new dramaturgy, in the German sense of the term, a new way to activate the theatre, well beyond its opening hours.” In Nanterre, Montreuil or elsewhere, cultural institutions are destined to become lived in locations. Claire Moulène
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La Folie Kilomètre
La Folie Kilomètre, Balade picturale Variation sur l’empêchement, 2011 (France)
à voir / must see Rivages, étape 1 par La Folie Kilomètre (FR) Investir les interstices de la ville et l’imaginaire collectif, c’est aussi le projet du collectif pluridisciplinaire La Folie Kilomètre. Leur dernière invention ? Un voyage comme un travelling en bords de ville. Une bande-son accompagne la chorégraphie du voyage en voiture des spectateurs motorisés. Une plongée dans un drive-in mobile, redécouverte fantastique de notre environnement quotidien, road-trip halluciné et coloré. Bon voyage. les 31 mai et 1er juin 2014 à Aubagne dans le cadre de Chaud dehors, www.lieuxpublics.com / www.lafoliekilometre.org
Investing in the gaps in the city and in collective imagination is also at the heart of the project of the multidisciplinary art collective called La Folie Kilomètre. Their latest invention? A journey that functions rather like a tracking shot in the outskirts of the city. A soundtrack accompanies the choreography of the spectators’ car journeys. Plunge into a mobile drive-in, this is a fantastic way to rediscover your everyday environment, in a hallucinogenic and colourful road trip. Enjoy the trip. on 31 May and 1 June 2014 in Aubagne, in the frame of Chaud dehors, www.lieuxpublics.com / www.lafoliekilometre.org
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Gáspár Téri
a crazy L bus tour l’autobus en folie Mêlant vrai et faux, acteurs et spectateurs, réel et rêve, Martin Boross met en scène un voyage en bus qui bouleverse toutes nos perceptions. Mixing truth and falsities, actors and spectators, reality and dreams, Martin Boross stages a bus journey that turns all perceptions inside out.
a première de Promenade – Tourisme urbain de fortune fut présentée au PLACCC Festival à Budapest au printemps 2013. Dans cette coproduction avec Artus & Stereo Akt mise en scène par Martin Boross, le protagoniste, c’est moi, le spectateur. C’est à moi de remarquer les minuscules changements dans le tissu de la ville, desquels découle une atmosphère à la fois familière et intrigante durant cette aventure de deux heures. On monte en bus au Whale, un nouveau centre commercial, culturel et de divertissement sur le Danube, et on nous demande de mettre des casques. Il ne faut pas longtemps pour que la musique d’ambiance et les voix enregistrées mêlées au commentaire en direct du metteur en scène nous bercent vers un état méditatif. Ce ne sont pas des instructions, mais plutôt des vérités ou des demi-vérités à propos de voyages, de trajets, de souvenirs, mais aussi d’histoires personnelles et partagées. Et sur la manière dont fonctionne la perception, la facilité avec laquelle nos sens peuvent être trompés, la puissance des associations et l’impossibilité de répétition. De temps en temps, durant le trajet, de nouveaux personnages apparaissent de manière aléatoire mais construite, appliqués à faire des choses qui semblent inexplicables. Ils ne nous racontent pas une histoire linéaire unique mais plutôt des anecdotes de la vie quotidienne, sur l’amour, l’amitié, les rencontres, les nouveaux départs et les adieux, mais on ne sait jamais comment elles se finissent. Et tout le long, ils ignorent
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Martin Boross, Promenade, 2013 (Hongrie)
consciencieusement les spectateurs qui lorgnent de derrière les vitres du bus, autant que les passants à portée de main, si merveilleusement inconscients du fait que leurs corps et leurs gestes nous racontent aussi des histoires, et nous laissent pénétrer dans leurs vies et leurs destinées. Nous laissons rapidement le centre-ville animé derrière nous et nous nous retrouvons dans l’idyllique Wekerle Projects, où le bus slalome le long des routes principales et dans les allées minuscules, et met vraiment le spectateur au défi. La femme avec la poussette, au coin, est-elle une actrice ? Et le garçon qui court le long du bus dans une blouse de docteur ? Et qu’en est-il de l’homme qui s’occupe tranquillement de son jardin – n’est-ce qu’un type comme un autre ? Parfois, le bus ralentit et un ou plusieurs acteurs montent à bord, ils deviennent ainsi brièvement eux aussi des spectateurs, puis ils redescendent tout aussi rapidement. Phénomène assez intéressant : tandis que les passants adultes échouent systématiquement à remarquer les performeurs jouant avec eux, les enfants prennent invariablement les acteurs en flagrant délit de transformer notre triste réalité quotidienne. Mais dans ce cas, nous, les touristes de fortune, partageons aussi la joie de la découverte des enfants, puisque c’est devant nos propres yeux que les fils des histoires s’entremêlent et se démêlent avant de disparaître dans l’atmosphère. Nous nous quittons, en faisant le vœu que nos nouvelles connaissances finissent par se trouver elles-mêmes et les unes avec les autres. Tamas Jaszay
romenade – Urban Fate Tourism premiered at PLACCC Festival in Budapest in the spring of 2013. This coproduction by Artus & Stereo Akt and directed by Martin Boross has me, the spectator as its protagonist. For it is up to me what I notice about the tiny changes in the fabric of the city, the ones responsible for a familiar, yet intriguing atmosphere during the two hour adventure. We get on a bus at the foot of the Whale – a new commercial, cultural and entertainment center on the river Danube – and are asked to put on headphones. It only takes a short time for the atmospheric music and the mélange of recorded voices mixing with the director’s live commentary to lull us into a meditative state. They are not instructions, rather half or full truths about travelling, journeys, remembrance, as well as personal and shared stories. And about how perception works, how easily our senses can be fooled, our powers of association and the impossibility of repetition. Every now and then new characters pop up on our journey with a well-designed randomness demonstrating their seemingly inexplicable deeds. It is not a single linear story they tell us, rather everyday anecdotes of love, relationships, encounters, new beginnings and farewells, but we never hear how they end. And
the entire time they consciously ignore the peeping spectators behind the glass window of the bus, as well as the passers-by at arm’s length, so blissfully unaware of the fact that with their bodies and gestures they also tell us stories, they let us enter their lives and their fates. We leave the busy downtown quickly behind and end up in the idyllic Wekerle Projects, where the bus slaloms along main roads and tiny alleys, challenging the spectator quite a bit. Is the woman with the pram on the corner an actor? Or the boy running along the bus in a doctor’s coat? How about the man peacefully tending his garden – is he just a regular guy? Sometimes the bus slows down and an actor or more get on, thereby briefly becoming spectators themselves, then they get off just as quickly. A rather interesting phenomenon was that while adult passers-by consistently failed to notice the performers around them, playing with them, kids invariably caught the players redhanded as they turned our grey reality of the everyday on its head. But in this case we, fate tourists, also share the child’s joy of discovery, since it is in front of our very eyes that the threads of the stories get entangled and detangled before they dissolve into thin air. We bid our farewell rooting for our new acquaintances to find themselves and each other eventually. Tamas Jaszay
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Thomas Seest
le virtuel dans le réel Bienvenue dans ce que vous croyez voir, ou comment les nouvelles technologies téléportent le théâtre de rue dans un réel modifié ou augmenté par le virtuel. par Fabienne Arvers
the virtual in reality Welcome to what you think you can see, or how new technologies are teleporting street theatre into modified or enhanced realities through virtual action. 30 les inrockuptibles promenade
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social network and iPod Touch
Like Me par Judith Hofland (NL) du 8 au 10 mai 2014, de 16 h à 19 h 30, départ de La Jetée, galerie-bar du cinéma Les Variétés, 37, rue VincentScotto, Marseille (Ier)
Like Me is an interactive video tour in an urban space. It offers a theatrical experience close to in situ reality games. Guided by iPod Touch and instructions, the “visitor” follows an itinerary and meets Judith Hofland via the social network she has created which he/she has been invited to join. He/she can then update his/her status, participate via photos or discussion groups, reply to questions posed by Judith and other members of the network. Is this real? Or composed information just to give a better image of oneself? And what happens when we really meet our Facebook “friends”? Like Me gives us the opportunity to experience this in the space of an urban promenade during which the visitors of the network can interfere. Everyone is free to meet others or not. And to reflect on the content of the personal data that we entrust through social networks…
réseau social et iPod Touch Visite vidéo interactive en espace urbain, Like Me propose une expérience théâtrale proche des jeux de réalité in situ. Guidé par un iPod Touch et des instructions, le “visiteur” suit un itinéraire et fait la connaissance de Judith Hofland à travers le réseau social qu’elle a créé et qu’il est invité à rejoindre. Il peut alors mettre à jour son statut, se montrer à travers des photos ou des sessions de discussion, répondre aux questions que lui posent Judith et les autres membres du réseau. Informations réelles ou composées uniquement pour donner
une meilleure image de soi ? Et que se passe-t-il quand nous rencontrons réellement nos “amis” de Facebook ? Like Me nous donne l’occasion d’en faire l’expérience le temps d’une déambulation urbaine durant laquelle les visiteurs du réseau social peuvent interagir. Libre à chacun de les rencontrer ou non. Et de réfléchir à la teneur des données personnelles que nous confions aux réseaux sociaux…
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C.a.p.e. par CREW (BE)
Eric Joris
les 9 et 10 mai 2014, de 15 h à 20 h, départ de la galerie Andiamo, 30, cours Joseph-Thierry, Marseille (Ier)
lunettes vidéo et écouteurs
video goggles and headphones
C.a.p.e., pour Computer Automatic Personal Environment, est un projet d’exploration multiple de la compagnie CREW (fondée par l’artiste Eric Joris) et mis au point par l’EDM (centre d’expertise en médias numériques). Embarqué dans un ailleurs virtuel à l’aide d’un dispositif immersif composé de lunettes vidéo, écouteurs et ordinateur portable, avec une image filmée à 360° projetée sur des écrans suspendus dans l’espace et un son omnidirectionnel, le visiteur quitte littéralement le lieu où il déambule pour une balade qui le mène dans les rues de Bruxelles, ou de Tohoku (Japon), dans une région dévastée par le tsunami de 2011, ou encore dans un monde merveilleux inspiré par Alice au pays des merveilles (C.a.p.e. KIT). Guidés par un assistant, les visiteurs partent pour une performance immersive de 25 minutes où regarder, écouter et se déplacer produisent l’étrange illusion d’être là où l’on n’est pas, résultat de la “privation sensorielle” induite par le dispositif technique.
C.a.p.e., Computer Automatic Personal Environment, is the company (constituted by the artist Eric Joris) CREW’s exploration project with multiple strands, and put together by EDM (Expertise Centre for Digital Media). The visitor is brought to a virtual elsewhere via an immersive apparatus composed of video goggles, headphones and a portable computer, and an image filmed in 360° projected on suspended screens with omnidirectional sound. The visitor literally leaves the place where he is
strolling for a walk that leads him in the streets of Brussels or Tohoku (Japan), in a region which was devastated by the tsunami in 2011, or in a world inspired by Alice in Wonderland (C.a.p.e. KIT). Guided by an assistant, visitors go on a 25 minute immersive performance during which looking, listening and moving produce the strange illusion that you are where you are not, as a result of the “sensorial deprivation” caused by the technical device.
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mirror effects
Après Birdwatching, une scénographie mobile transportant le public sur un plateau de théâtre, le danseur et chorégraphe flamand Benjamin Vandewalle, formé à P.A.R.T.S., poursuit l’expérience dans l’espace public avec une version in situ : Birdwatching 4 x 4. Vingt spectateurs y prennent place, écouteurs sur les oreilles, assis comme au cinéma, face à un miroir sans tain qui les embarque pour une excursion à travers la ville. Quatre danseurs se mêlent aux passants dans une chorégraphie fluide qui suit un long travelling révélant un paysage étrange. Révélations, perspectives renversées ou démultipliées s’offrent au regard et redessinent la chorégraphie en fonction de la perception de l’espace. Jouant de ce qui est caché et de ce qui est donné à voir, Birdwatching 4 x 4 questionne la perception de la réalité et la relation de celui qui observe à celui qui est observé. Dans cette traversée poétique de la ville, fiction et réalité se mélangent, l’une imprimant à l’autre la puissance de ses effets de réel.
Following Birdwatching, which was a mobile stage design transporting the audience on a theatre set, Flemish dancer and choreographer Benjamin Vandewalle, who trained at P.A.R.T.S., continues the experience within the public area with an in situ version called Birdwatching 4 x 4. Twenty spectators get on, with headphones, seated as they would be in the cinema, facing a two-way mirror, taking them on a trip around the city. Four dancers mix in with the audience in a fluid choreography that follows a long panning shot of a strange landscape. Revelations, inverted or multiple perspectives are all occurring, and they redraw the choreography according to the perception of space. Playing with what is hidden and what is shown, Birdwatching 4 x 4 raises the question of the perception of reality and the relationship between the observer and the observed. During this poetic passing through the city, fiction and reality mix inextricably, imprinting the power of real effects.
Ton Van Til
effets de miroir
Birdwatching 4 x 4 par Benjamin Vandewalle (BE) du 8 au 10 mai 2014, à 15 h 30, 16 h 30, 18 h 30, 19 h 30, départ Kiosque des Réformés, square Léon-Blum, Marseille (Ier)
à voir / must see
Travellings Dix spectacles-parcours, regards en mouvement sur la ville Ces trois spectacles sont présentés à Marseille dans le cadre du festival Travellings, organisé par le centre national de création Lieux publics et le réseau européen IN SITU. Travellings invente une nouvelle cartographie du centre-ville de Marseille avec dix spectacles sous la forme de parcours urbains dans les quartiers Canebière, Noailles, Belsunce, Réformés, Longchamp. Plusieurs de ces déambulations, conçues par des chorégraphes ou des metteurs en scène, invitent à une plongée dans le virtuel, explorant dispositifs immersifs ou réseaux sociaux… du 7 au 11 mai 2014 à Marseille, www.lieuxpublics.com
Ten strolling performances, moving points of view on the city These three shows are presented in Marseille in the frame of “Travellings” festival organized by the national centre for creation Lieux publics and the European network IN SITU. The “Travellings” festival invents a new mapping of the city centre of Marseille with ten events in the form of urban explorations in the areas of Canebière, Noailles, Belsunce, Réformés, Longchamp. Imagined by choreographers or theatre directors, several of these walks propose to take the plunge into a virtual world, using immersive devices or social networks… from 7 to 11 May 2014 in Marseille, www.lieuxpublics.com
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trips in the city voyages dans la ville Avec l’Agence Touriste, les plasticiens et performeurs Mathias Poisson et Virginie Thomas proposent mille façons de percevoir et de réinventer l’espace urbain. In l’Agence Touriste, the performers and visual artists Mathias Poisson and Virginie Thomas propose a thousand ways to perceive and reinvent urban spaces.
L
a ville est trop dure, pas assez poreuse. Tout en angles, pierres et béton. Mathias Poisson reproche à la ville moderne son éloignement du sol. “La ville est dans une maîtrise excessive de l’espace qui me pose problème, explique-t-il. Le rapport direct à la terre y est absent. J’aime imaginer une ville dont le sol ne serait pas étanche, une ville moins virtualisante.” Face à ces contraintes, l’Agence Touriste a inventé une parade. Plutôt que de démonter les pavés pour retrouver la plage dissimulée en dessous, elle a choisi de tracer des itinéraires urbains offrant la possibilité d’envisager d’autres façons d’être dans la ville. Comment voir différemment ce qui est devenu tellement familier qu’on n’y prête plus aucune attention ? Autrement dit, comment voyager dans le paysage urbain ? Un des meilleurs moyens serait, par exemple, de commencer par perdre ses points de repère. C’est dans cet esprit que Mathias Poisson a mis au point des cartes de désorientation. Une stratégie qui s’inscrit dans une démarche plus vaste menée
on peut se promener les yeux fermés, relié à un guide par un bout de ficelle, ou muni de lunettes floues qui transforment le paysage
avec sa partenaire Virginie Thomas au sein de l’Agence Touriste. Créé en 2010, ce projet basé à Marseille propose d’autres façons de voyager à pied dans la ville. “L’idée, c’est de faire un pas de côté pour vivre, par le biais de la marche à pied, une autre expérience de l’espace urbain”, dit Mathias Poisson. On peut ainsi se promener les yeux fermés, relié à un guide par un bout de ficelle, ou muni de lunettes floues qui transforment le paysage, ou encore en silence. Les possibilités sont innombrables, tout comme les itinéraires. L’intérêt étant que les marcheurs sont ensuite conviés à livrer leurs impressions par écrit. Ces actions simples, comme les définit l’agence, ont le mérite d’élargir la perception et, dans la foulée, l’imaginaire. Plasticien et danseur, Mathias Poisson a longtemps été scénographe avant d’opter pour cette “scène” préexistante aux contours sans cesse redéfinis qu’est l’espace urbain. En tant que plasticien, il invente des cartographies imaginaires influencées par les dessins d’anatomie. “Au fond, ce qui me passionne, c’est la façon dont l’imaginaire déforme la perception que nous avons des espaces géographiques. En voyant les cartes de l’Agence Touriste, il n’est pas difficile de se rendre compte qu’elles n’ont rien à voir avec celles de Google.” Hugues Le Tanneur
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Agence Touriste
à voir / must see Go East (Echauffement, Bureaux de plein air, Voyage) par l’Agence Touriste (FR) à Marseille du 7 au 11 mai 2014, dans le cadre de Travellings, www.lieuxpublics.com / www.netable.org in Marseille from 7 to 11 May 2014 in the frame of “Travellings”, www.lieuxpublics.com / www.netable.org
C
ities are too hard, and not porous enough. Angles, stones and concrete are everywhere. Mathias Poisson criticises cities for their distance from the ground. He explains that: “Cities aim to control space excessively and that, to me, is a problem. Direct connections to the ground are non-existent. I like to imagine a city where the ground is not waterproof, a city that is less about the virtual.” Faced with these constraints, l’Agence Touriste invented a way to bypass the problem. Rather than ripping up the pavement in order to find the beach hidden underneath, it chose
to trace urban itineraries that would offer the possibility to imagine new ways of being in the city. How could you change your outlook on something so familiar that you don’t notice it anymore? In other words, how can you travel in an urban landscape? For instance, one of the best ways would be by loosing your landmarks. It is in this frame of mind that Mathias Poisson developed disorientation maps. This is a strategy that fits within a broader approach he has put together with his l’Agence Touriste partner Virginie Thomas. Created in 2010, this Marseille-based
project proposes other ways to travel on foot through the city. Mathias Poisson says: “The idea is to side step in order to experience urban space differently through the act of walking.” Thus you can walk with your eyes shut, attached to a guide by a piece of string, wearing blurred glasses that transform the view, or you can even walk in silence. The possibilities are endless, as are the itineraries. The walkers are then invited to share their impressions in writing. These simple actions, as the agency defines them, allow perception, and also
imagination, to expand. Mathias Poisson is a dancer and a visual artist, but he was a scenographer for a long time before opting for this preexisting “stage” – urban space with its constantly redefined perimeters. As an artist, he invents imaginary cartographies which are influenced by anatomical drawings. “What really fascinates me is the way that the perception of geographical spaces is distorted by imagination. When you see the l’Agence Touriste maps, it is really not difficult to work out that they have nothing to do with the ones produced by Google.” Hugues Le Tanneur
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a laboratory for the imagination un laboratoire de l’imaginaire Ecrire, réfléchir, travailler ensemble en exposant des travaux en cours. Pendant quatre jours en Ecosse, artistes et programmateurs ont partagé leurs idées, leurs questionnements et leurs envies lors de la troisième édition de Writing Side by Side/Ecrire côte à côte, séminaire organisé par le réseau européen IN SITU.
Per Morten Abrahamsen
Writing, thinking, working together while presenting work in progress. During four days, artists and programmers shared their ideas, questions and wishes in Scotland, at the third edition of Writing Side by Side/Ecrire côte à côte, a seminar organised by the IN SITU european network.
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tirling. Sur la carte, cette petite ville, autrefois capitale du royaume d’Ecosse, apparaît à distance à peu près égale entre Glasgow et Edimbourg, dans ce qui ressemble à un goulot d’étranglement où la mer qui pénètre à l’ouest aussi bien qu’à l’est à l’intérieur des terres scinde presque en deux cette partie du pays. Rien d’étonnant si le site fut autrefois une place forte. Aujourd’hui où est envisagée une séparation de l’Ecosse vis-à-vis du Royaume-Uni, la question étant soumise à référendum en septembre prochain – mais, selon de récents sondages, 69 % de la population écossaise n’y seraient pas favorables –, la situation géographique de Stirling semble particulièrement symbolique. C’est en tout cas dans cette ville que se tenait pendant quatre jours, du 25 au 28 février 2014, la troisième édition de Writing Side by Side/Ecrire côte à côte organisée par le réseau IN SITU. Comme le titre l’indique, ces rencontres offraient la possibilité à des artistes et à des programmateurs de réfléchir ensemble et de confronter des œuvres en cours d’élaboration. Tout comme pour les éditions
précédentes, à Graz en 2011 puis à Prague en 2012, artistes et projets accueillis ont d’abord été choisis par les directeurs artistiques membres du réseau IN SITU. Ces œuvres encore en chantier ont été pensées, conçues, imaginées en relation avec l’espace public. De fait, le mot sans doute le plus fréquent au cours des divers exposés et des rencontres et discussions qui ont suivi, c’est le mot “extérieur”. “L’art est dans la rue”, ce vieux slogan situationniste, n’a jamais été aussi actuel. Même si l’extérieur ne se résume pas forcément à la rue, ni l’espace public au milieu urbain. L’espace public comme surface de projection, comme champ d’investigation, comme architecture, comme cartographie, comme territoire à investir de rêves ou de récits parfois en prise avec la réalité sociale, comme objet de réflexions critiques, comme lieu traversé d’énergies, fut donc au cœur de ces rencontres. Parmi les projets présentés dans le cadre de Writing Side by Side, beaucoup mettent en jeu la notion de parcours ou mieux de trajectoire, suggérant parfois la visée mystérieuse – le but peut-être secret – qu’exprime cette observation
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Kitt Johnson, Mellemrum, 2012 (Copenhague, Danemark)
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tirling. On the map, this small city, once capital of the Kingdom of Scotland, is between Glasgow and Edinburgh, in what resembles a bottleneck with the sea penetrating inland equally from the West and the East, practically splitting the country in two. No surprise that this site used to be a stronghold. Now, as Scotland’s separation from the United Kingdom is envisaged and a referendum will take place next September (though according to recent poles, 69% of the Scottish population is not
favourable), Stirling’s geographic location seems particularly charged. From 25 to 28 February 2014, the third edition of Writing Side by Side took place in this city. It is organized by the IN SITU network. As indicated in the name, these encounters offer artists and programmers the chance to think in common, and confront work that is being made. As in previous editions, in Graz in 2011, Prague in 2012, the guest artists and projects were chosen by the artistic directors who are members of the IN SITU network.
The works are still in progress and have been constructed, designed, imagined in relation to the public space. As such, probably the word that was used most frequently in the presentations, encounters and discussions was: “outdoors”. The Situationist slogan “Art is in the street” has never been so true. Though the notion of exterior does not only involve the street nor does the public space only mean a urban context. The public realm was at the core of the encounters, as a surface for projection, a field of
investigation, as architecture, cartography, territory to invest with dreams or stories that might link to a social context, as a base for critical thinking, as a space full of energies. Among the projects presented during Writing Side by Side, many of them consider the notion of a path or even a trajectory. They often suggested a mysterious aim – perhaps a secret one – expressed in Julien Gracq’s following observation in Paris à l’aube : “In every trajectory there is a rough patch when the heart stops beating and time expands.”
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Guillaume Bautista
Florent Bergal, collectif G. Bistaki, The Baina Trampa Fritz Fallen (France)
de Julien Gracq dans Paris à l’aube : “Il y a dans toute trajectoire un passage à vide qui retient le cœur de battre et écartèle le temps.” foisonnement d’idées Dix-sept artistes. Dix-sept propositions de créations plus ou moins élaborées et pour certaines déjà très avancées. Comment gérer une telle profusion ? Le principe du séminaire Writing Side by Side est de se dérouler en deux temps. Chaque matinée est consacrée à la présentation de cinq à six artistes en séance plénière. Il s’agit d’exposer non seulement le projet en cours mais aussi d’expliquer qui l’on est et d’où l’on vient. L’après-midi, des groupes de discussion en comités restreints se réunissent autour de chaque artiste pour parler avec lui de son œuvre en cours. Une demi-heure, pas plus. Une cloche indique la fin de la session. Aussitôt, tous – sauf l’artiste – quittent la table pour reformer un groupe autour d’un autre projet en discussion. Ce système à double détente favorise un brassage des idées d’autant plus efficace que le fait de ne pas être trop nombreux facilite les échanges. En général, il est plutôt rare de voir des artistes travaillant sur des créations en cours parler de leurs doutes ou de leurs recherches aussi bien avec d’autres artistes qu’avec des programmateurs. Sans tomber dans le cliché de la tour d’ivoire, il y a malgré tout un certain isolement lié à la démarche créatrice. Même si, évidemment, celle-ci est aussi bien souvent, en particulier dans le domaine du spectacle vivant, le fruit d’un travail d’équipe. Pour qui est confronté à un tel foisonnement, l’impression la plus forte est de se retrouver au cœur d’un laboratoire de l’imaginaire. Dans un espace bien réel, certes, mais aux marges du monde, entre réalité et fiction, une zone mentalement très active où chacun expose des visions, des aspirations, des itinéraires personnels. Rien à voir a priori, par exemple, entre le projet Mellemrum de la Danoise Kitt Johnson et l’installation Walk With Me du Néerlandais Rob Van Rijswijk. Mais c’est pourtant de ces rencontres imprévues que surgissent
des étincelles ou des idées mûries après coup. “La monotonie est dans chacun, la diversité est le produit de tous, aussi bien dans les œuvres que dans les actes de la vie”, écrit le poète Pierre Reverdy. Avec Mellemrum, mot intraduisible en français, Kitt Johnson souhaite investir des espaces à la lisière du monde urbain, espaces qu’elle qualifie d’illégaux ou de clandestins, évoquant le vagabondage considéré dans beaucoup de pays comme illégal ou les sans-papiers. Walk With Me, en revanche, a pour objet de transformer l’espace urbain en créant un environnement sonore activé par celui ou celle qui se déplace dans un lieu donné. Passé l’effet de surprise, le piéton peut jouer avec cette “bande-son” qu’il produit par ses propres mouvements. le son en leitmotiv Beaucoup de projets présentés au cours de ces journées tournaient autour du sonore en général et de la musique en particulier, traduisant une tendance très nette aujourd’hui dans le domaine des arts de la rue. Pas à pas, par exemple, de Mattieu Delaunay, propose un parcours avec des écouteurs diffusant des bruits de pas, comme si une personne invisible marchait à vos côtés. Ici, la dimension sonore se double d’une perception de l’ordre de l’intime. De son côté, le plasticien tchèque Krištof Kintera propose avec Public Juke Box une installation qui s’inscrit dans une démarche de détournement du mobilier urbain. En l’occurrence un piédestal surmonté de hautparleurs multidirectionnels installé sur une place publique et équipé d’un juke-box proposant un choix de bandes-son improbables. Quant au musicien et metteur en scène espagnol José Luis Gutiérrez, c’est aussi à une expérience poétique et musicale qu’il veut faire participer activement le public avec Vibrantum. Pour le Français Cédric Brandilly en revanche, la musique est produite par la ville elle-même. C’est le sens d’Architectural/Sonar Works, où des relevés cartographiques de différentes villes se transforment en partitions à la suite d’une série complexe de conversions basées sur des
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Heldentheater
Ema Drouin Deuxième Groupe d’Intervention
Ema Drouin, Deuxième Groupe d’Intervention, A quoi rêve Peter ?, 2014 (France)
Seventeen artists. The seventeen creative proposals were either at an early development stage, or very advanced. The Writing Side by Side seminar takes place in two stages. Every morning is devoted to five or six artists’ presentations to the whole assembly. The aim is to detail the project in progress and give details about who you are and where you come from. In the afternoon, smaller discussion groups gather around each artist to talk about the work being made. No more than half an hour. A bell rings the
Thomas Sobotka, Cie T’eig, Das Dorf (Autriche)
end of each session. Instantly everyone except the artist leaves the table to regroup around another project for discussion. This doublepronged system allows for a usefully broad mix of ideas, particularly because it is easier to exchange in smaller groups. Generally it is quite rare to find artists who are working on a project discussing their doubts or their research with other artists or programmers. Without wanting to fall in the cliché of the ivory tower, there is a certain isolation linked to the
creative process. Though, of course, it is often team work anyway, particularly in the performing arts. profusion of ideas Being immersed in such a profusion, at the heart of a laboratory for imagination, leaves a strong impression. Of course it is in a very real place, but it is also on the margins of the world, between reality and fiction, is a zone that is mentally highly active where everyone exposes their visions, aspirations, and personal trajectories. Seemingly there are no connections between the
Danish Kitt Johnson’s Mellemrum project and the installation Walk With Me by Dutch artist Rob Van Rijswijk, for instance. But it is from these unexpected encounters that sparks or ideas emerge after the event. The poet Pierre Reverdy wrote: “Monotony exists in us all, diversity is everybody’s product, in work as much as in daily activities.” With Mellemrum (which is untranslatable), Kitt Johnson seeks to invest spaces on the edge of the urban context, spaces she qualifies as illegal or clandestine, thus evoking
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Kenny Bean, Spin (Grande-Bretagne)
algorithmes. La musique joue aussi un rôle important – même si le projet ne se résume pas à cela – dans A quoi rêve Peter ? de la Française Ema Drouin où intervient l’altiste Frantz Loriot, sorte de double de Peter Pan entraînant à sa suite le public. Mais le cœur de cette création inspirée du roman Peter Pan de J. M. Barrie, ce sont des entretiens menés auprès d’adolescents à qui Ema Drouin a posé la question : à quoi rêve Peter ? la figure du labyrinthe Présenter jour après jour une telle multiplicité de projets conduit inévitablement à un effet d’accumulation d’autant plus étrange qu’on se trouve à chaque fois en face de propositions singulières. Souvent, les exposés sont accompagnés de cartes, de schémas, d’illustrations en coupe, de tracés et autres topographies. Impossible à ce moment-là de ne pas penser à un labyrinthe borgésien, à un “jardin aux sentiers qui bifurquent”. D’autant plus que cette figure du labyrinthe est évoquée dans La Lenteur, projet de la Norvégienne Anastasia Isachsen d’après le roman de Milan Kundera. Le labyrinthe comme image du travail de recherche mené par l’artiste sous la forme d’un parcours semé d’embûches et de fausses pistes. On a pris un chemin qui ne mène nulle part, alors on fait demi-tour pour s’engager dans une autre direction. Le labyrinthe, c’est à la fois un objet, une image, une cartographie, un symbole, une métaphore. Dans les improvisations captées en vidéo du Français Florent Bergal et de ses danseurs pour le projet The Baina Trampa Fritz Fallen apparaît soudain un labyrinthe tracé avec des balais repoussant des grains de maïs. Confrontant des éléments aussi disparates que des costumes, du maïs en grains – et en sac –, des pelles et des balais, il improvise à tout-va avec ses camarades dans un registre
Kenny Bean
le ns ? e
très libre inspiré de l’humour et de l’esthétique du clown. Comment cette scène pourrait-elle être exploitée dans un espace public ? Tel est le genre de questions posées au cours de ces journées. La figure complexe du labyrinthe peut parfois prendre des formes d’une simplicité déroutante. Ainsi les portes installées selon un certain tracé dans l’espace par le Hongrois Dávid Tarcali dans le cadre de son projet Check Point ont tout pour intriguer. S’agit-il de dévier le marcheur de son trajet habituel ou au contraire de baliser son parcours ? Ces portes sans battant sont en fait des portiques évoquant le franchissement de postes-frontières ou de contrôles dans les aéroports. A chaque passage, des lumières clignotantes indiquent le chemin à prendre pour se rendre à la prochaine porte. Où veut nous conduire Dávid Tarcali, cela reste un mystère sur lequel il a d’ailleurs préféré garder le silence. Ludovic Nobileau, français, en revanche, ne cherche pas tant à nous conduire qu’à nous “déconduire”, comme il dit. Son Code de la déconduite se propose de déjouer, en utilisant l’arme de l’humour et du détournement, les nombreuses contraintes qui encadrent de plus en plus l’espace public – souvent d’ailleurs en relation avec la menace terroriste. Il imagine des stratégies amusantes visant à déjouer les nombreux systèmes mis en place pour nous encadrer. entre réalité et fiction Les actions proposées par Ludovic Nobileau peuvent être interprétées comme un moyen de déplacer les perspectives pour discerner autrement la réalité qui nous entoure. Dans cette approche, le rapport entre réalité et fiction joue un rôle décisif, tout comme la notion d’échelle. On le voit dans Das Dorf (Le Village) de l’Autrichien Thomas Sobotka où l’on déplace la ville en quelque sorte sous la forme de deux villages
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Michael Keegan-Dolan, Fabulous Beast Dance Theatre, The Meadow Project (Irlande)
vagabonding which is considered illegal or asyl seekers in many countries. On the other hand, Walk With Me aims to transform the urban space by creating a sound environment which is activated by the person who moves in a specific urban situation. After the initial surprise, pedestrians can play with this “soundtrack” produced by their own movements. Many of the projects presented generally revolved around sound,
and music in particular, reflecting a strong tendency in the field of performing arts at present. Thus for example, Step by Step by the French Mattieu Delaunay offers a tour with headphones that play footsteps, as if an invisible person is walking by your side. In this case the sound dimension is coupled with perception of an intimate nature. Czech artist Krištof Kintera proposes Public Juke Box, an installation based on
diverting urban furniture. It is a plinth carrying multi-directional speakers installed on a public square with a jukebox offering a selection of unlikely soundtracks. Whereas for Spanish musician and director José Luis Gutiérrez, the public is required to participate in a poetic and musical experience with Vibrantum. On the other hand, for the French Cédric Brandilly, music is produced by the city itself. In Architectural/
Sonar Works, mapping surveys of different cities transform into partitions following a complex series of conversions based on algorithms. Music also plays an important role in the French Ema Drouin’s What Is Peter Dreaming About since it involves the viola player Frantz Loriot as a kind of Peter Pan double, who takes the audience in his stride. The core of this creation is inspired by J. M. Barrie’s novel Peter Pan, Ema Drouin
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la ville, lieu de rencontre L’architecture est une donnée essentielle de l’espace public. C’est de là que partent Anastasia Isachsen et Breg Horemans. Bien que leurs projets soient très différents, tous deux ont en commun d’envisager la ville comme un théâtre, mais aussi comme un lieu de rencontre traversé par le désir et les rapports de séduction. Avec La Lenteur, déjà évoqué plus haut, Anastasia Isachsen s’inspire du roman de Milan Kundera pour concevoir une installation en forme de labyrinthe dans laquelle les notions de lenteur et de rapidité, directement proportionnelles, selon Kundera, à l’intensité de la mémoire et de l’oubli, interagissent avec les étapes d’une relation amoureuse. Pour le Belge basé à Maastricht Breg Horemans, si le théâtre est nécessairement une architecture, toute architecture est à son tour déjà du théâtre. C’est dans cet esprit qu’il imagine Hall 33, projet déjà très avancé, sous forme de scénographie proposant un parcours jouant sur des changements imprévus d’échelle, de son et de lumière. Prévue pour deux visiteurs à la fois, cette installation se veut aussi bien une expérience sensorielle qu’un voyage sentimental. Comme on le voit, les projets diffèrent largement, même s’il est possible bien sûr d’imaginer des passerelles d’une proposition à une autre. Le fait que des artistes issus d’horizons variés partagent pendant quatre jours de suite, non seulement leurs expériences mais aussi leurs doutes et leurs questionnements témoignant d’un réel intérêt pour des démarches qui parfois leur sont étrangères, n’hésitant pas à suggérer des pistes avec tout du long une qualité d’écoute remarquable, est un bel exemple de civilisation. Modestement mais légitimement, Writing Side by Side peut être considéré comme une façon exemplaire de mettre les énergies en commun. C’est en tout cas pour ses participants un moment privilégié. Hugues Le Tanneur
Martin Polak
inventés de toutes pièces, l’un à la campagne, l’autre à la ville. Le public sera alors convié à vivre dans ces villages. De même, Faites comme chez vous du Kosovar Lirak Çelaj brouille les frontières entre espace public et espace privé avec l’idée de se réapproprier l’espace extérieur. Autrement dit, de renouer du lien social sans la médiation des réseaux internet. Déplacer la perspective, c’est aussi ce que propose le chorégraphe irlandais Michael Keegan-Dolan avec The Meadow Project, où il s’agit de créer à l’air libre et non plus entre quatre murs pour retrouver un autre rapport à l’espace. Pour le plasticien et vidéaste écossais Kenny Bean, l’idée de déplacement évoque celle de désorientation et de perte des repères. Avec Being Upside Down, il renverse la perspective grâce à une chambre noire installée à l’intérieur d’une caravane dans laquelle le public, allongé sur le dos, regarde des images de nature projetées au plafond. C’est aussi un déplacement du regard que propose la chorégraphe italienne Eleonora Ariolfo en obligeant le passant à lever la tête pour découvrir une danseuse éperdue suspendue à un balcon dans Le Vertige de Juliette/Le Balcon, inspiré de la célèbre scène de Roméo et Juliette.
Krištof Kintera, Public Juke Box (République tchèque)
Retrouvez tous les projets Writing Side by Side sur le site d’IN SITU : www.in-situ.info
interviewed teenagers and asked them the following question : what is Peter dreaming about? Presenting so many projects inevitably leads to an impression of accumulation which is all the more strange since each proposal is unique. The presentations are often accompanied by maps, diagrams, section cuts, mappings and other topographies. It is impossible not to think of a Borgesian labyrinth, a “garden of forking
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Yannick Guédon
Mattieu Delaunay, Cie Atelier de Papier, Pas à pas (France)
paths”. Especially since the figure of the labyrinth is pointed to in Slowness, a project by the Norvegian Anastasia Isachsen based on Milan Kundera’s novel. The labyrinth here represents the artist’s research, a route which was peppered by barriers and false starts. We took a route that led nowhere therefore we turned around to try another direction. The labyrinth is at once an object, an image, a cartography, a symbol, a metaphor. In the improvisations by the French Florent Bergal and his dancers recorded on video for the project The Baina Trampa Fritz Fallen, a labyrinth appears suddenly with brooms sweeping corn kernels. Confronting disparate elements from costumes, to corn grain, shovels and brooms, he totally improvises very freely with his comrades with a humour close to revisited clown aesthetics. How could this be adapted for the public space? These are the kinds of questions asked at this event. The complex nature of a labyrinth can sometimes take a surprisingly simple form. The doors installed according to a certain pattern in space by the Hungarian Dávid Tarcali for his Check Point project are highly intriguing. Is the aim to deviate the walker from a usual route, or to ring-bind
a path? These door panels are in fact like porticoes suggesting the passage of border checkpoints and airport controls. When someone passes through, flashing lights indicate the route to take to get to the next door. Where Tarcali wants to lead us remains a mystery that he kept silent about. On the other hand, the French Ludovic Nobileau seeks to “un-lead” us rather than lead us. His Dedriving Code proposes to humorously undermine and divert various constraints that bind the public space more and more – often in fact in relation to terrorist threats. He imagines amusing strategies that aim to divert various systems that have been set up to give us a framework. between reality and fiction Ludovic Nobileau’s actions can be interpreted as a way to shift the perspectives in order to discern the reality around us differently. In this approach, the relation between reality and fiction plays a key role as does the notion of scale. In Das Dorf (The Village) by the Austrian Thomas Sobotka, the city becomes two villages invented from scratch, one is in the countryside, the other in town. The audience is then invited to live in these villages.
Also in Make Yourself At Home, the Kosovo artist Lirak Çelaj blurs the boundaries between the public and private space through the re-appropriation of outdoor space, in an attempt to rebuild social ties without the mediation of internet. Shifting perspectives are also proposed by the Irish choreographer Michael Keegan-Dolan in The Meadow Project where the creative process occurs outdoors and no longer between four walls to find a different relation to space. For Scottish visual artist Kenny Bean, displacement evokes disorientation and loosing your bearings. In Being Upside Down, he inverts the perspective using a darkroom inside a caravan in which the audience, lying on their backs, look at images of nature projected on the ceiling. There is also a displacement of the gaze in the proposition made by Italian choreographer Eleonora Ariolfo since she forces the passer-by to look up to discover a passionate dancer suspended to a balcony in Juliet’s Vertigo/The Balcony, inspired by the famous scene in Romeo and Juliet. approaching the city as a meeting place Architecture is an essential part of the public sphere. That is the starting point for Anastasia Isachsen and Breg Horemans. Although their projects are very different, they both approach the city as a theatre, but also as a meeting place full of desires and seduction processes. In Slowness, which was already mentioned, Anastasia Isachsen was inspired
by Milan Kundera’s novel. She imagined an installation in the form of a labyrinth in which notions of slowness and speed, directly proportional, according to Kundera, with the intensity of memory and oblivion, interact with the evolution of a relationship. For the Belgian Breg Horemans who is based in Maastricht, theatre is necessarily concerned with architecture, and, in turn, any architecture is also a theatre. In this spirit, he imagined Hall 33, a project which is in progress but very advanced, a installation proposing an experience with unexpected changes in scale, light and sound. Planned for two visitors at a time, this installation aims to be at once a sensorial experience and a sentimental journey. The projects differ widely, but of course connections can be identified between each proposal. The fact that these artists from varied horizons share their experiences and also their doubts and questions over the course of four successive days is proof of a real interest in other approaches, and a great example of civilisation. They didn’t hesitate to suggest ideas all along and displayed a remarkable capacity for listening. Modestly but with legitimacy, Writing Side by Side can be considered an example with regards pooling energies. Certainly it is a privileged moment for the participants. Hugues Le Tanneur Have a look at every Writing Side by Side’s projects on the IN SITU website: www.in-situ.info
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la ville-monde Face au déclin du pouvoir des Etats-nations, le philosophe bruxellois Eric Corijn voit l’émergence d’un archipel de métropoles en réseau, disséminées à la surface de la planète. Une nouvelle territorialité, à penser autant qu’à inventer, sous le signe de la créolisation chère à Edouard Glissant.
the world city Confronted with the decline of the power of nation states, Eric Corijn, a philosopher from Brussels, comments on the emergence of an archipelago of networked metropolises scattered across the surface of the planet. A different notion of territory, to be constructed and invented, under the hospices of creolisation that Edouard Glissant found so dear.
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or several years, you have been conducting research concerning art and territory. What brought you to these questions? Eric Corijn – The art scene – and in a wider sense the cultural sector – has developed within the framework of nation states. This means that it positions itself according to an index or tradition that participates in the construction of national identity, and even a highly territorialised national identity since it coincides not only with the state but also with its borders. And yet in the last forty years, globalisation has intensified the zones of flux. Another form of connectivity has appeared which no longer unravels from the centre to an always widening periphery as was the case until recently, but now unfolds as a network of large cities. If we add to that the fact that there is more mobility today, like migration, and this leads to a greater cultural diversity
Thomas Seest
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epuis plusieurs années, vous faites des recherches sur les rapports entre art et territoire. Qu’est-ce qui vous a amené à réfléchir sur ces questions ? Eric Corijn – La scène artistique – et dans un sens plus large la scène culturelle – est construite dans le cadre des Etats-nations. Cela signifie qu’elle se positionne en fonction d’un répertoire ou d’une tradition qui participe de la construction de l’identité nationale, et j’ajouterais d’une identité nationale fortement territorialisée dans le sens où elle coïncide non seulement avec l’Etat mais avec ses frontières. Or depuis presque quarante ans, la mondialisation intensifie l’espace des flux. Une autre forme de connectivité apparaît qui ne se déploie plus du centre à une périphérie de plus en plus large comme c’était le cas jusqu’ici, mais se distribue désormais sous la forme d’un réseau de grandes villes. Si on ajoute à ça la mobilité de plus en plus importante de nos jours, tout comme la migration, cela conduit à une mixité culturelle de plus en plus forte dans les grandes métropoles. A Bruxelles, par exemple, la majorité de la population n’a plus de références belgo-belges. Les deux communautés instituées que sont la communauté flamande et la communauté francophone sont aujourd’hui en minorité. Quelles conclusions en tirez-vous ? Eh bien, ces deux communautés ont des théâtres, des salles d’expositions, et plus largement des lieux culturels. Mais ces lieux culturels doivent aujourd’hui développer leurs activités au sein d’un milieu qui vit ensemble, non sur la base d’une communauté ou d’une tradition, mais sur la base d’une interculturalité, d’une inter-communauté. Ce qui pose un défi à la création artistique dans la mesure où dans un milieu urbain et métropolitain, cette réalité influence la programmation de ces lieux. On assiste par exemple à un déclin du répertoire auquel se substituent plus de créations en contexte, 44 les inrockuptibles promenade
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Thomas Seest
Station House Opera, Dominoes, 2013 (Copenhague, Danemark)
à voir / must see Dominoes par Station House Opera (GB) Grâce à Julian Maynard Smith et Station House Opera, sept mille blocs de béton cellulaire blanc utilisés pour la plupart des constructions de la ville sont devenus une “œuvre d’art” d’un jour. Ils furent disposés comme des dominos en une ligne sinueuse à travers la ville de Copenhague, défiant la logique et la rationalité des lignes droites, les feux de circulation et les véhicules. Des milliers de personnes longeaient la route, comme une action minimaliste rappelant le Tour de France. Cette ligne fragile et symbolique dans la ville qui assemble et divise, qui confirme et suggère à fois, qui ravive des souvenirs d’enfance par des visions puissantes. Et lorsque les dominos tombent, des milliers de personnes sont là pour les protéger et permettre un jeu parfait, une trajectoire impossible… Des mois plus tard, déambulant dans la ville, on entendait encore les gens parler de cette journée où la ville avait été transformée en jeu d’enfant au point où on avait tous fait l’expérience d’un moment de liberté qui affirmait et défiait notre relation à la ville et entre nous.
Thanks to Julian Maynard Smith and Station House Opera, seven thousand pure white aerated concrete blocks used for most city construction became “an artwork” for a day. They were set up as domino bricks through the city of Copenhagen in a meandering line, defying the logic and rationality of straight lines, traffic signals and vehicles. Thousand of people lining the route as it were a minimalist action mirroring the Tour de France. This symbolic, fragile line in the city which connects and also divides, which confirms but also suggests, which triggers memories of childhood with visions of power. And when the dominoes fall, thousands of people protecting them to ensure a perfect game, an impossible journey… And months afterwards, walking through the city, still hearing people comment on the day the city was turned into a childish game and where we all felt a moment of freedom which at once affirmed and defied our relationship with the city and with each other.
Trevor Davies, directeur du KIT à Copenhague
Trevor Davies, KIT’s director, Copenhagen
à Marseille le 28 septembre 2014, www.lieuxpublics.com / www.stationhouseopera.com
in Marseille on 28 September 2014, www.lieuxpublics.com / www.stationhouseopera.com
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plus de socio-artistique et donc plus de créations, surtout dans le domaine du spectacle vivant, qui répondent à une ambiance multiculturelle. Cela devient un laboratoire d’expression de la mixité, de l’hybridité, de l’impureté, bien plus que de la continuité, de la tradition ou de l’identité. Vous pensez donc l’espace urbain comme une zone mouvante en perpétuelle mutation. Le contraire de l’enracinement en quelque sorte ? Oui, ce qu’on appelle “racines”, c’est un discours sur une histoire commune. La notion de pays, de territoire national, se base sur cette histoire commune dont on sait qu’elle est construite et qu’elle date surtout du XIXe siècle, où il s’agissait d’expliquer comment la belle nation dans laquelle nous vivions s’était constituée. Or ce genre de récit joue de moins en moins dans des zones d’arrivage où les habitants n’ont pas de racines communes. C’est pour ça que dans les grandes villes, quand on veut raconter la cohésion sociale à partir de l’histoire commune, ça ne marche pas. Le grand défi en réalité pour l’artiste comme pour l’intellectuel aujourd’hui, c’est d’exprimer le destin commun. Sachant que le point de départ est segmenté, fragmenté avec des différences culturelles et religieuses et qu’il y a de moins en moins de référence à une communauté phare à laquelle il faut d’abord s’intégrer pour ensuite faire société ensemble. Désormais, l’ordre du jour de faire société ensemble est nécessairement inter-culturel, inter-linguistique, inter-religieux et donc se construit avec l’autre. Dans votre recherche, cette analyse va de pair avec le constat d’une affirmation de plus en forte de la ville par rapport aux Etats. Est-ce que cela veut dire que vous jouez la ville contre l’Etat ? C’est un peu excessif de le dire comme ça. Même si cela correspond à une tendance bien réelle. Nous ne sommes plus à l’ère des Etats-nations du XIXe siècle. Depuis les chocs pétroliers des années 70, le commerce, l’économie ne relèvent plus tant d’échanges entre nations qu’entre métropoles. Si on regarde une image satellite de l’Europe, on ne voit pas des pays, on voit les lumières des grands centres urbains. Le Grand Londres, les grandes villes belges, la Ruhr, le Grand Paris, le Grand Milan, etc. Or ces zones centrales qui représentent 20 % du territoire concentrent 60 % de la population et représentent 75 % du produit intérieur brut (PIB). Les grandes villes concentrent l’activité économique, la production de la richesse et la population. Et ces villes sont connectées avec d’autres villes du même type. Le défi pour l’art et la culture dans ce contexte nouveau, c’est l’idée qu’on puisse vivre ensemble sans partager la même religion ou la même culture. C’est la Révolution française qui a introduit ça quand elle a instauré la séparation de l’Eglise et de l’Etat. C’est le grand thème des Lumières, on a aboli la religion d’Etat. Or, au XIXe siècle, on a introduit la culture d’Etat : une langue, une histoire, un patrimoine communs. Aujourd’hui, peut-être sommes-nous à l’aube d’un nouveau siècle des Lumières. Car ce que nous devons penser, c’est la séparation entre la culture et l’Etat. Autrement dit : comment vivre ensemble sans partager une même culture ? La question c’est : de quoi avons-nous besoin pour faire société ensemble ? Ce que vous défendez, au fond, c’est un changement d’échelle…
in the big metropolises. In Brussels, for instance, the majority of the population no longer has Belgian-Belgian roots. The two established communities, the Flemish community and the francophone community, are now a minority. What are your conclusions? So, these two communities have theatres, exhibition spaces, and cultural venues. But these venues now have to develop their activities in an environment where people live together, no longer based on a community or a tradition, but based on intercultural, inter-community relations. This makes for a huge challenge to artistic creativity since this reality influences the programming in these urban and metropolitan spaces. For instance you notice the decline of a repertory in favour of creations in context, that are more socio-artistic, and therefore also more performing arts, that respond to a multicultural atmosphere. This becomes a laboratory for the expression of diversity, hybridity, impurity, rather than about continuity, tradition or identity. Therefore you consider urban space to be a zone in flux that is perpetually mutating. The opposite of any notion of roots in a way? Indeed what we call “roots” is a discourse relating a common history. The notion of a country, of national territory, is based on this common history which has clearly been constructed and mostly dates from the 19th century when
what counted was explaining how the beautiful nation we live in came about. But this sort of story is less and less relevant in the zones of arrival where inhabitants have no common roots. That is why, in the big cities, it doesn’t work when you want to discuss social cohesion based on the common history. The challenge, in reality, for the artist as an intellectual today is to express common destiny. Taking into account that the point of departure is fragmented, split by cultural and religious differences, there aren’t so many references to a leading community which needs integrating in order to forge society together. Now, creating a cohesive society necessarily implies that it is inter-cultural, interlinguistic, inter-religious and therefore that you build with the other. In your research, this analysis goes together with observations of the increased affirmation of cities rather than of nations. Does that mean that one should place weight on cities rather than on the state? That is a little excessive. Even though that is a real tendency. We are no longer in the era of nation states in the 19th century. Since the 1970s oil crises, trade and economy is less about exchanges between nations and mostly between metropolises. When you look at a satellite view of Europe, you don’t see countries, you see the lights of the large urban centres. Greater London, the large Belgian cities, the Ruhr, Greater Paris, Greater Milan, etc. But these focal zones represent 20% of the territory, concentrate 60% of the population
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à voir / must see Kori Kori par Oposito (FR) Chœur d’opéra de rue en mouvement, Kori Kori, dernière création de la compagnie Oposito, est un parcours urbain composé d’histoires d’hommes et de femmes du monde entier, réunis à travers un émouvant unisson mêlant rock, lyrique, valse, tango. Une allégorie de la liberté. en tournée jusqu’en sept 2014, dont les 7-8 août 2014 à Hasselt, Belgique avec le réseau IN SITU, Theater op de Markt, www.oposito.fr / www.theateropdemarkt.be
Xavier Cantat
Kori Kori, the latest creation of the Oposito company, is a street opera choir on the go, an urban journey consisting of tales of men and women around the world, gathered via a gripping harmony of rock, lyric, waltz and tango blended together. An allegory of freedom. on tour until Sept 2014, including Hasselt, Belgium on Aug 7-8, 2014 with the IN SITU network, Theater op de Markt, www.oposito.fr / www.theateropdemarkt.be
Je pense que les territoires nationaux ne sont qu’un élément qui ne doit pas dissimuler cette autre territorialité qui émerge de plus en plus ; à savoir ces réseaux de villes et de grandes villes. Je constate d’ailleurs que de plus en plus d’expressions artistiques se situent dans ce défi-là plutôt que dans le contexte d’une identité nationale territorialisée. L’enjeu de faire ville ensemble, cela veut dire aussi réfléchir à la notion d’espace public. La lutte pour l’espace public est très importante. Ce qui est remarquable aujourd’hui, c’est que beaucoup d’artistes sortent de leurs abris pour s’exprimer à l’extérieur. Alors on assiste dans l’espace public à la mise en scène de l’espace public, sous forme de parcours notamment. Il y a aussi une question qui me préoccupe, c’est celle des réseaux sociaux et plus généralement de cette dimension virtuelle et pourtant bien réelle d’internet. Il y a quelque chose de nouveau dans cette proximité lointaine en train de se construire. Or, ce qui est absolument essentiel à ce sujet, c’est que le rapport à l’autre ne suppose plus le vivre ensemble. Cela pose sur des bases inédites la question de l’intérêt commun, non plus désormais seulement au niveau local, mais à l’échelle de la planète. propos recueillis par Hughes Le Tanneur
and represent 75% of the gross domestic product (GDP). The large cities concentrate economic activity, production of wealth and population. And these cities are connected to other cities of the same type. The challenge for art and culture in this new context is the idea that we could live together without sharing a religion or a culture. The French Revolution introduced this idea when it enforced the separation between church and state. Abolishing state religion was one of the key themes of the Enlightenment. But, the 19th century introduced state culture: a common language, history, heritage. Today, perhaps we are at the beginning of a new century of Enlightenment. Because we need to think about the separation between culture and state. In other words: how can we live together without sharing the same culture? The question is: what do we need to forge society together? In the end, you prone a change of scale… I believe national territories are just one aspect that should not
hide another territoriality that is increasingly emerging: the network of large towns and cities. In fact I notice more and more artistic creativity logged within this area of challenge rather than in the context of a territorialised national identity. The challenge to forge a cohesive city requires an inquiry into the public space. There is a major battle for the public sphere. What is really noticeable now is how many artists come out of their shelters and create outdoors. As such, there is a staging of the public space, and this includes the form of walks. Another concern of mine is the question of the social networks, and more generally the virtual and yet so real dimension of the internet. There is something very new in the distanced proximity that is in construction. But what is absolutely essential in that regard, is that the relation to others doesn’t imply living together. This is new territory for the question of the common good, now no longer only local, but also on a planetary scale. interview by Hugues Le Tanneur
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playground terrain de jeu Curiosité, expérimentations, gratuité… La riche et enthousiaste exploration de l’espace public par les dix-huit membres du réseau IN SITU.
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UZ Arts
Curiosity, experimentations, free access… The rich and enthusiastic exploration of public space by eighteen members of the IN SITU network.
Oerol Festival
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Norfolk and Norwich
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Les Tombées de la nuit
2
1 Fundación municipal de Cultura de Valladolid (Valladolid, SP) La rue comme lieu où le citoyen construit sa vie quotidienne et dans lequel les nouvelles formes d’expression artistique se créent. The street as the place where citizens can construct their daily life and in which new forms of artistic expression are created. www.tacva.org
Theater op de Markt
Atelier 231
3 La Paperie
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Chalon dans la rue
2 Les Tombées de la nuit (Rennes, FR) Prendre l’espace urbain, rurbain ou rural comme terrain de jeu et d’expérimentation nous permet de poser un regard décalé, poétique et politique sur notre territoire. Using urban, rurban or rural spaces as playgrounds and experimentation allows us to have a different, poetic and political outlook on our territory. www.lestombeesdelanuit.com
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Fundación municipal de Cultura de Valladolid Lieux publics
Consorzio La Venaria Reale
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3 La Paperie (Saint-Barthélémy d’Anjou, FR) Urbanisme, habitant, expérimentation, recherche, prendre le temps, contextualisation, œuvre de médiation, mutation, balade, promenade, imaginaire, ville, espace, donner à rêver, territoire. Urbanism, inhabitants, experimentation, research, taking time, contextualisation, mediation, mutation, strolling, promenade, imaginary, town, space, igniting dreams, territory. www.paperie.fr
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4 Atelier 231 (Sotteville-lès-Rouen, FR)
12 Performing arts Østfold (Kråkerøy, NO)
Imaginaire des espaces, regards sur la citoyenneté, curiosité pour l’altérité, création de mémoire commune, mises en poésie collectives, résonance, gratuité. The imaginary behind each space, perspectives on citizenship, open to alterity, creation of shared memory, collective poetry making, resonance, free access. www.atelier231.fr
Explorant les relations et les possibilités entre l’art, la société et la nature, ancrées dans l’espace public, dans un paysage culturel en mutation. Exploring relationships and possibilities between art, society and nature, in context of the public space in a shifting cultural landscape. www.ostfoldkulturproduksjon.no
5 Chalon dans la rue (Chalon-sur-Saône, FR) Avec une hardiesse toute juvénile, porter un regard averti, aiguisé et ancré aux enjeux esthétiques et pluridisciplinaire de son temps. With the boldness of youth, we have an outlook that is critical, knowing, and anchored in the aesthetic and multi-disciplinary stakes of our time. www.chalondanslarue.com
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Performing arts Østfold
6 Lieux publics (Marseille, FR) L’art change la ville, la ville change l’art. L’Europe, terrain de jeu des artistes de l’espace public : Marseille, magnifique laboratoire. Art changes the city, the city changes art. Europe is a playground for artists in the public space : Marseille, as a brilliant laboratory. www.lieuxpublics.com
Københavns Internationale Teater
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7 UZ Arts (Glasgow, GB) UZ Arts s’émancipe des schémas artistiques et dépasse les frontières, et produit des projets invitant de nouveaux publics à participer. UZ Arts commissioning producing across art forms across borders finding new audiences to play with. www.uzarts.com / www.johnmuirfestival.com
8 Norfolk and Norwich (Norwich, GB)
14 CTYRI DNY/ Four days
17 La Strada
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K13
Le Norfolk & Norwich Festival commande et présente des travaux émanant de toutes formes artistiques – intérieur, extérieur, urbain et rural. Norfolk & Norwich Festival commissions and presents work across art forms – indoors, outdoors, urban and rural. www.nnfestival.org.uk
9 Oerol Festival (Terschelling, NL)
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Esprit des lieux, théâtre de paysage, innovation, in situ, artistes émergents, talent, international, nouvelles créations, musique, théâtre de rue, Terschelling. Sense of Place, landscape theatre, innovation, site specific, emerging artists, talent, international, new creations, music, street theatre, Terschelling. www.oerol.nl
PLACCC Festival
10 Theater op de Markt (Neerpelt, BE)
18 ODA Teatri
Un festival estival en plein air pour le théâtre de rue, le cirque-théâtre, le théâtre in situ et les arts forains, public très large. A summerfestival for open-air and street theatre, circus theatre, location theatre and fairground arts, broad public. www.theateropdemarkt.be
11 Consorzio La Venaria Reale (Venaria Reale, IT) Emerveillement de la beauté. Un royaume qui n’en finit pas de vous surprendre et vous reçoit à chaque visite avec de nouvelles propositions artistiques. The wonder of beauty. A kingdom that never stops to surprise you and greets you every time with new artistic proposals. www.lavenaria.it
13 Københavns Internationale Teater (KIT) (Copenhague, DK) Créations in situ ; travail interdisciplinaire ; processus participatifs ; acupuncture culturelle ; exploration du paysage urbain. Site specific creations; Interdisciplinary work; Participatory processes; Cultural acupuncture; Exploring the urban landscape. www.kit.dk
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CTYRI DNY/ Four days (Prague, CZ) Depuis 1996! L’événement artistique le plus remarquable à Prague. Tous les genres d’art contemporain. Des projets internationaux exceptionnels. Des espaces non-conventionnels extraordinaires. Un public fantastique. Since 1996! The most unique artistic event in Prague. All genres of contemporary art. Outstanding international projects. Extraordinary nontraditional spaces. Great audience. www.ctyridny.cz
15 La Strada (Graz, AT) Le théâtre de rue et de marionnettes et le cirque contemporain peuvent-ils être virtuoses, joyeux, riches en couleurs et en émotions ? Découvrez-le au festival La Strada. How virtuoso, cheerful, colourful and touching today‘s street & puppet theater and contemporary circus can be? Find out in Graz at La Strada. www.lastrada.at
16 PLACCC Festival (Budapest, HU) Festival d’art in situ et dans l’espace public – dialogue avec et à propos de la ville apportant un regard neuf sur des sites urbains – approche critique vis-à-vis de l’espace public. Festival of site-specific art and art in public space – dialogue with and about the city shedding new light on urban locations – a critical approach towards the use of public space. www.placcc.hu
17 K13 (Košice, SK) L’espace public à Košice est constamment détourné par de nouvelles formes d’interventions artistiques qui bousculent les habitudes. Public space in Košice is constantly disturbed by new formats of artistic interventions, that uproot people from own convenience. www.usethecity.sk
18 ODA Teatri (Pristina, XK) #ODA #Kosovo @portes de l’Europe. Abattre artistiquement les murs visibles/invisibles #aucune crainte #prendre à bras-le-corps ; #donner et recevoir; #encourager #compréhension mutuelle #ODA #Kosovo @Europe’s gateway. Artistically tumbling down visible/invisible walls #no fear #embrace; #give and receive; #encourage #mutual understanding. www.teatrioda.com
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Lieux publics 2014 toute l’actualité sur www.lieuxpublics.com SIRÈNES ET MIDI NET rituel urbain tous les premiers mercredis du mois à midi, parvis de l’Opéra à Marseille 5 février Les Deux virgule six couverts 5 mars Ali Salmi/Osmosis 2 avril Akosh S./Jean-Philippe Dupont 7 mai l’Agence Touriste 4 juin Yann Lheureux 1er octobre Cie d’Elles 5 novembre Sirène “surprise” 3 décembre La Folie Kilomètre
TRAVELLINGS 10 spectacles-parcours européens à Marseille du 7 au 11 mai quartiers Canebière, Réformés, Noailles, Belsunce, Parc Longchamp avec l’Agence Touriste (FR), Asphalt Piloten (CH), Crew (BE), Judith Hofland (NL), HOPPart (HU), KUNSTLABOR Graz by uniT (AT), Maria McCavana (UK), Stage Code (CZ), Benjamin Vandewalle (BE)
CHAUD DEHORS 2014 Lieux publics et la ville d’Aubagne invitent les artistes d’ici à Aubagne du 30 mai au 1er juin avec 1 Watt, collectif Cocotte Minute, compagnie de l’ambre, KaRNaVIrES, La Folie Kilomètre, Monik LéZart, No Tunes International, Pierre Sauvageot, ensemble interrégional de trombones...
DOMINOES performance géante et éphémère de Station House Opera (GB) à l’échelle de la ville, à Marseille 28 septembre Une ligne de briques de béton de deux kilomètres traverse Marseille, avec la complicité de centaines d’habitants…
LIEUX PUBLICS À MARTIGUES déambulation urbaine 17-18 octobre Lieux publics et la ville de Martigues donnent carte blanche à la compagnie KompleXKapharnaüM…
REMUE-MÉNINGES séminaire d’écriture à Pigna, Corse novembre
LIEUX PUBLICS & CIE créations de Pierre Sauvageot en tournée Igor hagard, un sacre ferroviaire : du 30 mai au 1er juin dans le cadre de Chaud dehors, Aubagne (FR) du 23 au 27 juillet au festival Chalon dans la rue, Chalon-sur-Saône (FR) du 1er au 9 août au festival La Strada, Graz (AT)
coproductions l’équipe COMPAGNIES EN RÉSIDENCE À LIEUX PUBLICS / COPRODUCTIONS Attention fragile, La naissance de Dalida Cie d’Elles La Fuite à cheval, très loin dans la ville Deuxième Groupe d’Intervention, A quoi rêve Peter ? KompleXKapharnaüM, Do not clean Ilotopie, création 2014 Rara Woulib, Bizangos X/tnt, Code de la déconduite… Monik LéZart, R(ev)ue de presse No Tunes International, Je vais lui en mettre du Johnny Rotten Oposito, Kori Kori Cie de l’ambre, L’Homme du dehors La Folie Kilomètre, Rivages
formation LA BELLE OUVRAGE / LIEUX PUBLICS Développer ses compétences croisées de production et de relations avec le public au service de projets de territoire. 10 jours à l’automne 2014, à Marseille inscriptions www.labelleouvrage.fr
LES SPECTACLES SONT GRATUITS
président Philippe Chaudoir direction Pierre Sauvageot, directeur Sabine Chatras, directrice adjointe avec Julie Manchon production Fabienne Aulagnier avec Elisa Schmidt et Léa Dommange réseau IN SITU Ariane Bieou avec Camille Fourès et Marion Marchand communication et relations avec les publics Jasmine Lebert avec Fanny Girod et Morgane Cléon, Eva Binet comptabilité François Cellarier avec Muriel Bargues technique David Mossé avec Camille Bonomo et Jean Matelot Lieux publics, centre national de création est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la ville de Marseille, le conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et le conseil général des Bouches-du-Rhône. Il reçoit le soutien de la Commission européenne et de la Sacem. Lieux publics pilote IN SITU, réseau européen pour la création artistique en espace public. IN SITU développe le projet META – financé avec le soutien de la Commission européenne (DGEAC – programme Culture) en 2011-2016.
en couverture Station House Opera, Dominoes, 2013 (Copenhague, Danemark), photo Thomas Seest chef de projet Benjamin Cachot directeur adjoint développement et nouveaux médias Laurent Girardot coordination éditoriale Fabienne Arvers, Sophie Ciaccafava rédaction Fabienne Arvers, Jean-Marie Durand, Tamas Jaszay, Hugues Le Tanneur, Claire Moulène directeur de création Laurent Barbarand maquette Nathalie Coulon édition/secrétariat de rédaction Fabrice Ménaphron secrétariat de rédaction Delphine Chazelas traduction Caroline Hancock iconographie Maria Bojikian fabrication Virgile Dalier, avec Gilles Courtois impression, gravure, brochage Roto Aisne SN directeur de la rédaction Frédéric Bonnaud directeur de la publication Frédéric Roblot fondateurs Christian Fevret, Arnaud Deverre, Serge Kaganski dépôt légal 2e trimestre 2014 Les Inrockuptibles est édité par Les Editions Indépendantes, société anonyme au capital de 326 757,51 €, 24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, n° siret 428 787 188 000 21 actionnaire principal, président Matthieu Pigasse © Les Inrockuptibles 2014. Tous droits de reproduction réservés. Supplément au n° 960 du 23 avril des Inrockuptibles. Ne peut être vendu. Ne pas jeter sur la voie publique. Supplément réalisé en coédition avec Lieux publics, centre national de création, et IN SITU, réseau européen pour la création artistique en espace public
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IN SITU 2014 festivals & network www.in-situ.info UZ Arts (Glasgow, GB) The John Muir Festival 17-26 avril / 17-26 April Lieux publics (Marseille, FR) Travellings 7-11 mai / 7-11 May
créations
La Strada (Graz, AT) 1er-9 août / 1-9 August
ARTISTES SOUTENUS DANS LE CADRE DE META 2011-2016 / ARTISTS SUPPORTED IN THE FRAME OF META 2011-2016
Theater op de Markt (Neerpelt, BE) Hasselt, Limburg, Belgique 7-10 août / 7-10 August
Norfolk & Norwich Festival (Norwich, GB) 9-25 mai / 9-25 May
PLACCC Festival (Budapest, HU) 19-28 septembre / 19-28 September
Les Tombées de la nuit (Rennes, FR) 16 mai-20 juillet / 16 May20 July (Week-end en ville, 3-6 juillet / 3-6 July)
Ctyri Dny / Four Days (Prague, CZ) 4+4 Days in Motion 10-18 octobre / 10-18 October
Københavns Internationale Teater (Copenhagen, DK) Metropolis Laboratory 21-23 mai / 21-23 May
La Paperie (Saint-Barthélémy-d’Anjou, FR) Les génies du lieu, compagnie KMK, résidence de trois ans dans le quartier Monplaisir, Angers / three year residency in the Montplaisir district, Angers
Festival TAC – Teatro y artes de calle (Valladolid, SP) Fundación Municipal de Cultura de Valladolid 21-25 mai / 21-25 May Terschellings Oerol Festival (Terschelling, NL) Sense of Place 13-22 juin / 13-22 June Consorzio La Venaria Reale (Venaria Reale, IT) Giardini site specific 16 juin / 16 June
ODA Teatri (Pristina, XK) Invisible Walls en tournée en Europe / Invisible Walls on tour in Europe Performing arts Østfold (Kråkerøy, NO) NonStop Festival, Moss 17-21 septembre / 17-21 September
Alex Rigg (GB) Asphalt Piloten (CH) Benjamin Vandewalle (BE) Baro d’evel (FR) Berlin (BE) Claire Croizé (BE) Crew (BE) Dramagraz (AT) Dries Verhoeven (NL) FC Bergmann (BE) HOPPart (HU) Invisible Playground (DE) Judith Hofland (NL) l’Agence Touriste (FR) Ljud Group (SI) Lotte Van de Berg (NL) Maria McCavana (GB) Martin Boross (HU) Mischief Là Bas (GB) Na Perone / La Hors de (SK/FR) Olivier Grossetête (FR) Lieux publics & Cie (FR) Rara Woulib (FR) Rodrigo Pardo (AR/BE) Stage Code (CZ) Sumit Sarkar (GB) Thor McIntyre-Burnie (GB) UniT (AT) Zimmerfrei (IT) Zweite Liga (AT)
K13 (Košice, SK) Use the City 20-22 juin / 20-22 June Atelier 231, Centre national des arts de la rue (Sottevillelès-Rouen, FR) Viva Cité 27-29 juin / 27-29 June Festival Chalon dans la rue (Chalon-sur-Saône, FR) L’Abattoir, Centre national des arts de la rue 23-27 juillet / 23-27 July
Appli IN SITU / IN SITU App’ Le monde d’IN SITU avec vous, partout dans vos déplacements ! Découvrez les nouvelles créations soutenues par le réseau IN SITU et l’actualité des festivals membres. Disponible sur iPhone, iPad et Androïd
The world of IN SITU travels with you wherever you go! Discover the new productions supported by the IN SITU network and the latest news from the member festivals. Available for iPhone, iPad and Androïd
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