PRIX public : 3 500 F CFA | Zone europe : 4.0 € | Maroc : 45 dh
N° 11 • juillet-août-septembre 2014
les enjeux de la transformation en afrique carlos lopes
Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique
‘‘ L’ Afrique est en passe de devenir le nouveau pôle de la croissance économique mondiale ’’
Exotic Fruits
ou la parfaite histoire de la transformation des fruits et légumes dU terroir SÉNÉGALAIS
CALENDAR OF EVENTS
AME Trade 2014 SURIMEP
st 4VSJOBNF *OUFSOBUJPOBM .JOJOH &OFSHZ 1FUSPMFVN $POGFSFODF BOE &YIJCJUJPO
ZIMEC
4th "OOVBM ;BNCJB *OUFSOBUJPOBM .JOJOH &OFSHZ $POGFSFODF &YIJCJUJPO
SIMEC
17-19 June, 2014 Paramaribo, Republic of Suriname Chamber of Commerce Expo & Conference Centre www.surimep.com
24-25 June, 2014 Lusaka, Republic of Zambia The New Government Complex Conference Centre www.zimeczambia.com
9-11 September, 2014 Freetown, Sierra Leone Bintumani International Conference Centre www.simec-sl.com
4JFSSB -FPOF *OUFSOBUJPOBM .JOJOH 1FUSPMFVN $POGFSFODF
ZIMBABWE
MINING & INFRASTRUCTURE INDABA 2014
AOGFI
Partnered with Utho Capital Pty
AOGFI
RIMEC
23-24 September, 2014 Dubai, UAE Park Hyatt Dubai www.aogfi.com
24-25 September, 2014 Kigali, Rwanda Kigali Serena Hotel www.rimec-rwanda.com
2nd "GSJDB 0JM (BT 'JOBODF *OWFTUNFOU 'PSVN
ZIMBABWE MINING & INFRASTRUCTURE INDABA
3XBOEB .JOJOH BOE &OFSHZ $POGFSFODF &YIJCJUJPO
6th ;JNCBCXF .JOJOH *OGSBTUSVDUVSF *OEBCB $POGFSFODF 1 - 3 October, 2014 Harare, Zimbabwe )BSBSF *OUFSOBUJPOBM $POGFSFODF $FOUSF t3BJOCPX UPXFST www.zimminingindaba.com
2014
MAURITANIDES
SIM SENEGAL
PPP Africa
13-15 October, 2014 Nouakchott, Islamic Republic of Mauritania Centre International des ConfĂŠrences www.mauritanides-mr.com
4-6 November, 2014 Dakar, Senegal Hotel Roi King Fahd www.simsenegal.com
19-21 November, 2014 Abidjan, Côte d’Ivoire Sofitel Abidjan Hotel Ivoire www.africappp.com
rd .BVSJUBOJBO .JOJOH BOE 0JM (BT $POGFSFODF &YIJCJUJPO
rd 4FOFHBM *OUFSOBUJPOBM .JOJOH $POGFSFODF &YIJCJUJPO
6th "GSJDB 1VCMJD 1SJWBUF 1BSUOFSTIJQ $POGFSFODF 4IPXDBTF
PLEASE SEND ME FURTHER INFORMATION ABOUT: SURIMEP
ZIMEC
SIMEC
AOGFI
RIMEC
ZIMBABWE
MAURITANIDES
SIM SENEGAL
PPP AFRICA
1-&"4& '"9 5)*4 1"(& 8*5) :063 %&5"*-4 50 +44 20 7681 3120 03 &."*- 50 barbora@ametrade.org /Bme $PNQBOZ Address Tel 'BY &NBJM For further information please call our team +44 207 700 4949 or visit our website www.ametrade.org ".& 5SBEF -UE BEESFTT 6OJU t 6OJUFE )PVTF t /PSUI 3PBE t -POEPO t / %1 t 6OJUFE ,JOHEPN
La stratégie est dans l’exécution ! Comme nous vous l’annoncions dans le précédent numéro, votre revue «African Business Journal» s’enrichit d’une version anglaise éditée à partir de Singapour. A cet effet, nous lançons dès le mois d’octobre une édition trimestrielle en anglais Asia Africa Business Journal, afin de sensibiliser nos lecteurs aux enjeux et mouvements stratégiques des entreprises entre l’Asie du Sud Est et le continent africain. D’autres bonnes nouvelles vous attendent dans un proche avenir, qui devraient sensiblement améliorer notre offre de services avec le lancement notamment d’une application pour tablettes et d’un «store» en ligne.
Alioune GUEYE
La discipline dans l’implémentation est aujourd’hui la clef de succès ou d’échec de la transformation de nos économies.
Le présent numéro fait la part belle à la grande question de la transformation, avec une interview exclusive de Carlos LOPES, Secrétaire Exécutif de la CEA, agence des Nations Unies basée à Addis Abeba, entretien dans lequel il nous livre son optimisme pour le continent. Nous y croyons également, tout en ayant présent à l’esprit que la discipline dans l’implémentation est aujourd’hui la clef de succès ou d’échec de la transformation de nos économies. Ce qu’il faut faire pour réussir la stratégie a déjà fait l’objet de stratégies détaillées donnant parfois lieu aux fameux plans «Emergence». Reste la discipline d’exécution pour traduire cette stratégie en résultats pour nos populations en termes de meilleur accès à l’éducation de qualité, mais aussi d’offre de soins de santé indispensables. Pour conforter l’analyse de Carlos LOPES, nous consacrons le Business Case à une belle entreprise familiale ZENA Exotic Fruit, qui évolue dans le domaine de l’agroalimentaire et qui a su au terme d’une mise à niveau réussie, s’insérer dans les bonnes chaines de valeur en exportant des produits du terroir aux normes internationales. Vous relèverez que la rubrique «les cahiers du manager» a été entièrement repensée pour être encore plus agréable à lire, «opérationnelle» et pratique afin de répondre au mieux aux exigences des professionnels qui nous lisent. Pour accompagner tous ces changements nous avons le plaisir de vous annoncer l’arrivée à la tête de la rédaction d’un nouveau Rédacteur en Chef, Elimane SEMBENE, qui aura à cœur de transformer la vision stratégique en qualité éditoriale. Plus que jamais African Business Journal se veut dynamique et agile pour relater comme il se doit le monde des affaires en Afrique.
AFRIcan business journal | N°11 | 1
PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°11 | Juillet-Août-Septembre 2014
Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Elimane Sembène esembene@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Saloua El Hachami Rédaction centrale (Maroc) Baye Sakho, Abdou Diaw, Babacar Seck, Elimane Sembène Correspondants Maimouna Dia Ndour (Sénégal), Ndèye Khady Lô (Sénégal), Bachir Sylla (Guinée Conakry), Fortuné Sossa (Bénin), Carmen Soraya Merheb (Côte d’Ivoire), Boubacar Paitao (Mali), Boureima Balima (Niger), Sylvio Combey (Togo), Essouma Cathy Corinne (Cameroun), Albert Baudouin Twizeyimana (Rwanda/RDC), Djigatchong Batoumai Hortence (Tchad), Jean Bosco Nzosaba (Burundi), Stéphanie Le Dévéhat (France) Correcteur Ehcibet Rimas Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Photos Laurent Laveille (ABJ) AFP Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com
> page 44
Les enjeux de la transformation en Afrique En Afrique, chaque année, de nombreux fruits et légumes périssent dans les champs agricoles ou dans les lieux de stockage. Ce scénario est quasiment identique au lendemain des récoltes. Un véritable drame pour les paysans qui voient ainsi leurs nombreux efforts réduits à néant. Paradoxe: de grandes multinationales européennes et américaines accostent dans nos ports, récupèrent ces produits, les amènent chez eux pour les transformer avant de revenir nous les revendre à des prix souvent exorbitants.
> Sur le fil 04 > Entrepreneuriat: 75% des jeunes africains intéressés > Statistiques: 37 pays du continent vont recalculer leur PIB en 2014 > Rwanda : Vers une numérisation des services publics > Egypte: Hausse des impôts pour les plus riches 06 > Maroc: l’Onssa veut agréer 3000 entreprises aux normes alimentaires 07 > USA: la Chambre des représentants approuve le plan «Power Africa» > Afrique de l’Est: La chine va financer une nouvelle ligne ferroviaire
> Conjoncture
Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée, Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse ISSN : 2230-1933 Impression Imprimerir OKAD EL JADIDA 5, avenue Hassan II. Quartier industriel Vita 10050 Rabat- Maroc Tél. : +212 537 79 69 70/71/73 Fax: +212 537 79 85 56 Email: okad@menara.ma Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 20 000 exemplaires.
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08 > Croissance en Afrique: l’optimisme est de mise 09 > Classement risque-pays: Le Botswana meilleur élève du continent 10 > Guinée Conakry: La bataille du fer fait rage 12 >Nigeria : Les coulisses d’une hégémonie 13 > Bénin: comment tirer profit de l’hégémonie du Nigéria? 15 > Burundi: Produire, transformer et exporter pour gagner plus 16 > Filière café du Burundi: Difficile privatisation de la cerise de la discorde!
> Perspectives 18 > Dossier / Gaz méthane du lac Kivu: Une source d’énergie aux avantages multiples… 24 > Cameroun: Un plan d’urgence pour booster la croissance 25 > Matières premières agricoles: Une bourse en gestation au Cameroun 27 > Entretien: Diomande Moussa Elias Farakhan, lauréat
> Grand Entretien
> Business case 56 > Secteur de la transformation des fruits et légumes au Sénégal 57 > La division du travail: L’atout gagnant 58 > Transformation des fruits et légumes: Un secteur très prometteur 60 > Exotique et naturel: Deux labels vendeurs 61 > Politique de l'emploi: Les femmes et les jeunes au cœur du dispositif 62 > Une kyrielle de contraintes inhibitrices 64 > Une histoire vieille de 29 ans 65 > Les bons points de la politique étatique
> Formation 92 > Baromètre RH 2014: Zoom sur l’influence des responsables RH 93 > Programme YALI 2014: Les jeunes africains à l’école du management
> Evènement 94 > 1e édition du FIPS : Pour une gestion plus efficace des retraites
> Innovations
> Avis d’expert
30 > Carlos Lopes : Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA)
> Focus
36 > Les enjeux de la transformation en Afrique 38 > Ressources naturelles : Le paradoxe africain 40 > African Transformation Index: Les cinq clés pour réaliser une croissance en profondeur 42 > Transformation du cacao: Une niche d’opportunités 44 > Entretien avec Gilles Mersadier, coordinateur d’Afrique Verte 48 > Entretien avec Cécile Broutin, Responsable de programme à l’ONG GRET 51 > Entretien avec Salima Makama, Présidente de l’Alliance mondiale du Karité (GSA) 53 > Benchmarking :L’Europe et l’Asie comme modèles
> Bloc-Notes 54 > Quatorze minutes !
66 > La Chine à l’aube d’une nouvelle phase de son histoire 67 > La ville intelligente en bonne intelligence
> Cahiers du manager 68 > Outillez-vous aujourd’hui pour le travail de demain71 > Outillez-vous aujourd’hui pour le travail de demain 72 > Dropbox: Accédez à vos données où que vous soyez > Google Drive: Partagez et travaillez ensembles sur vos documents 73 > Jalios: Organisez les communautés autour de vos projets 75 > Alfresco: Travaillez plus efficacement en équipe 76 > Comment gérer sa...e-réputation? 78 > Enquête 78 > Testez vos connaissances
96 > CTIC Dakar: Un incubateur performant et innovant 98 > CIPMEN Niger: Une locomotive pour la création de start-up 99 > Prix de l’innovation Afrique 2014: Deux Sud-Africains couronnés
> Grille de lecture 100 > Droit à la vie privée: Large coalition favorable aux réformes
> Green Business
> Success Story 80 > Ibrahim DIAWARA, Président du groupe Cipharm
> Social 82 > Entreprenariat: Et de 2 pour le salon Hub Africa ! 84 > Sécurité sociale: Gros plan sur la retraite du privé en Côte d’Ivoire 85 > «Zam-ké»: L’initiative citoyenne qui redonne vie aux sachets plastiques 86 > Premier Baromètre des sociétés civiles: L’Afrique en puissance
> Santé & Entreprise 88 > Produits chimiques: Une menace sur la santé des travailleurs 90 > L’observatoire des maladies professionnelles : Quel bilan sept ans après !
102 > Entretien avec Matar Diop, Chef de projet à l’Unité Service Afrique à la société Alstom 107 > Pêche et exploitation forestière illégales:Vingt milliards de dollars de pertes par an pour l’Afrique 99 > Prix de l’innovation Afrique 2014: Deux Sud-Africains couronnés
> Livre du trimestre 108 > L’intelligence africaine construit un avenir meilleur
> Post-Scriptum 110 > Misez sur l’entrepreneuriat !
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sur le fil
Entrepreneuriat
75% des jeunes africains intéressés
L’entrepreneuriat séduit 75% des jeunes africains. C’est ce que révèle une étude publiée à l’occasion de la 3e édition du New York Forum Africa (NYFA) 2014 qui s’est tenue fin mai à Libreville au Gabon. 89 % des jeunes interrogés se disent, par ailleurs, optimistes pour leur avenir. Près des deux tiers des répondants (63%) pensent qu’ils ont un meilleur travail que leurs parents avaient à leur âge et plus de 80% pensent que leurs perspectives de carrière sont meilleures que celles de leurs parents. L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 5000 jeunes dont 85 % sont âgés entre 16 et 26 ans, sur la base d’un questionnaire qui porte sur l’éducation, l’emploi et l’entrepreneuriat.
Statistiques: 37 pays du continent vont recalculer leur PIB en 2014 L’annonce a été faite par Mthuli Ncube économiste principal de la Banque Africaine de développement lors du Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’est tenue du 7 au 9 mai 2014 à Abuja au Nigéria. « En tout, 37 pays africains vont recalculer leur PIB cette année. Cela devrait changer certains des indices et permettre à la région de trouver des solutions à la pauvreté extrême sur le continent », a-t-il indiqué. Ce changement de calcul du PIB a permis au Nigéria de devenir la première économie du continent devant l’Afrique du Sud. D’après la commission économique des Nations Unies pour l’afrique (CEA), cette hausse du PIB du Nigéria (509,9 milliards $) pourrait être un indice de la sous-évaluation du PIB de plusieurs autres pays du continent.
Rwanda
Vers une numérisation des services publics
Le Rwanda va lancer en 2015, un projet qui permettra aux citoyens d’avoir accès aux services publics en ligne, à travers le site RwandaOnline. L’objectif est d’alléger les démarches administratives. Les rwandais pourront avoir accès à une centaine de services sociaux comme l’Etat civil, l’assurance maladie, le service des passeports, les licences de commerce, les titres fonciers, les permis de conduire, etc. Au début, le service voulait juste couvrir 100 services essentiels, mais par la suite, le gouvernement rwandais à décider de tout numériser, a indiqué Didier Nkurikiyimfura DG des TIC au ministère de la jeunesse et des TIC.
Enseignement
La Banque mondiale va construire dix neuf centres d’excellence La Banque mondiale envisage de construire 19 centres d’excellence dans des universités situées dans sept pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, pour un montant de 150 millions de dollars. Les centres sélectionnés après concours seront dotés de financements qui vont leur permettre de mettre en place des filières spécialisées dans le domaine de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, mais aussi de l’agriculture et de la santé. Selon l’Institution de Breton Woods, l’objectif de ce programme est de renforcer l’enseignement scientifique et technologique à travers le continent. Il sera financé par des crédits de l’Association internationale de développement (IDA) et sera déployé dans huit pays : Nigéria (70 millions de dollars), Ghana (24 millions), Sénégal (16 millions), Bénin, Burkina Faso, Cameroun et Togo (8 millions chacun), la Gambie bénéficiant quant à elle d’un crédit de 2 millions de dollars et d’un don de 1 million de dollars.
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sur le fil
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sur le fil
Maroc
l’Onssa veut agréer 3000 entreprises aux normes alimentaires
© Photo D.R.
L’Office nationale de sécurité sanitaire des aliments (Onssa) veut agréer 3000 entreprises marocaines aux normes de sécurité alimentaires en 2014. L’office a débuté en 2013 un processus de délivrance des agréments et autorisation aux entreprises du secteur agroalimentaire au Maroc. 1400 entreprises sur 5000 ont obtenu cette certification. L’objectif est de vérifier la conformité des conditions d’élaboration, de production et de commercialisation de ces denrées alimentaires avec les recommandations de la loi 28-07 qui porte sur la sécurité sanitaire des denrées. Le respect des conditions d’hygiène, la conception d’un programme d’autocontrôle et la mise en place d’un système de traçabilité figurent parmi les critères d’obtention de cet agrément. Selon, l’Onssa, l’opération devrait prendre fin en 2016.
NEWS
Les Egyptiens les plus riches vont payer plus d’impôts que les autres sur une période de trois ans, à partir de 2015. Dans une déclaration, le ministère des finances indique qu’ « en vue d'atteindre les objectifs d'équité sociale, le gouvernement a validé la proposition d'amendement de la loi fiscale proposant une hausse de 5% des impôts prélevés sur les plus riches ». Seront concernées par cette mesure les personnes qui auront gagné plus d'un million de livres égyptiennes (142 000 $) en 2014, 2015 et 2016.
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Villes émergentes 4 villes africaines dans le Top 20 © Photo D.R.
© Photo D.R.
Egypte Hausse des impôts pour les plus riches
Le cabinet de conseil A.T. Kearney a publié la première édition de son classement « Emerging Cities Outlook » qui identifie les 34 villes des pays à faible revenu qui pourraient concurrencer les grandes métropoles dans 10 ou 20 ans. On retrouve cinq villes africaines dans le Top 20 : Addis Abeba (3e), Nairobi (9e), Johannesburg (13e), le Cap (16e) et Tunis (18e). S’en suivent Casablanca (22e), Le Caire (30e) et Lagos (32e). Les critères sont notamment le capital humain, le développement de l’activité économique et l’innovation.
sur le fil
Etats-Unis
la Chambre des représentants approuve le plan « Power Africa »
Afrique de l’Est La chine va financer une nouvelle ligne ferroviaire
Une délégation d’hommes d’affaires chinois et d'officiels kenyans ont signé le 10 mai 2014, un accord pour le financement de la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire qui reliera la ville kenyane de Mombasa (ville portuaire) à Nairobi et à Kampala (Ouganda), Kigali (Rwanda), Bujumbura (Burundi), et Juba (Soudan du Sud). L’entreprise China Communications Construction Co. sera le maître d'œuvre du projet. «C'est un projet majeur qui va stimuler la connectivité et l'intégration de la sous-région de l’Afrique de l'Est », affirme le premier ministre chinois Li Keqiang..
© Photo D.R.
Nigéria Dangote veut investir dans l’agriculture © Photo D.R.
© Photo D.R.
Les Etats-Unis souhaitent favoriser l’accès à l’énergie électrique des populations africaines. Le 8 mai, la Chambre des représentants a approuvé le plan « Power Africa » du président Barack Obama qui vise à installer 20 000 mégawatts de capacité énergétique en Afrique subsaharienne d'ici 2020. A travers ce projet doté d’un financement de 7 milliards de dollars en cinq ans, le pays de l’Oncle Sam ambitionne d’assurer l’accès à l’énergie à au moins 50 millions d’Africains dans les zones rurales et urbaines. Le plan concernera dans une première étape l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie. Selon Eliot Engel un membre de la Chambre, « actuellement, près de 70% des habitants d'Afrique subsaharienne n'ont pas accès à l'électricité, un chiffre qui monte à 82% au Kenya et 92% en Ouganda ». Le Sénat devra examiner le texte prochainement..
Le milliardaire nigérian Aliko Dangoté prévoit d’investir 2,3 milliards de US $ dans la production de riz et de sucre au Nord du Nigéria. Une manière pour barrer la route au groupe terroriste Boko Haram. Selon l’homme le plus riche du continent, «la création d'emplois constitue un facteur essentiel pour mettre fin à l’insurrection islamiste dans la région».
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Croissance en Afrique
l’optimisme est de mise
D’après le rapport Perspectives économiques en Afrique 2014 (PEA), les clignotants sont quasiment au vert dans tout le continent. Le taux de croissance qui était de 4% en 2013 devrait frôler les 5% en 2014 et se situer entre 5% et 6% en 2014. Par Baye Sakho
«L’Afrique a conservé en 2013 un taux de croissance moyen d’environ 4 %, une performance supérieure à celle de l’économie mondiale (3 %) et qui souligne à nouveau la résilience du continent face aux turbulences internationales et régionales.» C’est sur cette note positive que débute le résumé du rapport. Toutefois, les réalités ne sont pas les mêmes dans toutes les régions. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est sont les meilleurs élèves du continent, où le taux de croissance a même dépassé les 6%. Globalement, les résultats démontrent que l’Afrique subsaharienne a été la région la plus dynamique en 2013, avec un pourcentage de 5% qui devrait atteindre la barre des 5,8% en 2014. La stabilité, gage de croissance D’après les PEA 2014, si l’on exclut l’Afrique du Sud de ce groupement, les prévisions sont de respectivement 6.1 et 6.8 %. Ces bonnes performances contrastent avec la situation en Afrique du Nord et en Afrique australe avec moins de 3% de croissance. « Les perspectives à moyen terme pour l’ensemble du continent sont positives : la croissance moyenne devrait s’accélérer, frôlant les 5 % en 2014 et se situant entre 5 et 6 % en 2015. Elle renouera ainsi avec les niveaux d’avant le début de la récession mondiale, en 2009 », constate le rapport. Mais selon le PEA 2014, l’obtention de ces chiffres positifs dépendent de la stabilité politique et sociale dans les pays africains et de la conjoncture internationale. Ils sont notamment
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tributaires des cours des matières, du volume des échanges, du tourisme, de l’aide publique au développement et des investissements directs à l’étranger (IDE). Augmentation des IDE en Afrique subsaharienne D’après une étude du cabinet Ernst &Young sur l’attractivité de l’Afrique en 2014, ces IDE ont diminué de 30 % en Afrique subsaharienne et progressé de 4,7% en Afrique subsaharienne. « En franchissant pour la première fois le seuil des 80 %, la proportion de projets d’IED en Afrique subsaharienne creuse encore davantage l’écart entre ces deux sous-régions », note l’étude. Le cabinet a même constaté une réduction du nombre projets d’investissements qui passent de 774
en 2012 à 750 en 2013, notamment à cause des événements post-printemps arabe. Ce risque-pays, si cher aux investisseurs, figure aussi dans le PEA 204. Un risque qui s’est accru avec l’apparition de deux nouveaux foyers de tensions au Mali, en CentreAfrique. D’où la nécessité de favoriser « l’éducation, la santé et la sécurité et à une optimisation constante des institutions et des réglementations, afin de favoriser l’activité du secteur privé. » Les transferts des migrants en hausse Outre les IDE, l’Afrique a accueilli d’importants apports financiers extérieurs durant les années écoulées. Ces flux d’argent ont quadruplé depuis 2000 pour atteindre les 200 mil-
Origine de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations, par régions, 2011: l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe sont en tête de la participation dans les chaînes de valeur mondiales et régionales Part de la VA étrangère incorporée dans les exportations africaines
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Afrique centrale Amérique latine
Afrique de l'Est Moyen-Orient
Océan Indien Asie
Afrique du Nord Amérique du Nord
Afrique australe Europe
Afrique de l'Ouest Afrique
Source : Calculs des auteurs à partir de la base de données UNCTAD-Eora-GVC (2014).
liards de $ en 2014. Cette hausse résulte de deux principaux facteurs : les IDE et les transferts de migrants. Les investissements directs étrangers devraient même se situer à 80 milliards $ en 2014, un niveau record. « Si les pays riches en ressources continuent d’être la destination privilégiée des investissements directs étrangers en Afrique, les industries manufacturières et les services gagnent du terrain, avec plus de 750 opérations dans des projets nouveaux », souligne les PEA. Quant aux envois de fonds de la diaspora africaine qui sont en hausse depuis 2009, ils devraient atteindre les 67,1 milliards $ en 2014. Autre élément et pas des moindres, l’aide publique au développement (APD). Les APD connaissent tout de même un fléchissement car ils sont passés de 38% en 2000 à 27% en 2014 (55,2 milliards $) dans le total des apports financiers extérieurs. Il n’empêche, ces aides restent la principale source de financement de projets dans les pays africains à faible revenu. Le niveau des recettes fiscales est à prendre en compte dans les perspectives économiques du continent. Elles ont affiché 527,3 milliards en 2012. « Les recettes fiscales, en hausse constante, ne doivent pas être considérées comme une alternative à l’aide étrangère mais comme une composante des recettes publiques qui augmentent à mesure que les pays se développent », suggère le rapport. Par ailleurs, le rapport PEA 2014 note des améliorations dans les politiques sociales, avec le recul de la pauvreté, et l’accès à l’éducation et à la santé. Aspects à améliorer : égalité des sexes gestion de l’environnement, et la gouvernance. Le rapport suggère de développer davantage le commerce interafricain avec l’accélération du processus d’industrialisation du continent.
Classement risque-pays
Le Botswana meilleur élève du continent Le Botswana est le pays africain qui présente le climat le plus favorable pour les investissements. C’est l’une des conclusions du dernier rapport du cabinet américain Aon Risk Solutions sur les risques politiques dans le monde. Décryptage. Par Babacar Seck
Le cabinet américain spécialisé dans le management des risques et les ressources humaines Aon Risk Solutions a publié la carte la 16e édition de sa carte annuelle sur les risques politiques dans le monde portant sur 163 pays, exeptés les Etats-Unis et les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Cette étude a été conjointement menée avec le cabinet international et conseil Roubini Global Economics. Pour établir ce classement, ces experts ont analysé différents types de risques tels la solvabilité des Etats, la vulnérabilité des institutions financières, la politique fiscale, le non-paiement de la dette souveraine, le niveau d’interférence de l’Etat dans l’économie, et la nature de la législation et des règlementations applicables aux entreprises. Les pays sont évalués suivant six variables allant de risque «faible» à risque «très élevé». L’Afrique australe, le meilleur climat pour les affaires Pour entreprendre en Afrique, misez sur le Botswana. C’est en substance le message que livre ce rapport. Gaborone occupe la première place dans le continent avec la note 2, soit un risque «moyen-faible». Ses autres voisins (hormis le Zimbabwe avec un risque «très élevé») de l’Afrique australe Namibie, Mozambique, Lesotho, Zambie, et l’Afrique du Sud sont aussi de potentielles zones pour les investisseurs avec un risque «moyen» (3). L’Afrique du Sud a même perdu un point par rapport au classement de 2013 à cause notamment des grèves répétées dans le secteur minier. « Bien que disposant de solides institutions politiques, l’Afrique du Sud souffre de grèves récurrentes qui sont devenues le principal moyen de négociations salariales, augmentant ainsi les coûts pour les entreprises et affaiblissant leurs perspectives de développement », indique le cabinet. Seuls le Swaziland (5) avec un risque «élevé» sort du lot. L’Afrique de l’Ouest figure parmi les zones à risques pour les entrepreneurs, beaucoup de pays comme la Guinée Bissau, le Mali, le Niger et le Nigéria sont classés dans la catégorie pays à risque «élevé». Le Ghana (risque moyen), le Burkina Faso, le Bénin, le Togo et la Sierra Leone (risque moyen élevé) présentent moins de risques. En Afrique du Nord, c’est le Maroc qui offre l’environnement le plus favorable pour les affaires avec un risque «moyen», devant la Tunisie (moyen élevé), l’Algérie, la Mauritanie (risques élevés).
AFRIcan business journal | N°11 | 9
Guinée Conakry
La bataille du fer fait rage Par Bachir Sylla
La polémique qui agite le secteur du fer en Guinée, ces dernières années, a atteint son paroxysme au mois d’avril dernier avec la décision du gouvernement guinéen de retirer les titres miniers et de résilier la convention détenue par le consortium VBG (appartenant à l'entreprise minière brésilienne Vale) sur les gisements de Simandou (Blocs 1 et 2) et de Zogota, dans le sud-est du pays. Cette décision a été tout sauf une surprise, tant les inimitiés entre le président guinéen Alpha Condé et le patron de la BSGR Benny Steinmetz, sont de notoriété publique. Depuis son accession au pouvoir en Guinée, en 2010, Alpha Condé n’a cessé de pourfendre le milliardaire franco-israélien, qu’il accuse à chacune de ses sorties médiatiques sur les mines d’avoir spéculé sur le dos de la Guinée en cédant une bonne partie de sa concession sur le Simandou au groupe brésilien Vale pour deux milliards et demi de dollars US. Pour rétablir la Guinée dans ses droits sur cette transaction, mais pas seulement, le chef de l’Etat guinéen a attendu que son pays se dote laborieusement d’un nouveau Code minier et que le Comité technique de revue des titres et conventions miniers institué pour renforcer la transparence dans la gestion du secteur fasse son travail de toilettage. C’est justement cette structure étatique, appuyée
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par des experts internationaux, qui a recommandé aux autorités guinéennes de sévir contre VBG pour « corruption ». Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux de Benny Steinmetz, qui a aussitôt porté plainte contre Alpha Condé et le gouvernement guinéen auprès du Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi). Rio Tinto aux aguets A peine la décision du gouvernement guinéen contre VBG rendue publique, Rio Tinto a déposé une plainte devant la Cour de district des Etats-Unis pour le district sud de New York, visant Vale SA, Benny Steinmetz, BSG Ressources Limited, BSG Ressources (Guinée), Fréderic Cilins, Michael Noy, Avraham Lev Ran, Mamadie Touré (ex-épouse du défunt président Lansana Conté) et Mahmoud Thiam (ancien ministre guinéen des Mines et de la Géologie), tous accusés d’avoir dé-
possédé le groupe anglo-australien de la moitié de sa concession sur le Simandou obtenue du gouvernement guinéen en 2003. Il était question alors pour Rio Tinto de développer un projet d’exploitation des minerais de fer de la zone dont les réserves sont estimées à cinq milliards de tonnes, soit un peu plus de la moitié des réserves totales du pays (environ 9 milliards de tonnes). A travers sa plainte, Rio Tinto, qui ne détient plus que les blocs 3 et 4 de Simandou, depuis que le gouvernement guinéen a attribué l’autre moitié à BSGR, en 2008, a demandé des dommages et intérêts compensatoires dont la valeur n’a pas été fixée. Le casse-tête du Transguinéen L’autre duel entre le consortium Vale-BSGR et le groupe Rio Tinto concerne le combat pour la réalisation du Transguinéen. En 2011, contre toute attente, le gouvernement guinéen avait retiré le marché de la construction de cette ligne de
chemin de fer devant permettre l’évacuation du minerai de fer du Simandou pour le confier à Rio Tinto. Pourtant, Alpha Condé avait auparavant présidé, aux côtés de l’ancien président brésilien Lula Da Silva, à la cérémonie de pose de la première pierre du projet de construction de la voie ferrée Conakry-Kankan que Vale devait exécuter. Le président guinéen s’était rétracté quelques mois plus tard, s’estimant trahi par ses cadres alors que toutes les études de faisabilité pour ce projet n’étaient pas encore effectuées. Les remparts chinois En 2012, craignant d’être évincée par China International Fund que l’on disait en négociation avancée avec le gouvernement guinéen,
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Les énormes gisements de fer de la Guinée aiguisent l’appétit de grandes multinationales.
Les Guinéens ne voient pas les retombées du fer De manière générale les Guinéens ne sentent pas l'impact de l'exploitation des importantes ressources minières de leur pays. En 2012, les populations de Zogota ont manifesté violemment contre Vale à qui elles exigeaient plus d'emplois pour la main d'œuvre locale. La répression qui s'en est suivie a fait plusieurs victimes. Plus de la moitie des Guinéens vivent sous le seuil de l'extrême pauvreté, manquent cruellement de services socio économiques de base : eau, électricité et infrastructures.
Rio Tinto cède la moitié de son gisement à Aluminium Corporation of China tout en y associant la SFI, la branche financière de la Banque mondiale. Le gouvernement guinéen, à son tour, face à son incapacité de débloquer quelque huit milliards de dollars, représentant sa part dans la construction des
infrastructures, en cède 40% à la société AIOG associée avec China Rail Engineering Corporation et China Railways and Machinery Corporation. Comme quoi, les Chinois constituent de véritables remparts dans la mise en œuvre des projets d’exploitation des mines de fer de Simandou.
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Nigéria
Les coulisses d’une hégémonie
Le 6 avril 2014, le Nigéria est officiellement devenu la première économie en Afrique, devant l’Afrique du Sud, avec un produit intérieur brut de 510 milliards de dollars. Un revirement qui ne doit rien au hasard. Par Elimane Sembene
L’Afrique du Sud qui a longtemps été le géant économique du continent est descendu de son piédestal. La nation arc-en-ciel ne présente plus le meilleur climat économique. Depuis le 6 avril 2014, c’est le Nigéria qui est devenu le nouveau
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maître de Céans. Selon le bureau national des statistiques, le PIB du Nigéria a presque doublé entre 2012 et 2013 pour atteindre les 372 milliards d’euros contre 280 milliards d’euros pour l’Afrique du Sud. Toutefois, Pretoria maintient
son leadership dans le classement du revenu par habitant avec 5470 euros en 2013 contre 1958 euros pour Abuja. « Sur la base du revenu par tête, le Nigeria arrive en 121e position dans le classement mondial », a déclaré la ministre des
L’insécurité, une grosse épine Cependant, tout n’est pas rose. Il existe le revers de la médaille. Chez la première puissance économique, 64% de la population vivent encore avec moins de 1 dollar par jour. Des disparités sociales sont aussi notées entre les différentes couches de la population. Outre ces inégalités, le Nigéria fait face à des menaces sécuritaires notamment orchestrées par les rebelles « Boko Haram » qui sèment la terreur. La persistance de cette menace risque de prendre des proportions négatives dans le risque-pays, et pourrait dissuader les investisseurs. L’autre défi pour les autorités de Lagos, c’est le maintien du taux de fiscalité puisque le taux de collecte des impôts est passé de 26% à 14%, soit une baisse de 12%, alors que la moyenne se situe à 26% en Afrique. Le Nigéria doit donc prendre à bras le corps ces défis pour conserver son rang.
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Finances Ngozi Okonjo-Iweala. Le pays le plus peuplé d’Afrique avec 170 millions d’habitants est devenu la première économie du continent à la faveur d’un changement de calcul statistique. En effet, les Nations Unies recommandent aux Etats de modifier le calcul du PIB tous les cinq ans en tenant compte de l’évolution dans la production et la consommation. Sauf que le Nigéria n’avait pas intégré ce paramètre dans ses calculs, depuis 1990. La réactualisation des chiffres a permis de constater une hausse de 235 milliards de son PIB. Cette hégémonie nigériane était plus ou moins envisagée, au regard du dynamisme économique du premier géant pétrolier du continent. Les services et les télécoms constituent des moteurs de la croissance économique nigériane. Leur part dans le PIB est respectivement estimés à 53% et 9%. A cela, il faut ajouter la bonne santé de l’industrie manufacturière qui contribue à hauteur de 7% dans la richesse nationale.
bénin
comment tirer profit de l’hégémonie du Nigéria?
Avec une population estimée à plus de 150 millions d’habitants, le Nigeria constitue le plus grand marché de consommation en Afrique. Il dispose d’énormes ressources naturelles, en plus de ses importantes ressources minières et énergétiques notamment le pétrole dont la production journalière est de 2 millions de barils. Par Fortuné Sossa
Avec le Bénin (10 millions d’habitants), il partage plus de 700 km de frontières. Mais, malgré les énormes possibilités de production liées à ses dotations naturelles et humaines en facteurs et à ses équipements, le pays n’est pas autosuffisant. De ce fait, les opportunités du marché nigérian pour les produits agricoles, agroalimentaires et ceux animaux originaires du Bénin sont énormes. Sur la base de la moyenne des données de la FAO de 2007 à 2010, la demande nigériane en céréales est estimée à près de 38 millions de tonnes par an et sa demande en racines et tubercules à environ 84 millions de tonnes. Quant à la
demande des ménages en huiles végétales, elle est estimée à plus de 3 millions de tonnes dont 2 millions de tonnes environ en huile de palme. Sa demande en fruits et légumes est d’environ 20 millions de tonnes dont plus d’un million de tonnes d’ananas. Par ailleurs, ses besoins en produits animaux avoisinent 7,6 millions de tonnes. Au regard de ces besoins, le Bénin peut bien s’offrir une place de choix sur ce marché de proximité qui se présente, en plus, comme le plus vaste du continent. Selon le Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES), une dizaine de produits made in Benin sont identifiés
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sur le marché nigérian n’est pas autorisée. Outre cette difficulté, l’enregistrement à la National Agency for Food and Drug Administration and Control (NAFDAC) pour obtenir un certificat qui établit l’innocuité d’un produit à la consommation ou à l’usage décourage les commerçants aussi bien béninois que nigérians à cause des coûts administratifs et techniques que cela implique.
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Les barrières douanières constituent des obstacles pour les commerçants béninois
comme ayant un accès majeur sur le marché nigérian. Il s’agit du maïs, des cossettes d’igname et de manioc, du gari (farine de manioc), de l’huile de palme, des palmistes, de la tomate, de la noix de cajou, des amandes de karité, du bétail, du riz, du piment, du soja, de l’afitin (moutade à base de la graine du néré), du poisson silure et de l’Aulacode. Barrières administratives Le Bénin a d’ailleurs signé un accord avec le Nigeria, suivant le programme de libéralisation économique entamée à l’orée de la décennie 1990, rapporte l’économiste Borgui YERIMA. Mais, cet accord, qui a pour but de réduire significativement les barrières commerciales entre les deux pays, n’est guère traduit dans la pratique. Plusieurs rencontres de très haut niveau ont eu lieu entre les deux Etats à Cotonou comme à
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Abuja pour faciliter davantage les échanges. Cependant, l’accès au marché nigérian demeure contraignant et les contraintes sont plus fortes lorsque les produits empruntent les circuits officiels. Ces contraintes, note l’économiste YERIMA, ont trait à des délais de contrôle longs et des paiements de ''bakchichs'' aussi élevés voire plus que dans les circuits informels, mais aussi aux tracasseries policières et administratives, à l’accès difficile aux informations sur les normes... En effet, vendre un produit du cru sur le marché nigérian exige des certificats qui attestent qu’il est originaire de la CEDEAO. Mais, la plupart des commerçants peinent à obtenir dans les administrations compétentes de leurs pays les certificats d’origine de leurs produits sans lesquels l’entrée officielle
Combattre la fraude fiscale Le troisième obstacle, par contre, est transversal aux circuits officiel et informel. Il est constitué des tracasseries que subissent les commerçants béninois et étrangers sur les routes de la part des forces de sécurité et des agents de contrôle sanitaire des produits du Nigeria. Ces tracasseries sont d’autant plus sévères et coûteuses lorsque le commerçant exportateur ne dispose pas de l’enregistrement NAFDAC et du certificat d’origine. Elles restent fortes même si le commerçant est en possession de tous les documents officiels. Pour que le Bénin profite véritablement de l’hégémonie du Nigeria, il faudra que le Gouvernement fédéral nigérian arrive à mettre fin aux tracasseries policières et douanières qui constituent, en somme, des fraudes fiscales. Il s’agit donc pour le Gouvernement béninois de signer de réels accords commerciaux avec le Nigeria pour faciliter la circulation des produits et des commerçants. Toutefois, en amont, le Gouvernement béninois doit aussi créer les conditions adéquates pour la rentabilité des productions agricoles et animalières au plan national. Car, la production actuelle est largement en deçà de ce que le Nigeria attend du Bénin.
Burundi
Produire, transformer et exporter pour gagner plus
Au lendemain d’une longue crise sociopolitique qui, près de deux décennies durant, a anémié son économie, écartelé le tissu social et appauvri la population, le Burundi tente de se remettre sur les rails du développement. Sa nouvelle stratégie s’articule autour de la diversification et de la transformation des produits d’exportation générateurs de devises. L’agriculture sera le ressort de cette relance économique.
C’est de l’exportation du café, du coton et du thé que le Burundi tire principalement le gros de ses ressources en devises depuis plusieurs années. Mais après près de deux décennies d'un conflit sociopolitique ravageur, ce pays a décidé d’innover pour ne plus dépendre de ces trois produits de rente. Sa nouvelle stratégie consiste désormais à mettre l'accent sur le secteur agricole. Aujourd’hui, sa devise phare se résume en trois mots : produire, transformer et exporter. Cette révolution programmée s’inscrit dans le cadre d’un vaste Plan national d’investissement agricole qui s’étend sur 5 ans (2011-2015). Le pays mise sur une gamme variée de fruits et légumes : mandarines, oranges, mangues, ananas, petites bananes, avocats, fruits de la passion, feuilles de manioc, etc. Autant de fruits et légumes produits au Burundi, très prisés et vendus dans la sous région mais anarchiquement et à vil prix. « Le Rwanda importe du Burundi des fruits de la passion fabrique du jus de Maracuja qu’il revend ensuite au Burundi sous le label Inyange. C’est pourquoi il nous faut ce saut qualitatif qui nous permettrait d’avoir nos propres unités de transformation de tous ces produits »,
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Par Jean Bosco Nzosaba
Le Burundi diversifie sa production pour booster le secteur de l’agriculture
confie sous couvert d’anonymat un cadre de l’Agence burundaise de promotion des investissements API, créée en 2009. C’est aussi cela qui a mis la puce à l’oreille des autorités. « Pour les pays voisins comme la Tanzanie, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, etc. le Burundi est devenu
comme une précieuse source d’approvisionnement en fruits et légumes, ils sont ensuite transformés dans leurs usines pour être revendus au marché burundais et aux à des prix prohibitifs », explique Gilbert Nakuwundi, économiste. En novembre 2013, le ministère burundais de l’Agriculture et de
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Plusieurs unités de transformation En la matière, les particuliers semblent aller plus vite que le Gouvernement. Aujourd’hui, nombre d’opérateurs privés surfent déjà sur cette filière et rivalisent d’initiatives pour créer des unités de transformation. Usine de fabrication du jus de maracuja en province de Kayanza (nord), unité de production d’huile d’avocats en province de Gitega (centre), etc. Des investisseurs chinois viennent également d’installer une usine de transformation des fruits de tomates en province de Cibitoke (70 km à l’ouest de Bujumbura). Mais la pionnière dans le domaine reste FRUITO, une usine de transformation de jus de fruits créée en 1987 et qui rencontre un vif succès depuis quelques années. Ces initiatives sont, par ailleurs, encouragées par certaines dispositions du nouveau Code des Investissements qui offre de réels avantages aux investisseurs locaux ou étrangers, notamment un crédit d’impôt de 37%, une exonération de la TVA (18%), des droits de douanes (25%), etc.
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Filière café du burundi Cela fait déjà cinq ans que le gouvernement burundais a initié un vaste programme de privatisation de la filière café sur recommandation de la Banque Mondiale. Se croyant ''grugés'' et exclus du processus dès le départ, les caféiculteurs se sont alors ligués comme un seul homme pour réclamer une place et des parts dans le patrimoine. Face à ce front des producteurs, l’Etat finit par lâcher du lest. Par Jean Bosco Nzosaba
C’est déjà officiel. D’ici octobre 2014, l’Etat burundais aura clôturé son programme de désengagement/privatisation de la filière café entamé véritablement en 2009. C’est du moins l’esprit d’une feuille de route déjà tracée par la Banque Mondiale. La dernière ligne droite a été entamée en avril dernier avec la mise en place d’une commission chargée de préparer le Dossier d’appel d’offres pour la mise en vente du dernier lot de 77 stations de lavage du café. «Le Gouvernement a déjà cédé 41 stations de lavage de café à deux sociétés étrangères dont la suisse Web Cor, il s’apprête,
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l’élevage a élaboré, grâce à l’appui financier de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO, une stratégie nationale et un plan d’actions de l’horticulture. Dans le but de booster la production des cultures fruitières, des légumes, des fleurs, des champignons, des plantes ornementales et curatives, des condimentaires, des racines et des tubercules. « Le Gouvernement a déjà exprimé le besoin d’une usine de transformation multi-fruits, englobant l'aspect agronomique, le projet est déjà avancé », lance Madame Odette Kayitesi, ministre de l’Agriculture et de l’élevage.
cette fois, à se débarrasser des stations qui restent à vendre pour boucler la boucle», indique sous le couvert de l’anonymat un cadre du ministère en charge de la bonne gouvernance et de la privatisation des entreprises publiques. Mais les producteurs de café sont amers et ne s’en cachent pas. Ils s’estiment oubliés alors que ce sont eux qui supportent à bout de bras cette filière en fournissant la cerise
Difficile privatisation de la cerise de la discorde ! vert. Contre une dizaine de tonnes l’année dernière. «C’est parce qu’il y a une alternance entre la bonne et la mauvaise saison pour le café, mais les choses s’améliorent progressivement», rassure Michel Ntawe, Ingénieur agronome.
La filière café fait vivre plus de 800.000 ménages, soit 60% de la population.
ou principale matière première. Ils ont donc décidé de se battre pour faire entendre leur voix. «Nous ne sommes pas contre ce processus mais nous voulons être consultés à chaque étape, car nous sommes des acteurs clés de la filière» fait remarquer André Ndayongeje, caféiculteur associé de la province de Kayanza, 90 km au nord de Bujumbura. La production attendue cette année est de 21 tonnes de café
Quid de la colère des producteurs Principale source de devises du Burundi, la filière café fait vivre plus de 800.000 ménages, soit plus de 60% de la population. Les caféiculteurs ont donc décidé de peser dans la balance depuis le début du processus afin de préserver leurs intérêts. «Depuis le démarrage de ce processus, las caféiculteurs ont toujours manifesté des réserves», rappelle un cadre de l’Autorité de régulation de la filière café ARFIC. Les producteurs se disent copropriétaires, avec l’Etat burundais, de tout le patrimoine de cette filière. Leur argumentaire est bâti sur deux raisons majeures : depuis la première récolte du café cerise, l’état a toujours prélevé 0.03$ par kilogramme vendu par un producteur sous le signe d’une contribution au remboursement du crédit de la Banque Mondiale qui a permis la construction des stations de lavage qu’on privatise aujourd’hui. Parallèlement, le même producteur devait également payer le même montant
par kilo, en vue de constituer un fonds, destiné à la multiplication des caféiers. «Ces contributions historiques cumulées valent sans doute quelque chose, des actions quoi !», fait remarquer Macaire Ntirandekura, un des leaders des caféiculteurs associés. Le cri des producteurs entendu Après des années de blocage et de méfiance, le gouvernement finit par lâcher du lest et promet de prendre en compte les réclamations des producteurs. «Nous venons d’avoir quelques concessions, notamment le contrôle de 33 stations de lavage sur les 77 qui sont à vendre ainsi qu’un minimum de 30% des actions dans les autres stations de lavage», fait remarquer Joseph Ntirabampa, Président de la Confédération nationale des caféiculteurs, CNAC. C’était à l’issue des négociations avec le ministère en charge de la privatisation des entreprises publiques et le Service chargé des entreprises publiques. Mais cet ultime compromis attend l’aval du Comité Interministériel de privatisation pour être officiel. «Nous pensons qu’il n’y aura pas de rétropédalage car même le Gouvernement a fini par comprendre qu’il n’y a pas moyen d’avancer en laissant de côté les producteurs», conclut le Président de la CNAC.
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perspectives
Par Albert-Baudouin TWIZEYIMANA (Rwanda)
Gaz méthane du lac Kivu
Une source d’énergie aux avantages multiples …
L’électricité atteint très lentement encore les villages rwandais et reste insuffisante pour satisfaire les besoins des industriels et des particuliers en nombre croissant. Ainsi pour le moment, plus de 80% des Rwandais n’y accèdent pas encore, alors que des délestages sont très fréquents. C’est cela qui pousse l’Etat rwandais à multiplier des efforts à fournir l’électricité même en milieu rural. Pour le gouvernement du Rwanda, la meilleure solution se trouverait à 300 mètres de profondeur du lac Kivu qui cache des milliards de mètres cube de gaz méthane.
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perspectives
Le méthane des abysses du Kivu pourrait produire assez d'électricité pour éclairer le Rwanda pendant des centaines d'années. Selon un technicien du ministère des Infrastructures, les réserves de gaz du lac Kivu seraient énormes : 39 milliards de m3 exploitables. Et d’après lui, « le gaz se renouvelle à un rythme de 120 millions de mètres cubes par an, ce qui en fait une ressource pratiquement inépuisable ». Avec l’exploitation du gaz méthane du Kivu, le Rwanda, pays très dépendant énergétiquement, pourra récupérer 100 Mégawatts en vue de doubler la capacité de tout le pays. La flamme du gaz se fait toujours attendre «Si rien ne bloque la première flamme va éclater en septembre 2014», assure Jarmo Gummerus, le directeur national de KivuWatt, tenu par ContourGlobal, une société américaine, à Karongi, province de l’Ouest du Rwanda, frontalier avec la République Démocratique du Congo. Pour les responsables de cette société, au moins 25 MGW seront injectés dans le réseau national d’électricité. Mais les villageois s’impatientent. Pour Anastase Ndibwami de Karongi, l’aboutissement de ce projet tarde. " Il est temps d’acheter de l’électricité moins cher ". Pour lui comme ses voisins, l’urgence n’est pas de diminuer les prix de l’énergie. «Si au moins le gaz méthane stabilisait le tarif du courant, son apport serait incomparable», estime-t-il. A ce jour, 80 % de l'électricité nationale est consommée par la seule capitale Kigali qui n'abrite que
5 % de la population. Le prix de l'énergie demeure beaucoup trop élevé par rapport aux revenus de la population. Actuellement, 1 KW coûte plus de 120 FRW (0,25 dollar) pour les ménages dits clients ordinaires et 105 FRW pour les usines. ContourGlobal a construit une barge qui permettra l'extraction de l'eau dans les couches profondes du lac et le dégazage du gaz, le traitement du gaz, et l'envoi du gaz à la centrale électrique. Cette compagnie américaine a signé une concession de 25 ans avec l’Etat rwandais et EWSA, compagnie publique de production et de distribution d'électricité au Rwanda. D’après la ministre chargée de l’énergie, Emma Françoise Isumbingabo, l’exploitation du gaz methane ne va pas s’arrêter. La deuxième phase visera à récupérer d’autres 75 MGW pour renforcer la capacité énergétique du pays. «Notre objectif est d’avoir suffisamment d’énergie pour augmenter le nombre de ménages qui y ont accès, arriver à baisser les prix d’électricité et diminuer les risques environnementaux», indique-t-elle. Le Rwanda envisage d’atteindre l’objectif de fournir de l’électricité à 70% des ménages du pays en 2017. Ce projet connu sous KivuWatt en plein travaux à Karongi, expérience unique au monde, très onéreuse, est évalué à 200 millions de dollars américains. La banque africaine de développement (BAD) a octroyé un crédit de près de 25 millions de dollars US. Si la production d'électricité est la priorité, ce gaz pourra aussi être valorisé comme carburant dans les transports, comme combustible
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éclairer les foyers rwandais à travers le méthane du Kivu
M. Jarmo Gummerus, Directeur National de KivuWatt
dans l'industrie et enfin comme matière première dans la fabrication de l'urée (pour les engrais), du méthanol... « Distribué par gazoduc ou transporté par camion, précise un technicien du ministères des infrastructures, ce gaz pourra aussi alimenter les cimenteries, les sécheries de thé, les brasseries...». Ainsi, le méthane du lac Kivu pourra combler le déficit énergétique du pays, fournir des combustibles pour les industries et les ménages en remplacement du bois et des produits pétroliers, être utilisé dans la production d’engrais chimiques comme l’urée, la production de carburant pour la propulsion automobile, la production de carbure de calcium afin de remplacer le pétrole lampant pour l’éclairage.
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perspectives
L’Extraction du méthane du Kivu
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les environnementalistes… et les riverains soulagÉS
Les habitants de ces ces agglomérations situées au pourtour du Lac de Kivu qui peuvent profiter du projet
Monsieur Kalinganire Germain, Cinquantenaire, habite Karongi depuis 24 ans. Mais il n’a pas voulu investir dans des projets à long terme dans cette localité. "Depuis des années on nous disait que le gaz pourrait nous exterminer un jour ou l’autre. Mais pour le moment, nous sommes rassurés. On nous dit que l’exploitation du gaz méthane freine la montée des gaz", se réjouit-t-il. Avis partagé par Jarmo Gummerus, représentant de ContourGlobal, une société américaine spécialisée
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dans la construction et la gestion de centrales électriques, directeur national de KivuWatt. Pour lui, l’extraction du gaz méthane du Kivu contribuerait aussi à prévenir des dégâts prévisibles suite à une possible explosion qui peut se produire dans 200 ans. En effet, le lac Kivu, très pauvre en poissons, dégage plus de 10 milliards de mètre cube de gaz carbonique qu’il libère dans l’air au risque de tuer des populations de ces
régions environnantes. Il regorge aussi le gaz méthane, qui, s’il monte de pression, ferait pas mal de dégâts dans la région. L’exploitation du gaz méthane réduirait ces effets et pourrait régénérer les ressources énergétiques durables et de l’énergie renouvelable. Dominé par des volcans, le lac Kivu est l'un des lacs au monde dits "explosifs". Pour un vulcanologue, c’est un lac qui regorge de dioxyde de carbone et de gaz méthane en volume assez important. "Si on extrait le gaz
perspectives
Sauver des forêts Au Rwanda, le bois de chauffage demeure majoritairement la seule source d'énergie de la population rurale et de la plupart des citadins. Le bois et le charbon de bois sont généralement utilisés pour la cuisine, mais aussi pour la fabrication de briques et d'autres fabriques. L'utilisation du bois représente 93 % de la consommation énergétique du pays. Le bois devient une denrée rare et la déforestation se manifeste. De nombreux villageois de l’Est du pays affirment que le manque de bois de chauffe menace de nombreux ménages. "Certains n’arrivent pas à cuire leurs aliments suite au manqué de bois de chauffage alors qu’ils ont des denrées alimentaires", témoigne un responsable local. Pour un agronome de Kigali, si le pays garde ce rythme actuel d'exploitation des ressources en
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Le risque est bien réel. En 1986, le CO2 brutalement libéré par le lac Nyos avait tué par asphyxie plus de 1 700 habitants alentour. Deux ans auparavant, un phénomène semblable avait tué 37 personnes autour du lac Momoun. Une telle catastrophe sur le lac Kivu pourrait tuer jusqu’à deux millions de riverains rwandais et congolais. Pour les chercheurs, il est essentiel d’extraire le gaz du lac, au moins à long terme (…) si on laisse les gaz s’accumuler pendant une longue période, il faudra s’attendre à un moment à une éruption catastrophique de gaz. Les habitants estiment aussi que la plateforme installée sur le lac pour aspirer le méthane piégé dans les profondeurs constitue une sorte de site touristique. Ces installations suscitent l'enthousiasme de la population.
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méthane, cela veut dire que l'on est en train de stabiliser la lac".
Plateforme de la société KivuWatt d'extraction du méthane du lac Kivu
Au Kivu, les premières moissons débutent toujours en septembre accompagnées de chants folkloriques
bois, les réserves s'épuiseront totalement dans peu de temps et les équilibres écologiques et économiques seront gravement bouleversés. "Si rien n'est fait, la déforestation massive s'arrêtera d'elle-même dans les années à venir par manque de parcelles boisées", ajoute-t-il. L'extraction du méthane, source d'énergie renouvelable extrêmement bon marché et pratiquement inépuisable, doit permettre d'aider
à la sauvegarde des richesses naturelles du Rwanda menacées par une surexploitation intensive et incontrôlée. Aujourd'hui, 46 % de l’électricité du Rwanda est d'origine thermique. Ainsi la facture annuelle du carburant importé pour alimenter ces centrales s'élève à 40 millions de dollars. Si le gaz méthane est exploité et commercialisé, les coûts sociaux et environnementaux liés à l’utilisation du bois de chauffe et à d’autres moyens d’éclairage seront réduits.
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perspectives
De nombreux opérateurs économiques hésitent encore à investir au Rwanda. « Le coût de l’énergie n’est pas attrayant », affirme un agent de RDB, Rwanda Development Board. Un industriel est sommé de payer 105 FRW, (0,25 dollar) pour 1 KW. «L’électricité du Rwanda est très budgétivore», clame un responsable d’une usine à thé dans la province de l’Ouest. Cependant, pour cet agent de RDB, «cette pénurie d’électricité offre en soi des opportunités d’investissement». Aujourd'hui, il y a plusieurs avantages à investir au Rwanda dans le domaine de l'énergie surtout dans les énergies nouvelles et renouvelables. Le gouvernement fournit quelques facilités comme l’exonération des équipements et matériels importés (solaire, éolien, microcentrales,...). La demande en énergie très élevée reste aussi une garantie de marché. EWSA, l’entreprise publique de production et distribution d’électricité au Rwanda, a promis à l’entreprise américaine ContourGlobal de racheter l’électricité produite du gaz pendant 25 ans. Aujourd’hui, à l’Ouest du Rwanda surtout à Karongi, la rive du lac Kivu est entourée de grands hôtels. Les investisseurs ne sont pas seulement attirés par cette région touristique, mais aussi par un espoir d’avoir bientôt le courant stable. « Nous avons installé de bons équipements car nous espérons que dans peu de temps ils vont fonctionner avec l’électricité durable », confie un propriétaire d’un hôtel sur la côte du Kivu. Selon le World Economic Forum, le Rwanda est devenu l’un des premiers pays où il est le plus facile de faire des affaires. De plus, en 2010, le Rwanda
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Kigali est en pleine expansion
a inauguré une "zone économique spéciale" à Kigali, pour copier la recette gagnante de certains pays asiatiques et attirer des investissements étrangers. Concilier toutes les sources d’énergies L’expérience de l'exploitation du gaz méthane du Kivu n’est pas récente. Hormis la plateforme en construction à Karongi, dans le Sud Ouest, sur sa rive Nord, près de la localité de Rubavu, un projet-pilote du gouvernement rwandais produit déjà 2MGW d’électricité à partir du méthane lacustre. Une unité d’extraction a été installée par la société israélienne Ludan Engineering. Un gazoduc, à 350 m de profondeur, transporte le gaz jusqu’à la centrale de Rubavu où « le gaz est brûlé au sommet de la centrale et transformé en électricité ». A cela s’ajoutent des barrages hydroélectriques et de lignes d’interconnexion et l’extension de lignes électriques en milieu rural. Le Rwanda dispose d'un potentiel énergétique colossal. D’après
Augustin Hategeka, directeur au sein du projet d’exploitation de l’énergie géothermique, deux sources hydrothermales seront aussi bientôt exploitées au Nord du pays, à Karisimbi et Kinigi. Aujourd’hui, les travaux de construction de la centrale de Nyabihu, au pied de Kalisimbi vont bon train. Pour un technicien, une grande partie des travaux consiste à « forer jusqu’aux sources ». Selon les prévisions, ces sources pourraient fournir plus de 700 MGW. Le gouvernement compte en extraire au moins 300 MGW. Pour assurer un développement durable du secteur Energie, le Rwanda a adopté de nombreuses stratégies dont entre autres, le développement des technologies d’exploitation des énergies nouvelles et renouvelables dans le milieu rural, la promotion des investissements privés dans le secteur Energie, … L’interconnexion du réseau électrique rwandais avec ceux des pays voisins constitue un atout dans la perspective du commerce de l’énergie dans la région.
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Augmenter l’énergie pour attirer des industriels au Rwanda
perspectives
Le courant
qui crée des emplois
Dans les milieux reculés où les villageois ont accès à l’électricité, comme à Gahara et Kirehe à l’Est, frontalier avec le Burundi, on y trouve facilement des comptoirs de vente du lait, des salons de coiffure, des ateliers de soudure, des secrétariats publics, etc. Les agriculteurs s’engagent dans des entrepôts et des petites industries et autres entreprises de transformation de produits agricoles. Grâce à l’électricité, Jules Kayiranga, 26 ans, rentabilise un petit cinéma de quartier à Rwimbogo, à l’Est. Il offre ainsi un divertissement aux jeunes et adultes qui se réunissent devant le petit écran à la fin de la journée. Avant l’électricité, il se servait d’un générateur et dépensait presque 3 dollars par jour pour le carburant. Aujourd’hui, ses dépenses en énergie ont été divisées
Ce projet crée des opportunités d'emploi pour la jeunesse
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A Karongi, Sud Ouest du Rwanda, une plateforme colossale destinée à être installée dans les profondeurs des eaux du lac Kivu pour aspirer le méthane nécessite une intense main- d’œuvre. Au moins 500 employés y proposent leur savoir-faire. Des techniciens bien formés dans divers métiers y gagnent leur pain quotidien. Aux alentours de ce chantier, des petites échoppes se développent pour faciliter la vie les travailleurs de l’entreprise d’installations électriques. Selon un économiste de Kigali, « l'accès à l'électricité transforme la vie quotidienne des foyers, crée des opportunités plus intéressantes et des emplois ».
par cinq et, il gagne environ 10 dollars en diffusant trois films par jour. «Quand le courant passe bien, en plus de créer des emplois, il aide à la génération de revenus, l’industrialisation, l’amélioration des services, le transfert de technologies et le renforcement des capacités», note un économiste de Kigali. Améliorer des services publics La quasi-totalité des bureaux administratifs du Rwanda sont équipés d’ordinateurs, imprimantes et photocopieuses. Quelques demandes de services peuvent désormais être formulées en ligne. De la cellule, entité administrative de base, au district, les téléviseurs sont suspendus sur les murs de salles de conférence. Les villageois de Gahara, eux ont cotisé pour acheter un téléviseur installé sur la
place du marché local. Pour Mme Anastasie Kankwanzi, une habitante du village, ce téléviseur est géré par un comité des habitants. La plupart des réunions des responsables des districts sont dirigées par le ministère de l’Administration locale, MINALOC, via la technologie de vidéo conférence. Tous les bureaux de districts étant équipés de téléviseurs, de cameras et moteurs électriques. Le maire du district de Gakenke, Mr Déo Nzamwita, affirme que « cette méthode est très rentable en matière de gain de temps et d’argent dépensé auparavant dans les frais de mission ». Pour un agent du ministère des Infrastructures, « la gestion informatique des données dévientpossible, l’utilisation de moyens de communication tels que l’internet facilitée ».
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perspectives
Cameroun
Un plan d’urgence pour booster la croissance
Le document élaboré par le ministère de l’économie, avec la participation des organisations du secteur privé opte pour un taux minimum de 6% d’ici à fin 2014. Par Cathy Koum
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Des jeunes camerounais remplissant des formulaires de demande d'emploi
Le 21 avril dernier, le conseil de cabinet présidé parYang Philemon, premier ministre et chef du gouvernement camerounais a adopté un plan d’urgence pour accélérer la croissance économique du pays. Il vise à court terme deux objectifs : le relèvement du taux de croissance de l’économie au dessus de 6 % à partir de 2014 contre 4,8%, déclaré en première intention, et l’accroissement de l’offre d’emplois décents en faveur des jeunes. Pour y parvenir, le gouvernement opte pour l’amélioration du taux d’exécution du budget d’investissement public - BIP - cette année à un niveau supérieur à 90%, l’amélioration du pourcentage des projets matures inscrits dans le budget (100%) et l’accélération du processus de signature et de mise en vigueur des accords de prêts ou de dons. Pour ce qui est de l’amélioration de l’offre d’emploi des jeunes, il est désormais question de mieux veiller à l’application effective des textes sur la sous-traitance dans les grands projets
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en cours de réalisation; promouvoir les approches HIMO – haute intensité de main d’œuvre- et l’utilisation des matériaux locaux ; renforcer la formation professionnelle des jeunes et leur autoemploi. Le gouvernement justifie la nécessité de ce nouvel instrument d’incitation à la croissance par plusieurs raisons : «Au terme des quatre premières années de la mise en oeuvre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, – qui s’étend sur la période 2010-2020, les performances de croissance économique enregistrées au Cameroun restent en-deçà de la moyenne annuelle de 7% du "scénario vision" du DSCE. Par ailleurs, le taux d’investissement de l’économie se situe environ à 20% en 2013, largement en dessous des 25% observés dans la plupart des pays émergents. Bien plus, outre les effets liés aux importations des équipements dans le cadre de la mise en oeuvre des grands projets, le déficit du compte extérieur reste
préoccupant du fait de la sous-performance de la production locale liée à l’insuffisance des capacités d’offre et des mécanismes d’accompagnement au développement du secteur productif. Les performances en matière de mobilisation des recettes internes se situent autour de 17% du PIB, en dessous des réalisations des pays présentant un niveau de développement similaire. De plus, la dépense publique souffre encore d’une insuffisante rationalisation. Fonds complémentaires D’ailleurs, lors de son discours de fin d’année le 31 décembre 2013, le Président de la République Paul Biya relevait que les efforts entrepris dans la mise en œuvre du DSCE ne suffiront pas, à leur rythme actuel, pour faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035. A cet effet, il a décrié la faiblesse du taux d’investissement du fait notamment de la faible exécution du budget d’investissement public, et un climat des affaires ne favorisant pas suffisamment l’investissement privé. Le Plan d’urgence pour l’accélération de la croissance en 2014, qui ambitionne de renverser la tendance sera essentiellement financé sur les ressources du budget 2014 des différentes administrations sectorielles concernées principalement - Finances, PME, Marchés publiques, justice, développement technologique, économie, affaires foncières, commerce…-. Concrètement, le financement du Plan d’urgence prévoit en dehors des ressources déjà répertoriés dans les budgets 2014, l’identification des fonds complémentaires par les différentes administrations concernées à hauteur de près de 260 milliards Fcfa.
perspectives
Matières premières agricoles
Une bourse en gestation au Cameroun
Le cabinet Eleni, en charge de conduire l’étude de faisabilité, en vue de la mise sur pied de la Cameroon Commodities Exchange (CCX),révèle que ce prochain lieu de rencontres commerciales, a le potentiel lui permettant de devenir rapidement le hub commercial de la zone CEMAC. Par C. K.
C’est connu, le Cameroun, est présenté comme le grenier de l’Afrique Centrale avec 70 % d’ échanges agricoles intracommunautaires au sein de la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale (Cemac). Mais cela reste informel. L’étude du cabinet Eleni, en vue de la mise sur pied d’une bourse de valeurs agricoles – Cameroon Commodities exchange- le confirme. Les premières enquêtes de terrain conduites par les membres de cette structure dans quatre régions du Cameroun (Centre, Ouest, Nord-Ouest et Sud-Ouest) révèlent «une présence importante de commerçants nigérians, gabonais et tchadiens, venus se ravitailler» dans les marchés camerounais, même les plus reculés. Cela reste des discussions de gré à gré qui ne favorisent pas forcément les deux parties. D’où l’urgence d’un cadre formel, comme la bourse des matières premières agricoles. Ainsi, en février dernier, le ministre du Commerce camerounais, Luc Magloire Mbarga Atangana et le directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), Jean-Marc Anga, ont signé un protocole d’accord en vue de la réalisation d’une étude de faisabilité. L’ICCO a choisi le cabinet de consultance Eleni LLC pour identifier les produits à négocier en
bourse, évaluer les capacités d’entreposage du pays, les équipements et les infrastructures de télécommunications nécessaires à l’implantation de la Cameroon Commodities Exchange – CCX-. Un an pour l’opérationnalité Résultats : les produits jusque là répertoriés par la structure pour la mise en route du projet sont le riz, le maïs, le sorgho, le haricot, le manioc, l’huile de palme, le cacao et le café. Le cabinet Eleni note que leurs volumes de production demeurent très faibles. Toutefois, les quantités actuellement commercialisées horsmis les besoins en consommation oscillent entre 85% (cacao, café) et 35% (maïs, haricot, sorgho, etc.). Le rapport des études préliminaires présenté au gouvernement camerounais le 9 avril par le cabinet Eleni révèle aussi l’existence de bien des difficultés dans le circuit commercial actuel. En l’occurrence, le mauvais état des routes dans les zones de production, ce qui augmente les coûts des transports et rend difficile l’accès au marché ; la méfiance mutuelle entre vendeurs et acheteurs; l’absence totale d’informations sur les prix du marché et des entrepôts de stockage ; la restriction des options de vente, qui impose aux producteurs de vendre généralement au premier acheteur rencontré…
Mais, malgré ces contraintes relevées dans le circuit de commercialisation des produits agricoles, tout comme les limites structurelles du Cameroun en matière d’infrastructures technologiques de pointe, le cabinet Eleni reste optimiste «le projet de la CCX est faisable». Arguments : «Avec des contraintes plus importantes que celles qu’on observe au Cameroun, nous avons réussi à lancer une bourse des matières premières agricoles en Ethiopie. Je peux vous dire qu’il y a des bailleurs de fonds qui se sont bien marrés quand ils ont appris que l’Ethiopie envisageait de créer une bourse agricole. Nous avons cru en notre projet et nous y sommes arrivés», confie Eleni Gabre-Madhine, PDG du cabinet. La fondatrice de la bourse des matières premières d’Addis-Abeba, soutient, par ailleurs, que la Cameroon Commodities Exchange peut être opérationnelle un an seulement après le bouclage de l’étude de faisabilité. Elle conclut: «En Ethiopie, nous l’avons fait en dixhuit mois. Avec l’expérience dont nous disposons déjà, nous pensons que nous pouvons mettre en place la Cameroon Commodities Exchange en douze mois».
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perspectives
5e édition
Les Bâtisseurs de l’Economie africaine
L’ Afrique récompense ses champions Plein succès pour la cinquième édition des Awards de l’économie « Les Bâtisseurs de l’Economie Africaine ». Le 30 avril à Abidjan, des hommes et des femmes issus des différentes régions du continent, vingt huit au total dont sept femmes, ont été primés pour leurs initiatives, leurs investissements, leurs engagements et leurs compétences professionnelles extraordinaires. Par Merheb Carmen Soraya
Objectifs de ce plateau de consécration, valoriser et célébrer les talents du continent qui œuvrent pour son développement économique. Ce coup de projecteur sur ces hommes et ces femmes qui incarnent les valeurs de travail, d’excellence et de modèle infirme la thèse de l’Afrique incapable et les clichés réducteurs collés au continent qui occultent l’autre face de l’Afrique, certainement la plus belle. Venance Konan, Directeur Général du groupe Fraternité Matin, Président de la cérémonie, l’a si bien relevé « ceux que nous célébrons aujourd’hui, portent témoignage de ce dynamisme entrepreneurial Africain et ses multiples succès souvent peu médiatisés. Il nous appartient à nous, médias publics comme privés d’Afrique de valoriser davantage ces modèles de réussite. » Pour lui, cette rencontre du mérite « au-delà du cérémoniale des récompenses solennelles est
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utile car elle réinstaure l’excellence au cœur du récit Africain » Critères de sélection L’idée de célébrer l’excellence économique est née d’une discussion anodine entre deux amis dont le promoteur Russel Lohore, journaliste. C’était en 2003 à Abidjan, alors que la Côte d’Ivoire était en pleine crise militaro politique. Il exprimait le désir ardent de donner toute sa place à l’économie afin que se taisent les bruits de bottes et les querelles politiques. Car disait – il « c’est l’économie qui fait une nation ». Convaincu de son idée, il conceptualise l’initiative et la concrétise en 2006. Premier grand succès. « Les Bâtisseurs de l’Economie Ivoirienne » est lancé. Le plateau grandit, gagne en crédibilité puis prends une envergure continentale en 2009 avec comme intitulé « les Bâtisseurs de l’Economie Africaine ».
Quels critères guident le choix des lauréats ? Trois niveaux. Il faut être Africain, vivre sur le continent ou ailleurs ; être non africain et avoir des investissements conséquents au bénéfice de l’Afrique ; le 3ème niveau se subdivise en trois items. Etre entrepreneur, avoir une stature internationale et avoir des états de service indiscutables. Russel LOHORE, passionné d’économie et d’excellence ambitionne de positionner ce prix au rang du plus prestigieux en Afrique. La marche des Bâtisseurs de l’économie Africaine se poursuit avec les deux prochaines éditions déjà programmées, celle de 2015 à Abidjan et celle de 2016 qui s’ouvrira au monde, à Beijing. « Les Bâtisseurs de l’Economie Africaine », avec ses pas, trace les contours d’un tableau aux couleurs chaudes des Afriques fortes et douces reflétant pour la jeunesse espoir, exemplarité et engagement.
perspectives
Entretien
un des lauréat
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Diomande Moussa Elias Farakhan « Nous devons réconcilier le Business avec nos valeurs » Diomande Moussa Elias Farakhan, est selon les chiffres, le seul Africains noir à avoir installé une filiale de son entreprise en Irak et au Kurdistan. Une initiative qui montre l’audace de l’homme et les compétences des Africains. Malgré l’environnement hostile de la région, il y gagne des parts de marché. Son entreprise GLS évolue dans le catering et la restauration collective. Elle est présente dans huit autres pays européens et africains dont la France, la Grande Bretagne, le Ghana pour ne citer que ceux là. Ses sites d’opération sont les mines, les plates formes pétrolières, les hôpitaux et les grands chantiers. Des domaines à hauts risques financiers et professionnels où l’on trouve très peu d’entreprises africaines. Cette PME qu’il dirige a déjà été lauréate à quatre reprises du prix ivoirien de la qualité. Monsieur Diomande est Chevalier et Officier dans l’ordre du mérite Ivoirien. Rencontre avec ce lauréat très alerte. Mr. Diomande vous êtes un des lauréats de la 5e édition des Awards de l’Economie africaine. Comment accueillez-vous ce prix? Très content de recevoir ce prix, en tout cas je ne vais pas bouder mon
plaisir. Mais au-delà de ces aspects, ce prix nous interpelle, nous met en mission. Il s’agit de faire mieux qu’avant, et surtout donner du contenu à nos offres, de produire durablement et régulièrement du contenu.
Qu'est ce qui fait la force de votre entreprise? Oui, il existe une méthode de travail, après on croit en notre affaire. Ce qui est important à comprendre, c’est comment faire la différence. Il
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perspectives En tant que Président de l'Association Ivoirienne des Entreprises Privées (AIEP), quelle analyse faites vous des capacités des entreprises Africaines? Ce n’est pas une question de capacité. Il nous faut du leadership qui va s’exprimer comme un levier de réputation, et grâce à un apport de contenu spécifique pour construire une démarche. Les entreprises font face, de plus en plus, à des clients d’un genre nouveau. La prise de contact entre un client et un service après vente (SAV) repose sur des robots. Ce qui impacte la formation de nos jeunes, d’où la naissance de nouveaux métiers : responsable expérience clients, community manager, etc. L’interaction entre marque et client est permanente. Les consommateurs sont capables d’entamer le dialogue avec la marque via Twitter, une tablette et conclure le deal via un chat.
Vous êtes un fervent militant et défenseur des valeurs africaines. Dans cet environnement en perpétuelle évolution et très concurrentiel, ce retour aux sources estil possible? Nous pensons que nous devons réconcilier le Business avec nos valeurs, faute de quoi nous allons verser de façon ridicule dans l’aliénation mentale et culturelle. La Chine, la Corée, Singapour ont réussi cela. Nos enfants doivent être fiers de ce qu’ils sont et ne pas avoir de complexe. Quand vous regardez la charte du ‘‘Mendes KuruKanfuga’’ et le Sankofa ou même l’Ubuntu, tout y est. L’entreprise doit se frayer un chemin au beau milieu des changements multiples que nous observons. Tout va vite. Il faut penser autrement en commençant à penser par nous-mêmes. Il faudrait à notre ère que le monde affiche un profil moins déshumanisant au-delà de toute idéologie.
s’agit de décrypter les tendances, de voir comment les influencer et ensuite montrer le chemin que 95% des autres acteurs du marché n’ont pas identifié comme étant possible. Cela exige que nous sortions de notre zone de confort pour revendiquer notre place. Et c’est ce que nous faisons chaque jour. Comment comptez-vous maintenir la barre ? Mais par le travail bien sûr ! À un moment ou à un autre, il faut réinventer notre métier pour faire face aux enjeux du web 3.0. Nous avons des modèles économiques nouveaux, des choses à comprendre si nous voulons rester compétitifs. Aujourd’hui, on ne travaille plus sur la base d’expérience à posteriori mais sur l’instantanéité. Cela change le modèle des offres de nos entreprises.
Propos recueillis par M.C.S
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Autres lauréats
• Sir Samuel Esson Jonah, président de Jonah Capital surnommé « le pape africain des mines » (Ghana) • Pierre Goudiaby Atépa, l’architecte de la renaissance africaine (Sénégal) • Issad Rebrab, le n°1 africain de l’agroalimentaire (Algérie) • Rosa Whiteker (Etats-Unis) PDG Fondation Whiteker, initiatrice de l’african growth opportunity act (AGOA) • Khadidja Belhadi (Algérie) PDG d’Edecar, une des africaines les plus influentes dans le monde • Swaady Martin Leke (Côte d'Ivoire) précurseur de du luxe authentique « made in Africa ». Elle figure parmi les femmes les plus influentes d’Afrique selon le classement Forbes 2013.
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perspectives
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le grand entretien
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le grand entretien
Carlos Lopes
Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA)
"L’ Afrique est en passe de devenir le nouveau pôle de la croissance économique mondiale" Dans cet entretien accordé à African Business Journal, Carlos Lopes revient sur le dernier rapport de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique qui privilégie une industrialisation du continent à travers les produits de base, la place actuelle de l’Afrique dans le processus de la mondialisation, ainsi que sur les perspectives économiques qui se dessinent. Réalisé par Elimane Sembène
Vous avez occupé de mars 2007 à août 2012, les postes de Directeur général de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) à Genève et de Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin. Quelles sont les tendances lourdes en matière de recherche en sciences sociales et économiques à même d’enrichir le débat en Afrique aujourd’hui? La principale question en matière de recherche économique reste à savoir comment les pays africains peuvent promouvoir le type d’industrialisation susceptible d’induire la création des emplois dont on a tant besoin, d’accroitre les revenus et d’accélérer la transformation structurelle. Plusieurs préoccupations s’avèrent donc essentielles à cet égard: la technologie et l’innovation au service de la compétitivité, la productivité agricole, le développement des infrastructures, le changement climatique et
la planification cohérente du développement et des politiques macroéconomiques favorables à la croissance. Avec la financiarisation de l’économie mondiale et la percée fulgurante des innovations technologiques, on assiste à une sorte de second plan d’ajustement structurel qui ne dit pas son nom. Ne pensez-vous pas que l’Afrique a davantage besoin de transformations structurelles que de mise à niveau? Il est vrai qu’au moment où les pays africains déploient des efforts pour s’insérer dans les segments supérieurs des chaînes de valeur mondiales, l’évolution rapide de la technologie industrielle repousse les limites de ces segments, les mettant de plus en plus hors de portée. D’autre part, le passage des richesses et des profits des secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services traditionnels aux services
financiers est en train de modifier le paysage économique mondial. L’hégémonie financière est loin d’être nouvelle dans l’histoire du capitalisme, mais l’inquiétante augmentation du volume de la dette et le détournement des ressources vers des investissements spéculatifs alimentés par la financiarisation actuelle ont accru la fragilité de l’économie mondiale sur toute la ligne. Les incidences de la financiarisation sur les pays en développement sont potentiellement catastrophiques. Même dans les pays qui n’ont pas procédé à une libéralisation à outrance de leur secteur financier, telle que recommandée par les plans d’ajustement structurels prônés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, et qui ont continué de mettre en œuvre une politique prudente de gestion de ce secteur ont été ressenti les effets des flux de capitaux internationaux. Par conséquent, ma réponse à votre question est que, plutôt que de nous détour-
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le grand entretien
" L’ essentiel de la transformation économique et sociale en Afrique dépendra de la jeunesse. Comparativement aux autres continents, les jeunes en Afrique sont désavantagés aux plans du revenu, de l’éducation et de la santé, qui sont les trois composantes du développement des ressources humaines."
ner de l’objectif de transformation structurelle, les impacts de la financiarisation plaident en faveur d’un regain d’intérêt en Afrique pour la création d’emplois et la croissance inclusive. Cela dit, il n’est pas possible de retourner aux programmes d’ajustement structurel en Afrique. Comment les pays africains peuvent-ils mettre à profit les mutations géopolitiques actuelles qui bouleversent les rapports de force? L’Afrique regorge de ressources naturelles qui sont cruciales pour son propre développement ainsi que celui de l’économie mondiale. Toutefois, en raison de l’insuffisance des capitaux et du manque d’investissement, du caractère limité de la valeur ajoutée, du sous-développement des industries, de l’inefficacité des infrastructures commerciales et de marché, de la limitation du développement technologique et de son accès, ainsi que des conflits, les possibilités offertes par ces ressources n’ont pas été mises à profit. À cela s’ajoutent d’autres facteurs mondiaux de changement tels que la croissance démographique, le changement climatique, la dégradation de l’environnement, la géopolitique et les systèmes de gouvernance qui créent des possibilités mais font également peser des
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menaces sur les avantages de l’Afrique. Le passage en revue de trois secteurs, à savoir l’énergie, l’eau et l’agriculture, nous permettra de mieux illustrer comment l’Afrique tire profit des transformations géopolitiques. En quoi les enseignements des pères fondateurs du panafricanisme peuvent-ils servir de leviers pour aborder ce reclassement géostratégique du continent? Le panafricanisme est un mouvement de libération visant l’émancipation politique et économique du continent africain. Quoique porté sur les fronts baptismaux dans la Diaspora au début du XXe siècle par de grandes figures comme Marcus Garvey et W.E.B. Du Bois, le mouvement n’a pas tardé à devenir le porte-flambeau de la lutte de l’Afrique pour la liberté politique et l’affranchissement de la domination coloniale, sous la houlette des plus éminents nationalistes comme membres actifs. Au plan économique, le panafricanisme s’est traduit par plusieurs grandes initiatives économiques de portée continentale, telles que le Plan d’action de Lagos (1980), l’Acte final de Lagos (1981), le Traité d’Abuja (1991) instituant la Communauté économique africaine, le document-cadre du NEPAD, et les discussions en
cours sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. De nos jours, l’Union africaine représente au mieux nos aspirations panafricaines collectives. Les communautés économiques régionales (CER) sont des composantes majeures de la nouvelle architecture panafricaine. L’importance géostratégique mondiale de l’Afrique au XXIe siècle tient au fait que le continent est en passe de devenir le nouveau pôle de la croissance économique mondiale, ce que certaines personnes qualifient de nouvelle frontière du développement dans le monde. Avec une population jeune, bien partie pour constituer près de 25% de la maind’œuvre mondiale d’ici 2020, près de 60% des terres arables et peutêtre le plus grand stock de ressources naturelles au monde, l’Afrique est naturellement le continent à battre au cours du XXIe siècle. Mais les perspectives de l’Afrique offrent des possibilités et présentent également des risques. Possibilités, en termes de chance d’amorcer un décollage économique pour rattraper le reste du monde; et des risques, quand on pense aux luttes pour le contrôle des ressources naturelles du continent, qui peuvent avoir de lourdes conséquences pour l’avenir du continent. Les leçons du panafricanisme sont de trois ordres: premièrement, le continent doit se doter d’une feuille de route claire et
le grand entretien d’un plan stratégique comme celui faisant actuellement l’objet de discussions dans le cadre du processus de l’Agenda 2063 qui porte sur la façon et les moyens par lesquels le continent voudrait opérer sa transformation. Deuxièmement, un marché élargi grâce à l’intégration économique régionale est essentiel à la prospérité économique de l’Afrique. Les marchés nationaux sont trop étroits et fragmentés pour stimuler la production et le développement industriels. Troisièmement, un leadership transformateur serait un facteur déterminant dans la façon dont les pays africains exploitent collectivement leurs ressources humaines et matérielles au service du programme de développement du continent.
Bien au contraire, je crois être l’un des plus ardents défenseurs de la nécessité de l’agro-industrie. Il ne devrait avoir aucune contradiction, étant donné que l’agro-industrie fait appel à une gamme d’activités et de méthodes qui entrent dans le cadre de la production alimentaire moderne. Il s’agit de l’agriculture, de la fourniture de semences, de produits agrochimiques, de machines agricoles, de la vente en gros et de la distribution des produits, de la commercialisation, de la vente au détail, sans oublier la transformation. Par définition, l’agro-industrie comprend les activités qui ajoutent de la valeur, en termes de forme, de temps et de portée, aux produits agricoles de base pour satisfaire aux exigences et aux préférences des consommateurs. En effet, cela s’inscrit exactement dans le droit-fil du thème de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), à savoir
Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA)
© Photo D.R
Certains aujourd’hui voudraient privilégier l’agro-business, tandis que vous semblez donner la priorité à l’industrialisation; quels sont les arguments qui fondent votre choix?
l’industrialisation fondée sur les produits de base qui favorise la transformation des matières premières, dont les produits agricoles, en produits finis, permettant de conserver la valeur ajoutée dans les économies africaines au lieu de, littéralement, exporter des emplois hors de l’Afrique. En fait, l’agro-industrie renvoie souvent à la production alimentaire industrielle qui, généralement, implique des opérations à grande échelle, des technologies complexes, des liens verticaux et horizontaux intensifs, et l’utilisation intensive de capitaux, ce qui signifie plus de recours à des principes commerciaux dans la façon dont l’agriculture est exploitée. Je crois qu’une agro-industrie florissante est une condition sine qua non pour industrialiser l’agriculture en Afrique. La production du secteur agricole pouvant varier énormément en qualité, en prix et en spécifications techniques, la promotion de la création de la valeur ajoutée par la transformation des produits agricoles requiert
une hiérarchisation des priorités et le développement de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement ou de valeur en prenant en compte tous les secteurs d’activité, notamment l’agro-industrie, qui requiert normalement un appui à différents niveaux (en aval comme en amont), des exploitations agricoles aux étalages de vente au détail. Cela, est-il nécessaire de le souligner encore une fois, renforce la notion de complémentarité plutôt que de contradiction entre l’agro-industrie et l’industrialisation. Quand vous observez la façon dont l’Afrique s’insère dans les nouvelles chaînes de valeurs, pensez-vous qu’elle puisse devenir, après la Chine, la nouvelle usine-atelier du monde? Les récentes délocalisations chinoises en Éthiopie dans l’industrie du cuir notamment peuvent-elles à cet égard constituer une tendance lourde ou sont-elles simplement anecdotiques?
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le grand entretien Il est en effet très encourageant de voir les changements qui surviennent, avec de plus en plus d’entreprises mondiales qui relocalisent leur production vers des pays comme l’Éthiopie qui offrent une main d’œuvre bon marché par rapport à la Chine, au Bangladesh, au Viet Nam, au Sri Lanka ou au Cambodge. Cette pratique en question s’inscrit dans une tendance mondiale: en effet les multinationales qui recherchent un avantage compétitif délocalisent leurs bases de production vers d’autres pays à « faibles coûts » pour produire au coût le plus bas possible et exporter vers des marchés lucratifs environnants tels que les États-Unis, l’Union européenne et le Moyen-Orient par rapport auxquels l’Éthiopie est vraiment très bien située, pour assurer l’approvisionnement, étant donné son avantage comparatif bien établi dans un certain nombre d’industries à forte intensité de main-d’œuvre, telles que le cuir et les fleurs coupées, qui sont des activités d’exportation à forte croissance présentant d’énormes possibilités pour l’investissement privé. L’Éthiopie a bien appris et mis à profit le modèle de l’agroindustrie pour développer des industries orientées vers l’exportation de produits sensibles au facteur temps, comme les fleurs coupées. Elle devrait s’appuyer sur cette expérience et aller encore plus de l’avant en faisant une utilisation plus intensive de son immense réserve de terres agricoles. Les récentes délocalisations chinoises en Éthiopie dans l’industrie du cuir ne sont pas certainement un cas isolé, car au-delà de ce secteur tirant avantage du faible coût de production, plusieurs autres entreprises mondiales telles que Hennes & Mauritz (H&M), IKEA, Unilever, sont toutes sur le point d’emboîter sous
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Bio express Carlos Lopes a rejoint l’ONU en 1998. Il a occupé de mars 2007 à août 2012, les postes de Directeur général de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) à Genève et de Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin. Il est depuis septembre 2012 le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Economiste spécialisé dans le développement et la planification, il a publié une vingtaine de livres et enseigné dans de nombreuses universités, notamment au Brésil.
peu le pas aux pionniers comme le groupe Huajian pour monter des usines en Éthiopie. Exploitant une superficie de seulement 318 hectares à proximité d’AddisAbeba, ce projet prévoit des installations pour la production de chaussures et une industrie légère réalisant de fortes économies, des installations commerciales et la construction d’un quartier résidentiel censé accueillir plus de 50 000 familles, tout en générant des recettes d’exportation de 44 milliards de dollars des ÉtatsUnis. Dans la même veine, des leaders de la distribution tels que Wal-Mart, Tesco et Primark, le géant irlandais de la mode à petits prix, produisent également des vêtements en Éthiopie ou en font venir. Comme la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, la Nouvelle-Angleterre au XIXe siècle, puis la Corée du Sud au XXe siècle, l’Éthiopie est également bien partie pour avoir sa « phase T-shirt », c’est-à-dire une période économique où un nombre important des paysans pauvres, plutôt que de s’éreinter sur des terres improductives, acceptent des conditions de travail difficiles et de bas salaires dans l’industrie textile et les fabriques de vêtements. Cela dit, il faudra vraiment
beaucoup de temps et d’effort, de pragmatisme et de leadership pour que l’Afrique tire parti des coûts de la main-d’œuvre et des ressources abondantes, de l’accès à un certain nombre de marchés lucratifs en franchise et hors contingent. Quelles sont, d’après vous, les actions urgentes et importantes qui permettraient aux économies africaines d’engranger rapidement des gains de compétitivité substantiels? Il n’existe pas de solution « taille unique », ni de solution miracle pour assurer à l’Afrique un niveau de compétitivité mondiale. En effet, nous ne devrions pas perdre de vue que le gain de compétitivité est un processus progressif et cumulatif, qui ne se réalise pas du jour au lendemain. Il nécessite un investissement continu dans les technologies, la recherche-développement et les compétences, entre autres. Par ailleurs, quoique cela déborde un peu du cadre de la question, les retombées d’une telle compétitivité devraient être bien intégrées dans les plans nationaux de croissance verte et de transformation de façon à assurer l’inclusion et la durabilité.
le grand entretien Croyez-vous que chaque pays devrait faire tout ce qu’il peut, ou plutôt que l’on devrait opter pour une approche en termes de pôles de compétitivité dans des zones géographiques homogènes? L’Afrique est un continent vaste et diversifié, qui compte désormais 54 pays, d’où la nécessité d’élaborer des mesures adaptées à chaque pays et à chaque contexte de façon à saisir les occasions offertes à chaque pays ou sous-région du continent en fonction de son avantage comparatif et des complémentarités dont on peut tirer parti. Dans ce contexte, il existe déjà un grand nombre d’initiatives visant à coordonner et à mutualiser les efforts à tous les niveaux afin de maximiser les avantages de la spécialisation et de la diversification et de rendre l’Afrique compétitive dans un monde de plus en plus ouvert et confronté à une pénurie de ressources naturelles. La spécialisation et la diversification restent deux des trajectoires clefs de transformation que nos supports de connaissances ont prescrites, qui, naturellement, conduiraient à ce résultat de transformation. Elles aideraient les pays à mieux allouer leurs ressources limitées pour transformer leurs domaines respectifs d’avantage comparatif en des avantages comparatifs clairement établis, qui produiraient des résultats des plus spectaculaires avec un minimum de moyens, améliorant ainsi la condition de toutes les parties intervenant de façon générale. Toutefois, cela ne suffirait pas si les gouvernements africains et la classe émergente d’industriels africains ne parviennent pas à mettre en œuvre les priorités de politique industrielle qui conduisent à la création de pôles de compétitivité régionaux industriels intégrés et de croissance pour pleinement tirer avantage des plusieurs billions de marchés
" L’ Afrique offre des possibilités en termes d'opportunité pour amorcer un décollage économique et rattraper le reste du monde. Mais elles présentent également des risques quand on pense aux luttes pour le contrôle des ressources naturelles du continent. " intérieurs de consommateurs dormants et non encore exploités. Le message clef que je voudrais communiquer est qu’il existe un créneau que tout investisseur peut venir occuper et investir, produire et ajouter de la valeur au niveau local parce que le continent et même, est-il besoin de le dire, chaque pays est un milieu où abonde quelque chose de stratégique pour les chaînes d’approvisionnement mondiales. En bref, il n’est pas nécessaire d’adopter une approche schématique pour souligner que les gouvernements et les entrepreneurs africains ont besoin
d’être pragmatiques et de juste apprendre à leur dépens à faire ce qu’il faut tout en faisant du bien aux communautés locales. L’emploi des jeunes en Afrique constitue un véritable défi pour nos gouvernants. Quelles pistes envisagez-vous pour « fabriquer » en quantité suffisante ces emplois dont nos jeunes ont besoin? Alors que le continent est en pleine transformation sur le plan du développement, il est également confronté au défi consistant à créer des emplois et des possibilités d’emploi pour ses jeunes, dont le nombre s’accroît rapidement. Les pays peuvent suivre plusieurs pistes pour remédier à cette situation paradoxale.Tout d’abord, il importe que les pays considèrent les jeunes comme un atout, et non une contrainte, pour le développement. L’essentiel de la transformation économique et sociale en Afrique dépendra de la jeunesse. Comparativement aux autres continents, les jeunes en Afrique sont désavantagés aux plans du revenu, de l’éducation et de la santé, qui sont les trois composantes du développement des ressources humaines. Les pays doivent investir dans ces trois domaines afin de maximiser la contribution des jeunes au développement et à la croissance économique. En ce qui concerne le revenu, il est essentiel que les pays luttent contre la pauvreté chez les jeunes, en leur offrant un travail décent et en éliminant les obstacles existant sur le marché du travail pour qu’ils puissent faire des affaires aussi bien dans l’économie formelle que dans l’économie non structurée. Nous devons renforcer les capacités de nos jeunes et les préparer comme il se doit pour répondre aux besoins émergents du marché du travail, en particulier dans le secteur industriel.
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En Afrique, chaque année, de nombreux fruits et légumes périssent dans les champs agricoles ou dans les lieux de stockage. Ce scénario est quasiment identique au lendemain des récoltes. Un véritable drame pour les paysans qui voient ainsi leurs nombreux efforts réduits à néant. Paradoxe : de grandes multinationales européennes et américaines accostent dans nos ports, récupèrent ces produits, les amènent chez eux pour les transformer avant de revenir nous les revendre à des prix souvent exorbitants. Devant ce spectacle désolant, la transformation agroalimentaire apparait plus Réalisé par Elimane Sembène
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les en de la trans en afr
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actualité
que jamais comme un impératif. En transformant ces produits, nos agriculteurs diveraffrontements post-électoraux meurtriers (3.000 morts) entre 2010 et 2012, la Côte d'Ivoire sous le sifient leur production et s’ouvrent de nouveaux marchés, notamment à l’export. Une nationale, avec l’ambition de devenir une économie qui émerge à l’horizon 2020. Retour sur 60 ans condition sine qua non pour satisfaire les goûts d’une population urbaine galopante (2 que ivoirien", la crise du modèle économique (Capitalisme d’Etat) dans les années 80 et 90, sur la crise africains sur 5 sont des citadins) dont les 3/4 ne consomment que des produits transrités gouvernementales ivoiriennes, le Plan National de Développement 2012-2015. formés. Ce focus met en lumière les nombreuses opportunités existantes en la matière, notamment pour le cacao et le karité. D’énormes potentialités à exploiter pour réussir efficacement, une croissance en profondeur, avec comme locomotive : les PME.
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Dossier réalisé par Mohamadou SY "Siré"
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FOCUS
Ressources naturelles
Le paradoxe africain
L’Afrique cultive le paradoxe. Malgré son fort potentiel en ressources naturelles, le continent peine encore à s’extirper de la précarité. Un contraste qui découle de plusieurs facteurs.
Extraction à ciel ouvert de minerai de fer
Le sous-sol africain est béni par la nature. Il regorge de plusieurs ressources aussi précieuses que variées. Cette richesse permet à l’Afrique de détenir des parts importantes dans les réserves naturelles du monde. Le continent détient 42% des réserves mondiales d’or, entre 80 et 90% des réserves mondiales de métaux notamment le chrome et la platine, 6 à 8% du charbon et du cuivre, environ 12% des réserves mondiales de pétrole, et près de 20% des réserves utilisables d’uranium. Dans le champ agricole mondial, il y détient aussi
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des parcelles très significatives, avec près de 60% des terres arables, et une population agricole estimée à 530 millions actuellement et qui, selon les prévisions, devrait atteindre la barre des 580 millions en 2020. L’agriculture constitue une niche d’opportunités pour beaucoup d’africains, 48% de la population en dépendent, dont 70% en Afrique de l’Est. Un sous-sol riche, des populations pauvres En dépit de ces innombrables richesses naturelles, l’Afrique baigne
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Par E.S.
toujours dans la précarité. L’insécurité alimentaire y demeure encore une triste réalité. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation, la famine touche en 2013 840 millions de personnes dans le monde, dont 21% en Afrique subsaharienne (223 millions), soit un africain sur cinq. C’est le pourcentage le plus élevé du monde ! Les femmes et les enfants sont les couches les plus vulnérables. « L’insécurité alimentaire frappe davantage les jeunes enfants et leurs mères : au sein même des familles, - les aliments les plus riches étant parfois réservés pour les hommes -, les jeunes enfants ainsi que les femmes enceintes et allaitantes sont plus sensibles aux carences alimentaires. La malnutrition infantile, peut affecter durablement les capacités intellectuelles et physiques et hypothéquer l’avenir de franges entières de la population. Entre 7 et 16 % des redoublements à l’école sont liés à la malnutrition », un récent rapport du NEPAD sur les « Agricultures africaines ». Bien évidemment, c’est le monde rural qui en pâtit le plus. « L’insécurité alimentaire est plus élevée en milieu rural qu’en ville parce que souvent ceux qui produisent des aliments le font en quantité insuffisante pour nourrir leur famille, faute d’accès adéquat aux moyens de production (terre, engrais, outils) et parce que les ruraux sont plus pauvres et qu’ils peinent à ache-
Exploitation étagée d'un gisement de minerai de fer
ter la nourriture qui leur manque », indique le rapport. Toutefois, la courbe semble évoluer, ce phénomène qui était souvent seulement circonscrit en milieu rural, affecte de plus en plus les citadins, « cela découle mécaniquement du nombre grandissant d’urbains, dont une grande part a fui la pauvreté rurale. Mais cela tient aussi à la précarité des conditions de vie et d’emploi, ainsi qu’à des liens de solidarité familiaux ou de voisinage moins solides en milieu urbain ». L’équation de l’urbanisation L’Afrique connait une urbanisation galopante. Les grandes métropoles reçoivent d’importants flux de personnes en provenance de la campagne. Les statistiques traduisent cette réalité. Deux africains sur cinq résident en ville. Le pourcentage le plus élevé est noté en Afrique de l’Ouest, où près de 45% de citadins. Une tendance qui devrait s’accroître au cours des prochaines années. Cette forte densité urbaine constitue un défi majeur, surtout en matière de consommation. Les habitudes
alimentaires des citadins rendent encore plus complexe cette équation. Le "Consommer local" n’existe pas dans le menu des populations urbaines. Elles privilégient plus les produits fabriqués à base de céréales importées comme le blé, le riz, ou encore le maïs, au détriment des céréales locales. D’où la nécessité de mettre en place une alternative pour les inciter à consommer les produits "made in Afrique", qui coûtent moins chers. Les financements agricoles, le talon d’Achille Le manque de financements dans l’agriculture est l’un des freins pour son développement. Le secteur agricole semble être relégué au second plan dans les dépenses publiques des Etats africains. A titre illustratif, en 2010, sur 44 pays membres de l’Union africaine (UA), seuls 9 ont réservé 10% de leur budget à l’agriculture, contre 22 pays qui ont alloué moins de 5% de leurs financements au secteur. « Les ressources de l’aide publique au développement (APD) allouées à l’agriculture ont considérable-
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FOCUS ment diminué en 30 ans : de 16 % de l’APD totale en 1980 à 3 % en 2006. Comme dans l’analyse des budgets publics, il y a un décrochage complet entre l’importance économique et sociale du secteur agricole et l’affectation des ressources », regrette le NEPAD dans son rapport. Ces choix politiques handicapent considérablement le rendement des producteurs. Dépourvus de moyens et de ressources adéquats, ces derniers peinent à réaliser des récoltes abondantes pour nourrir leurs concitoyens. Faute de financements et de visions, les produits agricoles africains pèsent peu dans la balance des exportations. L’Afrique détient 24% des terres agricoles mais ne représente que 9% de la production agricole mondiale depuis 40 ans. Pis, son pourcentage dans les exportations agricoles mondiales ne cesse de dégringoler, passant de 0% en 1960 à seulement 3 % en 2010. «L’essentiel de la production africaine de produits de base non miniers, et notamment de denrées alimentaires, est destiné à la consommation intérieure. Les produits agricoles non alimentaires représentent seulement 2 % de la production agricole africaine, et la contribution du continent à la production mondiale est passée de 8 à 6 % en dix ans. Pour accroître la production agricole, il ne s’agit pas d’explorer de nouvelles réserves, mais avant tout d’instaurer des conditions favorables au secteur, de développer un savoir pointu par le biais de la recherche appliquée et d’en faciliter la mise en œuvre», souligne le rapport "Perspectives économiques en Afrique, 2013". La transformation agroalimentaire pourrait rentrer dans le cadre de cette recherche appliquée. Elle peut être une sérieuse alternative pour nourrir les 2 milliards d’Africains à l’horizon 2050, un important pourvoyeur d’emplois via l’industrialisation, et une réelle opportunité pour booster les exportations.
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FOCUS African Transformation Index
Les 5 clés pour réussir une croissance en profondeur Le Centre africain pour la transformation économique (Acet) a créé le premier baromètre « African transformation index » qui mesure les impacts de la transformation économique dans 21 pays africains. Ce classement est établi sur la base de cinq principaux critères. L’Ile Maurice occupe la première place, devançant notamment l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Par E.S.
La transformation économique est décidement un sujet en vogue. Le vocable est de plus en plus cité dans les différents rapports économiques publiés par des organismes de renom. Mais concrètement, que recouvre réellement ce concept? Le Centre africain pour la transformation économique (Acet) a répondu à cette interrogation en publiant le premier indice qui dévoile les contours de la transformation dans 21 pays africains. L’ "African transformation index " (ATI) se base sur cinq sous-indices : la diversification des produits, la compétitivité des exportations, l’accroissement de la productivité, l’usage des technologies, et le développement humain. Ces variables sont regroupés dans l’acronyme anglais "Depth" (profondeur). Le classement a réservé tout de même une petite surprise puisqu’on retrouve l’Ile Maurice en tête de peloton. Ce petit pays de l’océan indien avec 1,2 millions d’habitants devance la deuxième puissance continentale l’Afrique du Sud (2e) et de grands pays comme la Côte d’Ivoire (3e), le Sénégal (4e), l’Ouganda (5e), et le Gabon (6e). Le Nigéria, leader du continent n'arrive qu' à la 19e place. D’autres ténors se retrouvent en milieu de tableau.
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Elargir la gamme de produits D’après l’index, la diversification des produits et des exportations constitue le premier paramètre pour réaliser une croissance en profondeur. En clair, les pays africains doivent produire plusieurs biens et services et choisir une spécialisation en fonction de la fluctuation des prix dans le marché international. « Les pays développés d'aujourd'hui ont traversé une phase de production en se diversifiant avant de se spécialiser pour mieux tirer profit des opportunités du marché. En ce sens, la spécialisation est un choix fondé sur le marché pour se concentrer sur un sous-ensemble de biens et services qu'un pays est capable de produire», précise le rapport. La diversification de la production doit être accompagnée d'un élargissement des gammes de produits destinés à l’export. Malheureusement, c’est là où le bât blesse. Au cours des 40 dernières années, beaucoup de pays du continent ont confiné leurs exportations sur un nombre restreint de produits de base, «les cinq principaux produits d'exportation représentent environ 70% des exportations de marchandises dans les pays d'Afrique subsaharienne, beaucoup plus que les 44% dans les pays de comparaison»,
constate l’ACET qui suggère l’intégration de produits manufacturés et des services à haute valeur ajoutée pour muscler les exportations. Dans ce premier sous-indice, c’est l’Ile Maurice qui caracole en tête suivie respectivement par l’Afrique du Sud, Madagascar, le Cameroun, et le Sénégal. Trois pays d'Afrique de l’Ouest en l’occurrence Ghana (17e), Burkina Faso (18e), et Nigéria (21e) se retrouvent au bas de l’échelle. Le Ghana a connu la plus forte baisse en termes de diversification des produits en passant de 49% en 2000 à 23% en 2010. La compétitivité des exportations Elle recouvre plusieurs avantages : l’accroissement de la production, la création d’emplois, la réduction des coûts, et la hausse des revenus. « En effet, l'exportation était la clé du succès pour les pays d'Asie orientale. Et même si l'environnement économique mondial a changé, l'exportation peut encore être une partie viable et importante de la transformation économique de l'Afrique », souligne l’institut. Pour mesurer la compétitivité des exportations d’un pays, on fait le rapport entre ses exportations et son Produit intérieur brut (PIB), et on divise le ré-
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Conditionnement de produits agricoles à destination du marché
sultat obtenu avec le rapport entre les exportations et le PIB mondial. « Si cette mesure est supérieur à 1, le pays exporte une plus grande part de son PIB à la moyenne mondiale, il est donc dans un sens plus compétitif à l'exportation. Et une tendance à la hausse du ratio indique la hausse de la compétitivité à l'exportation », explique le rapport. L’Ile Maurice maintient son leadership dans cet indicateur, il est talonné par la Côte d’Ivoire et le Malawi et le Kenya. Le Rwanda (19e), le Burkina Faso (20e) et le Burundi (21e) ferment la marche. Produire plus pour réduire la pauvreté L’accroissement de la production est une des alternatives pour lutter contre la pauvreté en Afrique. Actuellement, 60 à 70% de la population du continent, en particulier celle résidant en milieu rural, dépendent de l’agriculture pour subvenir à leurs besoins. L’augmentation de la quantité des récoltes débouchera sur une hausse des revenus qui leur permettra
de divorcer peu à peu avec la misère. En outre, à en croire l’index, une production agricole plus abondante permet de libérer une main d’œuvre pour l’industrie, de diversifier la nourriture, de fournir des matières premières pour les industries, et d'accroître la hausse des exportations. Dans ce sous-indice, l’Ouganda détrône l’Ile Maurice classé (2e), devant le Gabon, l’Afrique du Sud, et le Bénin. L’usage des technologies, un impératif Dans ce monde moderne, ignorer les nouvelles technologies, c’est réduire ses marges de performance. Le secteur agricole ne déroge pas à la règle. Plusieurs pays occidentaux l’ont d’ailleurs compris en intégrant cette composante dans leur chaîne de valeur. A contrario, l’agriculture africaine accuse un retard dans ce domaine. L’Afrique du Sud, le Sénégal, l’Ouganda et le Nigéria sont les pionniers en la matière. En général, l’usage des technologies au niveau de la pro-
duction et des exportations reste très faible, avec un pourcentage estimé à 12% contre 39% dans d’autres zones géographiques. Toutefois, cette tendance s’inverse timidement. Certains pays ont crée des applications qui permettent aux agriculteurs d’intégrer les nouvelles technologies dans leurs activités. Le Ghana par exemple a mis en place depuis 2004 une application dénommée "Esoko" (le marché sur votre mobile) qui permet aux agriculteurs de connaitre, via leurs portables ou sur internet, plus de 800 000 prix de produits sur des centaines de marchés notamment en Afrique subsaharienne. Les producteurs abonnés à ce service (1 dollar par mois) reçoivent environ 10 mises à jour de prix par semaine. Ce service leur permettrait de gagner de 20 à 40% en plus sur les prix. Ce marché du mobile est également utilisé en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, à Madagascar, au Malawi, au Nigéria et au Soudan. La dimension sociale Le développement humain est le cinquième et dernier critère de l’African transformation index. En effet, la transformation doit se traduire par une amélioration des revenus, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et des inégalités, l’accès à la santé et à l’éducation, la justice la sécurité et l’environnement. D’après l’Institut, « Les deux qui sont plus le directement liés à la transformation économique sont le PIB par habitant et l'emploi. Si le PIB par habitant est en hausse, et les possibilités d'emploi rémunératrices en pleine expansion, la transformation économique se traduira par une prospérité partagée, et les inégalités de revenu seront réduites ou au moins contrôlées ». L’autre baromètre, c’est le part de l’emploi formel dans la population active. Ce pourcentage est rarement au dessus des 25%, constate l’Acet.
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FOCUS
Transformation du cacao
Une niche d’opportunités La transformation du cacao représente une réelle opportunité pour des pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun et le Nigéria qui figurent parmi les leaders en termes de production au niveau mondial. Ils en sont conscients, et souhaitent intégrer ce nouveau maillon dans la chaîne de production. Par E.S.
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Cargaison de Cacao destinée à l'exportation
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L’Afrique produit 71% du cacao consommé dans le monde, mais n’en transforme que 4%. Cette révélation de Jean Marc Anga directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (Icco) dépeint le contraste observé dans l’industrie du cacao. Les leaders de la filière privilégient l’exportation de fèves brutes de cacao au détriment de produits à forte valeur ajoutée. A titre illustratif, la Côte d’Ivoire premier producteur de cacao avec 1.350.000 tonnes (37,5% de la production mondiale) n’a transformé que 29% de sa production dans la fourchette 2012-2013. En dépit de ce faible pourcentage, le produit fait partie des mamelles économiques au pays des éléphants, car il représente 14% du PIB et 16,3% des recettes fiscales, sans compter les 800.000 planteurs locaux qui s’activent dans la filière En misant davantage sur la transformation, le pays pourrait améliorer ces chiffres. Le gouvernement en est d’ailleurs conscient, en lançant en 2012, un programme de réforme du secteur qui prévoit notamment la transformation de 50% de fèves brutes à l’horizon 2020, l’amélioration des revenus des paysans, et la mise sur pied d’un conseil organique chargée de la gestion de la
filière. Outre le défi de l’industrialisation, la Côte d’Ivoire est aussi confrontée au vieillissement de l’état du verger et la diminution des superficies dédiées à la culture du cacao, après la décision d’exclure les planteurs installés illégalement
dans les forêts classées. Au Ghana, le scénario est quasiidentique. Chez le 2e producteur mondial, le commerce du cacao rapporte plus de 3,5 milliards de dollars dont 76% proviennent de l’exportation des produits bruts.
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Poignée de fèves de Cacao
Le cacao est le deuxième pourvoyeur de devises après l’or, et un des poumons de l’économie avec une contribution au PIB qui est passée de 2,5% en 2008 à 3,6% en 2011. Mieux encore, la production a connu une hausse exponentielle en passant de 340.000 tonnes entre 2001 et 2002 à 1 million de tonnes en 2011. A l’instar de son voisin ivoirien, Accra traîne aussi les pieds dans la diversification de sa production avec seulement 25,7% la part des exportations de cacao transformés en 2011. L’Etat ghanéen souhaite renverser cette tendance avec comme objectif la transformation de 40% de la production. Pour ce faire, il prévoit d’effectuer des « remises sur les prix, l’autorisation des importations de machines, le rééchelonnement des remboursements de crédits, l’autorisation d’importation des machines essentielles, et l’application du statut de zone industrielles d’exportation aux entreprises opérant dans la zone », lit-on dans le Rapport économique sur l’Afrique 2013 publié
conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Union africaine (UA). Le paradoxe prend une autre dimension au Nigéria, 4e producteur mondial de cacao. Entre 2006 et 2010, les exportations de fèves brutes ont connu une hausse de 47% pour atteindre la barre des 822,8 millions de dollars. Actuellement, elles représentent 83% de l’ensemble des recettes du secteur estimées à 1 milliard de dollars. Seules 20% de la production est transformée localement, un facteur très handicapant puisque, en dépit de sa forte production, la première puissance du continent importe d’importantes quantités de chocolat en provenance d’Europe (97%) et des Etats-Unis. Contrairement à la Côte d’Ivoire et au Ghana, le gouvernement nigérian n’a pas défini une véritable politique industrielle pour la filière. L’absence de programme de formation dans le domaine, les difficultés d’accès aux financements pour les entreprises et les infrastructures défectueuses,
constituent aussi des contraintes de taille. Cette volonté politique est par contre perceptible au Cameroun où l’Etat ambitionne de transformer 50.000 tonnes à la fin de la campagne 2013-2014, pour dépasser les 25.000 tonnes transformées actuellement. Le 5e producteur mondial de cacao exporte plus et transforme moins. D’après l’Office nationale du café et du cacao, sur les 225.000 tonnes produites, moins de 8% ont été transformées dans l’intervalle 2007-2011, et 13% en 2011. Cette nouvelle orientation devrait permettre au pays de se doter de nouvelles unités de transformation et d’augmenter le pourcentage de la filière dans secteur économique. En effet, le cacao représente 28% de la valeur totale des exportations non pétrolières mais contribue seulement à hauteur de 2% au PIB. Elle pourrait également accroitre les revenus des 400.000 familles qui s’activent dans la filière.
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entretien
Gilles Mersadier
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coordinateur d’Afrique Verte, membre du groupe Afrique Verte International
« L’ accès au crédit est une contrainte forte pour la transformation des produits agricoles » Propos recueillis par E.S.
Le terme transformation agricole est de plus en plus en vogue dans le secteur agricole, notamment en Afrique. Que recouvre ce vocable ? Quels sont ses avantages pour l’Afrique ? Pour les membres du groupe Afrique Verte International l'expression "transformation des produits agricoles" recouvre le travail réalisé par des unités de transformation des céréales sèches (Mil, Sorgho, Maïs) et de sésame qui, en Afrique de l'Ouest, transforme ces produits en farine, couscous, semoule et granulé. Sans transformation, la préparation des repas nécessite un travail long et pénible, travail de préparation des produits de base assurée par les femmes pour nourrir quotidiennement des millions personnes. Mais la population d'Afrique subsaharienne a franchi la barre des 900 millions de personnes
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en 2013 et devrait atteindre les 2 milliards un peu avant 2050. L'augmentation de ses besoins alimentaires sera plus rapide encore, en raison de l'émergence de classes moyennes au plus grand pouvoir d'achat. Pour répondre à cette demande, tout en valorisant la production agricole locale, de plus en plus de petites et moyennes entreprises actives dans la transformation des produits agricoles voient le jour. C’est une bonne nouvelle pour la sécurité et la souveraineté alimentaire du continent. Beaucoup de pays optent souvent pour la transformation traditionnelle des produits agricoles à cause du manque de matériels ou d’infrastructures appropriés. Cela ne constitue-t-il pas un frein pour le développement de cette pratique et ses retombées économiques pour le continent ?
Plusieurs types d’unités de transformation des produits agricoles peuvent se développer à l’échelle d’un pays africain. Localement un groupement de productrices agricoles peut investir modestement dans du matériel et des infrastructures tout en améliorant les revenus de ces membres et la sécurité alimentaire de la population locale où il est implanté. Dans les villes secondaires et les capitales la demande permet le développement de micro et de petites entreprises qui doivent accéder au crédit pour s’équiper en matériel de stockage, de transformation et de conditionnement. C’est une contrainte forte au développement de la transformation des produits agricoles ; c’est pour cela qu’Afrique Verte International apporte un appui à 200 unités de transformation en renforçant leur capacités d’accès aux crédit par des formations, des médiations avec des banques et la mise en place de fonds de garantie.
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Les femmes sont l’un des moteurs de la transformation des céréales en Afrique.
Aujourd’hui, on constate que c’est surtout les PME / PMI qui s’activent dans la transformation alimentaire. Quel rôle doit jouer l’Etat pour les accompagner ? Pour arriver à ce que les produits agricoles transformés dans les pays africains puissent contribuer de manière importante à nourrir les africains, Afrique Verte International se mobilise depuis plusieurs années pour que les Etats prennent des mesures politiques, économiques et législatives nécessaires pour soutenir les entreprises locales. Parmi celles on citera : la facilitation de l’accès des unités de transformation aux crédits pour la professionnalisation de leur activité, la défiscalisation de certains équipements mécanisés nécessaires à l’amélioration de la transformation des produits agricoles. Au-delà de ces mesures, les Etats devraient manifester clairement et régulièrement leur attachement au développement de la consommation de produits transformés dans le pays à base de produits agricoles locaux.
L’Ong Afrique Verte plaide-t-elle pour la création d’une dynamique sous-régionale voire continentale pour permettre à l’Afrique d’être un des leaders de la transformation agroalimentaire dans le monde ? Afrique Verte International plaide pour un renforcement du rôle des organisations du monde rural ouest africain intervenant dans les filières des produits agricoles pour qu’elles
maîtrisent leur sécurité et leur souveraineté alimentaires. Pour cela les organisations professionnelles agricoles et les fédérations d’unités de transformation doivent construire des relations contractuelles à l’échelle nationale et régionale pour être en capacité de produire, de transformer et de commercialiser des céréales locales. C’est ce type de dynamique appliquée aux différents blocs régionaux sub-sahariens qui permettra aux africains de nourrir l’Afrique !
Améliorer la sécurité alimentaire au Sahel Afrique Verte International est un réseau de 5 organisations : AcSSA Afrique Verte Niger, AMASSA Afrique Verte Mali, APROSSA APROSSA Afrique Verte Burkina, AGUISSA Afrique Verte Guinée et Afrique Verte en France. Son but : améliorer la sécurité alimentaire au Sahel. L’Ong intervient dans trois pays du Sahel : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Début 2011, des actions ont également été engagées en Guinée Conakry. Afrique Verte accompagne les Sahéliens en agissant sur 3 fronts : la formation professionnelle continue adaptée aux adultes; l'appui au développement de la commercialisation des céréales, grâce aux bourses permettant la réalisation des transactions et le soutien aux transformatrices de céréales (appui à l'équipement, accès aux salons et aux foires commerciales).
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FOCUS • Rapport économique sur l’Afrique 2013,
© Photo D.R
Commission économique pour l’Afrique (CEA)
Tamisage des produits pour la réalisation de la séparation granulométrique
« Le défi majeur qui se pose aux pays africains est de savoir comment concevoir et mettre en application des politiques efficaces pour promouvoir l’industrialisation et la transformation économique. En dépit de quelques progrès accomplis dans le secteur manufacturier au cours de la décennie écoulée, le continent n’est pas encore parvenu à inverser la tendance à la désindustrialisation qui a caractérisé son changement structurel ces dernières décennies: entre 1980 et 2010, la part du secteur manufacturier dans la production totale s’est rétrécie revenant de plus de 12 % à environ 11 %, alors qu’elle demeurée à plus de 31 % en Asie de l’Est, où les industries à forte intensité de main-d’œuvre ont induit une croissance forte et soutenue et permis de sortir des millions de citoyens de la pauvreté. »
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•Rapport 2014 sur les progrès en Afrique, Think tank Africa Progress Panel
Des ouvrières en activité sur des rouleurs de farine.
« L’Afrique est un continent riche. Certaines de ces richesses notamment le pétrole, le gaz et les minerais, ont entrainé une croissance économique rapide au cours cette dernière décennie. La mesure ultime du progrès, cependant, c’est le bien-être des populations et la croissance récente en Afrique n’a pas encore contribué comme il se doit à la réduction de la pauvreté et de la faim. Elle n’a pas non plus amélioré l’éducation et la santé .Pour une croissance durable qui améliore la vie de ses habitants, le continent Africain a besoin d’une transformation économique (…)Pour parvenir à une telle transformation, l’Afrique devra surmonter trois obstacles importants : le manque d’accès aux services financiers formels, la faiblesse des infrastructures du continent et le manque de fonds pour l’investissement public. »
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• Rapport «Perspectives économiques de l’Afrique 2014»
Tamissage et nettoyage de grains
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« La consécration des chaînes de valeur mondiales (CVM) comme nouveau paradigme du commerce international offrent de nouvelles opportunités aux entreprises africaines, mais elles nécessitent de changer la façon dont les politiques publiques sont conçues et mises en œuvre. Plutôt que des stratégies nationales ou sectorielles, l’intégration et la montée en gamme réussies dans les chaînes de valeur requièrent un haut degré d’ouverture et des stratégies au niveau de produits, voire d’entreprises spécifiques. (…) Les chaînes de valeur mondiales ouvrent certes de nouvelles opportunités pour le développement de l’Afrique, elles ne représentent pas pour autant une panacée. Pour transformer les opportunités de l’intégration dans les CVM en bénéfices à long terme, une montée en gamme (en anglais, upgrading) économique et sociale est nécessaire. »
FOCUS Contenu de valeur ajoutée des exportations de cacao de certains pays en développement, 2011 100% 90% 80% 70%
de l’Afrique
60%
• L’édification d’un système économique performant et une démocratie ouverte, libérale, pluraliste et favorable au développement de l’initiative privée et à la bonne gouvernance • L’aménagement de schémas de gestion de la politique industrielle autour des économies d’agglomération : Pôles de compétitivité, Zones d’Expansion Industrielle, Zones Industrielle, Clusters • La création et le développement d’un environnement favorable aux producteurs : les infrastructures de base, les ressources et les incitations pour la compétitivité • L’organisation du partenariat public-privé et l’implication des acteurs de l’informel et la participation de la femme dans les activités manufacturières • La mobilisation des ressources financières
50% 40% 30% 20%
Étape 1: fèves de cacao
Mexique
Équateur
Brésil
Malaisie
Indonésie
Nigéria
Étape 3: pâte de cacao
Étape 4: beurre et poudre de cacao
Étape 5: chocolat
Production de cacao en 2009-2010 (en milliers de tonnes) 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0
Nigéria
Côte d’Ivoire
Ghana
Indonésie
Cameroun Source: ICCO (2012).
Intégration des régions du monde dans les chaînes de valeur mondiales
obstacles à l’industrialisation de l’Afrique
Source: "L'industrialisation de l'Afrique est possible" Pr Moustepha Kassé
Étape 2: coques de cacao
Source: ITC Trademap, extrait de http://www.trademap.org/ (consulté le 30 août 2012)
Les
Part des exportations totales de valeur ajoutée
Intégration aval Intégration amont
ni e éa Oc
R l'E A s us s s t ie ie ce et nt ra le Mo ye nOr ien Am t ér iqu el at in e As ie du Su d
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0.80 0.70 0.60 0.50 0.40 0.30 0.20 0.10 0.00
Note : L’intégration amont se mesure par la part de la valeur ajoutée étrangère incorporée dans les exportations d’un pays. L’intégration aval se mesure par la part de la valeur ajoutée exportée par un pays qui est réexportée par le pays importateur. Source : Calculs des auteurs à partir de la base de données UNCTAD-EORA-GVC (2014).
Sept champions africains de l'industrialisation Afrique du Sud
Algérie Maroc Tunisie Angola Nigéria
384,3
46,1 262,8
Egypte SOURCE: BANQUE MONDIALE
• La qualité de l’Etat et des institutions qui empêchent l’avènement d’une bonne gouvernance • La situation économique défavorable accompagnée d’une forte inefficacité des politiques sectorielles et des incitations • La faible efficacité qualitative et quantitative du capital humain ainsi que les politiques technologiques, des innovations et de recherche • L’insuffisance, la détérioration, l’inadéquation des infrastructures de base et les coûts contrariants des facteurs techniques de production • Les facteurs liés au rôle des programmes de libéralisation par l’ajustement structurel • Les enjeux économiques des aspects monétaires : de la gestion de la politique de change
Ghana
0%
Côte d’Ivoire
10% Cameroun
Les défis pour l’industrialisation
39,4 205,8 14,4
PIB
96 14,4 7,3
Revenus du secteur manufacturier
45,7 114,1
6,8 262,6 5,3
(Chiffres de 2012 en milliards de dollars)
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FOCUS
entretien
Cécile BROUTIN
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Responsable de programme Département «Alimentation et Economie rurale» à l’ONG GRET
Propos recueillis par E.S
« Les produits transformés représentent les 3 /4 de la consommation alimentaire urbaine en Afrique » La transformation des produits agricoles est-elle assez développée en Afrique ? Elle n’est pas assez développée mais il y a quand même en Afrique subsaharienne un secteur agroalimentaire qui est mal connu et qui concerne pratiquement tous les produits alimentaires avec une très grande diversité de produits finis. On peut distinguer trois grands types de filières agroalimentaires en Afrique de l’Ouest . D’abord les filières domestiques basées sur les matières premières locales, en général traitées par des micro et petites entreprises comme les céréales, tubercules, lait, boissons traditionnelles, etc, mais aussi parfois par des grosses industries
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(sucre, concentré de tomates au Sénégal, huile de palme au Cameroun basées sur une agriculture contractuelle). Ensuite, les filières domestiques basées sur des matières premières importées, qui correspondent à un secteur agroindustriel dominé par les minoteries et brasseries, laiteries, eaux minérales, boissons sucrées. Cependant on note aussi la présence de nombreuses micro et petites entreprises notamment dans la transformation du lait en poudre. Enfin, il existe les filières d’exportation du cacao, café, fruits et légumes qui concernent le plus souvent des produits bruts ou ayant subi une première transformation qui leur permet de se conserver dans de
bonnes conditions. Les moyennes et grandes entreprises, considérées comme le secteur industriel, sont peu nombreuses. Elles sont particulièrement actives dans les filières « boissons » (bières, jus de fruits à base de pulpe importée, boissons gazeuses sucrées à base de préparations importées, eaux minérales), farine, biscuits, pâtes (minoteries, biscuiteries à partir de blé importé), produits laitiers (yaourt, lait UHT à partir de poudre de lait importée), sucre, concentré de tomates (à base de produits locaux et/ou importés), condiments. Elles ont peu de contrats avec des producteurs locaux et valorisent souvent des matières premières importées.
FOCUS sues de la microentreprise), qui ont bénéficié de l’appui de programmes de développement ou d’ONG. Comme les microentreprises, elles offrent des débouchés aux productions des exploitations familiales pour répondre à une demande en produits transformés de qualité. Beaucoup de pays africains choisissent d’exporter des produits bruts sans valeur ajoutée comme les fèves de cacao. Cela ne risque pas de les désavantager par rapport aux produits industriels des pays occidentaux ? Beaucoup de produits d’exportation sont effectivement peu transformés, que ce soit le poisson, le coton, le cacao, la noix de karité,
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A leur côté se développe un important secteur des micros et petites entreprises agroalimentaires (MPEA) qui s’adaptent à la demande des consommateurs et valorisent la production des exploitations familiales. Le marché de ces produits très supérieur à celui des produits industriels. Les micro-entreprises, individuelles ou familiales avec une ou deux personnes, très nombreuses, économiquement et stratégiquement importantes, se caractérisent par la mise en œuvre de procédés simples issus du savoir-faire culinaire domestique, la vente directe dans la rue et sur les marchés. Ce secteur représente plusieurs milliers de personnes (souvent des femmes) dans les filières céréales, tubercules, fruits en milieu urbain, et des activités saisonnières dans les villages (beurre de karité, huile de palme, riz étuvé,…). On les regroupe parfois, avec les petites entreprises de prestation de services, sous le vocable d’artisanat alimentaire. Ces entreprises transforment les céréales et les tubercules (semoules, farines, couscous de mil, de maïs, bâtons et cossettes de manioc, riz usiné, étuvé,..), les fruits (jus, sirops, confitures), les poissons et viandes (produits séchés, fermentés, fumés), les oléagineux (pate et huile d’arachide, de palme, beurre de karité), le lait (yaourt, lait caillé, fromages) Elles répondent à une nouvelle demande urbaine des catégories socio-professionnelles plutôt aisées pour des produits « traditionnels » ou à base de produits locaux, sans risques sanitaires, emballés et étiquetés, mais leur marché est en évolution (élargissement de la clientèle pour les produits céréaliers en sachets, jus, ,…). Ces entreprises sont rarement issues du milieu artisanal. Les chefs de ces entreprises sont plutôt d’anciens salariés qui sont devenus entrepreneurs ou des entreprises collectives de femmes (parfois is-
pays africains et aussi d’emplois et de revenus. Il faut souligner que l’Afrique est face à un défi démographique qu’aucune région du monde n’a connu jusque-là. La population du continent passera de 800 millions de personnes en 2012 à 1,4 milliards en 2040, ce qui correspond à un doublement en un peu moins de 40 ans. Le taux de croissance de la population très élevé se
« On observe une multiplication de Codes de pratiques mis en place par des opérateurs privés européens comme lGlobalGap, élaboré par des chaînes européennes de grandes et moyennes surfaces. Il est important que les Etats ne favorisent pas que des grosses entreprises et aident aussi les PME à se mettre à niveau pour se positionner sur certains marchés à l’export. » la noix d’anacarde (noix de cajou). Le problème ne se pose pas tant en terme de désavantage par rapport aux produits industriels des pays occidentaux mais plus en terme de perte de valeur ajoutée pour les
traduit notamment par une rapide urbanisation dans des mégapoles avec un défi important pour les filières agricoles qui est de mieux couvrir cette demande urbaine croissante pour limiter le recours et
GRET, une Ong qui promeut le développement solidaire Le Gret est une ONG française de développement, qui agit depuis 38 ans pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. Elle intervient sur plusieurs de thématiques pour promouvoir pour le développement solidaire, à travers ses 700 professionnels qui déploient 150 projets par an dans une trentaine de pays, dont plusieurs pays africains comme le Sénégal, le Burkina Faso, Madagascar et la RDC. Ses sept domaines d’intervention sont : les filières et politiques agricoles, médias et démocratie, eau potable et assainissement, gestion des ressources naturelles et énergie, microfinance et insertion professionnelle, nutrition et protection sociale, villes pour tous et décentralisation .
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FOCUS nes européennes de grandes et moyennes surfaces. Il est important que les Etats ne favorisent pas que des grosses entreprises et aident aussi les PME à se mettre à niveau pour se positionner sur certains marchés à l’export.
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Les femmes sont l’un des moteurs de la transformation des céréales en Afrique.
la dépendance aux importations. Elle constitue un vaste marché pour le secteur agroalimentaire puisque les produits transformés représentent les trois quart de la consommation alimentaire urbaine en Afrique. Des travaux récents, estiment que la valeur annuelle des marchés nationaux des 13 pays d’Afrique de l’ouest et centrale étudiés est de 30 milliards d’euros (100 millions €/million d’habitants) et est maintenant supérieure à celle des exportations agricoles et alimentaires dans 12 des 13 pays (marché alimentaire 3 fois plus élevé que le marché à l’exportation). Mais ce marché de l’exportation pourrait être développé pour certains produits et être plus rémunérateur. On pense en premier lieu aux fruits et légumes qui peuvent effectivement constituer des marchés intéressants à l’export mais transformer les produits bruts constitue également une possibilité de valeur ajoutée et d’emplois à développer. La transformation apparait donc de plus en plus comme une alternative pour booster les exportations des produits agricoles made in Afrique. Quels sont les critères techniques, sanitaires et environnementaux à respecter pour écouler cette marchandise à l’étranger ?
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Le principe de base des exportations est de respecter la règlementation du pays destinataire. Si on vise des marchés régionaux (Afrique de l’Ouest par exemple) les contraintes sont relativement limitées, en dehors des problèmes de transport et de formalités aux frontières qui ne sont pas négligeables, parce que les normes de qualité, entendues au sens large couvrant la qualité sanitaire, organoleptique, technique et les signes de qualité, ne sont pas très nombreuses et rarement obligatoires. Des réformes sont en cours au niveau de l’UEMOA et de la CEDEAO qui pourraient entrainer une évolution importante du contexte réglementaire. Les normes européennes sont nombreuses et sont généralement considérées comme étant élevées et contraignantes, voir inapplicables, pour de nombreux opérateurs des pays en développement. Les normes sur la qualité sanitaire sont intégrées dans des règlements et constituent des normes obligatoires (traçabilité, contrôle de l’hygiène, limites maximales de résidus). Parallèlement aux normes publiques, on observe une multiplication de Codes de pratiques mis en place par des opérateurs privés européens comme le GlobalGap, élaboré par des chaî-
Quels sont les programmes mis en œuvre par le Gret pour développer davantage la transformation en Afrique ? En lien avec l’objectif de notre organisation qui est la lutte contre la pauvreté et les inégalités, nous privilégions des programmes qui visent des petits producteurs et productrices, des petites entreprises pour les aider à améliorer la qualité des produits, pour les mettre dans une dynamique d’acquisition de nouvelles compétences, les préparer aux nouvelles exigences de qualité qui vont émerger des consommateurs africains. Ainsi avons appuyé des entreprises agroalimentaires au Sénégal dans les filières fruits, céréales, produits halieutiques et lait, en travaillant sur les différentes fonctions de l’entreprise : approvisionnement, gestion comptable, management, procédés et gestion de la qualité, commercialisation et promotion des produits. Cet appui vise également à les aider à exporter sur des marchés de niche (produits bio, équitable, indications géographiques). Par exemple au Cameroun, nous avons travaillé avec AgroPme pour aider les producteurs de poivre de Penja à mettre en place une indication géographique. Ce qui est la voie suivi par l’huile d’argan je crois au Maroc. Au Sénégal, nous avons appuyé pendant plusieurs années des petites entreprises de transformation des céréales locales. Certaines ont décidé de viser le marché export et commercialisent en France à travers une entreprise française, du couscous de mil.
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entretien
Salima Makama
présidente de l’Alliance mondiale du Karité (GSA)
«Les entreprises prennent de plus en plus conscience des avantages du beurre de karité » Le karité fait partie des produits made in Afrique les plus exportés à l’international. D’après l’Alliance mondiale du Karité (GSA), la demande pour le beurre de karité produit en Afrique de l'Ouest a augmenté de plus de 1200% au cours des 10 dernières années. Qu'es ce qui explique cette importante hausse de la demande ?
a occasionné des retombées économiques importantes pour les communautés productrices de karité à travers l'Afrique. De plus en plus d'entreprises et de consommateurs commencent à prendre conscience des avantages du beurre de karité chaque année, et cela est en grande partie le résultat des efforts de l'Alliance mondiale du karité.
Il ya un marché pour le beurre de karité artisanal de villages et il ya un marché pour une huile plus hautement raffinée qui est traitée dans les usines. Nous encourageons la croissance de ces deux marchés et ils ont chacun d'importantes retombées économiques en produisant du karité pour les communautés en Afrique.
Le beurre de karité est un ingrédient très apprécié dans la nourriture et les produits cosmétiques à travers le monde. Le beurre de karité offre des avantages techniques dans la préparation de divers produits et présente également des garanties de durabilité. L’augmentation de la demande
Plusieurs produits commercialisés dans le marché international sont fabriqués à base de karité. Ne faudrait-il pas encourager la transformation de ce produit dans des entreprises africaines conformément aux standards internationaux, pour s’imposer dans ce circuit commercial ?
Quatre millions de femmes rurales d’Afrique de l’Ouest gagnent leur vie grâce au commerce des noix de karité. Vous avez d’ailleurs mis en place un programme de développement durable qui leur est destiné. Quels sont les grands axes de ce projet ?
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Aujourd’hui de plus en plus de sociétés africaines interviennent dans la chaîne de valeur du karité. Prévoyez-vous de mettre en place un label qualité pour encadrer le secteur ? Le beurre de karité est connu comme un l'ingrédient de très haute qualité sur le marché internationale. Nous ne voyons pas la nécessité de créer un label de qualité pour l'instant.
Des femmes exposant fièrement leurs produits à base de karité
Des céréales locales transformés et prêts à être écoulés.
© Photo D.R
Notre programme de développement durable, lancé récemment, veut promouvoir l'autonomisation des femmes, créer des conditions de travail décentes, le développement des communautés locales et la protection des écosystèmes liès à l'industrie du karité. Le financement prévoit de fournir 250 installations de stockage pour les groupes de femmes qui s’activent dans ce domaine, le renforcement des capacités et la formation qui profitera à 150 000 femmes collectrices de karité, et des projets pilotes qui permettront d'améliorer la sécurité des collectrices et de réduire les bois et la consommation d'eau dans la transformation .
© Photo D.R
FOCUS
GSA, au service de l’industrie du karité L'Alliance mondiale du karité (GSA) est une association multipartite de promotion de la qualité et de la durabilité au sein de l'industrie du karité. Elle soutient les communautés rurales africaines et favorise l'autonomisation des femmes grâce au renforcement de l'industrie du karité et de la chaîne de valeur, elle contribue à préserver la savane africaine et à renforcer les entreprises africaines à travers le partage d'informations et de meilleures pratiques. « Notre mission est de concevoir, développer et proposer des stratégies qui sous-tendent une industrie du karité compétitive et durable dans le monde entier, améliorant ainsi les moyens d'existence des femmes rurales africaines et de leurs communautés », indique GSA.
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FOCUS Benchmarking
L’Europe et l’ Asie comme modèles Si l’Afrique traîne encore les pieds dans le secteur de la transformation, d’autres pays accélèrent la cadence. C’est le cas des Pays-Bas et de certains pays du Sud Est asiatique. Par E.S.
Salle de torréfaction des fèves de cacao en Belgique
© Photo Valrhona
L’expérience de l’Europe en termes de transformation devrait inspirer les pays africains. Le Vieux continent a très vite compris les enjeux de la transformation des produits alimentaires en mettant sur pied une industrie solide. Il s’affiche aujourd’hui comme un des leaders dans le domaine. En 2012 par exemple, l’Europe était le premier broyeur mondial des fèves brutes de cacao avec 1,5 millions de tonnes, suivi de l’Asie avec 850.000 tonnes broyées, et l’Afrique avec 717.000 tonnes broyées. Cette hégémonie, l’Europe la doit en grande partie aux Pays-Bas qui sont la locomotive de cette réussite. Au royaume « orange » quatre entreprises transforment plus de 425.000 tonnes de fèves brutes chaque année, soit 15% de la production mondiale. C’est la plus forte concentration de sociétés de transformation de cacao dans le monde. Les produits dérivés sont souvent le beurre de cacao et la poudre de cacao. La capitale Amsterdam est le premier port d’importation du produit avec plus de 700.000 tonnes de fèves. Cette dynamique industrielle est le résultat de conditions météorologiques favorables notamment, un climat doux. Qui plus est, les PaysBas disposent de ressources en gaz naturel qui leur permettent de produire de l’énergie assez conséquente pour le développement de son industrie, sans oublier les réseaux de transport d’eau et de fèves qui facilitent l’acheminement des produits du port vers les usines de transformation.
L’Asie s’y met aussi … Quittons maintenant le port d’Amsterdam, pour accoster au port de Jakarta, en Indonésie. Là également, la transformation n’est pas un vain mot. L’Indonésie est le 3e producteur mondial de cacao, derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana. Désormais, le plus grand pays musulman souhaite se concentrer davantage sur la transformation. Pour ce faire, elle prévoit d’accroitre ses importations en provenance d’Afrique à travers les multinationales qui gèrent le secteur, et la suppression de la taxe de 5% sur les fèves importées. Le Vietnam aussi compte surfer sur la même vague. La nouvelle approche de ces deux pays de l’Asie du Sud Est est loin d’être anodine. En effet le nombre de consommateurs de chocolat, un des produits dérivés du cacao, ne cesse d’augmenter
dans ce continent. Les plus fortes hausses sont notées en Chine, où la population consomme entre 15% et 25% par an. A en croire l’Organisation internationale du cacao (Icco), en 2012 la consommation a progressé de 10% en Asie. D’après les prévisions, Pékin pourrait même détenir 20% de la production mondiale de cacao en 2016. La Côte d’Ivoire et le Ghana devraient donc s’inspirer de ces cas d’école d’autant plus qu’on constate une forte hausse de la demande en produits chocolatiers. En 2013, la consommation de chocolat dans le monde à atteint pour la première fois la barre des 4 millions de tonnes, soit 32% de plus qu’en 2003. Une hausse de la demande qui a entrainé une hausse de 40% des prix du cacao en un an. Autant de facteurs motivants pour développer le secteur de la transformation locale.
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d’Alioune GUEYE bloc-notes
quatorze minutes 14 minutes, voilà le temps qu’il a fallu pour créer African Business International à Singapour. Cerise sur le gâteau, le banquier s’est déplacé en personne pour l’ouverture des comptes de la société. Ce n’est donc pas hasard si Singapour est le numéro un mondial en matière de « Doing Business ». Cette performance s’appuie principalement sur l’intelligence de l’investissement direct étranger autrement sur une diplomatie économique efficace : dites-nous ce que vous aimeriez trouver sur place pour réussir votre investissement et nous le faisons pour vous. C’est ainsi que Singapour a su créer un écosystème performant pour attirer des investisseurs du monde entier. Comment expliquer autrement la présence de plus de 7000 multinationales sur une île de 747 km² ? Pour nous autres pays africains, nous gagnerions à nous mesurer aux meilleurs, en gardant bien à l’esprit qu’il ne s’agit pas de copier/coller, mais simplement de nous inspirer des bonnes pratiques de Singapour : un gouvernement entrepreneur, une bonne gouvernance s’appuyant notamment sur un système méritocratique, une stratégie dans le trés long terme, l’investissement continu dans un capital humain de classe mondiale. Mr Lee Yi Shyan, Ministre d’Etat de l’industrie du Commerce et du Développement économique avec qui nous avons eu une séance de travail en juin dernier à Singapour nous a confié son optimisme quant au développement du continent africain. « Si Singapour a pu réussir sans ressources sa transformation en 40 ans, le continent africain devrait pouvoir la réussir en 20 ans car il dispose de toutes les ressources pour y parvenir ». Ne nous laissons pas distraire par les beaux gratte ciels et les infrastructures ; car l’essentiel de ce qui a été réalisé à Singapour en « si peu de temps » est invisible à l’œil nu et a pour noms : travail, discipline et patriotisme économique.
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MASTER CLASS à SingApouR
Date : Du 02 au 08 novembre 2014
La diplomatie économique : pour une approche gouvernementale intégrée Contexte stratégique : Avec le développement des opportunités sur le continent africain, la bataille pour les investissements directs étrangers va devenir encore plus intense. Il ne se passe pas une semaine sans que ne se tienne forum et événements de promotion d’investissements ou de commerce en Afrique que ce soit au niveau pays ou à un niveau plus sectoriel. Toutefois, à l’avenir, les investissements étrangers se feront plus précis et discriminants, et le investisseurs auront des exigences plus élevées du rôle que les gouvernements acteurs économiques pourront jouer dans la facilitation des investissements. Dans un tel contexte comment le secteur public africain peut-il jouer le rôle de diplomate économique ? Quels sont les outils et méthodes pour attirer les plus grandes entreprises mondiales et les investisseurs ? Comment les gouvernements africains peuvent-ils «toucher» efficacement les investisseurs notamment ceux d’Asie ? Résultats attendus : Que vous soyez ministre, fonctionnaire chevronné, diplomate, dirigeant de l’agence de promotion des investissements, membre dirigeant du patronat ou en charge d’une chambre de commerce et d’industrie, Vous serez en mesure au terme de ce « master class » inaugural a Singapour – l’une des "villes-Etats" les plus dynamiques au cœur de l’Asie - de vous approprier le cadre et les soubassements outils stratégiques nécessaires pour élaborer les systèmes et méthodologies pour dessiner une approche gouvernementale intégrée de diplomatie économique. Programme : Sessions pédagogiques interactives et participatives, visites de sites, sessions d’échanges et de networking avec des professionnels d’institutions spécialisées, de gouvernements, et du secteur économique de Singapour. Cible : • Conseillers de très haut niveau des présidents et premiers ministres • Conseillers en Stratégies économiques • Ministres des affaires étrangères • Ministres du Commerce et de l’Industrie • Agences de Promotion des investissements étrangers • Chambres de commerce • Patronats
About Singapore Singapore has achieved staggering economic success in the past 50 years. With little natural resources of its own, the former British colony of 5.3 million people today started life in 1965 as an independent country on par economically with most African countries. The country has had only three leaders in 54 years, and has seen a massive increase in wealth in the last 46 years, becoming the world‟s busiest port, 3rd largest oil refining centre, 4th leading financial centre and a major business, trading, talent and investment hub in the Asia Pacific, straddling China and India. It's GDP per capita grew from less than US$500 in 1960s to over US$55,000 today. Singapore is home to over 10,000 leading companies in the world and ranked the easiest place to do business according to the World Bank.
pour tous renseignements et inscriptions :
African Business international pte Ltd | Singapore, 10 Anson Road international plaza #10-11 Singapore 079903 | Mail : contact@abi.com.sg
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business case
Zena Exotic Fruits
Réalisé par Maimouna Dia Ndour
La transformation des fruits et légumes a connu une croissance constante en trois décennies au Sénégal, selon les chiffres de l’ANDS (L’Agence Sénégalaise de statistiques et de la démographie). A l’image de la plupart des pays en développement, au Sénégal, elle est détenue d’une part par des transformateurs dits modernes et organisés et d’autre part par une multitude de petites et micro entreprises à caractère familial et artisanal. Considérée comme le domaine de prédilection des Gie (groupements d’intérêts économique) et groupements de femmes, la transformation des cultures fruitières et légumières intéresse également diverses autres PME sénégalaises, bien structurées. Elles y entrevoient un bon filon à exploiter. L’un des fleurons et leader dans ce secteur au Sénégal est Zena Exotic Fruits. Détentrice de 40% des parts de ce marché, la PME s’est particulièrement distinguée par son dynamisme dans la transformation et le conditionnement des fruits et légumes tropicaux destinés aux marchés locaux, régionaux, sous régionaux et internationaux. Elle affiche chaque année près de 900 tonnes de fruits et légumes transformés pour répondre à la demande de 200 gros clients revendeurs au Sénégal et à l’international. En outre, Zena Exotic Fruits est une entreprise dont l’évolution retrace parfaitement l’histoire de la transformation des fruits et légumes de notre terroir. Créée en 1986, l’unité de production familiale a été remise en selle par son nouveau management. L’entreprise s’est, depuis 2004, lancée dans une course sans arrêt pour son expansion et affiche une croissance moyenne de 20% à 40% sur la période 20102014. Pour se faire une place, Zena a investi dans une large gamme de produits, a privilégié le travail des jeunes et des femmes et s’est distinguée par le respect des normes mondiales de sécurité alimentaire. Présente dans les différents réseaux de la grande distribution nationale, Zena Exotic Fruits exporte aussi directement sur les marchés occidentaux où elle peut profiter des réductions de tarifs douaniers accordés aux pays les moyens avancés. Encouragée par les bonnes perspectives du secteur, la société a investi pas moins de 250 millions de FCFA en équipements et matériels, afin d’augmenter ses capacités de production, faisant fi des nombreuses difficultés dans le secteur. Des difficultés qui ont trait au manque d’organisation des acteurs, à des RH récalcitrants, à la lourdeur administrative et fiscale, à l’insuffisance des moyens technologiques et à un appui de l’Etat jugé limite. Ainsi, l’analyse du cas de Zena Exotic Fruits met parfaitement en évidence les forces, les faiblesses ainsi que les perspectives du secteur de la transformation des fruits et légumes au Sénégal.
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business case La division du travail
l’ atout gagnant
Zena Exotic Fruits, a suivi et vécu les différentes étapes de l’évolution du secteur de la transformation des fruits et légumes au Sénégal. Actuellement leader sur le marché national, la PME n’a réellement pris son envol que lorsque Randa et Zouheir Filfili ont pris les rênes et l’ont réorganisé.
Randa Filfili, gérante de Zena Exotic Fruits
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Randa et Zouheir Filfili forment le duo qui, depuis 2004, déroule une stratégie novatrice afin de donner un nouveau souffle à l’entreprise familiale. Cette dernière est constituée de 21 employés permanents secondés par 65 à 85 saisonniers. A la tête de la PME, se trouve Randa Filfili, la gérante de l’entreprise. Elle travaille en collaboration avec le directeur d’exploitation Zouheir Filfili, chargé de la gestion de toute la production et de veiller au respect de la qualité. Trois responsables qualité contrôlent scrupuleusement cet aspect qualité. L’un se charge de la gestion du processus de qualité en général, l’autre s’occupe du processus de qualité de toute la fabrication et le dernier a pour mission de veiller sur le processus de qualité du conditionnement et de la formation du personnel. Chacune de leur tâche revêt une grande importance, car les éléments qualité et hygiène restent les pièces maitresses dans le domaine de la transformation et de l’agro-industriel de manière générale. « C’est difficile de trouver au Sénégal une entreprise dans la transformation agroalimentaire aussi bien organisée. D’ailleurs, chez nous aussi, c’est venu au fur à mesure pour accompagner notre développement », affirme Randa Filfili. En effet, la PME fait presque
figure d’exception dans le secteur par son organigramme parfaite illustration d’une entreprise bien structurée. L’une de ses forces majeure réside dans son choix de profiles compétents et adaptés, sa bonne division du travail et son respect des process dans ce domaine gangréné par l’amateurisme et la désorganisation. L’organisation de Zena Exotic Fruits lui
confère des avantages en termes de productivité et de capacité à répondre aux normes de sécurité alimentaire. Forte de ces pratiques, Zena se positionne comme une entreprise moyenne et citoyenne dotée d’une forte volonté de s’agrandir en rentabilisant son chiffre d’affaires situé en dessous d’un (1) million d’euros, soit moins de 650 millions de FCFA.
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business case transformation des fruits et légumes
Un secteur très prometteur
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Les énormes potentialités du secteur de la transformation des fruits et légumes sont désormais évidentes. Le secret réside dans la capacité des entreprises à tirer profit des quelques avantages offerts par l’environnement sénégalais, à investir et à produire à grande échelle.
Cuve pour mélanger les fruits pressés
Citernes de fermentation
La transformation des fruits et légumes sont parmi les domaines auxquels compte l’Etat pour améliorer les exportations. Ce regain d’intérêt confirme encore les énormes po-
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tentialités dans ce secteur rentable mais uniquement à grande échelle pour les unités de transformation. En effet, les charges fixes et investissements sont généralement colos-
saux. Seule une production de haut niveau permet aux entreprises de rentabiliser leurs investissements. Plusieurs PME du secteur ont été contraintes à une fermeture précoce pour de tels motifs. « Si vous n’avez pas assez d’acquis, de savoirfaire et de marchés vous risquez de fermer au bout de deux ou trois ans », prévient Randa Filfili. Zena Exotic Fruit a failli faire banqueroute à deux reprises. Ce n’est qu’à partir de 2004-2005, que la PME a établi une multitude d’actions lui assurant une stabilité durable. Elle a consolidé sa présence sur le marché local où elle reste leader tout en s’offrant une ouverture à l’international. La stratégie a été payante et lui a donné un second souffle. Un nouveau départ résultant d’énormes investissements dans la qualité des produits, dans les process de fabrication et la formation du personnel, mais qui témoignent aussi une certaine confiance. La PME a maintes raisons d’y croire sachant qu’elle évolue dans un environnement qui, en dépit d’une kyrielle de difficultés, est doté de quelques avantages : La proximité avec l’Europe et une main d’œuvre disponible et bon marché dans un pays où le taux de chômage est de 48%, selon les chiffres de la Banque Mondiale. La filière de transformation des fruits et légumes bénéficie de plusieurs autres éléments favorables parmi lesquels la possibilité de développer des productions de type tropical, de diversifier les cultures et de miser sur les cultures
business case de contre saison. Le tout dans un pays dotés de meilleures infrastructures portuaires et aéroportuaires que ses voisins. De beaux pronostics envoient des signaux positifs, dans le domaine de la transformation des fruits et légumes, jadis sous-estimé.
Nos voisins, nos meilleurs partenaires La Gambie, le Mali, la Mauritanie et la Guinée Bissau sont des partenaires de premier ordre pour les secteurs de la transformation des fruits et légumes. pays importateurs des produits agro-industrie du sénégal 60000
50000
40000 Valeur exportée en 2006
30000
Valeur exportée en 2007 Valeur exportée en 2008
20000
Valeur exportée en 2009 10000
Valeur exportée en 2010
ni
so
as
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0
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Des perspectives rassurantes Quand le fondateur de Zena s’est lancé dans le secteur en 1986, rares sont ceux qui adhéraient à son idée. Il était juste passionné et convaincu de s’adonner à une activité intéressante. Les énormes potentialités du secteur ont surtout été décelées et développées par les nouveaux gérants. En allant dans les séminaires, les salons professionnels et autres rencontres l’équipe de Randa Filfili a vite été confortée dans sa conviction que la transformation est un secteur porteur et à grand potentiel, pouvant largement contribuer au développement de l’économie Sénégalaise. A partir de 2004, elle établit et peaufine sa vision et stratégie, fortement tributaires de sa capacité à s’agrandir. Pour se donner les moyens à la hauteur de son ambition, Zena Exotic Fruits devait augmenter sa capacité de production, et acquérir des matériels, des équipements pour aider la main d’œuvre et satisfaire aux normes internationales de sécurité alimentaire. L’entreprise a récemment acquis du matériel pour assurer son expansion à travers la mise en place des projets d’introduction de céréales et des fruits séchés. En tout, elle a investi 250 millions de FCFA pour son agrandissement et attend du gouvernement sénégalais qu’il étudie en toute sincérité le problème des charges pour les sociétés, le coût des impôts, la facture énergétique ainsi que le code du travail. L’évolution dans un environnement plus favorable est un atout majeur pour Zena dans sa stratégie visant à améliorer son chiffre d’affaires au niveau sous régional et international.
Source : Calculs du CCI basés sur les statistiques de COMTRADE
Exportations sénégalaises du secteur agriculture et agro-industrie selon des données officielles et mioir 2006
2007
2008
2009
2010
Données sénégalaises
144 353,35
145 333,52
88 137,53
141 286,92
163 556,06
Données miroir
125 484,09
167 773,16
98 371,08
107 667,26
133 600,20
Les valeurs sont en Euro. Source : TradeMap de l'ITC
Des tarifs préférentiels à l’export Zena et les entreprises de l’agroalimentaire sénégalais peuvent bénéficier de réduction douanière à l’exportation vers plusieurs pays. Sur le marché européen par exemple, le Sénégal bénéficie d’une franchise à la douane, sans contingent en vertu de l’initiative « Tout Sauf les Armes ». En effet, vers l’UE, notre pays bénéficie d’un accès aux marchés exempt de tout droit du fait de son statut de PMA. En contrepartie, ses entreprises doivent respecter des règles strictes relatives à l’hygiène dans l’agroalimentaire. Sur le terrain des exportations internationales, le Sénégal ainsi est largement avantagé par rapport à un pays concurrent comme la Thaïlande. Ce dernier doit s’acquitter de 1, 51% de frais de douane sur la même zone. La majorité des marchés ciblés par les PME à l’exportation des produits transformés accordent d’ailleurs des tarifs douaniers préférentiels au Sénégal. Pour les exportations vers l'Afrique aussi, nous sommes avantagés, mais désavantagés vers l’Asie. Sur le marché américain le Sénégal prend encore de l’avantage sur la Thaïlande. Notre pays doit s’acquitter de 6, 66% de droit de douane contre 11,18% pour le pays asiatique.
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business case Exotique et naturel
deux labels vendeurs
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Zena a conquis les marchés nationaux et internationaux à travers des saveurs authentiques à base de produits frais et naturels. Des produits dont la vente est assurée par un circuit de distribution bien rodé au Sénégal et à l’étranger.
Des ouvrières épluchent du fruits naturels
Les produits Zena sont appréciés au Sénégal et à l’étranger. La raison de ce succès est à chercher dans la composition des aliments mis sur le marché. Dès le début, la politique de Zena a été de travailler avec des fruits frais. Tous les produits proposés sont faits à base de fruits frais à 50% au minimum et à 65% au maximum. Ils sont 100% naturels sans additifs ni conservateur. En outre, la PME est arrivée sur les marchés internationaux à l’époque de la grande polémique sur les produits naturels et chimiques. «Nous avons effectué notre entrée avec des produits simples et sains et cela a été une réussite. Notre développement ne passera pas par l’utilisation de produits chimiques ou d’arômes », a promis Randa Filfili. La société projette de se lancer dans la production de
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produits bios. Zena Exotic Fruits a actuellement des produits avec toutes les caractéristiques de produits bios, seule la certification lui manque. Quand l’entreprise produit des sirops ou confitures de fruits de baobab par exemple, c’est un produit naturel et bio, mais il lui faut la certification pour pouvoir apposer le logo bio. C’est pareil pour la Mangue et le Bissap
également bio. Des démarches sont en cours pour résoudre cette difficulté qui constitue un frein à la valorisation des saveurs commercialisées. Les produits de Zena Exotic Fruits se déclinent en plusieurs catégories. Ils sont constitués essentiellement de confitures, de sirops, de jus de fruits, de purées de Piments, mais aussi de madd, de miel brut, de halwa et de Tahini. Au Sénégal, les mets Zena sont commercialisés dans les grandes surfaces comme Casino et ses branches. On les retrouve également au niveau des chaines de boutiques de stations-service, des supermarchés, des superettes, des grossistes, des boutiques de quartiers et des marchés. Les prix pratiqués chez Zena sont légèrement plus élevés que ceux sur le marché. Par exemple, le pot de miel Zena est vendu à 3000 FCFA dans les superettes contre 2000 FCFA chez la plupart des concurrents. Ce décalage ne semble pas avoir trop d’impact. Les produits Zena sont très prisés par une certaine clientèle à laquelle appartiennent plusieurs hôtels et restaurants. A l’international, les produits Zena sont exportés directement sur les marchés européens, américains et ceux des pays du golfe. Ils se vendent au niveau d’enseignes comme les Aliments Basmex Inc au Canada, les supermarchés HEB au Texas ou encore le Gourmet General Trading LLC aux Emirats.
politique de l'emploi
les femmes et les jeunes
au cœur du dispositif
Zena Exotic Fruits se veut une entreprise citoyenne, socialement responsable (RSE). C’est dans cet esprit que le management souhaite faire des femmes les piliers de l’entreprise. L’une de ses politiques phares est de favoriser l’intégration des femmes dans le domaine professionnel. C’est pourquoi, 90% du personnel est constitué de femmes. Un choix qui s’explique aussi par la simple raison que les femmes sont beaucoup plus habiles à laver et à éplucher les légumes. C’est un travail qui rentre dans leur quotidien. Mais cela reste également une opportunité souvent unique pour cette gente féminine de se former, de s’insérer professionnellement et de contribuer aux finances de leur famille. Au total, les femmes et les jeunes contribuent à 60% les effectifs de l’entreprise et pas nécessairement ceux qui ont un niveau d’instruction élevé. La majorité de la population n’est pas instruite sachant que l’éducation à la base n’est pas obligatoire. Les filles servent souvent de main d’œuvre dans les foyers où les parents n’ont pas les moyens de les envoyer à l’école. De nombreuses Sénégalaises ont ainsi un faible niveau d’éducation, «mais
elles ont du potentiel », analyse la gérante de Zena. L’entreprise mise sur le renforcement des capacités des femmes. Elle les forme dans le but de rendre leur travail plus professionnel. Une initiative qu’elle juge rentable pour les deux parties. En outre, Zena Exotic Fruits à l’instar des différents acteurs de ce domaine contribue fortement à la création de l’emploi et au soutien du secteur agricole à la base, grâce notamment à l’achat des récoltes des agriculteurs. «D’abord, nous achetons les récoltes des paysans ce qui améliore leur condition de vie. Nous créons des emplois sources de soutiens pour plusieurs familles, vendons des produits et contribuons à l’assiette fiscale », rappelle Randa Filfili. De plus, les exportations ramènent à la fois des devises et contribuent à rehausser l’image du Sénégal sur les marchés internationaux. Il n’est pas fréquent de trouver sur les réseaux de distribution internationaux des produits provenant d’Afrique et répondant aux normes américaines et européennes. Officiellement, Zena Exotic Fruit n’est pas dans une démarche de commerce équitable, même si de nombreux procédés
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La promotion de la femme et l’emploi des jeunes sont deux créneaux à travers lesquels l’entreprise veut exprimer son engagement sur le plan social au Sénégal.
Une ouvrière remplissant un pot de confiture
allant dans ce sens sont testés au sein de l’entreprise. Cependant, ses contributions ne sont pas passées inaperçues et ont valu à la gérante, Randa Filfili, le classement parmi les meilleurs entrepreneurs de l’Afrique par la Banque Mondiale à travers son initiative infodev. Une belle récompense pour cette PME pionnière de la transformation des fruits et légumes au Sénégal.
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business case
business case
une kyrielle de contraintes inhibitrices Zena Exotic Fruit est un bel exemple de réussite à la sénégalaise. Mais le chemin a été long et tortueux. L’absence de centrale d’achat, l’insuffisance des laboratoires d’analyse, les coupures intempestives d’eau et d’électricité, la concurrence des produits importés restent les obstacles majeurs à une réelle expansion du secteur de la transformation des fruits et légumes. Malgré toute la volonté politique et les quelques facteurs favorables énumérés, le secteur agricole est désorganisé. Cela rejaillit sur l’agroalimentaire et la transformation des fruits et légumes plus précisément. D’abord, les entreprises de ce domaine ne disposent d’aucune centrale d’achat et sont par conséquent obligées d’aller à la source chercher les petits producteurs. Dans la mesure où les produits existent, leur acheminement vers Dakar est un véritable casse-tête. Ensuite, il est difficile d’obtenir les preuves de traçabilité des produits, sachant qu’il n’existe pas de centrale d’achat ou d’organisme garantissant cette
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traçabilité. Une réelle difficulté pour les PME de la transformation. Ces informations, devant figurer dans le cahier des charges, sont cruciales quand l’entreprise se tourne vers l’extérieur et constituent un réel obstacle à l’entrée de plusieurs marchés. Une autre grande faiblesse du secteur de la transformation est l’insuffisance des laboratoires d’analyses. Ceux disponibles sont parfois déstructurés et inaptes à l’analyse de produits alimentaires. Seules quelques analyses y sont pratiquées. Ces insuffisances contraignent les entreprises à envoyer leurs produits aux Etats-Unis ou en Europe afin de les faire analyser. Cette démarche est très coûteuse et pose problème, sachant que les unités de transformation sont tenues d’effectuer des analyses au moins tous les trois mois. Zena a du nouer des partenariats avec des clients qui se chargent d’effectuer les analyses une fois les produits arrivés. A cette contrainte majeure, il faut ajouter la rareté des ressources humaines ayant les compétences requises. C’est-à-dire des profils bilingues maitrisant les process de qualité, de production, les normes internationales et sachant les appliquer au Sénégal, une nation francophone. Sur les marchés internationaux, les entreprises sont
souvent confrontées à la barrière linguistique. La direction de Zena dénonce également l’impact de la fréquence des jours fériés et le laisser aller du personnel. « L’entreprise subit cette situation qui agit sur beaucoup de choses », déplore Randa Filfili. Pour changer la donne, la PME a essayé d’établir un règlement intérieur instaurant la discipline et sensibilise le personnel sur les pertes et les conséquences découlant d’une telle attitude. De plus, le domaine de commercialisation des produits est très difficile au Sénégal. Les entreprises doivent se débrouiller seules et sont soumises à la forte concurrence des produits importés. Sur le marché local, beaucoup de GIE évoluent dans la transformation des fruits et légumes, mais Zena les considèrent plus comme des partenaires. «C’est surtout l’importation qui nous pénalise. Les gens ont tendance à acheter plus pour le prix que pour la qualité, ainsi nous avons parfois du mal à écouler nos produits sur le marché local», explique Randa Filfili. Blackout sur la disponibilité de l’eau et de l’électricité La dernière difficulté majeure indiquée par Zena Exotic Fruits est le coût exorbitant de l’électricité
business case au Sénégal. Les entreprises sont contraintes d’investir dans des installations électriques ou groupes électrogènes très coûteux. Mais ce que l’on déplore le plus chez Zena est le manque de transparence sur le sujet qui empêche toute planification et prévision d’investissements dans des solutions alternatives pour les entreprises. « A un certain moment on a tous investi dans un groupe électrogène et quelques mois plus tard, le courant est revenu à la normale », se souvient Randa Filfili. Même si l’électricité fonctionne, elle reste excessivement chère pour les industriels et creuse un grand trou dans la trésorerie. Cette année, les industrielles de la zone de Dakar plateau subissent également un manque d’eau récurrent. La liste des difficultés du secteur loin d’être exhaustive a été renforcée par celle dressée par l’Asepex (l’Agence sénégalaise de promotion des exportations) en partenariat avec l’ANDS (l’Agence nationale de statistiques et de la démographie). Cette dernière pointe du doigt la faiblesse des investissements de renouvellement ou de modernisation des unités de production, la difficulté à accéder au crédit, la concentration sur un nombre limité de produits et de marchés, le manque d’organisation des professionnels du secteur et l’insuffisance de la valorisation des produits frais. Ces structures étatiques ont également relevé le manque d’infrastructures de conservation des produits frais, la difficulté à satisfaire les normes et règlements en vigueur, la défaillance du système de contrôle sanitaire des aliments. Enfin, elles ont attiré l’attention sur la cherté de l’eau, des intrants, du fret aérien et les irrégularités du fret maritime dans le secteur de la transformation des fruits et légumes au Sénégal.
Trois décennies de croissance La transformation des fruits et légumes au Sénégal connait une nette progression depuis quelques décennies. Pendant les trois dernières décennies, le pays a augmenté de manière significative ses exportations de jus de fruits (+109%) et ses exportations de confitures et marmelades (+37%). Autre indicateur d’une meilleure santé du secteur est la hausse de la demande mondiale visible sur les statistiques de deux gros clients mondiaux que sont les USA et l’UE. Cette dernière se traduit par la hausse de leurs importations de produits issus de la transformation des fruits et légumes. Cette hausse est de 30% pour les USA et 35% pour UE concernant les importations de jus de fruits. Quant aux importations de confitures et de marmelades, elles ont augmenté de 42% pour l’UE et de 35% pour les USA, selon la base de donné UNcomtrade. Les chiffres révèlent également l’importance des pays voisins pour les exportations Sénégalais des fruits et légumes transformés.
Le commerce sénégalais des jus de fruits Type de commerce à/de
Valeur 2010
Valeur 2011
Valeur 2012
Exportations
Monde
$ 355 505
$ 652 514
$ 741 497
Gambie*
$ 210 212 $ 187 659
$ 159 187
29%
21%
$ 5 778 044
$ 10 811 053
$ 10 967 349
16.25
16.57
14.79
Mali* %**
59%
Changement des exportations entre 2010 et 2012 : + 109% Importations
Monde
Relation Importations/Exportations
* Pays importateur le plus important ** pourcentage du pays importateur par rapport au total Source : UNcomtrade (Classification HS2002; Code de marchandise 2009
Le commerce sénégalais des confitures et marmelades Type de commerce à/de
Valeur 2010
Valeur 2011
Valeur 2012
Exportations
Monde
$ 96 909
$ 129 452
$ 132 778
France*
$ 65 486
$ 107 712
$ 82 484
%**
68%
83%
62%
$ 526 759
$ 903 466
$ 995 654
5.44
6.98
7.50
Changement des exportations entre 2010 et 2012 : + 37% Importations
Monde
Relation Importations/Exportations
* Pays importateur le plus important ** pourcentage du pays importateur par rapport au total Source : UNcomtrade (Classification SITC Rev 1; Code de marchandise 0533
Le commerce sénégalais des fruits secs Type de commerce à/de
Valeur 2010
Valeur 2011
Valeur 2012
Exportations
Monde
$ 18 692
$ 32 109
$ 15 051
Gambie*
$ 6 062
USA*
$ 10 602
France* %**
$ 12 220 32%
33%
81%
$ 51 676
$ 50 031
$ 51 265
2.76
1.56
3.41
Changement des exportations entre 2010 et 2012 : - 19% Importations
Monde
Relation Importations/Exportations
* Pays importateur le plus important ** pourcentage du pays importateur par rapport au total Source : UNcomtrade (Classification HS 2002 ; Code de marchandise 0813
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business case
Une histoire vieille de 29 ans Zena Exotic Fruits, c’est avant tout une histoire de famille qui a bien évolué. Au fil des années, la petite unité de transformation familiale a donné naissance à une entreprise de plusieurs dizaines d’employés, dont les produits sont aujourd’hui présents au Sénégal et à l’international. Tout a commencé en 1986 lorsque l’entreprise a été créée sous le nom d’UNISALI par Toufik Filfili. L’idée est née de la volonté de valoriser les fruits du terroir. Le Fondateur Toufik Filfili était le fils d’un agriculteur. Il avait du mal à voir des fruits périr ou se gâter en abondance durant la saison des récoltes. C’était la seule issue dans la mesure où ils n’étaient pas consommés sur le marché local. Au fil des années, il s’est mis à réfléchir sur la meilleure façon d’arrêter ce gâchis et de participer à la valorisation de ces fruits. C’est ainsi qu’est né le premier agro-business et la première unité de transformation des fruits et légumes au Sénégal. Le fondateur a commencé naturellement avec la mangue, un fruit très abondant au Sénégal. «Au début, il s’est mis à confectionner des confitures de mangue sans l’intention d’en faire un business», raconte Randa Filfili. Des mets qu’il distribuait gratuitement à son personnel, ses amis et familles proches, selon la gérante de Zena. Au fil des années, cet amour pour la transformation s’est consolidé. En même temps, il s’est rendu compte que c’est quel-
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que chose de très positif. Son initiative permettait à la population de goûter à ces saveurs à une période de l’année où les mangues fraiches sont introuvables sur le marché. Toutik Filfili qui avait poursuivi ses études en Allemagne, a voulu formaliser cette activité dès son retour. Secondé par trois employés à l’époque, il introduit progressivement d’autres fruits du terroir notamment la papaya déclinée en confiture. L’étape des confitures a été suivie par celle du lancement dans la production de sirop. En 1989, T. Filfili a commencé à exposer ses productions en petites quantités dans ses propres magasins, notamment dans ses deux supermarchés. En 1992, il s’est mis à vendre à d’autres supermarchés sur le marché local. En 1997, le fils du fondateur accompagné de sa femme a rejoint l’équipe qui a commencé à s’agrandir. Une nouvelle ère de prospérité Une fois sur place, les nouveaux venus déroulent leur stratégie. Ils développent l’activité en contactant les hôtels, les épiceries, les supermarchés toujours sur le marché
local. En 2004, ils sont parvenus à la conclusion que ces produits qui sont très appréciés des locaux peuvent également intéresser les américains et européens. Pour ce faire, l’équipe de Zena a aussitôt entamé les démarches pour les exportations. L’entreprise a débuté avec la démarche HACCP, typiquement adaptée aux sociétés agroalimentaires qui répondent aux normes de sécurité alimentaire. La démarche a porté ses fruits car en 2008, Zena Exotic Fruits est devenu la première entreprise du secteur à exporter en direct sur le marché américain et le marché "ethnique". Fort de ce succès, la société s’est attaquée au marché européen. L’année dernière, la PME Sénégalaise, s’est lancée sur le marché des pays du golfe. De 2004 à 2014, c’est un développement continu au niveau de Zena Exotic Fruits pour essayer de répondre aux différentes normes de sécurité alimentaire internationale. Un travail titanesque qui a permis à l’entreprise de rester sur la première marche du podium dans le secteur de la transformation des fruits et légumes au Sénégal.
business case
Les bons points de la politique étatique Les nombreuses contraintes dans le domaine de la transformation occultent complètement les efforts de l’Etat pour soutenir le secteur. Mais l’accompagnement de l’agriculture à la base, l’exonération de taxes sur les équipements industriels importés, la création d’agences dédiées et de zones franches industrielles sont autant de mesures étatiques en faveur du secteur. De nombreuses politiques ont été déployées par l’Etat pour booster le secteur agricole. En 2004, l’adoption et la promulgation de la loi d’orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) a donné un nouvel élan au développement des filières du secteur agricole. Les initiatives Plan Reva, Goanna, PDMAS (Programme de Développement des Marchés Agricoles du Sénégal), sont les initiatives phares de cette politique. Cette volonté de propulser le secteur agricole et ses soussecteurs dont la transformation des cultures fruitière et légumières reste encore intacte. Mais à ce jour, ces moyens ont surtout servi à organiser le secteur à la base à travers l’achat de semences, d’équipements pour l’agriculture et d’engrais. Le domaine de la trans-
formation tarde à en bénéficier de manière significative, à quelques exceptions près. Seules quelquesunes de ces initiatives ont porté leurs fruits. L’Etat sénégalais à travers le programme APIX, a exonéré de douane tous les équipements et matériels industriels importés. Un geste hautement salué par les acteurs du milieu. Il a aussi déployé des organismes comme l’ADPME, l’Asepex qui appuie les unités de transformation des fruits et légumes en termes de conseils, d’études de marché, d’achat de stands dans les salons internationaux. «L’Asepex, appuie surtout les entreprises formelles et présentant certaines potentialités à l’export», explique Ndiassé Ngom, responsable scientifique de l’Asepex à ABJ. «Nous finançons même
les PME pour effectuer des analyses à l’étranger. Récemment l’Asepex a soutenu Zena Exotic Fruits dans ses démarches pour effectuer des analyses nutritionnelles de ses produits à l’étranger», a ajouté le responsable scientifique de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations. C’est grâce à ces institutions que Zena Exotic Fruits a d’ailleurs décroché beaucoup de marchés. Elles sont soutenues dans cette démarche par des organisations internationales à l’instar de l’USAID. Sur le plan financier, de nouvelles institutions émergent. La BNDE soutient les entreprises. Cette institution financière sous la tutelle de l’Etat a pour mission d’accompagner les PME pour l’accès au financement.
Respect des normes : la condition à l’export Les Pays les moins avancés bénéficient certes d’exonération pour exporter sur plusieurs pays occidentaux, mais l’élément déterminant pour être présent dans ces marchés est le respect strict des normes liées à la sécurité alimentaire. L’une des plus connues est la démarche HACCP typiquement adaptée aux sociétés agroalimentaires qui répondent aux normes de sécurité alimentaire. C’est une démarche de qualité, d’hygiène, de formation, de process de fabrication répondant aux normes internationales. C’est une procédure dont l’installation prend beaucoup de temps et d’investissement. La méthode HACCP permet une certaine vigilance en identifiant des étapes où il existe un danger de contamination. Au Sénégal, Zena Exotic Fruits est l’une des rares entreprises du secteur à avoir décroché le précieux sésame. Ce qui lui a permis d’exporter en direct (sans passer par le marché ethnique) sur le marché américain ainsi que vers la France, l’Espagne, les Pays Bas, le Canada et les pays du golfe. Néanmoins toutes les normes se rejoignent. Chaque pays a choisi ses appellations, en y ajoutant ses critères spécifiques. Par exemple sur le marché américain, il existe des critères spécifiques dédiés à la lutte contre le terrorisme. Cette démarche est typiquement américaine et n’existe pas sur le marché européen. Les certifications les plus courantes sont notamment l’HACCP, l’IFC, la BRC, la FDA, toutes restent des procédés garantissant la sécurité alimentaire.
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avis actualité d’expert
Par Philippe du Fresnay, économiste sinologue
L’économie chinoise a connu une croissance de 7,4% au cours du 1er trimestre 2014, sa plus lente en 18 mois. En rupture avec son paradigme décennaire de croissance axée sur les exportations et dépenses en infrastructure, devenu obsolète à la fin du mandat de Hu Jintao, la Chine a instauré en Novembre 2013 un ensemble de réformes dans plusieurs domaines dont la propriété intellectuelle, la responsabilité sociétale et la lutte contre la corruption. Un passage au développement durable aussi historique pour l’Empire du Milieu que son entrée dans l'OMC en 2001, et marqué par une annonce qui suscite surprise et polémique: d’après l’International Comparison Program de la Banque mondiale, la Chine devrait devenir la 1ère nation en parité de pouvoir d’achat, devant les Etats-Unis cette année. Cette nouvelle orientation voulue par Xi JinPing vise à « digérer » les effets de la politique de relance du gouvernement précédent, dans ce contexte de maturation de l’économie chinoise. Depuis 2004, Pékin refusait de freiner sa croissance monétaire en dépit des pressions inflationnistes étrangères et d’un début de pénurie de main-d'œuvre manufacturière. Ce contrôle prévisible du Renminbi face au Dollar attirait les fonds spéculatifs étrangers dans un transfert de capitaux d’Ouest en Est, motivé au moins à l’origine par la compétitivité des travailleurs chinois aussi productifs mais 8 à 10 fois moins onéreux que leurs homologues occidentaux. La conséquence en est aujourd’hui une redistribution inégale des ressources en Chine, « caillotée» sur certains secteurs privilégiés et encore exacerbée par des taux d'intérêt réels négatifs depuis 2009. Car l’après-crise a vu le ratio crédit/PIB chinois bondir à 200%. Le taux d'intérêt réel, qui devrait être égal à la productivité totale des facteurs, oscille entre 4 et 5% d’après les chiffres officiels. Pourtant, d’après d’autres estimations, il pourrait être négatif, jusqu’à -5%. De sorte qu’investir de l’argent
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La Chine à l’aube d’une nouvelle phase de son histoire
emprunté équivaut déjà à en gagner… dès lors qu’on a accès au crédit, cas de certains privilégiés au détriment des épargnants, beaucoup plus nombreux. C'est la principale raison pour laquelle la consommation des ménages chinois n’est encore que d'un tiers du PIB au lieu des 50 % que l’on devrait constater dans une telle économie : les blocages du passé. Les entreprises publiques ont été les pivots de ce déséquilibre durant la dernière décennie, utilisant leur prépondérance pour redistribuer les fonds de façon tentaculaire à travers le pays, comme dans toute économie héritée du communisme. Mais l’économie de marché a graduellement pris ses droits et l’inflation est devenue la variable d’ajustement. La rentabilité des actifs s’est détériorée au fur et à mesure que l’Occident a réduit ses investissements. Ce choix de maintenir une croissance forte malgré un secteur public devenu inefficient dans son rôle d’allocation a suscité la politique de relance de Hu JinTao, qui a maintenu les choses en l’état. Avec deux abcès aujourd’hui : la bulle immobilière, qui a concentré le recyclage des capitaux reçus, et la dette publique locale, qui a alimenté cette inertie inflationniste. Conscient de l’obsolescence de ce modèle, Xi JinPing a dû attendre son mandat pour faire face à cette situation. Car c’est à une forme de corruption qu’il s’attaque: les caciques bénéficiaires d’un modèle économique dépassé rechignent à adopter des méthodes plus rationnelles et transparentes. A moins de faire les choses à grande échelle, par le biais d’une campagne de conscientisation majeure. Car aujourd’hui la Chine n’est plus un émergent. Et Pékin doit assumer son entrée dans le développement durable en prenant le risque de la refonte. Cette « crise d’adolescence » va être courte, voire rétroactive: le pays est déjà prêt. Jusqu’ici la politique court-termiste de croissance à tout prix avait pour justification la nécessité de créer 10 millions
d'emplois par an de peur que le chômage soit source d’'instabilité sociale. Mais avec sa pénurie de main-d'œuvre manufacturière et sa surabondance de « cols blancs », la structure de la population active s’est déjà préparée à absorber les retombées d'un dégonflement de sa bulle de crédit. Une « économie de refroidissement » qui va alléger la pression sur le marché du travail. Et redonner à ses exportateurs l’avantage comparatif qu’ils perdaient progressivement du fait de cette inflation compensatrice du Yuan. Car à terme, les prix vont baisser. Le pouvoir d'achat des ménages va augmenter et, tant que l'indice des prix lui reste aligné, la part de leur consommation dans l'économie va suivre. Par exemple, on évoque souvent en ce moment l’impact négatif sur le secteur du luxe, car les achats des entreprises (repas d‘affaires, cadeaux à la clientèle… : environ un dixième du PIB), y sont à présent règlementés. Mais ces achats glissent en réalité vers les classes moyennes, encore bridées : elles boudent les marques étrangères trop élitistes au profit des enseignes de luxe chinoises, plus abordables à la majorité. Selon la presse officielle, cette nouvelle consommation privée de produits de luxe chinois « représente une expérience calme et réfléchie », dans un contexte de 'china pride', où les villes de second rang représentent un débouché porteur. Une prise de conscience symbolisée par la première dame Peng LiYuan, qui en fait la promotion locale et à l’étranger Même si la Chine réfute les conclusions de la Banque mondiale, elle est de toute façon à l’aube d’une nouvelle phase de son histoire. Elle passe d’une vision quantitative à qualitative de sa croissance. Sa volonté de combattre la spéculation et la corruption en sont à la fois le moteur et la garantie. Son nouveau maitre mot est la « récompense »: des efforts passés, et des gains de productivité à venir. Bienvenue dans le développement durable à la chinoise.
avisactualité d’expert
La ville intelligente en bonne intelligence À l’exemple du nouveau bureau de la ville intelligente de Montréal, des initiatives apparaissent ici et là pour rationaliser les ambitions. Et puis il y a les citoyens, qui au fond sont les premiers concernés et de façon assez claire, il y a deux voies distinctes pour fabriquer la ville intelligente avec eux. La première est celle où le citoyen est au service de la ville intelligente et la seconde où la ville intelligente va servir le citoyen. Au milieu, il existe une solution intermédiaire, que nous préconisons, mais qui nécessite de changer le logiciel. Tous les logiciels. La première voie est celle où les grandes compagnies du secteur TI dominent et sont prestataires. Leur rôle ? Collecter et organiser l’information. Elles le font pour les organisations, elles proposent désormais de le faire pour les villes. Les arguments sont à peu de choses près à l’identique. L’optimisation, l’efficacité et des gains de performance. Qu’est ce que cela implique pour le gestionnaire de la ville et le citoyen ? Pour le premier c’est la garantie d’un système homogène et interopérable qui, idéalement, agrège les données d’usage des grands réseaux (transport, énergie, information…). Pour le second, cette transparence se fait sans doute à son détriment, car ses données personnelles de consommation sont collectées, presque privatisées au bénéfice collectif d’un meilleur fonctionnement de la ville. L’on sait que du croisement des métadonnées (une somme de données individuelles anonymisées), l’on peut très facilement reconstruire la trajectoire et le quotidien de chacun. Ce faisant, les compagnies qui collectent cette information se trouvent dans la même situation que Facebook ou Google, elles ont une connaissance fine des usagers de la ville et de leurs pratiques, ce qui est valorisable auprès des annonceurs et des publicitaires. Une autre voie, presque à l’opposée, c’est celle de la ville intelligente par les citoyens eux-mêmes. Elle est beaucoup plus compliquée à mettre en œuvre. Il s’agit de coconstruire les services dont les citoyens
peuvent avoir besoin en libérant et en ouvrant massivement les données sur l’utilisation des infrastructures et des services de la ville. Les transports, la voirie, l’énergie, l’eau, les administrations, etc. Ce mouvement des données ouvertes est mondial, même si parfois les villes se freinent. Premièrement, elles peuvent être frileuses. Habituées à la gestion et à l’ingénierie des projets par le haut, la perspective de processus plus chaotiques, moins linéaires et co-initiés avec les citoyens nécessite de reconsidérer le logiciel interne de l’administration. En second lieu, il faut multiplier les jeux de données pour favoriser les croisements créateurs de valeur. Pour cela, il faut décloisonner des services municipaux qui parfois tiennent fermement à leur prérogative et à leur périmètre d’intervention. Le changement de culture, la formation des élus aux enjeux du numérique et la transversalité des fonctions sont des conditions nécessaires de la réussite et de la pérennité d’une politique d’ouverture des données publiques. Sinon, il y a le risque d’une vraie défaite de l’intelligence collective face à la communication. Des villes en sont restées au simple effet d’annonce. Un autre risque identifié est celui de la balkanisation des services produits. Une multiplicité de micro-service à usage très localisé pour peu d’usagers peut freiner l’émergence d’un standard souhaitable pour une large diffusion et appropriation des pratiques. Aussi, la ville intelligente et efficace s’adosse à des plateformes intégrées et interopérables. Enfin, il y a la question de la fracture numérique. Entre ceux qui savent utiliser les données et qui ont la maitrise du code informatique et les autres, il peut y avoir un fossé. La ville intelligente, co-construite par tous, et pour tous, passe par une politique volontariste de formation et d’éducation citoyenne. Par conséquent, ce choix de ville intelligente est audacieux, car il laisse la place à de nombreuses expérimentations, des doutes, des échecs, mais aussi des productions de service heureuses et inattendues. Mais surtout, il s’adosse à un registre de la propriété intellectuelle très différent du
Par Raphaël Suire, Enseignant-Chercheur, Université de Rennes 1, Chercheur associé MOSAIC/HEC Montréal
premier modèle. L’exploitation des données sur les usages se fait par les usagers eux-mêmes. Et cette transparence n’est aucunement incompatible avec une monétisation contrôlée des données personnelles et peut également stimuler efficacement l’innovation numérique. La troisième piste est celle d’une solution intermédiaire, celle de la fabrication de la ville intelligente avec tous les joueurs précités. Les grandes compagnies des TI, les villes et les citoyens. À l’image de ce que vient de faire récemment la compagnie automobile TESLA, cela doit passer par une mise à disposition des brevets et une ouverture des systèmes propriétaires. Ainsi, les entreprises externalisent une partie des coûts de recherche et développement en favorisant les collaborations, y compris avec des usagers/clients/ citoyens. Mais, ici aussi il faut changer le logiciel interne des grandes organisations pour aller vers l’innovation ouverte, une transparence sur les algorithmes de traitement de l’information collectée et une mise à disposition de l’information possédée sur les citoyens. Cette fois-ci, c’est audacieux pour les grandes compagnies et, au fond, il n’est pas certain qu’elles le souhaitent, car l’exploitation des données personnelles est souvent associée à des profits importants. Le choix de cette piste nécessite du courage politique et du volontarisme, mais c’est aussi celui qui favorise le plus la participation citoyenne, l’exploitation de tous les ressorts de l’intelligence collective, en plus de garantir une coopération intéressée des grandes compagnies. Évidemment, ce n’est pas simple et il n’assure pas de se hisser rapidement en tête de palmarès. Mais oui, les grandes compagnies des TI peuvent implémenter rapidement des systèmes de collecte, peuvent domestiquer les flux et optimiser les pratiques, mais, la ville intelligente, fabriquée en intelligence, peut être plus que cela. C’est une ville rebelle, inattendue, en mouvement et où toutes les énergies créatives doivent s’exprimer. C’est cela qui fait sa force et son attractivité durable.
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du manager
les cahiers Au sommaire
Réalisé en partenariat avec le Master Entreprenariat et Développement International et le Master Communication et Formation dans les Organisations de l’Université Mohammed V-Souissi de Rabat.
La boîte à outils du Manager’In Présentation d’outils pratiques de management avec conseils et avis et témoignages des utilisateurs Le guide du Manager’In Comment gérer sa e-réputation Enquête du Manager’ In Résultats d’une enquête réalisés auprès de managers et décideurs Le test du Manager’In Do you speak management?
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La boite à outils duactualité Manager ’In
Outillez-vous aujourd’hui pour le travail de demain Face aux défis que connaissent aujourd’hui les entreprises en matière de sécurité, d’accessibilité et de gestion des données, le Cloud Computing s’impose comme étant la meilleure solution à l’heure actuelle. Pour réduire leurs coûts, de plus en plus d’entreprises, d’administrations et même d’universités y ont recours. Sur ce marché très prometteur ayant le potentiel de générer jusqu’à 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans le monde en 2014 selon IDC, quelques géants de l’informatique s’imposent. Dans cet article, nous en présentons quatre: deux destinés au stockage et au partage de documents et deux autres destinés au travail collaboratif.
Des entreprises plus efficaces grâce aux outils de collaboration et de partage Les outils collaboratifs et de partage, constituent en ce sens une aide précieuse pour les entreprises, grandes et petites, notamment en matière de:
Outils de communication de base
Partage des ressources
Outils de communication avancée
Espace de travail
Messagerie, Forum, Chat, Mailing-list
Gestion des formulaires, Agendas partagés, Gestion des tâches ...
Web-meeting, Conférence audio/ vidéo, Partage d’application
Solution «collaborative intégrée »
Tendance Le Marché global du cloud computing devrait passer de 40,7 Md $ en 2013 à 250 Md $ en 2020, selon le Cabinet d’analyse Forrester.
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La actualité boite à outils du Manager ’In
Accédez à vos données où que vous soyez Vous avez mis des semaines, voire des mois dans un projet. Un jour, vous oubliez votre ordinateur ouvert à la maison. Votre enfant s’en approche et, oups, il fait disparaître toutes vos données. Mais vous ne lui en voulez pas du tout parce que vous avez eu la bonne idée de sauvegarder vos précieuses données sur Dropbox. Dropbox, qu’est-ce que c’est ? Si vous recherchez une solution efficace de stockage et de partage des données, sachez que Dropbox est l’un des pionniers en la matière. En plus d’offrir un stockage gratuit de 2 Go, Dropbox a la particularité d’offrir 500 Mo supplémentaires à travers un système de parrainage.
https://www.dropbox.com/
Les + : Multiplateformes, Système de parrainage offrant 500 Mo supplémentaires. Les - : La capacité de stockage offerte faible par rapport à la concurrence, Sécurité non encore maîtrisée
" Aujourd’hui, le travail collaboratif à distance constitue un enjeu majeur pour les startups d’une façon générale ; notamment pour les startups web. Du coup on avait besoin d’un outil simple et efficace afin de faciliter l’échange entre les différents collaborateurs. "
ELHAMDAOUI Yacine
Consultant web et responsable webmarketing chez E-Maroc Wave
Partagez et travaillez ensemble sur vos documents
Imaginez devoir travailler avec des collègues sur un même document, mais pour autant ne pas avoir le temps de vous rencontrer. Comment faire ? Pas de panique, Google Drive a la solution. Google Drive, qu’est-ce que c’est ? La solution de Google offre gratuitement 5 Go de stockage, mais pour la version payante, c’est pratiquement la même offre que celle de Dropbox. Elle permet elle aussi une grande facilité d’accès à partir de tout type d’appareil connecté. https://drive.google.com/
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La boite à outils du Manager ’In
Les avantages Là où ça devient intéressant, c’est que Google intègre Google Drive à son offre Google Apps. Ce qui veut dire que vous pourrez accéder à tous les produits Google avec un seul mot de passe. Et au-delà du simple partage, Google Drive vous offrira la possibilité de travailler à plusieurs sur un seul document et ce, en temps réel, grâce à l’intégration de Google Documents. Mais le plus pratique dans Google Drive, c’est que vous n’aurez plus besoin de vous "casser la tête" à essayer de vous souvenir du titre d’un document pour le retrouver. Avec son puissant outil de recherche, il vous permettra d’effectuer des recherches directement sur le contenu du document. Dernière chose intéressante. En achetant un produit Google (par exemple un smartphone Android), vous avez droit à une plus grande capacité de stockage gratuite.
Témoignage Chaque enseignant sait combien il peut être difficile de gérer les projets numériques des élèves de collège. Que ce soit des productions écrites, des dessins ou autres, il est intéressant de pouvoir conserver ceux-ci dans un endroit sécurisé et accessible partout. Avec Google drive, un service gratuit offert avec un compte gmail.com, il est facile d’archiver les travaux des élèves. Comme ils sont plus ou moins autonomes à cet âge, je préfère tous les conserver dans le compte de la classe. La procédure est assez simple.
Leila Mfeddel, Professeur au Collège
Les + : Intégration de Google Documents, Facilité d’utilisation, Multiplateformes, Moteur de recherche intégré performant. Les - : Obligation d’avoir un compte Gmail.
Organisez les communautés autour de vos projets
Jalios est une plateforme payante permettant de créer des espaces collaboratifs autour de projets internes, transverses ou externes, des espaces de veille ou de réflexion stratégique. Ceci, à travers la création de communautés dont voici un exemple. Concernant ses fonctionnalités, vous pourrez partager des documents, des pages web, un Magazine collaboratif, vos favoris et des flux RSS. Vous aurez, en plus, la possibilité de coéditer un Wiki, une FAQ, un glossaire, etc. Sans oublier qu’à travers cet outil, vous recevrez des notifications, des recommandations, des commentaires et vous pourrez aussi effectuer des sondages, enquêtes et quizz. L’échange est également de la partie au travers des forums et des blogs.
https://www.jalios.com
Pour le côté organisation, vous serez aidés par l’agenda dans la planification des événements et aussi par la réservation de ressources. Vous suivrez également l’état d’avancement de votre projet grâce à l’intégration du diagramme de Gantt. Vous apprendrez aussi à mieux connaître avec qui vous travaillez grâce à l’affichage des profils des membres ou encore l’organigramme. Tout cela en sachant que le leader de chaque espace collaboratif a la possibilité de choisir et configurer lui-même les outils offerts à sa communauté. Des modèles sont là pour l’aider dans sa tâche.
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La boite à outils du Manager ’In
Voici l’exemple d’un des outils disponibles, celui de la boîte à idées entreprise.
Et voilà enfin l’exemple d’un autre outil intéressant, celui de la discussion.
Témoignage Les + : Ergonomie et facilité de mise en œuvre, Utilisation sur tout type de terminal, Orienté professionnel, Support technique professionnel, Grande diversité des outils mis à disposition. Les - : La hiérarchie des menus est limitée à trois niveaux.
La solution Jalios est extrêmement ergonomique et facile à mettre en œuvre. La couverture fonctionnelle est tout simplement énorme. Par ailleurs, l'outil s'intègre parfaitement à notre système d'informations (service rest, annuaire... ).
Hind RAFIQ, Micro–finance
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La boite à outils du Manager ’In
Travaillez plus efficacement en équipe Alfresco Share est un logiciel qui vous offrira la possibilité de créer une plateforme collaborative. Il s’agira d’un site web favorisant le travail en commun. Contrairement aux outils précités, Alfresco Share est entièrement gratuit. Mais, attention, il n’est compatible qu’avec les pc sous Windows. Vous ne pourrez donc pas l’utiliser à partir de n’importe quel appareil connecté ni même d’un autre pc qui ne serait pas le vôtre. Cet outil est donc destiné essentiellement à un usage bureau. Toutefois, les fonctionnalités qu’il offre présentent bien des avantages. L’intégration d’un Wiki, d’un blog et d’une foire à questions favorisera l’échange d’informations et les rendra plus accessibles. De plus, il offre des fonctionnalités similaires à celles que l’on trouve d’habitude sur les réseaux sociaux, avec la possibilité de laisser un commentaire ou de donner son impression avec le fameux bouton « j’aime ».
http://www.alfresco.com/fr
Avec Alfresco Share, vous pourrez également ajouter des documents et même travailler avec des personnes n’utilisant pas cet outil grâce à l’intégration de Microsoft Office et Google Documents. Enfin, vous ne raterez plus rien grâce aux notifications et flux d’activités.
Les + : Gratuit, Ergonomie, Diversité des outils, Commentaires et bouton « J’aime ». Les - : Nécessité de l’installation d’un logiciel.
Témoignage Notre entreprise avait besoin d’une solution qui permette de mettre à disposition les divers documents produits chaque jour avec une gestion des droits efficace. De même qu’on cherchait à faire circuler l'information selon des chemins bien définis, pour des processus de validation par exemple (Workflow), et mettre à disposition des interfaces diverses, des outils de recherche et d'autres de suivi de version. C’est ainsi que le choix est tombé sur Alfresco qui constitue une alternative open source de référence pour la gestion de contenu d'entreprise sans oublier qu’il est basé sur des composants OpenSource standards (pile Java) : Spring Hibernate, Lucene, MyFaces, Programmation orientée aspect, etc.
Nabil LEMSYEH , Responsable système d’information chez DEV. Maroc
AFRIcan business journal | N°11 | 73
Le guide du Manager ’In
Comment gérer sa...
e-réputation? Vivre ou mourir, c’est à vous de choisir ! Mais n’oubliez pas qu’entre les deux il y a un #E#!
Ceci n’est ni une phrase qui fait beau ni un fantasme, mais une réalité et un bouleversement issu de la prolifération du web 2 où tout est devenu objet d’attaques sur la toile. En effet, chaque internaute est devenu une cible facile et un acteur majeur dans le détournement ou la prospérité d’une marque. D’où la naissance du concept E-réputation. Plus qu’un simple acte tendanciel, l’é-réputation se veut désormais un nouveau levier managérial qui se trace comme premier objectif de l’évaluation de ce qu’on dit sur soi en public sur le web, ainsi que l’apport de mesures correctives en cas de Buzz négatif.
Dans ce cadre, nous cherchons à vous présenter dans ce qui suit les "astuces" qui vont vous permettre, VOUS qui êtes managers à l’affût, de PERSISTER Chez le E !
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Une identité qui fait la différence ! Avant d’amplifier sa notoriété sur la toile, il sied avant toute action de réfléchir sur les différentes dimensions de son identité professionnelle. Il s’agit de bien se définir pour bien définir une communication identitaire authentique à destination du client, tout en tablant sur le paradigme différenciation. Cependant il ne faut pas avoir pour seul souci de cliquer fébrilement sur sa souris pour créer maintes profils, car ceci n’est qu’un acte de buzz sur du vide. En effet, vous pouvez bel et bien avoir des milliers de profils, mais qui peuvent s’annuler à partir du moment où ils sont identiques à ceux de la foule. Ainsi, pour établir et augmenter la visibilité de votre identité numérique, il convient, selon Harmach Marouane- fondateur du site consultor.ma et spécialiste E-réputation, de procéder par la stratégie de l’arbre à faire grandir. Le tronc de l’arbre étant un media social tel un blog, dont le contenu est aligné avec votre identité numérique. Les branches de ce tronc sont constituées d’outils en résonnance avec votre contenu qui sont, selon M. Laanait Moîze- fondateur de la startup tudioweb-, de type Facebook, Twitter, Linkedin, Youtube,
Flickr et toute la famille qui s'y apparente. Ce qui est à préciser à cet égard est que ces outils, par rétroactivité, vont ravitailler le tronc au travers des commentaires, communautés ou idées. L’altitude de votre arbre numérique, continue M. Laanait, compte autant que l’étendue des branches de votre arbre numérique pour renforcer la notoriété de votre identité numérique.
Comment construire son identité numérique ? « Tout d'abord il faut fixer ses objectifs. Une fois les objectifs déterminés, on définit une stratégie de présence sur le Web puis les outils/services en ligne les plus adéquats »
Le guide du Manager ’In
En effet, les questions auxquelles il faut chercher à répondre sont : Quelles sont mes forces ? Quelles sont mes faiblesses ? Quels sont mes objectifs sur le net? Et quels territoires numériques choisir? Et puis passer à l’action qui est la gestion de sa présence en ligne, voire sa E-réputation Selon M. Laanait, la démarche type pour évaluer sa e-réputation se résume en trois étapes : D’abord une définition du périmètre à surveiller : les sources d’informations à surveiller, les requêtes de veille,… Ensuite la sélection des outils appropriés : déterminer les outils de veille et d’évaluation à adopter pour sa démarche e-réputation ? Et enfin la réception des alertes et leur traitement : Trier les alertes, évaluer sa présence (Qualité/ Quantité) et réagir en cas de buzz négatif. La solution veille Dans ce cadre, la solution veille est extrêmement indispensable dans le processus E-réputation. Mais le choix de la solution veille adéquate doit être soumis à certains critères, que M. Laanait résume en trois points essentiels : La possibilité ou non de surveiller un site complet au lieu d’une page. Usuellement, tous les agents offrent la possibilité de surveiller un site complet mais à condition de spécifier toutes les adresses des pages. Cette fonction spécifique est absente chez la plupart des métamoteurs pour qui la surveillance de page est déjà une fonctionnalité annexe. À cet effet, cet indicateur montre la capacité de la solution à suivre des liens. De plus, la vérification des liens semble particulièrement pertinente. En effet, lorsqu’une re-
quête de veille est lancée pour une page, qu’elle existe ou plus après un bout de temps, la solution doit permettre de signaler tout changement sans avoir à vérifier la page manuellement. Cette opération doit être automatisée et fluide, après tout, surveiller une page qui n’existe plus n’a pas véritablement d’intérêt et est plus une déperdition de l’effort et de la valeur même. Finalement, l’accès aux pages cachées est une fonctionnalité facultative, continue M. Laanait, mais qui décuple la puissance de la surveillance. En effet, la quasi-totalité des outils permettent de s’identifier sur les pages à accès restreints mais d’autres offrent la possibilité de veiller sur des pages dites formulaires. Cette fonction permet entre autres de surveiller l’apparition de nouvelles pages de réponses à une requête dans un moteur de recherche, voire de surveiller les sites comportant d’imposantes bases de données. Cependant, gérer sa E-réputation revient à dire battre tout ce qui peut l’endommager, voire la détruire, mais par quoi une bonne e-réputation pourra t-elle être détruite? En réponse à cette interrogation, M. Laanait, cite l’exemple de la société Apple. Cette dernière a vu son cours de bourse s'effondrer après que le blog américain Engadget a publié une annonce de retard dans la sortie de ses nouveaux produits : iPhone et le système d'exploitation Leopard. [Annonce qui s'est d’ailleurs révélée erronée] Ainsi, un avis d’un client, un commentaire partagé par un employé amer… Toute information qui
fournit une information négative sur l’entreprise peut être un facteur déclenchant de ce qu’on appelle un «Bad Buzz».
Laanait Moîze : "Un commentaire partagé peut déclencher du Bad Buzz"
Pour finir, il s’agit de bien déclarer qu’une bonne gestion d’Eréputation requiert des gestionnaire E-réputation ! Et encore une fois, quelles compétences doit avoir celui qui se chargera de concevoir et de mettre en place l’e-réputation ? M. Harmach et Laanait s’accordent sur le fait qu’un gestionnaire E-réputation doivent avoir principalement des Connaissances en web, moteurs de recherche (SEO et SEM) et médias sociaux, une bonne compréhension des techniques documentaires et en stratégie de communication en plus de la connaissance du métier du client et de sa cible de clients et prospects.
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Enquête du Manager ’In
Enquête
Les erreurs qui peuvent tuer l’entreprise La présente enquête a été réalisée par le Master Entreprenariat et développement international de l’Université Mohammed V-Souissi de Rabat. Ce sondage vise à faire bénéficier les jeunes entrepreneurs de l’expérience de dirigeants expérimentés dans différents secteurs d’activité. Elle a touché près de 100 dirigeants africains de différentes nationalités et opérant dans différents secteurs d’activité.Les informations été recueillies entre avril et juin 2014. La création d’entreprises en général et des start-up (entreprises innovantes) en particulier constitue un des principaux leviers pouvant permettre de favoriser la croissance et l’emploi. De fait, on ne compte plus les programmes et les dispositifs mis en place par les différents pays pour encourager l’acte d’entreprendre chez les jeunes et faciliter la création d’entreprises. Toutefois les études effectuées sur la trajectoire de croissance des jeunes entreprises indiquent pour la plupart un taux de mortalité élevé. En effet, seule une entreprise sur deux arrive à dépasser le cap des cinq ans. Au-delà de la création d’entreprises, les efforts doivent alors se focaliser également et surtout sur leur croissance et leur pérennité. Secteurs des services
5% 13% 11% 9%
4 grands types d’erreurs D’après les dirigeants sondés, les erreurs qui peuvent limiter la croissance des entreprises peuvent être réparties notamment en quatre types : les erreurs stratégiques avec une fréquence de (29%), les erreurs financières (27%), les erreurs marketing et commerciales (19%), et enfin les erreurs en matière de gestion et de management (16%).
9% 16% 27%
Erreurs stratégiques
29%
Erreurs commerciales et marketing Erreurs financières
19%
Erreurs de GRH Autres erreurs
Industrie agro-alimentaire Industrie textile
21%
Immobilier
12% 11% 13%
6%
Hôtellerie et restauration Transport et logistique Industrie métallurgique mécanique et électromécanique télécommunication Autres secteurs
L’étude cherche, en particulier, à éclairer les jeunes promoteurs sur les erreurs qui peuvent tuer les jeunes entreprises ou limiter leur croissance. Les résultats de l’enquête faciliteront également l’échange d’expérience entre les dirigeants quelque soit leur niveau d’expérience.
76 | AFRIcan business journal | N°11
Les défaillances les plus citées sur le plan stratégique renvoient au manque de vision à moyen et long terme et la non-anticipation des évolutions de l’environnement. La forte dépendance vis-à-vis d’un seul client rend l’entreprise très vulnérable. Les conflits entre associés qui découlent souvent de la mauvaise répartition des rôles entre cogérants sont également des erreurs majeures. Les dirigeants évoquent également les risques liés à une croissance trop rapide et souvent mal maitrisée. Certains dirigeants sous-estiment la réaction des concurrents ce qui peut être fatale à toute entreprise ne disposant pas encore d’avantages concurrentiels durables.
Enquête du Manager ’In
0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0
Manque de vision à moyen et long terme
Conflits entre associés
Croissance trop rapide
sous estimer la réaction des concurrents
Dépendre d'un seul produit et/ou d'un seul client
Ne pas anticiper les évolutions de l'environnement
Pour autant l’Homme reste le capital le plus précieux de l’entreprise. Le risque d’erreurs concernant la gestion de ce capital ont été particulièrement évoqués par les enquêtés. Viennent en tête les erreurs liées au recrutement, la confusion des rôles au sein de l’entreprise et l’absence d’une politique de développement, de valorisation et de fidélisation des collaborateurs en général et des créateurs de valeurs en particulier.
0,3 0,25
Pour ce qui est des erreurs financières, elles résultent de la sous capitalisation, la sous-estimation des besoins en fonds de roulement et de façon plus large la mauvaise gestion de la trésorerie qui peut étouffer même les entreprises rentables. Le déséquilibre financier et le surendettement figurent également parmi les principales erreurs financières relevées par les dirigeants enquêtés. 0,45 0,4
0
Endettement trop lourd
0,1 0,05
Désiquilibre financier
0,2 0,15
Sous-estimation du BFR
0,3 0,25
Sous capitalisation
0,35
Sur le plan marketing et commercial, les dirigeants soulignent d’abord le risque lié au mauvais positionnement du produit/service. Un risque qui en cache un autre tout aussi critique: la méconnaissance du marché. Le manque d’agressivité commerciale et l’absence d’une communication appropriée auprès de la cible peuvent être également fatals à la pérennité de l’entreprise.
0,1 0,05 0
Erreurs de recrutement
Ne pas s'entourer de créateurs de valeur
Confusion Ne pas disposer des rôles et des d'un système responsabilités de pilotage
Négliger les obligations fiscales et sociales
Créer et développer une entreprise, est donc un chemin semé d’embuches, et d’obstacles. Ceci dit ; comme en témoigne un dirigeant confirmé : « Identifier et maîtriser les risques rendent l’aventure passionnante, enthousiasmante et fascinante ».
Réalisée par ASBAI Mustapha, IBN CHEIKH Boutayna, OUDDOU Sarah, ALAOUI LAMRANI Abdelmalek
Taille de l’échantillon : 100 dirigeants d’entreprises Période d’étude : Avril – juin 2014 Périmètre de l’étude : Afrique francophone
0,35 0,3 0,25
Méthode d’échantillonnage : Echantillon stratifié par secteur d’activité
0,2 0,15 0,1
Mode d’administration du questionnaire : Face à face et en ligne
0,05 0
0,2 0,15
Faiblesse du réseau commercial
Ne pas communiquer suffisament
Ne pas maîtiser son marché
Positionnement non adapté
AFRIcan business journal | N°11 | 77
Le test du Manager ’In
Plutôt NON
NON
Plutôt OUI
OUI
Evaluez votre style de management A. Dans la vie, il faut savoir prendre des risques B. J’ai tendance à chercher le consensus avant de décider. C. En entreprise, ce sont les résultats qui comptent.
Plutôt NON
NON
Plutôt OUI
OUI
D. Il est primordial de susciter la créativité de ses collaborateurs pour une meilleure performance.
A. Je préfère agir rapidement quitte à rectifier le tir par la suite. B. Je suis toujours à l’écoute des autres. C. En entreprise, les directives sont à appliquer à la lettre.
OUI
Plutôt OUI
NON
Plutôt NON
OUI
Plutôt OUI
NON
Plutôt NON
D. Pour progresser, les collaborateurs ont besoin d’une grande marge de liberté.
A. Dans la vie, il faut savoir trancher. B. Je m’occupe en priorité du bien être de mes collaborateurs. C. Les relations amicales ont tendance à limiter la performance de l’entreprise. D. J’évite toute situation pouvant me mettre mal à l’aise.
A. Le changement est source d’opportunité. B. Etre aimé et accepté par ses collaborateurs est un véritable facteur de succès pour le manager. C. Les sanctions sont indispensables dans la conduite des Hommes. D. La confiance est la base des relations au sein de l’entreprise.
78 | AFRIcan business journal | N°11
Le test du Manager ’In
Résultats du Test Calculer le score total par catégorie de réponses.
OUI Nb de réponses
Score= Nb*4
Plutôt OUI Nb de réponses
Score= Nb*2
Plutôt NON Nb de réponses
Score= Nb*1
NON Score « 0 »
Score Somme des scores
A B C D
Votre score maximum correspond à la catégorie A Vous êtes Manager Promoteur. Vous ne vous retrouvez que dans l’action et n'aimez les longues réunions basées sur les d’idées et la réflexion collectives. Solitaire et fonceur, vous êtes continuellement à la recherche de nouvelles opportunités et de nouvelles combinaisons de ressources afin de créer plus de la valeur. Votre score maximum correspond à la catégorie B Vous êtes un Manager Humaniste. Vous cherchez le bien de tous. Amical, sensible et compatissant vous tenez compte des ambiances et des opinions de tous. Les décisions difficiles vous peinent, car vous savez qu’elles feront mal à certains. Vous avez tendance à fonctionner au feeling et à percevoir les situations à travers le filtre de vos émotions. Votre score maximum correspond à la catégorie C Vous êtes un Manager Autocratique. Vous avez tendance à donner des directives et à demander à vos collaborateurs de vous rendre compte de ce qu'ils font. Vous êtes centré sur le résultat à atteindre au dépend souvent des personnes. Votre style de management est bien adapté en situations d'urgence; mais en situation normale, il décourage les collaborateurs automotivités. Votre score maximum correspond à la catégorie D Vous style correspond au Manager Laisser-faire. Vous laissez à vos collaborateurs un espace important sur la manière de faire. Vous encourager l’autonomie et vous déléguez la plupart des activités. Votre mode de management permet de développer les compétences de vos équipes mais se révèle inefficace avec les collaborateurs qui attendent des consignes claires et ceux qui ont besoin d’être accompagnés.
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success story
Ibrahim DIAWARA Président du groupe Cipharm
« Je veux laisser à la communauté des pharmaciens une très grande industrie pour des médicaments de bonne qualité et accessible à tous » Par MERHEB Carmen Soraya
Né en 1949 à Daloa dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire, de famille modeste, de confession Musulmane, Monsieur Ibrahim DIAWARA fait un parcours très studieux sans faute. Il démarre ses études par l’école Coranique, à l’époque obligatoire dans sa famille avant toute autre forme d’éducation. Puis du collège au doctorat, option industrie pharmaceutique, quand il n’est pas major, raflant tous les prix d’excellence, il se trouve au moins dans le premier carré. Une vie qui semble couler comme un fleuve tranquille. Séjour en France Et pourtant que de sacrifices et de rigueur sur sa personne. « Je savais ce que je voulais. Je me suis imposé un schéma de vie que j’ai suivi à la lettre. Aujourd’hui encore, je me lève à la même heure, je me couche à la même heure. A mon âge, je suis encore le premier à mon poste de travail. Il n’y a que le travail et la rigueur qui paient». Pendant ses études en France, il tombe sur une famille d’accueil française qu’il qualifie de merveilleuse. «Pour moi, c’était une chance extraordinaire j’étais traité au même titre que les fils de la famille et j’ai maintenu les relations avec
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elle jusqu’à aujourd’hui ». Au cours de ces années passées en France, dans son environnement estudiantin, il est parfois victime d’acte de racisme grave mais pour lui ce n’est que peu de chose au point de refuser d’en parler. « Vous savez, dans la vie suivez vos objectifs. Jamais je ne m’attarde sur des écarts de langage ou de comportement à mon endroit. Tout ça, c’est fait pour retarder et des dépenses d’énergie inutiles. Je savais ce que je voulais et c’était bien ancré dans mon esprit. » Objectif atteint, il revient dans son pays la Côte d’Ivoire et là encore, il surprendra. Après deux ans d’exercice pour le compte de l’Etat à Abidjan, il décide à 28 ans, de s’installer à Odiéné dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Une zone fortement implantée dans la tradition avec comme seuls remèdes pour les populations des écorces, des plantes, des bouillons de canaris, des mixtures et potions… Une zone, à cette époque sans attraction, sans distraction. Quand on lui demande pourquoi Odiéné, il répond avec un tel naturel «c’est là-bas qu’on avait vraiment le plus besoin de moi». Est-ce pour faire fortune? «Non, Madame ! On ne peut pas faire fortune avec une pharmacie.
Je voulais simplement apporter ma pierre à la construction de mon pays. Il fallait bien que quelqu’un accepte de s’engager dans cette zone à l’époque très loin du développement ». Il s’y engage à fond, avec très peu de moyen il ouvre la première petite pharmacie de la région en 1979, crée un club de tennis qui devient la distraction principale des fonctionnaires de la région, monte un club Rotary et l’on découvre par la suite sa fibre humanitaire. Il soutiendra tous les ans jusqu’à son départ de la région en 1988, le centre de soins des lépreux. Plus tard, ce sont les élèves de Daloa, la ville qui l’a vu naitre qui bénéficieront de son grand cœur. Il mettra à la disposition des méritants issus de famille démunies, 10 bourses d’études chaque année. Retour au bercail Il redescend à Abidjan où il ouvre la pharmacie du lycée technique en 1988. En 1996, il s’engage dans une nouvelle aventure pharmaceutique, "grossiste répartiteur". L’affaire prend de l’ampleur, et devient le deuxième grossiste après Laborex. Ibrahim DIAWARA poursuit sa marche de créateur de ressources et de valeurs. En 1987, il participe à l'instar
© Photo D.R
Ibrahim Drawara à l'ouvrage dans son laboratoire
de près de 200 pharmaciens, 2 grossistes et des laboratoires français, Rhône Poulenc, Sanofi et Aventis à la création de Cipharm en achetant 160 actions. Puis en 2006, son rêve de toujours s’accomplit. Il rachète à lui seul les parts des laboratoires Français qui sont sur le départ et devient actionnaire majoritaire avec 55% des parts. « Oui c’était çà mon rêve, développer une industrie pharmaceutique car je veux laisser à la communauté des pharmaciens un outil qui permet de donner accès à toutes les populations, des médicaments de bonne qualité à des coûts abordables. C’est possible en Afrique noire, nous avons des pharmaciens chercheurs de haut niveau, des financiers, des stratèges, nous avons une ressource humaine très bien formée. Pour l’instant nous sommes leader dans la zone UEMOA, mais nous comptons aller au delà. Une nouvelle unité ouvrira à très court terme afin d’accroitre notre capacité de production. »
L’homme, malgré son rang économique, reste d’une simplicité extraordinaire. Langage accessible et geste attentionné. Le photographe KONE qui a couvert l’entretien en témoigne : «Après la visite de l’usine, j’avais du mal à remettre mes chaussures. Je voulais donc poser mon appareil photo et avoir les deux mains libres, mais j’ai été surpris de le voir se baisser et m’aider à me rechausser. Ah, j’ai été surpris ». Outre sa simplicité, Ibrahim DIAWARA a un autre trait de caractère qui frappe. La discrétion. C’est juste le nom qui est connu mais sa personne presqu’invisible et très silencieuse. Il le tient d’un conseil de sa mère qu’il a érigé en principe de vie. « Ma mère me répétait souvent quand j’étais jeune, c’est le serpent caché qui grossit. J’organise tout dans la discrétion». "Le Serpent" ne sort en public que pour des causes qu’il estime justes, la paix, l’entraide et l’excellence : «c’est vrai que je me mets volontai-
rement à l’écart mais pour les jeunes de ma ville natale, je leur prononce régulièrement des conférences. Et pour le Rotary, dont je suis membre, je réponds toujours présent car c’est un engagement pour la vie ». Un philosophe dans une pharmacie Ceux qui l’approchent résument sa personnalité en une petite phrase. « C’est un philosophe dans une pharmacie ». Ce qu’il ne dément pas du tout, non seulement par son comportement, mais aussi par sa réplique : « l’esprit doit continuellement se nourrir, de grandes lectures, d’art comme la peinture, d’écoute, d’observation… ». Des pages et des pages, on pourrait en écrire mais… Exemple pour la jeunesse en quête de repères, fierté pour la région ouest africaine, Ibrahim DIAWARA, c’est un parcours, fait de rigueur, de travail et d’abnégation pour l’accomplissement d’un rêve au service du développement.
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success story
Entreprenariat
Et de 2 pour le salon Hub Africa ! La 2ème édition du Hub Africa, le premier salon des entrepreneurs en Afrique s’est déroulée les 24 et 25 Avril 2014 à Casablanca. Cet évènement se veut un éco-système favorable à la création d’entreprise et au développement des affaires dans le continent.
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Par Stéphanie Le Dévéhat
De jeunes entrepreneurs lors du Salon Hub Africa 2014
Véritable moment de partage entre jeunes créateurs, entrepreneurs d’un côté et accompagnateurs institutionnels et privés de l’autre, le salon organisé par la société NGE se veut un lieu de solutions, conçu autour d’espaces de conseils et d’ateliers thématiques ouverts à tous. « Nous sommes convaincus que cette place des marchés de l’entrepreneur Africain, offrira aux jeunes porteurs de projets et chefs d’entreprises un espace d’échanges et de partage entre eux, avec les institutionnels et les gouvernements unique sur le continent», déclare Zakaria Fahim président du Hub
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Africa. Au cœur des débats cette année, le développement de l’Afrique et du Maroc qui se positionne comme le Hub Africain pour attirer les investisseurs européens sur l’ensemble du continent africain. Résoudre l’équation du chômage Le Hub Africa répond à la problématique de l’emploi des jeunes qui reste la question centrale de l’économie africaine. Rappelons que l’Afrique est la région qui produit le moins d’emplois dans le monde. Le taux de chômage avoisine les 40% dans certains pays, et le potentiel économique est ralenti. C’était l’occasion pour sa se-
conde édition de reparler du statut de l’auto-entreprenariat par la voix de son créateur français François Hurel qui salue l’initiative du salon, et rappelle qu’ « il n’y a pas de meilleure façon de créer de l’emploi que de favoriser l’entreprenariat et l’initiative. C’est en permettant au plus grand nombre de créer que l’on retrouve un cercle vertueux de croissance.» Le potentiel de croissance des pays africains est énorme : d’un PIB de 1,4 milliards d’euros, le continent devrait passer à 2 milliards en 2050. 1/3 des 54 pays africains a un taux de croissance annuel supérieur à 6 %. Et la croissance de certains marchés est véritablement vertigineuse : le marché du mobile est passé de 2% à 78 % en moins de 10 ans (et devrait atteindre 84% en 2015). Qui plus est les échanges entre les pays africains ne représentent aujourd’hui que 11%. C’est dire les marges de croissance impressionnantes en perspective. Alléger les charges administratives aux PME Des initiatives régionales sont également mises en exergue, tel le centre Songhaï d’incubation pour l’insertion au Bénin, qui allie théorie et pratique pour toutes les activités proposées. La représentante
Saga Africa ou le parcours du jeune entrepreneur 25 jeunes de cinq nationalités différentes sélectionnés à Dakar ont participé à la deuxième édition de la caravane « Saga Africa 2014 » pour parcourir les 3500 kms qui séparent Dakar de Casablanca. Ils ont dû faire preuve de ténacité et de patience, vertus comme le soulignait Pape Landing Mané, le président du CJD Sénégal maître d’œuvre de
Les caravaniers en visite dans une unité pharmaceutique au Maroc
ce formidable projet, l’idée était de montrer aux jeunes que la création d’entreprise est une expérience qui ne va pas de soi et peut s’avérer difficile. Chacun durant ces trois jours de périples pour parcourir les 3500 kms qui séparent Dakar de Casablanca, aura ainsi dû affronter les péripéties endurées quotidiennement par les entrepreneurs : faire face à des imprévus, des contraintes administratives ou financières mais aussi faire montre des compétences requises pour le poste, à savoir, capacité de réflexion et de synthèse de la situation, négociation, animation et cohésion, travail d’équipe et bon relationnel pour arriver au bout de son ambition. Ces porteurs de projets ou tout jeune entrepreneur installé à leur compte constitue la force vice de la nation, de l’Afrique de l’Ouest où tout reste à construire et qui est l’avenir de l’économie mondiale. Des projets de santé itinérante, au développement de logiciels BtC, ou encore des projets agricoles un peu fous pour certains comme vou-
loir implanter du blé au Sénégal, en passant par des projets I-Tech, chacun de ces jeunes aura su en premier lieu convaincre le jury composé de membres du CJD Sénégal pour gagner son ticket de participation à l’aventure de la deuxième édition de la Saga Africa. Après la visite de deux entreprises sur le territoire mauritanien, le parcours initiatique avait pour point d’orgue le passage au salon Hub Africa les 24 et 25 Avril où chacun a pu « faire son marché » auprès des différents partenaires ou experts de la création d’entreprise présents sur la cinquantaine de stands du salon, mais également profiter de rencontres fortuites qui, comme chacun le sait, peuvent se révéler cruciales dans l’avenir des affaires : Business angels, chefs d’entreprises avertis ou encore réseau de dirigeants partenaires à l’image du CJD Casablanca présent sur l’édition dans l’organisation mais aussi dans la tenue de conférences et d’ateliers thématiques d’expertises.
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du gouvernement marocain vante aussi les centres régionaux de l’environnement des affaires créés pour alléger les charges administratives des entreprises. Néanmoins c’était l’occasion d’interpeler le gouvernement marocain représenté par son ministre des PME sur les problématiques rencontrées par les entrepreneurs, notamment en termes d’accès au financement, ou de sortie de devises du territoire marocain qui reste rédhibitoire pour l’accès aux marchés étrangers, quand bien même l’office des douanes et des changes fait des efforts pour adapter ces contraintes aux besoins économiques. L’occasion est par ailleurs donnée de faire une proposition de loi sur les Business Angels. Il s’agit de proposer un meilleur environnement pour faire évoluer les PME et TPE. Le climat des affaires au Maroc s’améliore ainsi même s’il reste encore mal classé, l’évolution n’en est pas moins rapide et significative. Pour finir, c’est le système éducatif lui-même qui est pointé du doigt. L’enseignement reste basé sur un modèle passif qui convenait parfaitement pour les besoins d’ouvriers devant les machines, mais le monde a changé et le salariat n’est plus le modèle unique d’emploi.
social Sécurité sociale
Gros plan sur la retraite du privé en Côte d’Ivoire
Bouffée d’oxygène pour les retraités du secteur privé en Côte d’Ivoire. Les pensions connaissent une revalorisation de 8% depuis avril 2014 avec un rappel qui prend en compte les mois de janvier, février et mars. Par MERHEB Carmen Soraya
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Moussa Dosso, ministre de l’Emploi et des Affaires sociales de la Côte d’Ivoire
Cette revalorisation arrive après celle de 2008 qui était de 2,59%. Une longue attente liée à la crise politico militaire qui a secoué la Côte d’Ivoire. «Cette revalorisation vient combler un retard car la dernière date de 6 ans. Elle vient également améliorer les pensions» déclare Charles Kouassi DG de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). C’est la première fois de son histoire que l’Institution de sécurité sociale applique une revalorisation d’un taux aussi important. Une décision qui coûte 6 milliards par an à la CNPS. Malgré cette embellie, la question de l’amélioration conséquente des pensions demeure une préoccupation. Certes les pensions de retrai-
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te sont de plus en plus élevées, la plus haute actuellement payée au mois de d’avril 2014 est largement au-dessus du million de Franc Cfa. Mais des pensions très faibles en dessous de cinquante mille Francs Cfa existent encore. Certains préconisent un autre relèvement du taux de cotisation. Car il faut le préciser, la Côte d’Ivoire malgré son niveau économique, a l’un des taux de cotisation les plus bas de la sous région. La quasi-totalité des caisses de sécurité sociale nées dans la même période sont à 18 voir 20% de taux de prélèvement. Cette option n’est pas très bien accueillie par les employeurs qui voient en cela une augmentation des charges sociales.
Une couverture sociale pour le secteur informel Pour rappel, un relèvement du taux de cotisation en Côte d’Ivoire a eu lieu récemment, en 2012. Le taux de 8% fixé en 2000 est passé à 14% en 2012 avec une période transitoire de 12% en 2013. Un des points de la réforme qui avait pour objectifs de rééquilibrer la branche retraite et d’améliorer les pensions. Pour la CNPS la solution se trouve dans la retraite complémentaire. Projet qui vient d’être validé par son conseil d’administration et est en attente d’une mise en application. En effet, l’option prise permettra au travailleur de passer de 50% de taux de remplacement maximum à un taux de 70%. Le produit va plus loin pour permettre au travailleur qui sort du système d’aborder une retraite active avec un capital qui lui sera en partie versé. L’autre projet, c’est la couverture des travailleurs du secteur informel et des travailleurs indépendants. Sportifs, commerçants, artistes, avocats…Tous seront pris en compte de façon progressive. Il faut préciser que le taux de couverture actuel en matière de risques sociaux est en dessous de 10% de la population active. La CNPS, projette d'atteindre 50% des six millions non encore couverts dans les 10 années à venir.
social
« Zam-ké »
l’initiative citoyenne qui redonne vie aux sachets plastiques Il y a encore quelques années, il était devenu quasi impossible de faire quelques mètres sans apercevoir des tas de sachets plastiques joncher des coins de rue ou boucher des caniveaux. La tendance est renversée depuis 2011 avec une initiative de l’ONG STEJ-Togo (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus) qui redonne autrement une seconde vie à ces sachets ramassés aux coins de rues, les transformant en sacs et autres accessoires très pratiques. Par Sylvio Combey
Et « Zam-Ké » fut ! «Zam-Ké» qui veut dire littéralement «Utilise-moi encore» en «Ewé», une langue vernaculaire très parlée au Togo est un projet qui consiste à récupérer les sachets plastiques, des matières plastiques en les recyclant. Ils sont désinfectés, lavés et cousus en différents articles notamment des sacs et accessoires mais aussi des articles comme des parapluies. A en croire Aimée Abra TENU, la directrice de l’ONG, l’idée est de
Aimée Abra TENU, initiatrice du projet « Zam-Ké »
© Photo D.R
De ces sachets qui pullulaient dans les rues de Lomé, la capitale du Togo, ceux servant à conditionner 500 ml d’eau communément appelé «Pure-Water» et vendu à 25 F CFA occupent la grande partie. Cela constituait de plus en plus un danger environnemental dans la capitale et ses environs. Les experts environnementaux tirent la sonnette d’alarme. Très rapidement une approche de solution fut apportée à ce challenge. Aimée Abra TENU (29 ans), qui pilote déjà à quatorze (14) ans STEJ-Togo, a eu l’ingénieuse idée de faire ramasser ces sachets et de leur redonner vie en les recyclant.
contribuer à réduire la prolifération des déchets plastiques à Lomé tout comme dans les grandes villes du Togo. L’autre dimension, selon ses explications, est d’arriver aussi autofinancer les projets sociaux de l’ONG à travers le projet Zam-Ké. Par exemple, pour la confection d’une poubelle, il faut au moins cinquante-deux (52) sachets recyclés, soixante-six (66) pour coudre un sac à main et
quatre-vingt-quinze (95) pour un grand sac à dos. Et pour un grand sac de courses, il faut pas moins de cent (100) sachets. En 2013, l’ONG a estimé à plus d’un (1) million de sachets «Pure Water» récupérés dans Lomé et ses environs. En 2014, l’ONG compte recycler jusqu’à 50.000 sachets par mois engendrant de facto, des chiffres d’affaires de trois cent mille (300.000) francs Cfa par mois.../...
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social Un changement de comportement grâce à « Zam-Ké» La commune de Lomé regroupant la plus grande concentration de population du Togo est estimée à plus de deux (2) millions d’habitants. La consommation du «Pure-water» étant aussi bien entrée dans les habitudes, il est considéré que si chaque habitant consomme au moins (03) sachets de «purewater» par jour, c’est plus de six (6) millions de sachets qui vont trainer dans les rues et boucher plus tard les voies de canalisation. Mais, le projet «Zam-ké» a entrainé une autre manière d’apprécier la situation. Au vue de l’aspect innovant du projet, les populations se portent elles-mêmes volontaires à ramasser ces sachets et les envoyer à l’unité de couture située à Agoè, une banlieue de la capitale. « Moi j’ai compris que notre action de ramassage volontaire des
sachets contribuent à l'assainissement de Lomé », confie John Ahiataku, jeune élève en classe dans sa vingtaine. Pour la direction de STEJ Togo on s’en félicite car disent-ils, les populations pensent que l’ONG préserve l’environnement mais aussi, par ses activités génératrices de revenus, créent de l’emploi. Aimée Abra et les siens emploient une vingtaine de couturiers et de tapissiers pour la confection des articles. L’équipe est constituée majoritairement de femmes. Vers l’excellence… En 2014, STEJ Togo, responsable du projet «Zam-Ké» boucle ses quinze (15) ans d’existence. Une nouvelle antenne a été ouverte à Kpalimé (plus de 130 km au nord de la capitale) en mars 2014. Depuis sa création en 2000, STEJ Togo n’a cessé de multiplier des initiatives sociales et rafflé des récompenses. En 2011, elle a organisé en
collaboration avec l’ambassade des Etats-Unis et l’Université de Lomé le salon 3R : «Recycle, Réutilise, Réduis». L’initiative a permis de sensibiliser le public jeune sur les problématiques liées aux déchets plastiques et à leur valeur économique. Parmi les distinctions, Zam-ké a reçu le soutien de la fondation de Michèle Obama «Young Women African Leader», le Prix «JCI Ten Outstanding Young Persons» dans la catégorie «Leadership accomplissement en éducation » à Bruxelles en 2011. Le 30 Mars, grâce au projet «Zam-Ké», la directrice a été élue Ambassadrice Vlisco 2014. Ainsi, elle bénéficie du financement pour la réalisation de quatre (4) autres projets sociaux au Togo. C’est aujourd’hui bien clair, le Togo mieux, l’Afrique a besoin de ces initiatives de ses fils et filles pour son développement.
Premier Baromètre des sociétés civiles
L’Afrique en puissance Le Sénégal occupe la première place dans la première édition du baromètre des sociétés civiles dans le monde. Au total, cinq pays africains figurent dans le Top 10 du classement. Par Baye Sakho
On en sait un peu plus sur le dynamisme des sociétés civiles qui s’activent un peu partout dans le monde. L’Institut des relations internationales (Iris) et l’Ong catholique CCFD-Terre Solidaire ont réalisé conjointement la première édition du baromètre des sociétés civiles. Le Sénégal, le Brésil et l’Argentine occupent respectivement le podium. Mais la surprise, c’est le nombre de
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pays africains qui figurent dans le Top 10 (5). Outre le Sénégal, on note la présence du Niger (2e), de la RDC (3e), du Mali (5e), et du Burundi (4e). C’est « une surprise tant le berceau des mobilisations sociales politisées se situe traditionnellement en Amérique du Sud », indique Xavier Ricard Lanata, directeur des partenaires internationaux au CCFD-Terre Solidaire. A en croire les auteurs,
la place du Sénégal n’est pas due au hasard. « Elle témoigne de la vitalité exceptionnelle de la société civile sénégalaise rapportée au continent africain : l’ancienneté du tissu associatif, l’existence de plateformes nationales solides (la FONGS), l’émergence des nouveaux mouvements sociaux (« Y en a marre ») qui ont mis en échec les ambitions dynastiques du président Wade ».
social
NOTE
SÉNÉGAL
7,32
NIGER
6,57
CONGO RD
6,55
BURUNDI
6,46
MALI
6,45
TCHAD
6,13
GUINÉE
6,03
RWANDA
6,03
CENTRAFRIQUE
5,97
TOGO
5,80
BIRMANIE-MYANMAR
5,77
MAURITANIE
5,70
MADAGASCAR
PAYS
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de
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de
6,34
ARGENTINE
6,29
PHILIPPINES
6,20
PÉROU
6,08
PALESTINE
6,06
COLOMBIE
6,01
CÔTE D'IVOIRE
5,95
SALVADOR
5,93
TUNISIE
5,91
BOSNIE
5,88 5,84
INDONÉSIE
5,80
5,23
MAROC
5,61
CAMBODGE
4,87
NICARAGUA
5,60
LAOS
4,81
MEXIQUE
5,58
AN
AL Y
SE Ce tableau confirme les remarques consignées dans les commentaires des résultats généraux, à savoir la faible corrélation entre le niveau d’IDH et le dynamisme des sociétés civiles, puisque les notes pondérées vont ici de 4,81 (Laos, antépénultième au classement général pondéré) à 7,32 (Sénégal, premier tous classements confondus).
La société civile, un acteur incontournable Pour établir ce classement, les auteurs se sont basés sur les résultats d’une enquête effectuée auprès d’acteurs locaux et des partenaires de l’Ong catholique, les indicateurs de développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le classement de la liberté de presse de Reporters Sans Frontières (Rsf), et l’évaluation des libertés dans le monde de l’Ong Freedom House. Le questionnaiXX re a été axé sur quatre critères relevant des activités de la société civile : leur mission sociale, l’état
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NOTE
LIBAN
CAMEROUN
1 Source : http://www.un.org/en/development/desa/policy/ cdp/ldc/profile/
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Dé
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SERBIE
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GUATEMALA
5,29
SRI LANKA
5,27
ALGÉRIE
3,65
AN
AL Y
L’écart-type des pays à revenus intermédiaires est très faible : à part l’AlgérieSE qui constitue un cas exceptionnel, tous les pays sont classés sur une fourchette à peine supérieure à 1 point (5,27 – 6,34, la note médiane étant de 5,93). Ce résultat est remarquable, et nous invite à relativiser les discours sur le prétendu « choc des civilisations » : du Liban à la Serbie, du Cameroun au Pérou, les sociétés civiles se structurent d’autant plus fortement que les libertés démocratiques s’affirment.
des lieux notamment la mobilisation, leur structuration (relation entre les organisations de la société civile, relations avec les institutions publiques, relations entre sociétés civiles et les Ong internationales), et l’impact de ces organisations dans les changements socioculturels. « Le baromètre entend prendre chaque année la pulsation des dynamiques sociales dans le monde, telles qu’elles peuvent nous apparaître au travers de l’expression et des trajectoires des organisations sociale et des nouveaux mouvements sociaux. Il s’agira de fournir au lecteur un canevas stable et étalonné permettant de faire, d’année en
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LES « BRICS»
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(BRÉSIL-RUSSIE-INDE-CHINE-AFRIQUE DU SUD)
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LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
LES PAYS LES MOINS AVANCÉS1
Résultats au regard du contexte économique
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BRÉSIL
6,38
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AFRIQUE DU SUD
6,13
CHINE
4,57
2 Hors Russie, le CCFD-Terre Solidaire n’ayant plus de partenaires dans ce pays.
AN
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SE L’écart considérable qui sépare la Chine des 3 autres émergents témoigne de l’anomalie chinoise. On peut cependant penser, au vu des évolutions récentes (influence croissante des réseaux sociaux, articulation croissante entre la société civile chinoise et les sociétés civiles asiatiques), que cet écart sera progressivement comblé.
année et d’une région à l’autre », souligne Xavier Ricard Lanata. A travers ce premier baromètre, les deux organismes veulent montrer l’influence de plus en plus grandissante des sociétés civiles dans la gestion étatique. Elles sont devenues des acteurs incontournables. «Les événements récents ont montré que de l’Ukraine au Brésil, de la Turquie à la Chine, de la Thaïlande au Sénégal, les sociétés civiles prennent le pouvoir, expriment leur volonté et ne se laissent plus dicter leur conduite par leur gouvernement. C’est une révolution stratégique majeure», observe Pascal Boniface directeur de l’Iris.
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Produits chimiques
Une menace sur la santé des travailleurs L’Organisation internationale du travail (OIT) a publié un rapport à l’occasion de la journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail 2014, pour alerter sur l’usage massif des produits chimiques sur les lieux de travail. Par Elimane Sembène
Si l’on en croit l’Organisation internationale du Travail (OIT), les substances chimiques que nous utilisons tous les jours sont en quelque sorte des couteaux à double tranchant. Ces produits sont quasiment indispensables à bien des égards, mais peuvent avoir de graves conséquences sur la santé et l’environnement. Dans son rapport intitulé "la sécurité et la santé
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dans l’usage des produits chimiques au travail", publié lors de la journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail, l’organisme onusien met en relief ce dilemme. « Les pesticides utilisés à des fins alimentaires pour améliorer les récoltes peuvent se révéler toxiques pour les travailleurs. Les produits pharmaceutiques qui permettent de sauver la vie d’un patient grave-
ment malade peuvent avoir de sérieuses conséquences pour la santé des travailleurs qui y sont exposés lors de leur production ou de leur administration. Les produits de nettoyage qui contribuent à assurer une bonne hygiène constituent également un danger pour ceux qui les utilisent ou qui y sont exposés quotidiennement », lit-on dans le document de 24 pages.
santé & entreprise
Mettre en place des stratégies nationales de gestion des risques Une étude de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiée en 2012 dévoile les risques de morbidité des produits chimiques à travers l’air, l’eau, les expositions professionnelles et les ingestions directes. Elle révèle que 4,9 millions de décès ont perdu la vie dans le monde en 2004, suite à l’exposition aux produits chimiques, en particulier les particules émises en milieu professionnel
(375.000 décès), les produits chimiques qui provoquent des empoisonnements aigus (240.000) et les pesticides responsables des autointoxications (186.000). « Bien que les produits chimiques ne soient pas responsables de toutes les maladies professionnelles, l’exposition aux produits chimiques est sans aucun doute un facteur clé dans l’apparition de nombre de ces maladies », prévient l’organisation.
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Haut risque dans les salons de coiffure et de manucure Les produits chimiques sont surtout utilisés dans les raffineries pétrochimiques, dans le secteur du Bâtiment et Travaux publics (BTP), la production automobile, et aussi dans le milieu de la coiffure ou le risque s’est accru ces dernières années avec l’usage du méthacrylate de méthyle. Les gérants utilisent des substances chimiques sans aucune mesure de protection et de prévention comme les équipements de protection et la ventilation. Le personnel aussi n’est pas informé sur les éventuels risques encourus. Même leurs clients ne sont pas épargnés. « Dans ces lieux, les consommateurs sont aussi exposés mais ces expositions sont ponctuelles et de courte durée, à la différence des travailleurs qui y sont exposés quotidiennement et toute la journée », indique le rapport. L’exposition aux éléments chimiques dans les entreprises pourrait entraîner des maladies professionnelles voire la mort. D’après l’OIT, chaque année, 2 340 000 personnes meurent suite à des maladies et accidents de travail dont 2 020 000 à cause des maladies professionnelles. Cela représente une énorme perte pour les entreprises et pour la croissance mondiale car près de 4% du PIB du monde, soit environ 2,8 milliards de dollars sont perdus à cause de ces pathologies.
tif d’inciter les gouvernements et les autres parties prenantes à répondre à la question de la sécurité chimique de manière plus efficace dans tous les secteurs, tels que l’agriculture, l’environnement, la santé, l’industrie et le travail », souligne l’OIT. Pour ce faire, l’organisation incite les gouvernements à mettre en place un système national de gestion des produits chimiques à travers notamment une législation
Les produits de nettoyage qui contribuent à assurer une bonne hygiène constituent également un danger pour ce travailleur qui les utilise quotidiennement.
Conscients de ces nombreux dangers, les pays membres de l’OIT ont adopté le 6 février 2006 l’approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SAICM) pour une gestion rationnelle des produits chimiques afin de limiter leurs effets à l’horizon 2020. « La SAICM a pour objec-
spécifique, et des programmes d’’information et de sensibilisation. « Il existe de multiples façons de protéger les travailleurs et de favoriser le développement d'entreprises durables par des politiques et pratiques rationnelles en matière de sécurité et santé au travail », suggère Guy Rider DG de l’OIT.
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santé & entreprise
L’OBSERVATOIRE DES MALADIES PROFESSIONNELLES
QUEL BILAN 7 ANS APRèS ! Des missions qui ont pour objectif essentiel de développer une véritable culture de prévention et de faire baisser les chiffres en matière d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Aujourd’hui, 7 ans après, quel bilan ? Le principe de la prévention des risques professionnels est-il bien intégré dans les politiques des parties prenantes? À quel niveau se trouvent les chiffres en termes d’accidents du travail et de maladies professionnelles ?
Par MERHEB Carmen Soraya
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Des réponses obtenues auprès du secrétaire permanent de l’observatoire sous régional, l’on peut conclure à des résultats mitigés. Des avancées certes mais aussi des lenteurs et de grands retards. Déjà pour ce qui est de la première mission, sur les quinze Etats membres que compte l’Observatoire, seuls huit ont pu mettre en place un Observatoire pays. Il s’agit du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Gabon, du Mali, du Sénégal et de la Guinée. Création de plusieurs organes de prévention Au niveau du cadre législatif et réglementaire, des conventions importantes ne sont toujours pas ratifiées par tous les Etats. A l’origine de ces lenteurs, les politiques et procédures internes à chaque Etat membre. Le secrétaire permanent de l’Observatoire, Ahoua
Nogbou Alphonse ne s’en décourage pas : « Cela dit, l’Observatoire enregistre des évolutions, notamment au niveau de la recherche. Le Cameroun par exemple a mis au point un équipement de protection des travailleurs agricoles "la jambière" qui les protège des blessures souvent graves aux pieds, ou encore l’organisation en Côte d’Ivoire de la structure chargée de la prévention». Mr. Ahoua toujours très optimiste : « Nous notons également une baisse considérable des chiffres au niveau des accidents du travail. D’un taux moyen de 25 000 accidents, au début des activités de prévention dans notre région, nous sommes à une moyenne d’environ 5 500 aujourd’hui. C’est corrélatif à une réelle prise de conscience de tous les partenaires. Etat, employeurs et salariés. Et ça, c’est encourageant ». L’histoire de l’observation des accidents du travail et maladies profes-
santé & entreprise
324 médecins du travail en Afrique francophone ! Mais là où la situation est dramatique, c’est au niveau des maladies professionnelles. Un seul cas de maladie professionnelle a été déclaré au Gabon depuis 1960. En Côte d’Ivoire seulement 5 à 7 cas par an. Dans d’autres pays aucun cas de maladie professionnelle déclarée. Des chiffres qui semblent flatteurs mais qui ne reflètent pas du tout la réalité. « Figurez vous Madame, je prends mon cas personnel, je travaille depuis plus de 20 ans, jamais, je vous dis jamais aucune visite de médecin de travail à mon poste de travail. Ai – je un fauteuil correct ? Suis-je dans un
état psychologique adéquat ? Rien, pas de contrôle» lance le Directeur Général Adjoint de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale du Ga-
nels qui eux aussi, sont en nombre très réduit. A peine une moyenne de 1 à 2 préventeurs professionnels par pays.
Selon l’Observatoire, le nombre d’accidents est passé de 25.000 à 5000 selon l'Observatoire sous-régional
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sionnelles se scinde en trois décennies. Les années 80 à 90 avec un niveau de perception des risques professionnels très limité, les années 90 à 2000 qui sonnent le réveil et la dernière période de 2000 à nos jours qui marquent la réelle volonté d’organisation et de structuration. Plusieurs organes de préventions sont mises en place par l’Inter Africaine des Risques Professionnels (IAPRP) et soutenues par les Institutions Internationales. Le Symposium Audiovisuel pour la Prévention des Risques Professionnels (SYAPRO) qui se tient à Ouagadougou au Burkina Faso tous les 3 ans, le Forum des Comités de Santé et de Sécurité au Travail qui se tient tous les 3 ans à Cotonou au Bénin, le Salon de l’innovation de la Créativité pour la Protection des Travailleurs (SAPRIP) qui se tient à Niamey au Niger et la dernière née en 2011, le GERPA, l’Atelier Thématique de Yaoundé sur les Risques Professionnels dans l’Agroforesterie. Toutes ces rencontres, à force de sensibilisation directe auprès des travailleurs, des employeurs et de l’Etat ont fortement contribué à réduire non seulement le taux d’accident mais aussi la gravité de ceux-ci.
bon. Que se passe-t-il donc dans ce domaine ? Pour le secrétaire permanent de l’Observatoire, le problème est entier : « Les carrières professionnelles ne sont pas suivies. Mais avant toute chose, il faut pouvoir diagnostiquer. Il existe très peu de médecin du travail, très peu de professionnel du domaine. La prévention est technique, médicale et sociale. La sensibilisation, elle arrive comme support d’appui et d’accompagnement.» La question des ressources humaines qualifiées est donc la question cruciale qui s’érige en réel frein. Au cours du forum des comités de santé et sécurité au travail qui s’est tenu à Cotonou au Bénin du 19 au 23 mai 2014, l’on apprend qu’il n’existe pour toute l’Afrique Francophone que 324 médecins du travail, 5 ergonomes, 5 hygiénistes et 1 seul psychothérapeute. Faut aussi ajouter à cette liste peu reluisante, les préventeurs profession-
Miser sur la sensibilisation La solution réside dans la sensibilisation, la formation et la création de comité d’hygiène de santé et de sécurité dans les entreprises pour une prise en main par le personnel. Une solution qui, selon le secrétaire permanent de l’Observatoire sous régionale, marche très bien : « en 2007, nous avions identifié une cinquante de comités d’hygiène en Côte d’Ivoire, aujourd’hui nous en comptons 300 qui sont très actifs avec une surveillance très rapprochée des indicateurs ». Une autre solution, l’intégration dans les programmes scolaires des questions de prévention, afin de sensibiliser et surtout susciter des vocations des jeunes et les orienter dans les filières spécialisées afin de combler les besoins. Des efforts qui payent malgré le grand retard et les lenteurs. Tous parlent le même langage : « prévention et productivité pour un développement durable ».
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Baromètre RH 2014
Zoom sur l’influence des responsables RH
L’entreprise HR Access Solutions a dévoilé les résultats de son baromètre RH 2014. Cette enquête a été réalisée entre février et avril 2014 auprès de 225 managers exerçant dans la fonction des ressources humaines au niveau de 199 entreprises, au Maroc, au Sénégal, en Tunisie, en Algérie, et en Côte d’Ivoire. Par Babacar Seck
La fonction RH acquiert de plus en plus une place de choix dans l’organigramme des entreprises. On pourrait ainsi résumer les résultats de cette enquête menée par l’entreprise HR Access Solutions, dans le cadre de la 2e édition de son baromètre RH. D’après ce sondage, les entreprises accordent une importance considérable à la fonction. A titre illustratif, 72% des managers RH interrogés déclarent siéger toujours ou très souvent au comité de direction de leurs entreprises contre 59% en 2012. Mieux, 59% sont généralement sollicités dans la prise des décisions stratégiques. « Aujourd’hui, dans le contexte fluctuant dans lequel se retrouve bon nombre d’entreprises, la fonction RH a gagné en reconnaissance. La direction générale lui accorde l’attention qu’elle mérite au vu du rôle de plus en plus stratégique qu’elle joue dans l’entreprise », indique le rapport. L’enquête a aussi révélé l’impact des responsables des ressources humaines dans l’élaboration de programmes stratégiques des entreprises. 74% des directeurs de ressources humaines (DRH) et 66% des directeurs généraux constatent que la stratégie de l’entreprise est alignée à plus de 50% avec la stratégie RH. Alors que seuls 16% des DG avait fait la remarque en 2012.
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Gérer et motiver les collaborateurs En outre, 73% des dirigeants d’entreprise sondés estiment que la valeur ajoutée du département des RH est perceptible dans la gestion des compétences, 67% indiquent qu’elle se trouve dans la motivation des collaborateurs et l’attraction des talents. Seuls 27% d’entre eux pensent que cette valeur ajoutée réside dans la maîtrise des coûts salariaux. «Aujourd’hui, les dirigeants d’entreprises saisissent mieux l’intérêt de la fonction RH. Leurs priorités tournent de plus en plus autour du capital humain», constatent les enquêteurs. L’autre révélation et pas des moindres, c’est l’usage de la technologie dans la gestion des ressources humaines. Selon le sondage, presque la moitié des DRH disposent d’une solution informatique qui leur permet d’aligner 80% de leurs stratégies avec celles de l’entreprise. De même, 84% des DRH mènent des actions pour améliorer le climat social, notamment le bien-être de leurs collaborateurs, l’image de l’entreprise ainsi que sa dimension écologique et éthique.
Répartition par type d’entreprise Les répondants sont majoritairement dans le secteur privé. Ils représentent 80% par secteur d’activité
80% 20% Privé
Public
Répartition par taille d’entreprise Pour les 80 % du secteur privé, la répartition par taille d’entreprise est la suivante: par taille d’entreprise (secteur privé)
30% <200 salariés 200 à 499 salariés 500 à 999 salariés 1000 à 3000 salariés >3000 salariés
13%
23%
16%
18%
Répartition par Pays par pays
14%
30%
Tunisie
Sénégal Côte d'Ivoire Algérie Maroc
17% 18%
21%
Répartition par profil d'entreprise par profil d'entreprise
40%
44%
16% Multinationales Locales Non
Programme YALI 2014 Les jeunes africains à l’école du management 500 jeunes africains participent depuis le 14 juin au programme Initiative des jeunes leaders africains (YALI) 2014 du gouvernement américain, qui se déroule présentement à Washington, aux Etats-Unis. Ils vont notamment bénéficier de formations sur le management et la gestion des affaires publiques.
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Par Baye Sakho
Le président Barck Obama rencontre des jeunes africains du programme YALI
Washington accueille actuellement 500 jeunes africains dans le cadre du programme de bourse des Etats-Unis dénommé Initiative des jeunes leaders africains (YALI). Depuis le 14 juin dernier, ces jeunes suivent des cours intensifs et des formations en leadership plus précisemment sur les trois axes suivant: le management et l’entrepreneuriat, le leadership civique, et la gestion des affaires publiques. Ces formations sont dispensées dans vingt des meilleures universités. Ces jeunes vont assister du 28 au 30 juillet au sommet présidentiel convoqué par le président Barack Obama à Washington D.C, la capitale. Une occasion pour débattre avec lui sur différentes thématiques. A l’issue des six semaines de cours, une centaine d’entre eux
seront retenus aux Etats-Unis pour effectuer des stages de formation sur des programmes de développement professionnel sur l’Afrique, les réseautages de professionnels et sur les opportunités d’engagement communautaire, pour leur permettre de développer leurs expériences une fois rentrés au pays. Responsabiliser les jeunes africains « Les participants retenus pour participer à des programmes de formation aux Etats-Unis travailleront pendant les huit semaines qui vont suivre le sommet de Washington, dans des organisations non-gouvernementales, des entreprises privées et des bureaux de l’administration fédérale », indique le Département américain, qui compte maintenir la collaboration avec les candidats non sélectionnés au sein du réseau
Yali. L’initiative des jeunes leaders africains a pour but de responsabiliser davantage les jeunes du continent, leur permettre d’acquérir des connaissances et un savoir-faire dans le domaine de la gouvernance. « YALI est un élément clé de l'engagement du Président Obama pour investir dans l'avenir de l'Afrique. La Maison Blanche a mis sur pied cette initiative à partir du constat du rôle critique et de plus en plus croissant que jouent les jeunes africains dans le renforcement des institutions démocratiques, la stimulation de la croissance économique, et le renforcement de la paix et la sécurité sur le continent africain », révèle département américain.
Critères de sélection • Etre âgé 25 et 35 ans au moment du dépôt de la demande, «mais les candidats exceptionnels âgés de moins de 25 ans seront pris en compte», souligne-t-on • Ne pas être un citoyen américain ou un résident permanent aux États-Unis • Etre admissible à recevoir un visa J-1 des EtatsUnis • Avoir des compétences en lecture, en écriture et en langue anglaise. • Etre citoyen et résident de l'un des pays suivants: Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, République centrafricaine, Tchad, Comores, République démocratique du Congo (RDC), la République du Congo, la Côte d'Ivoire, Djibouti, Guinée équatoriale, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Afrique du Sud, le Soudan du Sud, Swaziland, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie et Zimbabwe.
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1e édition Forum Interafricain de la prévoyance sociale
Pour une gestion plus efficace des retraites
Le Groupe Afrique Challenge l’Afrique qui ose a organisé du 11 au 13 juin à Abidjan, la 1e édition du Forum interafricain de la prévoyance sociale (FIPS), dans le cadre la 14e édition du forum d’excellence des dirigeants africains (FEDA). L’objectif était de mettre la loupe sur les avantages Par E.S de la transformation structurelle dans les entités de prévoyance sociale. mutualiser leurs expériences, fixer les règles communes de gestion, instituer un contrôle de gestion efficace en vue de rationaliser leur fonctionnement et accroître leur efficience », explique Mr. Alioune GUEYE PDG du Groupe Afrique Challenge.
Plusieurs dirigeants de grandes structures de prévoyance sociale ont pris part au FIPS
«La coopération Sud-Sud, vecteur de transformation et de mise à niveau des entreprises africaines : le modèle d’excellence du Pôle prévoyance de la CDG Maroc ». C’est le thème principal de la 1ère édition du Forum interafricain de la prévoyance sociale (FIPS) organisé sur les bords de la lagune d’Ebrié, au pays des Eléphants. De grandes personnalités comme Souleymane Abdallah économiste en chef à la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), de hauts responsables des Caisses nationales de sécurité et de prévoyane sociale de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie, du Togo, de la Banque centrale du Congo et de la Poste du Sénégal, ainsi que d’autres dirigeants d’entreprises africaines Au cours de ces trois jours de débats et d’échanges, les participants se sont penchés sur les dimensions et
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les enjeux de la transformaction, la transformation des organisations, les risques et les facteurs clés de succès des projets de transformaction , notamment dans le secteur de la prévoyance sociale en Afrique. Transformer les mentalités pour transformer les entreprises En effet, l’utilisation du néologisme «transform@ction » n’est pas fortuite. C’est en quelque sorte une invite aux dirigeants, pour qu’ils passent de la théorie à la pratique, être les acteurs des futurs changements sociaux et économiques de l’Afrique. «Les entreprises africaines connaissent des transformations profondes, rapides et irréversibles, qui requièrent une modernisation de leurs systèmes de gestion. Face à cette volonté de modernisation, les entreprises africaines doivent
Cet événement a été organisé en collaboration avec le Pôle Prévoyance de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) du Maroc. La CDG a profité de cette rencontre pour animer un marketplace et présenter les dernières innovations qu’elle a mises en place dans le cadre du management des structures de prévoyance sociale. «Les grandes étapes étaient notamment de travailler sur le changement culturel, la modernisation des processus, la démarche qualité, la démarche scientifique, et le changement de leadership au sein de l’institution », a indiqué Moulay Ahmed Cherkaoui directeur du pôle prévoyance de la CDG. La transformation des entreprises, plus particulièrement celles communément appelées les gestionnaires des retraites ne doit pas être un vain mot. Pour y arriver, les moyens uniquement ne suffisent pas. La volonté doit primer. « Quand on arrive pas à changer les mentalités, même si on a les meilleures techniques du monde, l’émergence ne se fait pas. Que les gens cessent de se poser la question, qu’est-ce que le pays fait pour moi, qu’est-ce que l’Etat fait pour moi, mais qu’est-ce que je pourrai apporter à mon entreprise, à mon pays», renchérit Mr. Alioune Gueye.
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itechnologiques nnovations CTIC Dakar
un incubateur performant et innovant
Le CTIC Dakar, une entreprise qui accompagne des start-up spécialisés dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) a remporté le prix du « Réseau d’accompagnement » le plus innovant lors de la 2e édition du Salon Hub Africa 2014 à Casablanca. Une récompense qui couronne trois années de travail. Par B.S
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développe un concept dénommé "BuntuTEKI" qui signifie la porte du succès en Wolof (dialecte sénégalais). « Le but est de prendre des startups au stade produit (pas forcément légalement constituées) et on se donne 6 mois pour donner vie à la startup et lui permettre de devenir une structure viable. Après les 6 mois, les startups les plus solides peuvent entrer dans le programme d’incubation. Nous avons accompagné 34 startups en accélération à ce jour, principalement dans l’internet, les applications mobiles ou le logiciel », indique Yann Lebeux. Des membres du CTIC Dakar
« Notre vision au CTIC est vraiment de positionner le Sénégal comme un Hub numérique pour l’Afrique francophone ». Yann Lebeux mentor et innovation catalyst au CTIC Dakar a de quoi être optimiste au regard des performances remarquables réalisées par l’incubateur sénégalais. Cet accompagnateur des start-up spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) a vu le jour en 2011, grâce aux financements d’entreprises du secteur privé et public, et le soutien de la Banque mondiale. « Nous som-
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mes d’ailleurs l’un des premiers incubateurs francophones soutenu par la Banque Mondiale », se réjouit-il. L’objectif est d’encourager la création et la croissance de Petites et moyennes entreprises (PME) pour contribuer à l’essor économique du pays. Pour ce faire, le CTIC Dakar a mis en place deux formes d’accompagnement : un programme d’incubation de 3 ans pour accompagner les start-up nouvellement créées et un programme de coaching de 3 mois pour soutenir les porteurs de projets. Parallèlement, l’entreprise
Un modèle économique gagnant-gagnant Pour rendre son projet viable et durable, CTIC Dakar adopte un modèle économique qui ressemble à bien des égards à la finance solidaire. Les start-up accompagnées ne paieront pas les prestations s’ils ne réalisent pas de bénéfices. Cette stratégie lui permet de ne pas dépendre des financements extérieurs. « Nous bâtissons un modèle économique viable en prenant un pourcentage de la croissance du chiffre d’affaires des entreprises que l’on accompagne. En gros, on regarde la différence de chiffre d’affaires entre l’année 1 et l’année 2. S’il n’y a pas de
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innovations technologiques
Mme Régina Mbodji, Business Developer au CTIC Dakar recevant le prix du « Réseau d’accompagnement » le plus innovant, lors du salon Hub Africa 2014
croissance, la startup ne nous paie pas, s’il y a de la croissance, le CTIC perçoit un pourcentage de la croissance », révèle-t-il. Ce modèle semble séduire les PME puisqu’entre 2011 et 2013, plus de 1000 jeunes porteurs de projets ont été coachés et 16 entreprises ont été admises au programme incubation. Ces start-up incubées ont généré, un chiffre d’affaires estimé à plus de 2 milliards de FCFA sur trois ans, soit une croissance de plus de 249% entre 2011 et 2013. D’après Yann Lebeux, cela « prouve qu’avec un minimum d’accompagnement et de structuration, ces entreprises survivent et ont une forte croissance. Nous avons également pu lever plus de 100 millions de FCFA (150 000 euros) pour nos startups en 2013, majoritairement auprès d’investisseurs privés ou publics locaux. » Ces résultats ont permis au CTIC de remporter le prix du « Réseau d’accompagnement » le plus innovant lors de la 2e édition du salon Hub Africa 2014 qui s’est tenue fin avril à Casablanca. Toutefois, l’incubateur sénégalais ne compte pas dormir sur ses lauriers, il envisage d’étendre ses tentacules dans d’autres pays africains. Il a organisé du 13 au 17 janvier 2014 un voyage d’affaires au Gabon pour connaitre les opportunités d’affaires et mettre en relation les chefs d’entreprises TIC sénégalais et gabonais.
Quelques start-up accompagnées • People Input : une des agences digitales leader en Afrique de l’Ouest (ils ont notamment réalisé l’application d’Expresso Sénégal, un App store pour le compte d’Orange Cote d’Ivoire ou encore l’Application mobile de Jeune Afrique). Ils ont maintenant une trentaine d’employés et sont installés dans 4 pays dont le Sénégal. • Seysoo (développement logiciel) : avec une quinzaine d’employés dont la moitié au Gabon sur un gros projet de l’état Gabonais. Ils ont aussi développé une solution pour les cabinets de radiologues, dentistes et médecins. • Niokobok.com : site de e-commerce qui permet à la Diaspora d’acheter des produits de grande consommation à leurs proches restés au pays. L’entreprise a déjà une base de clients solides et commence à générer un chiffre d’affaires assez intéressant. Ils sont maintenant dans une phase d’expansion pour élargir leur modèle à d’autres filières et peut être d’autres pays. • Xtreme Sénégal : une startup fondée par des ingénieurs ayant vécu 15 ans aux USA et qui développe des solutions logicielles et mobiles pour le secteur à forte croissance de l’hôtellerie en Afrique. Leurs solutions sont déployées dans plusieurs hôtels. • Nelam Services : qui gère le site numéro un du Sénégal pour la culture et les événements, agendakar.com. Ils ont une équipe de 20 personnes. Ils gèrent également la présence digitale de plusieurs groupes ainsi que NoSmokeRevolution, une campagne digitale de grande envergure financée par une fondation américaine dans le but de faire passer une loi anti tabac au Sénégal.
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innovations technologiques CIPMEN Niger
une locomotive pour la création de start-up
Par Abdou Diaw
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démarrer une entreprise prospère ou accélérer leur développement. il cible non seulement des start-up résidentielles et virtuelles mais aussi des entreprises déjà existantes. Il joue un rôle important dans les phases de développement et de croissance de chaque cycle de vie des entreprises», lit-on sur le site web de la société.
Le Centre incubateur des PME du Niger (Cipmen) veut faire émerger le pays à travers les nouvelles technologies. Il souhaite notamment impliquer la diaspora nigérienne pour la réussite de ce projet. Les jeunes nigériens qui souhaitent créent leurs propres entreprises ont désormais un interlocuteur privilégié. Le Niger a connu en 2013, le lancement de son premier incubateur, le Centre incubateur des PME du Niger. Ce nouveau bébé a pu naitre grâce à la collaboration entre l’Etat
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nigérien et de grandes groupes privés d’une part, et à la contribution du CTIC de Dakar. Aussitôt mis en place, il a deployé de grandes ambitions. Après un an d’existence, le Cipmen souhaite déjà marquer son empreinte. Il projette d’accompagner cinq start-up et trois porteurs de projets en 2014, dans les TIC, les énergies renouvelables et l’environnement, trois secteurs prioritaires au Niger. Pour attirer les jeunes porteurs de projets, l’incubateur a organisé le 28 avril 2014, un « startup week end » à Niamey. Soixante participants étaient attendus. «CIPMEN offre aux entrepreneurs du Niger un environnement unique pour
Impliquer la diaspora nigérienne spécialisée dans les TIC Pour développer ses activités, la nouvelle entité devra faire face à plusieurs contraintes de taille telles que l’accès au financement, les lourdeurs administratives, les difficultés d’accès au marché local, et le manque de talents formés dans les TIC au Niger. Moult raisons qui constituent des entraves pour la création d’entreprises dans ce pays. Des contraintes qui n’ébranlent guère l’optimisme de Almoktar Allahoury DG du Cipmen. «Mais même si le rapport "Doing business" de la Banque Mondiale a classé le Niger parmi les onze pays du monde où il est difficile de faire des affaires, ce classement ne doit pas ébranler les Nigériens : ce pays regorge d’énormes potentialités qui ne demandent qu’à être transformées, à commercer par sa jeunesse et ses ressources naturelles. Et l’entrepreneuriat est un des leviers pouvant actionner et valoriser ce potentiel », constate-til. Le premier incubateur du Niger compte aussi travailler avec la diaspora nigérienne qui souhaite développer des projets TIC dans le pays. Il prévoit de lancer en 2015 un programme pour faciliter l’implantation de leurs entreprises, à travers un projet de mentoring.
innovations technologiques Prix de l’innovation Afrique 2014
Deux Sud-Africains couronnés Le Prix de l’innovation Afrique 2014 (PIA) a été remporté par deux Sud-Africains Dr. Nicolas Duneas et Nuno Peres. Ils ont mis en place le premier substitut de greffe osseuse régénérant et injectable au monde.
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Par Babacar Seck
Les innovations technologiques étaient à l’honneur lors du dernier gala organisé à Abuja par la Fondation africaine pour l’innovation (AFI). Près de 700 candidats issus de 42 pays avaient postulé pour recevoir le Prix de l’innovation pour l’Afrique 2014 (PIA). Au finish, la palme est revue au Dr. Nicolas Duneas et Nuno Peres. Ces ressortissants sud-africains ont crée le premier substitut de greffe osseuse régénérant et injectable au monde. «Le Dr. Duneas et M. Peres recevront 100 000 USD pour la matrice osseuse ostéogénique Altis (Altis OBM TM), le premier composé médical injectable à base de protéines morphogénétiques osseuses d’origine porcine», c’est «un produit innovant qui fait appel à un implant biologique régénérateur dans le cadre du traitement des lésions et carences osseuses un produit innovant qui fait appel à un implant biologique régénérateur dans le cadre du traitement des lésions et carences osseuses», indique l’AFI.
Cette matrice vient à point nommé, car l’ostéoporose une maladie qui résulte de la diminution de la masse osseuse gagne de plus en plus du terrain en Afrique. D’après la Fondation nationale contre l’ostéoporose d’Afrique du Sud (NOFSA), «l’ostéoporose progresse en Afrique et particulièrement chez les femmes africaines, notamment en raison de l’urbanisation et d’un manque généralisé de sensibilisation. ’Les femmes sensibles à leurs mensurations surveillent de plus en plus attentivement leur poids, ce qui impacte de manière négative la densité de leurs os et augmente le risque pour elles de contracter des maladies osseuses ». Développer l’Afrique à travers l’innovation Cette invention devrait donc réconforter les nombreux patients atteints de traumatismes osseux parce qu’auparavant, ils devaient subir des prélèvements de tissus
osseux sur leurs hanches ou les récupérer sur des donneurs décédés dans le cadre d’une opération de greffe d’organes. «Ces deux méthodes s’avéraient très invasives. L’injection de l’OBM conduit à une guérison rapide, sûre et efficace des lésions osseuses problématiques, ce qui entraîne la reconstruction complète et naturelle de l’os et de la moelle osseuse (…) », souligne la Fondation. Outre cette récompense, deux autres distinctions ont été remises au Togolais Logou Minsob dans la catégorie "Activités potentielles", et à l’Ethiopien Melesse Temesgen dans la catégorie "Impact Social". Le premier a crée un "Foufou Mix", un robot de cuisine qui permet de remplacer les mortiers et pilons utilisés dans la préparation du foufou, un plat très consommé en Afrique de l’Ouest. Il a crée deux types de robots : un de 0,75 kW pour la préparation du foufou pour une famille de huit (8) personnes en un temps record et un autre de 1,1 kW destiné aux restaurants et professionnels. Le second a mis en place un dispositif agricole à faible coût qu’on utilise pour drainer l’excès d’eau dans les champs inondés. Tous les deux ont reçu chacun 25.000 dollars pour ces projets innovants. «L'équipe du PIA est convaincue que le meilleur moyen de construire l'Afrique consiste à investir dans les innovations et l'entreprenariat locaux. Ce prix encourage les Africains à développer des solutions créatives pour relever les défis du quotidien», indique JeanClaude Bastos de Morais fondateur de l’AIF.
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grille de lecture
droit à la vie privée
large coalition favorable aux réformes Les révélations par l'ex-agent de renseignements américain Edward J. Snowden de surveillance massive de l'État ont créé un choc. Elles ont anéanti les hypothèses optimistes de liberté et de sécurité d'Internet et des télécommunications, suscitant un débat mondial sur la vie privée en ligne. Mais, un an plus tard, aucune réforme significative n'a été mise en œuvre. Par Mark Stephens | président Global Network Initiative (GNI), Londres
Une année s'est écoulée depuis que l'agent de renseignements américain Edward J. Snowden a commencé à révéler l'ampleur considérable de la surveillance d'Internet par la National Security Agency aux États-Unis. Ses révélations ont suscité l'indignation de l'opinion publique et les vifs reproches des proches alliés des États-Unis comme l'Allemagne, ce qui a bouleversé les hypothèses optimistes sur la véritable situation actuelle d'Internet et des réseaux de télécommunications. Snowden a modifié à lui seul nos rapports à nos téléphones, tablettes et ordinateurs portables et a suscité un débat public sur la protection des données privées. Pourtant ces révélations n'ont pas apporté d'importantes réformes. Le président américain Barack Obama a bien sûr pris certaines mesures, encouragé par une alliance entre les organisations de la société civile et du secteur de la technologie. Dans un discours prononcé janvier 2014 et dans son discours présidentiel de politique générale, Obama a ordonné aux espions américains de reconnaître que « toutes les personnes doivent être traitées avec dignité et respect, indépendamment de leur nationalité et de leur lieu de résidence, et que toutes
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les personnes ont des intérêts personnels légitimes quant au traitement de leurs données privées ». Certaines avancées notables et sans précédent dans le monde mystérieux des agences de renseignement ont accompagné cet engagement rhétorique en faveur de la protection des données privées. Quand les entreprises technologiques ont poursuivi le gouvernement pour avoir divulgué des informations relatives à des demandes de renseignements, l'administration Obama a proposé un compromis, en établissant un règlement du conflit permettant des rapports plus détaillés. En vertu de cet accord, les entreprises ont la possibilité de publier certains chiffres sur les demandes de données par les agences de renseignement, dans une fourchette comprise entre 250 et 1000 selon le degré de ventilation de ce type de données. Bien que cela représente une avancée, elle est loin d'être suffisante, car des échappatoires interdisent les rapports sur certains programmes les plus notoires de la NSA, comme la collecte massive de relevés téléphoniques vertu de l'article 215. En outre, Obama a soulevé des objections
d'importance capitale sur les qu'il avait nommé. Et le "USA FREEDOM ACT", qui visait à mettre un terme à la collecte massive d'enregistrements téléphoniques sur des abonnés américains, est à présent dilué en une série d'amendements qui vont permettre au gouvernement de poursuivre la collecte de métadonnées sur des millions de personnes sans leur consentement. Ces métadonnées (révélant l'identité de nos correspondants, l'heure et la durée de nos appels) en disent tout autant sur notre vie privée que le contenu des conversations en lui-même. Pire encore, par rapport au reste du monde les États-Unis ont pris les mesures les plus fortes depuis le début des révélations de Snowden. Bien sûr, Snowden a révélé davantage de choses sur les activités de surveillance du gouvernement américain que tout autre pays étranger. Mais ces documents comprenaient également des exemples flagrants d'abus de pouvoir par le siège du "Government Communications Headquarters", l'agence de renseignement électronique du Royaume-Uni, ainsi que des informations sur l'échange de renseignements au sein du réseau "Five Eyes" regroupant les États-Unis, le
grille DE LECTURE
Au Royaume-Uni, le débat public et parlementaire sur les pratiques de surveillance a été minime, dans le meilleur des cas. Et non seulement le droit canadien interdit aux entreprises de signaler pratiquement toute information sur les demandes de renseignement du gouvernement. Mais en outre le Premier ministre Stephen Harper a désigné un avocat (qui a passé toute sa carrière à conseiller les agences de renseignement) comme délégué officiel au respect de la vie privée. Cette nomination a provoqué la colère des militants. Certains pays ont même intensifié leurs activités de surveillance. Immédiatement après les révélations de Snowden, le gouvernement français en a profité pour glisser dans un projet de loi de crédits militaires, l'autorisation d'augmenter la surveillance gouvernementale d'Internet de façon spectaculaire, notamment pour des motifs "commerciaux". La surveillance de masse pratiquée par le Royaume-Uni, la Suède, la France et l'Allemagne (et peut-être bientôt par les Pays-Bas) ne semble pas avoir beaucoup de poids pour les gouvernements nationaux. Avec le 800è anniversaire de la Magna Carta ce mois-ci, les révélations de Snowden ont également alimenté un nouveau mouvement pour créer une "déclaration des droits" d'Internet propre à chaque pays, établissant les principes de vie privée, de liberté d'expression et d'anonymat responsable. Dans un discours prononcé devant l'Organisation des Nations Unies en septembre dernier, la présidente du Brésil Dilma Rousseff a placé son pays à l'avant-garde de ce mouvement, par la promotion historique par le Brésil du projet de loi Marco Civil .
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Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle- Zélande. Les accords qui régissent la mise en commun et l'échange de renseignements entre ces gouvernements restent des secrets bien gardés.
L'ex-agent de renseignements américain Edward J. Snowden
Mais le projet de loi contenait l'exigence que les entreprises d'Internet conservent leurs serveurs au Brésil (sous prétexte de protéger les informations des regards indiscrets des agences américaines de renseignement) tout en facilitant l'accès à ces données pour les propres organismes répressifs et de sécurité du Brésil. Heureusement les législateurs brésiliens ont exclu ces dispositions de la version définitive du Marco Civil, adoptée en avril. Hélas d'autres gouvernements menacent d'imposer des exigences similaires de localisation forcée des données. Ces règles ne sont pas seulement contraires aux principes fondamentaux d'infrastructure ouverte et interconnectée d'Internet. Mais ils créent aussi de nouveaux risques à l'encontre de la vie privée. Et ces règles ne font rien pour résoudre le problème de base de restriction de l'accès du gouvernement aux données personnelles détenues par des entreprises privées. La façon dont les entreprises du monde entier vont répondre aux révélations de Snowden va avoir un impact profond sur les droits de
leurs utilisateurs. Jusqu'à présent certains ont adopté la bonne approche en s'appuyant sur une plus grande transparence, tout en renforçant le chiffrement sur leurs réseaux, afin de maintenir à l'écart les services de renseignement. Certaines entreprises du secteur des technologies de l'information et de la communication ont commencé à faire de la transparence une norme de l'industrie. Mais d'autres entreprises de télécommunications et d'autres fabricants de matériel devraient rejoindre les sociétés d'Internet et les défenseurs du droit à la vie privée pour constituer une large coalition favorable à ce type de réforme. Il y a un an, Snowden a alerté le monde contre la violation flagrante de la vie privée des personnes par les gouvernements. C'est au secteur de la technologie, aux organisations de la société civile et à l'opinion publique dans son ensemble, de veiller à ce que les gouvernements restent intègres dans la poursuite des réformes indispensables. C'est alors seulement qu'Internet pourra tenir sa vieille promesse de liberté.
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Entretien
Matar Diop
Chef de projet à l’Unité Service Afrique à la société Alstom
« Les Smart grids contribuent à l’amélioration de l’efficacité énergétique en Afrique » Plusieurs experts des énergies renouvelables vantent les bienfaits des « Smart Grid » ou compteurs intelligents. Un système qui fait intervenir les technologies numériques dans la gestion de l’électricité. Matar Diop, chef de projet à l’Unité Service Afrique à la société Alstom, nous dévoile les différentes facettes de ces réseaux électriques de nouvelle génération. Propos recueillis par E.S
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Les défis actuels des opérateurs de réseaux électriques sont nombreux: augmentation de la demande des besoins en énergie, intégration des énergies renouvelables et intermittentes sur les réseaux électriques, longueur des lignes de transport et le stockage d’énergie, inconvénients induits par les interruptions du service. Pour répondre à ces enjeux, les réseaux électriques actuels, tels que nous les connaissons, se transforment en réseaux intelligents. Les Smart grids sont ces infrastructures nouvelles qui permettent une gestion bi-directionnelle en temps réel de l’électricité et des informations associées, grâce à l’utilisation des technologies numériques. Ce mix innovant permet non seulement une meilleure intégration des énergies renouvelables, mais également un acheminement et une gestion de l’électricité de manière plus efficace sur l’ensemble du réseau. Les technologies Smart Grid permettent une meilleure gestion de la consommation et de la charge lors des pics de consommation ainsi qu’un environnement plus sain, avec l’intégration des sources d’énergie renouvelables et la mise en œuvre de solutions de stockage de l’énergie pour un courant plus écologique et plus fiable. Le but est d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité à tout instant et de fournir un approvisionnement sûr, durable et compétitif aux consommateurs. Les réseaux électriques intelligents permettront au consommateur d’avoir des factures plus précises, des pannes mieux détectées et plus rapidement réparées, et des offres tarifaires plus diversifiées.
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Les «Smart grids» ou réseaux intelligents sont méconnus du grand public. Concrètement de quoi s’agit-il ?
« Les réseaux électriques intelligents permettront au consommateur d’avoir des factures plus précises, des pannes mieux détectées et plus rapidement réparées, et des offres tarifaires plus diversifiées ».
Quels sont les avantages de ces réseaux innovations sur la consommation d’énergie en Afrique ? Les deux tiers des habitants d’Afrique subsaharienne n’ont pas accès à l’électricité. Ce faible taux s’explique en partie par le manque d’infrastructures et la vétusté des équipements entraî-
nant ainsi des délestages fréquents qui pénalisent la vie de nombreux habitants et le développement économique de ce continent. L’Afrique a donc un potentiel de développement très important qui pourrait être accéléré par l’arrivée des compteurs intelligents et des smart grids de manière générale. Les compteurs intelligents
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« Les composants et solutions élaborés par Alstom pour les Smart Grids offrent une capacité d’analyse, de supervision et de contrôle des ressources et systèmes 24h/24 et 7j/7. »
associés à une gestion optimale de l’électricité, participent à l’amélioration du réseau et à la qualité de services offerts aux consommateurs. L’ensemble des composants d’un Smart Grid permet de lutter contre la fraude et le vol, d’intervenir à distance en cas de panne et donc de réduire le délai d’intervention souvent très long, d’offrir des services tarifaires innovants adaptés aux habitudes de consommation des populations locales (ex : pré payé) et à leur pouvoir d’achat, d’informer le consommateur de sa consommation en temps réel et donc de le sensibiliser à une utilisation responsable de l’énergie et d’améliorer la gestion, la maintenance et la qualité de service, mais permettront aussi aux opérateurs de faire des économies, notamment au niveau des pertes techniques et non techniques. Les technologies Smart Grid permettent l’extension du réseau électrique à travers la création de microgrids. Mieux utilisées, les infrastructures existantes favorisent un réseau plus stable et une répartition plus optimale des flux d’énergie sur le réseau. Les microgrids rendent possible une gestion locale de l’électricité et la création de zones d’électrification sécurisées pour l’alimentation de
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clients prioritaires : hôpitaux, écoles, administrations, et les business parcs. La mise en place de solutions d’énergies renouvelables tel que le photovoltaïque permettent de baisser la consommation de diesel à l’origine de la production de l’électricité aujourd’hui en Afrique. L’objectif étant de diminuer le coût de l’accès à l’énergie ; l’énergie solaire étant une source gratuite et abondante sur ce continent. Les logiciels de gestion de l’électricité permettent aux opérateurs de réaliser d’importantes économies et d’offrir un meilleur service aux consommateurs en limitant les délestages. La mise en place de nouvelles technologies de réseaux électriques intelligents et de compteurs communicants pourraient permettre à l’Afrique de rattraper beaucoup plus rapidement son retard en la matière. Par ailleurs, les Smart grids contribueront à l’intégration des énergies de sources renouvelables et à l’amélioration de l’efficacité énergétique en Afrique. Alstom a élaboré un modèle de Smart Grid. Quels sont ses caractéristiques ? Alstom Grid fournit aux compagnies d’électricité les technolo-
gies leur permettant d’équilibrer la consommation et la production énergétique, en temps réel, avec une gestion bidirectionnelle des flux électriques et des flux d’information. Nos solutions permettent l’intégration des énergies renouvelables et la création de microgrids (par exemple : intégration photovoltaïque) ainsi qu’un transport et une distribution plus efficaces de l’électricité sur l’ensemble du réseau. Les composants et solutions élaborés par Alstom pour les Smart Grids offrent une capacité d’analyse, de supervision et de contrôle des ressources et systèmes 24h/24 et 7j/7. L’analyse englobe le facteur de charge et les autres conditions du réseau, grâce à des données numériques et des technologies de communication simultanées installées tout au long du réseau. L’ensemble du dispositif, capteurs, interconnexions, communication et logiciels, permet aux opérateurs de répondre rapidement aux incidents. Ces solutions offrent également des avantages immédiats pour de nombreux projets d’EcoCités, qui permettent aux usagers des villes intelligentes de bénéficier d’une consommation et d’un partage énergétique plus efficaces.
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green business Une image vaut mille mots. Cet adage, l’ONG Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (Geres) l’a bien compris. Elle a réalisé le premier webdocumentaire consacré à la cuisson durable en Afrique de l’Ouest. L’objectif est de sensibiliser le grand public sur les avantages de cette nouvelle méthode de cuisson moins risquée et peu polluante. Les coulisses de la chaîne de valeur sont exposées. «Après une courte introduction l’invitant à se saisir des thèmes de l’énergie et de la cuisson dans le contexte malien, le visiteur plonge en immersion au cœur d’une filière économique de foyers améliorés à Bamako. Des producteurs aux distributeurs, il découvre les difficultés entrepreneuriales et la complexité économique locale », indique l’Ong. Cette production entre dans le cadre du programme compensation carbone CO2Solidaire de Geres. Un projet pour alerter sur les dangers de la cuisson traditionnelle. D’après les statistiques fournies par l’organisation, l’énergie utilisée dans la cuisson représente 90% de la consommation totale d’énergie domestique. De même, plus de 2,5 milliards de personnes dépendent du bois-énergie pour se chauffer ou cuire les aliments. «Malgré les efforts considérables consacrés au déploiement d’énergies de substitution et à l’électrification, le nombre de personnes dépendant de la biomasse énergie continue d’augmenter», ajoute-t-elle. Selon les prévisions, en 2030, plus de 2,7 milliards de personnes utiliseront cette forme d’énergie pour la cuisson. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), deux millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de l’exposition prolongée et régulière aux fumées de carbone. Lien web-documentaire : http://webdocs.co2solidaire.org/wassa/#Navigation
Transformer les déchets ménagers en énergie et fertilisants, c’est l’ambition de la société Thecogas Sénégal. « Nous avons beaucoup de déchets dans notre environnement aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans nos foyers et dans toutes les industries, il y a une forte production de déchets qu’on peut valoriser en énergie et en produits fertilisants », souligne son président Mohamadou Lamine Ndiaye. D’après lui, Thecogas récupère chaque jour 30 mètres cubes de déchets qui peuvent produire 24 tonnes de fertilisants. Il révèle aussi que son entreprise a investi 300.000 Francs CFA pour la valorisation de 1500 tonnes de déchets, dont 60% fermentables, produits par jour par la Société de gestion des abattoirs du Sénégal (SOGAS).
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Sénégal : Produire de l’énergie via les déchets ménagers
Le Groupe suédois EcoEnergy Africa AB prévoit d’investir plus de 500 millions de dollars en Tanzanie, pour y installer une plantation de cannes à sucre et des entités dédiées à la production du sucre, de l’éthanol et de l’énergie. A en croire les responsables du groupe, ces structures devraient accroître la production chaque année de 30 000 tonnes de sucre, 10 millions de litres d’éthanol et 100 000 Mégawatts heure (MWh). Les travaux de ce projet qui visent à approvisionner le marché local ont débuté en mars 2014, ses structures devraient être opérationnelles en 2016.
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Tanzanie : 500 millions $ destinés à la production agricole
Economie verte : Et si on créait un fonds vert pour l’Afrique?
La 5e édition du forum international sur le Green business en Afrique centrale s’est déroulée du 20 au 23 mai à Pointe-Noire, capitale du Congo-Brazzaville sous le thème «les défis de l’économie verte en Afrique centrale : produire, transformer et consommer local et sous-régional ». Durant cette rencontre, Henri Djombo ministre congolais de l’économie forestière et du développement durable a plaidé pour la mise en place d’un fonds vert pour développer les filières vertes en Afrique. Ce rendez-vous annuel est rganisé par la Chambre de Commerce de Pointe-Noire en partenariat avec la conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (Cpccaf) et la Communauté économique des états de l’Afrique centrale (Ceeac). L’objectif de ce forum est de sensibiliser les décideurs politqiues et les chefs d’entreprises de la région sur l’importance de l’économie verte.
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Energie : 1er web-documentaire sur la cuisson durable
green business Pêche et exploitation forestière illégales
Vingt milliards de dollars de pertes par an pour l’Afrique Les pays d’Afrique subsaharienne perdent chaque année environ 20 milliards de dollars à cause de la pêche et de l’exploitation forestière illégales. C’est l’une des révélations du rapport 2014 sur les progrès en Afrique publié par le think tank Africa Progress Panel (APA). Les navires d’Asie de l’Est et de la Russie sont notamment pointés du doigt.
L’existence de la pêche et de l’exploitation forestière illégales est un secret de polichinelle. Ces pratiques demeurent, depuis longtemps, une triste réalité en Afrique. Mais on ignore souvent leur ampleur et les conséquences néfastes qui en découlent. L’Africa Progress Panel (APA) a levé un coin du voile dans son rapport 2014 sure les progrès en Afrique intitulé « Agriculture, pêche et capitaux : financer les révolutions vertes et bleue de l’Afrique». Le think tank présidé par Kofi Annan révèle que ces activités illégales font perdre à l’Afrique subsaharienne environ 20 milliards de dollars par an. Ces exploitations illégales de ressources forestières et halieutiques résultent de la forte demande observée dans les pays émergents, qui débouche sur une hausse des prix sur le marché international. Durcir la législation pour les navires étrangers A en croire le Panel, la pêche illégalement est majoritairement pratiquée par les navires en provenance d’Asie de l’Est et de la Russie. Ces paquebots sont attirés par les nombreuses richesses naturelles qui peuplent les côtes africaines qui figurent parmi les zones les plus poissonneuses du monde. C’est notamment le cas de la Mauritanie, de la Namibie et du Mozambique. « Dans ses eaux côtières, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée a atteint des niveaux endémiques. Ce pillage détruit des
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Par Abdou Diaw
communautés entières en les empêchant de pêcher, de traiter et de vendre leur poisson/les produits de leur pêche », affirme Kofi Annan. L’ancien SG de l’ONU pointe aussi du doigt la corruption observée dans le cadre de ces exploitations illégales. Selon lui, «quelques personnes corrompues amassent des fortunes personnelles grâce à la pêche et à l’exploitation forestière illégales. Et si rien n’est fait, les graines que nous semons donneront des fruits au goût amer ». Réduire les importations des produits agricoles D’après lui, les menaces sur ces ressources halieutiques ont augmenté au cours des deux dernières années à cause de deux tendances : la hausse prix des produits de la pêche à l’échelle mondiale, qui atteignent
des niveaux record avec la demande croissante de la Chine en particulier pour le thon et les huîtres, et les politiques de protection adoptées en Amérique et en Europe. L’Afrique de l’ouest perd plus d’un milliard de dollars par an à cause de la recrudescence de ces pratiques. « Ces chiffres minimisent le véritable coût social, économique et environnemental de la surpêche. Contrairement aux secteurs minier et pétrolier, la pêche représente un facteur essentiel d’emplois, de commerce et de sécurité alimentaire et nutritionnelle », constate le rapport. Quant à l’exploitation illégale des forêts, elle engendre des pertes estimées à environ 17 milliards de dollars par an. Une activité où se distingue particulièrement les entreprises chinoises, ce qui fait dire au think tank que « jamais un cadre multilatéral de gestion forestière durable en Afrique n’aura la moindre crédibilité si la Chine n’est pas impliquée ». Le rapport de l’APA recommande la mise en place d’un régime multilatéral des pêcheries pour imposer des sanctions aux navires de pêches qui ne déclarent pas leurs prises. Par ailleurs, il invite les Etats africains à adopter une politique de substitution aux importations agricoles, dont la facture affiche 35 milliards de dollars par an. D’après le Panel, l’agriculture doit être la locomotive de la croissance en Afrique, un moyen pour éradiquer la pauvreté à l’horizon 2030.
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livre du trimestre L’intelligence africaine construit un avenir meilleur
de SCIDEV.NET &UNESCO
Ce nouvel ouvrage a été produit par le siteSciDev.net en association avec l'UNESCO avec le soutien financier de la Banque Islamique de Développement. Il recense une série d’exemples de succès où la recherche a été mise à contribution pour le bénéfice des populations, avec à la clé la création d'emplois et de nouvelles opportunités, ainsi que de meilleurs moyens de subsistance. «L’intelligence africaine construit un avenir meilleur» est une collection de onze histoires de réussite dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation, à travers le continent et dans des secteurs variés. Le livre a été lancé lors de la Semaine africaine de l'UNESCO à Paris, cette semaine (28 mai), en français et en anglais et sera disponible sur le site de SciDev.Net, aussi bien en version PDF que sous la forme d’articles individuels. Les articles sont rédigés par des journalistes africains basés en Afrique et contiennent des entretiens avec des chefs de projet, ainsi que les populations locales affectées par ces projets. L'éducation, la santé, l'agriculture, le renforcement des capacités et l'innovation sont les thèmes abordés.
Afrique-CPI: mariage forcé ou divorce de raison ? de Revue africaine trimestrielle de Stratégie et de Prospective Le volet répressif de la Gouvernance mondiale, dont la CPI est à la fois le Juge d'instruction et l'instance de mise en accusation, fait office de fenêtre ouverte sur les réalités vraies du système dont il présente les effets pervers et les excès. La Gouvernance judiciaire mondiale est régie par les principes du droit européen qui ont été imposés à un Globe où les nouvelles puissances émergentes et les anciens peuples colonisés réclament instamment un New deal judiciaire.
Le temps des décisions - 2008-2013 de Hillary Clinton En janvier 2009, Hillary Rodham Clinton, adversaire de Barack Obama lors de la primaire démocrate, devient la secrétaire d’État
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du 44e président d e s É t a t s - U n i s . Son expérience en politique est déjà longue : avocate, procureur général, First Lady pendant huit ans, puis sénatrice de l’État de New York (2001-2009). Lorsqu’elle quitte le département d’État en février 2013, la presse ne tarit pas d'éloges. Ce n'est pas la seule. Pour tous, ses compétences diplomatiques et politiques font d'elle une femme politique de premier plan. Aujourd’hui, à deux ans de la présidentielle de 2016, rien ne semble pouvoir lui barrer la route vers le Bureau ovale. Outre son formidable bilan au département d’État, elle peut compter sur le formidable réseau bâti par le «clan Clinton» depuis des décennies. Dans ces Mémoires, le retour sur les moments forts de ses années au département d’État (mort d’Oussama Ben Laden, «printemps arabes», tensions avec l’Iran et la Corée du Nord…) est l’occasion de livrer sa vision du monde. Comme titrait le magazine Time en janvier 2014 : «Qui peut arrêter Hillary ?».
L'invention du Brésil de crises en crises, un géant qui s'affirme de Jean-Jacques Fontaine L'envol du Brésil actuel est le résultat de naissances à répétition. Aujourd'hui première nation catholique et septième économie du monde, c'est une forte démocratie qui est pourtant toujours à la recherche des chemins de sa stabilité. Les manifestations populaires de 2013, si elles n'ont pas connu les lendemains espérés, annoncent une nouvelle période de mutation identitaire. Cet ouvrage propose une approche thématique de la réalité d'hier et d'aujourd'hui afin d'aborder la complexité de ce pays.
rendez-vous Du 1er au 3 juillet 2014 à Bordeaux (France) 3e rencontres des études africaines en France Le groupe « Les Afriques dans le monde » (LAM) qui regroupe des chercheurs et des enseignants chercheurs sur l’Afrique organise du 1er au 3 juillet 2014 à Bordeaux en France, les troisièmes rencontres des études africaines en France. Ce rendez-vous compte mettre l’accent sur les perspectives de la recherche en Afrique. Différents sujets figurent au menu, notamment « les réalités physiques des infrastructures de transports, d’eau, d’énergie et de télécommunication et leurs conséquences politiques, sociales, et économiques », « l’auto-communication de masse» comme les réseaux sociaux, et «les réseaux transnationaux (criminels, trafiquants, religieux, migrants, etc.) » Du 15 au 18 juillet 2014 à Nairobi (Kenya) Colloque sur le tourisme L’Institut français de recherche en Afrique organise du 15 au 18 juillet 2014 à Nairobi au Kenya, un colloque sur le tourisme intitulé « Comprendre soi-même et l’autre : nouvelles pratiques touristiques, domestiques et internationales, nouvelles valorisations patrimoniales et touristiques en Afrique de l’Est ». Cet évènement s’articulera autour de quatre axes : le tourisme qui émane des communautés locales (tourisme autochtones, communautaire, solidaire), le tourisme culturel, identitaire, mémoriel, domestique, le tourisme international et les nouvelles tendances, et le tourisme de safari. Du 21 au 23 juillet 2014 à Abidjan (Côte d’Ivoire) Conférence des ministres africains chargés de l’emploi La capitale ivoirienne sera l’hôte de la conférence des ministres africains chargé de l’emploi qui aura lieu du 21 au 23 juillet 2014. Ce sera l’occasion de présenter les résultats des travaux effectués par les 27 délégations devant prendre part à cette rencontre. L’objectif est de débattre sur la mise en place de programmes de formation et d’insertion professionnelle pour les jeunes.
Du 5 au 6 août à Washington (Etats-Unis) Premier sommet Etats-Unis-Afrique Le Président américain Barck Obama a invité les dirigeants de 47 pays d’Afrique à prendre part au premier sommet Etats-Unis-Afrique les 5 et 6 août à la Maison Blanche. D’après le porte-parole de Obama Jay Corney ce sommet «fera progresser les objectifs de l’administration en matière de commerce et d’investissement en Afrique (et) mettra en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité de l’Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants». A noter que les dirigeants du Zimbabwe, du Soudan, de la Guinée Bissau, de l’Egypte et de Madagascar n’ont pas été conviés. Du 1er au 2 octobre 2014 à Nairobi (Kenya) AITEC Afrique de l’Est 2014 Le Kenya accueille l’AITEC Afrique de l’Est 2014, un sommet consacré à l’exploitation des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour fournir des services aux citoyens et à l’amélioration de la qualité de vie dans cette région de l’Afrique. « Le Sommet servira de centre d’échanges pour identifier les synergies, les initiatives de liaison, et la mise en place de partenariats », soulignent les organisateurs. Du 15 au 19 octobre 2014 à Dakar (Sénégal) Forum social africain 2014 Dakar abritera du 15 au octobre 2014, l’édition 2014 du Forum social africain sous le thème « Les crises en Afrique: quelles contributions peuvent apporter les mouvements sociaux pour instaurer une paix durable sur le continent africain et dans le monde». Selon Mamadou Diouf coordinateur du Forum social sénégalais, « ce forum à Dakar est une plateforme de discussions réunissant tous les segments de la population pour parler des conflits en Afrique avec l'intervention de l'extérieur ».
La Revue
C ’est pour vous et avec vous...
Des idées, des expériences et des réflexions à partager.
Merci d’envoyer votre texte à : esembene@africanbusinessjournal.info AFRIcan business journal | N°11 | 109
actualité Post-scriptum
Misez sur l’entrepreneuriat ! n’hésiteraient pas souvent à décliner une éventuelle nomination au poste de ministre de l’Emploi, tant la charge est énorme, les défis complexes, et les attentes gargantuesques. Outre les moult doléances des syndicalistes, le maître de Céans devra aussi supporter l’ire de la communauté des chômeurs. Et la pression va crescendo.
Elimane Sembène
esembene@africanbusinessjournal.info
C’est une lapalissade de dire que l’entrepreneuriat est la clé du développement de l’Afrique. Si le développement était une chaîne de valeur, il en serait la locomotive. La création d’entreprises est le noyau de toute réussite. Elle crée de la valeur, procure de la richesse, résorbe le taux de chômage, et éradique la précarité voire la pauvreté. La liste des bienfaits est kilométrique. Dans cette réflexion, nous n’avons nullement l’intention de fournir une analyse exhaustive sur l’entrepreneuriat en Afrique, ce travail fera l’objet d’un dossier sur ABJ. Nous nous contenterons juste de dégager quelques pistes pour encourager la promotion de cette pratique. Pour mieux apprécier ses avantages, ne faudrait-il pas d’abord mettre la loupe sur la situation du chômage, l’une des grosses épines qui jonchent le chemin de l’émergence ? Il est de notoriété publique que le chômage ressemble à un nœud gordien dans le monde, plus particulièrement en Afrique. Certains cadres supérieurs
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Les statistiques de la Banque mondiale «mettent de l’huile sur le feu». D’après les institutions de Bretton Woods, le chômage touche 60% des jeunes en Afrique subsaharienne. Pis, chaque année, le marché du travail reçoit entre 10 et 12 millions de jeunes supplémentaires. Le rapport 2013 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ne rassure guère. Selon l’OIT, sur les 75 millions de jeunes chômeurs dans le monde, 38 millions vivent en Afrique. Ce qui est énorme ! A en croire la Banque mondiale, cette courbe prend une trajectoire ascendante. Cette réalité, couplée au pourcentage exponentiel de la jeunesse africaine (40% de la population active), représente un challenge de taille pour nos Etats. Il est d’ailleurs heureux de constater que plusieurs gouvernements ont mis en place des plans d’émergence ou des stratégies ciblées pour résoudre cette équation à multiples inconnues. Mais tous ces plans, aussi ambitieux et prometteurs soient-ils, ne pourront assouvir le désir d’une kyrielle de jeunes en quête de pain. L’entrepreneuriat apparait donc comme une alternative plus que plausible. Pour ce faire, nos Etats doivent promouvoir cette pratique, vanter ses mérites auprès de la gent juvé-
nile. Bon nombre d’entre eux en sont conscients, et s’y investissent. D’après une enquête publiée en marge de la 3e édition du New York Forum Africa (voir détails page 4), 75% des jeunes souhaitent créer leur propre entreprise. Cette volonté risque d’être plombée par l’absence de financements. L’accès au capital constitue une entrave majeure pour les jeunes entrepreneurs. Plus de ¾ des sondés le soulignent. L’autre goulot d’étranglement, ce sont les taux de fiscalité trop élevés. Juste pour vous donner une idée: le pourcentage global des impôts en Afrique pour les entreprises s'élève à 52,9 %, contre 43,1 % au niveau mondial (source : Pew Center). D’où la nécessité d’alléger ces impôts pour les jeunes entrepreneurs et d’impliquer le secteur privé, singulièrement les banques, dans ce processus. Toutefois, l’accès à ces financements doit obéir aux règles de transparence, car la floraison des scandales de corruption risque de refroidir leurs ardeurs. L’autre élément du puzzle, c’est l’accompagnement. Un jeune porteur de projet esseulé pourrait facilement jeter son nouveau bébé. Des réseaux d’accompagnement comme CTIC Dakar ou CIPMEN au Niger qui polarisent des centaines d’entreprises incubées (notamment dans le secteur des TIC) doivent faire légion pour assurer le succès du projet. Un schéma stratégique qu’il urge de tracer avec efficience, pour semer les futures graines de l’entrepreneuriat.
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Nous co-organisons en partenariat avec le C.F.E.E (Centre de Formation et d’Expertise pour l’Entreprise de l’Université Mohamed V – Souissi à Rabat)
un Mini MBA « Ingénieur Manager » Du 15 Septembre au 11 Octobre 2014 à Casablanca (Maroc).
Module 1 : Les fondamentaux du management et de la gestion des organisations
Module 2 : La Boîte à outils du manager efficace
Module 3 : Management et Conduite de Projet
Module 4 : Management de l'innovation
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b uactualité lle t in d ’ ab o nnemen t
L e m a g a z i n e d e l ’A f r i q u e e n m o u v e m e n t A c o m p l é t e r e t r e t o u r n e r a v e c v o t r e r é g l e m e n t s o u s e n v e l o p p e a f f ra n c h i e o u p a r f a x : Abonnement & Publicité
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Etudiants Universités Centres de Recherche Think Thank
1 5 15 +20
2 500 2 375 2 100 1 800
4 3,5 3 2,5
35,00 32,00 27,00 25,00
Particuliers
1 5 15 +20
2 800 2 600 2 540 2 200
4,5 4 3,5 3
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112 | AFRIcan business journal | N°11